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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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1.2.1.2. L'introducteur de la conjonctive complétive

Les traits morphologiques de la conjonctive complétive renvoient à l'ensemble des marques qui, du point de vue de la forme, distinguent cette proposition des autres. Référence est faite à l'introducteur et à ses propriétés. Tamine (1988 :41), parlant de l'introducteur des conjonctives pures ou complétives, affirme qu'

elles sont introduites par la conjonction que, qui, comme toutes les conjonctions, n'a évidemment aucune fonction grammaticale dans la subordonnée, mais qui, de surcroît, n'a aucune valeur sémantique. Elle a comme seul rôle de relier la principale à la subordonnée.

Ainsi, dans les énoncés ci-après :

3. a. PTC, tu ne crois pas que tu vas un peu vite en besogne ? (TSTA : 29)

3.b. Le dernier des Doumbouya déclare qu'il était un ex-détenu politique ( SDI :189)

3.c. K. lui expliqua que le procureur était en effet un de ses amis (LP : 286)

Dans ces exemples, tous des constructions transitives directes, le morphème que enchâsse les complétives : « tu vas un peu vite en besogne », « il était un ex-détenu politique », « le procureur était en effet un de ses amis » dans les principales : « PTC, tu ne crois pas », « Le dernier des Doumbouya déclare », et « K. lui expliqua ». Il n'y a pas de fonction grammaticale. Il assure uniquement la liaison des deux propositions. Sa présence est obligatoire, en sorte que sa suppression entraine une agrammaticalité des phrases.

Dans les constructions transitives indirectes où la complétive suit l'une des prépositions à, de, en. Elle est introduite par à ce que, de ce que, en ce que. Pour Chevalier et al. (1964 : 114),

la langue classique construisait couramment avec que des verbes dont l'objet, infinitif ou substantif, était précédé de À ou DE : je me passerai bien que vous les approuviez E...] Mais dans l'usage de plus en plus courant, on trouve ces verbes suivis de À CE QUE ou de DE CE QUE : Je consentis avec empressement à ce qu'il réduisit en poudre Murillo.

4. a. Je veillerai à ce qu'il en soit ainsi (LP :93)

4. b. Mon oncle tenait à ce que je vous charge de me représenter (LP :233)

4. c. Je vais m'informer de ce qu'il viendra réellement (SDI :122)

La conjonction de subordination qui introduit la complétive semble un mot de liaison sans contenu notionnel ni fonction grammaticale, contrairement au pronom relatif de la subordonnée relative qui, lui, a une fonction et une valeur anaphorique vis-à-vis de son antécédent (il le représente). On peut aussi l'opposer au pronom interrogatif ou à l'adverbe interrogatif dans le cas de l'interrogation indirecte. Ces derniers enchâsseurs ont, eux aussi, une valeur sémantique. Les pronoms renvoient selon les cas à l'humain ou non, les adverbes, quant à eux, évoquent une circonstance. La complétive se distingue à cet effet des autres subordonnées non seulement par les propriétés de son mot introducteur, mais aussi par les mots qui la régissent et les fonctions qu'elle peut occuper au sein la phrase, ce qui va maintenant être examiné.

1.3. Essai de syntaxe de la complétive

Envisager une syntaxe de la complétive revient à traiter d'une part des têtes lexicales avec lesquelles elle peut entrer en relation, mais aussi d'en esquisser une typologie d'autre part avant d'aboutir à ses fonctions au bout du compte.

1.3.1. Rection de la conjonctive complétive et typologie

Comme tout constituant de la phrase, la complétive obéit à des lois d'organisation qui précisent sa place, l'élément qui la précède et qui peut la suivre ainsi que ses fonctions. En effet dans chaque phrase, il existe un tissu de liens hiérarchiques entre les constituants. Du niveau intrasyntagmatique au niveau suprasyntagmatique, certains termes soumettent d'autres à leur dépendance. Le but de cette section est de rendre compte des mots qui introduisent la complétive afin d'en déduire une typologie.

La rection est, selon Dubois et al. (1973 : 407),

la propriété qu'a un verbe d'être accompagné d'un complément dont le mode d'introduction est déterminé [...] On parle aussi de rection pour les prépositions lorsque l'on considère que la préposition régit (gouverne) le cas qui est celui du syntagme qui suit.

Cette notion peut être étendue à toutes les classes syntaxiques susceptibles de gouverner la complétive. L'appréhension de Dubois et al. paraît restrictive puisque la rection implique, de notre point de vue, toutes les têtes lexicales majeures de la langue française, si l'on entend par « rection » le fait qu'un terme X détermine l'apparition et / ou le

choix d'un terme Y au sein de la phrase. Le nom est recteur de l'adjectif qualificatif, ce dernier régit l'adverbe à son tour. Le verbe régit son sujet et ses compléments, l'adverbe régit un autre adverbe. À ce titre, toutes les parties du discours autonomes de la langue sont dotées d'un schéma actantiel, c'est-à-dire des positions syntaxiques qu'elles ouvrent et la nature des constituants qui les occupent. Il s'agit de déterminer quels sont les mots-têtes ou les syntagmes recteurs de la complétive. En d'autres termes, on s'interroge sur les supports de la conjonctive en que.

La réponse à cette question varie selon les grammairiens, des grammaires d'obédience classique aux approches structurales, car tous ne recensent pas les mêmes éléments. Par ailleurs, ils ne trouvent pas pertinents tous les termes qui sont potentiellement les régissants de complétives. Ainsi, Dubois et Lagane (1973) recensent quatre possibilités de supports : le verbe, les suites impersonnelles, le nom et l'adjectif qualificatif. Tomassone (1996) ne considère que le verbe, la locution verbale et le nom comme des introducteurs de la complétive. Chez Soutet (1989), les complétives peuvent s'introduire dans le SV, le SN, et le SA. Wagner et Pinchon (1962) corroborent cette pensée et soutiennent que la complétive a pour régissants le verbe et les locutions y afférentes, l'adjectif et le substantif. La même perspective est suivie par Tamine (1988).

Riegel et al. (Op. cit) ainsi que Grevisse (1980) recensent les complétives introduites par le verbe et ses locutions, par l'adjectif, par le nom, et Grevisse (1990) y ajoute l'adverbe. Chevalier et al. (Op. cit) pensent que la complétive se rapporte au verbe, à l'adjectif, au nom et à l'adverbe. Maingueneau (1999), parlant des constructions opératrices, postule que la complétive a comme supports le verbe, le nom et l'adjectif. Hava Bat-Zeev Shyldkrot (2008) traite des complétives introduites par la préposition.

En conclusion, traditionnellement, cinq éléments sont susceptibles de régir la complétive. Il s'agit du verbe ou de la locution verbale, du nom ou du GN, de l'adjectif qualificatif, de l'adverbe et de la préposition. Ces catégories s'illustrent respectivement dans les énoncés ci-après :

5.a. Je vous fais remarquer que mon client [...] compte de plus dans ce pays (TSTA : 36)

5.b. Le fait que K. restait assis tranquillement au chevet de Me Huld lui parut assez rassurant (LP :237)

5.c. Je l'ignore, répondit le forban, étonné qu'on accordât une importance à ce freluquet (TSTA :171)

5.d. Rien [...] simplement que tu raisonnes bien (TSTA : 62)

5.e. Disons que c'est à peu près ça. Sauf que je ne raque rien moi (TSTA : 40)

Il paraît toutefois curieux que certains grammairiens et linguistes rangent le nom parmi les recteurs possibles de la complétive et ne signalent pas le pronom. En réalité, ce dernier est susceptible d'occuper la place d'un nom. Il en est de même du présentatif dont Riegel et al. (2104 :75) disent qu'il peut être suivi d'une complétive. Ces deux structures sont pourtant aussi attestées dans l'usage :

6.a. La certitude qu'on me piège est évidente (TSTA :75)

6.b. Voilà que la tête t'abandonne (LP :131)

De fait, en parlant de la certitude dans le premier énoncé, on peut bien dire, avec un pronom démonstratif apposé : 6.a'. La certitude, celle qu'on me piège est évidente, ce qui permet, en tenant compte du présentatif, d'ajouter le pronom à la liste des catégories susceptibles d'introduire une complétive, relevant ainsi le nombre de recteurs à sept. C'est de cette répartition que découle la typologie de la conjonctive complétive

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