1.2.1.1. La conjonctive pure : essai de
clarification
L'appréhension de la complétive varie selon les
grammaires. Cela empêche régulièrement le grammairien de
lui donner une définition circonstanciée. Comme le font remarquer
Wagner et Pinchon (1972 : 559),
cette dénomination est employée de diverses
façons par les grammairiens : certains l'appliquent à toutes les
propositions qu'elles soient sujet, attribut, objet, complément
circonstanciel ou qu'il s'agisse de propositions relatives [...],
d'autres la réservent aux propositions qui jouent le rôle de
sujet, d'objet, ou d'attribut (les conjonctives par que, les interrogatives
indirectes, les infinitives).
Il n'existe pas de consensus, les usages sont fluctuants. Ils
dépendent de chaque grammairien et des analyses qu'il mène. La
même remarque est formulée par Riegel et al. (2014 : 823) en ces
termes :
les propositions complétives sont des propositions
qui se substituent, dans certains cas déterminés et selon
certaines règles précises, à des groupes nominaux (GN)
constituants du groupe verbal (GV), ou plus rarement au GN sujet, voire
à des GN compléments de noms et d'adjectifs. On remarquera donc
que toutes les complétives ne sont pas des compléments du verbe,
pas plus que toutes les propositions subordonnées compléments ne
sont des complétives : les deux termes ne sont pas synonymes.
Pour Wagner et Pinchon les subordonnées sujets sont
exclues de la dénomination de complétive. Elles y sont incluses
chez Riegel et al. Le présent travail adopte ce dernier point
de vue, selon lequel (Op.cit. : Ibid.) les complétives
constituent un grand ensemble qui intègre d'un côté les
complétives introduites par que ou propositions conjonctives ; les
infinitifs qui ont pour fonction de compléter le verbe ; et enfin les
propositions interrogatives indirectes voire les exclamatives. Le travail
portera non pas sur toutes les complétives, mais exclusivement sur la
proposition conjonctive complétive, à savoir la complétive
introduite par que, encore appelée « conjonctive pure
» par Soutet ou phrase-GN chez Maingueneau. Les
énoncés suivants illustrent cette proposition :
2.a. c'est un pote, mais il ne faudrait quand même
pas qu'il en vienne à se demander à juste titre si je ne suis pas
en train de déménager (TSTA : 7-8).
2.b. Il n'admettait pas que Léni lui parlât
de Block comme d'un absent (LP : 226)
Exemples :
2.c. J'ignore pourquoi ce vieux toubab-là veut que je
te suive (TSTA :100)
Dans ces trois énoncés, les segments introduits
par la conjonction que mis en gras sont tous des compléments d'objet
directs des verbes qui les introduisent. La proposition complétive ainsi
délimitée a des traits morphologiques qui lui sont propres.
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