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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Le projet initial de cette étude était de parvenir à la description des structures de la complétive adjectivale et de mettre en lumière les possibilités distributionnelles et transformationnelles possibles de cette sous-espèce de subordonnée. Pour y parvenir, il nous a paru opportun de revisiter des prérequis.

Nous sommes ainsi parti de la problématique de la définition de la classe de l'adjectif qualificatif. Elle a entraîné la question de la saisie des verbes attributifs et de la fonction attribut. La logique argumentative a conduit l'étude à la (re) découverte des autres complétives non-verbales. Nous avons ainsi tablé sur la complétive du nom et celle de l'adverbe pour tester l'hypothèse d'une harmonie structurelle et fonctionnelle des complétives introduites par des prédicats non conjugables. Le contact avec un objet épistémologique hétéroclite auquel on applique un cadre théorique exigeant a posé des écueils à l'analyse. Il fallait choisir entre la tentation de l'éclectisme pour la rapidité des analyses ou la fidélité au cadre du lexique-grammaire pour plus de rigueur.

La subordination, bien qu'étudiée depuis des siècles, demeure un secteur dans lequel il reste beaucoup de matière. La complétive est une proposition introduite par divers éléments recteurs à savoir le verbe, le nom et son corollaire le pronom, l'adjectif qualificatif, l'adverbe, la préposition et le présentatif. Elle est liée à la principale par la conjonction de subordination que, morphème grammaticale sans fonction syntaxique, sans valeur anaphorique ni substance sémantique. La fonction de la complétive peut être difficile à détecter dans certains contextes telles les suites elliptiques et les verbes dont le régime actanctiel n'est pas totalement réalisé.

Nous avons constaté que la phrase simple a le même schéma structurel que la phrase complexe, d'où une similitude dans le fonctionnement et la saisie des subordonnées.. Cela permet d'envisager ce qu'Onguene (2017 :251) nomme la syntaxe unitaire. Au plan didactique, c'est une démarche qui enseigne la phrase en montrant que des conjonctives complétives en PC (phrase complexe) partagent avec le nom ou le GN en PS (phrase simple) les mêmes fonctions ; que certaines relatives révèlent le même comportement que l'adjectif

qualificatif vis-à-vis du nom et les subordonnées circonstancielles, le même fonctionnement que l'adverbe. En clair, l'analyse montre que syntaxiquement la phrase est une ; qu'elle soit simple, non simple ou plus complexe.

La phrase complexe et la subordination sont donc un couloir d'analyse complexe. Elles génèrent des controverses. La phrase complexe ne fait pas toujours de consensus. Rousseau (2005 : 297) estime, par exemple, que

La subordination est le secteur de la grammaire où règnent encore beaucoup de préventions, d'idées fausses ou préconçues, souvent préfabriquées par les schèmes simplistes de la pensée.

Contrairement à la complétive du verbe, les complétives non-verbales dont fait partie la complétive de l'adjectif n'ont pas encore suscité un grand engouement de la part des chercheurs.

Or, elles présentent des faits syntaxiques dignes d'intérêt. La relation entre le prédicat et les arguments y est pertinente. Les contraintes de la détermination du nom, de la sélection du mode s'y meuvent et suscite des problématiques. La question de l'unité structurelle et fonctionnelle des complétives posée par Evouna (2015) s'y trouve. L'originalité de notre analyse réside non seulement dans le choix de l'objet d'étude mais également dans le cadre théorique qui lui est appliqué. Le lexique-grammaire est également une théorie moins vulgarisée dans notre milieu. Il offre un champ de recherche peu connu. Nous nous inscrivons donc à la suite de De Gioia (2015 :1). Parlant du lexique grammaire, elle affirme : Nous nous adressons plus spécifiquement aux jeunes doctorants et docteurs qui sont en quête d'un parcours de recherche, pour leur indiquer un chemin peu connu mais toujours prometteur. L'une des innovations du travail consiste donc dans son inscription dans une théorie en progression et dans un champ neuf et partiellement exploré. S'intéresser à la complétive de l'adjectif implique une redéfinition de la place et du statut de certains constituants, notamment l'adjectif qualificatif, la copule, les autres verbes attributifs et la complétive elle-même. Que peut-on retenir de cette analyse ?

Le travail, en sa première partie, montre que la classe syntaxique de l'adjectif est loin d'être systématisée. C'est une classe hétérogène aux contours encore flous. Plusieurs schèmes et sous-classes se trouvent compilés à l'intérieur de cette classe. Parlant de la complémentation de l'adjectif qualificatif, il reste à discriminer les types d'adjectifs du point de vue de leur fonctionnement et leur potentiel de rection, c'est-à-dire leur capacité à

Les principaux prédicats sont le nom, l'adjectif qualificatif et l'adverbe. C'est à ce niveau que l'intérêt du lexique-grammaire apparait plus poignant. Cette théorie, considère que tous

gouverner une complétive. Le gouvernement est pris au sens générativiste. Leur profil est à construire au plan distributionnel et transformationnel. Car pour Gross, cité par Wilmet (1998 :109), deux adjectifs quelconques n'ont pas le même ensemble de propriétés syntaxiques. Le travail n'a pas abordé les pro-adjectifs, à savoir tous les constituants phrastiques qui, par translation, peuvent syntaxiquement assumer un rôle dévolu à l'adjectif qualificatif.

Pour le moment, nous retenons qu'il existe trois sous-classes d'adjectifs qualificatifs. Ces dernières ont chacune un comportement et des spécificités. Dans ces sous-classes, le participe passé et le participe présent posent encore de sérieux problèmes à l'analyse. Leur emploi adjectival et leur emploi verbal restent mêlés. Une telle problématique constituerait une piste de recherche prometteuse. Les compléments de l'adjectif peuvent être un N, un infinitif ou une proposition subordonnée complétive. Dans ces diverses structures, il existe des contraintes distributionnelles et transformationnelles dont l'étude nécessite un autre cadre.

La complémentation propositionnelle sélectionne les adjectifs du premier et du quatrième type, à l'exclusion des adjectifs relationnels et des adjectifs situationnels.

Pour mieux saisir le fonctionnement de la complétive adjectivale, nous avons présenté les autres complétives non-verbales. La description morphosyntaxique de la complétive du nom et celle de l'adverbe était un tremplin pour tester l'hypothèse de l'existence des constantes entre les complétives averbales, lesquelles traits communs les distingueraient de la complétive du verbe. On pourrait se demander ce qu'il en ressort.

Les complétives non-verbales apparaissent toutes extravalencielles. En d'autres termes, elles ne rentrent pas dans le schéma des arguments du verbe. Elles entrent toutes dans des phrases prédicatives. La prédication est donc un fait caractéristique des complétives non-verbales. Elles apparaissent toutes dans une structure mettant en lumière la relation prédicat et argument(s). Selon Evouna (2010 : 65)

Le prédicat représente le noyau lexical que la visée communicative amène le locuteur à choisir parmi les possibilités lexicales, sémantiques, syntaxiques, énonciatives et autres rhétoriques de la langue, puis à les utiliser pour mettre en relation un état de chose ; le second, l'argument, s'étend comme le ou les choix partiellement prédéterminés par le noyau ou prédicat.

les autres mots prédicatifs se syntactifient comme le verbe. Ils ont un schéma d'arguments comme le verbe.

Postposées à leur recteur, les complétives non-verbales induisent des transformations de divers ordres.

La complétive nominale se rapproche de la complétive du verbe. Les Nop sont, pour la plupart, issus pour la plupart des verbes. Ainsi, il semble s'établir une analogie entre les complétives du nom et les complétives du verbe. Néanmoins, les conditions de cette équivalence restent à définir d'une manière circonstanciée. Les Nop sont variés et induisent des propriétés différentes.

Au demeurant, la complétive de l'adverbe n'en est pas une. Il s'agit d'une structure intégrant une proposition indépendante. Nous avons proposé d'y voir une phrase à adverbe associé. Cette dernière est modalisée au moyen de l'adverbe. En tant qu'unité indépendante, la proposition n'y a pas de fonction syntaxique. L'adverbe porte sur toute la phrase. En tant que circonstant, il peut se placer à diverses postions dans la phrase. C'est donc un complément de phrase. Contrairement à la complétive du nom qui a une variété de structures, la phrase à adverbe associé n'a qu'une seule structure, à savoir Adv+Que P. Antéposé à la proposition indépendante, l'adverbe est régulièrement en position initiale. Cette phrase peut donner lieu à plusieurs réécritures dérivationnelles sur la forme Il est Adj+Que P, Il y a +SN Que P et (Adv., Que P), (Que P, Adv.) ou simplement se réduire en P.

On peut également se demander si les dérivés possibles ci-dessus présentent les mêmes possibilités distributionnelles et sémantiques que la phrase à adverbe associé. Dans les structures Adv Que P, la nature de l'adverbe est sélectionnée et conditionné. Les catégories sémantiques de ces adverbes et leurs contours morphosyntaxiques demeurent inconnus. Au bout du compte, les complétives non-verbales posent des problèmes dignes d'être analysés à leur juste mesure et dans des études spécifiques. Leurs contours ne sont pas totalement découverts. Certaines de ces propriétés peuvent être corrélées à la complétive de l'adjectif, objet central de l'analyse.

La définition de la complétive de l'adjectif est dynamique. Elle réfère d'abord à une subordonnée liée à l'adjectif ou à un prédicat complexe au moyen du morphème que, conjonction de subordination. Elle est une proposition syntaxiquement liée à un adjectif

En dernier analyse, notre étude est une étape d'un projet plus étendu, construire un lexique grammaire des adjectifs prédicatifs introducteurs des complétives. Pour y parvenir, il

qualificatif. Elle rentre ensuite dans une construction attributive. Autrement dit, c'est une proposition que l'on retrouve dans une phrase pourvue d'un verbe attributif comme noyau central. La complétive adjectivale sera enfin une proposition qui, introduite par le morphème Que, est directement ou indirectement liée à l'adjectif qualificatif dans sa fonction prédicative. La complétive de l'adjectif se présente sous deux formes dans notre corpus, la structure personnelle et la structure impersonnelles. Bien que les différences entre les structures personnelles et impersonnelles soient nombreuses et non encore systématisées, nous pensons que la sélection du mode, la structure argumentale, les réécritures et réductions possibles, les équivalences et les sous-classes de verbes attributifs offrent des perspectives prometteuses pour cette entreprise.

Cette complétive est susceptible d'être remplacée par d'autres types de subordonnées. Ce sont les circonstancielles, les participiales et des complétives du nom, de l'adverbe et du verbe. Cela a conforté l'hypothèse d'une unité formelle voire fonctionnelle entre les complétives. Nonobstant le labeur déjà entrepris par Evouna (2015), nous pensons que cette problématique mérite toujours une attention. Que dire des adjectifs intégrés aux structures attributives ?

Certains rentrent simultanément dans les deux types de constructions. D'autres choisissent soit la tournure personnelle, soit la construction impersonnelle. Cela suscite d'autres questions. Peut-on envisager une distribution exhaustive de ces adjectifs suivant la possibilité d'intégrer telle ou telle structure ? Qu'est-ce qui au plan morphosyntaxique et distributionnel prédispose certains à se construire dans les deux structures et quelles contraintes l'empêcheraient à d'autres ?

Les adjectifs qualificatifs prédicatifs semblent présenter des propriétés distributionnelles et transformationnelles au sein de ces énoncés. Au-delà de la complétive elle-même, nous pouvons d'ores et déjà nous demander ce qui caractérise réellement ces adjectifs. Nous avons également postulé que la structure syntaxique dans laquelle entre un adjectif qualificatif lui confère un fonctionnement syntaxique. Quelles sont les propriétés morphosyntaxiques et sémantiques des adjectifs qualificatifs sus-relevés ? Quels critères peuvent être choisis pour leur dresser des tables suivant la méthode du lexique grammaire initiée par Gross ?

fallait donc au préalable décrire la structure qui intègre les adjectifs dont il est question. C'est à ce titre que nous avons intitulé le mémoire Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif. Cette logique est en adéquation avec les principes de notre cadre théorique. Pour monter un lexique grammaire, il faut maîtriser la structure qui intègre le prédicat ciblé. Avant d'aboutir aux tables telles que les conçoivent Gross (1975), Gross et Vivès (1986) et Talone (2009), il est important de saisir le fonctionnement de la structure. La structure déteint sur le prédicat et ses arguments. Autrement dit, les informations d'une table du lexique-grammaire dépendent du prédicat et de toute sa construction. Par ailleurs, pour rester dans l'esprit du LADL, on a besoin d'un traitement informatique des données structurelles obtenues. Il est donc à envisager en perspective une autre étude qui pourrait s'intituler Lexique-grammaire des adjectifs recteurs de complétives. Pour être menée, il faudrait que les logiciels fussent acquis et que les modèles de constructions des tables soient choisis et mieux spécifier. En outre, au-delà la langue française, le lexique-grammaire des parties du discours de nos langues nationales peuvent être envisagés. Des travaux sur le lexique-grammaire des noms, des adjectifs, des verbes, des adverbes, des locutions ou des expressions figées en èwondo, en mbo'o, en bulu, en bayangam, en bamoun, en bamougoum, en basa, etc sont possibles. Que dire des lexiques-grammaires comparés entre nos langues et les langues européennes ? L'aspect didactique n'est pas à exclure. On pourrait s'interroger sur la manière de didactiser les principaux prédicats du français ou ceux de nos langues à l'aune des principes et des résultats des études liées au lexique-grammaire. En définitive, la moisson est donc abondante.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon