h) Diaspora haïtienne et développement
territorial
Les Haïtiens ont reçu de leur diaspora, en 2012,
quelque 1,988 milliard de dollars américains contre 2,057 milliards en
2011. En 2014, selon les données officielles de la Banque mondiale, le
montant de ces transferts est aussi élevé. D'un point de vue
micro-économique, et de manière générale, les
transferts de fonds représentent une source importante de revenus pour
des millions de familles qui les reçoivent, même dans les pays
ayant un produit intérieur brut (PIB) élevé. En
Haïti, ces transferts contribuent largement à lisser la
consommation des bénéficiaires régulièrement
touchés par des crises d'origine politique ou naturelle217.
Ils représentent une part importante du PIB d'Haïti et
dépassent parfois les investissements directs étrangers ou l'aide
externe. Ce qui en fait un potentiel considérable de
développement, notamment lors des périodes de crises.
La diaspora haïtienne peut véritablement
être considérée comme un lieu d'élaboration et de
financement d'activités génératrices de fonds pour
Haïti. Il a été argumenté que la contribution de la
diaspora haïtienne, par ses caractéristiques anticycliques et non
contractuelles (Paul, 2008), est une source financière
particulièrement précieuse pour Haïti, qu'il convient de
mobiliser de manière efficace et intelligente218. Par
exemple, la crise économique de 2008-2009 avait réduit les flux
de transferts effectués par la diaspora vers Haïti, mais la
solidarité provoquée par le séisme du 12 janvier 2010 a
permis d'accroître ces transferts à un rythme encore plus
élevé pour atteindre presque 2 milliards de dollars
216Etzer EMILE Economiste Publié le 2017-07-04
| Le Nouvelliste
217 Manuel Orozco, Understanding the remittance economy in
Haiti, World Bank, 2006.
218 Marvel Dandin, «Pour une intégration efficace
de la diaspora au développement d'Haïti», Rencontre,
n° 24-25, 2012.
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ROODLY RICHARD
8/2/19
Plaidoyer pour un cadre juridique de la protection des
travailleurs migrants et migrantes haïtiens et haïtiennes: le cas de
la République Dominicaine, des États-Unis et du Chili de 2008
à 2018.
en 2014 selon les données officielles. Selon la Banque
mondiale, ces transferts représentent 21,1 % du PIB
d'Haït219.
La diaspora constitue incontestablement une solution aux
problèmes de pauvreté en Haïti. Le développement
économique d'Haïti passe par une mobilisation de ses ressources
propres. Parmi ces dernières, les plus précieuses sont ses
ressources humaines qualifiées. Même si une grande majorité
de celles-ci se trouvent en dehors du territoire national, pour peu que les
liens soient conservés et traductibles en des opportunités, il y
va de la stratégie de chercher à impliquer au mieux la diaspora
dans le développement territorial. L'argumentation de Paul et
Michel220, continuant Barré et al. (2003), sur la
mobilisation de la diaspora académique haïtienne est un exemple de
stratégie capable de transformer le brain drain en brain
gain dans l'enseignement supérieur en Haïti.221
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