2.2.1.3. Relation fraternelle
Le terme « fraternité » désigne le
lien de parenté entre les enfants issus de mêmes parents. C'est
aussi un lien affectif entre frère, ou entre frères et soeurs
(78). La relation fraternelle est un facteur d'enrichissement de la
personnalité enfantine par le contact varié qu'elle permet entre
les enfants d'une même famille d'âge. Mais elle suscite
également des difficultés d'adaptation scolaire compte tenu de la
place que l'enfant occupe dans la famille ou dans la fratérie.
La fraternité ou la relation fraternelle intervient
dans notre travail comme problème d'orientation scolaire dans ce sens
que la position qu'occupe un enfant dans la lignée de ses frères
et soeurs peut en toute transparence avoir une influence totalement
négative dans son parcours scolaire.
78 Aron RAYMOND, Mémoire cinquante ans de
réflexion politique, Edition JULLIAND, Paris, 1983, p 17
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Seuls les psychologues scolaire ou conseillers d'orientation
scolaire comme nous l'avons déjà dit, sont les seuls qui peuvent
poser un diagnostic sur ce problème, en prévenir puis amener
l'enfant à un très bon résultat. Analysons dans ce travail
certains cas ou positions qu'occupent un enfant dans une famille dans sa
fratrie et les conséquences que cela apporte sur sa scolarité.
Un enfant unique dans une famille dont la procréation
des parents s'est brusquement arrêtée soit par consentement de
deux à cause des moyens financiers limités, ou soit
involontairement à cause des certaines maladies qui ont endommagé
l'organisme de l'un des conjoints dans le couple, est facilement
gâté, chérit et totalement heureux chez ses parents
(79).
Il jouit avec plénitude un amour, une affection et une
intense sécurité de ses parents. Tout ce qu'il demande lui est
donné, tout ce qu'il fait comme acte et caprice est supporté par
ses parents, il décide, donne les ordres et annule les uns à la
maison comme il veut, et cela s'exécute par ses parents
incontestablement.
Quelle serait la conséquence ? Cet enfant, à
l'école il va croire qu'il est encore unique comme à la maison.
Les enseignants et ses collègues de classe selon lui, seront
appelés à supporter tous ce qu'il présentera comme caprice
dans la salle de classe. En cas de résistance, il va pleurer, multiplier
les absences en avançant des raisons illusoires contre la salle et pour
finir, il tombe dans l'inadaptation scolaire à cause de ses absences
prolongées et sans motifs valables.
Parlons d'un autre enfant appelé « ainé
» de la famille. Puisqu'il est le plus rapproché de ses parents et
applique de l'autorité sur les autres enfants qui viennent après
lui, se croit premier ministre dans sa famille. Il a une autorité qui
lui est léguée par ses parents. Bien que cette autorité ne
sont pas acceptée par ses frères et soeurs en famille, lui se
sent aimé, chéri et considéré par les parents de
plus que les autres enfants, et surtout qu'à l'absence des parents, lui
prend le bâton de commandement en famille.
Les conséquences qu'apporte la position d'un tel enfant
dans sa famille sont quasiment semblables à celles d'un enfant unique
développé ci-haut. Cet enfant cherchera a gagner tous le respect
de la salle en commençant par les enseignants qui entrent dans son
option pour donner cours. Il cherchera à être major de la classe
pour enfin être autorité, imposer les ordres aux les autres
79 L. DEHEUSCH, Essaie sur le symbolisme de
l'inceste royal, p 20, Paris 1945
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sera sa principale mission. Et lorsque cela pourra
échouer, l'enfant devient inadapté parce que tout a
échoué en sa faveur.
Enfin, parlons du cadet. Plus souvent choyé pas ses
parents, accapare l'affection de ces derniers et bénéficie d'une
certaine partialité qui rend les autres jaloux et frustrés en
famille. Cet enfant se sent quelques fois inférieur car ses
frères et soeurs lui défavorisent et cela ne développe pas
souvent sa personnalité et son autonomie (80).
Comme les autres, cet enfant sera inadapté dans une
salle quelque soit son âge. Et surtout que ses caprices ne seront pas
supportés par les autres élèves en classe, il va fuir
l'école avant la fin d'un cycle. Il va confondre ses enseignants
à ses parents et cherchera à tout prix qu'il soit choyé et
protégé comme chez ses parents. Il se sentira également
inférieur dans la salle de classe en présence de ses
collègues comme cela est le cas en face de ses frères et soeurs
à la maison. Et ce complexe d'infériorité qu'il va
développer dans la salle lui amènera à un résultat
misérable au cours de sa scolarité dans une option
d'études choisie.
Après une expérience reçue dans une
recherche, J. ZEMPLENI-RABAIN a montrée en pays occidentaux que la
période qui suit le servage et où peu à peu l'enfant est
amené à faire partie du groupe des frères et soeurs, est
dominée elle aussi, comme la période d'allaitement, par la
relation de corps à corps, de peau à peau, la manipulation des
uns par les autres. Les parents encouragent les premiers contacts entre enfants
de même âge sous forme de luttes, y voyant l'expression même
de l'intégration horizontale.
Les petits semblent avoir besoin de pouvoir jouer avec le
corps de leurs ainés ou de leurs camarades d'âge pour retrouver le
plaisir qu'ils éprouvaient au contact du corps matériel. Les
premiers jeux auxquels ils s'adonnent constituent souvent à promener la
bouche sur le corps d'enfant cadet
(81).
En toute transparence, la connaissance de la place de l'enfant
ou sa position dans la fratrie est d'une importance très capital car
elle renseigne et complète les informations qu'un conseiller
d'orientation a besoin pour dépister, prévenir et enfin
rééduquer l'enfant qui est en face de lui.
80 Read M, Intégration
sociale et personnalité, Paris, la Presse Universitaire, 1974, p
440
81 J. ZEMPLENI-RABAIN cité
par Pierre ERNY dans « L'enfant et son milieu en Afrique noire »,
Essaie sur l'éducation traditionnelle, petite bibliothèque
payot 106, Boulevard Saint-Germain, 75005 Paris, p 100-101.
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