2- ... Le développement technologique occupe encore
la part congrue des projets de
développement en zone CEMAC.
« L'absence d'une politique industrielle
d'envergure au lendemain des indépendances a empêché les
pays africains de s'intéresser au domaine technologique et des sciences
comme les sciences fondamentales et de l'ingénierie, les sciences
biologiques, les énergies renouvelables, les sciences de l'environnement
et de la terre, l'hydrologie284 ». Hors, la politique
industrielle est la condition sans laquelle aucun pays dit
développé n'aurait pu
284 Cheikh Tidiane (DIOP), L'Afrique en attente, ...
op. cit, p 99.
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parvenir à un véritable rayonnement de
sa puissance. Cela dit, ce sont les grandes multinationales industrielles des
secteurs de l'armement, de l'aéronautique, de l'automobile, de
l'agroalimentaire, des produits électroménagers, fruits du
développement de la robotique et de l'informatique, de l'industrie
pharmaceutique et textile en passant par la filière cosmétique,
ainsi que la téléphonie et tous les dérivés de
l'électrotechnique, qui déterminent l'ancrage des puissances
américaines, européennes et asiatiques à l'instar des
dragons ou tigres d'Asie dans la modernité. Parallèlement,
l'Afrique centrale dotée de ressources immenses susceptibles de combler
les soubresauts liés à l'épuisement à posteriori de
ses réserves pétrolières et partant de favoriser son
développement, accuse encore un grand retard économique.
Pourtant, parmi les ressources énergétiques dont elle dispose en
dehors de l'énergie hydraulique, on peut distinguer : l'énergie
solaire, l'énergie éolienne, l'énergie thermique des mers,
l'énergie marémotrice et l'énergie géothermique.
À cela, il faut ajouter que dans les différents programmes de
l'Union Européenne adressés à la CEMAC, le domaine de la
technologie occupe encore la part congrue, l'essentiel des termes de
références de la coopération entre ces deux
méta-entités reposant sur le développement du commerce
intracommunautaire et l'intégration des économies de la CEMAC
dans l'économie mondiale dans le cadre d'une Division Internationale du
Travail (DIT) qui favorise l'extraversion des atouts de puissance des pays de
la CEMAC, alors qu'il est nécessaire de transvaloriser ses produits de
base à partir du processus d'industrialisation.
B- Les menaces de la coopération Union
Européenne - CEMAC.
1- La guerre reste une pierre de Sisyphe dans l'état
politico-sécuritaire en zone
CEMAC.
Dans le cadre de la lutte contre
l'insécurité, l'Union Européenne dispose du programme ICSP
(Instrument Contribuant à la Stabilité et à la Paix), pour
la prévention et la lutte contre les situations de crises en zone CEMAC
et à travers le monde. Ce programme destiné à être
intégré dans l'Instrument européen pour le voisinage, le
développement et la coopération internationale (NDICI) depuis
2021, a pu en effet mobiliser un montant de 2,3 milliards d'euros entre 2014 et
2020. Toutefois, la zone CEMAC est sans cesse en proie à une escalade de
violence due à la recrudescence des mouvements séparatistes
à l'instar de la nébuleuse Boko Haram qui ne cesse d'opposer une
guerre asymétrique aux pays de la région du lac Tchad, sans
compter les « Ambas-boys » qui portent atteinte à la
paix au Cameroun et les guerres civiles en Centrafrique et au Tchad. À
cela s'ajoute le manque de fluidité dans la Zone des Trois
Frontières (ZTF) entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée,
soumise à des pesanteurs à la fois structurelle telle que «
l'absence d'une politique de décentralisation à l'échelle
communautaire285 » et conjoncturelle à l'instar de
« la faiblesse et l'extraversion de la coopération
décentralisée286 ». De ce qui
précède, il ressort que le phénomène de la guerre
en zone CEMAC reste une pierre de Sisyphe au regard des efforts
considérables qui sont
285 William Aurélien (BAKONG NWANE), La
contribution des collectivités locales à l'intégration
sous-régionale en zone CEMAC : cas de la Zone des Trois
Frontières, Mémoire de Master en Relations Internationales,
Parcours Intégration Régionale et Management des Institutions
Communautaires (IRMIC), IRIC-UYDE II, 2020, p 63.
286 Ibid.
80
opérés pour y faire face. Et pourtant le
militarisme287 qui caractérise les régimes des pays de
la CEMAC à l'instar du Tchad, devrait favoriser une situation de
stabilité nécessaire à l'assainissement du climat des
affaires et l'attractivité des IDE. Parmi les principaux massacres et
attentats commis par Boko Haram nous pouvons citer ceux de « Damaturu
(150 morts le 4 novembre 2011), Kano (150 morts le 20 janvier 2012), Benisheik
(161 morts le 18 septembre 2013), Izghe (environ 170 morts le 15 février
2014), Gamboru Ngala (336 morts le 5 mai 2014), Jos (au moins 118 morts le 20
mai 2014), Goshe, Attagara, Agapalwa et Aganjara (100 à 500 de morts le
3 juin 2014), Gwoza (600 morts le 6 août 2014), Damboa (plus de 100 morts
la nuit du 17 au 18 juillet 2014), Kano (120 morts le 28 novembre 2014), Kukawa
(environ 100 morts le 1er juillet 2015), Kukuwa-Gari (50 à 160 morts le
13 août 2015) et Maiduguri (117 morts le 20 septembre 2015), [Baga (2 000
morts du 3 au 7 janvier 2015])288 ».
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