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Exploitation minière et aires protégées, Cas du parc national de Kahuzi Bièga.


par Fiston NSHOKANO ZAGABE
Institut Supérieur de Développement Rural de Bukavu_ISDR-BUKAVU - Licence en développement rural 2015
  

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0. INTRODUCTION

Les aires protégées demeurent l'une des options fondamentales de conservation de la biodiversité contre la disparition des espèces (Auzel et al. 2000). Egalement elles assurent aussi le maintien de services éco-systémiques et les conditions de vies à différents niveaux. Outre ces fonctions socio-écologiques, elles jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les effets des changements climatiques (Dudley, 2008). Malgré les efforts de conservation, le déclin de la biodiversité s'accélère suite aux effets anthropiques (Butchart et al. 2010).

La République Démocratique du Congo (RDC) dispose d'une diversité écologique exceptionnelle, la plus importante en Afrique et sur la planète (Levin, 2013). Dans un contexte marqué par des conflits récurrents à l'est du pays, l'économie locale est plus caractérisée par une économie informelle avec comme conséquence la dégradation des ressources naturelles et le non-respect des prescrits légaux en la matière. L'exploitation minière par exemple, est courante dans différentes zones y compris dans les zones interdites comme les aires protégées (International Alert, 2009). Cette situation s'est traduite dans la plupart des cas par la recrudescence du braconnage sur différentes espèces y compris celles interdites par les différentes lois, l'occupation illégale des terres des aires protégées par les populations riveraines et bandes armées, la destruction des habitats et la perte du contrôle sur de grandes étendues de celles-ci par l'ICCN, tel est le cas dans le groupement de Musenyi à Buloho.

L'économie congolaise, dépendante de l'artisanat minier légalisé en 1972 pour répondre au défi industriel en faillite (Sally 2006). Ainsi, cette libéralisation a conduit jusqu'à ces jours des masses laborieuses sans emplois à l'artisanat minier jusque dans les aires protégées. Pourtant la conservation de la biodiversité est, pour le secteur des mines, un élément essentiel de développement durable (Sally, 2006). Par l'incapacité de l'administration publique congolaise à contrôler le secteur artisanal et ses pratiques, ce secteur se développe autour et dans les aires protégées au point qu'on assiste à un désastre écologique comme au PNKB (Geenen 2012).

La question minière est donc un enjeu environnemental dans toute la partie Est de la RDC, où au PNKB dans la partie qui inclue la chefferie de Buloho, les conséquences sont énormes: la pollution des nappes phréatiques, la déforestation, le braconnage, la déviation des rivières et ses effets sur les espèces aquatiques, la disparition des terres arables (International Alert, 2009).

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0.1. Etat de la question

Afin de mieux cerner la question liée aux mines dans les zones proches des aires protégées, il est important de faire un regard sur les différentes recherches sur la thématique. L'exploitation minière artisanale demeure importante pour les exploitants, bien qu'elle ne permette qu'une survie économique à court terme. Elle encadre des milliers de creuseurs, négociants et intermédiaires ainsi que de petits commerçants qui vivent grâce à elle. Malgré la faible productivité de ce secteur, il reste l'un des piliers de l'économie locale informelle de la province du Sud-Kivu (Kamundala, 2012). Idée soutenue par JOBNAME (2007), qui pense que les ressources naturelles dominent l'économie de nombreux pays de ce continent et représentent le plus important moyen de subsistance pour des habitants majoritairement pauvres et vivant en zone rurale comme celle de la Chefferie de Buloho.

Toutefois, l'absence d'un encadrement et d'une sensibilisation aux artisanaux sur les concepts de la protection environnementale, leurs exploitations, conduisent très souvent à une destruction écologique (SEYDOU 2001, GADHOP 2012). Bien que la contribution de l'exploitation minière artisanale dans le développement économique du Sud-Kivu soit nécessaire, elle exerce une pression énorme sur les écosystèmes telles que la pollution des eaux, la dégradations des forets et sols, la destruction de la faune (Kamundala, 2012). En RDC par exemple, les creuseurs ne se préoccupent pas de l'existence de la loi dans leurs pratiques bien que le code minier de 2002 définisse les obligations y relatives (GADHOP 2012). D'où, l'on constate ainsi que les conditions sociales et environnementales du secteur minier sont déplorables. Dans le pays, il existe de nombreux problèmes environnementaux dans les principales zones minières, particulièrement au Katanga et dans les Kivu (International Alert, 2009). Certains de ces problèmes, tels que le déversement des déchets et des installations de gestion des résidus pourraient représenter un danger réel pour les populations riveraines et les aires protégées (Banque Mondiale 2008).

Toutefois, l'un des problèmes cruciaux aux Parcs nationaux est l'aménagement d'une zone tampon où les communautés pourraient accéder aux ressources naturelles de manière contrôlée en vue de garantir leur participation à la conservation (Muhigwa et al. 2007). La protection de la nature implique la sauvegarde et l'exploitation de façon rationnelle. Ce point de vue quelque peu paradoxal met en évidence le fait que l'homme, en dépit de ce qu'il pense en général et de la situation qu'il s'est faite dans l'univers, n'est pas encore affranchi totalement des lois naturelles mais leur demeure soumis puisque la Nature lui fournit la plus grande

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partie des ressources renouvelables dont il ne saurait se priver (BAER 2000). Vu les erreurs antérieurs, il apparaît indispensable de repenser le choix des zones à conserver mais aussi les approches de gestion qui doivent concilier conservation et satisfaction des besoins des autochtones (Mengue-Medou, 2002).

Vu ces erreurs, de nombreux conflits ont été enregistrés entre les communautés locales et les gestionnaires des aires protégées liés à la conservation des ressources naturelles. Et de nombreuses victimes ont été dénombrées de part et d'autre en raison de problèmes d'accessibilité aux ressources et de la difficulté pour les populations locales à percevoir les bénéfices futurs de la conservation (Ngeleza, 2012). Egalement, la présence de bandes armées autour des aires protégées comme au PNKB avec les groupes d'autodéfense dont la population locale de la Chefferie de Buloho reconnait certains mérites d'ordre sécuritaire pour leur village, l'agriculture itinérante sur brulis, les exploitations minières artisanales, les braconnages, la pauvreté extrême des populations locales sont autant des problèmes qui gangrènent l'environnement dans la chefferie de Buloho.

De même, limiter les pratiques illégales et prévenir les conflits liés aux ressources naturelles font partie des objectifs du Code minier de la RDC mais, l'activité minière artisanale telle qu'elle s'est développée à l'Est de la RDC est considérée comme « un piège à pauvreté ». On trouve sur les sites miniers des personnes originaires des villes, jeunes déscolarisés et les anciens fonctionnaires mal rémunérés. Egalement, dans les régions à forte densité de population, les difficultés d'accès à la terre poussent à l'activité minière. Pourtant, les creuseurs ne retirent de leur travail que des gains minimes, que certaines études estiment en moyenne entre 1 et 2 dollars par jour (CJPBF, 2012).

Concernant la gestion des APs, elle pose un problème de la cohabitation des politiques publiques et des systèmes traditionnels. Pour contribuer à la compréhension de cette difficile cohabitation, il est proposé l'analyse de l'évolution de la politique de gestion des aires protégées de l'époque précoloniale à ces jours. L'étude du cas du Parc National du Haut Niger révèle que, malgré la reconnaissance et la prise en compte du rôle des communautés traditionnelles, les populations locales adhèrent à la gestion participative sans grande conviction. La stratégie de conservation peut fonctionner et faire la preuve de son efficacité si des efforts sont entrepris dans l'appui au développement communautaire et dans la création d'activités génératrices de revenus pour les populations traditionnelles qui mettent leurs savoirs au service de la gestion des aires protégées (DIALLO, 2011). Cette approche n'est pas

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du tout loin de ce que pense qu'un financement adéquat est indispensable en faveur de la biodiversité (Stavros, 2008). On ne pourra enrayer la perte de biodiversité que si tous les secteurs de la société, en allant des pouvoirs publics et du secteur industriel aux propriétaires des terrains concernés et aux individus appartenant au grand public, s'impliquent activement.

Avec un intérêt capital, l'exploitation des ressources naturelles vis-à-vis de l'environnement, reste une matière transversale nécessitant l'implication de tout être humain. N'ayant pas encore été abordé scientifiquement et totalement dans les quatre groupements concernés, nous souhaitons proposer une voie de sortie et partager ces informations avec tous ceux qui s'intéressent à la conservation de la nature afin de prendre des précautions utiles. Cette étude se fonde sur une vision d'équilibre prônant l'harmonie entre l'homme et la nature. D'où la pensée de Martin Luther King « Avec la nature, nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ». Cette pensée est renforcée par celle de J. ROUSSEAU (1764) « La nature ne ment jamais », quand on la détruit, on paie cash.

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