De l’évaluation de l’impact des décisions judiciaires dans la protection des victimes de violences sexuelles en république démocratique du Congo. Cas de viol d’enfants.par Sylvain KITENGE LOBABA Université de Kinshasa - Master de recherche en droit international humanitaire et droits de l'homme 2017 |
Section 3 : Les conséquences des violences sexuellesLes violences sexuelles peuvent entraîner des conséquences énormes, et contre les victimes elles-mêmes (§1) que contre la société (§2). § 1 : Les conséquences des violences sexuelles sur les victimesLes violencessexuelles sont souvent commises avec une cruauté inouïe et d'aucuns les ont qualifiées d'arme de guerre78(*). Par contre la force physique n'est pas nécessairement employée dans la commission du viol, raison pour laquelle il n'en résulte pas toujours des traumatismes physiques. Il arrive que le viol entraine la mort, encore que la prévalence de la mortalité varie considérablement d'un endroit à l'autre du monde. Les conséquences pour la santé génésique, la santé mentale et le bien-être social comptent parmi les conséquences les plus courantes de la violence sexuelle pouvons-nous écrire avec l'OMS79(*). Il a été révélé que les violences sexuelles commises en RDC l'ont été sur une très grande échelle. Madame Béatrice Vaugrante, de la Section canadienne francophone d'Amnistie internationale, les décrivant comme « une guerre dans la guerre »80(*). Ilest « reconnu que la violence sexuelle contre les femmes et les filles est la forme de violence la plus courante et la forme de criminalité la plus répandue » en RDC81(*). Les répercussions physiques qui peuvent résulter de cette violence varient et peuvent comprendre des fractures ou des amputations, des brûlures ou des mutilations, des fistules, des infections transmises sexuellement, comme le VIH/SIDA, des grossesses non voulues, une incontinence urinaire à long terme, la stérilité et la mort. Faute de soins médicaux adéquats, les blessures physiques des victimes donnent lieu à des complications82(*). A celles-ci s'ajoutent d'autres formes de dépression, de stress post traumatique, de sentiments profondément ancrés de peur, de rage et de honte, de perte d'estime de soi, de sentiment de culpabilité, de perte de mémoire, de cauchemars ou d'idées suicidaires83(*). Un sondage mené en 2010 a permis constater que 67,7 % des femmes et 47,5 % des hommes qui ont survécu à des violences sexuelles liées à un conflit affichaient des symptômes de dépression, tandis que 75,9 % des femmes et 56 % des hommes montraient des symptômes de stress posttraumatique. Ces personnes n'ont pratiquement aucun accès à des services de soins de santé mentale84(*). Il sied de révéler que conséquences physiques de la violence sexuelle sont souvent plus graves pour les filles que pour les femmes adultes, car leur développement physique n'est pas terminé. Par exemple, les filles qui deviennent enceintes par suite de viol sont plus susceptibles que les femmes d'avoir des complications, qui peuvent mener à des fistules ou à la mort85(*) , à la fatigue chronique, des infections urinaires à répétition, des migraines86(*), etc. * 78 Ministère du genre, de la famille et de l'enfant, op.cit., p.4 ; J.Cl. KATANDE, Rapport sur les violences op. cit., p.5. * 79 OMS, op.cit., p.173. * 80 B. VAUGRANTE citée dans Chambre des communes du Canada, op.cit., p.28 * 81 Kr. KALLA, citée dans Chambre des communes du Canada, op.cit., p.28 * 82 Chambre des communes, op.cit., p.28. * 83Idem. * 84 JOHNSON et alli., « Association of Sexual Violence and Human Rights violations with Physical and Mental Health in Territories of the Eastern Democratic Republic of the Congo», Jama, 2010, pp. 559-560, cité dans Chambre des communes du Canada, op.cit. p. 29. * 85 Chambre des communes du Canada, op.cit., p.28. * 86 M. CHEVALIER, Violences sexuelles et psycho traumatisme : Comment accompagner les victimes, Mémoire de fin d'études de la formation de Praticien en Santé Publique, session 2010-2011, p.13, inédit. |
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