0. INTRODUCTION
Les aires protégées demeurent l'une des options
fondamentales de conservation de la biodiversité contre la disparition
des espèces (Auzel et al. 2000). Egalement elles assurent aussi le
maintien de services éco-systémiques et les conditions de vies
à différents niveaux. Outre ces fonctions
socio-écologiques, elles jouent un rôle essentiel dans la lutte
contre les effets des changements climatiques (Dudley, 2008). Malgré les
efforts de conservation, le déclin de la biodiversité
s'accélère suite aux effets anthropiques (Butchart et al.
2010).
La République Démocratique du Congo (RDC)
dispose d'une diversité écologique exceptionnelle, la plus
importante en Afrique et sur la planète (Levin, 2013). Dans un contexte
marqué par des conflits récurrents à l'est du pays,
l'économie locale est plus caractérisée par une
économie informelle avec comme conséquence la dégradation
des ressources naturelles et le non-respect des prescrits légaux en la
matière. L'exploitation minière par exemple, est courante dans
différentes zones y compris dans les zones interdites comme les aires
protégées (International Alert, 2009). Cette situation s'est
traduite dans la plupart des cas par la recrudescence du braconnage sur
différentes espèces y compris celles interdites par les
différentes lois, l'occupation illégale des terres des aires
protégées par les populations riveraines et bandes armées,
la destruction des habitats et la perte du contrôle sur de grandes
étendues de celles-ci par l'ICCN, tel est le cas dans le groupement de
Musenyi à Buloho.
L'économie congolaise, dépendante de l'artisanat
minier légalisé en 1972 pour répondre au défi
industriel en faillite (Sally 2006). Ainsi, cette libéralisation a
conduit jusqu'à ces jours des masses laborieuses sans emplois à
l'artisanat minier jusque dans les aires protégées. Pourtant la
conservation de la biodiversité est, pour le secteur des mines, un
élément essentiel de développement durable (Sally, 2006).
Par l'incapacité de l'administration publique congolaise à
contrôler le secteur artisanal et ses pratiques, ce secteur se
développe autour et dans les aires protégées au point
qu'on assiste à un désastre écologique comme au PNKB
(Geenen 2012).
La question minière est donc un enjeu environnemental
dans toute la partie Est de la RDC, où au PNKB dans la partie qui inclue
la chefferie de Buloho, les conséquences sont énormes: la
pollution des nappes phréatiques, la déforestation, le
braconnage, la déviation des rivières et ses effets sur les
espèces aquatiques, la disparition des terres arables (International
Alert, 2009).
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0.1. Etat de la question
Afin de mieux cerner la question liée aux mines dans
les zones proches des aires protégées, il est important de faire
un regard sur les différentes recherches sur la thématique.
L'exploitation minière artisanale demeure importante pour les
exploitants, bien qu'elle ne permette qu'une survie économique à
court terme. Elle encadre des milliers de creuseurs, négociants et
intermédiaires ainsi que de petits commerçants qui vivent
grâce à elle. Malgré la faible productivité de ce
secteur, il reste l'un des piliers de l'économie locale informelle de la
province du Sud-Kivu (Kamundala, 2012). Idée soutenue par JOBNAME
(2007), qui pense que les ressources naturelles dominent l'économie de
nombreux pays de ce continent et représentent le plus important moyen de
subsistance pour des habitants majoritairement pauvres et vivant en zone rurale
comme celle de la Chefferie de Buloho.
Toutefois, l'absence d'un encadrement et d'une sensibilisation
aux artisanaux sur les concepts de la protection environnementale, leurs
exploitations, conduisent très souvent à une destruction
écologique (SEYDOU 2001, GADHOP 2012). Bien que la contribution de
l'exploitation minière artisanale dans le développement
économique du Sud-Kivu soit nécessaire, elle exerce une pression
énorme sur les écosystèmes telles que la pollution des
eaux, la dégradations des forets et sols, la destruction de la faune
(Kamundala, 2012). En RDC par exemple, les creuseurs ne se préoccupent
pas de l'existence de la loi dans leurs pratiques bien que le code minier de
2002 définisse les obligations y relatives (GADHOP 2012). D'où,
l'on constate ainsi que les conditions sociales et environnementales du secteur
minier sont déplorables. Dans le pays, il existe de nombreux
problèmes environnementaux dans les principales zones minières,
particulièrement au Katanga et dans les Kivu (International Alert,
2009). Certains de ces problèmes, tels que le déversement des
déchets et des installations de gestion des résidus pourraient
représenter un danger réel pour les populations riveraines et les
aires protégées (Banque Mondiale 2008).
Toutefois, l'un des problèmes cruciaux aux Parcs
nationaux est l'aménagement d'une zone tampon où les
communautés pourraient accéder aux ressources naturelles de
manière contrôlée en vue de garantir leur participation
à la conservation (Muhigwa et al. 2007). La protection de la nature
implique la sauvegarde et l'exploitation de façon rationnelle. Ce point
de vue quelque peu paradoxal met en évidence le fait que l'homme, en
dépit de ce qu'il pense en général et de la situation
qu'il s'est faite dans l'univers, n'est pas encore affranchi totalement des
lois naturelles mais leur demeure soumis puisque la Nature lui fournit la plus
grande
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partie des ressources renouvelables dont il ne saurait se
priver (BAER 2000). Vu les erreurs antérieurs, il apparaît
indispensable de repenser le choix des zones à conserver mais aussi les
approches de gestion qui doivent concilier conservation et satisfaction des
besoins des autochtones (Mengue-Medou, 2002).
Vu ces erreurs, de nombreux conflits ont été
enregistrés entre les communautés locales et les gestionnaires
des aires protégées liés à la conservation des
ressources naturelles. Et de nombreuses victimes ont été
dénombrées de part et d'autre en raison de problèmes
d'accessibilité aux ressources et de la difficulté pour les
populations locales à percevoir les bénéfices futurs de la
conservation (Ngeleza, 2012). Egalement, la présence de bandes
armées autour des aires protégées comme au PNKB avec les
groupes d'autodéfense dont la population locale de la Chefferie de
Buloho reconnait certains mérites d'ordre sécuritaire pour leur
village, l'agriculture itinérante sur brulis, les exploitations
minières artisanales, les braconnages, la pauvreté extrême
des populations locales sont autant des problèmes qui gangrènent
l'environnement dans la chefferie de Buloho.
De même, limiter les pratiques illégales et
prévenir les conflits liés aux ressources naturelles font partie
des objectifs du Code minier de la RDC mais, l'activité minière
artisanale telle qu'elle s'est développée à l'Est de la
RDC est considérée comme « un piège à
pauvreté ». On trouve sur les sites miniers des personnes
originaires des villes, jeunes déscolarisés et les anciens
fonctionnaires mal rémunérés. Egalement, dans les
régions à forte densité de population, les
difficultés d'accès à la terre poussent à
l'activité minière. Pourtant, les creuseurs ne retirent de leur
travail que des gains minimes, que certaines études estiment en moyenne
entre 1 et 2 dollars par jour (CJPBF, 2012).
Concernant la gestion des APs, elle pose un problème de
la cohabitation des politiques publiques et des systèmes traditionnels.
Pour contribuer à la compréhension de cette difficile
cohabitation, il est proposé l'analyse de l'évolution de la
politique de gestion des aires protégées de l'époque
précoloniale à ces jours. L'étude du cas du Parc National
du Haut Niger révèle que, malgré la reconnaissance et la
prise en compte du rôle des communautés traditionnelles, les
populations locales adhèrent à la gestion participative sans
grande conviction. La stratégie de conservation peut fonctionner et
faire la preuve de son efficacité si des efforts sont entrepris dans
l'appui au développement communautaire et dans la création
d'activités génératrices de revenus pour les populations
traditionnelles qui mettent leurs savoirs au service de la gestion des aires
protégées (DIALLO, 2011). Cette approche n'est pas
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du tout loin de ce que pense qu'un financement adéquat
est indispensable en faveur de la biodiversité (Stavros, 2008). On ne
pourra enrayer la perte de biodiversité que si tous les secteurs de la
société, en allant des pouvoirs publics et du secteur industriel
aux propriétaires des terrains concernés et aux individus
appartenant au grand public, s'impliquent activement.
Avec un intérêt capital, l'exploitation des
ressources naturelles vis-à-vis de l'environnement, reste une
matière transversale nécessitant l'implication de tout être
humain. N'ayant pas encore été abordé scientifiquement et
totalement dans les quatre groupements concernés, nous souhaitons
proposer une voie de sortie et partager ces informations avec tous ceux qui
s'intéressent à la conservation de la nature afin de prendre des
précautions utiles. Cette étude se fonde sur une vision
d'équilibre prônant l'harmonie entre l'homme et la nature.
D'où la pensée de Martin Luther King «
Avec la nature, nous devons apprendre à vivre ensemble comme des
frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots
». Cette pensée est renforcée par celle de J.
ROUSSEAU (1764) « La nature ne ment jamais », quand
on la détruit, on paie cash.
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