Résumé des missions confiées
pendant le Stage
Les missions confiées pendant le stage s'articulent
autour de trois axes principaux, avec une durée de travail
équivalente tout au long du contrat pour chacun de ces axes. Ces
missions ont vocation à être poursuivies après la fin du
stage, aussi nous ne pourrons établir qu'un bilan partiel sur le travail
réalisé, avec une conclusion et des préconisations pour la
suite. Ces trois axes sont :
· La gestion et l'amélioration des outils existants
de statistiques et d'information du financement participatif à
destination des salariés,
o Mise à jour et optimisation du tableau de suivi des
levées de fonds du financement participatif
o Tenue de la gazette trimestrielle du financement
participatif à destination des salariés
o Mise à jour d'un Etat des Lieux mensuel du
service
o Rédaction de Notes de Synthèses à
l'attention des chefs de projets (CP)
o Rédaction d'un rapport de proposition
d'évolution du service Financement Participatif
· La mise en place et l'exécution d'un plan d'action
pour rechercher et prendre contact avec les sociétés
d'économie mixte (SEM) et élaborer des offres à leur
adresse,
o Veille sur les acteurs du financement participatif et les
possibilités d'évolution de la participation citoyenne et des
partenariats territoriaux à Moyen-terme
o Travail d'identification et de recherche des SEM et
construction d'une base de
données
o Organisation d'enquêtes auprès des CP et des
Responsables d'Agence (RA) sur les relations existantes entre Valorem et les
SEM, collecte et traitement des données
o Sélection et démarchage des SEM dans l'objectif
de nouer des partenariats futurs
o Création d'une carte interactive des SEM à
destination des salariés
· Et enfin le suivi et l'amélioration de l'ergonomie
de MonParcValorem, le portail du groupe nouvellement créé et
dédié au crowdfunding
o Veille sur les plateformes de crowdfunding et proposition
d'évolution du portail
o Mise en place d'un plan d'action en coordination avec le
partenaire Lendosphere et le service communication
o Création d'une carte des levées de fonds via
le financement participatif
o Réflexion sur la mise en place d'un parrainage vert
couplé à une offre de fourniture d'électricité
verte
Également, des participations à des Groupe de
Travail (GT) autour des thématiques du financement innovant, de la
gouvernance locale et de la participation citoyenne, de la finance solidaire et
éthique, notamment en coordination avec le fond de dotation Watt For
Change, initié par Valorem sous la tutelle de la fondation Nicolas Hulot
pour la Nature et l'Homme.
Ces missions seront développées plus en
détail dans le rapport, et des passerelles seront proposées afin
d'analyser la filière d'un point de vue économique.
Nous pourrons retrouver en annexe un rapport qui
développe chacune de ces missions plus en détail, avec une
description des tâches de manière synthétique.
(Annexe n°1)
Introduction : La filière des Energies Renouvelables, un
secteur en plein boom et des objectifs ambitieux
La transition énergétique est aujourd'hui largement
acceptée par tous comme une nécessité pour lutter contre
le changement climatique. Elle constitue également une chance à
saisir pour combattre le chômage par la croissance verte, valoriser de
nouvelles technologies, conquérir de nouveaux marchés dans le
domaine des énergies renouvelables, du transport propre et de
l'efficacité énergétique, et améliorer la
compétitivité des entreprises. Pour y répondre, plusieurs
leviers d'action sont possibles, notamment :
· Consommer mieux en économisant l'énergie
(moins de carburants fossiles, moins de transport, plus de confort thermique,
plus d'efficacité dans l'industrie) ;
· Produire autrement en préservant l'environnement
(plus de ressources locales, des énergies renouvelables, moins de
déchets) ;
· Faire progresser la société grâce
à des projets mobilisateurs (projets coopératifs de production
d'énergie, services innovants) ;
· Créer des emplois dans de nouveaux métiers
d'avenir et dans le bâtiment.
Le 17 août 2015, la loi relative à la transition
énergétique pour la croissance verte est votée. Elle a
pour objectif de permettre à la France de renforcer son
indépendance énergétique, de réduire ses
émissions de gaz à effets de serre et donner tous les outils
concrets pour accélérer la croissance verte. En ouverture de la
4ème Conférence environnementale le 25 avril 2016,
Ségolène Royal annonce la publication de l'arrêté
fixant la programmation pluriannuelle de l'énergie ; l'objectif
étant, entre autres, d'augmenter de 50% la capacité
installée des énergies renouvelables à 2023.
La France poursuit des objectifs ambitieux de transition
énergétique, fixés par la Programmation Pluriannuelle de
l'Énergie (PPE), à savoir porter la part des énergies
renouvelables (EnR) à 32 % de la consommation énergétique
finale d'énergie en 2030 et à 40 % de la production
d'électricité, de réduire de 40 % les émissions de
gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et baisser
à 50 % la part du nucléaire dans la production
d'électricité à horizon 2025 (repoussé à
2035 par le gouvernement actuel). La Loi Énergie Climat du 8 novembre
2019, quant à elle, vise un doublement des capacités de
production d'électricité renouvelable, pour atteindre 33%
d'énergies renouvelables
dans le mix énergétique d'ici
2030.1
Parallèlement, le poids des énergies renouvelables
dans l'économie française s'est accru : Au troisième
trimestre 2020, il est question d'un chiffre d'affaires de 15 759 millions
d'euros pour un peu plus de 46 500 emplois en équivalent temps plein,
avec un taux de couverture de la consommation électrique
française de 27,3%.
Très diverses, les énergies renouvelables en
France regroupent une dizaine de filières. Le bois-énergie et
l'hydraulique restent les plus développées, mais l'éolien
et les pompes à chaleur sont, avec le solaire PV (Panneau
Photovoltaïque), parmi celles qui progressent le plus ces dernières
années. Au sein de l'Union européenne, la France occupe la
seizième position en 2018 pour la part d'énergies renouvelables
dans la consommation finale brute d'énergie. En niveau absolu, la France
est, parmi les États membres, le premier producteur
d'hydroélectricité et le deuxième de biomasse solide et de
biocarburants.2
Cependant, en croissance régulière depuis
plusieurs années, les énergies renouvelables représentent
seulement 11,7 % (7,8 % en 2009) de la consommation d'énergie primaire
et 17,2 % de la consommation finale brute d'énergie en France en
2019.
Ainsi, pour atteindre les objectifs ambitieux de transition
énergétique, la France va devoir trouver un moyen
d'accélérer le développement de son secteur
énergies renouvelables, et lever des fonds considérables. Dans ce
contexte, le financement participatif - pratique relativement récente
qui elle aussi connaît une croissance rapide depuis quelques
années - semble être une solution intéressante pour
accompagner au mieux cette transition. Outil nécessaire, à la
fois tactique et stratégique, qui s'est généralisé
en quelques années au sein de la filière, en passant d'un
paramètre facultatif à essentiel aujourd'hui. De plus, il semble
pertinent de s'appuyer sur les capacités de programmation et
d'investissement des territoires, dans un contexte de tensions fortes sur les
finances publiques, notamment locales, amplifiées par les impacts de la
crise du COVID-19. Le levier du financement participatif pour les projets
d'énergie renouvelable présente ainsi de nombreux
intérêts.
Nous nous demanderons : le financement participatif est-il un
outil réellement efficace pour appuyer le développement de la
filière des Energies Renouvelables ? Quels en sont ses
intérêts ? Et en quoi représente-t-il un enjeu pour
accompagner la transition énergétique ?
1 (Stratégie Française pour l'Energie
et le Climat - Programmation Pluriannuelle de l'Energie, Janv 2020)
2 (Observ'ER, 2020)
A travers ce rapport de stage, nous étudierons dans une
première partie le concept et les évolutions du financement
participatif, ainsi que ses enjeux pour le secteur des énergies
renouvelables, que cela soit à un niveau macroéconomique en tant
que levier de la transition énergétique du secteur des
énergies renouvelables, ou à un niveau microéconomique en
tant qu'outil stratégique et tactique des développeurs
privés afin de se démarquer de la concurrence, et remporter les
appels d'offres mis en place par la Commission de Régulation de
l'Energie (CRE). Nous examinerons la dynamique du secteur du financement
participatif à travers un zoom progressif de l'échelle globale,
à l'échelle de la filière, pour finir à
l'échelle du groupe VALOREM.
Dans une seconde partie, nous considérerons la mise en
pratique de ce financement participatif à l'échelle du groupe.
Pour ce faire, nous exposerons les fonctions du Responsable Investissements
Participatif (RIP) chez Valorem, en analysant les relations induites par ces
missions avec les principaux acteurs émergents des énergies
renouvelables, issus des quatre assemblages impliquant la participation
financière et citoyenne, à savoir :
· Le développement libéral,
représenté par les développeur historiques privés,
et la place unique du RIP au sein de cette filière ;
· L'intermédiation financière, comprenant
essentiellement les plateformes de crowdfunding, des partenaires et
alliés pour les développeurs ;
· Le portage territorial, avec les Syndicats
Départementaux d'Energie et les Sociétés d'Economie Mixte,
entre opportunités et conflits pour les développeurs ;
· Et les initiatives citoyennes, impulsées par les
collectifs citoyens et les réseaux d'accompagnement, un bassin potentiel
de projets.
Nous chercherons à faire le lien entre les
évolutions des acteurs du secteur et la place du financement
participatif dans ce contexte. Puis nous repérerons les
opportunités et les menaces pour l'opérateur historique, à
savoir le développeur privé. Enfin, pour répondre à
ces préoccupations, nous tenterons de proposer des préconisations
pour Valorem, et des pistes de réflexion à travers le
développement des axes de missions confiées pendant le stage.
Pour conclure, nous proposerons une critique du financement
participatif, du point de vue de l'entreprise ainsi que du secteur, avec une
proposition d'amélioration du service, et nous conclurons sur la
pertinence de l'utilisation de cet outil pour accompagner la transition
énergétique et le développement des énergies
renouvelables.
Puis, lors d'un bilan personnel, nous ferons un point sur les
résultats obtenus et les difficultés rencontrées pendant
le stage. Une ouverture sera faite sur les questionnements rencontrés
lors du stage quant au secteur des énergies renouvelables, et à
sa réelle efficacité immédiate en tant que vecteur de la
transition écologique en France.
Partie 1 : Le Financement Participatif dans le secteur des
énergies renouvelables : Du point de vue d'un développeur
Privé, Valorem
Dans cette partie nous nous intéresserons aux liens entre
le financement participatif, les énergies renouvelables, et
l'utilisation stratégique qu'en fait le groupe Valorem.
Nous proposerons un zoom progressif des objectifs du financement
participatifs, en introduisant dans un premier temps le financement
participatif en règle générale, puis un explicitant dans
un deuxième temps le financement participatif et ses enjeux pour la
filière des énergies renouvelables, et enfin en
développant dans un troisième temps le financement participatif
au sein du groupe Valorem, entre outil stratégique et éthique.
A. Financement participatif, origine et concepts
i. Définition et origine du financement participatif
Pour pouvoir mieux cerner la problématique
développée précédemment dans l'introduction, nous
allons commencer par mieux définir le secteur ainsi que les objectifs du
financement participatif.
Le crowdfunding - « financement par la foule » en
anglais - est une méthode de financement qui s'inscrit dans un processus
de désintermédiation alternatif aux acteurs financiers
institutionnels historiques du secteur, c'est-à-dire aux banques. Il
permet à un porteur de projet, particulier ou entreprise, de lancer une
campagne pour lever des fonds, et ceci par l'intermédiaire d'une
plateforme en ligne spécialisée.
Bien que ce mode de financement existe déjà depuis
plusieurs siècles au travers de projets d'envergure - on peut penser
à la Sagrada Familia de Barcelone, ou encore à la Statue de la
Liberté en 1875, qui fut l'un des premiers monuments financés par
souscription publique, avec près de 100 000 français permettant
la collecte d'un total de 400 000 F - c'est grâce au développement
des technologies du numérique que le financement participatif peut
émerger, à partir des années 2000. Ce sont cependant les
réseaux sociaux à partir de 2010 qui permettent un
véritable essor de cette alternative, renforcé par la crise
financière de 2008 qui entraîne une perte de confiance envers les
banques et le secteur de la finance traditionnelle.
Le crowdfunding a permis de révolutionner les conditions
d'accès au financement, en simplifiant les procédures grâce
aux recours à Internet, et en offrant aux particuliers,
indépendamment de leurs ressources initiales, l'opportunité de
contribuer eux-mêmes au financement de l'économie réelle.
Il a mis fin au monopole bancaire tout en facilitant l'investissement
participatif.
ii. Modalités du financement participatif, chiffres et
réglementation
Suivant les modalités de financement, le crowdfunding se
décline en trois catégories qui sont : le crowdfunding, terme
générique employé dont l'objet est de lever des fonds en
faisant appel aux dons, avec ou sans contreparties - on pense à
KissKissBankBank ou encore HelloAsso pour les plus connues - et qui est
à différencier du crowdlending ou du crowdequity, dont la
finalité de ces modes de financement se rapprochent de celle des
institutions bancaires.
On parle de crowdlending lorsqu'une personne morale ou physique
prête une somme pour le financement d'un projet particulier, somme rendue
avec ou sans intérêts selon les modalités établies
par le porteur de projet. Les instruments utilisés sont
généralement des Minibons ou des obligations. Dans le cas du
crowdequity, il est question d'un investissement participatif, ou financement
via la souscription à une offre de titres de capital,
généralement au début de la création d'une
société de projet, en échange d'une part du capital de la
société et du droit d'actionnariat qui en découle, ainsi
qu'une potentielle rétribution financière via les dividendes
et/ou la plus-value éventuelle. Ce sont ces deux derniers types de
participations qui vont nous intéresser dans le cas de la filière
des énergies renouvelables.3
Depuis son lancement, le crowdfunding connaît une
croissance exponentielle à l'échelle mondiale :
· Entre 2013 et 2014, les montants levés sont
passés de 6,1 Milliards de dollars à 16,2 milliards, soit une
augmentation de 167%.
· En 2015, les montants levés sont de l'ordre de
34,4 Milliards soit plus du double par rapport à 2014.4
Aujourd'hui c'est une activité en forte croissance,
très développée dans les pays anglo-saxons et qui tend
à se démocratiser de manière importante en France,
notamment depuis la mise en place d'un cadre juridique et réglementaire
en 2014.
En effet, afin de lever les freins au développement de ce
mode de financement, l'ordonnance n°2014-559 du 30 mai 2014 relative au
financement participatif5 définit un nouveau cadre
réglementaire permettant une sécurisation juridique des
transactions et une protection des investisseurs. Elle crée le statut
d'intermédiaire en financement participatif ainsi qu'un statut de
conseiller en investissements participatifs pour des plateformes
accréditées, avec une obligation
3 (Homunity, 2018)
4 (Massolution - Cabinet de recherche
américain sépcialisé dans le crowdfunding)
5 (Ordonnance n° 2014-559 du 30 mai 2014
relative au financement participatif, 2014)
d'immatriculation au registre de l'ORIAS6 pour
celles intermédiant des titres financiers ou des prêts, et un
contrôle par l'Autorité des Marchés Financiers (AMF).
B. Le Financement participatif : un levier de la transition
énergétique et d'appropriation des projets d'énergie
renouvelable
i. Marché du financement participatif de la transition
énergétique et profil des investisseurs
Il existe aujourd'hui une croissance forte du marché
du financement participatif de la transition énergétique au sens
large. On retrouve de nombreux facteurs facilitateurs, notamment une politique
gouvernementale en faveur de ce processus, une implication des
développeurs pour des raisons stratégiques et éthiques,
l'intérêt croissant des citoyens pour les projets « verts
», et la facilité que procurent les outils technologiques du
web.
Une étude est menée par l'institut YouGov en
février 20197, auprès d'un panel de 1038 adultes
français représentatifs de la population nationale, et de 2367
investisseurs dans des projets d'EnR sur 8 plateformes de financement
participatif (Akuocoop, Enerfip, Lendopolis, Lendosphere,
Lita.com, Lumo, Tudigo, Wiseed).
L'objectif est d'étudier la perception des citoyens français de
ce marché et de son financement, ainsi que leurs attentes et
comportements, tout en comparant les raisonnements et motivations des
investisseurs du secteur.
Cette étude révèle 4 grandes tendances,
notamment :
· Bonne opinion du secteur des énergies
renouvelables, les citoyens ont conscience de l'importance de la transition
énergétique sur leurs modes de vie. Malgré une faible
proportion ayant déjà investi dans le secteur, l'intention future
est élevée. Cependant les Français conservent une
légère aversion pour le risque et les placements financiers, et
ont besoin de pédagogie
· Désir de contribuer au développement du
secteur des énergies renouvelables à l'échelle nationale ;
ils sont sensibles à l'environnement, mais la proximité
géographique n'est pas une motivation clé du financement
· Ouverts à l'installation d'équipements
en faveur de la transition énergétique, et ceux ayant
déjà investi sur une plateforme de financement participatif pour
un projet d'énergie renouvelable y sont significativement plus
favorables.
6 Organisme pour le Registre unique des
Intermédiaires en Assurance - Association loi 1901 sous la tutelle de la
direction du Trésor, créée en 2007, ayant pour but
d'homologuer les intermédiaires en assurance
7 (Yougov, 17 avril 2019)
· Finalement, lorsqu'ils financement des projets, les
citoyens français ont pour objectif : donner l'exemple du changement
souhaité pour la planète, voir quelque chose se
concrétiser, et obtenir un rendement financier intéressant.
Par le biais du financement participatif, les citoyens
s'approprient donc un moyen simple d'agir à leur échelle, et de
mettre leur épargne au service de projets vertueux et de la transition
énergétique. Le financement participatif correspond donc à
une nouvelle façon d'impliquer les citoyens dans les projets de la
transition, et permet le développer d'un investissement responsable,
soucieux des générations futures.
Si on s'intéresse plus en détail au profil des
investisseurs, d'après le baromètre 2020 du financement
participatif des énergies renouvelables publié par
GreenUnivers8, les prêteurs correspondent à un public
habitué aux investissements financier, âgé, avec une
certaine aisance financière et capable d'investir des tickets
conséquents. En effet, 8% ont moins de 35 ans, les 3/4 entre 35 et 70
ans, et 57% possèdent un revenu supérieur à 50
k€/an.
On note également une professionnalisation des
investisseurs du secteur, attirés par le marché du financement
participatif car le ratio rémunération/risque (en moyenne 5%) est
très compétitif par rapport au marché (très peu
rémunérateur pour les investissements peu risqués). De
plus, les personnes morales représentent 1,5% des contributeurs, mais
19% des volumes collectés.
ii. Mobilisation de l'épargne privée, labels et
objectifs de transition
Tel qu'expliqué ci-dessus, la France poursuit des
objectifs ambitieux en termes de transition énergétique. Aussi,
la réorientation des flux financiers existants est un enjeu crucial pour
le financement de cette transition énergétique et
écologique.
Selon l'ADEME9, fin 201810, la somme
des comptes courants des ménages français et des livrets
d'épargne réglementés (Livrets A, etc) des ménages
français est supérieure à 1300 milliards d'euros. Une
épargne ayant augmenté de 142 milliards d'euros
supplémentaires en l'espace d'un an, entre la fin du premier trimestre
2020 et celui de 2021, d'après la Banque de France.11 Ceci
s'explique par la crise sanitaire entraînant la multiplication des
périodes de confinement et des mesures restrictives
8 (Chicheportiche, 2021)
9 Agence de l'Environnement et de la Maîtrise
de l'Energie : établissement public à caractère industriel
et commercial qui participe à la mise en oeuvre des politiques publiques
dans les domaines de l'environnement, de l'énergie et du
développement durable
10 (ADEME, Déc 2019)
11 (CERDD, 2019)
limitant les possibilités de consommer.
La mobilisation de l'épargne privée des
citoyens devient donc un enjeu essentiel de la croissance verte, et une partie
de cette épargne pourrait être mobilisée et
fléchée sur des projets de transition écologique,
notamment de production d'énergie renouvelable. Ceci par le biais du
financement participatif et de la création d'offres adaptées pour
tous.
Pour répondre à cette volonté de
flécher l'épargne vers des projets de transition
écologique, le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
et l'Association Financement participatif France (FPF), créent le label
« Financement participatif pour la croissance verte », fin 2017, qui
vise à garantir au financeur une transparence de l'information ainsi que
la qualité environnementale des projets.12 Ces dispositifs,
de nature à la fois juridique et volontaire, permettent de mieux
flécher l'investissement vers des projets « verts », et de
valoriser le financement participatif pour les projets oeuvrant en faveur de la
transition écologique et énergétique.
La transparence de l'information qui existe dans le
fonctionnement du financement participatif a également pour effet de
donner au contributeur un sens à son épargne, d'autant plus
prononcé que le projet est local, et de faciliter l'acceptabilité
des projets sur un territoire donné.
iii. Evolution du cadre juridique et émergence de
nouveaux acteurs du secteur
La loi de 17 août 2015 relative à la transition
énergétique pour la croissance verte comporte également
des dispositions en faveur du financement participatif dans le secteur des
énergies renouvelables. Elle propose des nouvelles mesures
législatives et réglementaires visant à faciliter
l'acceptation locale des projets et l'intéressement des résidents
et des collectivités à leur réussite, mais
également à permettre de développer une source de
financement complémentaire, tout en permettant aux collectivités
territoriales de se réapproprier la question de la maîtrise de
l'énergie sur leurs territoires. En effet, la loi permet par
dérogation à ces collectivités territoriales une
participation au capital de sociétés commerciales, notamment des
Sociétés Anonymes (SA) ou des Sociétés par actions
simplifiées (SAS) dont l'objet social est exclusivement la production
d'énergies renouvelables par des installations situées à
proximité et participant à leur approvisionnement
énergétique.
Au-delà du crowdfunding se développe
également le modèle des projets d'énergies renouvelables
dits « citoyens », ou « à gouvernance locale ». Dans
ce cas précis, les citoyens (et/ou les collectivités)
s'impliquent dans la gouvernance des projets en détenant au moins 40% du
capital de la Société de Projet (SPV, pour Special Purpose
Vehicle). Pour les besoins du projet, une société ad
12 (Financement Participatif France, 2017)
hoc est généralement constituée, c'est
ce qu'on appelle la « société de projet », dont l'objet
est de concevoir, construire et exploiter le projet.
D'après l'ADEME, c'est environ 10 000 citoyens qui
seraient impliqués en France sur plusieurs centaines de SPV. Ce
modèle correspond à une innovation intéressante car il est
plus impliquant pour les citoyens, et présente de nombreux
bénéfices, notamment en permettant :
· Le passage à l'action des citoyens dans le domaine
des énergies renouvelables ;
· La facilitation de l'acceptabilité locale des
EnR par les citoyens, en co-construisant un projet commun avec les
développeurs privés et en mettant en place une réelle
dynamique d'appropriation ;
· L'augmentation des retombées financières
positives pour les territoires : en effet, maîtrisés et
financés par les collectivités et les habitants, les projets
citoyens d'énergie renouvelable ne se contentent pas de favoriser une
meilleure adhésion locale, ils génèrent également
des revenus locaux supérieurs aux projets classiques, par le biais de
l'investissement citoyen et du recours à des prestataires locaux (pour
les études et la maintenance principalement). En moyenne, un projet
citoyen génère donc 2 à 3 fois plus de retombées
locales pour le territoire13. La production d'énergie
renouvelable permet donc de relocaliser dans les territoires la production
d'énergie et l'activité économique qu'elle
génère.
Figure 1- Les retombées économiques locales
des projets citoyens d'énergie renouvelable. Source : Energie
Partagée
D'après le baromètre sur le financement
participatif des EnR réalisé par GreenUnivers (média
d'information des énergies renouvelables en France) en 2020, en
partenariat avec FPF, le montant
13 (Energie Partagée, 2020)
total collecté par les plateformes de financement
participatif spécialisées pour les EnR (AkuoCoop, Enerfip,
Lendopolis, Lendosphere, Lumo et Wiseed) a décuplé en cinq ans,
dépassant pour la première fois en France la barre des 100
millions d'euros. En effet, malgré la crise du Covid-19, le secteur
conserve son rythme de croissance de l'ordre de +50% par an.
Figure 2- Synthèse du financement participatif par
intermédiation des plateformes de crowdfunding dans la filière
des énergies renouvelables. Source : GreenUnivers
En conclusion, on peut dire que :
· On assiste à un décuplement (x10) des
collectes en 10 ans ;
· Le secteur EnR, 2ème secteur du financement
participatif derrière l'immobilier, prend de plus en plus d'ampleur, et
est resté très dynamique et peu impacté par le Covid. Une
forte croissance du secteur est à prévoir : Il reste encore
beaucoup à construire ;
· On note un intérêt croissant des citoyens
et des politiques publiques : 2 Français sur 10 ont déjà
investi pour la Transition énergétique (tout secteur
confondu).
C. Le Financement Participatif : un outil à la fois
tactique et stratégique pour les développeurs privés dans
un contexte de forte concurrence
i. Objectifs du Financement Participatif et intérêt
pour Valorem
De manière générale, on peut poursuivre 3
objectifs :
o Faciliter le développement des projets (meilleure
acceptation locale avec une offre de partage de la valeur ajouté des
projets), des actions tactiques et ciblées pour permettre de soutenir
certains projets ;
o Entretenir l'image de VALOREM comme pionnier dans
l'implication des territoires par des offres innovantes, ce qui correspond
à une stratégie sur le long terme pour viser une meilleure image
en tant que développeur en énergies vertes ;
o Lever des fonds facilement et rapidement tout en procurant
des retombées financières aux populations, prioritairement celles
qui en sont directement concernées (impactées), grâce au
retour sur investissement.
Pour comprendre les subtilités du financement
participatif et ses intérêts pour Valorem, nous allons dans un
premier temps décrire et expliquer le fonctionnement des levées
de fonds usuellement utilisées par le groupe.
Valorem organise 2 types de levées de fonds (LF)
participatives suivant des modalités spécifiques :
· Des LF en phase de développement, sans cahier
des charges imposé : elles permettent de répondre à des
objectifs tactiques ou stratégiques, eu égard la question
d'acceptabilité et d'intégration dans le territoire
· Des LF répondant aux engagements pris lors du
dépôt des candidatures aux appels d'offres (AO) nationaux
pilotés par la Commission de Régulation de l'Energie (AO dits
« CRE 4 » - prochainement « CRE 5 ») : ces LF doivent
répondre aux règles édictées par le cahier des
charges de la Direction Générale de l'Energie et du Climat
(DGEC). Elles permettent d'obtenir un bonus tarifaire si le projet est
retenu.
Précisons quelques chiffres, Valorem et le financement
participatif c'est :
· Une communauté qui atteint bientôt les 5000
prêteurs et investisseurs ;
· Plus de 60 levées de fonds à son actif,
dont une dizaine en actions ;
· Plus de 15M d'€ levés depuis 2013 ;
· Environ 6M d'€ levés auprès de
personnes morales, majoritairement hors-plateforme (Collectivités
Territoriales, Sociétés d'Economie Mixte, Sociétés
Anonymes) ;
· Un pionnier du financement participatif : la
première levée de fonds (parc éolien d'Arfons)
intermédiée par le Crédit Coopératif en 2012, avant
même que les plateformes de crowdfunding ne voient le jour en France.
ii. Les levées de Fonds décidées par
Valorem à des fins tactiques et stratégiques
Si Valorem décide d'utiliser le financement
participatif pour un projet en cours de développement, il va ouvrir une
part variable du financement du projet auprès de personnes physiques
(des épargnants) ou morales (des collectivités territoriales, des
SEM, des SA...), sous forme d'obligations ou de Minibons, ce qui va lui
permettre de lever des fonds sous forme de dette. Il devra en échange
rembourser le montant emprunté et rémunérer celui-ci sous
forme d'intérêts périodiques, sur une durée
déterminée en amont, tout comme la périodicité des
échéances et le taux de rémunération.
Pour mettre en oeuvre ce financement participatif, Valorem va
lancer une offre, d'un montant compris entre 50 k€ et 1000 k€,
à un taux d'intérêt allant de 4% à 7%. Cette
levée de fonds (LF) aura une durée de 30 à 90 jours en
moyenne, par l'intermédiation du portail maison du groupe, «
MonParcValorem.com » ; elle
avantagera généralement les habitants résidants à
l'intérieur d'un périmètre géographique à
déterminer en fonction des considérations stratégiques des
Chefs de Projets (CP).
C'est toujours VALOREM SAS (la maison mère) qui
s'endette lors d'une LF participatifs réalisée hors cadre du
cahier des charges (CDC) des Appels d'Offres CRE. Les SPV ne lèvent des
fonds que pour satisfaire aux exigences imposées lors de candidatures
aux Appels d'Offre de la CRE, si elles souhaitent bénéficier d'un
bonus tarifaire.
En effet, on n'endette jamais une SPV en phase de
développement pour deux raisons principalement : tout d'abord la SPV n'a
aucune capacité de remboursement sans le concours de sa
maison-mère (Valorem) ; mais également cette dette accroît
le passif de la SPV, ce qui risque de conduire les banques qui seront
sollicitées plus tard pour les crédits séniors, à
exiger le remboursement anticipé (cas de Santerre et Albine en 2015).
De plus, Valorem va également déterminer une
enveloppe réservée aux salariés (selon des règles
déjà fixées en interne) et éventuellement une ou
deux autres enveloppes réservées à des prêteurs
riverains :
· Une pour les riverains immédiats des parcs,
lesquels bénéficieront des meilleurs taux de
rémunérations bonifiés
· Une pour les habitants dont le domicile est plus
éloigné mais restant à l'intérieur d'un
périmètre plus élargie (généralement
département ou région)
En termes de coût, le budget à prévoir
correspond à la rémunération de plateforme qui
héberge le portail (Lendosphere), négociée à 4%
avec des remises appliquées aux sommes apportées par les
salariés ou par des contacts de Valorem. Par exemple, si un acteur
institutionnel, comme une commune, ou encore des personnes physiques, acceptent
de participer à une levée de fonds, après avoir
répondu à une sollicitation de Valorem.
Depuis le 15 mars 2021, après signature d'un contrat
d'exclusivité avec Lendosphere, plateforme de crowdfunding et principal
prestataire de Valorem (ayant réalisé plus de 75% des volumes des
LF passées du groupe), Valorem a lancé son propre portail
dédié MonParcVALOREM (MPV), qui centralise l'ensemble des LF
réalisées par Valorem.
En résumé
· La LF se fait en phase de développement ;
· Valorem décide de l'instrument (donc toujours
en obligations ou Minibons), du taux, du périmètre
géographique (local ou national) ;
· C'est Valorem SAS qui s'endette par cette LF ;
· Si échec de la LF, aucune
pénalité à craindre.
L'avantage retiré peut-être une meilleure
acceptabilité voire désirabilité du projet, renforcer
l'ancrage territorial, mais également faire participer et s'exprimer la
majorité silencieuse.
En effet, dans le secteur des énergies renouvelables,
la grande majorité des citoyens et riverains des parcs restent
favorables au développement des projets, mais sont qualifiés de
« majorité silencieuse », car ne se manifestent pas dans le
débat public, ni dans les communes riveraines des projets
concernés. Au contraire des opposants, qui sont peu nombreux mais
très actifs et organisés.
Le financement participatif est donc un moyen de faire
intervenir cette majorité silencieuse, et de recentrer le débat
public plus en faveur des développeurs. Il permet aussi de motiver
à la participation aux enquêtes publiques organisées dans
le cadre de l'instruction des demandes d'autorisations.
Par ailleurs, Valorem est un pionnier du financement
participatif. Il est le premier développeur à essayer d'innover
dans la sphère du participatif, alors même que les plateformes
encadrées de crowdfunding n'existent pas encore en France en 2012. En
partenariat avec le Crédit Coopératif, il
ouvre une partie du financement de son parc éolien
d'Arfons, situé dans le Tarn, aux habitants du département : un
objectif d'impliquer les riverains, qui fut un franc succès.
Le groupe est également toujours en quête
d'innovation. En 2020, en partenariat avec Lendosphere, il permet aux
prêteurs de pouvoir rétrocéder tout ou partie de leurs
intérêts au profit d'une association locale,
l'APREMIS14, qui lutte contre la précarité
énergétique. En effet, Valorem considère que la production
d'énergie renouvelable doit s'accompagner d'une résilience dans
nos modes de consommation d'énergie, notamment pour les plus
démunis, afin de permettre une vraie transition
énergétique et solidaire.
Inédite en France, cette opération a
concerné le parc éolien d'Hombleux, dans la Somme. Elle a
rencontré un franc succès : 92 personnes ont participé au
financement du le parc éolien en moins de trois semaines, dont 20%
d'entre eux donneront jusqu'à 100% de leurs intérêts
à l'association APREMIS. L'objectif est de généraliser
cette expérience à l'ensemble des opérations de
financement participatif, quand cela est possible.
Enfin, le lancement d'un portail dédié au
financement participatif le 15 mars 2021, MonParcValorem, est encore un exemple
d'esprit d'initiative dont le groupe fait preuve. Bien que le portail soit en
réalité intermédié par le partenaire Lendosphere,
il reste une vitrine du financement participatif pour le groupe, qui permet de
concentrer ses projets et de mobiliser sa communauté d'investisseur
rapidement et facilement lors de nouvelles levées de fonds.
iii. Les Levées de Fonds qui résultent d'un
engagement pris lors de la candidature à
l'AO CRE
Il est important de comprendre que dans le secteur des
énergies renouvelables, avant de pouvoir construire un parc
éolien ou solaire, il est d'abord impératif de savoir à
qui vendre la future électricité produite. Sans acheteur
engagé, le projet ne pourra pas éclore. Cependant dans ce secteur
d'activité, les structures capables et désireuses de s'engager
sur la durée de vie d'un parc - d'une vingtaine d'année si
possible - sont très rare, et négocier un contrat de gré
à gré, appelé PPA (Power Purchase Agreement) n'est pas
chose aisée.
Intervient alors la Commission de Régulation de
l'Energie, qui va lancer des Appels d'Offre pour inciter les
développeurs privés à développer des
projets15. L'avantage principal de répondre et gagner un
AO
14 Accompagnement Prévention Réflexion
et Méditation pour l'Insertion Sociale - L'association APREMIS est
constituée pour agir contre l'exclusion sociale, tout
particulièrement par l'accompagnement des personnes en situation de mal
logement ou exclues du logement.
15 (Commission de Régulation de l'Energie, Oct
2017)
de la CRE, est d'avoir l'assurance que si son projet arrive
à terme, toute l'électricité du parc sera rachetée
par EDF16 (ou alors un autre acteur éligible) au prix de
vente proposé à l'AO par le candidat. Ce contrat d'obligation
d'achat est donc une sécurité pour le développeur pour
pouvoir financer ses projets, sécurité presque essentielle dans
le secteur.
Pour la mise en concurrence des projets lors des
réponses aux AO de la CRE, les développeurs vont être
sélectionnés principalement sur les prix de vente
proposés.
Or, jouer la carte du bonus participatif permet de faire
pencher la balance de manière significative en permettant un meilleur
prix de vente, grâce à l'obtention d'un bonus de +1 €
(financement participatif) à +3 € du MWh17
(investissement participatif).
Cependant, les LF organisées pour répondre aux
AO sont soumises à un cahier des charges très
stricte.18 Ces LF doivent obligatoirement proposer des titres de
capital (actions) de la SPV, si le bonus visé est celui de 3 €.
De plus, il est important de noter qu'en cas d'échec
de la levée de fonds en action (LFA) - impossibilité de lever le
montant requis dans le temps imparti - ce sont des pénalités sur
le tarif d'achat qui s'appliqueront (malus), allant de -1€ MWh à
-3€ MWh suivant l'engagement choisi dans le dossier de candidature
à l'AO. Il est donc indispensable de réussir cette levée
de fonds, au risque de ne pas pouvoir financer un projet ayant perdu toute
rentabilité.
En termes de coût, une telle opération sera plus
chère qu'une levée de fonds en dette. En effet, même si la
rémunération de la plateforme reste identique, d'autres frais
seront à prévoir : notamment un coût de 25 k€ pour la
création, la gestion et la dissolution de la holding
intermédiaire qui hébergera les actionnaires participatifs, si le
choix est pris de la gouvernance partagée (ouverture du capital de la
SPV par cessions d'action). Enfin, des frais de communication sont à
prévoir, dont l'importance dépend de l'ampleur des actions
décidées. Cela peut représenter plusieurs dizaines de
milliers d'Euros.
En tout état de cause, il faut garder présent
à l'esprit, qu'une LFA est toujours plus difficile à
réussir qu'une LF en dette.
En résumé, pourquoi s'engager à faire une
LF participatif pour le projet lauréat de l'AO CRE ?
16 Electricité de France - Entreprise
Française de production et de fourniture d'électricité,
détenue à plus de 80% par l'Etat, premier producteur et premier
fournisseur d'électricité en France et en Europe.
17 Mégawatt-heure - Unité de mesure
servant à exprimer une consommation énergétique
18 (Commission de Régulation de l'Energie, 17
juin 2021)
· Economiquement :
o Offre la possibilité de candidater avec un prix de
vente plus faible (car augmenté par le bonus participatif dans un second
temps) ;
o Permet une économie de fonds propres ;
o Permet d'améliorer le Taux de Rentabilité
Interne (TRI) actionnaire du projet ;
o Correspond aux stratégies de déconsolidation
: technique comptable qui consiste à sortir du bilan d'une entreprise un
actif ou un passif afin d'améliorer la présentation des
données comptables et financières. L'entreprise peut ainsi
minorer son endettement ou améliorer ses ratios.
· Communication :
o Permet de parler positivement du projet ;
o Améliore la communication au Grand Public sur le
groupe, son image, et l'engagement dans la Transition Ecologique (TE).
· Acceptabilité :
o Répond aux demandes des élus et parties
prenantes locales ;
o Augmente la probabilité de remporter un Appel
à Manifestation d'Intérêt19 (AMI)
organisée par des acteurs locaux ;
o Permet de montrer une volonté de partage avec les
riverains et les collectivités des retombées
économiques.
19 AMI : Pour une personne publique, mode de
présélection des candidats qui seront invités à
soumissionner lors de futures procédures de passation de marchés
publics
Partie 2 : Les missions du Responsable Investissement
Participatif à travers l'analyse des acteurs émergents du secteur
: entre coopération, opportunités et menaces
Dans cette partie, nous commencerons dans un premier temps
à aborder les missions du Responsable Investissements Participatifs au
sein du groupe Valorem en règle générale, puis nous ferons
le parallèle avec les missions réalisées durant le stage
dans un second temps, en partenariat avec quatre types d'acteurs, issus des
quatre assemblages de la participation financière
citoyenne20, à savoir :
· Développement libéral, constitué
autour de développeurs désireux d'incarner un professionnalisme
du développement des EnR, tout en ouvrant progressivement les
bénéfices économiques, voire la gouvernance de leurs
projets à des acteurs citoyens riverains ou non ;
· Intermédiation financière, dont les
plateformes de crowdfunding sont les acteurs centraux, travaillant à une
massification de l'accessibilité à l'investissement des
épargnants français, sous diverses formes, dans les technologies
et les projets EnR ;
· Portage territorial, d'abord incarné par des
structures spécialisées dans le développement et
l'investissement dans le secteur des EnR, contrôlées par les
collectivités, s'intéressant à une participation active
des citoyens mais accordant la priorité à une contribution des
EnR à la cause du développement territorial ;
· Initiative citoyenne enfin, dont les collectifs de
citoyens organisés en réseaux régionaux et nationaux
constituent les acteurs emblématiques, et portant l'ambition d'une
démocratisation de la production des EnR et de la transition
énergétique.
A. Les missions du Responsable Investissement Participatif
i. Responsable Investissements Participatifs : Une innovation du
groupe
D'ordinaire dans le secteur des énergies
renouvelables, chez les développeurs du moins, il s'agit du Chef de
Projet qui a pour mission de s'occuper du financement participatif de son
projet, si jamais le cas échéant.
Chez Valorem, estimant que le financement participatif, pour
les raisons évoquées plus haut, était un axe
stratégique à développer avec attention, un poste a
été créé pour accomplir cette mission. Il s'agit
20 (Assié & Nadaï, Mars 2021)
du poste de Responsable des Investissements Participatif
(RIP). Il vient se substituer aux Chefs de Projet pour le développement,
l'accompagnement et le suivi du financement participatif sur leurs projets, et
va également être chargé de développer, coordonner
et appliquer la stratégie financement participatif du groupe.
Le RIP possède de nombreuses missions :
représentation et relationnel politique et associatif,
négociation avec les plateformes et syndication, prospection,
organisation stratégique, mise en place des levées de fonds et
gestion des campagnes participatives des projets en développement et des
projets en appel d'offre, rencontre des fonds d'investissement et
collectivités veille stratégique avec analyse, synthèse et
diffusion de l'information. Il s'occupe également de la gestion courante
du financement participatif pour tous les projets dont les chefs de projet ont
décidé d'ouvrir le financement aux investisseurs privés et
assume le rôle de relais entre les différents services
communication marketing, comptabilité et finance, sur cette
thématique. Il développe des outils de gestion et de suivi de
l'information et de traitement statistique à destination du personnel
concerné.
Les missions du RIP s'articulent autour de trois axes majeurs,
qui vont être :
· Support des chefs de Projet (CP) :
soutient le financement participatif auprès des CP et des Responsables
d'Agence (RA), aide les CP, développe un financement participatif le
plus efficace partout où c'est utile, informe les salariés sur
les activités du financement participatif (gazette trimestrielle), les
innovations, les possibilités d'actions, etc... ;
· Chargé de campagnes crowdfunding
: s'occupe du lancement et du suivi des campagnes, gère le
portail du groupe MonParcValorem (MPV), fait la passerelle entre plateformes de
Crowdfunding (CF) et chargés de projets, marketing, com', analyse
financière et statistiques des campagnes ;
· Représentant et chargé des
relations : rôle de réseautage, lobbying,
représentation auprès des différentes populations,
également un rôle de développement du service, innovation,
veille sur les nouveaux acteurs et financement innovants.
ii. Chargé des campagnes crowdfunding
Tout d'abord, le RIP va avoir un rôle de
responsable des campagnes de crowdfunding organisées
par le groupe. A ce titre, il va :
- Prospecter pour trouver les canaux de crowdfunding les plus
efficaces ;
- Marketer et réfléchir sur la mise en place
d'offre promotionnelles/innovantes ;
- Être l'interlocuteur privilégié des
plateformes de crowdfunding et le représentant du groupe,
négocier les meilleurs coûts, établir des
relations pérennes ;
- Travailler de pair avec le service communication pour
appuyer une communication efficace sur chaque projet, et mettre au point des
plans de communication efficaces ;
- Proposer un planning annuel de levées de fonds,
organiser les modifications éventuelles, proposer une orientation
stratégique et un plan d'action annuel ;
- Accompagner le CP sur l'organisation de la LF de son projet
en le briefant sur les meilleurs choix et les habitudes du groupe ;
- Suivre le déroulement des LF, s'assurer qu'elles
atteignent les objectifs, organiser des plans de secours en cas de
difficulté de la LF ;
- Tenir à jour un registre d'information des LF
utilisé à des fins statistiques et pour aider à
la décision/communication sur le groupe ;
- Travailler de pair avec le service
Finance/comptabilité pour veiller au bon déroulement des
remboursements des prêteurs ;
- Depuis peu, suivre et améliorer l'ergonomie du portail
MPV hébergé par Lendosphere
- Mettre au point des montages financiers à
destination des collectivités/acteurs territoriaux/collectifs
citoyens.
iii. Support auprès des Chefs de Projet
Ensuite, le RIP va avoir un rôle de
support/soutien aux chefs de projets (CP/RA), dans
l'accompagnement et la mise en place du financement participatif sur leurs
projets, l'explication des tenants et des aboutissants du financement
participatif, le soutien, l'assistance et le suivi sur les projets pour ceux
qui le souhaitent. Cela va se manifester par :
- La production et la mise à jour d'un ensemble de notes
et d'outils à destination des salariés
pour leur faciliter la compréhension du crowdfunding pour
les énergies renouvelables ;
- La tenue d'un registre des opérations de LF du
groupe Valorem pour mettre à jour l'ensemble des opérations de
crowdfunding ;
- Les rendez-vous formel/informel avec les salariés
pour répondre à des questions et organiser des futures LF, ainsi
que suivre l'avancée des LF existantes ;
- Le déplacement sur le terrain pour accompagner un CP
en mission et l'appuyer sur la question du financement participatif ;
- La rédaction et publication d'une gazette
trimestrielle du financement participatif à destination interne ;
- Les recherches de nouveaux projets.
iv. Représentant du groupe et chargé de
partenariats
Enfin, le RIP va avoir un rôle de
représentant FP du groupe, avec pour objectif de
valoriser le financement participatif auprès des publics
extérieurs et de développer de nouveaux partenariats :
- Participation à des évènements
extérieurs comme des salons, des conférences, des réunions
du secteur, dans l'objectif de représenter l'entreprise et de rencontrer
de nouveaux partenaires ;
- Présence médiatique notamment passage sur
support journaux/audiovisuel/radio pour faire connaître l'entreprise et
sa spécificité du financement participatif au grand publique,
améliorer la notoriété du groupe ;
- Représentation institutionnelle, notamment
siéger à certains conseils d'administration, notamment des
syndicats du secteur, des partenaires, etc... ;
- Réseautage et développement d'un réseau
d'élus et de partenaires ;
- Lobbying et rencontre des élus et présentation
des offres Valorem financement participatif ;
- Veille sur le financement participatif et recherche
d'amélioration, discussion avec les acteurs innovants du secteurs et
analyse des possibilités ;
- Suivi des acteurs citoyens et des innovations de la
participation citoyenne ;
- Prospection et recherche de nouveaux partenariats
potentiels, analyse des acteurs intéressants du secteur.
B. Analyse des missions réalisées durant le stage
à travers l'étude du groupe et des acteurs émergents du
secteur
i. Développement et mise à jour d'outils de
partage de l'information à l'attention
des Chefs de Projets et prise en compte de la communication
interne, le rôle de Support tactique
Une des premières thématiques sur laquelle j'ai
eu l'occasion de travailler correspond à celle de support pour les Chefs
de projet. Ma mission était d'utiliser et améliorer les outils
existants d'information et de statistiques sur les données concernant le
financement participatif du groupe.
En effet, dans un secteur qui évolue rapidement, il
est important de toujours tenir les chefs de Projet - mais également
tous les salariés de manière générale -
informés de l'actualité. C'est le rôle du RIP de veiller
à accompagner et former les chefs de projet sur les questions du
financement participatif. D'autant plus dans la filière des
énergies renouvelables, un secteur qui recrute beaucoup, avec de
nombreux Chefs de Projet Juniors, généralement très peu
informés sur les réalisations du groupe antérieure
à leur arrivée dans l'entreprise.
C'est d'ailleurs une des raisons qui a poussé le
groupe à créer ce poste, en se démarquant de ce fait des
concurrents. En effet, le RIP est un expert multidisciplinaire (droit,
économie, analyse financière, politique et marketing territorial,
communication) à la pointe de l'information sur les questions du
financement participatif, qui peut conseiller et orienter les chefs de projet
dans son objet d'intervention. Rôle important car il permet de
centraliser l'information et la rendre accessible à tous, et permet donc
de libérer du temps pour l'ensemble des chefs de projet.
Un des outils sur lequel j'ai été amené
à travailler est le tableau de suivi des levées de fonds du
groupe. Il s'agit en réalité d'une base de données
contenant l'ensemble des opérations concernant le financement
participatif du groupe, que ce soit les levées de fonds, les
échéances des remboursements des emprunts, et le registre des
prêteurs physiques et moraux. J'ai été chargé de le
mettre à jour régulièrement, ainsi que de
l'améliorer pour le rendre plus ergonomique, permettre la mise à
jour automatique, et permettre une restitution mensuelle synthétique des
informations les plus importantes pour informer le groupe.
Il a été intéressant de faire un
parallèle avec le cours d'optimisation des bases de données
enseigné en Master 1, qui a été d'une grande
utilité pour automatiser ces données, en me permettant de
créer une procédure personnalisée et proposer une version
améliorée de l'outil très efficace et
appréciée.
J'ai dû également travailler sur ces
données dans le cadre des évolutions de la Réglementation
Générale de Protection des Données (RGPD), ce qui a permis
l'obtention d'un niveau supérieur en gestion des données pour
réussir à conserver l'information nécessaire pour
réaliser des statistiques intéressantes tout en supprimant les
données personnelles impossible à conserver.
J'ai également aidé à la création
et à la mise à jour régulière de la gazette
trimestrielle du financement participatif à destination des
salariés. L'enjeu étant de tenir informés les
salariés sur les dernières opérations du service, avec un
double objectif : donner de l'information pour permettre aux salariés de
connaître facilement les opérations passées et à
prévoir, plus quelques actualités sur le service, et
également être rassurés sur leurs investissements. En
effet, les salariés représentent environ 10% en moyenne des
volumes prêtés sur les opérations de levées de fonds
organisées par le service en moyenne, ce qui n'est pas
négligeable. L'enjeu d'une bonne communication interne pour obtenir une
mobilisation salariale importante lors d'une levée de fonds est donc de
taille.
Figure 3- L'importance d'une bonne communication pour les
salariés. Source : VALOREM
Pour pallier le manque d'information sur les tenants et les
aboutissants du financement participatif, j'ai été amené
à rédiger des notes de synthèses pour rendre accessible
certaines informations. Par exemple : « A propos des levées de
fonds participatifs, mode de fonctionnement et règles du cahier des
charges des AO CRE », est une note qui reprend les principales
informations sur le déroulement d'une levée de fonds, à
destination des nouveaux CP, et sur l'évolution du cahier des charges de
l'AO CRE 4 à CRE 5. C'est en effet le rôle du RIP de faire des
synthèses des pratiques du service et des modifications de la
réglementation en vigueur, pour les rendre accessible aux CP en quelques
minutes.
La mise à jour d'une présentation mensuelle du
service à destination des responsables du département du groupe
complète mes autres missions, dans un objectif de prodiguer le maximum
d'information pour avoir une communication interne efficace, et permettre une
coopération facilitée entre les différents
collaborateurs.
Il est important de noter que Valorem est sans doute la seule
entreprise à avoir un collaborateur dédié à cette
mission de gestion et de partage de l'information sur le financement
participatif entre les salariés, ce qui permet à l'organisation
de conserver son rôle de pionnier du financement participatif, et
d'être proactif dans le domaine. Cela conduit Valorem à avoir une
certaine réputation dans le secteur, et à Claudio Rumolino, en
charge du service, d'être souvent contacté pour faire parties de
groupe de travail sur ces questions précises, en tant que
représentant du financement participatif chez les développeurs
privés.
Pour conclure sur cette partie, je dirais que la
communication interne est essentielle dans l'entreprise, et
particulièrement dans un grand groupe, car plus l'entreprise croît
plus elle peut connaître des problèmes de communication entre les
collaborateurs, qui peuvent leur porter préjudice ainsi qu'à
l'organisation. Ce sont des pertes de temps qui peuvent être colossales,
avec des salariés qui se retrouvent à répéter le
même travail chacun de leur côté sans avoir connaissance
qu'il a déjà été réalisé,
l'utilisation de méthodes non adaptées chronophages et
coûteuse due à une connaissance maladroite des process, et qui
peut amener des interactions compliquées entre les parties.
Également un manque de clarté qui produit un mauvais message
diffusé ou mal compris.
Durant mon stage, j'ai constaté que certains canaux de
communications interne pouvaient être améliorés. En effet,
le canal de l'intranet du groupe - appelé Interval - était
sous-optimisé dans le cas du service financement participatif, et ceci
pour deux raisons : M. Rumolino était débordé par ses
nombreuses missions et n'avait donc pas le temps de faire une veille sur la
question, et il n'est pas coutumier de l'utilisation des logiciels intranet.
Après une veille sur la question, et avoir mobilisé mes
compétences en communication et en management développées
lors de ma licence à Bordeaux, j'ai élaboré un projet
« Le service Financement Participatif se réinvente »
(annexe n°2), avec pour objectif d'améliorer le
partage de l'information entre le service financement participatif et les
salariés, par ce canal Interval, et donc permettre une communication
interne plus efficace. Ce projet a été soumis à M.
Rumolino et est toujours en cours de réflexion.
ii. Proposition d'amélioration de MonParcValorem, le
portail du financement
participatif du groupe, et coordination avec Lendosphere
A l'origine des premières levées de fonds chez
Valorem, le RIP négociait avec plusieurs plateformes de crowdfunding (au
nombre de 6 parmi les 7 spécialisées dans les EnR : Lendosphere,
Lendopolis, Enerfip, Lumo, Tudigo, Solylend), afin d'obtenir des levées
de fonds de qualités, accomplies avec succès, pour des
coûts de prestation les moins chers possible. Chaque plateforme à
qui était confiée une opération avait pour mission de
mettre en place la campagne de crowdfunding, de mobiliser sa communauté
de prêteurs, dans une finalité de lever les fonds et de permettre
d'atteindre l'objectif fixé. Le RIP avait pour mission de veiller au bon
déroulement de ces LF, de proposer des plans de communication
croisées efficaces, et de trouver des solutions en cas de
difficultés.
A force de pratiquer cette organisation, deux problèmes
récurrents sont apparus :
· Tout d'abord, la capitalisation sur les
résultats des opérations réalisées par Valorem
était compliquée, car les différentes LF étaient
éparpillées sur les différentes plateformes,
·
21 (VALOREM, 2021)
Ensuite, chaque plateforme avait sa communauté plus ou
moins présente sur certains espaces géographiques, ce qui faisait
que certaines LF furent bien plus difficiles à réussir à
cause de la présence réduite de ces plateformes sur ces
territoires.
Pour résoudre ces problèmes, Valorem
décide en 2020 de créer un portail en propre pour ses futures
levées de fonds, en intégrant les résultats passés
afin de capitaliser sur les opérations de crowdfunding
déjà réalisées, et réunir sa
communauté de prêteurs.
De plus, comme pratiquer l'intermédiation
financière nécessite l'agrément de l'Autorité des
Marchés Financiers (AMF) et demande des qualifications techniques que
Valorem ne possède pas, le groupe a l'idée de proposer un contrat
d'exclusivité à Lendosphere, son partenaire historique le plus
fiable - Lendosphere fut la première plateforme à travailler avec
Valorem, il représentait 75% des volumes prêtés et
possédait la communauté de prêteurs la plus
uniformément répartie sur le territoire métropolitain lors
du choix de partenaire - afin de devenir la seule plateforme à
intermédier ses campagnes de financement participatif, en échange
de la gestion d'un portail spécialement dédié au groupe
Valorem.
Le portail MonParcValorem21 a été
créé et lancé le 15 mars 2021, le jour de mon
arrivée dans l'entreprise. En signant cet accord, Valorem et Lendosphere
font preuve d'innovation dans le secteur du financement participatif en
étant les premiers à organiser ce type d'association, et rappelle
une nouvelle fois le rôle de pionnier du financement participatif de
Valorem dans la filière des EnR, et le rôle
d'expérimentateur de Lendosphere en tant que plateforme engagée
dans la transition. En effet, la plateforme a porté de nombreuses
innovations aux côtés de Valorem, pour mobiliser l'épargne
citoyenne pour la croissance verte, comme la mise en place de la
possibilité pour les prêteurs de rétrocéder tout ou
partie de leurs intérêts pour des associations de lutte contre la
précarité énergétique. De son côté,
Lendosphere a laissé entendre que certains développeurs
privés commençaient également à s'intéresser
à ce genre de pratique de manière plus assidue, et à
débuter des discussions préliminaires à propos de la
création de partenariats durables du même type. Il y a fort
à parier que rapidement, ces idées vont être largement
reprises par la concurrence.
Ce type de partenariat n'est pas épisodique, il est
expliqué par l'émergence et l'ascension fulgurante des
plateformes de crowdfunding dans le milieu des énergies renouvelables en
quelques années, et confirme leur rôle futur en tant que
partenaire des développeurs dans de développement des projets
EnR. Il est donc important de mettre en place des relations
privilégiées avec ses acteurs qui se révèlent
progressivement des alliés précieux pour le
futur des développeurs, dans leur quête d'acceptabilité
auprès des territoires.22
Les objectifs des plateformes spécialisées
quant à elles sont également explicites, dans un marché
à forte croissance, car il est intéressant de posséder des
clients exclusifs lançant régulièrement des levées
de fonds, afin d'étoffer leur catalogue de projets à proposer
à leur communauté d'investisseurs. Ce sont donc des acteurs qui
ont tout intérêt à se rapprocher des
développeurs.
Durant mon stage, j'ai été chargé
d'analyser ce nouveau portail, MonParcValorem, et de proposer des
améliorations, en coordination avec Lendosphere. Une mission faisant
appel à des compétences en marketing et en communication,
tirées de ma licence en management et gestion de projet, où j'ai
pu réaliser des études de marché permettant de proposer
des améliorations intéressantes à Valorem, et repenser
l'interface du portail.
Il est particulièrement important de développer
ce portail pour le rendre plus ergonomique, pour en faire un outil performant
et une vitrine flatteuse du financement participatif chez Valorem, afin
d'accroître la légitimité du groupe et convaincre les
prêteurs du bien-fondé de la démarche, ainsi que pour
permettre d'agrandir la communauté des prêteurs pour pouvoir
mobiliser plus de fonds dans le futur, par exemple par le biais d'offres de
parrainage.
Après une étude de marché et un
référencement des pratiques sur les plateformes existantes et
leurs ergonomies spécifiques, j'ai mis au point un projet de
modification du portail comprenant 16 propositions d'amélioration, qui
ont été soumises au service communication lors d'une
réunion. (Annexe n°3). La plupart de ces
propositions ont été validées, et ont donné suite
à l'écriture d'un plan d'action pour leur mise en place, et le
commencement de certaines missions pour moi, notamment le développement
d'une carte interactive des levées de fonds à proposer sur le
portail et la modification du bandeau de présentation du portail en
collaboration avec Lendosphere. Le reste des mesures seront
étudiées par les différents services concernés en
temps voulu.
Autre composante et nouveauté de l'année 2020
dans le cadre du financement participatif, c'est le développement des
levées de fonds Corporate, comme le présente le baromètre
2020 du financement participatif des EnR. En effet, les levées de fonds
étant avant tout des campagnes spécifiques à un projet
pour un montant symbolique - par exemple 100 000 euros pour un mât de
mesures - la pratique tend à se démocratiser et à devenir
des campagnes au nom de l'entreprise, pour lever des montants
conséquents - jusqu'à 8 millions d'euros pour permettre à
l'entreprise de se développer - et devenir
22 (Assié & Nadaï, Mars 2021)
un véritable outil de mobilisation de capitaux,
plutôt qu'uniquement un outil d'acceptabilité des projets pour les
riverains des parcs. Sachant que le taux effectif global actualisé d'un
tel coût se situerait aux alentours de 6 à 8%, et que le
coût des fonds propres chez Valorem peut rapidement être plus
élevé, la prise en compte de cette question prochainement serait
pertinente.
Figure 4- Les levées de fonds Corporate. Source :
GreenUnivers
On pourrait également penser à l'ouverture
prochaine des plateformes au marché européen, avec une
harmonisation du droit européen sur les questions du crowdfunding, ainsi
que l'évolution du cahier des charges des AO de la session CRE 4
à la CRE 5, qui inciterait les développeurs à augmenter le
pourcentage des projets ouverts au financement participatif.
Toutes ces raisons contribuent à penser qu'il est plus
que jamais vital pour l'entreprise de conserver des liens
privilégiés avec Lendosphere, et d'accroître le nombre et
le volume des levées de fonds qu'elle propose, dans un objectif de les
lever plus facilement dans le futur, et d'envisager un crowdfunding
Corporate.
iii. Les acteurs territoriaux, entre opportunités et
menaces : Veille sur les SEM et prise
de contact
Quand on parle d'énergie renouvelable, et notamment
des développeurs de projets de ces sources d'énergie, il est
important de prendre en compte le fait que tous les développeurs ne sont
pas nécessairement des entreprises privées, comme Valorem, et que
certains sont en réalité des entités publiques.
Ainsi, les collectivités territoriales peuvent
également jouer un rôle central dans le développement des
Energies renouvelables sur leur territoire, en s'impliquant directement et
financièrement dans des projets à proximité, et en
participant à leur gouvernance.23 Ceci grâce à
un assouplissement de la législation française permise par la loi
de Transition énergétique pour la Croissance Verte en 2015. Ces
collectivités peuvent ainsi devenir des alliés précieux
dans le développement d'un parc EnR, en favorisant son
intégration sur le territoire, et en augmentant la
désirabilité et la légitimité du projet. Il revient
donc au RIP de proposer des investissements participatifs intéressants
pour les élus, et des montages juridiques et financiers
réalisables et concrets.
On peut prendre également l'exemple des syndicats
départementaux d'électrification, des opérateurs
historiques sur le marché de l'électricité. Cette
institution intercommunale est présente depuis des décennies afin
d'assurer le service public de la distribution d'électricité. En
tant qu'intercommunalités, les syndicats d'énergies sont
composés d'élus des communes membres, lui donnant une
légitimité accrue sur le territoire. Tout en étant
intercommunaux à l'origine, leur champ d'action couvre aujourd'hui, de
manière générale, la taille d'un département.
On retrouve chez ces syndicats un objet social qui
évolue avec le temps, avec la redéfinition de la politique
énergétique du pays, et une augmentation importante du budget et
des effectifs. En effet, les syndicats départementaux d'énergies
s'engagent de manière croissante dans la mise en oeuvre de la transition
énergétique, notamment dans la production d'énergies
renouvelables. Ceci notamment avec l'amendement du Code général
des collectivités territoriales, leur donnant la possibilité de
s'investir dans des compétences de transition énergétique
sur leurs territoires. De par cette mutation, ainsi que leurs
compétences, leurs ressources, et leurs positionnements
privilégiés dans la sphère politique, ils deviennent donc
des maîtres d'oeuvre dans la transition énergétique, des
acteurs incontournables des énergies renouvelables. De plus, cette forme
spécifique de modèle économique calquée sur une
entreprise privée (donc avec un objectif de rentabilité), avec
une gouvernance publique (car détenue par les collectivités), les
rend encore plus légitimes dans leur rôle de
23 (Energie Partagée, Sept 2017)
coordinateur de la transition.
Pour les développeurs privés, comme Valorem,
ces syndicats représentent à la fois une opportunité et
une menace. Une opportunité, car l'investissement progressif de ces
acteurs sur la question des énergies renouvelables représente la
possibilité pour le développeur de nouer des partenariats sur un
territoire, en leur apportant des compétences techniques et des moyens
financiers que ces syndicats ne possèdent pas forcément. Tout en
accordant d'un autre côté aux développeurs une
légitimité territoriale, aux yeux des citoyens, pouvant favoriser
le développement des projets en cours et futurs.
Une menace, car ces mêmes syndicats - qui ont un
modèle économique relativement proche des développeurs
historiques - peuvent décider une fois leurs compétences
suffisamment acquises dans la production d'énergies renouvelables,
d'évincer le développeur des futurs projets sur son territoire.
Le syndicat devient donc un concurrent, qui possède de plus une
légitimité territoriale historique.
C'est le cas de SERGIES24, le syndicat
départemental d'énergie de la Vienne, connu auprès des
développeurs pour être un acteur incontournable sur son
territoire, possédant son droit de regard sur les projets potentiels
dans la Vienne, et sans lequel tout projet est difficilement réalisable.
Valorem est donc aujourd'hui pratiquement obligé de travailler avec
SERGIES pour les projets situés géographiquement sur le
territoire du syndicat, au risque de rencontrer des difficultés pour
réaliser son projet.
Les chefs de projet devront donc être
particulièrement vigilants sur cette question, travailler toujours en
coopération avec ces acteurs sur le territoire du projet, et si besoin
ou opportunité, monter des partenariats de développement. Il
revient également au RIP d'accompagner ces chefs de projet au mieux dans
leur négociation avec ces acteurs quand il est question d'un champ qui
le concerne, notamment dans le cas de cession de participation dans un projet
au profit d'un acteur territorial, autrement dit lors de la proposition
d'investissement participatif à cet acteur. Le RIP propose des
schémas d'investissements pertinents pour les parties. Il doit aussi
réaliser des veilles sur ces acteurs et développer des relations
en vue de l'implantation potentielle de futur projet.
Une des missions principales que j'ai réalisée
durant le stage a consisté à réaliser une veille sur les
Sociétés d'Economie Mixte (SEM) en France, et à commencer
une procédure de prise de contact avec celles-ci en vue de projets
futurs.
24 SERGIES, spécialiste de la production
à partir d'énergies renouvelables, créé en 2001 par
265 communes du Syndicat ENERGIES VIENNE et faisant parti du groupe SOREGIES de
production, fourniture d'énergie électrique et distribution de
gaz naturel au propane.
On compte actuellement près de 130 SEM
spécialisées dans les EnR, pour un chiffre d'affaires de 2 770
M€, et avec une augmentation d'environ 10% des effectifs chaque
année.
Une SEM n'est ni plus ni moins en règle
générale que la représentation opérationnelle d'un
syndicat d'énergie, son « bras armé » avec la
compétence d'investissement financier, qui fait défaut au
syndicat. Elle possède un actionnariat majoritairement public
(généralement des communes ou communautés de communes),
avec en moyenne 80% (plafonné à 85%) des parts de la
société qui sont publiques et 20% privées (banques des
territoires, entreprises, développeurs aussi).
Né grâce à la loi du 7 juillet 1983 relative
aux sociétés d'économie mixte, puis amélioré
avec la loi du 2 janvier 2002, sa réglementation est établie par
les articles L1521-1 du code général des collectivités
territoriales et les articles L2225-1 du code du commerce.
Créé dans le but de servir les besoins publics
et intérêt général, en effectuant des travaux
à caractère commercial et industriel, les SEM EnR sont notamment
positionnées sur le développement de parcs EnR, où elles
peuvent se charger de la conception, réalisation, financement,
construction, exploitation, etc, tant que cela sert sont objet social
précisé lors de sa création.
Les SEM, initiées principalement - mais pas toujours -
par les SDE (Syndicats Départementaux d'Energie), se multiplient
actuellement sur les territoires et montrent une forte ambition dans le
développement de projets EnR. Bien que les SEM, tous domaines
d'activité confondus, existent depuis 1983, on constate depuis peu une
nette augmentation du nombre de créations dans le secteur de
l'énergie, notamment au niveau des communes qui deviennent très
actives. Il est certain que la part des projets d'EnR développés
par elles vont s'accroître dans les prochaines années.
Elles sont un acteur stratégique car :
· Elles représentent un levier de croissance
important pour le portefeuille de Valorem
· Elles ont un accès plus aisé au foncier
(les terrains nécessaires pour construire le parc), grâce à
leurs relations privilégiées avec les collectivités
territoriales (CT). La plupart de taille modeste avec un capital de
départ de 3-4 M€, mais innovantes avec des participations
croisées dans des sociétés de projet (SPV) portées
par d'autres SEM
· Leurs projets sont plus faciles à faire
accepter aux populations, car portés par les territoires
· Les retombées économiques sont plus
importantes pour le territoire si l'opérateur est une SEM
Les SEM sont en passe de devenir un acteur clé du
développement des projets EnR sur les territoires, notamment dans le
cadre du financement participatif, au travers des prises de participation dans
le capital des SPV et des souscriptions à des levées de fonds
organisées lors du développement de certains projets.
Aussi, après avoir fait une veille de ces acteurs, ma
mission suivante fut de réaliser une enquête auprès des
chefs de projet et des responsables d'agence. Le but était de
connaître de façon exhaustive les relations que Valorem entretient
avec ces sociétés, pour avoir une vision d'ensemble des
partenariats existants, et commencer à se rapprocher des structures
encore inconnues du groupe, par une première prise de contact. De plus,
un objectif parallèle était la réalisation d'une carte
interactive de ces SEM, permettant de pouvoir connaître, consulter et
mettre à jour régulièrement leurs relations avec
Valorem.
J'ai constitué une première Base de
données des SEM, ayant vocation à être
améliorée dans le temps. Elle a été construite
à l'aide de données communiquées par la
fédération des entreprises publiques locales ainsi que des
compléments Internet. J'ai pu ensuite réaliser la carte, avec le
concours du service cartographie, et me former à l'utilisation d'un
logiciel de Système d'Information Géographique (SIG, logiciel
QGIS25).
Durant mon enquête, je me suis beaucoup servi du cours
de techniques d'enquêtes enseigné en Master 1, qui m'a
guidé depuis l'élaboration du questionnaire jusqu'à la
réalisation des entretiens, avec l'adaptation progressive du
questionnaire à la fin des entretiens, puis au traitement des
données. J'ai pu également prendre la mesure de l'importance
d'écouter les participants à l'enquête et leurs
suggestions, et de la manière d'interagir avec eux et de faire
évoluer l'enquête en fonction, et ceci grâce au cours de
conduite d'étude qualitative, qui fut riche d'enseignements.
Cette enquête réalisée auprès
d'une cinquantaine de chefs de projets et 7 responsables d'agence,
répartis sur les 7 agences de Valorem, m'a permis de collecter de
nombreuses informations sur les SEM, afin de dresser une photographie globale
de nos relations.
A la suite de ceci, 37 SEM ont été
sélectionnées pour une première prise de contact, en
fonction de l'intérêt pour Valorem ou de leurs absences de
relation avec l'entreprise. Actuellement, trois SEM ont répondu
favorablement et montré un intérêt réciproque
à travailler avec le groupe, notamment la SEM AVERGIES dans le Lot et
Garonne, la SEM UEM26 en Moselle et la SEM ENR64 en
Pyrénées Atlantiques.
25 Quantum Geographic Information System -
Système d'Information Géographique libre multiplateforme
26 Usine d'Electricité de Metz - Fournisseur
et producteur français d'électricité et de gaz
De plus, à la suite de l'enquête pour collecter
de l'information sur les SEM, certains responsables d'agence ont exprimé
des remarques, suggestions et inquiétudes par rapport à cette
mission de prise de contact, notamment :
· Ils souhaitent être associés aux projets
pour avoir de la visibilité, être informés sur les actions
en cours sur leur territoire et pouvoir participer et prendre la relève
si besoin.
· Certains expriment leur inquiétude devant leur
manque de ressources, s'ils devaient s'impliquer dans la création de
liens avec de nouvelles SEM, en cas de succès du démarchage. Ils
estiment que le service financement participatif doit s'impliquer
proportionnellement aux besoins des territoires et au manque de ressources
plutôt que de manière égale pour chaque territoire.
· Certains estiment qu'il ne faut pas brûler les
étapes et que le groupe devrait aller à la rencontre des SEM de
manière progressive, en présentant dans un premier temps
l'entreprise et ses activités, son désir de faire du lien et de
développer des partenariats, mais sans nécessairement proposer
des projets, mais plutôt avec l'idée de :
o Les accompagner sur leurs projets si besoin (démarche
d'être minoritaire 33% SPV), afin de développer le portefeuille de
projets ;
o Ne pas leur proposer de projets car les SEM
représentent une charge de travail supplémentaire
conséquente sur le terrain, pour un bonus d'ancrage territorial pas
toujours garanti.
· Certains expriment un intérêt dans le
futur de prendre en compte d'autres type de SEM, notamment celles
possédant les compétences aménagement/construction
(exemple SEMDAS, SEMCODA, ALENIS...), qui peuvent également
accompagner/faciliter des projets ENR, et participer au développement
dans une moindre mesure.
Également, certains Chefs de Projet trouvent
l'initiative intéressante et souhaitent voir émerger un
accompagnement pour la suite, afin de leur permettre d'être plus au fait
sur le terrain
· Ils espèrent pouvoir bénéficier
de ce travail une fois celui-ci achevé, afin de développer leurs
connaissances sur les SEM ancrées sur leur territoire, et obtenir des
outils pour renforcer les relations avec celles avec lesquelles ils travaillent
déjà
· Ils souhaitent savoir ce qu'il est possible de mettre
en oeuvre avec les SEM comme interrelation, et comment être plus efficace
sur le terrain, notamment en leur proposant une note de synthèse
permettant de :
o Préciser les modalités d'action pour les CP
sur le terrain en présence de SEM,
o Les accompagner dans leurs contacts avec les SEM,
o Leur proposer des modes de
co-investissement/codéveloppement générique, des
partenariats type,
o Leur indiquer les possibilités de création de
SEM en partenariat avec des syndicats...
Comme recommandation, je pense qu'il est important de
continuer ce travail de prise de contact pour se rapprocher de davantage de
SEM, tout en développant des outils adaptés pour informer et
accompagner les chefs de projet, et prendre en compte les préoccupations
des responsables d'agence. Je pense également qu'il est essentiel de
prévoir un plan d'adaptation à moyen-terme, en se posant la
question : Est-ce qu'à termes les SDE et SEM auront pour objectif de se
passer des développeurs, une fois arrivés à
maturité technique, économique et financière ? Et si oui,
quelles actions mettre en place dès maintenant pour anticiper cette
évolution de la filière ?
iv. Les collectifs citoyens en réseaux, vers une
réappropriation citoyenne et politique
des enjeux de la transition énergétique
Un dernier acteur qui tend à se démocratiser ces
dernières années sont les collectifs citoyens de production
d'énergies renouvelables. Ceux-ci, issus de l'initiative citoyenne,
bâtis autour de collectifs de citoyens et de leurs réseaux,
plébiscitent la reprise en main de la production
énergétique par les citoyens, défendant le
développement et le financement direct d'installations de production EnR
par des citoyens motivés, dans une logique de gouvernance
démocratique et de refus de la spéculation.
Ces collectifs portent l'énergie comme un engagement
politique, et la création d'un « collectif », un regroupement
local de personnes intéressées par le développement et
l'exploitation en commun de projets EnR, constitue la première
étape du développement des projets.
D'après Assié & Nadaï (Cired, Mars
2021) on observe trois phases successives caractérisant la montée
en échelle de ce processus et son émergence progressive :
· L'âge des collectifs pionniers, entre 2006 et
2008 : des collectifs citoyens émergent au niveau local et partagent
l'idéal commun de produire de manière alternative de
l'énergie. Comme
motivation première : l'opposition au
nucléaire, la revitalisation de certains territoires, et la poursuite
des activités militantes ayant émergé dans le secteur de
l'économie sociale et solidaire. Face aux projets EnR
développés par des acteurs privés, souvent
extérieurs aux territoires d'implantation des projets, l'objectif pour
ces collectifs est d'empêcher ce qu'ils conçoivent comme une forme
d'appropriation illégitime des ressources du territoire. Pour eux, la
transition énergétique revêt un triple enjeu :
écologique, politique et territorial.
· La phase de pollinisation, à partir de 2010 :
les premiers projets commencent à fonctionner et des réseaux
collectifs (les « réseaux citoyens ») commencent à se
structurer, notamment autour de l'association Energie Partagée
(quasi-intégralement) et de l'association des Centrales Villageoises
(Rhône Alpes). On observe ensuite une diffusion des pratiques autour des
collectifs pionniers. Bien que les motivations ayant guidé les
collectifs citoyens subsistent, on assiste à une volonté plus
diffuse de mettre en oeuvre des actions concrètes de transition
énergétique, ou même d'imiter les voisins vertueux. On
commence à voir apparaître des partenariats entre collectifs de
projets et acteurs professionnels, que cela soit des développeurs
privés ou des SEM, voire les deux.
· La période de structuration, vers la fin des
années 2010 : poursuite du phénomène de pollinisation mais
qui se double d'une forme d'institutionnalisation, ou du moins d'encouragement,
notamment par certains acteurs publics (ADEME, régions, communes et
intercommunalités), à l'émergence de collectifs sur leurs
territoires d'action. Les réseaux nationaux et régionaux
d'animation des initiatives d'énergies citoyennes sont mobilisés
et se mobilisent afin d'accroître le nombre de projets et d'encourager
les synergies locales. Les réseaux formels comme informels se
développement et favorisent un partage d'informations et
d'expériences caractérisé par une certaine bienveillance
entre acteurs expérimentés, voire professionnalisés, et
nouveaux venus, une certaine curiosité pour les nouveaux modèles
possibles, mais aussi, progressivement, la capitalisation par certains acteurs
de savoirs et de savoir-faire leur permettant d'agréger autour d'eux un
réseau important et d'influer sur les pratiques de travail et les
modèles de développement.
Il est important de noter que ces collectifs de citoyens
diffèrent des autres acteurs impliqués dans le
développement des projets car ce sont des non-professionnels de
l'énergie : en effet ils ne vivent pas du développement des
projets. Il s'agit en réalité d'un engagement associatif, voire
politique. Les principes coopératifs qui inspirent la plupart de ces
collectifs limitent fortement la possibilité d'une recherche de
lucrativité, et toute finalité spéculative est proscrite
de la Charte de l'association Energie Partagée.
La formation des collectifs de citoyens donne lieu à
un travail important fourni par leurs fondateurs mais aussi, dans la
dernière phase d'émergence de ces collectifs, par les animateurs
des réseaux régionaux et nationaux. Un noyau dur de quelques
individus, partageant souvent une expérience commune de professionnels,
d'élus ou de militants, souhaitent s'engager dans la production
d'énergie renouvelable. Ceci par opposition à un projet
industriel existant, et par souhait de prolonger à travers le versant
énergétique d'autres expressions de leur militantisme
écologique, ou par imitation d'un projet voisin.
Une phase de communication informelle permet de sensibiliser
à cette envie d'autres citoyens et éventuellement des élus
locaux. De manière croissante, et presque systématique ces
dernières années, une prise de contacts avec les membres de
projets similaires voisins, voire directement avec l'ADEME ou d'autres acteurs
publics, donnent régulièrement lieu à une offre de
service, le plus souvent subventionnée, d'animateurs régionaux
affiliés à la « communauté de l'énergie
citoyenne » piloté par Energie Partagée. Ces derniers
facilitent l'organisation d'un collectif de projet, en transmettant un corpus
documentaire facilitant les premières étapes de son
développement, voire en organisant des réunions de mobilisation
et d'appui à l'émergence et à la structuration des
collectifs.
Pour réaliser le projet, il leur faut trouver trois
« ressources » : des bénévoles, futurs «
associés » ou « coopérateurs », disposant de temps
et éventuellement de compétences techniques, juridiques ou
financières, des propriétaires fonciers prêts à
mettre leurs terrains à disposition ; et des ressources
financières.
Un effet très intéressant tout au long du
processus de déroulement du projet, qui concerne les collectifs citoyens
et les structures qui les accompagnent, correspond au travail de capitalisation
et de partage des connaissances, de transmission et d'apprentissage, où
on peut parler d'un « trésor de savoir populaire »,
constitué par les retours d'expérience des collectifs les ayant
précédés, ainsi que par la veille menée par les
animateurs régionaux et nationaux du mouvement Energie
Partagée.
Finalement, avec la découverte progressive des besoins
pour développer un projet, les porteurs de projets citoyens sont
confrontés à un arbitrage permanent entre :
· Le désir d'un projet vertueux, se distinguant
des développeurs classiques par un meilleur ancrage territorial, une
priorité donnée à l'investissement local, une gouvernance
collégiale et démocratique, une gestion participative et
transparente, une approche la plus écologique possible...
· Et les obligations techniques, financières, et
liées à la gouvernance même des projets, qui
conditionnent leur viabilité.
Durant mon stage, j'ai assisté à de nombreux
groupes de travail organisés par l'ADEME sur la question des collectifs
citoyens, leurs émergences et les défis à venir. J'ai eu
des missions de veille sur les nouveaux acteurs du financement participatif, et
les potentialités représentées par ces collectifs.27
28
On peut noter l'idée que bien que cette pratique tende
à se démocratiser aujourd'hui, les réseaux citoyens
possèdent encore des ressources financières relativement
réduites, ne permettant pas le développement de tous les projets
citoyens. A titre d'exemple, le fond Energie Partagée a investi en 2020
sur l'ensemble des projets choisis à hauteur de 5 millions d'euros. On
est encore loin du marché des développeurs privés, qui sur
la même période ont enregistré plus de 100 millions d'euros
de financement de projets, uniquement issus du financement participatif. On
peut cependant légitimement penser que ce mouvement citoyen va
connaître une réelle expansion dans les années à
venir, ce qui va possiblement changer la donne et devra rentrer dans les
préoccupations des développeurs historiques.
Une opposition est souvent faite également entre
collectif citoyen et développeur privé quant à la question
du financement participatif, où les premiers dénoncent
épisodiquement une forme de « greenwashing » de la
participation citoyenne.
Une réponse, proposée par Valorem, est tout
d'abord que si dans un premier temps les LF remplissent effectivement une
fonction de publicité faite au projet, elles permettent ainsi à
des potentiels investisseurs de prendre connaissance du projet là
où les associations locales ne les auraient pas atteints. Le fait que
l'investisseur potentiel participe à une première LF
proposé par Valorem peut facilement constituer un premier pas,
permettant d'aller vers une forme d'implication plus engagée lorsque les
collectifs lanceront leur propre LF. Ensuite, l'autre point essentiel sur
lequel valorem insiste est le fait de rendre la participation éligible
à un plus grand nombre de personnes ; celles qui n'auraient pas les
moyens ou l'appétence pour un investissement engageant sur le
long-terme. Ainsi, à leur niveau, même sans beaucoup de moyens
financiers, les opérations de crowdlending proposées leur
permettent de participer.
C'est notamment le rôle du RIP de gérer ce type
de conflit, de défendre le modèle financier participatif du
groupe, et d'accompagner les chefs de projet sur le terrain. Il doit aussi
réfléchir afin de proposer des montages économiques et
financiers permettant de répondre aux besoins croissants de ces
27 (Energie Partagée, 10 juin 2021)
28 (Rüdinger, mai 2019)
acteurs, et de les accompagner dans le développement de
leurs projets.
Après analyse de ces mouvements citoyens, nous
recommandons de prendre en compte l'émergence de ce bassin potentiel de
porteurs de projet, notamment du point de vue du développeur historique.
Valorem a d'ailleurs commencé à impulser le mouvement, en
commençant déjà à monter des partenariats avec
certains collectifs citoyens sur certains parcs EnR. C'est notamment le cas du
parc éolien citoyen d'Andilly les Marais, en Charente Maritime,
où Valorem a été choisi par la commune d'implantation et
le collectif citoyen porteur du projet pour travailler ensemble sur le
développement du parc.
Conclusion : Le Financement Participatif, une solution pour
répondre au défi de la transition énergétique et du
développement de la filière
Comme nous l'avons développé au cours de ce
rapport, le financement participatif, pratique largement méconnue du
public il y a encore quelques années, a émergé par le
biais du développement du numérique notamment, a
émergé et s'est démocratisé rapidement depuis 2015,
pour se hisser au rang de pratique quasiment incontournable aujourd'hui.
Bien que ce dispositif soit considéré dans ses
débuts comme un désir éthique de certains
développeurs de partager la valeur ajoutée des projets avec les
populations impactées par les projets, dans un souci
d'intégration territoriale, d'acceptabilité locale et de justice
sociale, permettant de différencier les développeurs vertueux -
comme Valorem - des développeurs classiques, il s'impose aujourd'hui
comme une nécessité pour tous, un outil tactique et
stratégique à utiliser pour mener à bien le
développement des projets. Entre autres :
· Pour pouvoir remporter les Appels d'Offres et signer
un contrat d'exclusivité afin de vendre son électricité :
le financement participatif permet de se démarquer lors de phases de
concurrence toujours plus intenses, en permettant de baisser le prix
proposé de vente de l'électricité, facteur essentiel de
succès dans la compétition. Sans quoi le développeur se
verrait dans l'obligation de devoir trouver un client pour la signature d'un
contrat de gré à gré, mission encore très difficile
et présentant le risque de devoir repousser la date de lancement de la
construction faute de pouvoir la financer ; ou alors en attendant de pouvoir
candidater à un nouvel AO ;
· Pour impliquer les citoyens et permettre le
développement des projets en jouant la carte de l'intégration
territoriale : en répondant au désir des citoyens de participer
à la transition énergétique à leur échelle,
et de s'investir dans les projets, les développeurs se dotent d'une
légitimité accrue permettant d'être mieux perçus
lors des enquêtes publiques. Ils sont plus intégrés sur les
territoires, et donc diminuent le risque des recours contentieux pour leurs
projets, malgré l'existence d'associations de lutte contre les
énergies renouvelables toujours plus actives et organisées. Le
financement participatif devient un outil pour permettre à la
majorité silencieuse de s'exprimer.
· Pour faire émerger des partenariats et des
ententes : avec l'émergence et le développement de nouveaux
acteurs qui gagnent en puissance, et qu'il convient donc de prendre en compte
dans la stratégie du groupe, le financement participatif devient un
outil intéressant pour permettre de créer des passerelles entre
les acteurs, et les réunir autour de projets communs,
par des contrats de partenariat nécessitant
d'opérer des cessions de capital et de proposer des investissements
participatifs dans les projets.
Par ces procédés, le financement participatif,
déjà fer de lance de Valorem depuis 2010, devient donc un enjeu
pour les développeurs privés en règle
générale, afin d'augmenter les chances de réalisation des
projets EnR d'une part, et d'accroître le portefeuille potentiel de
projets d'autre part. Un moyen donc d'accompagner la filière et de
répondre aux objectifs de la transition énergétique
décidé par la France et plus particulièrement au travers
de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie.
De plus, rappelons-le, le financement participatif
représente un moyen de lever progressivement des fonds de plus en plus
conséquents afin de financer les projets par l'investissement, en
mobilisant une épargne privée encore inexploitée par les
acteurs de la transition énergétique. Ce qui représente un
vaste bassin potentiel de ressources, un levier pour mobiliser des fonds
facilement pour la croissance verte de demain.
Si nous revenons à l'échelle de Valorem,
après avoir analysé l'ensemble des missions du RIP et ses enjeux,
ainsi que dans le cadre de la stratégie du groupe d'être pionnier
sur ce secteur, nous préconisons à l'organisation, pour conserver
un leadership d'innovation sur ce secteur et une cohérence d'ensemble,
de continuer à développer son service Financement Participatif,
en lui assignant de nouvelles ressources de fonctionnement.
En effet, une remarque que nous pouvons faire à Valorem
est d'avoir développé progressivement les missions du RIP, au fil
du temps et des besoins, sans avoir ouvert de nouveaux postes en
parallèle. Nous constatons donc qu'aujourd'hui, le RIP seul ne peut
contribuer efficacement à l'ensemble de ses missions, trop nombreuses
pour un seul poste. Une dynamique obligeant par nécessité le
délaissement de certaines missions au profit des plus essentielles, et
conditionnant le temps de travail à la gestion de l'existant. Par
exemple, le rôle de support auprès des Chefs de Projet, notamment
les Chefs de Projet Junior, est aujourd'hui compromise. Nous pouvons rajouter
que l'absence d'ouverture de poste est aujourd'hui un frein à
l'innovation du service, car ne permettant pas de dégager du temps de
veille pour développer de nouvelles pratiques.
Si nous admettons que le secteur continuera à
évoluer rapidement et à se diversifier, il serait pertinent
d'ouvrir un nouveau poste, en scindant le service Financement Participatif au
minimum en deux missions distinctes, en cohérence par rapport à
une dynamique de partage des tâches, à savoir :
· Un poste de gestion interne : support des Chefs de
Projet, gestion des campagnes de crowdfunding et du portail MPV et coordination
avec Lendosphere, avec un rôle d'amélioration continue du service
et d'innovation des pratiques au sein du groupe ;
· Un poste de représentation externe :
représentant médiatique et chargé des relations
extérieures, gestion des partenariats et prospection pour de nouveaux
investissements, avec un rôle d'innovation dans les montages financiers
proposés, en quête de financements innovants pour le groupe.
Ainsi, le service financement participatif pourrait continuer
à être efficient dans la gestion de ces missions au quotidien,
tout en étant disponible et à l'écoute des
évolutions du secteur, afin de conserver son titre de pionnier et
d'être à la pointe de l'innovation.
Pour conclure, le financement participatif dans les
énergies renouvelables est un secteur en constante évolution
depuis sa démocratisation récente. C'est un véritable
couteau suisse pour les développeurs historiques pour accompagner les
projets, accroître leur légitimité sur les territoires,
remporter des contrats et se démarquer des concurrents. C'est
également un secteur qui fait face à de nombreuses
opportunités et menaces, notamment dû à l'émergence
et l'évolution rapide de nouveaux acteurs de la transition
énergétique, obligeant les développeurs à imaginer
de nouvelles façons de faire ensemble. Enfin, c'est un outil aujourd'hui
essentiel pour impulser la transition énergétique, dont les
pouvoirs publics, qui l'ont bien compris, se saisissent au travers des Appels
d'Offres, un outil voué à continuer à se diversifier et
à prendre de l'ampleur dans un futur proche.
Bilan Personnel
Ce stage de fin d'étude fut pour moi un temps
très formateur. Au côté de M. Rumolino et grâce
à la confiance qu'il a manifestée, j'ai pu développer mes
compétences à travers la réalisation de mes missions et
les tâches qui m'ont été confiées, et être
force de proposition. J'ai eu ainsi le sentiment important d'être acteur
de mon stage, de répondre à des attentes tout en pouvant proposer
de nouvelles actions, et être libre de participer et donner mon avis
quand je le souhaitais. Enfin, j'ai pu découvrir, comprendre et
intérioriser le fonctionnement de l'entreprise et passer d'un
schéma d'apprentissage scolaire à celui de formation
professionnelle, soit un savoir-être d'entreprise, un point essentiel
pour un stage de fin d'étude et avant mon insertion professionnelle
future.
De plus, j'ai eu le loisir de découvrir la
filière des énergies renouvelables et le secteur du financement
participatif en détail, les fonctionnements, enjeux et défis de
chaque branche. M. Rumolino a d'ailleurs été
particulièrement attentif à me donner toutes les informations
nécessaires pour ma compréhension et mon action au sein du
secteur. Je maîtrise aujourd'hui davantage le fonctionnement des projets
d'Energies Renouvelables, ainsi que l'organisation et les implications du
financement participatif dans ce domaine, de façon pluridisciplinaire,
faisant appel à des connaissances économiques,
financières, juridiques et administratives.
Ce stage m'a particulièrement formé au
métier de Chargé de crowdfunding de manière
générale, comprenant les rouages du financement participatif que
je pourrais d'ailleurs adapter dorénavant à d'autres secteurs de
métier également, comme la mobilité douce,
l'efficacité énergétique, ou tout autre branche de la
transition énergétique faisant appel au crowdfunding.
J'ai pu également développer des
compétences professionnelles transversales, notamment en gestion de base
de données avec une maîtrise du logiciel Excel, mais aussi en
communication, en gestion de site internet et support visuel, en
réalisation d'enquête, ou encore en cartographie avec
l'apprentissage du logiciel QGIS. Compétences que j'ai pu
compléter par l'apprentissage d'une méthodologie professionnelle
: gestion des réunions, brainstorming, veille stratégique et
réalisation de Benchmark, importance de la communication interne, ainsi
qu'un ensemble d'outils et de savoir-faire d'entreprise essentiels pour
travailler efficacement en équipe et au sein de l'organisation.
Les difficultés rencontrées sont essentiellement
liées à la crise sanitaire et au développement du
télétravail, posant certaines limites à
l'intégration au sein de l'entreprise, ce qui a pu parfois être
difficile pour trouver mes repères, rencontrer et partager avec les
autres collaborateurs du groupe, notamment au début du stage. Un autre
point négatif à relever concerne l'absence de travail en
équipe
qui a parfois pu être éprouvée comme une
difficulté. En effet, tout en étant constamment relié
à de nombreux protagonistes au sein de Valorem, mes missions m'ont
souvent conduit à travailler seul. Une situation que j'ai pu regretter,
mais qui m'aide finalement à préciser mon projet professionnel,
et notamment à comprendre que je me destine plus particulièrement
à des métiers impliquant un travail en équipe, au sein
d'équipes possiblement plus réduites mais plus impliquées
collectivement.
En termes de relation entre la formation de Master
dispensée par l'Université de Clermont Auvergne et ce stage au
sein du groupe Valorem, je trouve finalement un lien relativement faible. Quand
le master m'a apporté beaucoup en analyse économique, et en
savoir théorique, et que l'université de manière
générale m'a permis de me former une culture
générale importante et un certain esprit critique, ainsi que des
compétences certaines en recherche, analyse et synthèse, je me
suis retrouvé désarmé face au milieu professionnel.
L'opposition classique du cadre théorique à la pratique, de
l'université au milieu professionnel, où les connaissances
développées pendant ma formation ne m'ont apportées qu'une
utilité marginale lors du stage. Cependant, il est certain que mon
stage, autour du financement participatif chez Valorem, ne peut pas être
considéré comme une suite logique du master. Il est donc probable
que le master m'aurait été plus utile si j'étais parti
dans des institutions axées sur l'économie du
développement, comme l'Agence Française du Développement
(AFD), où j'aurais pu retrouver des disciplines
développées lors de la formation.
Pour conclure, ce stage a rempli ses objectifs, en me
permettant de mettre un premier pied dans le monde professionnel avec
succès, et qu'il m'a permis d'améliorer le ciblage de mon projet
professionnel et de mes objectifs, donc de faire évoluer ma
réflexion. En comparaison avec mon service civique,
réalisé en 2019 au sein de l'association La Maison des Peuples et
de la Paix à Angoulême, je pense que je me sens finalement plus
impliqué dans un modèle associatif.
J'ouvre finalement une dernière parenthèse qui
m'est personnelle, et n'implique en rien le groupe Valorem ni ma formation de
Master. Tout au long de mes études, et pendant le déroulement du
stage, j'ai été amené à réfléchir et
à me questionner sur les meilleures alternatives pour répondre
à la crise du dérèglement climatique et de
l'épuisement des ressources. Je me suis demandé comment
contribuer à cette réponse le plus efficacement possible avec les
compétences qui me sont propres. Cet objectif m'a conduit à
considérer la question du développement durable au cours de mon
Master, puis celle du développement des énergies renouvelables
durant ce stage (deux visions de la transition écologique et
énergétique), par le prisme de la croissance « verte ».
Au fil de mon expérience, et avec l'imminence des conséquences du
changement climatique auxquels nous allons être confrontés dans un
futur très proche, notamment à cause des boucles de
rétroactions climatiques qui s'annoncent
29 (GIEC, 2021)
particulièrement destructrices29, il me
semble qu'aujourd'hui parier uniquement sur la croissance « verte »
ne pourra pas nous permettre de lutter efficacement contre les risques qui
accompagnent l'anthropocène. En effet, si on part de l'hypothèse
pessimiste de soutenabilité forte, les capitaux naturels ne sont pas
substituables, et leur perte ne pourra être compensée par le
progrès technique. Je pense donc qu'avec la contrainte de temps
posée par la crise écologique, remplacer une croissance «
classique » par une croissance « verte », sans réellement
changer nos modèles de société, ne nous permettra pas
d'éviter les catastrophes.
Si nous prenons l'exemple de l'énergie, depuis la
première révolution industrielle et l'arrivée du charbon
sur le marché mondial, en passant par la découverte du
pétrole et jusqu'au développement des énergies
renouvelables aujourd'hui, nous n'avons eu de cesse d'être dans une
logique d'additionnalité, et non de substituabilité (J.
Jancovici). Même en développant des technologies toujours plus
performantes, l'augmentation parallèle continue de nos consommations
individuelles et collectives augmente toujours plus nos émissions de gaz
à effets de serre.
Bien que la croissance verte soit un atout indéniable pour
inverser la dynamique de la crise, on peut légitimement s'interroger sur
la hiérarchisation des solutions à développer pour
préserver notre futur. En effet, dans un premier temps ne faudrait-il
pas mieux cibler un changement culturel, par la remise en question du «
mythe de l'abondance » - introduite par l'exploitation intensive et sans
discontinuité des énergies fossiles - et la valorisation du
concept de résilience ? Ainsi ne serait-ce pas plus pertinent de se
concentrer sur une réduction de notre consommation
énergétique, dans une dynamique de société
tournée vers la résilience ? Et donc de changer nos
représentations culturelles induisant des comportements vis-à-vis
de l'énergie. Ne serait pas finalement plus efficace qu'un simple
changement des modes de production ?
Cette réflexion a contribué à orienter mon
projet professionnel vers l'accompagnement de pratiques plus résilientes
pour faire évoluer nos sociétés vers un monde
véritablement durable. La « mobilité douce » me semble
par exemple une bonne piste pour commencer.
Adrien Thomas
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