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Un soin ordinaire en milieu extraordinairepar Farid Mellal Institut méditerranéen de formation en soins infirmiers - Infirmier 2014 |
3. La distance en psychologie socialeDu point de vue de la psychologie sociale, la distance est influencée par l'image que l'on se fait de l'autre. « Aussi, se place-t-on plus loin d'une personne si l'on est préalablement avertie qu'elle est plutôt froide et inamicale comparativement à une personne que l'on nous a préalablement décrite comme chaleureuse et amicale »83(*) La distance varie également selon le statut de la personne que nous avons en face de nous. Le comportement est influencé si on est en face d'un supérieur hiérarchique ou pas. Il existe donc un lien entre la distance sociale et la distance spatiale. La distance est également influencée par l'objectif que nous souhaitons atteindre et les taches à accomplir. 4. la notion de juste distance ? Entrer en relation avec une personne en privation de liberté, ayant commis des délits parfois très grave interroge le soignant d'un point de vue éthique et déontologique. L'enquête nous a montré que certains soignants exprimés parfois des réticences à prendre en charge certains types de patients comme par exemple l'IDE 5 qui au cours d'un entretien m'explique que face à un patient pédophile, elle se contente de faire le minimum de soins. Cela suppose une mise à distance du soignant, voir un rejet ou même parfois une impossible de soigner l'autre. La juste distance est elle possible lors d'un soin ? Laurent MORASZ tente une définition pour essayer d'éclaircir cette expression : « La bonne distance n'est pas une distance fixe à trouver, mais un objectif « théorique » à avoir en tête, pour nous rapprocher du patient quand nos « réactions » humaines tendent à nous en éloigner, et à nous en distancier quand ces mêmes « réactions » nous en rapprochent trop au risque de la confusion »84(*). La juste distance reste difficile à appréhender. Le soignant doit constamment questionner sa propre posture professionnelle, être au clair avec les objectifs du soin. Le soignant ne soit pas non plus s'inscrire dans une relation duelle mais instaurer une relation à trois où l'objet intermédiaire serait le soin. Le fait d'instaurer ainsi cette relation à trois (patient-soignant- soin) recadre à chaque instant l'objet de la rencontre et permet ainsi d'éviter d'être dans le jugement. Il nous faut trouver en tant que professionnel un juste milieu pour ne pas déshumaniser le soin. Il ne faut pas non plus engager sa propre personnalité et perdre sa crédibilité de professionnel. Cependant la difficulté est de pouvoir donner suffisamment à l'autre afin de pouvoir créer cette relation de confiance et optimiser l'efficacité de la prise en charge. La relation thérapeutique est différente de la relation sociale ordinaire entre deux individus, il ne faut pas confondre, et ne pas devenir ami avec le patient, sinon le soignant n'est plus aidant « être aidant pour un patient c'est être ni pesant, ni absent, ni exclusif »85(*). * 83 Ibid. * 84 MORASZ, Laurent ; PERRIN-NIQUET, Annick. Et al. L'infirmier(e) en psychiatrie, les grands principes du soin en psychiatrie. 2ème édition. France : Elsevier Masson. 2012. p.187 * 85 Ibid. p 107. |
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