Paragraphe 3: Difficultés du recours au
crédit bancaire
Les dirigeants des PMI qui ont fait l'objet de notre
enquête, sont unanimes pour affirmer que le système bancaire joue
un rôle très limité dans le développement
économique en général et celui des PMI en particulier. La
principale critique portée à l'encontre de ces institutions est
désormais leur faible implication dans le financement de ces
entreprises.
Si les activités de conseil et d'assistance technique
ont induit généralement des résultats importants, le
goulot d'étranglement de l'accès au financement n'a pas
été levé. Et cela en dépit des efforts consentis
par les structures d'appui pour aider les PMI dans le montage de dossiers
"bancables".
Cette distorsion ou discordance entre assistance
financière qui relève de la banque et l'assistance des organismes
d'appui, fait de ces derniers de " simples vendeurs de conseil
peu crédible" selon une expression du responsable de
département d'assistance technique à la PMI de l'ODI1
.
(1) SLAOUI ( A) : " La prospection du promoteur - Entrepreneur "
in revue de l'ODI n° 29. 1990, pp: 12-16.
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D'une manière générale, les
difficultés du recours au crédit bancaire se manifestent à
trois niveaux: D'abord au niveau de l'accessibilité, ensuite au niveau
du coût et enfin au niveau des délais.
3-1: Conditions peu satisfaisantes d'accessibilité
au crédit
Les PMI enquêtées jugent
généralement les conditions d'accessibilité au
crédit bancaire peu satisfaisantes. Faute de crédibilité
auprès de leurs banquiers, elles ont les plus grandes difficultés
à prouver que leurs projets sont financièrement viables. Ce qui
limite leur accès au crédit même lorsqu'elles sont en
mesure de satisfaire toutes les exigences des banques.
Prêter à ce secteur est en effet perçu
comme une opération très risquée par les banques. Les
qualités de chef d'entreprise ne sont ni appréciées
à leur juste valeur ni prises en considération lors de l'examen
des dossiers de projets.
Un autre grand facteur restrictif tient aux garanties
exigées par les établissements de crédit et qui sont
jugées très lourdes par les entreprises. A ce facteur s'ajoutent
aussi d'autres éléments restrictifs: Apports insuffisants en
fonds propres des promoteurs, non tenue d'une comptabilité
régulière, difficultés inhérentes aux
procédures de financement, etc.
De telles exigences équivalent dans de nombreux cas
à un refus de crédit. 3-2: Coûts très chers
des crédits bancaires.
Les PMI bénéficient souvent conformément
à des décisions des pouvoirs publics de bonifications
d'intérêt ou de prêts à des taux spéciaux.
C'est le cas de la majorité des lignes de crédit dont
bénéficient ces entreprises. Malgré cela, les PMI
enquêterais jugent ces conditions peu satisfaisantes. Pis, les frais,
marges et taux bancaires sont jugés particulièrement
élevés et nombreuses sont les PMI qui peuvent difficilement
envisager d'y recourir.
Cela étant, quelques entreprises seulement
désignent le taux d'intérêt comme un obstacle majeur. Pour
l'obtention des prêts, les problèmes les plus graves semblent
tenir aux procédures en vigueur qu'au coût de crédit
lui-même.. Bien évidemment, les PMI apprécieraient une
baisse des taux d'intérêt, mais elles ne situent pas là
l'essentiel de leurs difficultés. Apparemment, ce n'est pas toujours le
coût de prêts qui constituent le facteur clé, mais c'est
surtout l'accessibilité ainsi que la rapidité de l'octroi du
crédit.
3-3: Processus très lent d'obtention de
crédit.
La rapidité d'obtention du crédit est aussi
considérée comme facteur déterminant par les chefs des PMI
interrogés. Dans la pratique, retarder l'octroi d'un prêt
équivaut souvent à un refus de crédit. La lenteur des
procédures d'approbation et du décaissement des prêts
fragilise considérablement la situation financière des PMI qui
doivent en plus supporter des charges intercalaires( intérêts dus
pour la période entre l'accord du prêt et le décaissement)
. Les délais de traitement des dossiers vont de 4 à 12 mois,
auxquels il faut ajouter environ 3 mois pour que les fonds soient effectivement
décaissés.
Les dirigeants des PMI estiment que ce processus pourrait
être considérablement accéléré et bon nombre
d'entre eux considèrent la lourdeur des procédures comme un
sérieux obstacle.
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En dépit donc de la diversité des lignes de
financement existant en faveur des PMI, il s'avère que non seulement ces
dispositifs profitent de façon très inégale aux
différentes régions du Royaume, mais encore que les
possibilités de financement mis effectivement à la disposition de
ces entreprises sont insuffisantes et parfois inaccessibles à cause
notamment d'un certain nombre de contraintes liées aux structures des
PMI mais le plus souvent à l'attitude des institutions
financières vis à vis de cette catégorie d'entreprises.
L'ensemble de ces contraintes influe sur les relations Banques
-Entreprises et fait que ces liens ne soient pas toujours bien
établis.
Pénalisé sur le plan financier, le secteur des
PMI dans l'espace d'étude, le serait-il également au niveau des
modalités de fonctionnement et de l'intégration économique
? C'est ce que nous allons essayer d'examiner dans la section suivante.
Section 2 : Modalités de fonctionnement et
degré d'intégration des PMI à Meknès
Pour appréhender cet aspect lié aux
modalités et mécanismes de fonctionnement des PMI à
Meknès, nous allons essayer dans un premier point de traiter des
circuits et aires d'approvisionnement et de commercialisation de ces
entreprises ( Paragraphe 1) avant d'aborder dans un second point la pratique de
la sous-traitance considérée comme un mode de fonctionnement des
PMI et une base importante de leur développement ( Paragraphe 2). Dans
un dernier point nous nous pencherons sur l'analyse d'un ensemble
d'éléments relatifs à l'intégration de ce secteur
que ce soit au niveau des relations inter-branches qu'en ce qui concerne les
rapports avec le tissu productif local ( Paragraphe 3).
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