1.2.2. Histoire de l'Orientation Scolaire
L'Orientation Scolaire se traduit véritablement dans
les préoccupations politiques à l'usage de la première
guerre mondiale et elle est essentiellement professionnelle : il s'agit alors
d'organiser une utilisation aussi naturelle que possible de la main-d'oeuvre
disponible, dont une grande partie a été dessinée par les
combats en facilitant l'enseignement technique et l'apprentissage afin de
mettre en concordance les aptitudes disponibles chez les jeunes et les besoins
en compétences des entreprises.
Elle devient scolaire avec différentes reformes de
l'enseignement et notamment avec la création des filières et la
mise en place d'un système de délivrance de certificat
d'orientation professionnel sur lequel doivent figurer les inaptitudes et les
contre-indications face aux métiers.
Le processus de démocratisation de l'enseignement
amorcé à partir des années 1960 et la massification
scolaire engendrée ont fait de l'orientation un moyen pour
l'école d'organiser une scolarité prolongée jusqu'à
l'âge de 18 ans (planification des flux d'élève) dans le
même temps, les services d'orientation se développent, se
structurent et les missions se diversifient.
C'est avec les politiques d'éducation menées par
BERTHOI-FOUCHET (1959-1966) jusqu'à HABY (1977) et l'instauration du
collège unique que les procédures d'orientation sont remises en
cause, de plus en plus contestées par les familles : « seul est
organisé le passage dans la classe
31 DPMD, Orientation Scolaire et
Professionnelle, Programme National des activités d'orientation
scolaire et professionnelle à l'école primaire et secondaire,
EDIPEPS 2015, p7
29
supérieure. Une procédure d'exclusion est
prévue. L'orientation commence à la sortie de
l'établissement, à charge pour les parents de trouver une
solution. On voit apparaitre sur les bulletins scolaires la mention
«à orienter » (...). Un système aussi unifié et
verrouillé ne peut apparaitre que comme une machine à
éliminer aux yeux des familles dont le niveau d'aspiration
s'élève au fur et à mesure que la démocratisation
progresse dans les esprits (32).
C'est ainsi qu'à l'issue de la crise d'adaptation
scolaire de Mai 1968, l'idée d'une réforme de l'orientation
s'impose. Elle est mise en place entre 1970 et 1973, et concerne les services
d'orientations puis les procédures d'orientation qui intègrent
les parents dans le processus de décision, pour l'essentiel toujours en
vigueur aujourd'hui.
Avec la loi d'orientation de Juillet 1989, « le droit au
conseil en orientation et à l'information sur les enseignements et les
professions fait partie du droit à l'éducation (33).
Ce droit à l'éducation reconnait cependant deux limites : «
la nécessité d'avoir acquis certaines aptitudes et certaines
connaissances pour tirer profit d'un enseignement ultérieur et l'offre
de formation, en particulier dans le cas des formations professionnelles dont
le développement est en partie lié à l'importance des
débouchés, précise cette même loi ».
Ainsi, l'orientation scolaire et professionnelle sera
intégré progressivement dans le système d'éducation
avec pour objet d'aider de manière raisonnée
l'élève, puis l'étudiant à prendre les
décisions les plus favorable à son adaptation scolaire et
à la réussite de son intégration professionnelle.
En République Démocratique du Congo par exemple,
la première institution installée avant 1960 portait la
dénomination de « Centre Pilote d'orientation professionnelle
» (CPOP). Ce centre était l'oeuvre de Monsieur BUISSERET, alors
Ministre des colonies Belge. Il s'agit d'un centre qui a fonctionné
à Kinshasa dès 1956 comme on peut le deviner, le personnel de ce
centre était presqu'exclusivement constitué d'Européens.
Il n'a somme toute, servi que les intérêts coloniaux.
Ce centre avait pour buts de procéder à
l'Orientation Scolaire et Professionnelle des jeunes gens ; d'intervenir dans
la sélection, la formation et la réadaptation professionnelle ;
mener certaines recherches dans le domaine de
32 Jacques SENECAT, Inspecteur d'éducation
rencontre de la DESCO, L'orientation en Europe : des approches
différentes pour une question commune, Direction de l'enseignement
scolaire, 07 Juin 2004.
33 Loi d'orientation de Juillet 1989, Article 8, PUF,
Paris 1989.
30
l'orientation (34). Les années qui ont suivi
1960, ont pu arrêter les activités du « Centre Pilote
d'Orientation Professionnelle » suite au départ
précipité du personnel Belge.
Dans le but de garantir la réussite scolaire, et
surtout que la formation scolaire façonne la personnalité de
l'élève de manière progressive et le conduit vers un seuil
de la vie professionnelle, le règlement-cadre du conseil d'orientation
ou groupe d'aide psychologique (GAP) impose à son premier article ce qui
suit : « tout établissement d'enseignement maternel, primaire et
secondaire, public ou privé agrée doit disposer en son sein d'un
conseil d'orientation (35).
D'une manière très brève, l'Orientation
Scolaire et Professionnelle en République Démocratique du Congo
tire ses origines de la période coloniale, son parcours peut se
résumer à travers les événements suivants ;
w' 1956 : Création du Centre Pilote d'Orientation et de
Sélection Professionnelle par Monsieur BUISSERET, alors Ministre de
Colonie ;
w' 1960 : Fermeture du Centre suite au départ du
personnel expatrié à l'accession du pays à
l'indépendance ;
w' 1961 : Mise en place de la reforme instituant le cycle
d'Orientation par Ordonnance n°53 du 17 Juillet 1961 ;
w' 1962 : Réouverture et restauration du Centre avec le
concours des experts de l'UNESCO. Le Centre National d'Orientation Scolaire et
Professionnelle a évolué sous forme d'une Direction puis
réduite plus tard en une Division de la Direction Pédagogique
;
w' 1974 : Création du Département d'Orientation
Scolaire et Professionnelle à l'Institut Pédagogique National
(IPN) suite aux résolutions du Conseil des Instituts Supérieurs
Pédagogiques tenu à Kikwit ;
w' 1978 : Sortie et réquisition de la première
promotion des diplômes d'Orientation Scolaire et Professionnelle dans les
écoles de la ville de Kinshasa ;
w' 1984 : Suppression du service d'Orientation Scolaire et
Professionnelle dans la structure des écoles pour des raisons de
contrainte budgétaire ;
34 TSHIYAMU MAWEJA T. Cours d'orientation scolaire
II, G2 SSE/OSP/ISP/MDT 2017-2018, inédit p10
35 DPMD, Orientation scolaire Op.cit. p24
36 Exemple, Via Els WITTE, Eliane
GUTIN, Jean Pierre MANDIN et GITA DENECKERE, Nouvelle Histoire de
Belgique, V1 1830-1905, p99.
31
w' 1992 : Réhabilitation de la Division Centrale
d'Orientation Scolaire et Professionnelle par Arrêté
Ministériel n°0390/92 du 09 Avril 1992 ;
w' 1998 : Signature de l'Arrêté
Ministériel n°164/98 du 24 Décembre 1998 intégrant le
poste de Conseiller d'Orientation dans la structure des Etablissements
scolaires du niveau secondaire ;
w' 1999 : Signature par Monsieur le Secrétaire
Général de l'Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel
de la mise en place collective des Conseillers d'Orientation Scolaire et
Professionnelle dans les bureaux gestionnaires (Division Urbaine, Coordinations
Urbaines, Sous-Divisions et Coordination sous-Provinciale ou communautaire des
Ecoles Conventionnées) et écoles de Kinshasa ;
w' 2004 : Implantation de Service d'Orientation Scolaire et
Professionnelle dans les structures provinciales de l'EPSP ;
w' 2006 : Organisation du jubilé d'or du Cinquantenaire
de l'OSP en RDC (1956-2006) ;
w' 2009 : Promulgation de la loi n°09/001 du 10 Janvier
2009 portant protection de l'enfant, reconnaissant le corps des Conseillers
d'Orientation comme organe technique de protection sociale relevant du
Ministère de l'EPSP ;
w' 2011 : Organisation des travaux de la commission mixte des
services d'Orientation de la RDC et de la République Démocratique
du Congo (RDC) ;
w' 2014 : Reconnaissance de l'autonomie du service d'OSP
à travers la loi-cadre n°14/004 du 11 Février 2014 de
l'enseignement national spécialement en son article 186.
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