2.3. CONSEQUENCES DES CONFLITS : LES MASSACRES,
EXECUTIONS ET TORTURES DANS LE TERRITOIRE
D'UVIRA
Au vrai, l'image du RCD avait été fort tenue. Le
bilan lourd de la guerre reste inconnu en terme des victimes, en terme
économique et en terme des démolitions.
La population de la République Démocratique du
Congo en général et celle du Sud-Kivu en particulier en a
payé la lourde tribu. Cela explique en partie l'attitude de
réserve qu'affiche la population du Sud-Kivu et celle d'Uvira plus
particulièrement vis-à-vis des autorités politique et
militaires du RCD.
2.3.1. Conséquences sur le plan social
Les conflits armés en République
Démocratique du Congo ont causé d'énormes
dégâts humains et matériels plus de 4 millions des
personnes tuées par ces dernières guerres de 1996 et 1998, selon
nombreux rapports les droits humains. Des multiples violations des droits
humains caractérisés par des pertes de vies humaines, des viols
des femmes et des filles mineurs, des déplacements massifs de
36 Luc BAGALUHA KASHWA, Interviewé à Uvira, en
janvier 2007
37 Guillaume NGUBISENGI, Les conséquences de la guerre
dite de libération (1998 - 2003) sur le développement
socio-économique dans le territoire de WALIKALE. Cas spécifique
du groupement des BAKUSU, TFC, 2005, ISDR-Bukavu, p. 17.
33
la population à l'intérieur et à
l'extérieur du pays et des enfants qui se sont en rôles dans
l'armé à eux-mêmes.
En territoire d'Uvira, comme corollaire,
l'insécurité persiste et se manifeste pour des tueries et
massacres des personnes civiles sans défense, de attaques des villages
congolais, des pillages et des destruction méchantes notamment des
hôpitaux et centre de santé, des viols exagérés des
femmes et des filles sans distinction d'âge, l'enrôlement des
enfants et de jeunes dans les armées et groupes paramilitaires dont
« local défense », le banditisme inouï, des
déplacements continus des populations, ...
Dans ce sens, nous avons pu identifier quelques cas des
massacres dans le milieu de notre étude, lesquels ont causé des
cicatrices encore saignantes dans les esprits de la population du territoire
d'Uvira. Depuis le début des guerres, plusieurs massacres et assassinats
ont été commis spécialement par les troupes Rwandais,
Ougandais et Burundais ainsi que leurs alliés rebelle congolais et les
milices associés.
a. Les massacres de Lemera
Lors des affrontements armés qui ont opposé les
guerriers Banyamulenge appuyés par leurs alliés Rwandais et
Burundais aux forces des résistants Maï-Maï à Lemera et
ses environs, plus de 250 personnes ont été tuées dont
deux pasteurs de l'église de la 8è CEPAC Lemera
(KAZERA et MUTOTO) qui ont été portés disparus et dont on
est sans nouvelles jusqu'aujourd'hui. Tandis que 35 personnes non
identifiées ont été brûlées vifs par ces
mêmes malfaiteurs dans une église à Kibungu (village de
Lemera moyens plateaux) le 04 et le 08 avril 1998.
En 1996, Deux prêtres entre autre Jean-Marie Vianney
NDOGOLE et KOKO Boniface, ont été tués seulement parce
qu'ils avaient refusé d'être porteurs d'armes jusqu'aux hauts
plateaux, ceux deux hommes de Dieu étaient serviteurs dans la paroisse
de KIDOTI. 38
b. Les Massacres de KAKUNGWE/cité
d'Uvira
Les guerriers Banyamulenge avaient fusillé 3 personnes
à Kalimabenge en 1997, la population avaient transporté ces 3
cadavres et en avaient organisé une manifestation triste jusque chez
l'Administrateur du Territoire Monsieur BAZIRE KUSHEBANA à cette
époque, voyant cela, l'administrateur a appelé le Commandant
NINJA, Burundais, pour qu'il puisse stabiliser la situation. La population
montée de colère refuse de remettre ces cadavres au commandant,
c'est ainsi que ce dernier ordonne à ses éléments d'ouvrir
le feu sur les manifestants sur la route à KAKUNGWE. Plus de 400
personnes encore ont perdu la vie dont nombreux enfants. Selon cette source, un
militaire à la solde du RCD en colère, tire sur la jambe de
l'Administrateur pour raison qu'il n'a pas défendu la population civile
39 jusqu'aujourd'hui les cadavres n'ont pas été trouvé et
le lendemain tout le sang était déjà essouillé sur
la route comme si rien ne s'était passé. Mais selon d'autres
sources les cadavres auraient été enterrés derrière
l'évêché à la Zone.
38 Données recueillies auprès de la population
à Lemera, en Janvier 2007.
39 TATA RUSESEMA, rescapé de ce massacre,
interviewé à Sange, en Février 2007
34
c. Le Massacre de Katogota
Plus de 450 personnes ont été massacrées
à Katogota dans le groupement d'Itara/Luvungi en collectivité de
Bafuliiru par les guerriers Banyamulenge à la solde du RCD/Goma, sous
prétexte que les habitants hébergeaient les Interahamwe qui
auraient tué un commandant Munyamulenge du nom de RUGAZURA à
Mukamba, personne qu'ils avaient tué eux-mêmes. Le cadavre de
cette victime avait été a cheminé à Uvira et vers
17 heures tout le village était déjà encerclé par
des militaires qui ont commencé à tuer les gens la nuit.
Certaines personnes ont été enterrées
dans des toilettes (latrines), d'autres jetées dans la Rivière
Ruzizi après les avoirs enfermées dans des sacs, d'autres
étaient enterrées dans des fosses communes. Le 14 mai
2000.40
d. Massacres de Kahungwe
Les militaires à la solde du RCD ont ouvert le feu sur
les gens au marché de Kahungwe et le bilan était de 66 morts et
plus de 60 disparus sous le commandement du commandant MOTOMOTO un
Munyamulenge, le 16 octobre 1999.41Le motif de ce massacre est
resté jusque maintenant inavoué.
e. Les massacres des Kivovo
15 personnes ont été massacrées et
enterrées dans une fosse commune par les guerriers à la solde du
RCD à RUZIZI/KIVOVO dans le groupement de Kalungwe en
collectivité de Bavira le 17 février 2000 et 25 autres en janvier
2000 à Kalungwe dans les champs dont Mme MUZIGWE Anastasie lors des
opérations de ratissage menées par les guerriers Banyamulenge
dans le groupement de Kalungwe en collectivité de
Bavira.42
f. Les massacres de KIRUNGU/Moyen-
plateau
A KIRUNGU, le 29/10/1996, 165 éleveurs et cultivateurs
ont été fusillés par les guerriers Banyamulenge qui
étaient les gardiens des vaches de victimes. Parmi ces derniers, 49
cadavres ont été enterrés dans une fosse commune à
Kashambi/Kirungu sur une colline au bord de la rivière Kalimabenge.
Après la fusillade, il a fallu que les enfants et les jeunes puissent se
mobiliser pour la vengeance de leurs frères et parents mort
innocents.
Un village a été incendié par les
guerriers à la solde du RCD à Kihuha dans le groupement chefferie
de Bavira en territoire d'Uvira et le nombre des victimes ne nous a pas
été donné.43
40 Entretien avec la population de Katogota,
héritier de la justice
41 Entretien avec la population à Sange
42 Interview réalisée auprès de
la population
43 Données récoltés à
Kirungu auprès de la population, jeudi 07/06/2007
35
g. Les Massacres de Makobola
L'un de plus terrible massacres qu'avaient commis le RCD et
ses alliés du Rwanda et du Burundi. Ce massacre a duré 3 jours
à partir du 30 décembre 1998 au 1er Janvier 1999. Il aurait
précédé d'affrontement opposant le RCD et ses
alliés à des combattants Maï-Maï. Ces derniers auraient
tué un certain nombre de leurs adversaires, dont plusieurs commandants
de l'APR travaillant à la solde du RCD.
L'arrivée des nouvelles troupes venues renforcer le
RCD, les Maï-Maï auraient quitté le lieu, et c'est alors que
le RCD ensemble avec l'APR ce sont pris à la population locale, tirant
sur toute personne qu'ils apercevaient. De nombreuses sources ont
affirmé que les victimes avaient été entassées dans
des maisons qui étaient ensuite incendiées. Ces opérations
ont été dirigées par Monsieur BIZIMA KARAHAMUHETO. Les
groupes locaux de défenses de droit de l'homme ont établi des
listes recensant des morts au nombre de plus de 800 victimes dont 317 femmes et
jeunes filles. 44
h. Les massacres de Kiliba
A Kiliba plus de 31 personnes ont été
assassinées par les guerriers Banyamulenge, dont l'Abbé KIBUGU
Pépé le 17 février 2000. Le motif de cet assassinat est
resté jusqu'aujourd'hui inconnu. 45
44 Ancien militaire une compte de Mayimayi
45 Entretien avec la population
36
Tableau n° 2. D'autres
assassinats
Dates
|
Nombres
|
Milieux
|
Motifs
|
Sources
|
Le 26/04/2000
|
2
|
Q. Songo/Uvira
|
Ces deux personnes auraient été accusés
d'être des ennemis du pouvoir RCD
|
Héritier de la justice
|
Le 23/06/2000
|
5
|
Cité sange
|
RAS
|
Héritier de la justice
|
Le 30/06/2000
|
4
|
Q. Nyamianda, cité d'uvira
|
RAS
|
Héritier de la justice
|
Le 03/07/2000
|
4
|
Q. Kavinvira/Uvira
|
RAS
|
Héritier de la justice
|
Le 09/07/2000
|
4
|
Kasenga et
Mulongwe/Uvira
|
RAS
|
Héritier de la justice
|
Le 17/07/2000
|
6
|
Kiliba/Uvira
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 20/07/2000
|
1
|
Rubibi/Minembwe
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 20/07/2000
|
9
|
Minembwe(Kinyonji)
|
Parce que les Maï-Maï avaient tué dans une
attaque un nombre des Banyamulenge, alors ils sont allés se venger
|
Héritier de la justice
|
Le 22/07/2000
|
36
|
Kasenga/Uvira
|
Les banyamulenge venaient de ne perdre personne dans leur rang
après le combat farouche
|
Héritier de la justice
|
Le26/07/2000
|
3
|
Kalimabenge
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 04/04/2000
|
5
|
Kagongo/Uvira
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 03/09/2000
|
3
|
Katala Kwawizi (Uvira)
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 06/09/2000
|
8
|
Kabimba/Kalundu
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 26/09/2000
|
8
|
Luberizi/Uvira
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 12/09/2000
|
10
|
Migera/lemera/Terr. Uvira
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 10/09/2000
|
6
|
Kashatu/moyen plat./Uvira
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 05/05/2000
|
13
|
Kabimba/Kalundu
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 23/05/2000
|
3
|
Sange
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 30/06/2000
|
7
|
Bein malacquis/Uvira
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 08/07/2000
|
10
|
Kitumbi/Lemera
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 26/09/2000
|
2
|
Kiliba et ndunda/sage
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 19/09/2002
|
6
|
Sange centre
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Le 15/09/2002
|
4
|
Nyaminindi
|
Motif inavoué
|
Héritier de la justice
|
Source : Heritiers de la Justice / Bukavu
37
|