Les déterminants géopolitiques congolais comme facteurs de l'émergence de la République Démocratique du Congopar Jeremie KANKU WA KADIMA Université de Kinshasa (UNIKIN) - Licence 2020 |
CHAPITRE III. DETERMINANTS GEOPOLITIQUES CONGOLAIS ET EMERGENCE DE LA RDCCe chapitre porte une analyse spécifique sur les déterminants géopolitiques congolais appréhendés comme les fondements de l'émergence de la RDC. Ce chapitre est subdivisé en trois principales sections, la première est consacrée sur la gouvernance politique et l'émergence de la RDC, la deuxième analysera les déterminants socio-économiques et culturels face à l'émergence de la RDC et enfin la troisième s'articulera sur les critiques et perspectives. Section I : LA GOUVERNANCE POLITIQUE ET EMERGENCE DE LA RDC.La bonne gouvernance politique s'avère très éloignée de la réalité dans bon nombre de pays. En effet, les abus des droits de l'homme, la corruption et l'insécurité légale entravent le développement, la paix et la prospérité dans le secteur privé et freinent la croissance économique. Il est presque impossible de briser le cercle vicieux de la mauvaise gouvernance et de la pauvreté en l'absence d'un gouvernement réformé et transparent, responsable envers l'électorat et engagé vers le changement63(*). Nous soutenons l'idée selon laquelle la bonne gouvernance politique n'est rien d'autre que la gouvernance démocratique. Dans ce sens, l'U.E soutient que la gouvernance démocratique contribue aux objectifs du développement. Elle s'applique aux sphères sociales, économiques, environnementales et politiques d'un pays ; La République Démocratique du Congo à l'instar de ses immenses ressources naturelles, elle est un Etat à une démocratie encore fragile et immature dont l'incapacité qu'affichent ses dirigeants dans la gestion de l'appareil étatique entrave l'émergence et enfonce le pays dans la pauvreté. Tandis que pour la bonne gouvernance politique s'avère comme un déterminant sinon un fondement de l'émergence de ce grand pays. A cet effet, la gouvernance politique s'avérait un facteur de l'émergence de la RDC dans la mesure où cette gouvernance politique assurera les paramètres suivant : la cohésion nationale pour l'émergence, les élections et la participation politique ; la démocratie, le bien-être et la paix sociale. §.1. La cohésion nationale et l'émergenceNous comprenons par cohésion nationale, une union et une harmonie existentielle des composantes d'une communauté, dans le fonctionnement interne de cette dernière et dans ses rapports avec les groupes extérieurs, y compris en temps de danger existentiel de la dite communauté : partage de la conscience de l'identité collective, communion dans l'histoire, partage des valeurs fondamentales du groupe (national), défense de l'existence du groupe et communion agissante dans la vision de son avenir. Il est évident pour un grand pays comme la RDC ayant une vaste étendue territoriale dans laquelle s'y trouve un nombre important de la population et qualifiée de carrefour culturel à cause des nombreuses communautés ou groupes sociaux qui y demeurent, la bonne gouvernance politique doit optée avant tout sur la cohésion nationale pour assurer son émergence. En effet, la cohésion nationale se verra un paramètre capital de la bonne gouvernance politique de la RDC dans la mesure où elle statuera sur le plan social, économique et politique.
La cohésion nationale nous renvoie au concept « cohésion social » qui nous fait référence à l'harmonie entre couches ou strates sociales, et entre les différents échelons de la stratification sociale qui, bien qu'acceptent leurs différences, communient dans leur convergence vers un idéal commun collectivement partagé. Elle se traduit en particulier par l'absence ou la faible acuité des conflits et luttes des classes ou entre fractions et couches sociales. Selon le comité européen pour la cohésion sociale (2005), celle-ci, est entendue comme la capacité d'une société à assurer le bien-être de tous à minimiser les disparités et à éviter la polarisation. En réalité il s'agit non pas de cette capacité en elle-même, mais plutôt du résultat de sa matérialisation dans une société. Il sied de noter également que la cohésion sociale résulte de l'état d'équité et de justice sociale, donc de la lutte contre les inégalités politiques, sociales et économiques en tant qu'injustices dans la jouissance des droits et des privilèges. La RDC ne peut prétendre avoir une bonne gouvernance et une cohésion nationale tant qu'elle n'assure pas la cohésion sociale. En effet, il se remarque depuis plusieurs décennies des nombreuses injustices sociales notamment, dans les conflits intercommunautaires, dans les actes à l'incitation à la haine et dans le tribalisme. La société congolaise consumée par les inégalités sociales qui occasionnent la division des couches sociales qui se caractérisent par la haine des unes envers les autres qui portent atteinte à la construction de la cohésion nationale. Il importe de noter, les causes des inégalités sociales de la RDC notamment animées par « le tribalisme » qui fragilise la cohésion sociale et nationale actuelle remonte depuis l'époque coloniale. L'histoire nous renseigne que dans sa vision d'entrepreneur et non de civilisateur le roi Léopold II pour construire un Etat Indépendant du Congo, la première option était de sédentariser les populations indigènes, l'administration coloniale avait tenté de regrouper les populations congolaises en les désignant par des catégories communes sous l'objectif de bien les contrôler. De ce fait, des entités homogènes ont vues le jour sur les formulaires et pièces d'identités figurait le nom de la tribu ou de l'ethnie. Cependant, la question du tribalisme reste dans la société congolaise actuelle comme une source de frustration psychologique qui donne naissance à la haine et aux injustices sociales entre tribus qui se caractérise notamment par le favoritisme d'un certain groupe social ou famille de la même tribu dans le domaine de l'emploi, de la santé, de l'éducation, de logement etc. Sans tenir compte de la méritocratie des autres communautés, or tous cela constituent des antivaleurs qui freinent l'évolution mentale des sociétés congolaises et qui entrave la cohésion nationale. De tous ce qui précédent, la gouvernance politique se voit un facteur important de l'émergence de la RDC dans la mesure où cette gouvernance politique rassurera une adhésion et une mobilisation tant soit peu les communautés congolaises à comprendre et à accepter nonobstant leurs divergences, le bien-fondé ou l'intérêt de l'action pour laquelle leur engagement est sollicité autour des objectifs de développement bien définis et de destin partagé de la société.
Il sied de noter que la persistance des disparités entre les différents secteurs d'activités économiques et des inégalités régionales en RDC constitue un enjeu majeur de la politique pour la cohésion nationale. L'étendue du territoire de la RDC offre d'immenses ressources minières partiellement exploitées, un énorme potentiel agricole et une population estimée à plus de 85 millions d'habitants : c'est l'un des plus grands pays d'Afrique subsaharienne en superficie. La cohésion nationale sur le plan économique serait appréhendée comme l'intégration économique nationale. En effet, une des causes qui justifie l'inefficacité de l'économie congolaise serait les provinces de la RDC ne sont pas effectivement intégrées c'est-à-dire qu'elles ne sont pas ralliées les unes aux autres par manque des voies de communications. En effet, même dans le domaine industriel nous remarquons avec le professeur KABENGELE DIBWE Godefroid, l'implantation géographique déséquilibrée des industries en RDC dont la majorité des entreprises industrielles se trouve localisée à Kinshasa, dans l'ex province de Katanga et du Kongo central (...)64(*) Ainsi donc, nous disons que pour un redressement de la cohésion économique nationale congolaise, la gouvernance politique qui vise l'émergence est appelée à promouvoir des relations d'échanges économiques au niveau des processus de production des différentes provinces. Les corridors et pôles de croissance de ces dernières devraient avoir besoin l'un de l'autre et échanger des inputs dans leur procès de production au niveau national, et pas seulement des produits finis de consommation. Cette gouvernance doit s'assurer également que le maillage de l'espace national par des réseaux interconnectés de transports et communications devra renforcer l'intégration de l'espace économique, la fluidité du mouvement des marchandises, du capital et du travail dans l'espace national.
Comme nous pouvons le remarquer, la cohésion nationale en RDC se caractérise sur l'union des acteurs politiques du pays pour défendre une cause nationale, le plus bel exemple que nous pouvons retenir est celui de leadership cohésif de l'indépendance, avec les leaders politiques qui ont mis de côté leur querelle pour un intérêt patriotique et national. Cependant, la classe politique congolaise présente des nombreux déficits, caractérisés par manque d'élite politique capable de porter collectivement un projet politique pour la nation et par manque d'engagement patriotique à la construction d'une Nation. Il se remarque également que le leadership politique congolais est attaché aux appartenances ethniques ou tribales, les grands figurants politiques au niveau national sont ceux qui sont dotés d'une grande notoriété au niveau de leurs provinces originaires. A cet effet, ces leaders politiques par leurs querelles et divergences politiques, ils se révèlent comme des vecteurs des divisions et des tiraillements intercommunautaires qui entrave la cohésion nationale et ne favorise en aucun cas l'émergence du pays. De ce qui précède, nous pouvons retenir que la gouvernance politique à travers la cohésion nationale se présenterait comme un facteur important de l'émergence de la RDC dans la mesure où cette gouvernance assurera un bon encadrement des leaders politiques qui sont appelés à gérer les institutions pays, et qui favorisera la réconciliation nationale, ainsi qu'à oeuvrer pour l'intérêt de la nation. * 63KINRONGOZI LIMBAYA, S., Mouvements des capitaux et sociétés multinationales, note de cours, Unikin, FSSAP, L2 SPA, 2019-2020. p.45. * 64KABENGE DIBWE, G., Op.cit., p.37. |
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