5.3 Le développement politique
5.3.1 Violence et insécurité en
Haïti
En 2000, Jean-Bertrand Aristide est réélu lors
d'élections dont le taux d'abstention est estimé à 90% par
l'ONU112. Cette faible légitimité du président
a rapidement donné lieu à un conflit social qui a atteint son
paroxysme en 2004, lorsque Jean-Bertrand Aristide fut contraint de quitter le
pays sous l'escorte des forces spéciales états-uniennes. Depuis,
la santé démocratique du pays continue de se
détériorer, en dépit de la réélection de
René Préval, en 2006, et de l'élection de Michel Martelly
en 2011. Donc dans l'intervalle 2000 à 2011, la gouvernance politique du
pays atteint un sommet critique aux yeux des acteurs tant nationaux
qu'internationaux.
Au départ du président, la situation
était d'autant plus chaotique. On observation la présence d'un
ensemble de groupe armés pour des raisons diverses (anciens policiers,
bandits, anciens membres du FAd'H, etc.) qui sèment la terreur et
latwoublay113 au sein de la population par divers actes de violence.
Car depuis [...] février 2004, des quantités importantes d'armes
à feu ont été distribuées à
différents groupes y compris des enfants (insurgés, groupes
pro-Lavalas). Et ces armes constituent à mettre la population dans la
peur, la terreur et la pression.
Tableau 21 : Typologie d'actes de violence armée
commis en Haïti
Catégorie Période 2000 - 2004
Période post-février 2004
d'actes
Politique
|
Répression politique
|
Affrontement / résistance armée
|
|
Kidnapping
|
Intimidation / pression
|
|
Assassinat
|
Chantage / diffamation
|
|
Destruction des biens
|
« Dechoukaj » (représailles)
|
|
Intimidation / agression
|
|
|
Agression sexuelle (répression des femmes)
|
|
|
Supplice du collier
|
|
|
Arrestation / détention arbitraire
|
|
|
Torture
|
|
112 Ce fort de taux d'abstention qu'émet l'ONU va
à l'encontre de ce que les acteurs nationaux émettent. Ainsi,
pour Franklin Midy dans Hurbon (dir.), le taux de participation est
estimé à environ 40.27.
113 Mot Créole traduisant «trouble».
114 GROUPE THEMATIQUE SECURITE ET GOUVERNANCE
POLITIQUE, sécurité : désarmement / police, p, 2.
107
Économique
|
Vol à main armée
|
Vol à main armée
|
|
Kidnapping
|
Kidnapping
|
|
Expropriation des biens
|
Expropriation des biens
|
|
Extorsion
|
Extorsion
|
|
Trafic illicite (drogues, armes à feu, etc.)
|
|
Sociale
|
Agression sexuelle des femmes
|
Règlement de comptes
|
|
Violence domestique
|
Conflits sociaux
|
|
Conflits sociaux
|
Violence domestique
|
|
Criminalisation des enfants et des
|
Destruction des structures
|
|
jeunes
|
communautaires
|
|
Destruction des structures
communautaires
|
|
Source :
La présence de ces groupes constitue un facteur
d'insécurité important. Entre 2000 et 2004, beaucoup de ces
formations armées entretenaient des liens très étroits
avec les autorités politiques, ayant pour fonction de favoriser
l'émergence d'un climat de violence, d'intimidation et
d'impunité. L'installation de ce système par les autorités
avait pour but de maintenir le pouvoir. Agissant au nom de l'État, ces
groupes armés ont contribué à la
détérioration du respect des droits humains, entraînant
à son tour la détérioration du tissu social et
l'instabilité sociopolitique114. Et principalement aux
Gonaïves, un important conflit armé a éclaté, a
perduré et plonge la ville dans le chaos. Dans cette situation, le pays
est vu de la communauté internationale comme Etat fragile, si bien que
l'aide internationale allouée de 2003 à 2008 est qualifiée
d'aide pour la paix, ou aide aux Etats fragiles, qui augmente davantage en
ampleur. On peut alors se poser la question : où est passée la
gouvernance en tant de modalités de l'aide ?
108
Tableau 22: Peacekeeping expenditure, 2000-2008
(USD
millions)115
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
As % of ODA
2008
|
Burundi
|
-
|
-
|
-
|
40
|
304
|
239
|
118
|
-
|
32
|
7%
|
Côte d'Ivoire
|
-
|
-
|
-
|
83
|
337
|
382
|
450
|
471
|
475
|
83%
|
Congo, Dem. Rep.
|
246
|
389
|
480
|
636
|
901
|
1 055
|
1 085
|
1 116
|
1 191
|
78%
|
Cyprus
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
48
|
56
|
-
|
Darfur
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1 276
|
1 500
|
-
|
Eritrea
|
164
|
185
|
210
|
184
|
180
|
156
|
126
|
113
|
100
|
74%
|
Georgia
|
24
|
25
|
29
|
30
|
31
|
31
|
32
|
35
|
35
|
4%
|
Haïti
|
-
|
-
|
-
|
35
|
377
|
480
|
484
|
535
|
575
|
66%
|
Kosovo
|
361
|
360
|
330
|
316
|
294
|
234
|
210
|
220
|
198
|
|
Liberia
|
-
|
-
|
-
|
548
|
741
|
707
|
676
|
688
|
604
|
93%
|
Lebanon
|
46
|
50
|
-
|
-
|
56
|
-
|
-
|
714
|
689
|
68%
|
Sierra Leone
|
521
|
618
|
603
|
449
|
265
|
86
|
-
|
-
|
24
|
7%
|
Sudan
|
-
|
-
|
-
|
-
|
219
|
801
|
990
|
846
|
821
|
101%1
|
Timor- Leste
|
528
|
454
|
288
|
196
|
82
|
2
|
147
|
153
|
173
|
66%
|
115 Source : center on International coopération, 2009
109
Western Sahara
|
46
|
41
|
41
|
42
|
45 46 44
|
48
|
48
|
Total
|
|
1
|
971
|
2
|
156
|
2
|
020
|
2
|
599
|
3
|
832
|
4 259
|
4 402
|
6
|
485
|
6
|
868
|
6%
|
%
fragile states
|
to
|
|
74%
|
|
76%
|
|
78%
|
|
84%
|
|
89%
|
92%
|
93%
|
|
83%
|
|
84%
|
|
116 Andréane Giguère, La situation actuelle en
Haïti dans le cadre de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation
en Haïti (MINUSTAH), Mise au point.
110
C'est dans ce contexte que les Nations Unies, selon la
résolution 1529 prise par le conseil de sécurité de l'ONU,
a autorisé le déploiement d'une force multinationale
intérimaire et a annoncé son intention de mettre sur pied une
mission multidimensionnelle de stabilisation en Haïti. Le 30 avril 2004,
la MINUSTAH a été promulguée par la résolution 1542
(2004) du Conseil de sécurité dont le mandat consiste à
appuyer le dialogue politique et la tenue des élections, à
renforcer les capacités de l'État en lui fournissant un appui
institutionnel de même qu'une aide à la gestion des
frontières, à maintenir la sécurité publique par
une stratégie de diminution de la violence communautaire, à
appuyer la réforme de l'État de droit et à encourager les
droits de l'Homme. Environ 7 060 soldats et 2 091 policiers ont fait partie de
cette force multinationale116.
Parallèlement à cette situation que
réclamerait la force régalienne de l'Etat, la Police Nationale
d'Haïti fait montre de son incapacité tant technique,
institutionnel qu'opérationnel. Une situation qui profite bien à
semer la panique. On peut lire dans la Rapport Sécurité :
désarmement, Police du Groupe Thématique sécurité
et gouvernance politique : « Depuis la démobilisation des Forces
Armées d'Haïti (FAd'H) à la fin de 1994, la Police Nationale
Haïtienne est la seule force investie de l'Autorité Publique. Au
fil des ans et en particulier depuis février 2001, au lieu de se
professionnaliser et de se renforcer en moyens humains et matériels,
la PNH s'est au contraire littéralement liquéfiée sous
l'action conjointe de la corruption, de la politisation et d'un laisser-aller
général.
» La PNH, qui comptait environ 6300 policiers de tous
grades en 2003, se trouve aujourd'hui vidée de sa substance et ne
comporte plus que la moitié de ses effectifs (environ 3000) en raison du
nombre de personnels encore en fuite et de l'épuration des cadres
supérieurs et subalternes ordonnancée par le nouveau Directeur
Général peu après sa prise de fonction. Avant la crise,
elle comptabilisait 189 commissariats et sous-commissariats mais était
absente des zones reculées et couvrait mal l'agglomération de
Port-au-Prince. »
En 2006, le gouvernement haïtien, soutenu par les Nations
Unies, a adopté un plan de réforme de la Police nationale
d'Haïti (PNH) afin de restaurer sa crédibilité qui est
minée par le clientélisme et l'ingérence politique.
Prévu pour une durée de cinq ans (échéancier 2011),
ce projet de réforme vise la professionnalisation des ressources
humaines de la Police nationale d'Haïti et le renforcement de ses
capacités opérationnelles et institutionnelles.
111
|