I.1.2 Problématique
Plus de 95 % de l'agriculture africaine est une agriculture
sous pluie (Nguegang et al., 2007). Il est présagé que
la production agricole sera fortement compromise par les changementset la
variabilité climatiques ; les superficies de terres arables, la
durée des saisons de culture et le rendement par hectare sont
susceptibles de baisser, ce qui pourrait compromettre la sécurité
alimentaire et accentuer la malnutrition (BAD, 2009). En outre, les trois
quarts des pays d'Afrique sont situés dans des zones où il
suffirait d'une faible réduction des précipitations pour
engendrer d'importantes diminutions de la disponibilité globale en eau.
D'ici à 2020, on prévoit qu'entre 75 et 250millions de personnes
seront exposées à une augmentation des crises liées
à l'eau (GIEC, 1998, Bates et al., 2008). Le triple
impératif de lutte contre les changements climatiques, de
développement socio-économique et de préservation de
l'écosystème forestier exige un dépassement des approches
conversationnistes traditionnelles (AMCEN, 2009a). En janvier 2007, les pays
africains ont fait de l'adaptation au changement climatique une priorité
pour le continent (African Union, 2009; AMCEN, 2009b). Ils ont appelé
à un renforcement du soutien en faveur de l'adaptation et à une
meilleure intégration des risques et des approches liés aux
changements climatiques dans les politiques, les actions et les programmes
(AMCEN, 2009c ; BAD, 2009).
L'agriculture est considérée comme l'une des
principaux moteurs de la déforestation et la dégradation des
terres forestières, représente la principale source
d'émission de gaz à effet de serre en milieu forestier tropicale.
L'agriculture constitue donc une réponse crédible à
l'échelle de dizaines de millions d'hectares qui représentent des
enjeux de mitigation au changement climatique. Cette perspective de mitigation
semble être une priorité des initiatives en matière
d'atténuation au changement climatique, contraste avec les initiatives
destinées à valoriser le potentiel considérable des
pratiques agricoles paysannes d'adaptation face au changement climatique
agissant directement sur leurs trajectoires de vie et à leurs objectifs
socio-économiques (Mala et al., 2012).
Le Cameroun présente une grande diversité de
zones climatiques qui, couplée avec une non moins grande
diversité géologique et topographique, lui confère une
grande variété de régions agro-écologiques, de
paysages, d'écosystèmes et d'habitats qui font du pays une «
Afrique en miniature » (Letouzey, 1985a). Dans un tel contexte que les
pratiques paysannes d'adaptation se déploient face aux effets des
variabilités climatiqueset changements environnementaux ; mais
à ce jour peu d'études ont été menées pour
documenter ces pratiques à la mesure de cette diversité, afin de
construire les conditions d'une démarche d'adaptation spécifique
aux zones agro écologiques, afin d'opérationnaliser la
stratégie nationale d'adaptation au changement climatiques. Cette
étude s'inscrit dans cette perspective de documentation et de prise en
compte des savoirs traditionnels et des pratiques agro-écologiques pour
des mesures d'adaptation viables des populations locales.
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