1.4.2.1. La complétive : un constituant du
second degré
convertit une phrase en un syntagme nominal et qui
l'enchâsse dans une autre phrase dite matrice. Pour Escriva (2002 :
30),
la subordination est une nominalisation fonctionnelle (par
opposition à la nominalisation morphologique du nom de langue) si l'on
considère qu'elle consiste à intégrer une phrase de
syntaxe verbale à une autre phrase (de syntaxe nominale ou verbale) dont
elle devient un constituant et par rapport à laquelle elle est en
position d'élément régi au même titre que le serait
un nom ou un syntagme nominal.
En d'autres mots, la conjonctive complétive est issue
de la transformation d'une phrase en mot-complexe et de son intégration
dans une autre phrase. Et selon Pierrard (1987 :35), nous avons affaire
à un nom en plusieurs mots déduit d'une nominalisation externe.
La notion de nominalisation va du principe que l'on a deux phrases
indépendantes qui donnent deux informations. Suite à leur mise en
commun par l'entremise de l'opérateur de la nominalisation externe, la
conjonction " universelle" Que, l'une est logée sous l'autre et y joue
le rôle de constituant. Soient les phrases : Marie est une femme
vertueuse ; Le seigneur l'a su
18. a. (Marie est une femme vertueuse + Le seigneur l'a
su) Que ? Le seigneur a su que Marie est une femme vertueuse.
Dans l'approche dépendancielle, le même
phénomène se nomme la translation du second degré. Pour
Tesnière (1982 : 546-556), la complétive traditionnelle est un
cas de translation du second degré I O. Il s'agit du cas où
une proposition indépendante, dont le centre est un verbe, se trouve
transférée en substantif subordonné au verbe d'une
proposition régissante, dont elle devient ainsi un élément
simple. [Dans ce cas], la proposition subordonnée joue le rôle
d'un second actant, c'est-à-dire de ce que la terminologie
traditionnelle appelle complément d'objet. Le caractère
substantif du verbe transféré en substantif par translation
secondaire ressort à l'évidence de ce qu'il peut
éventuellement être joncté avec un véritable
substantif.
Ainsi de L'enfant de Paul clame qu'il n'a rien fait ?
L'enfant de Paul clame son innocence et qu'il n'a rien à voir avec cette
histoire. Il ressort de ce fait que la complétive est un nom du
discours. En tant que tel, la plupart des propriétés du nom de
langue lui sont dévolues. Il en va ainsi des positions et des
fonctions.
1.4.2.2. Groupement des fonctions de la
complétive en Que
Les fonctions de la complétive dans la plupart des
grammaires sont analogues à celles du nom. Cette répartition part
du fait que la conjonctive pure équivaut au nom. Mais à la
réalité, s'il est vrai que la complétive obéit
à ce parallélisme, il reste tout de même que dans certains
de ses usages, il est difficile de déduire une fonction, soit qu'elle
est ambiguë, soit qu'elle n'en présente pas. Il s'agit donc dans ce
développement de présenter d'une part les fonctions classiques,
et d'autre part, soulever les cas fluctuants où une indécision
peut planer.
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