Conclusion
De l'examen de certains éléments de
compétitivité, des contraintes et des perspectives du secteur des
PMI à Meknès, il se dégage un ensemble de conclusions que
nous pouvons résumer comme suit:
- La compétitivité du secteur des PMI à
Meknès n'est pas, dans l'ensemble, déraisonnable par rapport
à la norme marocaine. Toutefois, plusieurs facteurs vont au
détriment de l'aptitude de ce secteur à supporter durablement la
concurrence ou à être compétitif. Il s'agit, entre autres,
des problèmes liés aux choix technologiques, des
difficultés d'accéder à l'information et des carences
liées aux méthodes de gestion et de qualité.
L'effet taille, apparaît au niveau de chacun des aspects
évoqués plus haut et empêche toute action de " R et D
" susceptible d'améliorer la compétitivité de ces
entreprises. Laquelle compétitivité exige, à notre avis,
un minimum de concentration surtout dans le contexte actuel où
l'économie se globalise avec comme corollaire l'ouverture et
l'internationalisation des marchés et la recherche continue d'une
meilleure compétitivité à travers le rapprochement et la
fusion d'entreprises; et dans lequel les entités économiques,
même au niveau local, doivent faire face à la concurrence
étrangère pour sauvegarder leur part de marché.
- Le secteur des PMI à Meknès est
confronté à une multitude de contraintes qui handicapent son
développement et son fonctionnement normal. Les chefs des entreprises en
ont identifié cinq considérées comme majeures à
savoir: la lourdeur des procédures administratives, le manque de
terrains industriels, la pression fiscale, les difficultés
financières et la faiblesse des infrastructures en plus de
l'inadéquation de certains services urbains aux besoins des
entreprises.
L'ensemble de ces contraintes, en plus d'autres facteurs de
blocage internes à ces entreprises ou externes et liés à
l'environnement général des affaires, fait que les perspectives
de ce secteur restent, en l'état actuel des choses, très
aléatoires à la fois face aux exigences de la
compétitivité et face au double défi de la globalisation
et de la zone de libre échange.
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Au terme de cette étude sur le secteur des PMI à
Meknès, nous pouvons dire que les trois hypothèses
énoncées au niveau de l'introduction générale, sont
toutes confirmées.
Meknès, ville impériale et capitale de la
région Meknès-Tafilalet, recèle de potentialités
économiques importantes, d'un passé très riche et d'une
position stratégique qui lui permet de jouer un rôle de logistique
et de relais .
Tous ces atouts et potentialités, semblent constituer
une assise objective pour l'encouragement et le développement des
initiatives privées de façon générale et
d'essaimage des PMI de façon très particulière.
Cependant, il apparaît bien que la ville de
Meknès ne connaît pas un véritable processus
d'industrialisation basé notamment sur le secteur des PMI et ce,
malgré l'existence de ressources diversifiées et assez
importantes, tant naturelles, humaines, économiques que d'une
volonté politique de promouvoir le secteur.
Ainsi, ces unités de production, en dépit de
leur diversification et de leur importance numérique, ne jouent, en
fait, qu'un rôle assez limité en matière de
développement économique et social de la ville. En
témoignent la contribution relativement limité de ce secteur
aussi bien en matière de création d'emploi, dans les
différentes grandeurs économiques et dans l'économie
urbaine .
Ce rôle assez limité est dû à la
conjugaison de plusieurs éléments inhérents aussi bien
à des facteurs internes de ces entreprises qu'a des facteurs liés
à l'environnement juridique, économique, financier, humain, etc.
dans lequel évoluent ces entreprises.
Néanmoins, grâce à ce secteur on a
assisté à l'émergence d'une nouvelle couche
d'entrepreneurs dont la majeure partie ne sont pas Meknassis. De même, il
a permis la création d'un nombre non négligeable de postes de
travail notamment pour des ouvriers issus de la ville ou des centres
environnants. Ce qui permet à de nombreux familles de vivre et de
participer à la valorisation des ressources locales. Enfin le
développement de ce segment de tissu productif dans une ville
intérieure du Maroc, constitue en lui-même un début,
même timide, de décentralisation industrielle qu'il importe
d'encourager et de relancer. Cela n'est possible, bien entendu, que dans le
cadre d'une politique globale d'aménagement de territoire ayant pour
objectif la recherche d'une meilleure répartition des Hommes, des
équipements et des activités dans le territoire national suivant
la vocation économique de chaque région..
Par ailleurs, et en termes de localisation et de structuration
de l'espace, l'analyse a montré que la logique de déploiement des
PMI dans l'espace d'étude peut
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s'expliquer par plusieurs raisons. Parmi les
éléments ayant pesé sur le choix de localisation de ces
entreprises à Meknès, il y'a lieu de signaler le rôle
déterminant qu'ont joué les facteurs liés à la
production et au marché, les facteurs liés au foncier et les
raisons d'ordre personnel.
Par contre, les stimulants officiels et la politique publique
d'appui en faveur de ces entreprises n'a, apparemment, joué qu'un
rôle marginal en matière de déploiement des PMI à
Meknès. L'étude a montré que non seulement cette politique
a manqué d'efficacité, mais surtout qu'elle n'est pas de nature
à favoriser un véritable redéploiement des PMI vers des
villes intérieures ou déshéritées du Maroc
le volet relatif à l'assistance financières
à cet égard un exemple éloquent qui montre bien la
prédominance d'une vision sectorielle, au niveau de cette politique, au
détriment même des exigences de la régionalisation et de la
décentralisation industrielle . Cette politique n'a malheureusement
jamais été conçue ou adaptée dans la perspective de
faire de cette catégorie d'entreprises un véritable outil
d'aménagement de territoire.
Parallèlement, les développements
précédents, ont montré que le manque d'un
aménagement industriel a surtout favorisé l'émergence et
le développement d'une sorte de localisation spontanée et
anarchique des PMI à Meknès notamment au niveau des quartiers
industriels, en zones périphériques et au sein même du
tissu urbain.
L'impact spatial le plus marquant de cette propagation
étant un tissu de PMI hétérogène et
éclaté en foyers éparpillés et aux contenus fort
différenciés. La naissance et le développement des ces
entités, se sont faits d'une manière anarchique et sans une
insertion harmonieuse et planifiée dans l'espace urbain. La localisation
s'est faite au gré des opportunités foncières
exacerbées par la rareté du sol industriel et du poids social et
matériel fort inégal des différents opérateurs.
Cela révèle une certaine discordance entre l'action
d'aménagement industriel et la localisation des PMI d'une part et
surtout l'absence d'une stratégie concertée en matière de
planification urbaine d'autre part.
Par ailleurs, et en matière d'intégration, nous
avons relevé à travers notamment une analyse des modalités
et des mécanismes de fonctionnement des PMI dans l'espace
d'étude, que ce secteur souffre généralement de deux
faiblesses majeures: d'abord au niveau des relations inter-branches , ensuite
et enfin au niveau des rapports liant ce secteur à d'autres secteurs du
tissu productif local.
Les unités issues de ce secteur fonctionnent la plupart
du temps en vases-clos et n'entretenant que des liens très lâches
entre elles et avec les autres unités composant le système
productif local. Il s'agit, en effet, d'un secteur peu intégré
à son environnement économique et social et dépendant de
Casablanca et de l'extérieur tant par une partie de son
approvisionnement et de ses ventes que pour sa technologie.
Pour toutes ces considérations, nous sommes
portés à croire que le secteur des PMI à Meknès
constitue une greffe qui s'accommode mal au paysage socio-économique de
la ville et de sa région.
Notons enfin que l'effet taille est beaucoup plus sensible au
niveau de la compétitivité de ces entreprises. L'analyse de
certains éléments liés à ce point a, en effet,
montré des contre-performances graves enregistrées par les PMI de
l'espace d'étude.
Par ailleurs, l'étude des facteurs de blocage a
montré que ce secteur souffre d'une multitude de problèmes qui
handicapent son fonctionnement normal et son
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développement. Parmi ces problèmes, nous
relevons essentiellement: la lourdeur des procédures administratives, le
manque de terrains industriels et la spéculation foncière, le
niveau élevé des impôts, le coût élevé
de financement et les difficultés d'accès au crédit, la
faiblesse des infrastructures et l'inadéquation des services urbains.
S'agissant des perspectives d'avenir de ce secteur face au
double défi de la globalisation et de la zone de libre échange,
elles paraissent, en l'état actuel des choses, très
aléatoires. Il n'en demeure pas moins que l'amélioration de ses
perspectives passent par une véritable de ce segment au niveau local et
par l'amélioration de l'environnement générale de
l'entreprise.
De ce fait, il semble nécessaire de prendre des mesures
et des actions qui nécessitent à la fois une intervention
à l'échelle locale qu'une intervention à l'échelle
nationale en faveur de cette catégorie d'entreprises. Lesquelles mesures
et actions doivent être inscrites dans le cadre d'une action globale
d'aménagement de territoire.
En l'absence d'actions efficaces, les mêmes
déséquilibres et relations de sattelitisme des villes
intérieures à l'image de Meknès, vis à vis de
Casablanca et de l'extérieur, risquent de se perpétuer voire de
s'amplifier d'autant plus que Meknès devra faire face à un grand
problème: celui que pose la proximité de Fès, ville
dynamique qui partage avec la ville ismaélite une partie de sa zone
d'influence et qui se trouve à 60 kms.
Situées dans un environnement géographique
commun: la plaine de Sais, les deux villes pratiquent les mêmes
activités industrielles (Industrie agro-alimentaire, Textile et
cuir).
Laquelle des deux villes va étendre sa zone d'influence
au détriment de l'autre ? Laquelle des deux va montrer suffisamment de
dynamisme pour éclipser l'autre ? Vont-elles évoluer
parallèlement ou, au contraire, se compléter et contrebalancer
l'influence de l'axe Casa-Kénitra en formant un axe intérieur
?
S'il est trop tôt pour répondre et si les
données actuelles ne permettent d'émettre aucune hypothèse
fondée, la question mérite réflexion.
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