INTRODUCTION GENERALE
Le concept traditionnel de développement, dans sa
variante libérale comme dans sa variante socialiste, repose sur
l'idée que l'industrie de grande taille est la clé de l'essor
économique et du progrès social. Cette conviction qui
apparaissait, explicitement ou implicitement, au coeur des politiques,
stratégies et programmes mis en oeuvre un peu partout dans le monde
pendant les années soixante et soixante dix, est sérieusement
contestée voire remise en cause de nos jours.
Le fait est que le monde a été le
théâtre de mutations et bouleversements profonds sur les plans
économique, technique, organisationnel et spatial. Ces mutations ont eu
pour conséquence de " remettre en cause ou, du moins,
de relativiser la notion d'économies d'échelles associée
à l'unité de production de grandes dimensions"
1 . Ceci intervient après une longue période
où l'on pensait que l'efficacité des entreprises était
forcément liée à leur taille et que l'activité
économique était vouée, quel que soit le secteur, à
une concentration inexorable.
L'expérience a, en effet, montré les limites et
l'insuffisance de la théorie considérant que tout essor
socio-économique est intimement lié à la
réalisation de grands projets capitalistiques notamment dans le domaine
de l'industrie industrialisante. D'autant plus qu'une industrialisation en
profondeur n'a pu résoudre le fléau du chômage, ni faire
face aux problèmes des disparités régionales.
Les unités de petites et moyennes tailles se sont donc,
imposées comme alternatives stratégiques de développement
depuis la fin des années soixante dix, période où l'on a
commencé à constater que les projets fortement capitalistiques
dans le tiers monde n'étaient pas aussi "
industrialisant que les modèles théoriques les
décrivant " 2 .
Au Maroc, on a également assisté à une
prise de conscience du rôle des petites et moyennes entreprises dans le
tissu productif national et dans le domaine de la création des emplois.
A ce titre, la promotion de ces entreprises est devenue " l'un
des leitmotive de la politique industrielle au Maroc
"3 . Ce regain
d'intérêt en faveur de cette catégorie d'entités
économiques, longtemps mises à l'écart et peu
intégrées aux circuits financiers, intervient pour plusieurs
raisons dont notamment la crise économique, le chômage et
l'accentuation des disparités régionales.
Certes, il ne s'agit pas d'opposer systématiquement les
petites et moyennes entreprises aux grandes entreprises. Ces dernières
restent des acteurs déterminants de l'évolution économique
et du fonctionnement des systèmes de production. Cependant du point de
vue du système productif local, le rôle des petites et moyennes
entreprises est stratégique et ce, pour les raisons suivantes 1 :
( 1) FERGUENE ( A) : " Les dynamiques industrielles
endogènes: quels enseignements pour une alternative au modèle
standard dans les pays du Sud ? " in revue espaces et
sociétés n° 88/ 89, édition l'harmattan,
février 1997, pp: 5-19.
( 2) ALKAOUACHY ( F) : " Ouest l'analyse économique
marocaine face à la problématique de l'entreprise ? " in revue
AL ASSAS n° 86, juin 1988, pp:36-40.
( 3) Collectif : Etudes sur le secteur industriel au
Maroc, Edition El Maarif El Jadida, Rabat 1991, p: 78. ( 1) HINTI ( S) :
Les dynamiques économiques des collectivités locales,
Edition Tafoukte, Rabat 1998, p:130.
11
* Les petites et moyennes entreprises ont une assise locale et
un ancrage territorial. En effet, alors que la grande entreprise agit par
rapport à une logique fonctionnelle basée sur des critères
financiers et stratégiques, la petite et moyenne entreprise agit
davantage avec une logique territoriale. Son efficacité dépend
étroitement de son insertion dans l'ensemble des relations sociales,
économiques et culturelles qui définissent la
spécificité d'un territoire.
* Le rôle des petites et moyennes entreprises est
considéré comme indispensable à la revitalisation et au
développement des tissus économiques locaux.
* Le développement local basé essentiellement
sur les petites unités de production, est souvent perçu ou
présenté par les collectivités locales comme étant
un moyen d'atténuer les problèmes économiques et sociaux.
Cela signifie que les petites et moyennes entreprises sont désormais
appelées à tenir une place de premier choix dans la constitution
des territoires mis en difficultés par la crise économique et
sociale.
Ainsi, en matière de développement local
l'option en faveur des ces unités de production de petite et moyenne
taille ne résulte nullement d'une " apologie de
l'infiniment petit-small is beautifull- mais plutôt d'un choix
stratégique qui fait des petites et moyennes entreprises des outils
privilégiés, mais non exclusifs du développement
local"2 .
Par ailleurs et dans le même ordre d'idées, les
planificateurs marocains voyaient en cette catégorie d'entreprises, un
instrument essentiel de régionalisation économique et de
décentralisation industrielle eu égard notamment aux multiples
avantages qu'elle présente:
* Sa dimension qui se prête à une
décentralisation de la production et sa faculté de
dissémination des activités économiques.
* Sa qualité d'être grande consommatrice de main
d'oeuvre.
* Sa contribution à la mise en valeur des ressources
locales et son adaptation aux besoins spécifiques locaux.
* Sa capacité de résistance aux contextes de crise
économique par la souplesse de sa gestion.
* Son rôle dans l'émergence de nouveaux
entrepreneurs et dans l'encouragement de l'esprit d'entreprise et des
initiatives locales.
Mais au delà de ces caractéristiques,
l'intérêt pour les Petites et moyennes entreprises dans le nouveau
contexte économique marqué par la mondialisation, s'explique par
le souci des pouvoirs publics de mobiliser l'ensemble du potentiel productif
pour l'amélioration de la compétitivité économique
garant de la réussite de l'insertion dans l'économie mondiale
dans les meilleures conditions.
Dans ce cadre, les pouvoirs publics marocains ont entrepris
progressivement une politique d'appui à la PME/PMI consistant en un
ensemble de mesures. La première de celles-ci revêtait un
caractère financier avec la mise en place de la procédure
simplifiée accélérée (PSA) qui est une ligne de
crédit de source nationale gérée par la banque nationale
de développement économique (BNDE).
Mais c'est le plan triennal 1978-1980 qui, tout en mettant
l'accent sur les projets de petite ou moyenne taille dans le cadre d'une
meilleure répartition régionale des
( 2) ZRIOULI ( M) : La région au Maroc,
édification d'une nouvelle colléctivité locale,
édition OKAD, Rabat 1995, p 331.
12
investissements, a véritablement tracé les axes
d'orientation de la politique de développement des petites et moyennes
entreprises. De même le plan quinquennal 19811985 a édité
clairement une stratégie de promotion de cette catégorie
d'entreprises qui s'articule autour des axes suivants:
? Priorité accordée aux petites et moyennes
entreprises car moins capitalistiques, créatrices d'emplois et plus
facilement décentralisables;
? Déconcentration régionale des entreprises par
la création en dehors des grands pôles de développement
industriel déjà établis de micro-zones industrielles
pouvant attirer les PMI moyennant l'aménagement des principales
infrastructures physiques et de services;
? Développement des exportations;
? Promotion de l'initiative privée, etc.
En 1983, fût promulgué un code des
investissements industriels qui a mis en relief les PMI et leur a
réservé des avantages spécifiques. Dans le cadre de ce
code, cette catégorie d'entreprises a reçu le droit de
cité et s'est imposée en tant qu'agent juridique.
Depuis lors, plusieurs actions ont été
entreprises en faveur de la PMI. Cet environnement a fait d'elle un agent
économique à part entière qui n'a pas cessé
d'attirer l'attention non seulement des investisseurs et des institutions
financières mais aussi des chercheurs universitaires.
Actuellement un projet de charte de la PME est en cours
d'élaboration et qui va permettre de doter ces entreprises d'une
législation particulière tenant compte de leurs
spécificités et de leur rôle en matière de
développement socio-économique, de renforcement de la
cohésion sociale et de développement régional..
Il est vrai qu'il existe plusieurs recherches ayant
traité ce thème. Mais nous considérons que, dans
l'ensemble, elles pèchent par leur caractère essentiellement
économique et sectoriel et accordent peu intérêt à
la dimension spatiale.
Notre ambition et notre souhait sont donc de tenter d'apporter
une contribution aussi mince soit-elle à l'effort de réflexion
dont ce sujet fait l'objet et continuera certainement à le faire dans
les prochaines années.
De même, ce sujet constitue pour nous une satisfaction
personnelle. Notre activité professionnelle au sein du Ministère
de l'Industrie et du Commerce nous a permis
de prendre conscience d'un certain nombre de problèmes
relatifs aux PME/ PMI. Par contre l'information à l'institut national
d'aménagement et d'urbanisme nous a permis d'intégrer la
composante spatiale et de réaliser que la notion de l'espace n'est pas
aussi neutre qu'on avait tendance à le croire.
Toutes ces considérations justifient, en fait, notre
choix de ce sujet comme travail de recherche.
Pour ce faire, nous avons estimé que la ville de
Meknès serait un exemple-type qui permet d'appréhender la place,
le poids socio-économique et les implications spatiales
13
du secteur des PMI au niveau local et partant de bien saisir
la portée et les limites de la politique publique d'appui à la
PMI au Maroc.
Le choix de cette ville comme aire d'étude, est
motivé par les considérations
suivantes:
* Le choix d'une ville intérieure du Maroc appelée
à faire contre poids à l'axe Casa-
Kénitra, s'avère plus significatif pour
évaluer cette politique notamment en termes de décentralisation
industrielle;
* L'existence au niveau de la ville de Meknès d'un
tissu industriel composé
essentiellement des PMI;
* La ville étudiée reproduit dans une large mesure
le schéma général de la structure
industrielle nationale caractérisée par le
pullulement des petites et moyennes industries qui représentent plus de
93%. du tissu productif national.
Partant des éléments ci-dessus, l'objet de ce
travail se résume en fait en une tentative d'évaluation
de la portée réelle du secteur des PMI dans l'espace de
Meknès, à travers ses impacts directs et indirects dans les
domaines aussi bien socio-économique que spatial.
Notre étude se propose donc à travers l'analyse
des aspects structurels, fonctionnels, spatiaux et évolutifs du secteur
des PMI dans la ville de Meknès et en relation avec d'autres espaces, de
répondre à un certain nombre de questionnements compilés
pour former notre problématique de base:
* Dans quelle mesure les PMI à Meknès ont
pu répondre aux attentes placées
en elles, notamment en matière de
création de l'emploi et d'intégration régionale ?
tiennent-elles compte des potentialités tant naturelles,
économiques qu'humaines de la région et répondent-elles
aux besoins demandés et objectifs assignés?
* Quels sont les facteurs et les formes de
localisation des PMI à Meknès? et dans
quelle mesure ce secteur contribue t-il à la
structuration de l'espace urbain de la ville ?
* Peut-on prétendre à l'existence d'une
intégration des différentes composantes
de ce secteur ? entre ce secteur et les autres
secteurs de l'économie urbaine et régionale ?
* Quelles sont enfin les contraintes posées
à ce secteur par l'environnement dans
lequel il se meut ? Environnement tant juridique,
économique, financier, technique et humain ? Et quelles sont en
conséquence les perspectives de ce segment du tissu productif local
?
Autant d'interrogations qui appellent des
éléments de réponse et auxquelles nous essayerons
d'apporter plus de lumière tout au long de cette étude.
Pour répondre aux questions soulevées plus haut,
nous envisageons de partir des hypothèses suivantes qu'il convient de
vérifier dans le cas de Meknès.
Hypothèse 1: En dépit de son
importance numérique, le secteur des PMI à Meknès ne joue
qu'un rôle relativement modeste dans le développement
socio-économique de la ville. Cette situation est due à la
conjugaison de plusieurs facteurs ( financier, humain, juridique, etc.) qui
entravent le développement de ce secteur au niveau local.
14
Hypothèse 2: Le déploiement des
PMI à Meknès est beaucoup plus une émanation locale ou
interne que le fait d'un facteur exogène ou d'une certaine impulsion ou
intervention de l'Etat à travers la politique d'appui à cette
catégorie d'entreprises. Toutefois, ce déploiement s'est fait de
manière quasi- anarchique en raison du manque des terrains
aménagés au niveau de la ville.
Hypothèse 3: L'effet taille constitue
une entrave à l'amélioration de la compétitivité
des PMI à Meknès. Dans ce nouveau contexte marqué par
l'ouverture et la mondialisation de l'économie, l'aptitude à la
pénétration de nouveaux marchés est désormais
l'oeuvre des entreprises ayant atteint un certain degré de concentration
leur permettant d'améliorer leur compétitivité et
d'être concurrentielles.
Par ailleurs et pour répondre aux questions que pose
notre problématique, nous avons estimé que la meilleure
démarche serait une méthode globale qui s'inspire à la
fois des approches socio-historiques, économiques et spatiales.
En fait pour bien saisir la portée réelle du
secteur des PMI au niveau de Meknès, il est clair qu'il faut d'abord le
situer dans le contexte socio- économique général de la
ville. Reste toutefois que la pertinence de notre recherche dépendra
largement aussi de notre conception de la PMI.
Si l'on conçoit que celle -ci est enclavée entre
l'artisanat d'une part et la grande entreprise d'autre part, il y'a sur le plan
pratique toute une série de définitions. En
réalité, il n'existe pas de définition universelle pour la
PME de manière générale* . Les
définitions utilisées sont fonction des finalités et des
politiques régissant ce secteur. Elles font généralement
appel à des critères relatifs aux chiffres d'affaires, à
l'effectif employé ou encore au montant de l'investissement.
Cependant l'absence des normes quantitatives universelles
n'empêche pas que les PME/PMI constituent dans tous les pays un groupe
bien distinct. Les facteurs qui les distinguent étant essentiellement
d'ordre qualitatif et comparatif.
Dans l'ordre qualitatif, le dirigeant est à la fois
initiateur du projet, fournisseur du capital et gestionnaire. Ses avoirs
privés et ceux de l'entreprise sont généralement confondus
et les facteurs subjectifs et personnels jouent un rôle important dans la
prise de décision.
L'aspect comparatif tient à la situation des petites et
moyennes entreprises par rapport aux entités plus grandes et qui
partagent ensemble le même espace économique.
Dans le cadre de ce travail, la PMI est définie comme
étant toute entreprise industrielle, indépendante et ayant moins
de 200 employés permanents. Au sein de cette catégorie
d'entreprises nous distinguons:
* Les micro-entreprises industrielles ( 0 à 9
employés permanents.
* Les petites entreprises industrielles ( 10 à 49
employés permanents ).
* Les moyennes entreprises industrielles ( 50 à 199
employés permanents ).
Par opposition à la PMI, il y'a les grandes entreprises
qui emploient plus de 200 personnes de façon permanente.
Nous avons retenu le critère de l'effectif de l'emploi
d'une part parce que c'est le critère retenu par les milieux officiels (
Ministère du Commerce et de l'Industrie,
* La PMI est une composante de la PME qui concerne tous les
secteurs d'activité économique.
15
Office de Développement Industriel ) et d'autre part
parce qu'il a l'avantage de n'évoluer que très lentement dans le
temps contrairement aux autres critères ( chiffres d'affaires, programme
d'investissement, valeur ajoutée ).
Par ailleurs, plusieurs sources d'investissement ont
guidé nos investigations à
savoir :
-Exploitation de la bibliographie relative au thème de
l'étude ( Archives, travaux de recherche, ouvrages divers, textes
juridiques...)
-Consultation des différents responsables d'organismes
impliqués dans la promotion des PMI que ce soit au niveau central ( ODI,
MCI, CNJA...) qu'au niveau local ( chambre de commerce,
Délégation du Commerce et de l'Industrie, Communes...)
-Exploitation des différentes enquêtes annuelles
menées chaque année par le Ministère du Commerce et de
l'Industrie et qui portent sur l'ensemble des unités de transformation
implantées au Maroc.
-Exploitation du fichier « qui produit quoi au Maroc?
» élaboré par le Ministère du Commerce et de
l'Industrie.
Aussi, pour apporter des éléments de
réflexion plus affinés sur le thème, avons nous
procédé à la réalisation de trois types
d'enquêtes sur le terrain:
1. Enquête PMI: Elle a touché
un ensemble représentatif de 52 entreprises. Soit environ 30 % des PMI
localisées au niveau de la ville de Méknès. Pour
constituer notre échantillon, nous nous sommes basés sur un
listing établi par la Délégation Provinciale du Commerce
et de l'Industrie de Meknès en 1998.
2. Enquête "dirigeants des PMI" : Elle
a touché les chefs des PMI choisies dans l'échantillon
précédent. Elle a pour objet principal de détecter les
profils de ces entrepreneurs.
3. Enquête " employés des PMI" :
Elle a porté sur un échantillon représentatif
composé de 970 employés des PMI, Choisis selon l'activité
et la taille de l'entreprise ainsi que les zones d'emplois de la ville. Ce
nombre représente 15,70 % des effectifs totaux employés par ces
entreprises dans l'espace d'étude ( voir tableau n°1.
Tableau n° 1: Echantillon des PMI et des effectifs
ayant fait l'objet de l'enquête.
Tranches d'effectifs
|
0 - 9
|
10 - 49
|
50 - 199
|
Total
|
Branches
|
Nom bre
|
Emplois
|
Nomb re
|
Emploi
s
|
Nombr
e
|
Emploi
s
|
Nombr
e
|
Emploi
s
|
Industrie agro-
alimentaire
|
8
|
40
|
5
|
86
|
4
|
116
|
17
|
242
|
Industrie textile et cuir
|
-
|
-
|
6
|
184
|
4
|
142
|
10
|
246
|
Industrie chimie et parachimie
|
7
|
36
|
6
|
102
|
3
|
164
|
16
|
302
|
I .M.M.E.E
|
2
|
12
|
4
|
82
|
3
|
108
|
9
|
202
|
Totaux
|
17
|
86
|
21
|
354
|
14
|
530
|
52
|
970
|
% Total PMI à Meknès
|
29,70
|
15,70
|
16
Ces enquêtes directes sur le terrain ont
été effectuées selon le calendrier
suivant:
- Du 06 au 21 Juillet 2000.
- Du 27 au 31 juillet 2000.
- Du 05 au 15 Août 2000.
- Du 18 au 30 Août 2000.
Entre ces périodes, il a fallu contacter les
responsables et dirigeants des PMI afin de décrocher des rendez--vous
pour les interviews.
Au moment du déroulement de ces enquêtes, nous
avons tenu compte d'une caractéristique bien connue des PMI à
savoir la grande importance des facteurs subjectifs qui interviennent dans leur
fonctionnement. C'est pourquoi la formule de la collecte des données par
courrier a été rejetée. Nous avons
préféré procéder par interview directe. Chose qui
nous a permis d'avoir un taux de réponse le plus élevé
possible.
Quant au dépouillement des données contenues
dans les questionnaires, il a été fait à la main.
La problématique posée ainsi que la
méthodologie qui en découle nous ont amené à
traiter ce sujet en trois parties distinctes en plus d'un chapitre
préliminaire.
Au niveau du chapitre préliminaire, nous essayerons de
donner un aperçu historique de la politique publique d'appui à la
PMI au Maroc ainsi que les principaux axes la composant, tout en mettant en
exergue les motivations et les fondements de cette politique.
Dans le cadre de la première partie, nous essayerons
dans un premier temps de présenter notre aire d'étude tout en
mettant en relief les potentialités et les atouts de cet espace.
Lesquels atouts et potentialités sont susceptibles de constituer une
base de développement des initiatives privées en
général et des PMI de manière particulière. Dans un
second temps, il est question d'analyser le contenu, les
caractéristiques générales et le poids
socio-économique des entreprises en question.
Au niveau de la seconde partie, l'accent sera mis sur les
questions de la localisation des PMI à Meknès à travers
l'étude de leur logique de déploiement, des formes de leur
localisation et de la stratégie mise en oeuvre pour une
répartition harmonieuse de ces unités dans l'espace urbain.
Dans une troisième et dernière partie, nous
essayerons d'analyser certains aspects fonctionnels des PMI à
Meknès en vue d'apprécier leur degré d'intégration.
Notre attention se portera également sur l'analyse des contraintes de
développement et sur les perspectives d'avenir de ce secteur dans
l'espace d'étude.
17
Chapitre Préliminaire: Motivations, fondements et
aperçu sur la Politique d'appui à la PMI au Maroc.
La politique d'appui à la PMI est par définition
une composante de la politique industrielle, elle-même partie
intégrante de la politique économique.
Par politique, nous entendons toute action de l'Etat qui vise
des objectifs préalablement fixés et utilise pour les atteindre
des moyens appropriés. Une politique d'appui à la PMI consiste
donc à ce que l'Etat déploie un certain nombre d'efforts et
utilise un certain nombre de moyens pour atteindre l'objectif fixé
à savoir la promotion et le développement de ce secteur
d'activité.
Au Maroc, la promotion de ce segment du tissu productif a
été depuis la décennie 70 et est toujours à l'ordre
du jour. Diverses communications des responsables font état de
l'intérêt de la politique d'appui et de soutien de cette
catégorie d'entreprises pour le développement économique
et social.
C'est dire combien sont importants et l'intérêt
et l'espoir portés sur ces entreprises considérées comme
vecteur économique et social et élément fondamental pour
la résolution d'un certain nombre de problèmes ( chômage,
crise économique...etc..
Pour bien cerner cette politique d'appui à la PMI, nous
nous proposons dans le cadre de ce chapitre préliminaire de
répondre aux questionnements suivants.
? Quels sont les fondements et les motivations sur lesquels
les pouvoirs publics ont fondé cette politique en faveur des PMI au
Maroc ? (Section.
? Quel est le contenu de cette politique promotionnelle ? (
Section II.
? Quel environnement industriel favorable à la PMI au
Maroc ? (Section III.
Section I : Motivations et Fondements de la politique
d'appui à la PMI au Maroc.
Les raisons sur lesquelles les pouvoirs publics fondent leur
politique d'appui à la PMI sont multiples. Analysant cette question dans
les pays sous développés, M.Botzung a écrit : "
les justifications économiques et/ ou sociales de l'appui aux
petites entreprises recouvrent un large éventail allant de la
réduction de la pauvreté à la création d'emploi,
à l'accompagnement de la mise en oeuvre des programmes d'ajustement
structurel»1 et ajoute que " la légitimité d'une
intervention particulière en appui aux petites entreprises
procède d'une recomposition du rôle de l'Etat limitant son
intervention directe dans la production et le contrôle de
l'économie au profit d'un rôle de facilitateur des initiatives et
de réformateur de l'environnement " 1 .
Cette citation résume dans une large mesure les
principales raisons invoquées par les pouvoirs publics au Maroc pour
justifier cette action en faveur des petites et moyennes entreprises.
Toutefois, l'objet ici n'est pas de recenser l'ensemble des
facteurs qui ont amené l'Etat Marocain à opter pour cette
politique promotionnelle, mais de donner
(1) BOTZUNG ( Michel ) : " Dispositifs d'appui et financement
de la petite entreprise" In revue Tiers monde N° 145 Janvier
-Mars 1996, PP. 135-151.
(1) BOTZUNG ( Michel ) : " Dispositifs d'appui et financement
de la petite entreprise" In revue Tiers monde N° 145 Janvier
-Mars 1996, PP. 135-151.
18
quelques indications de surface sur les conditions
économiques et sociales qui ont présidé à ce choix
en faveur de la PMI ( Paragraphes 1 et 2) et sur les fondements
théoriques de cette politique ( Paragraphe 3.
? Paragraphe 1 : Contexte de crise économique,
financière et sociale.
I-1 : Contexte de crise économique et
financière.
Le regain d'intérêt en faveur de la PMI au Maroc est
intervenu sur un " fond de crise au double plan interne et
externe surtout après le retournement conjoncturel de
1978 "2
Ainsi, une attention particulière a été
accordée à cette catégorie d'entreprises après la
fin de réalisation du plan de développement économique et
social (73-77. Ce plan ambitieux dans ses objectifs a été
réalisé moyennant des déséquilibres internes et
externes qui se sont manifestés par la hausse de la dette externe du
Maroc.
Les indications ci-après permettent d'illustrer cette
situation de crise qu'a connue le Maroc et qui a d'ailleurs conduit à la
signature en 1983 d'un programme d'ajustement structurel avec le FMI et la
banque mondiale.
? Déséquilibres internes : A ce
niveau, il y a lieu de relever que le produit intérieur
brut (PIB) s'est nettement ralenti depuis 1978. Le taux
d'accroissement annuel moyen qui s'établissait entre 1970 et 1977
à 5,8% a été ramené à 3 % seulement entre
1978 et
1984.
Au niveau des finances publiques, le
déséquilibre s'est aggravé particulièrement depuis
1975. De 2,3% du PIB en 1973, il a augmenté à environ 7% en
1984.
? Déséquilibres externes : A ce
niveau également, la situation s'est nettement
détériorée. Ainsi " en
1983, la dette extérieure marocaine représente environ 105% du
PNB et environ 325% des exportations des biens et services. Si l'on exclut du
total des dettes à court terme et envers le FMI, les ratios tombent
à 92% du PNB et 285% des exportations et sont parmi les plus
élevés du monde "1
Dans ce contexte de crise économique et
financière, l'abandon des projets industriels, capitalistiques et
coûteux au profit des PMI faiblement capitalistiques et ne demandant pas
de ressources importantes en devises, parait à même
d'améliorer la situation interne et externe de l'économie
marocaine et de donner un nouveau souffle au secteur industriel au Maroc.
|