I.2.3.Savoirs traditionnels ou
locaux « Indigenous and local knowledge » et pratiques paysannes
I.2.3.1.Savoirs
traditionnels ou locaux
Longtemps négligé pendant la période
coloniale et post coloniale, la prise de conscience des savoirs locaux a
été suscitée par de nombreux facteurs. Parmi ces facteurs,
les plus déterminants ont été d'une part, l'influence des
travaux de recherche sur les savoirs locaux enclenchée par la
création du Center for Indigenous Knowledge for Agricultural and
Rural Development (CIKARD) à l'Iowa aux USA. D'autre part, le bilan
désenchanté des efforts de développement depuis
l'indépendance des pays subsahariens, dû en grande partie à
la non prise en compte des pratiques et savoirs paysans y a également
contribué (Anonyme, 2000 ; Warren, 1993).
Il est important de reconnaître que même s'il est
encore connu sous plusieurs autres dénominations telles que «
savoir endogène », « savoir paysan » ou «
Ethnoscience », le savoir local reste jusqu'à nos jours difficiles
à déterminer de façon précise. Selon la FAO (2005),
qui propose une définition conceptuelle, les savoirs locaux sont un
ensemble de faits liés au système de concepts, de croyances et de
perceptions que les populations puisent dans le monde qui les entoure. Pour
Warren (1993), les savoirs locaux représentent l'ensemble des
connaissances acquises par une population locale à travers
l'accumulation d'expériences et l'interprétation de
l'environnement dans une culture donnée. Il comprend les idées,
les expériences, les pratiques et les informations qui ont
été soit générées localement ou soit
produites en dehors de la communauté, mais qui ont été
transformées par la population locale et incorporées à
travers le temps aux conditions culturels agro-écologiques et
socio-économiques locales.
I.2.3.2. Pratiques
paysannes
La Conférence de Rio 1992 a entériné la
modification du discours sur la conservation. Désormais, on ne doit pas
conserver des espaces et des espèces, aux dépens des «
communautés locales» qui en vivent et y vivent (Wells &
Brandon, 1992). Les pratiques paysannes qui étaient perçues comme
catastrophiques et donc combattues sont acceptées et encouragées.
Ce constat est confirmé par Michon et al. (2002) qui font
remarquer que la montée du discours international sur les «
communautés indigènes» a eu pour résultats d'inverser
les perceptions et les discours des groupes ethniques sur leur identité,
leurs pratiques et leurs savoirs. Certains savoirs détenus par ce type
de communauté indigène deviennent dans ce contexte des
faux-semblants pour bénéficier de la surenchère du
discours environnemental (Aubertin & Boisvert, 1998).Malgré ces
réserves, il n'en demeure pas moins que de nombreux savoirs et pratiques
issus des communautés paysannes jouent un rôle
prépondérant dans le maintien de l'agrobiodiversité.
À la suite de Kilahama (1997), Floquet & Mongbo (1998) proposent
dans une complémentarité entre les savoirs locaux et les savoirs
scientifiques, en considérant que la prise en compte des
stratégies et pratiques paysannes, des innovations dites
endogènes permettra de mieux appréhender les dynamiques
d'évolution des systèmes de production et de jeter les bases
d'une science agronomique locale vigoureuse.
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