Paragraphe 2 : Meknès pendant la période
coloniale.
En 1910, Meknès était toujours contenue à
l'intérieur de sa ceinture de murailles et comprenait les même
unités : Médina, Mellah et palais royal.
L'avènement du protectorat au Maroc allait bouleverser
bien de choses. On a assisté tout d'abord au déplacement du
siège de la capitale de Fès à Rabat, à la
privatisation des terres et à la libéralisation des
échanges et à leur concentration sur l'axe atlantique. Les
conséquences de cette politique sont la rupture des équilibres
régionaux et la provocation des mouvements migratoires.
Mais c'est paradoxalement l'instauration du protectorat qui
donna à Meknes un regain d'activité. Etant donné la
position stratégique de Meknes, les premières implantations
coloniales sont évidemment d'ordre militaire. En effet, dès 1911,
des camps militaires s'établirent sur la rive droite de l'Oued
Boufekrane.
A partir de 1920, la ville nouvelle fût construite sur
le plateau en face de la Médina. Cette séparation constitue une
seconde rupture historique qu'a connue la ville de Meknes.
Alors que la ville nouvelle (Hamria) connaissait un
véritable rayonnement en tant que capitale régionale des colons,
la médina se densifiait et des embryons de quartiers se
développaient de manière anarchique (actuels Sbata, Beni-M'hamed
et Zitoune).
Pour pouvoir intégrer les afflux des populations, une
première phase d'extension du Mellah a été
réalisée et une seconde celle des quartiers Dar Lekbira et Sidi
Amar.
Avec la création d'un quartier industriel au centre de
la ville européenne (quartier industriel Ain Slougui) s'est crée
également l'embryon de Borj Moulay Omar.
Peu à peu, d'autres bidonvilles se sont
créés dans la périphérie, composés pour la
plupart des ruraux attirés par l'espoir de trouver un travail dans
l'industrie.
Paragraphe 3 : Meknes depuis l'indépendance.
Après l'indépendance, alors que Fès
réapparaît comme l'un des pôles principaux du Royaume,
Meknes connaît une certaine récession économique.
L'industrie basée sur les ressources agro-alimentaires connaît des
difficultés et n'arrive pas à s'adapter à la demande
internationale. De plus le quartier industriel paraît réellement
étouffé, encerclé par la ville, sauf à l'Est.
En matière d'aménagement industriel, comme nous
allons le voir plus loin, Meknes est le parent pauvre des villes marocaines
dans ce domaine indispensable pour accueillir des investissements.
Sur le plan spatial, Meknes apparaît actuellement comme
une ville compartimentée en raison d'importantes contraintes
liées tant à la topographie qu'a l'histoire même de la
ville.
La ville est elle-même scindée en deux ensembles
distincts de part et d'autre de la vallée de l'Oued Boufkrane. Cette
vallée sépare en effet deux formes urbaines
différenciées : l'une ancienne avec un système urbain de
type Médina, l'autre nouvelle planifiée selon les règles
d'un urbanisme contemporain.
La croissance urbaine de Meknes se caractérise en
général par deux formes différenciées :
-Une urbanisation suivant les grands axes de
pénétration (routes de Fès, Rabat, El Hajeb Et Moulay
Driss).
-Un remplissage progressif des espaces urbains à partir
des quartiers d'habitat ancien (Borj.My.Omar, Sidi BABA ...) et de zones
d'activités récentes, (Sefita, Cadem, Sidi Bouzkri)
S'agissant de la consommation de l'espace au niveau urbain,
elle est plutôt de type modéré. En effet l'étude du
mode d'occupation du sol et de son évolution effectuée dans le
cadre de la préparation du SDAU de la ville montre que le taux moyen
annuel de croissance est de 2,2% entre 1971 et 1991, les
surfaces urbanisées se sont accrues moins vite que la population (+
2,5%) durant la même période 1 .
Les superficies consommées par l'habitat ont
augmenté également. De 336 ha en 1971, elles sont passées
à 1050 ha en 1991, soit un taux de croissance de +1,9 % en moyenne
annuelle. Quant au rythme de croissance des zones industrielles, il a
été soutenu (+3,5%) par an. De 135 ha en 1971, la superficie
totale de ces terrains est passée à 252 has. Toutefois, ce taux
est insuffisant pour faire face à la demande en terrains
équipés 2 .
Le tableau suivant donne l'évolution de l'occupation
des sols à Meknes de 1971 à 1991.
Tableau n°4: Evolution du mode d'occupation des
sols à Meknes de 1971 à 1991
Mode d'occupation du sol
|
Surface en 1971 ( en ha)
|
Surface en 1991 ( en ha)
|
Taux moyen annuel de croissance en %
|
Habitat
|
714
|
1050
|
+ 1,9
|
Zones industrielles
|
135
|
252
|
+ 3,1
|
Equipement
|
503
|
826
|
+2,5
|
Cimetières
|
67
|
100
|
+ 2,0
|
Palais royal
|
60
|
60
|
+ 0,0
|
Total zone urbanisée
|
1.412
|
1.188
|
+2,2
|
Périmètre urbain
|
7.880
|
7.880
|
-
|
Source : SDAU Meknes. Rapport Diagnostic 1992
Figure N°1: Evolution spatiale de la ville de
Meknès.
(1)
43
SDAU de Meknès: Rapport objectifs et orientations.
Année 1995, page: 9.
(2) Idem.
Section II : Aspects géographiques,
administratifs et démographique. Paragraphe 1 : Aspects
géographiques morphologiques et hydriques.
Bâtie à l'extrémité Nord de la
plaine de Sais, la ville de Meknès se situe au coeur de la zone de
contact entre le Rif et le moyen Atlas occidental.
Située au carrefour des routes Gharb - Fès -
oriental et Tanger - Errachidia, la ville de Meknes jouit en outre de
conditions climatiques favorables et des terres fertiles.
La ville s'étend sur un plateau dont la pente
générale moyenne de 2 % est orientée Sud - Est / Nord -
Ouest et dont l'altitude varie entre 620 m et 450 m (voir carte 1).
D'un point de vue géomorphologique, la région de
Meknes présente trois ensembles successifs du Nord au Sud : Une zone
collinaire, une pénéplaine fertile puis un relief
accidenté aux sols généralement pauvres.
Sur le plan géologique, le plateau de Meknes - Sais se
caractérise par une base marneuse sur laquelle se sont
déposées des couches sédimentaires successives. La
présence de dépôts sablo -gréseux puis calcaire
traduit une sédimentation continentale pliocène.
S'agissant des données hydrologiques, trois oueds
traversent la ville et font partie du bassin versant de l'oued R'dom
lui-même affluent de l'oued Sebou, il s'agit de :
- Oued Boufkrane dont le cours encaissé et sinueux
donne son caractère au site urbain de Meknes en séparant par une
coulée verte, les deux plateaux sur lesquels est bâtie la ville.
Son débit varie de 200 à 250 l/s selon la saison.
- Oued Bouishak à l'Ouest de la ville. Peu
encaissé en amont, il ne le devient vraiment qu'à partir de la
traversée de la route de Rabat. Avant de rejoindre Boufekrane au Nord de
Sidi Baba, il reçoit 3 affluents : Oued krimal, Oudia, et Jnane El .Afia
. Son débit d'étiage en amont et très faible : 1 l/s.
- Oued ouislam à l'Est de la ville : très
encaissé. Il prend sa source au sud -Est de Boufkrane. Il connaît
le plus fort débit des Oueds Meknassis et varie entre 300 et 400 l/s.
En plus de ces Oueds, les ressources hydriques proviennent
aussi de la nappe phréatique située à une profondeur
moyenne comprise entre 10 et 30 mètres.
44
Carte n°1: Relief de la région de
Meknès.
La pluviométrie annuelle à Meknes oscille entre
400 mm et 700 mm. Quant à la température annuelle moyenne, elle
est de 17,3°c. Cette abondance relative de l'eau, fait que l'on qualifie
la région de Meknes de « château d'eau du Maroc ».
De façon générale les conditions
topographiques à Meknes sont favorables à l'urbanisation et ne
présentent pas d'handicaps particuliers.
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