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La réutilisation des bouteilles plastiques ramassées, le phénomène « tuma ntshupa ». Une analyse criminologique des pratiques et des logiques.( Télécharger le fichier original )par nicolas bwasenga shimba univerité de Lubumbashi - Master 2016 |
II.5. la pratique « Mayi ya Moto »Outre toutes ces pratiques susmentionnées, nous sommes arrivés à la pratique de l'utilisation de « l'eau chaude » pour désinfecter les bouteilles ramassées. En effet, cette pratique suscite des discussions dans le monde des acteurs auprès desquels nous avons eu à effectuer notre recherche. Les uns supposent que cette pratique n'intervient que dans le cas où les bouteilles sont froissées, afin de les retourner à la normale. Ils disent que si les bouteilles sont normaux, les nettoyer avec de l'eau chaude les déformeraient. Les autres pensent que, c'est dans les sens de désinfecter les bouteilles des bactéries qu'ils font recourt à cette pratique. Un acteur s'explique sur cette pratique : « Toutes les bouteilles, je ne les lave pas avec de l'eau chaude seulement les bouteilles froissées que j'utilise de l'eau chaude pour les ramener à leur forme normale ». 76 déforme, à la place quelques fois j'utilise « Le javel » pour les désinfecter si j'en ai... ». Or, nous étant scientifique, nous savons que l'eau chaude ne peut pas exterminer toutes les bactéries parce que, certaines bactéries ont la capacité de résister même à 100°C d'où ils parviennent à former les spores comme moyen de défense. Il faudra aussi noter au-delà de tout que, cette pratique oppose encore des discussions entre scientifiques pour les bouteilles des boissons gazeuses, de l'eau et autres, entre autres les bouteilles PET. Certains scientifiques, En effet selon une étude menée par le Centre Africain pour l'Eau potable et assainissement portant sur la gestion des déchets plastiques dans l'espace UEMOA,( novembre 2011), il est énoncé que les plastiques sont issus majoritairement du pétrole ou du gaz naturel et sont composés d'éléments comme le Carbonne, l'hydrogène, l'oxygène, l'azote ou soufre, comme c'est le cas des bouteilles plastiques qui fait partie de ce qu'on appelle PETE ou PET : Polyéthylène Téréphtalate qui représente environ 32% des plastiques. Il contient du HDPE (high-density polyethylene) et de l'antimoine, de substances cancérigènes dont les doses augmentent avec la durée de conservation. Il serait dangereux pour la santé et porterait atteinte à la fertilité tant chez les hommes que chez les femmes. Et celles-ci posées à des températures élevées accentueraient la libération de ces substances cancérigènes. Les acteurs de la réutilisation des bouteilles plastiques ramassées font recours à la pratique « Mayi ya moto » pour désinfecter les bouteilles, et pour remettre les bouteilles dans leurs formes initiales. Mais ces acteurs ignorent la composition chimique des bouteilles plastiques et la réaction qu'entraine le contact des bouteilles avec de l'eau chaude. En effet, il est à noter que, chaque fois qu'on été en contact avec les acteurs ramasseurs-vendeurs, et lorsqu'on voulait savoir le but final de ce ramassage et la vente. Savoir si ces bouteilles ramassées sont destinées à quelle usage ; la réponse a toujours été « nous, on ramasse et on vend seulement, nous ne savons pas que ce qu'ils en font ». Le dynamisme du secteur informel repose sur sa spontanéité et sa capacité à s'adapter pour investir tout site d'activité rémunératrice potentielle. Il offre, notamment, des perspectives à des personnes sans qualification, « laissés pour compte » du système d'éducation, sans ressources, et surtout à des ruraux en difficulté. La notion de 77 « débrouillardise », fortement mise en avant par les artisans, est une notion socle. Fabrice Escot (2014 :108). C'est ainsi que, dans les phrases qui suivent nous avons ressortis les logiques qui sou tendent cette activité de ramassages, achat et vente des bouteilles ramassées pour la réutilisation et nous les avons explicité. 3. LES LOGIQUES SOUS-TENDUES DANS LA REUTILISATION DES BOUTEILLES PLASTIQUES La réutilisation des bouteilles plastiques peut être appréhendée de différentes manières, selon qu'on s'intéresse à tel ou tel autre, ou encore d'une réalité à une autre. En se basant sur les discours des acteurs, la réutilisation des bouteilles exprime une forme de débrouille des acteurs dans une logique de survie. Nous avons dépassés cette manière de comprendre la réutilisation des bouteilles plastique en inscrivant cette activité dans une logique de réduction des déchets plastiques. Car, nous avons compris que la réutilisation des bouteilles plastiques concourait à réduire les déchets plastiques dans la ville de Lubumbashi. Les couches défavorisées voient dans la réutilisation des bouteilles plastiques un accès facile à certains produits alimentaires qui couteraient plus chers dans les magasins. La réutilisation des bouteilles plastiques est comprise dans ce sens comme un équilibre socio-économique. 1. La logique de survie La plupart des acteurs trouvés sur terrain, avouent ne pas avoir une autre occupation à part celle du ramassage, de l'achat ainsi que de la vente des bouteilles plastiques. La réutilisation des bouteilles plastiques est comprise ici comme le moyen par lequel ces acteurs se débrouillent pour survivre. Parlant du concept de débrouille comme économie de survie, cette population exerçant cette activité considérée comme informelle parce que, ne respectant aucune norme sanitaire, (G. de Villers 2002 : 11) définit l'activité informelle comme étant des activités échappant au cadre institutionnel et réglementation officielle de l'économie, qui sont dès lors non contrôlées et non enregistrées et, à des degrés divers. En dépit du fait qu'elles sont les plus souvent pratiquées au grand jour, ne se conformant pas à la règlementation ou ayant un objet contraire à la loi. Le développement de cette activité comme moyen de survie, est engendré par une dimension de crise, ce qui induit le développement de l'économie informelle ou des pratiques informelles, celles de ramasser les bouteilles plastiques. Ce ramassage, comme nous l'avons déjà souligné, ne se réfère à aucune norme sanitaire. Les bouteilles sont ramassées quel que 78 soit leurs états, l'essentiel est qu'elles gardent juste leur forme afin d'être soit revendue (marchandise) ou réutilisée pour y vendre de la marchandise, de l'eau froide, du vin, du jus et autres... tout en ignorant la provenance de ces bouteilles lors du ramassage au dépotoir. « Baba (papa) s'il y avait du boulot au Congo, je ne pouvais pas effectuer ce travail, au lieu de voler mieux vaut que je vienne ramasser même les bouteilles au dépotoir pour aller revendre afin de faire vivre ma famille... » Pour cet acteur, la réutilisation des bouteilles plastique est un entreprenariat par manque de boulot officiel. La plus part des acteurs se disent « chômeurs » par conséquent, ils se lancent dans cette activité qu'ils considèrent aujourd'hui comme étant bénéfique pour eux parce qu'elle les permet de survivre malgré le maigre revenus. La prolifération des activités économiques informelles telle que la réutilisation des bouteilles ramassées pour des produits alimentaires peut être alors interprétée comme une réponse à la situation de crise économique et sociale profonde que traverse le pays. Elle exprime une stratégie de survie conçue par les familles démunies. Cette situation est expliquée par Mvodo P. (2002 :114), comme l'esprit combatif du congolais et son instinct de survie qui ont pris le dessus sur sa situation de misère. Car étant informés de tous les malheurs qui se sont abattus sur la société congolaise, d'aucuns s'imaginèrent que les rues et avenues seraient rapidement jonchées de cadavre. Mais Dieu merci souligne le même auteur, lorsque les gens ont compris que la situation de crise perdurait, ils ont entrepris de sauver ce qui pouvait l'être. Plus encore que dans la période antérieure, les formules magiques de l'existence quotidienne sont entre autre « se débrouiller », les initiatives privées se sont multipliées dans lesquelles nous classons aussi la pratique de ramassage et réutilisation des bouteilles plastiques « phénomènes Tuma Nthsupa ». Dans ce domaine, le développement des activités informelles, les femmes jouent un rôle moteur. Nombreuses sont celles qui assument un rôle de chef de famille, car, le ramassage, l'achat, la vente et la réutilisation des bouteilles plastiques leur sert de moyen de subsistance. C'est ainsi que, dans une enquête initié par (Nkulu, K. et Marcel, R. 2002 :6667), ils soulignent que « la population de la ville de Lubumbashi a une longue liste de petites activités auxquelles elle recourt pour survenir à ses besoins. Ils ont estimé que toutes ces activités font partie des activités dites de « débrouille ». Beaucoup d'entre elles se croisent tantôt avec le petit commerce, tantôt avec les petits métiers ». À cette liste non exhaustive L'anomie est une des formes de la tension globale entre les buts que fixent la culture d'une société et les moyens socialement admis pour les atteindre. Ainsi de tous coté s'exerce 79 d'activité qui permet à la population de Lubumbashi de survivre, nous y ajoutons la réutilisation des bouteilles plastique ramassées, qui est un processus et une activité lucrative pour les acteurs. Pour justifier notre idée, MacGffey (Nkonde, N. et Rémon, M. 2002 :67), écrit que « le peuple a pris son destin en mains et est parvenu à organiser une économie parallèle afin de pallier l'incapacité de l'économie formelle » ; qui, du reste est par terre. Le recourt aux activités de ramassage et réutilisation des bouteilles plastiques devient de plus en plus nécessaire pour suppléer aux déficits familiales. L'organisation d'une structure sociale et le poids des inégalités économiques seraient criminogènes comme l'affirme Faget, J. (2013). Cela s'explique par le fait que nous sommes dans une société qui ne permet pas à tout membre de la structure sociale d'accéder aux besoins qu'il ressent facilement ; dans un monde où la théorie de DARWIN est en vigueur. Parce que il faut survivre et s'adapter, question de s'adapter les individus tombent dans des pratiques avec la réutilisation des bouteilles plastiques, et qui leur permettent tant soit peu d'accéder aux besoins ressentit et c'est ce qui nous pousse à faire recourt à la théorie de l'anomie dans notre travail. L'anomie, n'étant pas la conséquence d'un état morbide ou anormal de la société, mais plutôt le produit de la structure sociale comme le souligne (Faget, J.2013). Et partant de l'interrogation de Merton cité par (Faget, J. 2013), comment des structures sociales peuvent elles, dans des cas déterminées, pousser des individus à adopter un comportement déviant ? Pour le savoir Merton a distingué deux éléments dans la réalité que nous adaptons aussi à la situation de nos résultats : - Les buts, les intentions et les intérêts définis par la société ; - Et les moyens légitimes pour atteindre ces buts. En effet, pour la plupart de nos interviewés, le but est de vendre les bouteilles et d'en réutiliser pour arriver à une finalité qui est l'obtention d'argent de survie , parce qu'ayant des familles à nourrir, des besoins à remplir. Comme ils n'ont pas l'accès facile à l'argent par conséquent ils se créent une manière qui leur permet de couvrir les deux bouts. « La gestion des déchets en matières plastiques dont fait partie les bouteilles plastiques posent assez des problèmes, il n'existe donc 80 une pression qui valorise la réussite financière, « l'accroissement de ses revenus », qui prône une combativité sans relâche pour atteindre l'idéal. or, souligne Merton (Faget, J., 2013), les mécanismes économiques ne permettent pas à tous d'accéder légalement à la richesse. Il s'ensuit donc des phénomènes de déviance afin de s'adapter ; c'est ce que nous avons pu déduire du phénomène de pratique de ramassage et de la réutilisation des bouteilles plastiques qui, déjà interdit mais pour une question d'adaptions à des situations financières, elle se poursuit si bien que c'est dans l'illicites. « ...je viens ici pour chercher mon argent de poche en ramassant les bouteilles plastique et les revendre, je gagne parfois dans le 5 000fc par jour et ce qui m'a entrainé à faire ce boulot c'est la situation du pays pour ne pas rester dans le quartier à ne rien faire je me suis intégré dans ce travail... » « Ce qui me pousse à ramasser les bouteilles, c'est tout simplement l'esprit de créativité, afin de subvenir à mes besoins et celles de ma famille vu qu'il n y a pas de boulot ; pour éviter de voler, je serais arrêté et laisser ma famille souffrir... » Ces acteurs sur terrains, chacun étant soumis à des tensions différentes, tentent de les résoudre à leur façon, et ainsi s'adapter au phénomène économique collectif. Pour certains c'est la situation de famille, des études et autres... qu'il tente d'assouplir par le phénomène de ramassage et réutilisation des bouteilles plastique au dépotoir. Les autres parce qu'ils ont été entrainé afin de subvenir aux situations économiques de leur famille, les autres aussi c'est juste pour subvenir à leur besoin personnel. Une autre logique sou tend la réutilisation des bouteilles plastiques, il s'agit de la logique de réduction des déchets plastiques. 2. La logique de réduction des déchets plastics En effet, concernant la réutilisation des bouteilles plastiques, après que nous ayons effectué le terrain, nous avons compris que la gestion des bouteilles plastiques comme déchets poserait assez des problèmes ; comme nous a aussi confirmé un inspecteur chargé de service technique de l'environnement de la Mairie de Lubumbashi : La matière plastique présente des problèmes spécifiques, la quantité du plastique que l'on trouve dans nos déchets augmente plus vite que n'importe quel autre composant 81 pas une politique sur le plan institutionnel devant régir cette gestion. C'est ainsi que nous tombons dans la réutilisation par les particuliers, parce que pour les institutions Etatiques la solution par rapport aux bouteilles plastiques (déchets) ne viendra qu'avec le partenariat signé entre la Mairie et les sud-africains pour le recyclage des déchets plastiques et ce, d'ici 2020 et dont le site est en plein aménagement, d'où l'on voit ces gens les ramasser et les réutiliser on y peut rien avec la conjoncture du pays... ». La réutilisation des bouteilles plastiques vient comme une substitution des politiques publiques de gestion des bouteilles plastiques pourtant inexistante dans l'administration publique. Le discours de l'inspecteur dévoile le coté fonctionnel des pratiques de réutilisation des bouteilles plastiques ramassées. Cette manière d'appréhender la réutilisation des bouteilles plastiques nous éloigne de conceptions selon lesquelles ces pratiques sont problématiques. Car, le réemploi des bouteilles plastiques ramassées pourrait paraitre problématique sur le plan de la sécurité sanitaire, mais joue un grand rôle dans la réduction de ces déchets plastiques. La réutilisation ne constitue pas vraiment un problème comme nous l'avons souligné précédemment, parce qu'elle répond à une des stratégies de gestion des déchets. A travers cette étude, nous nous sommes intéressés beaucoup plus dans les pratiques qui accompagnent cette réutilisation. Nous trouvons qu'elle est fonctionnelle dans la mesure où elle concourt au traitement, et à la réduction des déchets plastiques. Cette réutilisation est un moyen de traitement des déchets parmi tant d'autres, car, notons qu'au niveau du dépotoir tous les déchets sont traités par incinération sans tenir compte d'aucune norme technique ou environnementales. Et qui produirait beaucoup des problèmes avec l'avènement du réchauffement climatique. Surtout qu'il faudra noter qu'il n'existe aucune politique en matière des déchets plastiques dans la ville de Lubumbashi, sur le plan institutionnel. Des études ont relevé que la gestion des déchets, étant une des branches de la rudologie appliquée, est la collecte, le transport, le traitement, la réutilisation ou l'élimination des déchets, habituellement ceux produits par l'activité humaine, afin de réduire leurs effets sur la santé humaine, l'environnement, l'esthétique ou l'agrément local. 82 d'ordures. Plus de la moitié provient des emballages, les plastiques sont des polymères chimiques formés des chaines des composés carbonés. Les propriétés des nombreuses sortes de plastique, sont différentes selon leur composition chimique. La plupart des plastiques sont chimiquement stables, ne se déchirent ou ne se décomposent pas facilement. Cette caractéristique, essentielle pour l'emballage de certains produits comme les aliments, engendre des problèmes sur le long terme. En fait, « la plupart des déchets en plastiques jetés dans des décharges subsisteront probablement des siècles » (Raven, P., Berg, L, -R. et Hassenzahl, D., 2009). D'où la nécessité de les réutiliser pour ainsi prolonger leur vie et diminuer leurs effets négatifs sur l'environnement. C'est ainsi que souligne un des acteurs que : « Si l'Etat ne fait rien avec ces bouteilles, et que nous nous en avons besoin est-ce c'est un problème ? Au lieu de le laisser les bruler mais nous les ramassons... on aide d'ailleurs à diminuer la quantité de déchets à bruler... » Partant des principes généraux de gestion de déchets plastiques, dans les pays en développement, les pratiques de gestion des déchets liquides et solides en particuliers contredisent les principes de prudences écologique et de développement durable, plus encore que dans les pays industrialisés. Ces pratiques ont des impacts désastreux à court et long terme, pour la santé des populations, le sol et les ressources. La situation est particulièrement critique dans les villes où les densités élevées de population concentrent les déchets et compliquent les problèmes tel qu'il en est le cas de la ville de Lubumbashi. Les besoins en assainissement sont rarement couverts de manière satisfaisante par des autorités compétentes. (Gestion Durable des Déchets et de l'Assainissement Urbain, 2000 : 09). La gestion des déchets est régit par une règle de trois « R » qui constitue les stratégies à adopter pour une bonne gestion : - Réduire les déchets ; - Réutiliser ; - Recycler. La hiérarchie des stratégies a plusieurs fois changé d'aspect ces derniers années, mais les concepts sous-jacent ont demeuré la pierre angulaire de la plupart des stratégies des déchets : utiliser au maximum les matériaux et générer les minimum de rebuts. 83 En effet, selon Kassay, N. dans une revue publiée in Environnement, changement climatique et sécurité alimentaire le 17 Mars 2015. « Les problèmes de gestion des déchets solides, liquides, toxiques et surtout en matière plastique ont atteint des proportions telles que les mesures prises à différents niveaux d'administration se sont révélées infructueuses. Le public, les acteurs privés formels comme informels et les chercheurs sont tenus éloignés des sphères d'analyse et de décision. Il suffit de traverser les avenues de Kinshasa pour constater les effets de la nuisance des sachets en matières plastiques dallés au sol de partout comme un pavement ». D'où nous pensons que la réutilisation est un des moyens visant à réduire les déchets plastiques sur la ville et aussi de rallonger leur vie, vue qu'il n y a aucune politique institutionnelle répondant aux normes environnementales. C'est vraiment une fonction latente que remplit cette réutilisation, si bien que problématique sur le plan de la sécurité sanitaire parce que, elle se fait sans assistances d'aucun service technique d'hygiène. En effet, souligne Zombre C. (1997 :09), la ville de Lubumbashi, « à l'instar des grandes villes notamment Africaines se trouve ainsi confrontée à des multiples difficultés pour la collecte, le transfert et l'élimination des déchets. Les impacts environnementaux et sanitaires du problème sont notoires ». Il continue en disant que : « les emballages plastiques envahissent quantitativement le paysage de la ville. Leur prolifération revêt à cet égard, un effet néfaste pour l'esthétique du cadre de vie et enlaidit ainsi certains aménagements urbains ». Les bouteilles plastique jouent aussi le rôle de capteurs pour les autres types de déchets et arrivent ainsi à boucher certaines canalisations notamment du réseau d'égouts urbain. Elles seraient aussi, étant classée dans les déchets plastiques, à l'origine d'une certaines imperméabilité des sols contribuant ainsi à la dégradation du milieu. Les réutiliser serait pour nous, une bonne manière de les gérer et ainsi de répondre aux principes écologiques d'utiliser au maximum les déchets et produire moins des rebus. La réutilisation des déchets plastiques répond aussi à une logique d'équilibre social économique. 3. La logique d'équilibre socio-économique. Les bouteilles qui sont sujettes de la réutilisation proviennent des produits manufacturés vendus dans des magasins, super marchés et autres centres commerciaux. Il y a certaines couches de la population qui n'ont pas la capacité financière d'accéder à ces produits qui couteraient plus cher. C'est ainsi qu'à travers la réutilisation des bouteilles 84 plastiques, des produits comme l'huile, l'eau, le jus et autre, sont accessibles à toutes les couches de la population. En voici un récit illustratif. « Papa la vie est difficile, alors que tout le monde doit manger, vous savez que tout le monde n'est pas capable d'aller se procurer un seau d'huile ou une bouteille dans un magasin parce que ça coutent chère. Nous avons donc jugé bon de multiplier les bouteilles afin de permettre à tout le monde, riche ou pauvre d'accéder à ce produit. C'est pourquoi ces derniers temps nous sommes arrivés jusqu'à vendre de l'huile même dans le « ya mado » pour permettre même au plus démunis de manger et de griller sa nourriture... » En effet, il faut noter que les bouteilles ramassées et qui sont réutilisées ne sont seulement pas fonctionnelles uniquement pour les acteurs du dépotoir. Mais au-delà de tout, elles contribuent à l'équilibre socio-économique de la population de la ville de Lubumbashi. Car, ces bouteilles sont réutilisées pour la plus part pour des produits alimentaires. A travers l'observation, nous avons pu desceller que la plus part des bouteilles ramassées sont acheminées dans les grands marchés de la ville, entre autre le marché « Rail » se situant à l'entrée ville de Lubumbashi sur la route Likasi. Ce marché est le premier à accueillir les bouteilles ramassées pour une réutilisation avec des produits alimentaires tel que de l'eau, de l'huile, du miel, du jus et autres... Après analyse, nous avons compris que la plupart des ménages de la ville de Lubumbashi tombe dans la réutilisation de ces bouteilles, parfois tout en ignorant la provenance de celles-ci. Les produits se trouvant dans une bouteille réutilisée coûtent moins cher économiquement que le même produit dans un emballage manufacturé, et cela va de l'huile jusqu'à l'eau. Toujours dans la recherche empirique, nous sommes descendus dans le marché pour nous enquérir de la situation, nous avons constaté que, de l'eau dans une bouteille de 50cl manufacturée couterait cinq fois plus chère que l'eau vendue dans une bouteille réutilisée, parfois ayant le même logo. Avec de l'huile une bouteille de 75cl d'huile manufacturé, coute plus cher qu'une bouteille de 1.5l d'huile dans une bouteille en réutilisation. Et cette situation de réutilisation des bouteilles plastiques prend de l'ampleur chaque jour qui passe. Vous comprendrez qu'au début, c'était les clients eux-mêmes qui amenaient leurs bouteilles 85 pour qu'on leurs mettent de l'huile ou autre produit ; et maintenant tout est déjà au marché. Les bouteilles ramassées constituent une marchandise pour une classe de la population. Cette valeur engendre par conséquent un certain nombre des pratiques, et qui font l'objet de notre recherche. Ainsi, nous pouvons partir avec l'idée des théories de tension évoquées par FAGET, J (2013), pour essayer d'expliquer ce qui rend les individus créatifs jusqu'à tomber dans la déviance. Pour notre cas, dans la pratique de réutilisation des bouteilles plastique qui, officiellement est prohibé ou interdite par un arrêté du Maire de Lubumbashi. Mais vu le poids de la tension entre les aspirations et l'impossibilité qu'ont les individus de les réaliser, le conduit à mobiliser des comportements innovateurs. Ainsi, au terme de ce chapitre, il importe de noter que les indices analysés sont sujets à discussion car trop ancré dans les stéréotypes que la société se construit et présente comme modèles pour la réutilisation des bouteilles plastiques. Or, les modèles sociétaux sont très loin de rencontrer l'approbation unanime des acteurs sociaux. (Lupitshi, N.2013 :286). C'est pourquoi dans notre travail il y a des avis différents sur la réutilisation des bouteilles plastiques ramassées. Ainsi, ce travail est une compréhension de la réutilisation des bouteilles plastiques ramassées tels qu'elle s'observe dans la ville de Lubumbashi. 86 CONCLUSION GENERALE Notre travail a abordé la réutilisation des bouteilles plastiques ramassées dans la ville de Lubumbashi. En effet, dans notre travail il a été question d'analyser d'une manière criminologique les pratiques concourants à la réutilisation des bouteilles plastiques et ce, partant des processus de ramassage de ces bouteilles jusqu'à la réutilisation proprement dite. Ainsi, ce travail tente de répondre à la question : comment comprendre la réutilisation des bouteilles plastiques dans la ville de Lubumbashi ? Cette question a été complétée par quatre sous-questions pour nous aider à clarifier cette activité : ? Quelles sont les pratiques utilisées dans le réemploi des bouteilles plastiques ? ? Quel est le contexte d'émergence de ce problème ? ? Comment s'organisent les pratiques dans le recueil et le réemploi des bouteilles plastiques ? ? Quelles sont les logiques de la réutilisation des bouteilles plastiques ramassées ? Pour analyser et comprendre cette activité de réutilisation des bouteilles plastiques ramassées, nous avons opté pour l'acteur social, le fonctionnalisme et l'anomie qui se sont avérées pertinentes pour la lecture des matériaux empiriques. Les acteurs impliqués dans le processus de réutilisation des bouteilles plastiques sont des acteurs déterminés par le social, le social motive leurs actions au dépotoir. En outre, les textes règlementaires du ramassage et réutilisation des bouteilles plastiques existent mais il faut noter que l'application poserait problème sur terrain. Et afin, cette activité du ramassage remplit certaines fonctions latentes, elle intervient comme substitut aux politiques publiques en matières des déchets plastiques qui n'existerait presque pas sur le plan institutionnel. Notre démarche méthodologique, qui nous a conduits à la recherche des réponses aux questions que nous nous sommes posés, s'est inscrite dans une approche qualitative et inductive de type phénoménologique. C'est donc le terrain qui nous a conduit jusqu'au résultat présenté. Comme techniques de recueil des données, nous avons mobilisées l'observation directe, l'entretien semi-directif dans les interviews avec les acteurs impliqués dans le processus de la réutilisation de ces bouteilles plastiques. Ainsi, pour parvenir à l'analyse des données recueillis nous avons opté pour l'analyse thématique qui nous a servi d'analyser le corpus empirique de notre travail. Pour accéder aux données empiriques, c'est 87 fut la Mairie de Lubumbashi dans son service de l'environnement qui nous a accueilli pendant une période de deux mois pour un stage professionnel et de recherche. Après analyses des données il ressort que, le bouteilles plastiques est une activité qui implique plusieurs acteurs de tout âge confondus, que nous avons identifiés et nommé sous le terme profil d'acteurs impliqués dans la réutilisations des bouteilles plastiques. Pour bien les comprendre nous les avons subdivisés en deux catégories, en tenant compte de leurs âges et motivations. Dans le but de répondre à une des questions de départ, nous avons pu identifier les pratiques dans la réutilisation des bouteilles plastiques et nous avons compris que la réutilisation des bouteilles plastiques serait problématique si elle est faite pour des produits de consommation dans nos marchés parce que le moyen de nettoyage de ces bouteilles ramassées ne répondrait pas aux exigences sanitaires. Enfin, nous avons ressortis les logiques qui sous-tendent la réutilisation des bouteilles plastiques, en analysant cette activité nous sommes arrivés à trois logiques : la logique de survie, par le ramassage et la réutilisation des bouteilles plastiques, une catégorie de la population trouve une réponse bricolée à une situation de crise que traverse le pays ; en outre, cette activité répond à la logique de réduction de déchets plastiques dans la ville de Lubumbashi, en réutilisant les bouteilles les acteurs répondent à un des principes de l'écologie, utiliser au maximum un déchet afin de produire moins des rebus du matière plastique dans la nature parce qu'étant indigestibles par celle-ci. Et enfin, nous sommes arrivés au résultat que la réutilisation des bouteilles donne réponse à un équilibre socio-économique, vu que tout ce qui est vendus dans ces bouteilles est moins chers économiquement en conséquence, elle permet l'accès à certains produits qui seraient difficilement accessible pour une catégorie d'acteurs, économiquement dans une alimentation ou dans un magasin. 88 |
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