2- ... Pour garantir les retombés des IDE dans la
zone CEMAC.
L'assainissement du climat des affaires est la
garantie des retombés des IDE en zone CEMAC en matière de
création de richesses, d'emplois, de diversification et d'accroissement
de la qualité des ressources humaines ainsi que de l'optimisation du
transfert de technologie. Sachant l'impact des firmes multinationales sur la
déliquescence des économies des pays de la zone CEMAC, un effort
dans le sens d'optimiser le rendement de leurs investissements devrait
être déployé à travers l'action des politiques
publiques et de l'inclusion des acteurs de la société civile dans
le processus de développement. De ce fait, un accent porté sur
une plus grande responsabilité de l'Afrique dans les opérations
de production serait à promouvoir, au lieu de la limiter à des
fonctions essentiellement subalternes en fonction de la DIT, qui a fait de
l'Afrique une source de matières premières pour les industries
étrangères. Les multinationales pourraient : sortir de leur
attitude discriminante dans les investissements, pour couvrir aussi bien les
secteurs qui transcendent les produits de base, et toucher le domaine de
l'industrie lourde ou de pointe ; favoriser l'opérationnalité du
transfert technologique en faveur de l'avènement d'une révolution
scientifique nécessaire à la création des richesses ; tout
comme elles pourraient davantage garantir la redistribution des gains de
l'exploitation des ressources naturelles et agir contre la corruption de
concert avec les pouvoirs publics et la société civile dans son
ensemble. De cette manière, la CEMAC serait capable de
s'autogérer en produisant ce qu'elle consomme au lieu d'extravertir ses
atouts de puissance au service d'une construction identitaire
étrangère. Ceci dit, la CEMAC dispose des ressources humaines
abondantes et naturelles dont la transformation pourrait assurer son
développement en sortant de la dimension verticale des échanges
qu'elle entretient vis-à-vis de l'Union Européenne ou d'autres
partenaires. Il en ressort le caractère apodictique de « la
démarginalisation » de l'Afrique en général et
de la CEMAC en particulier par la prise de conscience des Africains
d'être les acteurs du progrès du monde et de leur propre
développement, tant il est vrai que la globalisation a pour corollaire
la communauté des problèmes planétaires.
339 « La cour peut être
consultée par tout État-Partie ou par le Conseil des ministres
sur toute question entrant dans le champs du droit OHADA
».
340 Article 8 du Règlement
n°06/03-CEMAC-UMAC du 12 novembre 2003 portant Organisation,
Fonctionnement et Surveillance du Marché Financier de l'Afrique
Centrale.
341Il s'agit de la Bourse
des Valeurs Mobilières de l'Afrique Centrale (BVMAC) et de la Douala
Stock Exchange du Cameroun (DSX).
98
B- Le recours à l'expertise technique dans la
mobilisation des capitaux et la
réalisation des projets
communautaires.
1- De l'optimisation des stratégies de
mobilisation des capitaux ...
En dehors des mécanismes de financement des
projets de développement mis en place par l'Union Européenne et
la CEMAC dans le cadre du renforcement de l'intégration
régionale, le recours à l'expertise financière en
matière de levée des fonds s'avère nécessaire au
regard des retards accusés dans la mobilisation des fonds
sus-évoqués liés aux lenteurs du système
administratif. La recherche des financements dans le cadre de l'Union
Européenne devrait s'arrimer à des critères
d'éligibilité342 pour être efficace, allant du
profil des acteurs, au coût des réalisations, en passant par le
choix des activités susceptibles d'être financées. Parlant
des acteurs, les projets de développement devraient être
assurés par un consortium d'au moins deux partenaires composé
d'un demandeur chef de fil européen et d'un ou plusieurs codemandeurs
originaires de l'un des pays cibles d'Afrique. Les acteurs devraient
également être des personnes morales, n'avoir aucun but lucratif,
être établis dans l'un des pays cibles, être directement
responsables de la gestion du projet ; concernant les actions éligibles,
elles devraient être en conformité avec les termes de
référence des programmes de financement selon plusieurs
composantes allant des domaines de l'éducation et de la santé
à la réalisation des infrastructures ou des politiques de
réformes socioéconomiques ; enfin, les coûts
éligibles - tels que les frais de voyage, d'équipement, les taxes
et les salaires - peuvent être pris en compte. Cela étant, les
motifs de rejet des candidatures sont liés : au dépassement des
délais de soumission des candidatures ; aux raisons administratives
à l'instar des sollicitations de contribution hors-quota et du
non-respect du format du formulaire de candidature ; ainsi qu'au manque de
pertinence des projets de développement à financer. Ces
éléments mis ensemble sont nécessaires à la
formulation adéquate des stratégies de mobilisation des fonds en
vue de la consolidation de l'intégration le cas échéant et
partant, du développement de manière
générale.
2- ... au choix judicieux et à
l'implémentation des programmes de développement en zone
CEMAC.
Plusieurs programmes existent dans le cadre du Fonds
Régional APE (FORAPE) pour favoriser l'intégration des
économies régionales dans le système mondial et partant
leur développement. Cependant à travers le kaléidoscope de
l'évaluation des projets réalisés, notamment dans le cadre
du 10e et du 11e FED à l'instar du Programme
d'Appui au Commerce et à l'Intégration Economique (PACIE), du
Programme de Restructuration et de Mise à Niveau (PRMN), de l'Instrument
contribuant à la Stabilité et à la Paix (ICSP) ou du
programme sur la « Facilité de Coopération Technique V (FCT
V), il ressort que l'accent est mis sur des composantes qui ne favorisent pas
l'industrialisation des pays de la CEMAC en dehors des efforts consacrés
pour le commerce et l'éclosion des PMEs et PMIs adossées sur
l'implémentation des politiques publiques telles que
l'opérationnalité de la transparence dans la gouvernance, la
capacitation des ressources humaines au niveau de leur expertise par des
réformes structurelles tout comme la lutte contre la corruption.
Malgré l'ampleur des financements mobilisés pour la lutte contre
la pauvreté, les États de la CEMAC demeurent
342 Voir : ARCHIPELAGO, Lignes directrices, 1er appel
à propositions, Octobre 2019 ; 32 p.
99
dans le peloton des pays sous-développés
et très endettés. Plusieurs causes à la fois
endogènes et exogènes peuvent expliquer cette situation,
d'où la nécessité de réorienter la pensée
politique vers une autonomisation des populations par un accompagnement en
termes de subventions, loin de la prévarication qui gangrène les
économies sous-régionales. Un choix judicieux devrait être
fait au milieu des programmes mis au service du bien-être social et
communautaire en partant du diagnostic réel des problèmes qui se
posent pour en dégager des solutions appropriées au lieu
d'importer in extenso des thérapies élaborées
ailleurs qui ne cadrent pas toujours avec les attentes des populations du
milieu ciblé. S'il est vrai que le développement
économique repose sur quatre piliers à savoir : les ressources
naturelles, humaines, financières et infrastructurelles, il n'en demeure
pas moins vrai que les pays de la CEMAC ne disposent pas assez de ces facteurs,
dont il faudrait renforcer les ressources humaines par une formation de
qualité, arrimée à l'ère de la modernité
à travers la multiplicité des pôles d'excellence
communautaire pour sortir de l'égolatrie des États
attachés à leur souveraineté ; d'autre part, ces pays qui
disposent de ressources naturelles suffisantes en quantité et en
qualité comme les minerais stratégiques, ont besoin de lutter
contre « l'extraversion de fleur]s atouts de puissance 343 »
dans un contexte de mauvaise gouvernance où les firmes multinationales
s'érigent des empires financiers sur le dos des
prolétaires.
343 Voir Max Zachée Saintclair (MBIDA ONAMBELE),
« Géopolitique de l'Union Africaine » ... op. cit, p
226.
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