Vulnérabilité et adaptation des activites agropastorales à la variabilité climatique dans la région du Mandoul au Tchad( Télécharger le fichier original )par Siadmadji Allaissem Université de Yaoundé 1 - Doctorat Ph.D en Geographie option Climatologie 2016 |
2.2.6.4 Variabilité du nombre de jours de fortes pluiesEst considéré dans cette analyse comme forte pluie, une « pluie journalière de hauteur supérieure ou égale à la moitié de la hauteur de précipitation journalière atteinte une fois par an » (Sighomnou, 2004), ceci afin de conserver aux résultats une homogénéité statistique. Pour les évènements pluvieux journaliers, leur distribution spatiale s'effectue selon le même gradient décroissant SSW-NNE. La pluviométrie journalière la plus importante de la série des stations est atteinte le 21 septembre 1961 avec 110,6mm à Koumra, valeur qui reste un record encore non dépassé plus de quatre décennies déjà. Même en 1999, au cours des épisodes de pluies exceptionnelles, Doba (01 août) et Sarh (07 août) n'ont recueilli chacune que 98mm, Moundou a enregistré 94 mm le 04 Août et Bekamba a reçu 96, 2 mm le 02 septembre. 2.2.6.5 Variabilité des années anormalement humidesLes années anormalement humides sont des périodes au cours desquelles les abats pluviométriques sont importants. Au cours de ces années, les valeurs pluviométriques dépassent largement la valeur normale. Selon leur régularité, leur abondance et leur intensité, les précipitations sont qualifiées d'événements extrêmes et excessifs qui, dans leurs manifestations peuvent s'accompagner soit d'inondations soit de sécheresse. L'examen des séries pluviométriques montre que la variabilité des déficits annuels exceptionnels est très prononcée avec 69,15 %. La chaleur excessive et la sécheresse récurrente sont remarquables. Les résultats d'analyse permettent de distinguer une baisse des pluies à tous les pas de temps sur une période assez longue et une diminution de la pluviosité. C'est souvent le cas d'une sécheresse physiologique intra saisonnière qui peut affecter certaines cultures (phénophases) et des calendriers agricoles. Les excédents annuels exceptionnels les plus représentatifs sont enregistrés de façon concomitante dans toutes les stations en 1964, 1996 et 1999. Les précipitations recueillies sont importantes tant par leur abondance que par leur intensité, avec une bonne répartition spatio-temporelle et un allongement de la saison humide (5 à 6 mois). Ces pluies exceptionnelles sont des causes évidentes d'inondation et de désastres environnementaux. 2.2.7. Les années excédentaires ou humides Nous considérons comme année humide ou excédentaire, celle ayant un écart pluviométrique positif. Ainsi, au cours des années 1960 à 2009, on dénombre dix huit années excédentaires (tableau 14). La moyenne de ces excédents est de 1224 mm soit un écart type de 201 mm. Les années sèches ou déficitaires Parallèlement aux années humides, les années sèches ou déficitaires sont celles ayant un écart de précipitation par rapport à la moyenne interannuelle négative. De ce fait, nous apercevons sur le tableau 14, trente deux années ayant reçu des précipitations inférieures au seuil normal. La classification et la description étant déjà faites, un tableau de probabilité est construit. Ce tableau est obtenu par dépouillement des individus (décades) des diverses classes retenues. Il renseigne donc sur le nombre de fois que chaque décade est apparue dans chacune des classes. Une décade appartient définitivement à la classe où elle est apparue le plus (avec une probabilité supérieure à 50%). Classification Ascendante Hiérarchique des décades Pour procéder à cette étude, les logiciels Spad version 5.5 et Instat version 3.3 ont été utilisés. L'instat, qui est le logiciel de travail au bureau agro météorologique de l'ASECNA de N'Djamena, nous a permis de calculer les cumuls et les moyennes des variables journalières. Spad est un logiciel d'analyse multidimensionnelle des données et a servi à réaliser la Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) sur la base de données. Les opérations suivantes ont été effectuées sur les données brutes afin de mieux les traiter : Cumul des valeurs de pluie par décades Pt = avec n le nombre de jours de la décade Où Pt et Pi désignent respectivement les valeurs de pluviométrie de la décade et celles des pluies journalières de la décade. Calcul de la température moyenne par décade Tmd : Température moyenne par décade ; Tmax et Tmin désignent respectivement la température journalière maximale et minimale ; n désigne le nombre de jours de la décade. Nous procéderons tout d'abord à une brève analyse simultanée des séries annuelles de pluviométrie et de température dans le but de trouver une année de rupture. Celle-ci nous permettra de séparer notre base de données sur deux périodes. Une classification sera réalisée sur chacune d'elles pour montrer l'existence de bouleversements climatiques et éventuellement déterminer les nouvelles périodes climatiques. 2.2.8. Classification des décades sur la période 1960-2009 Tableau 12 : Statistiques sommaires des variables
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 Le tableau 12 indique que la région a été caractérisée durant cette période par une pluviométrie décadaire moyenne de 117,3 mm. La plus forte hauteur de pluie enregistrée est de 234,6 mm. La température décadaire moyenne est de 27,84°C. Le soleil brille en moyenne 9 heures. Tableau 13: Matrice des corrélations de la première CAH
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 Les variables Pluie et Humidité sont positivement corrélées (0,51). Il en est de même pour les variables Température et Insolation (0,72). Ainsi pour une décade, les valeurs de température et d'insolation évoluent dans le même sens. Il en est de même pour les valeurs de pluviométrie et d'humidité. Tableau 14: Première caractérisation des classes 1 et 2 par les variables
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 Les valeurs entre parenthèses sont les valeurs tests des associées aux variables. En effet, dans la classe 1, la température et l'insolation sont plus élevées que la moyenne (respectivement 28,95 et 6.99). L'humidité et la pluviométrie sont quant à elles faibles (respectivement 32,28 et 13,47). La classe 2 est opposée à la classe 1 au sens où les variables Température et Insolation ont de faibles valeurs (respectivement 26,36 et 4,57) et les variables Pluviométrie et Humidité ont de fortes valeurs (51,93 et 38,52). La classe 1 est donc celle des décades sèches tandis que la classe 2 est celle des décades humides et pluvieuses. Ainsi, on totalise 57% des décades sèches et 43% des décades pluvieuses comme illustre la figure 23. Figure 23: Proportions de décades sèches et humides En général, dans la région, il a fait plus chaud que froid de 1970 à 2009. La partition en 2 classes est cependant, celle qui donne plus de détails sur les classes des décades. Tableau 15: Première caractérisation des classes par les variables
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 Par ailleurs, elle est intéressante car la zone d'étude est caractérisée par deux périodes climatiques (une saison sèche et une saison pluvieuse). Le tableau 15 indique les moyennes des variables dans les classes. Sont indiquées entre parenthèses, les valeurs tests des variables. Classe 1 Elle est caractérisée par la température, la pluviométrie, l'humidité et l'insolation au seuil de 5% car les valeurs des tests respectives sont 22,46, -16,76, -26,29 et 15,08. Par ailleurs, elle est constituée des décades à fortes températures et à très faibles quantités de pluies. En effet, la moyenne de la température dans cette classe est la plus élevée (29,24) et plus forte que la moyenne générale de la variable Température (27,82). C'est aussi le cas de la variable insolation. Elle y est très élevée. Aussi, la moyenne de la pluviométrie (6,96) est la plus faible de toutes les classes. L'humidité dans cette classe est aussi faible (30,65). En conclusion, les décades de cette classe correspondent à des décades de périodes sèches. Classe 2 : Au seuil habituel de 5%, seules les variables température, humidité et insolation (36.42) caractérisent cette classe. La température moyenne dans cette classe est la deuxième la plus faible (26,87) et l'insolation est également la deuxième plus faible de toutes les classes (5,67). Par conséquent, cette classe comprend des décades relativement moins chaudes mais plus pluvieuses que celles de la première classe. Elle est la deuxième classe la plus pluvieuse. Classe 3 : Elle est caractérisée par les quatre variables qui ont des valeurs-test supérieures au seuil convenu (-9,02, 24,60, 10,96 et -6,32 pour respectivement température, pluviométrie, humidité et insolation). Dans cette classe, la température moyenne (26,67) est légèrement inférieure à la moyenne générale. De plus, l'insolation moyenne de cette classe est également faible (5,07). En outre, nous remarquons que la pluie a une moyenne générale de 98,15 qui est largement supérieure à la moyenne (29,96). L'humidité moyenne de cette classe (38,60) est relativement plus élevée que la moyenne générale. En conclusion, cette classe est celle des décades de très fortes pluies. Classe 4 : Au seuil de 5%, les variables significatives pour cette classe sont température, humidité et insolation. La température moyenne de cette classe (27,79) est la deuxième plus forte de toutes et l'insolation aussi élevée (5,52). L'humidité y est faible (35,87). La pluviométrie ne caractérise pas cette classe. On en déduit que cette classe est celle de décades relativement sèches. Les valeurs qui figurent dans le tableau 16 désignent le nombre de fois que chaque décade est apparue dans chacune des classes durant les 50 années. La somme par ligne est donc toujours égale à 30. La question fondamentale ici est : « Comment attribuer une décade à une classe ? ». Afin de répondre à cette question, nous supposerons qu'une décade appartient définitivement à une classe si cette dernière contient au moins 50% des observations de la décade. C'est-à-dire que la décade appartient à une classe si elle apparaît au moins 15 fois dans celle-ci. Le critère d'appartenance sus-énoncé nous permet d'avoir les périodes climatiques suivantes : Période 1 : (Octobre, mars et Avril) : elle est caractérisée par de très fortes températures (39,24°C). Le soleil brille en moyenne 10 heures. La pluie est presque rare durant cette période. Cette période correspond bien à la grande saison sèche habituelle de la région. Période 2 : (Juillet-septembre) : elle est composée de deux parties. La première qui s'étend d'Avril à Juin est caractérisée par une température égale à la moyenne et une humidité plus ou moins élevée. Il y pleut plus que la normale. La seconde partie qui couvre le mois de mi septembre est caractérisée par de très fortes pluies. C'est d'ailleurs là une caractéristique de ce mois. Ces pluies marquent la fin de la saison des pluies. En somme, la période 2 correspond à la grande saison habituelle des pluies qui s'étend de Juillet à septembre. Période 3 : (septembre à mi-octobre) : c'est un temps au cours duquel la température moyenne est de 37,79°C et l'insolation est élevée. On en conclut qu'elle correspond à la fin de la saison pluvieuse traditionnelle de la région. Période 4 : (Début-octobre à novembre) : contenue dans la classe 2, elle est caractérisée par des pluies de 20,82 mm et une température de 37,08 °C. Elle correspond bien à la fin de la saison pluvieuse. Tableau 16 : Seconde caractérisation des classes 1 et 2 par les variables
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 En effet, dans la classe 1, la température et l'insolation sont plus élevées que les moyennes (respectivement 29,61 et 7,09). L'humidité et la pluviométrie sont quant à elles plus faibles (respectivement 34,76 et 12,83). La classe 2 est opposée à la classe 1 au sens où les variables Température et Insolation ont de faibles valeurs (respectivement 26,76 et 4,86) et les variables Pluie et Humidité ont de fortes valeurs (55,83 et 38,55). La classe 1 est donc celle des décades sèches tandis que la classe 2 est celle des décades humides et pluvieuses. La partition en 2 classes étant trop générale, nous choisirons la partition en cinq classes qui nous fournit plus de détails sur la répartition des décades. Nous allons donc décrire cette partition. Tableau 17: Seconde caractérisation par les variables
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 Le tableau 17 indique les moyennes des variables dans les cinq classes. Sont indiquées entre parenthèses, les valeurs tests des variables. Classe 1 : C'est la classe des décades chaudes et relativement humides. En effet, elle est caractérisée par la température, la pluie, l'humidité et l'insolation au seuil de 5% car les valeurs de tests respectives sont 12,59, -8,20, -4,14 et 9,11. La moyenne de la variable température dans cette classe est la plus élevée (30,06) de toutes les classes et est plus forte que la moyenne générale de la variable température (28,30). De même, la moyenne de la variable insolation a sa plus forte valeur (7,34) dans cette classe. Ceci est dû à sa forte corrélation à la variable température. Aussi, la moyenne de la variable Pluie (7,85) est-elle largement inférieure à la moyenne générale (32,54). L'humidité moyenne dans cette classe (35,51) est presque égale à l'humidité moyenne générale (36,49). En conclusion, les décades de cette classe correspondent à des décades chaudes et sèches. Classe 2 : Au seuil habituel de 5%, les variables Pluie et humidité caractérisent cette classe. La température moyenne dans cette classe est la deuxième la plus élevée (28,83) et l'insolation moyenne est de 6,07, égale à la moyenne générale. Aussi, l'humidité moyenne est-elle la plus faible dans cette classe (28,20). La pluie, quant à elle, est aussi la plus faible dans cette classe (3,33). Par conséquent, cette classe comprend des décades très sèches. Classe 3 : Elle est caractérisée par les quatre variables. Dans cette classe, la température moyenne (27,96) est légèrement inférieure à la moyenne générale (28,30). De plus, l'insolation moyenne de cette classe est élevée (6,51).En outre, nous remarquons que la pluie a une moyenne générale de 143,98 qui est la deuxième moyenne la plus élevée de toutes les classes. Donc il y pleut plus que la normale. L'humidité moyenne de cette classe (37,85) est relativement plus élevée que la moyenne générale. En conclusion, cette classe est celle de décades pluvieuses et ensoleillées. Classe 4 : Au seuil de 5%, toutes les variables caractérisent cette classe. La température moyenne de cette classe (26,46) est la deuxième plus faible de toutes et l'insolation aussi (4,51). L'humidité moyenne est la plus élevée (38,87). Il y pleut abondamment puisque la pluviométrie moyenne est de 107,36. On en déduit que cette classe est celle de décades fortement pluvieuses et humides. Classe 5 : Les variables température, humidité et insolation caractérisent bien cette classe. La température moyenne de cette classe (25,85) est la plus faible de toutes et l'insolation aussi (3,24). L'humidité moyenne y est très forte (38,77). Il y pleut également puisque la pluviométrie moyenne est de 24,62 mm. On en déduit que cette classe est celle de décades froides et humides. 2.4. Les chroniques climatiques étudiées sur la période 1960-2009 Une recherche purement descriptive sur la climatologie dans la région du Mandoul peut quelquefois donner l'impression d'un réseau stationnel important et spatialement cohérent. Les travaux de synthèse menés sur la zone relèvent cependant la faiblesse des longues séries et les incertitudes qui entourent leur homogénéité statistique A l'échelle de la région, Vidal et al. (2009) relèvent trois périodes charnières dans les chroniques climatiques: les années 1962-63 correspondent à un faible nombre de relevés par rapport à la période précédente ; 1986-87 a marqué le début d'une augmentation significative des observations, 1998-99 qui signale un palier atteint dans le nombre d'observations stationnelles. En cherchant à retenir plusieurs paramètres météorologiques pour résumer les principales contraintes climatiques et bioclimatiques régionales (essentiellement pluvio-252528 thermique), le nombre de stations existantes dans la région est de deux (Koumra et Bekamba). Après analyse des données de la station de Bekamba qui ne sont pas fiables à cause des données manquantes, seule la station de Koumra est retenue pour une comparaison avec les données de Sarh, Doba et Moundou. Le critère essentiel retenu étant la recherche de la plus longue période commune disponible (1960-2009) sans lacunes sérielles, pour les paramètres climatiques suivants : les cumuls pluviométriques (RR) et les températures moyennes (Tmoy). Tableau 18 : Variation des températures moyennes interannuelles des cinq regions de 1960 à 2009
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 Tableau 19 : Moyennes pluviométriques interannuelles des cinq stations de 1960-2009
Source : Service de Climatologie de la DREM, N'Djamena 2010 2.5. Années extrêmes en fonction des précipitations et températures moyennes Un indice calculé à partir des 4 chroniques stationnelles (Doba, Moundou, Sarh et N'Djamena) et comparé à celui de la station de Koumra, a révélé un climat régional moyen pluvieux avec 1040,3 mm/an et une température moyenne annuelle de 36,3°C. Les moyennes pluviométriques et thermiques de ces quatre stations sont légèrement au dessus de ceux de la station de Koumra. L'étude pluviothermique menée à partir des anomalies (valeurs centrées réduites à partir de la moyenne 1960-2009, montre que sur les cinquante années d'étude, 32 apparaissent comme déficitaire. Cependant, alors que les données enregistrées dans les quatre stations, indiquent l'existence de tous les types pluviothermique possibles, seuls deux types apparaissent réellement. Il s'agit : i) des années anormalement chaudes et sèches, caractérisées par les sécheresses comme celles de 1974 et 1983 ; ii) des années anormalement fraîches et pluvieuses, comme en 1960 et en 1998. On observe aussi que l'année 2003, exceptionnellement chaud, n'est en revanche pas considéré dans les années les moins pluvieuses. Cette différence de typologie est surtout due à la plus grande complexité des situations météorologiques (donc des circulations et des combinaisons pluviothermiques) ainsi qu'à la plus grande variabilité interannuelle durant la période hivernale. Cependant, à l'échelle régionale, c'est bien durant la saison pluvieuse que l'on observe la plus grande variété de types de circulation atmosphérique associés à des extrêmes thermiques (Resco, M. 2005). 2.6. Une évolution pluviothermique significative après 1988 L'analyse de la variabilité interannuelle révèle surtout un fait marquant, commun à tous les principaux paramètres climatiques étudiés (Tmoy et RR), soit une rupture sérielle datée vers 1988. Quoique significative pour les totaux pluviométriques, elle est surtout nette pour les séries thermiques et correspond à une augmentation importante des températures atmosphériques régionales. En revanche, aucune tendance claire n'apparaît vraiment dans les cumuls pluviométriques annuels et saisonniers régionaux. Cela peut d'abord s'expliquer par la grande variabilité spatio-temporelle des précipitations de certaine station comme celle de N'Djamena qui est située dans le sahel et étroitement dépendante des conditions pluviométriques locales. La hausse régionale des températures peut être évaluée à environ 0,014 °C/an pour les températures moyennes, et affecte aussi bien les quatre stations que celle de Koumra. 2.7. Variations climatiques interannuelles des écarts à la moyenne (1960-2009) Températures en °C Figure 24 : les températures mensuelles moyennes des cinq stations (en °C) Précipitations (mm) Figure 25: le cumul mensuel des précipitations (en mm) des cinq stations Les chroniques stationnelles mensuelles sont filtrées grâce à une moyenne mobile de 12 mois. Les valeurs mensuelles moyennes sont indiquées pour chaque paramètre et pour chaque station, les données brutes sont obtenues sur la période allant de 1960 à 2009 auprès de la DREM et présentées en annexe. La tendance des températures moyennes n'est pas toujours totalement synchrone et de même intensité. En fait, à l'échelle de N'Djamena, la hausse des températures s'explique généralement par sa position géographique du sahel. L'examen plus précis des données météorologiques des autres stations permet de mieux juger le changement des températures. Ces résultats précisent ceux obtenus à la station de Koumra, indiquant une augmentation des températures depuis les années 1980, quelle que soit la position géographique considérée, ainsi qu'une baisse du nombre de jours de précipitation. Parmi les causes de ce réchauffement atmosphérique régional, le déplacement vers le sud des systèmes de hautes pressions subtropicales et de l'isohyète sont souvent avancés. L'augmentation des pressions atmosphériques a pour conséquence, surtout en milieu biophysique, l'allongement de la durée quotidienne et saisonnière de l'ensoleillement. De même, alors que la vitesse du vent synoptique mesuré à l'échelle régionale (Masson J.M., 2007), l'influence des contraintes topoclimatiques locales augmenterait, puisque directement dépendantes du flux radiatif incident. Le poids des conditions géographiques locales (altitude, exposition, encaissement, écoulements, ...), relativement différentes pour les 5 stations étudiées, évolue donc. Cette complexité physiographique, demeure encore difficile à simuler précisément dans les modèles numériques du climat, même ceux développés à échelle régionale (Dhonneur G., 2009). Cependant, lorsque l'on corrèle une série de la station de Koumra étudiée avec le champ thermique régional provenant des réanalyses climatiques, on observe une contraction nette des corrélations positives autour de chaque station (i.e. son aire représentative) après 1988. Les variations thermiques interannuelles des quatre régions sont maintenant davantage similaires à celles observées à Koumra. 2.8. Quelles projections pluviothermiques régionales ? Depuis quelques années seulement, les tentatives de modélisation numérique du climat se multiplient à l'échelle régionale, notamment en Afrique (Terray et Braconnot, 2007). La plupart des simulations s'accordent pour suggérer que ce sont les espaces de moyennes altitudes qui enregistreront les hausses les plus significatives, surtout dans la seconde moitié du 21e siècle (Agence Européenne pour l'Environnement, 2009). Les cumuls pluviométriques changeront également, particulièrement à l'échelle saisonnière : les modèles prévoient une diminution des pluies estivales. Ces mutations conduiraient donc à des changements importants des bilans hydriques régionaux (écoulement de surface, infiltration, évapotranspiration, ...), mais qu'il reste extrêmement difficile de quantifier, surtout à l'échelle locale. Grâce au modèle atmosphérique ARPEGE-Climat de Météo-France, des simulations ont été effectuées selon deux scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, en fonction d'un ensemble d'hypothèses d'évolution de la population et de l'économie mondiales (Terray et Braconnot, 2007). Il s'agit de scénarios du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) à l'horizon 2100 par rapport à la période 1980-1999, où le scénario A2 (dit `intensif') simule une augmentation des émissions de gaz à effet de serre proche de celle d'aujourd'hui (avec une hausse thermique de +3,8 °C en moyenne) ; le scénario B2 (dit 'modéré') modélise une augmentation moins rapide des émissions de gaz à effet de serre, avec une augmentation des températures de +2,4 °C en moyenne (GIEC, 2007). Pour ce type d'étude, Météo-France rappelle qu'il s'agit évidemment de résultats avec une marge d'incertitudes liées au modèle (global et pas régional) et aux principes physiques inhérents, mais que cela fournit cependant des estimations très plausibles du climat des prochaines décennies. 2.9. Les conséquences possibles sur les principales activités socio-économiques En fonction de l'impact social et paysager de ces variabilités climatiques, ainsi que des investissements économiques considérables déjà réalisés, mais aussi des projets envisagés à court (2010-2015) ou moyen terme (2015-2050), deux secteurs d'activités sont surtout visés à l'échelle africaine: l'agriculture et l'élevage. 2.10. Agrosystèmes et pratiques agricoles Les variations bioclimatiques déjà observées à l'échelle régionale (ou celles attendues en fonction des simulations numériques) ont des impacts écologiques complexes (particulièrement phénologiques), donc des conséquences agronomiques à plus ou moins court terme sur les activités agricoles, pastorales ou forestières. Le réchauffement a notamment pour effet principal d'atténuer les contraintes climatiques liées à l'altitude. Ainsi, le GIEC note que les perspectives sur le secteur agricole sont a priori moins alarmistes que pour d'autres secteurs, puisque l'élévation des températures et de l'ensoleillement s'accompagne théoriquement d'une augmentation de la biomasse végétale et d'un allongement de la période végétative (ANEM, 2007). Cependant, les changements de calendriers agricoles et d'itinéraires techniques ont aussi des retombées immédiates sur les rendements et les coûts du travail, qui peuvent impliquer des baisses de productivité. Ainsi, le réchauffement climatique et la diminution du nombre de jours de pluies observés depuis la fin des années 1980 modifie d'abord l'un des principaux forçages écologiques du cycle végétatif des espèces, c'est-à-dire la période de fusion nivale. Les études empiriques fondées sur des observations biogéographiques prévoient par exemple, sur la base d'une augmentation des températures atmosphériques moyennes de 1 °C d'ici 2030, une forte diminution de la zone écologique dite `de combat' et sa quasi disparition d'ici 2100 si la température augmentait de 4 °C, comme le prévoient les modèles (Bigot et Rome, 2009). A des altitudes inférieures (< 1 000 m) et dans des espaces topoclimatiques particuliers (par exemple, certaines vallées intérieures), les changements de régimes ombrothermiques pourraient augmenter le stress hydrique de la végétation à cause des épisodes secs et diminuer ainsi sa productivité. Cela risque alors d'accroître la vulnérabilité de certains espaces forestiers à différents facteurs de perturbation biotiques (scolytes, parasites) et abiotiques (vent, feu). Les mutations observées dans les amplitudes thermiques diurnes conjuguées aux tendances pluviothermiques interannuelles transforment la saisonnalité et la qualité des espaces herbacés, avec une durée potentielle d'occupation des zones d'estive plus longues par les systèmes d'élevage. Traditionnellement, ces derniers se distinguent clairement par une phase hivernale se déroulant en stabulation. Ainsi, pour la plupart des éleveurs, le début du printemps détermine la pousse prairial qui, si elle est tardive, oblige à l'apport d'alimentation concentrée pour le bétail (Gautier, 2004). La chronologie de la séquence bioclimatique hivernale est également déterminante, puisqu'elle détermine le calendrier des gestations et les entrées en bergerie, donc, en conséquence, tout le travail d'astreinte de l'agriculteur (alimentation, gardiennage, surveillance à la mise bas, ...) ainsi que la main d'oeuvre impliquée. L'alimentation fournie découle donc finalement des fourrages récoltés, le rendement en herbe dépendant directement de la couverture végétale, des températures et de la disponibilité en eau. Selon (ANEM, 2007), avec le réchauffement climatique, les plantes puisent de façon anticipée dans les réserves hydriques du sol, cette utilisation étant préjudiciable au bon déroulement de la phase biologique. A cette période, le stress hydrique représente un réel risque pour l'enherbement prairial, enjeu essentiel. Avec l'arrivée tardive des pluies dans certaines zones, la période d'activité biologique se prolonge même par une repousse herbacée tardive déjà observée en octobre. La mauvaise qualité nutritive de ce fourrage explique alors que les éleveurs constatent une diminution de la prise de poids moyenne des bovins, quelquefois de l'ordre de 50 %. La réduction prévisible de la productivité des prairies peut donc conduire progressivement à la réduction des élevages de ruminants mis à l'herbe en zones de moyenne montagne. Parallèlement, le décalage et le réchauffement saisonnier vont conditionner une recrudescence de maladies animales, ainsi que la remontée septentrionale et altitudinale de nouvelles espèces invasives (AFSSA, 2005). Cependant, l'ensemble de ces évolutions, impacts et adaptations souffre encore de nombreuses incertitudes. Ainsi, d'un point de vue écosystémique, deux hypothèses principales coexistent lorsqu'on évoque la variabilité climatique régionale :
En conséquence, la remontée générale de l'optimum altitudinal des espèces et le développement de communautés végétales plus thermophiles apporteront sûrement des réponses locales, dépendantes des massifs, qui déboucheront sur une vulnérabilité sociale et économique plus complexe que celle généralement présentée. A cause des contrastes régionaux observés à l'échelle régionale dans les tendances pluviothermiques des dernières décennies, il faut aussi imaginer que les équilibres économiques basés sur les ressources naturelles vont changer dans les prochaines années, certaines régions s'adaptant peut-être mieux que d'autres, de nouvelles sources d'attractivité apparaissant par ailleurs. Conclusion Au terme de ce chapitre consacré à la variabilité et à la recherche des tendances pluviométriques dans la région du Mandoul, les résultats obtenus confirment la baisse générale des précipitations observée de 1960 à 2009. Cette baisse se caractérise par la diminution du cumul des pluies annuelles, particulièrement accentuée au cours des décennies 70 et 80. Ces résultats montrent qu'en dépit de quelques années humides enregistrées au cours de la décennie 90, la sécheresse continue de sévir dans cette partie du pays jusqu'au début de 2000. Une étude (Janicot S., Fontaine B., 1993) aboutit à des conclusions similaires pour certaines régions du Tchad et le nord du Cameroun. La pertinence du choix qui a été effectuée dans le cadre de cette étude, quant aux variables hauteurs annuelles précipitées, nombre annuel de jours de pluie, durée des saisons humide et sèche, est sûrement discutable mais elle repose pour beaucoup sur la nature, la quantité et la qualité des données pluviométriques disponibles. L'étude de la variabilité des précipitations mensuelles montre qu'à l'exception des mois de juillet, août et septembre, les précipitations ont globalement diminué au cours des relevés normaux de 1970 à 2000 dans le NW de la région. Cette baisse n'est pas uniforme, ni sur toute l'année, ni sur l'ensemble de la région. Toutefois, on peut remarquer que les mois de la saison pluvieuse sont proportionnellement moins affectés par la diminution que ceux de la saison sèche. Les mois de juillet à septembre ont reçu des pluies excédentaires au cours de cette même période. Ces résultats sont comparables à ceux enregistrés dans la plupart des travaux sur le régime des précipitations en Afrique tropicale (Boko, 1995 ; Houndénou et al., 1998 ; Ndjendolé, 2001). L'étude des séries chronologiques de hauteurs précipitées annuelles fait apparaître une nette et brutale fluctuation du régime pluviométrique dans toute la région considérée, à la fin des années 60 et au début des années 70. Les résultats de l'analyse des séries chronologiques montrent une tendance générale au glissement des isohyètes vers le S-SW. Quoique difficile à étudier à cause du manque de longues séries stationnelles, l'analyse statistique sur la période 1960-2009 à l'échelle de la région d'étude met en évidence plusieurs changements pluviothermiques significatifs. Le plus évident est la rupture de stationnarité postérieure à 1988, accompagnée d'une modification des fréquences thermiques (différente entre températures minimales et maximales) et d'un réchauffement à la fois hivernal et estival. Il semble également que ces changements puissent renforcer la typicité et le morcellement climatique régional dépendant de la topographie, compliquant l'étude de leur variabilité. Sans pouvoir le démontrer explicitement par modélisation écologique ou économique, ces variations climatiques intra saisonnières et interannuelles constituent des mutations évidentes des principales contraintes environnementales régionales. Les transformations des phases bioclimatiques quotidiennes et des régimes ombrothermiques annuels vont interagir avec les cycles végétatifs, remodelant les activités agropastorales et les paysages associés (ouverture des paysages, enfrichement, reforestation, biodiversité). Au niveau régional les pistes d'adaptation sont actuellement nombreuses, passant notamment par le renforcement des observations météorologiques et hydrologiques, des systèmes de prévision et de modélisation du climat, le développement de modèles socio-économiques dynamiques sur l'adaptation des individus et des sociétés, ou encore la diffusion de l'information à l'attention des acteurs des secteurs économiques concernés (Agence Européenne pour l'Environnement, 2009). Mais les adaptations sont actuellement mal connues et encore peu prévisibles, alors qu'elles peuvent sûrement permettre des économies d'échelle importantes pour des espaces sensibles comme l'Afrique. Une question plus large revient peut-être à mieux déterminer la fonction principale de l'espace régional dans un monde réchauffé, entre une réserve de biodiversité ou bien plutôt un lieu de production économique (MEEDDM, 2009). La tendance à une évolution régressive de la pluviométrie, amorcée vers la fin des années 60, présage des lendemains incertains pour les solutions aux défis posés par les différents types d'activités liées au développement durable. C'est pourquoi, pour une meilleure adaptation, il sera question d'identifier les impacts pour réduire les menaces qui pèsent sur l'agriculture et l'élevage. C'est ce qui va constituer la deuxième partie de notre étude. VULNERABILITE DE LA PRODUCTION AGROPASTORALE FACE A LA VARIABILITE CLIMATIQUE La deuxième partie de notre étude présente dans le chapitre III l'impact de la variabilité climatique sur les différents systèmes de productions agropastorales. Cette étude, qui a porté d'abord sur les principales cultures pluviales de la région (mil, maïs, sorgho et arachide), en vue de statuer sur le degré de vulnérabilité climatique du secteur des productions agricoles. Cette vulnérabilité est-elle liée au stress hydrique des cultures, auquel cas, elle se traduirait par une forte baisse des rendements dans le cas d'un scénario sec (pluviométrie déficitaire des années 1970/1985) et une légère hausse dans le cas d'un scénario humide (pluviométrie des années 1990/2009). La vulnérabilité socio-économique de la région du Mandoul a été ainsi perçue à travers une analyse prospective des indicateurs démographiques et socio-économiques liés à la variabilité climatique. Dans le chapitre quatre, nous avons entrepris la même démarche concernant le système de production pastorale avec des exemples précis. CHAPITRE III : VULNERABILITE ET IMPACTS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LE SYSTÈME AGRICOLE Introduction : Dans ce chapitre, nous parlerons des différentes incidences des composantes des précipitations sur les activités que mènent les hommes dans notre zone d'étude. Il s'agit des effets de la variabilité des précipitations (étudiée au chapitre deux) sur l'agriculture. Notre objectif est de montrer comment les irrégularités pluviométriques affectent l'agriculture dans la région du Mandoul. Pour cela, nous nous sommes basés sur le total annuel des précipitations annuel, la moyenne journalière des précipitations et de l'arrivée tardive ou de l'arrêt précoce ou tardif des pluies. Ce chapitre analyse aussi les contraintes géoclimatiques et les perceptions des impacts de la variabilité climatique à partir des réponses des paysans aux questions suivantes : «avez-vous constaté des mutations dans les précipitations au cours des 30 dernières années, au niveau de votre exploitation agricole ? Si oui, en quoi consistent ces changements ? » Nous avons recensé les différentes réponses et avons fait une typologie des manifestations des changements observés. 3.1. Les contraintes géoclimatiques liées à la variabilité climatique Les contraintes géoclimatiques qui commandent les activités rurales dans la région du Mandoul s'aggravent du fait de la continentalité, de l'irrégularité pluviométrique, des moyens de culture rudimentaires, des sols pauvres, des possibilités financières réduites, de la poussée démographique importante qui appauvrissent la terre par réduction ou suppression des jachères. Certaines plantes comme le cotonnier, le manioc, le maïs et le mil, indispensables dans l'économie, connaissent des dysfonctionnements dans leur cycle physiologique (Ndjendolé, 2001). On note que les exigences hydriques de ces plantes sont en inadéquation avec le budget pluviométrique. Cette indigence pluviométrique peut engendrer des réfugiés écologiques ; des groupes de populations migrent vers les zones agro-pastorales du Sud Ouest dans l'espoir de trouver des conditions favorables aux pratiques agricoles. Ainsi, des changements dans le choix des espèces culturales sont perceptibles. À titre d'exemple, lorsqu'on demande à un paysan le pourquoi de ce choix, il dit ceci : « Avant, il pleuvait beaucoup mais maintenant, il pleut moins », cela est traduit comme une baisse des précipitations ; « Avant, on n'avait 5 à 6 mois de pluies mais maintenant on n'en a que 4 à 3 mois », cela est traduit comme une diminution de la durée de la saison des pluies. Sur la base des différentes réponses, nous avons constitué les types des impacts climatiques. L'analyse des données montre que les paysans perçoivent clairement les variabilités pluviométriques. Environ 76 % des paysans de l'échantillon estiment que les précipitations ont changé. Ils constatent que les principales manifestations de la variabilité climatique sont : une baisse des précipitations, un dérèglement de la saison des pluies, une plus grande irrégularité des pluies et une plus grande fréquence de poches de sécheresse durant le cycle de végétation. La forte démographie qui caractérise la zone soudano-sahélienne entraîne une pression sur les terres agricoles. Cela engendre une dégradation des sols qui rend plus perceptible la baisse des précipitations. Le dérèglement de la saison des pluies est perçu par 24,7 % des paysans. Ce phénomène se manifeste par une diminution de la durée de la saison des pluies, un début tardif ou/et un arrêt précoce des pluies. Cette perception est sensiblement la même dans tout le pays. La perception de la fréquence des poches de sécheresse est plus élevée en zone d'étude. Cette zone est plus sensible aux poches de sécheresse, du fait des variétés et des cultures à cycle long qui les exposent plus aux poches de sécheresse, d'où la forte perception observée. Elle reste cependant la zone la moins exposée aux déficits hydriques. En effet, l'observation des données thermiques moyennes annuelles des cinquante dernières années montre une augmentation progressive de la température ambiante et on note une diminution de la pluviométrie et du nombre de jours de pluies (voir chapitre 2). Les formations végétales, notamment les ressources forestières se fragilisent davantage, sous l'influence des feux de brousse, de l'agriculture itinérante et de l'exploitation du bois énergie. Les sols perdent leur fertilité progressivement sous les effets de l'érosion hydrique, de l'érosion éolienne due aux activités humaines qui fragilisent et mettent à nu les sols. Dans la région du Mandoul, près de la moitié des terres cultivables présentent des caractéristiques physiques qui leur donnent une très grande susceptibilité au lessivage (faible capacité de rétention de l'eau, structure fragile, etc.). Ces perturbations climatiques ont pour conséquences la diminution des rendements de la production agricole, la pauvreté et le faible revenu des populations en milieu rural. La région est connue ainsi pour sa forte vulnérabilité dans le domaine de l'agriculture à la variabilité climatique (Mishra et al., 2008). L'économie de la région et sa sécurité alimentaire reposent principalement sur l'agriculture pluviale, mode de production le plus largement répandu. Les rendements agricoles sont extrêmement sensibles aux fluctuations interannuelles et intra-saisonnières des précipitations liées à la mousson d'été boréale. Cette région a enregistré au cours du XXe siècle la plus forte transition climatique, marquée par une péjoration pluviométrique exceptionnelle (Janicot, Fontaine, 1993; Lebel et al., 1997), avec de très fortes répercussions économiques et humaines, notamment sur les productions agricoles et les migrations. Les cultures céréalières occupent plus de 80% des terres arables; la principale variété cultivée est le millet perle [Pennisetum glaucum (L) R. Br] qui constitue 75% de la production céréalière totale du pays (Soler et al., 2008). Au sein des petites exploitations familiales traditionnelles, le mil est entièrement cultivé sous conditions pluviales et extensives: absence d'irrigation, de mécanisation, d'engrais chimiques, de produits phytosanitaires... Avec la faible fertilité des sols, les conditions météorologiques apparaissent comme le principal facteur limitant de la production céréalière en raison de la forte variabilité spatiale et temporelle des pluies sahéliennes (Le Barbé, Lebel, 1997). À partir d'études menées dans d'autres pays (par exemple au Burkina-Faso; Ingram et al., 2002), les agriculteurs ont identifié et classé par ordre de priorité plusieurs paramètres climatiques cruciaux dans le choix de leurs stratégies agricoles: · les dates de démarrage et de fin de la saison des pluies; · la répartition des précipitations au sein de la saison des pluies; · le cumul saisonnier de pluie. Ils expriment un réel intérêt à recevoir une prévision à moyen terme de ces caractéristiques intra-saisonnières. Le démarrage de la saison des pluies, tout particulièrement, apparaît comme l'information la plus importante dans l'organisation du calendrier agricole puisqu'elle détermine la période de semis. 3.2. Identification des risques climatiques Selon le modèle conceptuel simplifié décrivant l'impact, la vulnérabilité et l'adaptation aux changements climatiques, en favorisant l'émergence de diagnostics régionaux présenté ci-dessous, les impacts de la variabilité climatique ne seront ni uniformément, ni équitablement répartis à l'échelle régionale. Ces différences tenant compte autant de l'exposition aux aléas climatiques que des spécificités géographiques et socio-économiques territoriales susceptibles d'influencer la vulnérabilité des systèmes (Moron, 1994). La complexité vient en effet du fait que, sur le court ou moyen terme, les variabilités climatiques (i.e. essentiellement le réchauffement atmosphérique et, dans une autre mesure, la modification des régimes pluviométriques) peuvent s'accompagner d'impacts positifs pour certaines activités. Mais sur le moyen ou le long terme, il est alors essentiel de comprendre les possibles ruptures systémiques et le renversement de tendance. Les aléas climatiques qu'on peut reconnaître dans notre zone d'étude sont liés aux évènements suivants : - les inondations périodiques liées aux extrêmes climatiques ; - les vents violents ; - les feux de brousse relevant de la pratique ancestrale des populations; - l'érosion hydrique et éolienne ; - les diminutions des précipitations et une hausse de l'évapotranspiration (liée à l'augmentation des températures) : une conséquence directe peut être la baisse de l'écoulement lors des périodes estivales particulièrement sèches et/ou chaudes ; - la sécheresse ; - les températures extrêmes ; - le décalage des saisons lié à un changement de temporalité de la pluviométrie et des débits, avec des séquences sèches plus longues et/ou plus fréquentes ; - la mauvaise répartition des pluies. La baisse de la pluviométrie, dont l'impact fut plus marqué pour la zone d'étude, s'est traduite par un processus de désertification, des fluctuations de la production céréalière, la descente des troupeaux vers le sud, la diminution du débit des fleuves, etc. L'évaluation de ces impacts a été réalisée sur la base de plusieurs indicateurs. Certaines estimations montrent que le débit du fleuve Bahr Sara aurait diminué de près de 60 % durant les décennies 1970/1980. Celui du Mandoul aurait baissé d'environ 15 %. Les impacts théoriques sur la biomasse et partant sur le potentiel de la production agricole sont relativement importants. Des estimations de la FAO montrent qu'entre les périodes 1960/75 et 1976/2000, la baisse de la pluviométrie aurait provoqué une baisse de la production biomasse sèche entre 200 et 400 g/m²/an dans les zones de la vallée. Bien que la traduction en termes de production agro-pastorale soit difficile, la baisse du potentiel de production de céréales sèches (mil, sorgho ou maïs) ou de fourrage pour l'élevage est évidente. On peut se rappeler que les sécheresses au Tchad ont affecté la production agricole depuis toujours. En clair, la variabilité climatique constitue des contraintes pouvant affecter soit directement ou indirectement la performance finale de l'agriculture et peuvent entraîner un risque important. Ainsi donc, dans le domaine des risques climatiques, il est traditionnellement convenu de considérer les deux aspects de l'aléa à savoir l'aspect naturel, où l'aléa est comme pour les autres phénomènes d'origine naturelle et l'aspect technologique où l'aléa est dû à la présence de l'homme. Il est désormais admis que le risque nait de la conjonction d'une menace (l'aléa) et d'enjeux plus ou moins vulnérables, la prise en compte des vulnérabilités comme composantes fondamentales du risque au même titre que les aléas tardent encore à entrer dans les moeurs. Une analyse des évènements renseigne sur la réalité des aléas. Entre 1960 et 2009, la région du Mandoul a enregistré 22 inondations urbaines et rurales qui ont causé des dégâts matériels et en vies humaines. En 1967, l'inondation des villages riverains de la Basse vallée a provoqué d'énormes dégâts. Ces phénomènes sont localisés prioritairement dans les sous-préfectures de Bedaya, Bouna, Dembo, les cantons Bekamba dans le Bahr Sara et une partie du canton Ngalo (Adamou, 2007). En 1998 et 2008, il s'est produit une inondation redoutable du fleuve Bahr Sara et du petit Mandoul. Selon la presse « Notre Temps » de N'Djamena au Tchad, le drame enduré par les populations sinistrées a provoqué le décès de 20 personnes ; il a en outre occasionné 58 blessés et 34 000 personnes déplacées. 220 cases ont été détruites, deux ponceaux ont été cassés, défoncés ou emportés par les eaux. On dénombre également six écoles et collèges endommagés ou détruits, et 3 dispensaires infréquentables. Dans le département du Mandoul Est, plus de 1500 hectares de cultures vivrières ont été détruits. Les inondations sont caractérisées par la submersion des terres cultivables qui entraînent par endroits l'érosion et la perte de terres cultivables, l'eutrophisation et la perte de la biodiversité. Dans la région du Mandoul, les inondations concernent beaucoup plus les zones inondables et favorables à la culture du riz. Les cotes sont estimées en fonction des cumuls pluviométriques, conformément aux tableaux 20. Tableau 20: Côtes d'inondations à Bedaya
Source : ONDR Koumra La région du Mandoul a connu trois grandes périodes de sécheresse qui ont provoqué une famine sévère entre 1962-1963 ; 197 -1974 ; et 1983-1984. Ce phénomène est surtout localisé dans toute la région du Mandoul. Elle est caractérisée par mauvaise répartition des pluies, une augmentation progressive de la température ambiante, une diminution de la pluviométrie et une diminution du nombre de jours de pluies. Les impacts environnementaux liés à ce phénomène se traduisent par : - La baisse des rendements agricoles ; - La mort du cheptel ; - Le tarissement des cours d'eau ; - la baisse des revenus ; - L'accentuation de l'exode rural ; - La persistance de la famine ; - La recrudescence des maladies ; - Le changement dans les habitudes alimentaires, etc. 3.2.3. Les températures extrêmes Elles se manifestaient avant pendant les périodes de sécheresses surtout, mais de plus en plus, c'est pratiquement chaque année et atteignent par endroits 42°C à l'ombre durant les mois de mars, avril et mai. 3.2.4. Le décalage des saisons Ce phénomène est devenu très fréquent dans la région. La saison pluvieuse au lieu d'intervenir début-mars comme dans le passé arrive des fois en Mai et s'arrête plus tôt. Le décalage des saisons entraîne des reprises de semis occasionnant un coût de production élevé, l'érosion du pouvoir d'achat, l'exode rural, la famine (prolongation de la période de soudure, les migrations saisonnières des exploitants agricoles et les modifications des habitudes culturales). 3.2.5. La mauvaise répartition des pluies et les vents forts Très préjudiciable à la production agricole, elle se manifeste partout sur l'étendue du territoire national. Ce phénomène se caractérise par une certaine déficience de la couverture de la pluie dans le temps et dans l'espace ainsi qu'en quantité. Les vents violents qui surviennent fréquemment arrivent avec une vitesse de 100 à 115 Km/h. Ces vents qui arrachent tout sur leur passage sont à l'origine de la dégradation des sols, la perte de la biodiversité, la verse des cultures, la pression anthropique sur les sols, des litiges et conflits sociaux. Toutes ces catastrophes se distinguent par le degré de dommages causé sur les populations et les biens. Les impacts sont très diversifiés. On peut noter entre autres les incertitudes liées au démarrage des activités agricoles, l'assèchement précoce des mares et marigots, la baisse de rendement des productions agricoles (coton et céréales), les problèmes d'insécurité alimentaire, l'allongement de la période de soudure, l'abandon de certaines cultures, l'inadéquation des semences de certaines espèces céréalières... Les impacts environnementaux et socio-économiques actuels de ces risques sont consignés dans le tableau 21. Tableau 21: Impacts environnementaux et socio économiques des évènements climatiques
3.3. Vulnérabilité de l'agriculture liée à la variabilité climatique Avant de voir la vulnérabilité des écosystèmes et des couches sociales, la définition de certains concepts est importante pour mieux cerner et comprendre le développement de ce sous chapitre. Car la vulnérabilité n'est pas réductible à la somme des vulnérabilités exposées. Une approche holistique de la vulnérabilité doit s'imposer pour décrire et analyser les systèmes complexes. 3.3.1. Les ressources liées aux écosystèmes, les moyens d'existence et les modes d'existence Il s'agit de tous les produits fournis par les écosystèmes naturels et qui sont utilisés par les hommes. En fait c'est le capital naturel. On peut trouver dans cette catégorie, l'eau, le bois, les sols, les animaux et/ou végétaux, etc. Les moyens d'existence englobent les capacités, les avoirs (ressources matérielles et sociales incluses) et les activités requis pour subsister. On considère qu'ils peuvent être constitués de cinq formes de capital : le capital humain, le capital naturel, le capital physique, le capital financier et le capital social. Ce sont en fait les moyens sur lesquels se basent les gens pour vivre. Les modes d'existence caractérisent les grands groupes d'acteurs en fonction de leur activité : grands exploitants agricoles, éleveurs, commerçants, etc. Ils sont fonction des zones dans lesquelles on travaille. La société influe de façon multiforme sur le milieu physique à différents niveaux scalaires et il est fastidieux de décomposer systématiquement cette influence. La déforestation par exemple est un aléa anthropique qui, depuis deux siècles, a modifié le système terre. 3.3.2. Les ressources et écosystèmes vulnérables La vulnérabilité des éléments à risque liée à la variabilité climatique sur les ressources et les écosystèmes est clairement établie sur le tableau 22. Ainsi et dans le cas d'espèce, les risques identifiés sont la sécheresse, les inondations, les températures extrêmes, les vents forts et l'érosion. Ces risques sont liés aussi à la vulnérabilité des écosystèmes (les mares, les marigots, les vallées, la végétation, la forêt, les étangs, le fleuve, etc.) qui fait tarir les eaux des mares et marigots et rendant difficile l'exploitation des zone agropastorales. Tableau 22: Causes de la vulnérabilité des écosystèmes face à la variabilité climatique
Source : PANA Tchad, 2009. 3.4. Les groupes vulnérables et les causes de leur vulnérabilité Les différents groupes exposés à la variabilité climatique dans la région du Mandoul sont : les personnes âgées, les enfants, les femmes, les agriculteurs, les artisans et les commerçants. Tableau 23: Causes de la vulnérabilité des groupes cibles face à la variabilité climatique.
3.4.1. Estimation de la vulnérabilité Les modes d'existence sont les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les commerçants et les artisans. Tableau 24 : Echelle de cotation
3.4.2 Mode de calcul des indicateurs d'exposition Les indicateurs d'exposition sont calculés par ligne et ont au total la valeur de cent (100). Ces différents indicateurs mesurent le degré de vulnérabilité de chacune des catégories des services identifiés par rapport à l'ensemble des risques climatiques. Il est obtenu en faisant la somme des colonnes de chaque ligne divisée par le score total possible et multiplié par 100. ?xi IE = ---------------- X 100 Txi + yi IE: Indicateurs d'exposition; ?xi : Somme des lignes ; Txi + yi : Score total c'est-à-dire la somme des colonnes et des lignes. Tableau 25 : Evaluation des services rendus
Légende : S : Sécheresse, D : Décalage des saisons, T : Température élevée, I : Inondation, M : Mauvaise répartition des pluies, V : Vents forts Le classement des services rendus par les moyens d'existence par degré de vulnérabilité décroissant est le suivant : les fruits (17,8 %), les terres (14,2 %), les bois (14,2%), les animaux (10,7 %), les poissons (10,7 %), les fourrages (10,7 %), l'eau (10,7 %) et les plantes ((10,7 %).
Figure 27: Indicateurs d'exposition climatique sur les écosystèmes 3.4.3. Mode de calcul de l'indicateur d'impact L'indicateur d'impact indique l'importance de chaque risque climatique. Il est calculé pour les modes d'existence, les deux premières catégories étant en fait incluses dans les modes d'existence. Il est calculé de la même manière que l'indicateur d'exposition mais sur les colonnes. ?yi II = ---------------- X 100 Txi + yi II: Indicateurs d'Impact; ?yi : Somme des colonnes ; Txi + yi : Score total c'est-à-dire la somme des colonnes et des lignes. Tableau 26: Evaluation des modes d'existence
Légende : S : Sécheresse, D : Décalage des saisons, T : Température élevée, I : Inondation, M : Mauvaise répartition des pluies, V : Vents forts.
Les indices d'exposition permettent d'identifier, pour chaque catégorie, les éléments les plus vulnérables. L'indice d'impact permet par contre de déterminer le risque climatique qui a le plus d'impact sur les différentes catégories. Il ressort ainsi de cette analyse de sensibilité que les secteurs productifs les plus vulnérables sont l'agriculture (de subsistance et commerciale) et l'élevage (extensif et intensif). Les groupes d'acteurs les plus vulnérables sont les petits propriétaires et les travailleurs agricoles. Les risques climatiques les plus importants sont la sécheresse aiguë et les inondations. Cependant, si l'on considère la fréquence de ces risques climatiques, la sécheresse peut constituer le risque le plus récurrent, par rapport aux vents violents qui ont une fréquence moindre. Les risques climatiques définis sont classés par ordre d'importance d'impact sur les groupes cibles et les écosystèmes comme suit : Figure 27: Indicateurs d'impacts ou de risques climatiques sur les groupes cibles Les indicateurs d'exposition montrent que les modes d'existences les plus vulnérables sont les agriculteurs (31,7 %), suivis par les pêcheurs (21,9 %), les éleveurs (17 %), les commerçants (14,6 %) et enfin les artisans (14,6 %). Figure 28: Indicateurs d'exposition climatique sur les populations Ce classement reflète la réalité vécue dans la région, car la sécheresse et les inondations sont les phénomènes extrêmes les plus importants de nos jours malgré leur fréquence espacée dans le temps. La mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l'espace constitue un risque ayant un impact potentiel très sévère sur la production agricole. Le décalage des saisons non seulement affaiblit les efforts des agriculteurs à cause des labours et des semis répétés mais aussi et surtout contribue à l'augmentation du coût de production. 3.5. Méthodes traditionnelles d'élaboration du calendrier agricole Dans la région du Mandoul en général, les calendriers agricoles dépendent de l'alternance des saisons à laquelle se combine la division du temps basée autrefois sur les « successions des lunes et des pratiques religieuses ». En effet, Les Sara madjingaye (groupe ethnique) divisent l'année en 12 lunes de 27 jours chacune. A ce calendrier lunaire se juxtapose un calendrier solaire basé sur les rythmes agricoles saisonniers qui rattrape ainsi le décalage entre les deux : l'année se divise en une saison agricole appelée Baar, de juin à mi-octobre, et la saison sèche le Baal de mi-octobre à Mai. Les Naa mois ou lunes en ethnie Sara sont donc décalés par rapport au calendrier grégorien. Les deux saisons ne sont pas annoncées par un changement de lune, mais par un certain nombre de signes comme l'apparition ou la disparition d'étoiles, les activités de certains oiseaux ou la phénologie de certaines plantes spontanées. Pour les populations de la région, la saison sèche est la période où souffle l'harmattan, appelée Néel-Bo. Marquée par un fort ensoleillement, elle commence en novembre où le vent du nord commence à souffler et fait sécher les plantes. Après la récolte, les travaux champêtres sont arrêtés, c'est l'époque des cérémonies organisées en l'honneur des ancêtres. Composée de trois phases, elle débute avec la période des récoltes caractérisée par l'arrêt des pluies qui permet au maïs et au sorgho de sécher sur pied. Elle est suivie par la période au cours de laquelle souffle l'harmattan. Au sixième mois (avril) les agriculteurs choisissent les terres qu'ils mettront en culture. Les brousses commencent à être défrichées. 3.5.2. La saison agricole Baar Elle est annoncée par l'apparition de la constellation des Pléiades et la réapparition d'un oiseau (un rapace) appelé Tiango chez les ethnies mbayes. La saison pluvieuse s'annonce par les premières précipitations appelées Ndi Baal. Mais c'est surtout en fin juin que commencent les grandes pluies et qu'ont lieu aussi les semailles : Ndi-dubyan qui signifie «époque de planter les choses de la terre», annoncée parfois par l'apparition de certains insectes. Dès les premières pluies, le mil et le maïs sont semés. Vers Août, il est trop tard pour planter le maïs. Ce sont les Ngor-ko ou «retard-cultures» comme les tomates, les gombos, les arachides, les haricots qui sont plantés. Quand le sorgho est cultivé, c'est à ce même moment-là que le maïs aussi est planté. Son cycle long, de cinq à six mois. La saison des pluies se termine généralement à la mi-novembre. C'est la période des récoltes du maïs et du mil dont celle du mil a donné son nom à ce mois Naa-kidja-kho (lune-récolte- mil). Le passage d'une saison à l'autre se démarque dans le temps par la célébration des cérémonies religieuses du type traditionnelle. Cette méthode de détermination des saisons a l'inconvénient d'être traditionnelle et basée sur des faits subjectifs tels que la réapparition des oiseaux (les rapaces). Dans leur politique d'accompagnement des agriculteurs, les ONG exerçant dans la région ont élaboré sur la base des observations faites sur la pluie, un calendrier cultural basé sur les saisons. Ce dernier, élaboré simplement, vise à mieux conseiller les agriculteurs sur les périodes de semis. Ainsi, d'après le dernier calendrier élaboré, les périodes de certaines cultures sont les suivantes : Tableau 27: Périodes de semis ou bouturage
Source : ONDR de Moïssala dans le département du Bahr Sara Le calendrier a donc des insuffisances, car il ne permet pas aussi de prévoir les inondations ou les périodes de fortes sécheresses. Cependant, Il existe un logiciel INSTAT utilisé par les agro-météorologues et qui permet entre autres, de déterminer les débuts de saisons de pluies. La base de données est constituée des données de pluies journalières de 1971 à 2009. A l'aide de critères bien choisis, le début de la saison des pluies dans une localité donnée est déterminé (jours, mois). Il importe de souligner que ce logiciel ne permet pas d'avoir une vue d'ensemble du comportement des jours en fonction des variables météorologiques de base. Aussi, ne permet-il pas une répartition des jours de l'année en fonction de ces variables. Cette répartition permet de mettre en évidence les variabilités du climat et donc d'élaborer des mesures d'adaptation adéquates. Les données décadaires dont nous disposons sur la région ne nous ont pas permis de dégager les sécheresses durant les mois de juillet-août-septembre. Nous n'avons pas non plus constaté deux décades successives ne totalisant pas 30 mm de pluies. Mais en 2001, la troisième décade du mois de mai n'a enregistré aucune goutte de pluie. Il en a de même pour la troisième décade du mois de septembre en 2001 et 2004. L'absence de la pluie durant la troisième décade du mois de septembre hypothèque la maturité des cultures, en cas de retard dans les semis. Malgré la résistance de certaines variétés de millet à dix jours sans pluies, la position topographique, la composition minéralogique et la capacité de rétention de l'eau des parcelles l'amènent à ne guère supporter plus de cinq jours sans pluies. La région du Mandoul a connu durant son histoire plusieurs sécheresses à ampleur variable. Certaines ont eu des répercussions négatives, parfois dramatiques sur l'économie de la région et sur les conditions socio-économiques de la population notamment rurale (Naciri, 1985). Parmi ces sécheresses, celles qui ont sévi au début des dernières décennies 1970-1080 et 1980-1990 qui avaient montré jusqu'à quel point l'économie est tributaire des hauteurs des pluies et de leur distribution. Selon le domaine touché, on distingue différentes sécheresses, entre autres, la sécheresse agricole. Celle-ci correspond aux conditions hydriques responsables d'une chute de production agricole. Néanmoins certaines questions s'imposent lorsqu'on parle de sécheresse:
Une tentative de réponse à ces questions constitue l'objectif principal de cette étude dont le point de départ est la production agricole au lieu des données climatiques; celles-ci ne sont utilisées que pour expliquer les résultats obtenus en matière de production agricole. La sécheresse agricole est un phénomène naturel qui se manifeste par un déficit pluviométrique entraînant un déficit de la production agricole. Bien que cette définition soit simple, elle pose une difficulté majeure à savoir le niveau de déficit à partir duquel on peut dire qu'il y a sécheresse. Certains auteurs qui ont étudié la sécheresse à partir de données climatiques suggèrent des seuils arbitraires de pluviométrie : 10 % de la moyenne pour Ben Arafa (1985); pour Meko (1985). Stockton (1985) à travers des études de dendrochronologie, considère comme sèche l'année dont l'épaisseur des anneaux des troncs d'arbre est inférieure à 70% de la moyenne. Dans notre étude où nous devrions utiliser les données de la production agricole et les données climatiques pour déterminer la sécheresse, une autre contrainte s'est ajoutée; celle de la normale de la production agricole. En effet, cette production ne varie pas autour d'une moyenne arithmétique dite "normale" comme le cas des précipitations; elle évolue selon une progression géométrique due à l'évolution, avec le temps, des superficies cultivées et des rendements. Ceci nous a amené à déterminer la courbe de régression de la production en fonction du temps. 3.6.1. Cinq jours sans pluies à partir de juin : cas de Koumra 2001-2004 Les pentades ont été étudiées dans le but de raffiner les échelles d'analyse. Les pentades sans pluies stressent les cultures dans certaines conditions pédologiques. Tableau 28 : Pentades sans pluies qui stressent les cultures sur parcelles à faible capacité de rétention d'eau dans les plaines en saison humide
L'année 2001 a enregistré quatre pentades au cours des mois de Juin, Juillet, Août, Septembre, 2002 a également enregistré quatre, 2003 six et enfin 2004 avec quatre pentades. Les sols cultivés sur les pentes, exposés au soleil, s'assèchent s'il ne pleut pas dans les trois jours qui suivent un événement pluvieux. Selon les propos recueillis pendant notre phase de terrain à Bekamba, le mil rouge et même le sorgho S35 commencent à manifester les signes de stress hydrique. Sur des parcelles où la topographie facilite le drainage et sur des monticules, le Niébé, le mil et parfois l'arachide enroulent leurs feuilles durant ces sécheresses. Des insectes couvrent les feuilles et les fleurs du haricot obligeant ainsi les paysans à utiliser les insecticides. 3.6.2. Impact de la variabilité climatique sur la production agricole Les impacts de la variabilité climatique sur la production agricole varient beaucoup en fonction du type de couvert et des conditions climatiques associées aux conditions culturales pour les plantes cultivées. Mais la tendance générale est claire: si la région du Mandoul peut s'attendre à des effets tantôt positifs, tantôt négatifs sur le rendement, la variabilité climatique aura quasi-systématiquement des effets négatifs sur les productions. C'est effectivement ce qui ressort du grand nombre d'études consacrées ces vingt dernières années à la prédiction de l'impact du réchauffement climatique sur l'agriculture à l'échelle mondiale (Rosenzweig et Hillel, 1998, Reddy et Hodges, 2000). Elle a été clairement confirmée par celle du 4ème rapport de 2007, dont nous reproduisons ci-dessous les principales conclusions contenues dans le `Résumé à l'intention des décideurs' du Groupe de travail II (GIEC, 2007) « Les rendements agricoles devraient augmenter légèrement dans les régions de moyenne et haute latitude pour des augmentations moyennes locales de température allant de 1 à 3° selon la culture considérée, et devraient diminuer au-delà dans certaines régions. Aux latitudes plus basses, particulièrement dans les régions ayant des saisons sèches et dans les régions tropicales, les projections montrent des rendements agricoles décroissants, même pour de faibles augmentations locales de température (1 à 2° C), ce qui augmenterait les risques de famine. Globalement, le potentiel de production alimentaire devrait croitre avec l'augmentation de température moyenne locale pour une gamme de 1 à 3 °C, mais au-dessus de ces valeurs, il devrait diminuer.» Dans ce contexte général, l'agriculture de la zone d'étude correspond pour l'essentiel au cadre géographique des régions tropicales, avec cependant une différenciation majeure. Les éléments qui viennent d'être présentés s'appuient uniquement sur les valeurs moyennes des facteurs climatiques. L'éventualité d'évènements extrêmes et, de façon plus large, la prise en compte de la variabilité de ces facteurs pourraient conduire à des impacts différents de ce réchauffement moyen continu par le dépassement de valeurs-seuils encore mal cernées. C'est assez évident pour les sécheresses (comme l'ont récemment montré 2003, puis 2005 et 2006) ou les fortes pluies (qui affectent l'agriculture par l'érosion et l'inondation des parcelles), mais c'est également vrai pour la température. 3.6.3. Tendances observées des principaux paramètres climatiques L'analyse des données fournies par le service de l'ONDR sur une période d'au moins 50 ans montre non seulement une variation périodique liée aux aléas climatiques naturels, mais aussi une tendance à la hausse de la température et une baisse progressive de la pluviométrie. La tendance est persistante et pourrait préfigurer un changement probable au niveau du climat. En effet, Les constats faits sur une longue période révèlent une pluviométrie plus abondante et mieux répartie, des températures plus élevées, des sécheresses et inondations fréquentes, des saisons irrégulières et des vents violents. Aujourd'hui, la situation est inversée à cause d'une démographie galopante et les populations vivent presque exclusivement sur l'exploitation des ressources naturelles mal gérées. C'est ainsi qu'on note une exacerbation des risques climatiques et leurs effets néfastes sur les communautés et les écosystèmes. Dans l'ensemble, le manque de données au niveau des agropasteurs ne permet pas de définir et d'analyser les tendances.
3.6.4. Impact de la variabilité des précipitations saisonnières sur les cultures Les irrégularités des pluies au début et à la fin des différentes saisons créent des ilots de sécheresse en pleine saison, le prolongement de la saison humide affectant négativement la production.
Les pluies sporadiques ou les « faux départs » qui déclenchent le début de la saison des pluies hypothèquent la germination des plantes. Les paysans habitués à semer après trois à quatre jours de pluies sont parfois victimes des faux départs. En effet, cette situation est la résultante soit : - des faibles pluies espacées dans le temps après le semis entre les mois de mai et juin ; - de l'arrêt des pluies après la levée des jeunes plants de dix à quinze jours. Les graines ayant traversé certaines étapes de la germination pourrissent avant que n'apparaissent leurs premières feuilles. Les plantes qui ont germé et ne pouvant supporter la sécheresse meurent. En plus, les grandes pluies remplissent les creux de buttage ou les trous de semis. L'eau qui s'y stagne provoque la décomposition des graines mises en terre pour la germination. Dans ce cas de germination imparfaite, les paysans sont amenés à ressemer. Au cours de certaines années, certains agriculteurs affirment avoir semé jusqu'à trois fois avant de voir se développer les plants dans leur champ. Lors de notre descente sur le terrain, nous avons constaté qu'à la troisième décade du mois de juillet, il existe une hétérogénéité entre les plants des localités de Goundi, Bessada, Bekamba et Doro. Certains pieds de Sorgho rouge, de variété précoce, présentent des épis presque mûrs et d'autres des épis encore verts. Nous avons également vu des plants n'ayant pas encore achevé leur croissance. Ce phénomène récurrent nous permet alors de comprendre comment une sécheresse en pleine saison peut perturber les activités agricoles. 3.6.5. Effets des sécheresses intra saisonnières Lors des sécheresses intra saisonnières de la dernière décade du mois d'août et de la première décade du mois de septembre les producteurs de notre zone d'étude constatent que les grains de sorgho récoltés s'écrasent lors de l'abattage. Il se pose ainsi un problème de maturité imparfaite et de grains moins remplis. La ventilation des grains dans le but de les débarrasser de leurs sons les entrainent loin dans les résidus du fait de leur légèreté. Un autre problème lié à cette sécheresse est l'assèchement des tiges de mil et du feuillage du niébé avant la coupe et la récolte. Les pieds secs, légers ne supportant pas le poids de l'épi finissent par tomber. Les épis et les feuilles qui jonchent le sol sont à la merci des termites et des rongeurs. 3.6.6. Colonisation des champs par les mauvaises herbes Les pluies fines ou « Ndi-gnoum » comme les appellent l'ethnie Mbaye de Moïssala, de la pré-saison créent des conditions propices à la prolifération des mauvaises herbes et des insectes nuisibles, car elles ne pénètrent pas en profondeur pour une bonne activité champêtre. Les pluies journalières de la station de Koumra collectées nous ont permis de dénombrer mois par mois les Ndi-gnoum inferieures à 10 mm. Cela a permis le calcul de fréquence mensuelle d'apparition des petites pluies. Pour mieux interpréter cela, nous avons représenté ces résultats comme l'indique la figure 30. Figure 29: Evolution des fréquences des petites pluies inferieures à 10 mm Cette figure 29 montre que les petites pluies apparaissent au début de la saison pluvieuse (mois d'Avril et Mai) et en fin de saison pluvieuse (Octobre, Novembre). Autrement dit, les grosses pluies (pluie supérieure à 10 mm) tombent dans les mois de Juin à Septembre. Les mois concernés par les mauvaises herbes sont les mois des petites pluies. Les herbacées ou ceux à rhizomes régénérés à la suite des premières pluies restent entretenus par les Ndi-gnoum. Pendant cette période, le labour et les sarclages sont impossibles à cause de la dureté du sol. Ainsi, avant le semis, les paysans doivent labourer les parcelles à emblaver dès les grandes pluies. Certains champs placés dans les vallées argileuses échappent aux travaux. Les cannelures des labours (Blokossmang en langue Sara) à charrue provoquent la stagnation de l'eau, rendant difficile la germination. Selon l'ONDR de Koumra, 122 ha n'ont pas été mis en valeur en 2001. Ces champs dans la plupart des cas envahis par les herbes à la pré saison, labourés à la charrue, sont restés difficiles à travailler. L'impact de la variabilité des pluies ne se limitent pas sur les cultures pluviales, phénomène qui était rare avant les années 50, Bakam (1996). 3.6.7. Variabilité des précipitations et rendement des cultures Les plus faibles rendements ont été enregistrés au cours de la décennie 1980, qui apparaît comme la moins pluvieuse. Les rendements les plus élevés sont observés au cours de la période 1994 - 2004, c'est-à-dire, les années ayant une pluviométrie annuelle normale. Au delà de la borne supérieure, les rendements commencent à chuter, exception faite pour les années 1991 et 1992 qui ont présenté des rendements supérieurs à la moyenne pour le mil, le maïs et le niébé. L'abondance des précipitations ces deux années n'a pas constitué un obstacle au développement des plantes car leur répartition a crée une condition hydrique appréciable, notamment le nombre élevé des jours pluvieux et la longueur de la saison. Ces résultats très peu significatifs nous conduisent à nous interroger sur d'autres facteurs non liés à la variabilité des précipitations qui influencent la production agricole. Le tableau ci-après illustre à suffisance les différents rendements à l'hectare. Tableau 29: Rendements extrêmes en kilogramme à l'hectare
Source : Direction de la statistique du Ministère de l'Agriculture, 2010. 3.7. Les risques climatiques observés par les populations locales Le tableau 29 résume les perceptions des risques climatiques évoquées par les communautés rurales de la zone de notre étude au cours de nos enquêtes où 250 personnes ont été interrogées. Cette population considère les pluies intenses comme étant le premier risque climatique (25,6 %), suivie de la sécheresse saisonnière (22 %), des inondations riveraines 19,6 %), les sécheresses aigues (12,8 %), les sécheresses récurrentes (7,2 %), les crises caniculaires (5,2 %), vents de sables (4 %) et la brume de poussière (3,6 %). cela démontre le degré de prise de conscience des populations locales face aux effets extrêmes des variabilités climatiques. Cette recherche montre que les paysans perçoivent clairement la variabilité pluviométrique. En réponse à cette variabilité, ils ont adopté des stratégies d'adaptation dont les plus répandues sont : l'adaptation variétale, l'utilisation des techniques de conservation des eaux et des sols, l'utilisation de la fumure organique, la modification des dates de semis. Ces réponses varient selon les zones agro climatiques. Les principaux déterminants de l'adoption des stratégies adaptatives sont les variables de perception (cf. Chapitre V). Figure 30 : Risques climatiques de la région du Mandoul classés par ordre décroissant Tableau 30 : Degré de risque climatique sur les différents secteurs d'activités
Légende : E : élevé, M : moyen, F : faible Source : PANA Tchad 3.7.1. Impacts la variabilité climatique sur la production Comme nous l'avons démontré précédemment, la tendance de la pluviométrie est globalement à la baisse dans la région du Mandoul. Or la pluviométrie est un des déterminants de base pour la production agricole et constitue aussi un facteur dont l'importance se lit bien par les populations. En effet, l'impact des variations pluviométriques est lié au fait qu'elles peuvent hypothéquer la réussite des récoltes. On remarquera, par ailleurs, que la régularité des précipitations est souvent la garantie d'une bonne récolte plus que ne l'est le total de la pluviométrie. Les statistiques agricoles dont nous disposons pour l'analyse, ont été recueillies, au niveau de la Direction de l'Office national de Développement Rural (ONDR). Elles couvrent la période 1960-2009 avec des données manquantes et concernent cinq les principales cultures dans la zone : le riz, le mil, le maïs, le sorgho et l'arachide. Il s'agira pour nous de mesurer l'impact des fluctuations pluviométriques sur la production céréalière (mil, sorgho, maïs et riz) et sur la production des cultures de rente (arachide surtout). 3.7.2. Impacts des fluctuations pluviométriques sur la production céréalière Constituées principalement par le riz, le mil, le sorgho et le maïs, les céréales jouent un rôle important, tant que réel que symbolique, dans le vécu quotidien des populations. Est- il besoin de rappeler qu'ils constituent la base alimentaire des populations de la région du Mandoul et du Tchad en général. C'est à cause de cette importance que le développement des productions céréalières constitue une question sensible dans la région caractérisée par une forte variation de la pluviométrie souvent responsable du déficit vivrier. Les statistiques de productions de ces céréales (voir le tableau d'évolution de la production agricole de la région du Mandoul en annexe) montrent une variation très nette de ces spéculations en fonction des quantités de pluies. Cette variation présente deux évolutions intéressantes : d'une part celle des cultures sèches (mil, sorgho et maïs) et d'autre part celle des cultures inondées (riz en particulier). 3.7.3. Evolution de la production des cultures Le mil et sorgho sont cultivés pour les besoins de consommation de l'unité familiale et sont surtout consommés pendant toute l'année. Le mil et le sorgho sont cultivés seuls à proximité des habitations ou soit en rangs avec l'arachide dans les champs les plus éloignés. Le mil comprend une variété précoce ou « Khon bat », nécessitant 90 jours pour sa maturation et une variété tardive ou « Go ngal ». La tendance actuelle à la baisse de la pluviométrie oblige de plus en plus les paysans à cultiver le mil précoce mieux adapté aux conditions climatiques. Il a connu, au fil du temps, des fluctuations de sa production, qui varient d'une année à l'autre en raison des périodes sèches ayant marqué ces dernières décennies. Deux étapes s'observent: · De 1970 / 71 à 1979 / 88, la production est très faible en raison des superficies mises en cultures, mais aussi de la tendance à la baisse de la pluviométrie observée durant cette période. · De 1990/91 à 2005/09, la production augmente considérablement avec un doublement de rendement en 1997/ 1998 (20 932 tonnes) par rapport à la production des années 1980. Cette situation est due non seulement à une hausse des superficies emblavées, mais aussi à un vif regain d'intérêt que les populations accordent à cette spéculation du fait des conditions climatiques de plus en plus défavorables à la riziculture. Son évolution est retracée dans la figure ci-après. Figure 31: Evolution des superficies cultivées et de la production en mil (1960- 2009) Source des données : ONDR, 2010 En ce qui concerne le sorgho, les superficies cultivées et la production de cette céréale au cours de ces 50 années sont relativement faibles dans l'ensemble. Cette situation s'explique par le fait que le sorgho est sujet aux variations interannuelles de la pluviométrie en raison de son cycle végétatif long et de ses exigences en eau. Figure 32: Evolution des superficies cultivées et de la production du sorgho de 1960 à 2009 dans la région du Mandoul Source des données : ONDR, 2010 Le maïs : Les variétés C et ZM10 sont labourées actuellement à grande échelle. Cette culture ne connaît pas un grand développement dans la zone étudiée où elle est cultivée dans les champs de case à des fins de consommation locale. C'est une culture dite de soudure car elle est la première céréale récoltée pour la consommation. Figure 33: Evolution des superficies cultivées et de la production agricole en Maïs (1960- 2009) Source des données : ONDR, 2010 La production de maïs en superficies emblavées est restée dans l'ensemble faible de 1980 à 2003. Leur évolution est restée stationnaire durant cette période. À partir de la campane agricole 2003/2004, on note une hausse de la production. Celle- ci est à lier au regain d'intérêt que les populations accordent de plus en plus à cette céréale dite de « soudure ». La tendance à la baisse de la pluviométrie a obligé les paysans à cultiver de plus en plus le maïs moins exigeant en eau que le riz pour subvenir aux besoins alimentaires. La riziculture est pratiquée traditionnellement dans trois types de rizières : les rizières basses ou profondes, les rizières moyennes et les rizières hautes. La riziculture pratiquée au niveau de ces deux premiers types de rizières constitue l'activité la plus importante dans la vallée du Mandoul. Diverses variétés de riz sont cultivées. Celle pratiquée au niveau des rizières profondes, appelée aussi riziculture « aquatique », occupe une place primordiale dans le système de culture de la région. En effet, le riz aquatique correspond au riz repiqué et est localisé dans les zones qui restent submergées durant une bonne partie de l'hivernage. D'après la tradition, c'est la culture la plus récente de la région du Mandoul. Elle se pratique sur les sols des plaines humides et connaît actuellement certains problèmes qui sont liés à la tendance à la baisse de la pluviométrie. Ceci pourrait expliquer les faibles productions des surfaces emblavées que l'on observe durant les années où le déficit pluviométrique est très accentué : - pour la campagne agricole 1983/1984, 1357 hectares de superficies ont été cultivées avec une production 918 tonnes. C'est la plus mauvaise campagne agricole de toutes ces 50 dernières années. Rappelons qu'en 1983, la région a accusé le déficit pluviométrique le plus important; - pour la campagne agricole 1973 - 1974, 1239 hectares de superficies ont été cultivées avec une production 985 tonnes. Le déficit pluviométrique était de marque durant cette campagne agricole. Figure 34: Evolution des superficies cultivées et de la production en riz (1960- 2009) Source des données : ONDR 2010 3.8. Impact sur la production de l'arachide L'arachide reste actuellement l'une des cultures de rente à coté du coton au niveau de la région. Les enquêtes que nous avons menées ont révélé qu'elle constitue, après les céréales, la deuxième culture. Cela se vérifie sur les productions arachidières que nous détenons. Les variétés Z 69- 101, C 28- 286 et « Mbawiya » sont les plus répandues. Figure 35: Evolution des superficies cultivées et de la production arachidière (1960- 2009) Source des données : ONDR, 2010 L'arachide est souvent cultivée en association avec le mil et le sorgho. L'évolution de sa production durant les trois dernières décennies présente un minimum à la campagne agricole 1987/88. Les variations de sa production, plus régulières que celles des céréales, montrent que cette culture de rente semble plus résistante aux conditions climatiques qui sont de plus en plus aléatoires. La figure 36 donne l'évolution des superficies et des productions de cette culture. 3.8.1. Impacts de la variabilité climatique sur les cultures maraîchères Les cultures maraîchères contrairement aux cultures pluviales ont des besoins spécifiques en eau et en température. Lorsque ces exigences ne sont pas remplies, les plants ne produisent pas ou la production est de mauvaise qualité. C'est la raison pour laquelle le choix de cultures maraîchères est particulièrement déterminant. Le tableau 32 nous donne les exigences en eau et températures de quelques cultures maraîchères. Tableau 32: Exigence de quelques cultures maraîchères
Source : Dupriez, 1987. Le tableau 32 permet de voir qu'en dehors du haricot vert, toutes les autres cultures ont des besoins élevés en eau et préfèrent des températures moyennes pour leur croissance. Avec l'augmentation des températures liée à la variabilité climatique, il faudrait s'attendre au niveau de la région du Mandoul à une augmentation de la cadence d'évaporation réduisant le niveau d'humidité et des ressources en eau disponibles pour la croissance des plantes. Par ailleurs, les cultures maraîchères pourraient faire les frais d'une variabilité importante au niveau du climat. En effet, dans un tel contexte, les saisons des pluies pourraient être décalées, voire perturbées, et ne correspondraient plus avec les cycles de croissance des plantes, entraînant inévitablement une perte de rendement. Vu le caractère stratégique de ces cultures et leur sensibilité (Beangay, 2008) aux variations climatiques (température et apport d'eau), il est assez intéressant de voir les incidences que pourraient avoir la dynamique climatique sur cette pratique agricole. Il faut souligner que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans la production des plantes et nous n'avons pas la prétention de passer en revue tous ces facteurs. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de mettre l'accent sur deux facteurs essentiels qui sont l'eau et la température. 3.8.2. Impacts de la variabilité climatique sur l'eau en culture maraichère La situation est plus délicate pour la région qui rencontre déjà d'énormes difficultés pour son approvisionnement en eau. La situation devrait s'aggraver dans les prochaines décennies puisqu'on assiste à une baisse du niveau des précipitations. Cette situation va probablement avoir des effets sur la disponibilité des eaux de surface et des eaux souterraines (Bigot et al., 2007) Cette hypothèse est corroborée par les données du GIEC qui affirme dans son rapport 2007 que « dans de nombreuses régions dans lesquelles l'eau est rare, les variabilités climatiques devraient encore limiter la disponibilité d'eau en raison de la fréquence accrue des périodes de sécheresse, de l'augmentation de l'évaporation de l'eau et des mutations des modèles de précipitation ». Dans notre zone d'étude, on a noté que suite à la baisse de la pluviométrie à partir des années 1970, les écoulements du principal fleuve Bahr Sara a baissé. Son débit a diminué de 30 % entre 1971 et 1989. Cette diminution a été relativement plus importante que celle des précipitations. Pour le cas spécifique de la région du Mandoul, le problème de la disponibilité des ressources en eau se posera de plus en plus avec acuité dans les prochaines années. La disponibilité en eau varie considérablement avec les conditions pluviométriques et au cours des 50 dernières années, les disponibilités en eau ont baissé de façon drastique en rapport avec la baisse pluviométrique. Ainsi, la difficulté d'accès à l'eau pourrait compromettre les cultures maraîchères dans la région du Mandoul car celles-ci sont très exigeantes en matière d'eau. On estime qu'il faut environ 6000 à 8000 litres d'eau par jour pour un jardin de 1000 m² (Bomba, 1999). 3.8.3. Impacts de l'accroissement des températures sur les cultures maraîchères La situation agricole serait plus délicate dans la région de notre étude et on estime que globalement les rendements agricoles maraichers devraient baisser à cause de la fréquence des sécheresses et du stress hydrique. La situation est plus critique pour les cultures maraîchères qui voient leurs besoins en eau croître de façon substantielle à cause de l'accroissement des températures pendant que, dans le même temps, les disponibilités en eau s'amenuisent à cause de la baisse générale de la pluviométrie. Par ailleurs, une hausse de température augmenterait la cadence d'évaporation, réduisant ainsi le niveau d'humidité disponible pour la croissance des plantes. Dans le cas de la pomme de terre, les plants produisent moins de tubercules quand la température est trop élevée. Il se pourrait que le réchauffement entraîne une baisse de rendement des variétés de pommes de terre cultivées aujourd'hui dans des conditions proches des limites supérieures de température tolérées par la culture. En effet, des études effectuées par certains chercheurs dans d'autres régions montrent que, s'il n'y a pas d'adaptation, l'élévation des températures fera chuter les rendements de 10 à 19 % 2010-2039 et de 18 à 32% en 2040-2069 (Fontaine,2001). Bien qu'une probable hausse des températures soit défavorable aux cultures maraîchères en zone tropicale, il ya de nombreux facteurs que les modèles climatiques ne prennent pas en compte pour le moment et qui pourraient changer la donne, il s'agit de l'adaptation des populations au processus. On peut citer à titre d'exemple les techniques de paillage et de « casier » développées par les maraîchers du Mandoul qui permettent de lutter contre la hausse des températures et facilitent la conservation de l'humidité. 3.9. Phénomène de réchauffement et diminution des précipitations L'augmentation de la température et la diminution de la pluviométrie pourraient se traduire par un décalage des saisons, donc une instabilité climatique qui se manifesterait par une réduction de la durée des périodes humides, une hausse de l'évapotranspiration et un dessèchement accru des sols. Cela entraînerait une perturbation du régime d'alimentation hydrique des plantes avec comme corollaire la baisse de leur productivité. Ce réchauffement peut avoir un effet sur les ressources en eau et surtout les nappes souterraines et affecter également l'alimentation des plantes. Certaines terres humides (bas-fonds, plaines alluviales...), zones de prédilection du riz, vont se dessécher et faire chuter les rendements. L'augmentation de la température moyenne avec la diminution de la pluviométrie pourra perturber le cycle biologique de certains insectes (la mouche blanche par exemple) avec l'augmentation du nombre de générations par an. L'équilibre biologique qui existe entre ces insectes parasites des cultures et leurs prédateurs peut se rompre. Ainsi le contrôle naturel des maladies parasitaires ou infectieuses par la lutte biologique intégrée deviendra moins efficace. 3.10. Projection de l'augmentation de la température et des précipitations Dans la région du Mandoul, le réchauffement du climat sera sensible vers les années 2025 suivi d'une augmentation de la pluviométrie. Ces écarts pourraient doubler vers l'an 2100. Ces modifications devront avoir un effet favorable logique sur les cultures et leur productivité pourra augmenter, mais la plupart des maladies infectieuses (fongiques et bactériennes) et même parasitaires pourraient proliférer compte tenu des conditions plus propices à leur développement : température et humidité relative plus élevées (PANA, 2009). Les cultures les plus sensibles aux variations climatiques sont souvent les cultures saisonnières ou annuelles. Parmi ces cultures se trouvent particulièrement les céréales (maïs et sorgho) qui constituent la base de l'alimentation de la population. Le maïs et le sorgho sont particulièrement vulnérables à cause de leur forte sensibilité au stress hydrique surtout au stade de la floraison. Ainsi, l'impact du déficit hydrique sur ces cultures dépend du stade phénologique auquel il est intervenu et peut provoquer une diminution de la productivité (PANA, 2009). D'une manière générale, il est à remarquer que l'agriculture de la région du Mandoul, vitale pour la population locale, est extrêmement dépendante de la saison des pluies estivales et nécessite une bonne compréhension du cycle saisonnier de la pluviométrie. Cette étude aborde une caractérisation d'événements qui structurent et modulent le cycle saisonnier des pluies comme la mise en place de la mousson et les occurrences de séquences sèches au coeur de la saison des pluies. 3.11. L'évolution de la variabilité climatique et ses conséquences Connaître l'évolution et la variabilité récentes du climat dans la région est une nécessité pour anticiper ce que pourraient être les conséquences sur les milieux et sur les sociétés, et ainsi définir des politiques stratégiques d'adaptation durables. Ainsi, il est fondamental d'étudier les modifications significatives des paramètres climatiques ainsi que leur impact sur la végétation naturelle pour déterminer de véritables politiques de gestion des ressources végétales. La problématique liée aux questions de la variabilité climatique, aux échelles temporelle et spatiale, et de sa traduction sur la production agricole tient compte des interactions des différents paramètres, physiques et humains. L'étude de cas de la région du Mandoul illustre une des régions les plus sensibles aux fluctuations pluviométriques. 3.12. Evaluation des impacts de la variabilité climatique sur l'Agriculture Dans la région du Mandoul, la principale zone de production du maïs est constituée par les plaines et les bas fonds. Cette zone totalise pour les dix dernières années (2000-2009) une production annuelle moyenne de 35 782 tonnes soit 23 % de la production nationale. Une quelconque modification de la production dans cette zone sera ressentie nécessairement sur l'ensemble du pays. La projection des conditions de production actuelle en l'an 2025 prévoit pour la région productrice environ 25 000 tonnes de maïs et pour la production nationale environ 950 000 tonnes. Les perturbations climatiques prévues vers l'an 2025 pourront avoir un effet sur le rendement et réduire la production de 5 à 10 % selon que ces modifications interviennent au stade végétatif normal ou au stade de la floraison. Cela est très important et pourrait conduire à une perte de 9 000 à 10 000 tonnes de maïs pour la région (PANA.2009). La coïncidence d'années de déficit pluviométrique avec des périodes de hausse de production agricole, montre que toute la variation de la production n'est pas imputable au seul facteur pluviométrique. Comme exemples, les années 1996 et 1997 avec des déficits pluviométriques respectivement - 69,7 mm et - 56,7 mm, la production rizicole est passé de 1795 tonnes à 2274 tonnes (campagnes agricoles 1996/1997 et 1997/1998); 2004 avec un déficit pluviométrique de - 110,1mm, la production rizicole a atteint 7093 tonnes (campagne agricole 2004/2005), une supérieure à celle des années très pluvieuses comme 1994 Campagne agricole 1994/1995, 2712 tonnes). L'analyse de la pluviométrie révèle une diminution des totaux pluviométriques et leur inégale répartition spatio-temporelle. Cette situation montre que les activités agricoles de la région du Mandoul, ne sont pas épargnées par la tendance générale à la baisse des précipitations observée à l'échelle régionale. Il serait prétentieux pour nous de pouvoir déterminer tous les impacts de la variabilité climatique sur l'agriculture. Mais l'étude nous a permis de mettre en évidence un certain nombre de caractéristiques liées aux systèmes productifs agricoles de cette zone agroécologique dont les différences concernent presque tous les facteurs du milieu. · La zone du Bahr Sara la plus arrosée n'a jamais enregistré un cumul pluviométrique annuel en dessous de 700 mm durant les deux dernières décennies. Ce qui satisfait le besoin hydrique de la majorité des espèces végétales utilisées en culture pluviale. C'est pourquoi, en plus des variétés hâtives, les producteurs continuent à utiliser leurs variétés productives tardives localement adaptées. · La zone du Mandoul ouest enregistre également une pluviométrie relativement importante. Mais, la forte variabilité spatio-temporelle de précipitations et la pauvreté des sols ont amené les producteurs de la zone à développer avec l'appui de certains projets de développement, des expertises sur leurs systèmes de production en vue de s'adapter aux conditions nouvelles. C'est pourquoi, l'on constate une utilisation de plus en plus importante des variétés précoces au profit de celles locales tardives. · Eu égard à la prédiction climatique à l'horizon 2025, aucune baisse de rendement n'est prévue pour les céréales de la zone. Et pourtant, outre la problématique de pauvreté de sols et de dégradation de conditions climatiques qui sont des réalités comme l'ont révélé nos enquêtes, on sait aujourd'hui que le glissement des zones climatiques vers le sud est aussi une réalité au Mandoul (Daddy, 1995). · Par contre une réduction de rendement est prévue pour toutes les cultures dans la région de Goundi. Dans cette zone, les exploitations à forte production agricole sont peu nombreuses. Cette situation, accentuée par le manque d'activités agricoles pendant la saison sèche entraîne la grande majorité de la population dans une paupérisation sans précédent. Tout ceci fait que les producteurs cèdent devant les tentations des spéculations des produits agricoles et la vente des terres agricoles dans une zone déjà densément peuplée. Toutefois, les systèmes de production dans cette condition dépendent totalement des conditions météorologiques et climatiques. Malgré de nombreux travaux sur ces questions, il y a une incertitude considérable à propos de l'impact potentiel de la variabilité climatique sur les modes d'exploitation agricole. C'est ainsi qu'aujourd'hui, comme les ont souligné beaucoup des travaux (FAO, 1997), on connaît mal comment, quand, où et avec quelle ampleur se produiront les Changements. Ainsi, les échelles de temps des changements sont d'habitude si longues du fait de la complexité et de l'incertitude scientifique qui entoure cette question (FAO, 1997). De ce fait, l'horizon temporel des simulations que nous avons utilisé devrait être de plusieurs décennies (50 à 100 ans) au lieu de 25 ans, afin de parvenir à distinguer sans ambiguïté l'efficacité des résultats du modèle. Aussi, les limitations dans les techniques de modélisations spécialement à l'échelle locale viennent aggraver cette incertitude puisque les données de sortie pour notre région fournies par le modèle Magic/Scengen sont issues des simulations à l'échelle régionale. Or si on tient compte de la très grande variabilité spatiale et temporelle d'un paramètre climatique comme la pluviométrie dans notre région, cette résolution risquerait d'être assez grossière en prédiction du climat local, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne tiendra pas compte des informations à l'échelle régionale et même globale, ne serait- ce que pour la viabilité et le succès économique de l'agriculture chez soi. En ce qui concerne les mesures d'adaptation, beaucoup de stratégies soulignées seraient bénéfiques quelle que soit la variabilité climatique. Les objectifs de ces stratégies varient considérablement entre les zones et parmi les producteurs. Les conditions climatiques actuelles et les climats probables futurs varient aussi. C'est pourquoi l'incertitude scientifique qui entoure la question des variabilités climatiques ne sera pas levée de si tôt. Dans tous les cas, que les scénarii d'impact des changements se matérialisent en fin de compte ou pas, cela dépendra de la manière avec laquelle les régimes de précipitations se modifient et de l'ampleur de la hausse de température et de sa distribution spatio-temporelle (Fakri et al., 1997). Avec de telles variabilités, améliorer la faculté de reprise de la production alimentaire et minimiser les risques contre la variabilité sont essentiels s'il faut que l'agriculture relève les défis d'assurer la sécurité alimentaire, de promouvoir l'emploi rural dans notre pays et de protéger les ressources naturelles et l'environnement. D'une manière générale, nous dirons que la comparaison des productions agricoles aux variations pluviométriques, fait apparaître une relative dépendance de la production céréalière aux aléas climatiques. Par contre, la production arachidière continue de progresser (de manière timide) malgré la tendance à la baisse de la pluviométrie. Les productions agricoles sont déterminées aussi par les facteurs liés aux techniques et exploitations agricoles (travail, fertilisation, traitement phytosanitaire, utilisation de variétés améliorées...), au domaine socio- économique (régime foncier, rémunération, circuits de commercialisation...), etc. A notre niveau d'étude, le facteur pluviométrique annuel et mensuel s'avère être discriminant et l'analyse des deux types de productions agricoles retenues (productions céréalières et celles de cultures de rente) montre que l'impact des fluctuations pluviométriques se manifeste beaucoup plus dans le cas des systèmes extensifs d'exploitations. Pour atténuer les effets des fluctuations pluviométriques et limiter la généralisation des contraintes liées au substrat, il serait vital de modifier les techniques d'exploitation pour les adapter davantage à la situation actuelle du milieu. Pour cela, le chapitre 5 sera basé sur les différentes stratégies d'adaptation à ce phénomène. Mais avant cela, nous verrons dans le chapitre 4, la variabilité climatique et son impact sur l'élevage. CHAPITRE IV: VULNERABILITE ET IMPACTS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES D'ÉLEVAGE Introduction : Les aspects généraux de l'impact de la variabilité climatique sur l'élevage ont fait l'objet, ces dernières années, de plusieurs ouvrages, complétés par la synthèse effectuée par Suchel, (2007) qui permettent d'avoir une vision exhaustive des processus mis en jeu et de leurs caractéristiques. Au niveau de la région du Mandoul, ces synthèses nous ont permis de présenter un premier diagnostic, que ce chapitre se propose d'actualiser, en tirant profit d'observations sur le passé des cinquante dernières années. Les systèmes pastoraux liés à la variabilité climatique, mettent en relation trois composantes principales : des sociétés d'éleveurs, du bétail et des ressources (pâturages, eau). Le bétail tire sa subsistance de ressources mais en les modifiant. De même, les sociétés exercent une influence sur les ressources pâturables, par des pratiques qui dépassent les prélèvements d'une simple cueillette. Ce jeu habituel d'influences au sein des systèmes d'élevage extensifs servira de guide à l'organisation du présent chapitre. 4.1. Déficits pluviométriques et activités pastorales liées à la variabilité climatique Dans la région du Mandoul, il apparait depuis quelques années que l'alternance des saisons impose aux bovins différents comportements alimentaires. Durant toute la saison des pluies, le bétail broute sur des pâturages et s'abreuvent dans des mares et les cours d'eau. Dès la fin de cette saison, les herbes s'assèchent et les bêtes sont contraintes de se réadapter aux nouvelles conditions. Dès la première pluie jusqu'à l'installation de la nouvelle strate herbacée, les feuilles de certains arbres constituent l'essentiel de la nourriture pour le bétail. Cet enchainement se complique par l'arrivée précoce des pluies fines sporadiques. Car la faible humidité accélère l'action des termites qui rongent rapidement les herbes séchées. Elle provoque la levée d'une couche d'herbes éphémères et stressées par la sécheresse et donc moins favorable à l'alimentation du bétail (Resco, 2005). Cette contrainte plonge les bovins dans une situation de famine, surtout si cette période dite de soudure se prolonge. Au cours de ces cinquante dernières années, ces conditions pluviométriques qui sont à l'origine des famines du bétail se sont accentuées. Le démarrage précoce des pluies suivi d'un arrêt des pluies momentané se concentre dans les trente dernières années. Les éleveurs ne peuvent donc pas trouver des nouveaux pâturages qu'à condition de migrer vers les fleuves. Les conséquences du déclenchement précoce suivi d'un arrêt des pluies, sont comparables à celle de l'arrivée tardive des pluies. A partir du mois d'avril, le sol est nu, à cause du manque de la strate herbacée. Le problème de pâturage se pose jusqu'à la nouvelle strate qui suit l'arrivée des pluies dépassant le seuil de ruissèlement. Après les récoltes, les résidus agricoles renforcent la qualité de l'alimentation du bétail. A partir de mars, les mares s'assèchent (voir point A de la photo 13) et les points d'abreuvage se déplacent vers la vallée du Mandoul ou vers le lit du fleuve Bahr Sara. Les points d'eau contraignent les troupeaux à exploiter les résidus des champs jusqu'à leur épuisement complet afin de commencer à nouveau le parcours des pâturages éloignés. L'arrivée tardive des pluies perturbe aussi le système d'abreuvage. En 1983, 2004 et 2007, les puits ont complètement tari dans les localités situées sur les sols à Koro comme les villages de Kadaya, Ngangara, Labout, etc. Cela oblige les éleveurs à se déplacer dans les vallées où ils ont creusé d'autres puisards, loin de leur pâturage habituel et de leur étable pastorale, (Angelo, 2005). Le point B de la photo 13 illustre la divagation des bêtes durant ces périodes. B A Photo 13: Sous-bois dégradé et marre d'eau en disparition dans le canton Ngalo cliché Ngueyam. Légende : A : Mares non permanente, B : bétail à la recherche de l'eau En plus des irrégularités constatées au début de la saison pluvieuse, l'arrêt tardif des pluies est la principale cause de la destruction des herbes sèches par les éleveurs qui y mettent le feu pour les nouvelles pousses plus appétissantes au bétail. Aussi, il faut remarquer que le cumul des pluies de 50 mm en octobre engendre la pourriture des herbes sèches qui jonchent le sol, noircit les fourrages et fait pousser une nouvelle couche d'herbes qui à son tour va s'assécher avant d'atteindre la maturité. Ces nouvelles couches d'herbes ne résistent pas au piétinement du bétail. Les famines dues au prolongement de la période de soudure causée par les sécheresses sporadiques engendrent aussi la perte des boeufs. Les années de famine de 1983 et 2004 illustrent bien les conséquences d'un démarrage tardif des précipitations dans la région. En 1983, six éleveurs seulement n'ont connu aucune perte contre 18 en 2004. Le nombre des éleveurs ayant perdu entre 10 et 20 têtes n'a pas trop changé, mais celui de 2 à 9 têtes est passé de 15 à 1. Malgré l'impossibilité d'accéder au nombre de têtes dont dispose chaque éleveur, nous avons constaté que ceux qui ont perdu le plus de bêtes sont les plus respectés et ayant beaucoup de têtes. Ceci s'explique par le fait qu'il est plus possible de sauver un nombre réduit de bétail. C'est ce qui est pratiquée dans la région par les agropasteurs. Mais au-delà de 20, la transhumance reste l'unique voie la mieux indiquée. Les éleveurs qui trouvent un prestige par le grand nombre des bêtes n'acceptent pas de vendre une partie avant de se mettre en route pour la transhumance. Car avant de se déplacer, il faut vendre les têtes les plus âgées et les plus affaiblies. La saison de pluies malgré la disponibilité en eau et en pâturage qu'elle procure ne constitue pas un grand atout pour l'élevage. Les animaux qui parcourent les pâturages sur des terrains argileux attrapent parfois des maladies. Certains éleveurs sont obligés de construire des cases ou des enclos protégés pour leur bétail, dans le souci de les épargner des piqures des mouches et des moustiques. Les bêtes piquées par les mouches durant la saison de pluies attrapent des maladies cutanées, dentaires et diarrhéiques souvent mortelles à la fin des saisons de pluies, Lazarev (1989). Le pastoralisme est un mode de vie complexe qui s'efforce de maintenir un équilibre optimal entre les pâturages, le bétail et les populations dans des milieux variables et incertains. Les groupes de pasteurs habitent généralement là où les ressources sont rares et là où les conditions climatiques extrêmes limitent les options pour une autre utilisation des terres ou pour l'adoption d'autres modes de vie. Le caractère essentiellement variable et imprévisible de ces environnements fait que des stratégies d'existence semblables sont pratiquées par différentes communautés pastorales dans des environnements très différents. Malgré le rôle important que le pastoralisme joue dans le maintien des moyens d'existence locaux, la fourniture de services écologiques divers, sa capacité d'adaptation au changement est confrontée à de nombreux défis, y compris ceux qui sont posés par la variabilité climatique. 4.1.2. Les ressources fragmentaires Les ressources en pâturages sont hétérogènes et dispersées dans l'espace (fragmentées), liées aux régimes pluviométriques saisonniers (temporaires), divergentes en fonction du temps (variables) et globalement caractérisées par des conditions climatiques capricieuses. La productivité nette des pâturages de la région du Mandoul est faible et les populations animales et végétales qu'ils peuvent effectivement soutenir varient en fonction d'un certain nombre de variables, parmi lesquelles le niveau de précipitations joue un rôle déterminant. 4.1.3. Les moyens d'existence mobile Dans la région du Mandoul, la mobilité des éleveurs offre la meilleure stratégie pour gérer une faible productivité nette, le caractère imprévisible et le risque associés aux zones arides et semi-arides. Les mouvements saisonniers sont essentiels pour permettre aux pasteurs de faire face aux variations spatiales et temporelles prononcées dans les ressources en pâturages tout en permettant la restauration des parcours à certains moments de l'année. La mobilité peut être verticale, reliant le nord de la région au sud pour les pâturages. On peut aussi faire une distinction entre les déplacements habituels et les mouvements d'urgence qui se produisent aux époques critiques, en cas de sécheresse, de conflit ou pour d'autres raisons. Parmi les types de mobilité, on peut citer des déplacements sur de grandes distances, souvent cycliques et portant sur plusieurs centaines de kilomètres mais aussi différentes formes de transhumance (des routes migratoires précises sur une base saisonnière), et chaque type exige une participation différente des membres du ménage et du troupeau. Rien qu'au Mandoul-Est, on recense plus d'une douzaine de systèmes d'utilisation pastorale des terres. La mobilité est une nécessité écologique et économique. Hormis le fait qu'elle permet une meilleure utilisation de toute une gamme de ressources, c'est aussi un moyen d'éviter les vecteurs de maladie dans certaines régions (par exemple la mouche tsé-tsé), d'optimiser les échanges avec d'autres utilisateurs fonciers (résidus de récolte en échange d'engrais animal), d'accéder à différents créneaux du marché (par exemple la vente de l'excédent de produits laitiers ou l'achat de denrées de base ou de médicaments pour les animaux) ou encore de rejoindre des membres du clan pour un festival saisonnier, acquérir ou partager de l'information, ou rechercher des moyens d'existence complémentaires. Outre la disponibilité des ressources naturelles, la mobilité dépend aussi de façon critique de différents facteurs techniques et sociopolitiques. Parmi ceux-ci figurent le capital humain (une connaissance approfondie de la dynamique agro écologique complexe des pâturages) et le capital social (normes sociales, obligations et responsabilités qui ont un rôle décisif dans la négociation de l'accès aux ressources et la gestion des conflits sur la base du principe de réciprocité. La mobilité n'est pas seulement une question de déplacement des troupeaux vers les différentes zones de pâturages ; c'est aussi une question de gestion des différentes zones de parcours de façon à ce que les troupeaux puissent se déplacer. Les mécanismes régulant l'accès aux ressources doivent donc être suffisamment flexibles pour fournir une marge de manoeuvre pour les négociations nécessaires et des accords qui prennent en charge des droits différents et souvent imbriqués entre différents groupes d'usagers et sur des ressources différentes, dont l'intérêt peut évoluer au cours des saisons. La réciprocité est le mécanisme par le biais duquel l'interdépendance entre les individus et les groupes s'établit et se maintient de manière à encourager les négociations informelles plutôt qu'un conflit ; il existe des mécanismes et des incitations à ne pas violer les règles. C'est la dynamique de l'écologie des pâturages qui a défini la tenure pastorale et les régimes fonciers qui règlementent l'accès et le contrôle des ressources dans les territoires pastoraux. Dans la plupart des régions pastorales, différentes catégories de droits aux ressources coexistent, allant des droits plus privés au sein du système régional (par exemple les puits de saison sèche creusés par la famille ou gérés par le clan), aux droits ayant une nature plus communautaire comme l'accès aux forêts de saison sèche ou le droit de pacage autour d'un point d'eau. Les pâturages de saison humide et l'eau sont généralement gérés suivant des systèmes d'accès libre mais contrôlé. L'accès négocié et réciproque aux ressources caractérise et sous-tend les régimes fonciers pour permettre aux différents groupes d'identifier et d'exploiter les fluctuations imprévisibles à court terme des approvisionnements en fourrage et en eau de façon opportuniste, tout en adoptant une stratégie à plus long terme qui préserve la reproduction du milieu et des relations sociopolitiques viables. Les pasteurs s'efforcent de garantir leur accès à des ressources spécifiques à différentes époques de l'année au lieu d'investir dans des mécanismes de contrôle onéreux sur des terres qui ne sont qu'épisodiquement productives. 4.2. Les différents types d'élevage L'élevage, surtout du bétail, est aussi une vieille activité pratiquée par les paysans. C'est un élevage de type extensif. Il constitue une activité complémentaire à l'agriculture. Elle présente les caractéristiques suivantes : - les bovins : le taurin de la race « Ndama » très trypanotolérante, prolifique et riche en viande peuple cette région ; - les petits ruminants : c'est la race aux oreilles longues qui y est élevé. Elle est de petit format, très prolifique, trypanotolérante ; - L'élevage porcin conserve en grande partie son aspect traditionnel avec une faible amélioration sur le plan génétique, des problèmes sanitaires (peste porcine africaine) et une alimentation défectueuse qui entravent son réel développement. Il est pratiqué par la population chrétienne ; - L'aviculture est de type traditionnel. Celle moderne se trouve sérieusement entravée par des difficultés d'approvisionnement en poussins d'un jour et la cherté des aliments ; - Les équidés (ânes et chevaux) sont en nombre très réduit et concernent seulement les ânes. Les ânes sont essentiellement utilisés pour le transport. Du fait du mode d'élevage extensif, la principale source d'alimentation des animaux est constituée par le pâturage naturel. L'abreuvement du cheptel ne pose aucun problème pendant l'hivernage du fait que, durant cette saison, on note une régénération de plusieurs points d'eau naturels. Mais, en saison sèche l'abreuvement s'opère au niveau des puits. L'intégration agriculture-élevage est jusqu'à présent restée au stade des bonnes intentions. En effet, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont assez fréquents et leurs causes sont diverses. Celles-ci se rapportent à l'intolérance, au défaut d'application d'une politique rigoureuse en matière de parcours du bétail et de pâturage, à la négligence de la part de certains éleveurs, la mauvaise application du système de mise en fourrière des animaux en divagation, etc. 4.2.1. Impacts de la variabilité climatique sur l'élevage des bovins L'élevage des bovins dans la région du Mandoul est susceptible d'être affecté à plus large échelle par les questions économiques et commerciales liés à la variabilité climatique. L'impact de cette variabilité sur les systèmes d'élevage présente de nombreux effets tels que la productivité et la qualité du fourrage, le stress thermique et l'accroissement de la demande en eau. Le réchauffement climatique pourrait également se traduire par l'augmentation des parasites externes qu'internes et des maladies professionnelles (Trypanosomiase, Helminthiases, Tuberculose, Fièvre,...) et ainsi avoir une incidence sur la santé du bétail. Toutefois, le système d'élevage a une importante sensibilité en termes de production d'aliments et par conséquent, sur la gestion des pâturages, la qualité de l'alimentation, l'exposition à la chaleur et au froid, et enfin, l'impact des insectes ravageurs et les maladies animales. Les effets directs sur les animaux domestiques des changements dans la fréquence, la quantité et l'intensité des précipitations et dans la disponibilité de l'eau sont incertains. Toutefois, l'aggravation des sécheresses pourrait avoir de graves effets sur la disponibilité de la nourriture et de l'eau, comme ce fut le cas pendant les sécheresses des années 80 et 90. Dans le Mandoul, la majorité du bétail est rassemblée en troupeaux par les éleveurs, mais une bonne partie est gardée dans des enclos. Les animaux domestiques, notamment les bovins, sont aussi touchés par la variabilité climatique. Le stress de chaleur leur pose un problème. C'est un système d'élevage dans lequel plus de 90 % de matières sèches pour nourrir les animaux proviennent des pâturages et des cultures fourragères annuelles. Le broutage des animaux est fréquemment associé à un surpâturage, à la dégradation des sols et à la déforestation. Mais, il y a aussi des effets positifs de ce système de pâturage sur l'environnement et cet élevage est la seule source de revenus pour plus de 22 000 familles pastorales. Ce système extensif traditionnel se caractérise par un faible rendement (Servat et Steinheil, 2009). La variabilité climatique a un impact négatif sur ce type d'élevage, où les animaux manque de réserves alimentaires suite aux modifications des moyennes des précipitions. On observe une augmentation significative de l'aridité ; d'où une expansion des zones touchées par la sécheresse. Dans de telles conditions biophysiques, la densité de la population est relativement élevée. Cette densité exerce une pression surtout sur l'utilisation des terres disponibles dans de nombreux endroits, ce qui conduit à un surpâturage, à la dégradation importante des sols et à l'apparition des poches de désertification. La couverture végétale a été dégradée ou détruite, ce qui a augmenté l'albédo. La dégradation ou l'absence de la couverture végétale réduit l'évaporation, conduisant ainsi à une réduction de la vapeur d'eau dans l'atmosphère et, par conséquent, à la baisse de précipitations (Sow et al., 2007). Tous ces facteurs poussent les éleveurs à migrer vers les zones les plus humides et agricoles à la recherche des pâturages fraîches pour leurs animaux. La conséquence majeure est l'augmentation de la mortalité des animaux, la dégradation des forêts naturelles, les insécurités liées aux conflits entre les éleveurs et les agriculteurs, les famines et l'augmentation de la pauvreté, et enfin la redistribution géographique des maladies transmises par les vecteurs. Ce mode d'élevage est pratiqué par les agriculteurs qui thésaurisent leurs productions agricoles sous forme de bétail ou par les éleveurs sédentarisés pour diverses raisons, qui diversifient leurs sources de revenus en pratiquant l'agriculture. Dans ce système, les animaux sont gardés en permanence au niveau du village où, sous la conduite des bergers, ils pâturent sur de courtes distances dans les espaces non cultivés pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche, l'alimentation est complémentée avec les résidus de cultures et les fourrages conservés. Cette pratique d'élevage permet d'éviter le contact entre troupeau et glossines en zone indemne de mouches tsé-tsé. La taille moyenne du troupeau est généralement inférieure à cinquante têtes. Sous l'effet de l'augmentation qualitative et quantitative rapide de la demande en produits animaux, d'autres formes d'élevage sédentaire ont fait leur apparition autour des grands centres de consommation (milieux urbains et périurbains). Parmi ceux-ci, on peut citer l'embouche des bovins, des petits ruminants, les élevages laitiers, les fermes de production avicole et porcine. Pour ce qui concerne l'embouche intensive dans la région du Mandoul, sa durée n'excède pas six mois et se pratique généralement au cours de la saison sèche. Les rations alimentaires de ces effectifs sont généralement servies sur place, ce qui minimise le contact direct avec les vecteurs biologiques. La transhumance se définit comme « un système de production animale basé sur des mouvements cycliques, d'amplitude variable, à la recherche des meilleurs pâturages des saisons en cours. Ces mouvements s'effectuent entre zones écologiques complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus grande partie du groupe restant sédentaire » (Leroux, 1983). Actuellement, cette stratégie de déplacement adaptée aux variations climatiques saisonnières est toujours admise dans les zones sahéliennes et soudano-sahéliennes. Dans la région du Mandoul, plus de 70% du cheptel bovin sont conduits annuellement en transhumance nationale ou transfrontalière (Kembe, 2004). En fonction de la distance parcourue entre les terroirs d'attache et les zones d'accueil d'une part et de la saison de transhumance d'autre part, on distingue deux types de transhumance : la petite transhumance et la grande transhumance. - La petite transhumance est un déplacement à l'intérieur du territoire national. Elle s'effectue sur de courtes distances (inférieures à 100 km). Elle se pratique en toute saison. En saison pluvieuse, elle se pratique au moment de la levée des semis où le problème d'espace de pâture se pose et a pour objectifs de protéger les cultures et d'éviter les conflits entre éleveurs et agriculteurs et de réduire les risques de maladies de bovins (zone infestée de glossines par exemple). Après les récoltes, le bétail regagne les aires de culture pour exploiter les résidus et sous-produits de récolte. Pendant la saison sèche les raisons sont la recherche de pâturages et de points d'eau. - La grande transhumance est la transhumance classique qui va à la rencontre des pluies en saison sèche avant de « remonter » vers le Nord tout en restant en deçà du front de progression de la nouvelle herbe (Beina, 1998). Elle est engendrée par l'assèchement des cours d'eau et des mares et la rareté des pâturages exploitables. Entre terroirs d'attache et zones d'accueil, la distance est grande, souvent de plusieurs centaines de kilomètres. Les déplacements peuvent se limiter à un changement de régions dans le même pays, mais ils peuvent dépasser les limites frontalières. 4.2.5. Modification de l'environnement par le parcours du bétail On constate dans la région du Mandoul que le bétail dans son parcours, modifie la texture des sols de façon assez homogène, d'une zone écologique à une autre par le tassement de l'horizon supérieur qui devient dur et imperméable, mais aussi par la formation d'une fine pellicule superficielle sableuse. Le piétinement du sol entrave l'infiltration de l'eau et favorise de petites entailles érosives (Ouedraogo, 2001). Ces phénomènes affectent surtout les axes de passage habituels des animaux, qui évoluent en terrassettes sur les pentes. Ils se manifestent plus ou moins selon les types de sols: davantage sur les sols à texture sableuse que sur les sols épais à texture surtout argileuse. Les effets du parcours du bétail sur les sols sont plus évidents que ceux de la pâture proprement dite. Quant à la végétation, une pâture prolongée et intense entraine des conséquences divergentes. Mieux que les sols, l'état de la végétation signe l'ampleur des perturbations de l'environnement par l'élevage. Des séries de végétation évoluent en fonction de la pression exercée par le bétail. Dans cette succession, quelques stades prennent une signification particulière, en marquant un basculement vers des situations nettement plus dégradées ou irréversibles. 4.2.6. Rôle et objectifs du pastoralisme L'élevage contribue, à travers le pâturage, à la dynamique des territoires par le maintien des milieux ouverts, intégrés dans une mosaïque associant zones forestières cultivées. Cette contribution doit être conciliée avec une dynamique de l'élevage permettant le maintien de ses cohérences propres et sa durabilité comme système d'élevage (Saley, 2002). Les parcours exploités par les pasteurs ne peuvent le plus souvent pas être utilisés par l'agriculture. Ces terres offrent peu d'autres options que l'élevage mobile pour leur utilisation efficace et durable. De nombreux auteurs ont mentionné l'importance du pastoralisme dans la conservation de la nature, la production de la biodiversité des espaces, l'entretien des plantes herbacées, des milieux ouverts et des paysages, la prévention des risques naturels, la gestion des sols et des effluents, la préservation du patrimoine culturel, la limitation de l'exode rural, la multifonctionnalité et de nombreuses externalités positives. Cette analyse devrait s'articuler autour des grands "thèmes d'impact" que sont l'occupation des sols, l'alimentation, l'abreuvement, les déplacements, la fertilité, les productions animales, la conduite et l'exploitation, et les politiques d'élevage. L'occupation des sols par les activités d'élevage peut conduire à des impacts positifs (de type socio-économique, et écologique), des impacts négatifs (dégradation des terres de parcours, déforestation, perte de biodiversité). L'alimentation des herbivores domestiques repose sur le prélèvement de matières végétales, cet acte élémentaire peut conduire à des effets positifs sur l'environnement, lorsque le couvert végétal est jugé "indésirable" (prévention des incendies, lutte contre l'embroussaillement, dynamique des espèces sous l'effet de la pâture, dissémination des semences par les herbivores domestiques). Ce même prélèvement devient un impact négatif lorsque son intensité remet en cause les potentialités de renouvellement du couvert végétal : soit directement en modifiant la composition, la structure ou la productivité des peuplements végétaux ou en influençant leur dynamique ; soit indirectement en agissant sur les facteurs de la production primaire que sont l'eau, le sol et l'air, ou encore par interaction passive avec les autres consommateurs primaires. Dans de nombreux cas, les points d'eau modernes, à vocation pastorale, sont récupérés, au bout d'un certain temps, comme bases initiales d'implantation humaine, qui bénéficient alors de ressources en eau de qualité. Par contre, d'après Nicholson (1985) cité par Suchel et Carrière (1995), les activités d'élevage polluent les ressources en eau de surface par eutrophisation des mares temporaires ou permanentes, pollution chimique, pollution microbienne ou parasitaire par des agents pathogènes. Les impacts indirects envisagés ici portent sur la dégradation des sites d'abreuvement, les conséquences de l'utilisation des sites d'abreuvement sur la flore et la faune inféodées aux milieux humides ou aquatiques. Quant aux déplacements, le piétinement favorise : le tallage des graminées, la dissémination de nombreuses plantes par fragmentation des souches ou des rhizomes, la dispersion des semences (par adhésion sur le pelage ou sous les sabots) et leur germination (par rupture des téguments pour les graines dures), l'incorporation de la matière organique au sol, par fragmentation. A contrario, le piétinement réduit la biomasse sur pied en brisant les chaumes desséchées, ce qui augmente la surface de sol dénudé et favorise l'érosion, la photosynthèse des plantes en déchirant et en écrasant les tissus foliaires, les stocks semenciers des sols, par concassage des graines. Toutefois, la mobilité des troupeaux est exploitée pour la commercialisation des produits de l'élevage dans certains pays et constitue un facteur de gestion et de conservation des parcours. 4.3. Influence du climat sur la dynamique des aires pastorales Avec les sécheresses récurrentes des années 70 et 80, le climat a subi de profondes mutations, notamment la baisse de la pluviométrie et sa mauvaise répartition spatio-temporelle. En effet, le cumul pluviométrique de la région du Mandoul a évolué en « dents de scie » au cours des différentes périodes. L'analyse de la série pluviométrique de 1960 à 2009 met en évidence trois périodes bien distinctes: une période humide de 1960 à 1967, une période sèche de 1968 à 1987 et une période relativement humide vers 1988, Andigué (2007). Cette variabilité de la pluviométrie a occasionné une réduction du couvert végétal, (dont l'eau constitue l'un des facteurs limitant), et donc de la production fourragère. Les déficits pluviométriques enregistrés ces dernières décennies ont contribué à la dynamique des aires pastorales, du fait de la régression du couvert herbacé et ligneux, notamment la diminution du taux de cette couverture végétale et sa durée de vie. On assiste ainsi à la régression de la productivité totale des espèces ligneuses et herbeuses voire à la disparition d'espèces végétales souvent sans possibilité de régénération. C'est la crise des sécheresses qui aurait modifié le faciès environnemental de la région, avec comme conséquences une réduction ou modification floristique des surfaces pastorales utiles. De même, selon Boko et Ogouwale (2007), dans cette région, après une forte dégradation environnementale contemporaine à la «Grande sécheresse » (à la fin des années 60), l'augmentation relative des précipitations ne semble pas entrainer une amélioration environnementale notable. Malgré les signes annonciateurs de la fin de la sécheresse pluviométrique qui sévit depuis une vingtaine d'années, l'environnement ne parait se recouvrer que dans certaines conditions. Cette dynamique affecte différemment les formations végétales. Ainsi, de la savane herbacée à la forêt claire, on note les évolutions suivantes : - la savane herbacée, localisée généralement sur les sols argilo-sableux de ; Mandoul-Est a vu sa superficie régresser, de 7,03 % en 1974 a 2,57 % en 1986, a 1,79 % en 1994 puis 1,18 % en 2007. La disponibilité en eau étant un facteur limitant pour les plantes herbeuses, le déficit pluviométrique de ces dernières décennies aurait considérablement contribué à la réduction de la superficie de la savane, notamment par la réduction de son cycle végétatif complet. Par ailleurs, une partie de cette superficie a été colonisée par la savane arbustive, mais aussi transformée par endroits en surfaces dénudées et champs de cultures. Les mutations les plus perceptibles se sont produits surtout entre la période 1974-1986, soit une réduction de 4,46 %. - les cordons ripicoles : ils ont subi une régression sensible de 1964 à 2007. Celle-ci semblerait liée à la baisse de la pluviométrie, car la formation des cordons ripicoles est étroitement liée aux conditions stationnelles créées par la présence d'un cours d'eau permanent ou temporaire. De ce fait, le déficit pluviométrique serait un des principaux responsables de la régression de cette unité. - la forêt claire a connu une extension de plus en plus croissante sur toute la période, dans le secteur étudié. Cela suppose non seulement une évolution de la forêt claire en arborée, mais aussi dénote la capacité d'adaptation des espèces aux conditions climatiques contraignantes du milieu. En plus, les conditions édaphiques et phréatophiles particulières (sols argileux, faible profondeur de la nappe phréatique...etc.) ont contribué a l'accroissement de certaines formations arborées comme les palmiers dans les localités de Djola, Bouna et Koko., au vu des conditions stationnelles qui leurs sont favorables. 4.3.1. Influence des activités anthropiques sur la dynamique des aires pastorales L'influence de l'homme sur la dynamique des aires pastorale s'exprime par son emprise sur les ressources végétales (déboisement, friche, etc.) d'une part, et les pratiques pastorales d' autre part. La croissance démographique et l'évolution de l'effectif du cheptel constituent une menace sur le milieu naturel. En effet, la démographie galopante de la région a inéluctablement conduit à la conquête de nouvelles terres de cultures, au détriment des aires pastorales, à une surexploitation des ressources végétales : coupe abusive de bois, défrichage, feux de brousse,... Cela pourrait sans doute influencer l'évolution des unités pastorales. Le pâturage, à l'instar d'autres utilisations faites au milieu, peut causer une modification de la composition floristique disponible sur les terrains de parcours, même si les données relatives à une dégradation des terrains de parcours sont difficilement quantifiables. La mobilité des pasteurs est en effet une réponse à la répartition inéquitable et incertaine des ressources naturelles végétales. Le mouvement constant permet ainsi aux éleveurs de subvenir à leurs besoins pastoraux. Mais l'exploitation incontrôlée de certaines formations végétales conduit à leur raréfaction, voire leur disparition a long terme. Dans le cadre de la présente étude, les statistiques de la dynamique des ressources naturelles végétales composant les aires de pâturage montrent une transformation en partie de ces unités en d'autres, notamment en zones de cultures. Cela dénote l'influence de l'homme sur les entités pastorales. Des travaux menés par Zakaria et al. en 2006 confirment cette anthropisation des aires pastorales, notamment par la mise en culture de ces unités. Selon ces auteurs les terres de cultures ont presque triplé entre 1986 et 2005. 4.3.2. Les réactions végétales à la pâture Dans la zone d'étude, il se produit, sur les sols sableux un remplacement des graminées annuelles à cycle relativement long (trois à quatre mois) par d'autres annuelles plus résistantes à la pâture. Ensuite, celles-ci cèdent la place aux herbacées à cycle très court, mais peu appétées par le bétail. Enfin, la strate herbacée disparaît. Du côté des arbustes, une pâture intense provoque un éclaircissement et un recul des espèces les plus broutées devant quelques arbustes résistants. En fin d'évolution, il ne pousse que des arbrisseaux dont le bétail ne consomme pas les feuilles. L'appauvrissement de la strate herbacée va de pair avec celle des arbustes, jusqu'à la dénudation du sol. En fait, il est souvent difficile de démêler ce qui est dû à la variabilité climatique (sécheresse) et ce qui tient à une surexploitation pastorale. Il semble que le climat influence la quantité, la masse herbacée chaque année, tandis que la pâture intense modifie la flore. Dès que l'une de ces pressions se relâche, la végétation herbacée manifeste des capacités étonnantes de reconstitution. Dans les savanes, un processus semblable de substitution affecte la strate herbacée qui perd en densité et en taille, jusqu'à disparaître. De grandes graminées très recherchées par le bétail (Andropogon, Hyparrenia) succèdent d'abord d'autres graminées de grande taille moins appétées (Panicum phragmitoïdes). Si la pression pastorale se poursuit, les grandes graminées se raréfient, au profit de graminées basses (Eragrostis) ou de petites plantes non consommées (Aframomum). Du côté des ligneux, l'évolution est inverse, avec une multiplication d'arbustes, à mesure que les herbes se raréfient et que la pâture s'accentue. Parmi ces arbustes, certains prennent une place dominante, jusqu'à former des peuplements denses et homogènes. La prolifération d'arbustes nouveaux ne représente qu'un stade transitoire vers l'installation d'arbres issus de la zone forestière : dès lors, le pâturage a disparu. A la dégradation pastorale correspondent des couverts végétaux plus denses en ligneux. L'érosion des sols est moins à craindre que l'étouffement et la disparition des herbes. C'est une forme de dégradation des pâturages. Ces différents constats de séries végétales régressives aboutissent à la notion de dégradation pastorale de l'environnement liée à la variabilité climatique. 4.3.3. La variabilité climatique et la capacité de charge Les séquences de régression des pâturages liées à la variabilité climatique sont presque toujours attribuées à des surcharges en bétail. Le diagnostic se réfère à la notion de capacité de charge des pâturages. C'est une pression de pâture en équilibre avec les capacités de régénération de la végétation, assurant une stabilité des pâturages. Selon une autre définition presqu'équivalente, c'est la quantité de bétail que peut supporter un pâturage, sans se détériorer (Bouyer et Bengaly, 2006). Au fur et à mesure que les effectifs de cheptel augmentent, la biomasse fourragère évolue selon une courbe de plus en plus décroissante. Cette courbe se retrouve dans l'exploitation d'autres ressources naturelles renouvelables. A partir de presque zéro, une augmentation de cheptel provoque une faible diminution de biomasse disponible. Au contraire, en contexte de fortes pressions de cheptel, il suffit d'une légère augmentation d'effectifs pour entraîner une réduction sensible de biomasse fourragère. A un moment, le cheptel consomme toute la production fourragère annuelle : un seuil de capacité de charge dite écologique est atteint. Les effectifs de cheptel permettent d'appliquer un taux estimé comme acceptable d'exploitation du bétail. Ce taux évolue selon une autre courbe, en fonction d'un renouvellement plus ou moins rapide de la population animale. La seconde courbe atteint un maximum à la moitié ou aux deux tiers de la première, c'est une capacité de charge dite économique. Elle assure la vente d'un optimum de bétail en bon état. Les calculs des experts adoptent souvent les critères de la capacité de charge économique pour déterminer les caractéristiques d'un élevage viable. Au contraire, les sociétés pastorales se fixent comme objectif de disposer d'effectifs de cheptel aussi nombreux que possible. Elles vivent de produits d'animaux vivants (lait) et non d'animaux destinés à l'abattage. Elles maintiennent des effectifs nombreux, même si le taux de mortalité du bétail est relativement élevé. 4.3.4. Des races bovines plus ou moins dégradantes Alors que les experts attribuent les dégradations de pâturages à des surcharges, les éleveurs incriminent des animaux plus que d'autres. Ils accusent les petits ruminants davantage que les bovins et les moutons avant les chèvres, contrairement à un postulat répandu. Parmi les bovins, les Peuls introduisent des distinctions très nettes entre les races vis-à-vis de l'environnement. En excluant les taurins, ils différencient les comportements de deux grandes races de zébus. Les zébus à longues cornes sont des animaux célèbres et impressionnants par leur silhouette élancée, leur tête fine et surmontée d'un grand cornage. En fait, les spécialistes estiment que ces animaux ne sont pas de vrais zébus mais le résultat de croisements entre une race bovine très ancienne avec des zébus. Les comportements des races bovines à la pâture sont une composante essentielle des relations entre le bétail et l'environnement. Ils expliquent des tensions qui s'élèvent entre éleveurs de races bovines différentes, alors qu'eux-mêmes peuvent être ethniquement proches, par exemple les Mbororo et les Foulbé. 4.3.5. Effets bénéfiques du bétail sur les pâturages Les séquences végétales en savanes supposent qu'une végétation climax ou naturelle présente des capacités pastorales excellentes. Dès l'introduction du bétail, il se produit une réduction des ressources fourragères. A partir d'un maximum initial, l'évolution est constamment régressive. Cette régression pastorale se vérifie peut-être dans quelques secteurs de la région du Mandoul. En savanes, le bétail contribue d'abord à entretenir, voire à améliorer les formations pâturées. Cette influence positive s'exerce à la fois sur la strate herbacée et sur les ligneux. Les pâturages les plus appréciés du bétail ne sont pas ceux qui produisent la biomasse herbacée la plus importante. De trop grandes herbes s'avèrent difficilement pénétrables et accessibles. En fin de cycle végétal, des graminées (par ailleurs, excellentes du point de vue fourrager) présentent des feuilles sèches à la base, les feuilles vertes étant en haut d'une longue tige. Les animaux préfèrent paître des herbes courtes plutôt que trop hautes. Le piétinement et le broutage régulier des graminées en touffes accentuent leur tallage, leur étalement au sol, donc la densité du couvert herbeux. Des graminées annuelles produisent des graines garnies de minuscules épines. 4.4. Crise et vulnérabilité liées à la variabilité climatique L'efficacité des pratiques et des stratégies suppose que deux conditions principales soient remplies. La première concerne les droits et les règles d'accès à l'espace. Ces droits doivent favoriser la mobilité des hommes et du bétail, permettant ainsi de tirer parti de la dispersion des ressources disponibles. Si l'espace agricole, nécessairement fixé, fait l'objet de droits d'usage individualisés, l'espace pastoral est ouvert, d'accès libre, et l'éleveur ne se trouve, en première analyse tout au moins, limité dans ses possibilités de déplacement et de fréquentation des parcours que par les contraintes qu'il accepte de supporter. En fait cette liberté n'est pas totale, car certains groupes sociaux bénéficient plus ou moins tacitement de droits préférentiels sur des portions d'espace et l'utilisation des puits et des puisards (qui conditionne directement l'accès à certains pâturages en saison sèche) est directement dépendante du bon vouloir de ceux qui les contrôlent. La seconde condition est relative à la pression exercée par l'homme sur le milieu. Compte tenu de la faiblesse des ressources disponibles, de leur variabilité, et de l'extensivité des systèmes d'exploitation, cette pression doit être nécessairement légère. D'abord pour que le niveau des prélèvements ne mette pas en péril le renouvellement de ces ressources, ensuite pour que les besoins essentiels devant être couverts localement puissent l'être même dans des conditions pluviométriques défavorables, c'est-à-dire de relative pénurie céréalière et/ou fourragère. Autrement-dit, la viabilité des systèmes pastoraux de la région du Mandoul repose sur une sous-exploitation des ressources du milieu. Or ces conditions sont loin d'être actuellement remplies, et un constat de crise affectant l'écosystème dans son ensemble s'impose. L'accroissement continu de la population (environ 2 % par an, les densités démographiques actuelles étant de l'ordre de 7 à 10 habitants au km2) aboutit en effet, compte tenu de l'impact des récentes années de sécheresse et de la nature des pratiques de mise en valeur du milieu, à une dégradation de celui-ci qui, dans certains cas, peut être considérée comme irréversible. Les surfaces cultivées se sont étendues au même rythme que celui du croît démographique, notamment aux dépens de sols à aptitude agricole souvent marginale ou de bas-fonds boisés qui constituent traditionnellement le pâturage de choix en saison des pluies. Dans la plupart des anciennes zones de culture sur sol ensablé, la jachère tend à disparaître totalement, et l'espace cultivable est en voie de saturation complète. Le cheptel s'accroît également, même si les sécheresses prononcées jouent un rôle certain de régulation des effectifs. L'espace pastoral se trouve saturé et la dégradation des parcours s'amplifie, atteignant dans certaines situations sensibles un point de non retour. Comme pour les sols cultivés de Ngangara, la disparition progressive de la végétation ligneuse et herbacée s'accompagne de sol sableux et d'un accroissement du ruissellement qui ne peut qu'accentuer les effets d'un déficit pluviométrique éventuel. La réduction des disponibilités fourragères est susceptible d'aggraver le déséquilibre entre la charge et les ressources, et la dégradation du milieu s'accélère. Les pratiques pastorales tendent elles aussi à se détériorer. Hors circonstances exceptionnelles, la mobilité du bétail diminue. La taille réduite de nombreux troupeaux ne justifie plus le recours à des transhumances longues et lointaines, et durant la saison sèche le bétail se trouve, excepté dans l'extrême sud de Dembo, bloqué dans des portions d'espace limitées autour des points d'eau, rendant sans objet l'adoption de rythmes de conduite contraignants mais efficaces. Dans certains groupes, l'absence du gardiennage se généralise. La dégradation conjointe du milieu et des pratiques explique que l'efficacité des systèmes pastoraux se réduit en même temps que s'accroît leur vulnérabilité à toute agression de l'environnement. Les besoins alimentaires sont de plus en plus mal couverts par les deux activités de production principales, et le recours à des palliatifs de survie s'impose tandis que s'amplifie le mouvement de migration lointaine, véritable hémorragie dans certains groupes ethniques. La sécheresse joue bien entendu dans un tel contexte un rôle d'amplificateur, agissant en synergie avec les autres phénomènes et révélant, parfois dramatiquement, la situation de crise larvée préexistante. Des seuils de rupture sont atteints, affectant à la fois l'environnement et les systèmes de production les plus fragilisés. L'impact de l'aléa climatique, se révèle tout à fait dépendant de l'état d'ensemble de l'écosystème qu'ils affectent. L'accentuation de certains contraintes déplace les seuils de vulnérabilité et réduit les capacités de réponse, rendant inefficaces certaines pratiques sécuritaires qui jusque là avaient pourtant fait leurs preuves. Le constat de crise qui peut être dressé à l'échelle de la région tend à masquer la grande diversité des situations. Certaines portions d'espaces sont plus saturées que d'autres et le stade de dégradation des différents milieux est plus ou moins avancé. Les divers types de systèmes de production ont, quant à eux, subi de façon très contrastée les épisodes de sécheresse de ces quinze dernières années, qui semblent bien avoir accru la diversité et la disparité dans l'ensemble régional. Dans un espace de plus en plus saturé, en voie de dégradation rapide, les relations de concurrence et d'antagonisme tendent par ailleurs à prendre le pas sur les liens de solidarité et de complémentarité (entre cellules de production et entre secteurs d'activité). Cette évolution régressive globale contredit, dans le cas évoqué, la thèse de Boserup selon laquelle l'accroissement démographique constituerait un moteur de l'innovation et de l'intensification. Loin de se transformer dans un sens de productivité accrue, les pratiques se détériorent, accélérant ainsi les processus de dégradation du milieu. Les stratégies individuelles, bien que rationnelles, s'avèrent en outre de plus en plus contradictoires avec ce qui apparaît souhaitable, sinon prioritaire, à l'échelle régionale. L'accroissement du cheptel l'illustre bien, l'exploitation d'un troupeau de fort effectif représentant pour l'éleveur un gage de satisfaction des besoins et de limitation des risques, mais induisant au niveau de l'espace des phénomènes de surcharge et de dégradation du milieu. Les conditions changeant la stratégie sécuritaire devient contrainte et source de nouveaux risques. 4.5. Impact de la variabilité climatique sur l'épidémiologie des Trypanosomiases Animales Africaines (TAA) et sur les glossines Des aléas climatiques comme la sécheresse modifient les conditions hygrométriques et thermiques nécessaires à la survie des glossines (Hôte et Mahé, 1996). Les épisodes de sécheresse des années 1970-1990 en sont des exemples qui ont entraîné une descente des glossines vers la région du Mandoul (Courtin et al., 2009). Les cycles biologiques de ces vecteurs nécessitent des conditions de température et d'humidité optimales. L'ouest de la sous-préfecture de Koumra et la sous-préfecture de Goundi, sont soumises depuis quelques dizaines d'années à une forte pression humaine due à ses potentialités agricoles, notamment pour la culture cotonnière (Tidiane, 2003). Ces localités, connaissent un bouleversement de l'habitat des glossines, associé à la raréfaction des pluies, ce qui aurait modifié leur densité et leur aire de répartition (Courtin et al., 2010). Au Bahr Sara, le Glossina longipalpis a totalement disparu après la grande sécheresse de 1972-1973 (Lemaire, Delaby, Fiorelli, Micol, 2006). Le G. morsitans submorsitans, espèce savanicole, a disparu du bassin du fleuve Bahr Sara et dans pratiquement toutes les localités cotonnières de la région, de nos jours, son recul est extrapolable à l'ensemble de tout le pays (Fakri, et Sombroek, FAO-1997). Cette espèce, autrefois présente plus au Nord, voit son aire de répartition réduite au Sud du pays du fait de la dégradation de l'environnement et de la disparition de la faune sauvage (Sow et al., 2009). Cette évolution de la population glossinienne, pourrait laisser penser que les glossines et certaines espèces de trypanosomes sont amenées à disparaître dans le futur mais ce serait sans compter les facultés d'adaptation de certaines espèces de glossines. Les pâturages de la région du Mandoul ont connu en moins d'un siècle de véritables modifications du fait de l'occupation humaine des espaces et des variations climatiques. Ces espaces pastoraux de faible capacité ne sont plus en mesure de satisfaire les besoins des animaux particulièrement en saison sèche. Face à cette pénurie, les éleveurs essayent de s'adapter par des mobilités variables des animaux (petite et grande transhumance). Le premier problème de la transhumance est le risque pathologique qu'elle occasionne. En effet, les bovins du nord sont des zébus qui sont très sensibles aux TAA. Cette sensibilité est aggravée par l'affaiblissement des animaux dû aux longues distances parcourues. La transhumance favorise le contact bovin/vecteur, principalement au niveau des points d'eau mais aussi dans les pâturages. Ce contact conduit à l'infection des animaux par les trypanosomes, lesquels animaux, à leur retour constituent alors des sources d'infection aux autres animaux de leurs terroirs d'attache, par le biais des vecteurs mécaniques notamment. La transhumance permettrait ainsi le brassage régulier de parasites. Les zones d'accueil des transhumants connaissent une augmentation considérable de la densité de bovins pendant la saison sèche. Les glossines ont à leur disposition un grand nombre d'hôtes nourriciers et la fréquence de piqûre sur les animaux baisse. Par contre, dans les zones d'attache où la maladie sévit, on observe le contraire dans les troupeaux qui sont restés sédentaires (Feizoure, 1994). 4.5.1. Recherche de pâture et risque glossinaires En saison sèche, la végétation de la région du Mandoul entre dans une phase de dormance, surtout les graminées dont les racines ne descendent pas en dessous d'horizons desséchés. Chaque année, c'est une période difficile pour les animaux, en particulier les zébus les plus exigeants. Les éleveurs qui possèdent ces animaux entreprennent alors de grandes transhumances vers le sud. Ils pénètrent dans des savanes interdites le reste de l'année, par suite de la présence des mouches tsé-tsé, vecteurs de trypanosomose bovine. En saison sèche, les glossines, même celles dites de savanes, se réfugient dans les galeries forestières où se maintient un microclimat humide. Les interfluves redeviennent salubres pour le bétail. Les transhumants établissent des campements au milieu des interfluves, le plus loin possible des galeries forestières. Cependant, les animaux s'en approchent pour s'abreuver et pour paître des herbes vertes en bas de vallons. Les éleveurs sont confrontés à un dilemme : soit assurer une alimentation satisfaisante aux animaux en les conduisant très loin vers le sud mais en prenant le risque de subir des pertes, soit les maintenir sur des pâturages salubres mais devenus insuffisants. Les décisions s'échelonnent entre les risque-tout aventuriers, et les prudents sédentaires. Le dilemme se pose en particulier aux éleveurs de grands zébus rouges qui répugnent à consommer des fourrages secs mais qui sont très sensibles à la trypanosomose bovine. L'alternative devient spécialement aiguë en début de saison des pluies. Plus précoces au sud, les pluies s'accompagnent de pâturages verdoyants et, en même temps, d'une prolifération des glossines qui recommencent à se disperser dans les savanes. 4.5.2. L'attachement à la race bovine Parmi la gamme assez large des races bovines de la région du Mandoul, la plupart des vrais pasteurs détiennent des animaux à longues cornes. Ce choix relève, en apparence, d'un paradoxe : les éleveurs qui dépendent le plus des bovins possèdent les races les plus exigeantes en nourriture et les plus compromettantes pour l'environnement. Il s'agit d'un fait culturel assez général : les éleveurs de zébus à longues cornes sont très attachés à leurs animaux. La plupart des zébus à courtes cornes n'ont pas donné lieu à des attachements aussi forts. Les zébus à courtes cornes sont des animaux d'élevage facile, qui permettent de s'adonner à d'autres activités et de se fixer. Ceux à longues cornes, animaux fragiles et exigeants, nécessitent du dévouement et même de l'abnégation. Les grandes transhumances et le nomadisme ne sont pas des solutions pastorales adoptées de gaieté de coeur mais des contraintes imposées par un type de bétail. Toutes choses égales par ailleurs, les grands zébus exigent une mobilité, surtout saisonnière, pour disposer de pâturages verdoyants à longueur d'année. L'attachement de nombreux Peuls pasteurs à des races bovines difficiles introduit un risque supplémentaire de dégradation des pâturages. Avec ce type de bétail, les pasteurs n'ont réussi une certaine sédentarisation qu'à la faveur de contextes pastoraux exceptionnels. 4.6. Augmentation de la mortalité des animaux Selon certains éleveurs interrogés lors de notre enquête, suite à la raréfaction des pâturages, des ressources en fourrages et la diminution des ressources en eau, les animaux souffrent beaucoup de la malnutrition et de la déshydratation, Behnlon (1992). Plus de 11000 têtes sont confrontés chaque année à des épuisements physiques suite à un mouvement de transhumance accéléré. Le rendement en viandes et la production laitière sont tellement faibles. Cela a été observé dans le temps lors des grands mouvements de migration de la population Peuls en dans les années 1974 et 2004, Rognon (2007). Les précipitations provoquent également des catastrophes se soldant par une grande mortalité des animaux. En effet, durant le sinistre intervenu chez le bétail en juin 2002 dans la zone sylvo-pastorale de Goundi dans le département du Mandoul-est, la principale cause des mortalités observées est un ensemble de facteurs climatiques (pluies, vent, froid). La pluie qui a mouillé le pelage pendant 72 heures accompagnée des phénomènes de conduction, des vents violents a entraîne la mort des animaux (moutons, chèvres, bovins) par hypothermie (diminution de la fluidité sanguine) et par conséquent l'arrêt cardiaque, Fontaine, (1997). Cela montre que les pluies hors saison peuvent être dangereuses pour la production bovine en système extensif. 4.7. Concurrence entre les éleveurs La concurrence entre les éleveurs se manifeste particulièrement en période de disette par un prélèvement excessif de lait, la mortalité des agneaux et cabris de moins d'un an atteint 30 à 35 %, et celle des veaux 22 à 54 %. L'homme et son bétail se trouvent également concurrents pour l'exploitation des ressources végétales : les graines sauvages récoltées pour la consommation constituent de bons pâturages et les ramassages collectifs, fournissant un complément alimentaire important, sont menacés par les troupeaux, Boudet (1984). Le conflit entre éleveurs peut paraître paradoxal. Pourtant, ces conflits sont nombreux et se développent essentiellement entre éleveurs sédentaires et transhumants. Le principal conflit résulte de l'utilisation et du maintien de la ressource hydrique. En effet, au système de libre accès à l'eau dans le cadre de l'élevage transhumant, s'oppose un autre système de gestion et de maintenance des points d'eau modernes dont l'accès est souvent réglementé et à titre onéreux. L'autre source de conflit est l'utilisation des ressources pastorales ; les éleveurs sédentaires acceptent mal que les troupeaux transhumants s'installent dans leurs aires habituelles de pâturage épuisant les ressources de celles-ci avant de continuer vers d'autres. 4.7.1. Conflits entre éleveurs et agriculteurs La vulnérabilité de la région à la variabilité climatique est amplifiée considérablement par les crises socio-économiques. Les populations de cette région vivent dans la pauvreté. Ces conflits sont nombreux et plus fréquents dans les zones où les ressources disponibles (cultures et/ou pâturages) sont faibles en fonction des paramètres climatiques. 4.7.2. La manifestation des conflits La région du Mandoul a une vocation pastorale. Parmi les types d'élevage pratiqués, la transhumance est prépondérante. Ce type d'élevage du genre extensif présente toute une dynamique de déplacement saisonnier. Le déplacement de l'éleveur transhumant requiert un cadre physique adéquat et précis, (Breman, 1991). La conduite des troupeaux se fait tout en permettant aux animaux de satisfaire leurs besoins physiologiques les plus élémentaires. Les troupeaux peuvent parcourir une vingtaine de kilomètres par jour mais en s'alimentant sur leur trajet. En période de cultures, des aires de pâturages, des points d'eau doivent donc créer des conflits assez fréquents le long des pistes de transhumance. Il est un fait que la croissance démographique
enregistrée au cours de la dernière décennie a
engendré l'augmentation des besoins alimentaires et l'extension des
terres cultivées. Cette extension s'est faite au détriment des
espaces pastoraux connus. Mais elle a Les conflits naissent souvent dans des conditions de mésentente créées en rapport avec l'exploitation des ressources agropastorales. Les agriculteurs avec l'extension de leurs terres essayent de protéger leurs cultures. Les éleveurs aussi, à la recherche de pâturage, se déplacent selon un itinéraire traditionnellement connu. L'affrontement naît souvent suite aux changements des limites des espaces pastoraux. Les principales plaintes rapportées concernent souvent les dégâts champêtres. Mais aussi des plaintes pour viol et vol. Ces situations sont les différentes manifestations des conflits d'usage de l'eau opposant agriculteurs et éleveurs dans les plaines de Bekamba, Ngankarag, Beboro, Bangoul, Bedjondo, etc.. 4.7.3.. Causes des conflits entre agriculteurs et éleveurs Le conflit entre les agriculteurs et éleveurs dans la région du Mandoul est un sujet délicat et il est très difficile de cerner l'ensemble des causes de ce phénomène. Un grand flou apparaît dès que l'on tente d'appréhender l'ensemble des causes pour en faire une synthèse globale. La poussée démographique, les perturbations climatiques et ses conséquences, telles que la sécheresse, la désertification, la pauvreté des sols, la rareté de l'eau, la dégradation des pâturages sont souvent citées comme les causes principales de conflits. Bien que ces facteurs soient déterminants dans les changements en milieu rural, ils ne justifient pas la recrudescence des conflits dans notre zone d'étude. Les principales causes des conflits sont diverses. 4.7.4.. La multiplicité des droits sur les ressources naturelles C'est une situation où les types de droits existent. Ils vont d'un usage temporaire et limité à une propriété définitive en passant par une propriété temporaire qui se résume dans un droit strictement inscrit dans le temps, Hurault (1975). (Dans certains pays du Sahel, par exemple, les transhumants n'ont le droit de faire pâturer leurs animaux dans les terroirs que le temps d'une saison sèche). Ces droits reposaient sur les relations sociales, le consensus dans ces relations et le respect d'autorités foncières. 4.7.5. La crise de confiance entre les acteurs Dans les rapports de production en général, dans l'exploitation des ressources naturelles en particulier, on enregistra plusieurs cas « d'abus de confiance ». En effet, fréquemment on observe dans les communautés des situations dues à des pratiques jugées « anormales » ou incorrectes en matière de gestion des ressources naturelles entre deux ou plusieurs parties. Ces situations arrivent surtout à l'occasion de prêt de terres. En de pareils cas, selon la règlementation locale, l'Emprunteur ne peut planter des arbres, creuser un puits ou réaliser un investissement durable (construire une case...) ; toutes choses qui sont signes d'appropriation puisqu'elles constituent, même au regard du droit positif de certains États, des éléments de référence pour constater la propriété coutumière. C'est donc de façon inéluctable que les parties concernées arrivent à un conflit. 4.7.6. La valeur de plus en plus croissante des ressources naturelles En raison de l'accroissement démographique et de celui des cheptels dans les différents pays concernés par la désertification, les ressources naturelles prennent de l'importance d'année en année. Surtout que la sécheresse devient, elle aussi, chronique. Malheureusement, les économies de ces pays restent basées sur l'exploitation des mêmes ressources et les productions sont loin de satisfaire même les besoins alimentaires des populations. Dans ces conditions, la course à l'exploitation des ressources naturelles devient impitoyable ; chaque acteur cherchant à contrôler le maximum possible. A cela, il faut ajouter le fort taux d'urbanisation dans tous les pays. Ceci fait que les villes empiètent toujours plus sur l'espace rural avoisinant au détriment des habitants, de leurs activités économiques et de leurs animaux. Malheureusement, cette ponction de l'espace urbain sur le milieu rural se fait sous forme de propriété définitive puisque les citadins se procurent toujours de titres fonciers. Cette situation fait que dans la plupart des zones, les besoins sont supérieurs aux disponibilités ; d'où des frustrations, des comportements incorrects et des conflits. Dans un contexte de dégradation des ressources naturelles, celles-ci sont utilisées par les populations dans le cadre de la mise en oeuvre de systèmes de production agricoles, sylvicoles et pastoraux interdépendants les uns des autres à divers degrés et niveaux. La nature de ces interrelations entre les différents systèmes de production fait que les modes d'utilisation des ressources naturelles devenus insuffisants mettent en concurrence les acteurs de façon plus accrue. Ainsi, en fonction des enjeux spécifiques des systèmes de production, selon la nature des ressources en jeu et souvent selon les périodes de l'année, les modalités de gestion des conflits dépendent : - des sources ; - de la fréquence ; - de leur gravité ; - de leur ampleur ; - de leurs conséquences. Entre autres inconvénients des conflits liés à la gestion durable des ressources naturelles, il convient de signaler : - L'échec de la mise en valeur de certaines zones ; - Le retard dans l'exécution des actions ; - Le blocage du fonctionnement de certains projets après leur lancement ; mais plus grave est sans doute ; - L'affrontement armé entre populations conduisant à des massacres. Il est ainsi possible de classer les conflits en fonction de plusieurs critères : l'espace concerné, les enjeux, les acteurs, l'impact sur les ressources naturelles, etc. Il existe des conflits liés à l'exploitation des ressources naturelles et ceux entre usagers. Les conflits fonciers L'utilisation de la terre qui est la principale ressource naturelle de la région du Mandoul fait l'objet de conflits allant jusqu'à détruire le tissu social. Ces conflits opposent différents types d'acteurs : les populations et l'Etat, les autochtones et les allogènes, les autochtones entre eux etc. Les conflits entre les populations et l'État : Dans le domaine de la gestion des forêts classées, les populations ont jusque-là considéré la procédure de classement des forêts comme une technique d'expropriation de leurs terres, d'où les actions violentes sur les agents de l'administration forestière et les actes de destruction de ressources forestières. Les conflits entre autochtones et allochtones : Ces conflits éclatent à cause des ressources foncières. Ayant des droits précaires sur la terre, toute exploitation jugée abusive ou forme d'enrichissement (par exemple sous forme de reboisement) fait l'objet de réactions parfois violentes de la part des autochtones s'estimant propriétaires. Ainsi, ils limitent et interdisent, dans certains cas, des formes d'aménagement (interdiction de planter des arbres ou de création de point d'eau) qui pouvaient être réalisées. Les conflits entre autochtones : Ce type de conflits oppose généralement des habitants d'un même village ou de villages voisins à cause d'opportunités nouvelles créées par les aménagements, par exemple. Ainsi, l'édification d'une retenue d'eau ou l'aménagement d'un bas-fond suscite des dissensions et des controverses quant à l'accès au périmètre aménagé, car très souvent ces aménagements sont effectués sans que les droits traditionnels (usage, propriété, etc.) ne soient purgés sous quelque forme que ce soit. Les conflits pour l'accès aux ressources foncières sont liés à l'extension des superficies cultivées au détriment des zones autrefois utilisées pour le pâturage. Ainsi, l'accroissement rapide des superficies agricoles dans le Mandoul ces dernières années s'est principalement opéré aux dépens des zones pastorales. Il y a enfin le fait que les éleveurs transhumants rendent inopérants certains programmes de mise en défens des pâturages. Les conflits entre projets, programmes non étatiques (ONG) et populations : Les projets et programmes non étatiques sont souvent aux avant-postes dans les espaces classés ou protégés pour des activités de recherche, action de protection ou d'aménagement. Il se trouve souvent en prises directes alors avec les populations. La nature et les causes de ces types de conflit sont les mêmes que celles qui opposent les populations et l'État. Les raisons spécifiques qui opposent surtout les ONG et les populations sont la volonté de celles-ci de se faire l'avocat de la défense des intérêts de certaines catégories sociales notamment les plus vulnérables (femmes, jeunes, minorités) dans une localité donnée. 4.7.8. Les modes de règlement des conflits La gestion de conflits apparaît avant tout comme un processus plus qu'un ensemble de techniques et de procédures rigoureusement identifiables. La gestion d'un conflit suppose que les règles invoquées, les procédures mises en oeuvre et les institutions impliquées soient reconnues comme légitimes par les parties. Au Tchad, il existe un mécanisme spécifique pour la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs à travers la nomination d'un médiateur national par le Président de la République. Au Tchad, il n'existe pas à proprement dit une loi qui devrait réglementer la transhumance. Il existe plutôt que des accords entre des Etats et ces accords sont largement dépassés par les contraintes écologiques et par l'évolution du mouvement des populations et des animaux. En cas de conflit, les protagonistes ont recours à plusieurs types de règlement du litige et d'instances, on peut citer : - le règlement par consensus entre les deux parties ; - le règlement par les chefs traditionnels ; - le règlement à l'échelle de la sous-préfecture ou de la brigade de gendarmerie ; - le règlement par la justice ; - le règlement par les comités d'entente et de dialogue mis en place soit par les protagonistes eux-mêmes, soit par les autorités administratives. Par rapport à notre échantillon, Goundi et Bekamba sont les régions où l'on constate la plus grande pluralité d'instances de gestion de conflits avec, surtout, un nombre élevé de conflits réglés à travers la brigade de gendarmerie et les autorités administratives. On constate également que dans ces régions, un nombre non négligeable de conflits n'ont pas trouvé de solution. Par contre, dans les localités de Dilngala, Bedaya, Bedjondo et Nderguigui, les conflits semblent se régler, pour la plupart, par l'intermédiaire des chefs traditionnels. Dans ces localités à tradition d'agriculteurs, les populations disposent d'instances traditionnelles de règlement des conflits. Une personne (souvent le plus vieux conseiller du chef de village) est désignée parmi les notables comme intermédiaire entre les éleveurs, les agriculteurs et le chef. Il est chargé de recenser tous les campements d'éleveurs se trouvant dans sa juridiction, de récupérer les redevances à payer pour l'accès aux ressources. En contrepartie, le chef protège et règle les éventuels conflits qui opposent les deux parties. Dans d'autres localités, les autorités ont défini des conditions ou principes d'exploitation permettant une gestion rigoureuse des aires de culture et de pâturages tout en limitant la fréquence des conflits. Actuellement, avec la diminution des terres cultivables consécutives aux différentes sécheresses, les conflits augmentent d'intensité. De nombreux exemples montrent que la dégradation de l'environnement a, par le passé, déjà contribué à l'instabilité de la région, en particulier en donnant lieu à des différends sur l'utilisation des ressources toujours plus rares. Le principal problème, ce sont les poches de désertification par la surexploitation. Ce problème est amplifié par la sécheresse. Peu d'informations sont disponibles pour savoir si la variabilité climatique a été un moteur important de la dégradation des années 1980 et 90, contribuant aux conflits présents dans la région. 4.7.9. Modes de gestion traditionnelle des conflits Par droit traditionnel, il faut entendre ici les coutumes, les pratiques et les institutions ayant cours dans le village ou dans la région. Lorsqu'un conflit éclate entre les membres d'une communauté rurale issus d'un même village, la préférence pour la gestion du conflit va au niveau du village. Mais lorsque les parties en cause relèvent de communautés ethniques ou même de villages différents, le principe de base généralement admis est le règlement suivant la coutume des autochtones. L'allogène doit ainsi toujours se soumettre aux coutumes de son village d'accueil. Les parties sont généralement représentées par les chefs coutumiers, religieux (pasteur, curé, imam et autre patriarche lignager). Ceux-ci sont dépositaires d'une légitimité et d'une autorité reconnue par les populations locales et constituent les instances de base auxquelles sont soumis les conflits. La force principale de l'instance coutumière de prévention et de gestion des conflits réside dans sa proximité avec les populations et les ressources et de sa bonne connaissance des situations de conflits. Sa force réside également dans le fait qu'elle est plutôt une instance de réconciliation que de sanction. Elle privilégie non pas l'application d'une seule norme (ce qui est propre au droit moderne) mais l'adaptation des modèles de comportements prévalant dans la coutume aux situations contemporaines. Autre avantage non moins importants de l'institution coutumière réside dans le fait qu'elle utilise des règles généralement connues de tous et enracinées dans les valeurs de croyance locales. A la connaissance des règles s'ajoute le fait qu'il est plus facile de saisir les autorités coutumières pour trancher un différend que les autorités modernes souvent situées dans des centres urbains et éloignés des populations à la base et difficilement accessibles. Les institutions coutumières présentent cependant des limites dues à la non prise en compte des intérêts des groupes vulnérables (femmes, jeunes, minoritaires migrants) contrairement aux tribunaux modernes qui eux offrent en principe des garanties d'égalité pour toutes les catégories. 4.7.10. L'État et la gestion des conflits La référence au droit moderne par les membres des communautés rurales est assez rare. Cela s'explique par le fait que, non seulement, ils ne se reconnaissent pas dans ses fondements mais aussi parce que les institutions chargées de rendre la justice au nom de l'État sont souvent éloignées d'eux. Mais on voit néanmoins parfois des paysans utiliser l'accès à l'une ou l'autre norme en fonction de leurs intérêts. Ceci est particulièrement vrai pour les communautés allochtones qui, en situation de conflit, s'efforcent de manière ponctuelle de garantir la permanence de leur accès aux ressources naturelles contre la menace représentée à leurs yeux par les populations autochtones. 4.8. Redistribution géographique des maladies transmises par les vecteurs Les variabilités climatiques ont et auront encore des conséquences importantes sur la santé tant humaine qu'animale même si leur impact reste difficile à évaluer, notamment en rapport avec les modifications de la distribution spatiale de certains vecteurs de maladies infectieuses. Les ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes agricoles sont aussi touchés par les variabilités climatiques, mais peu de recherches ont été entreprises à ce sujet. Les modifications peut-être les plus importantes pourraient se produire dans la répartition des populations de mouches tsé-tsé et des vecteurs de maladies humaines (comme la malaria, qui est transportée par des moustiques). Les infestations de mouches tsé-tsé plafonnent souvent là où le bétail peut être tenu à l'écart des secteurs où l'agriculture est en expansion. En effet, l'apparition des maladies animales telles que l'Influenza aviaire, la fièvre catarrhale du mouton, la dingue, la fièvre hémorragique et leur redistribution dans d'autres zones géographiques que leurs zones habituelles semblent être liée au phénomène actuel du réchauffement planétaire. La fièvre récurrente à tique (Ornithodoros) s'est propagée vers le Sud du pays sous l'effet de la sécheresse qui permet à ce vecteur de coloniser de nouvelles zones de savane, Kembe M., (1995). 4.9. Les impacts de la variabilité climatique sur la production laitière Dans la région du Mandoul, le potentiel laitier des vaches n'est pas extériorisé à cause du stress dû à la chaleur et aux aliments de faible qualité. La raison essentielle est que plus la production est élevée plus l'effet négatif de la chaleur est important. Au moins 40 % de l'énergie absorbée doit être libérée hors de l'organisme sous forme de chaleur, Janicot (1990). Dans un milieu chaud et humide, la perte de chaleur des vaches est limitée à cause du faible pourcentage de la surface de la peau par rapport au poids. C'est pourquoi, la vache doit diminuer l'absorption des aliments pour résister à la chaleur dans cette localité. De plus, la qualité des aliments, surtout des aliments de bonne qualité est souvent faible. Tous les animaux ont une gamme de températures ambiantes qualifiée de zone neutre. C'est la gamme de températures qui est propice à la santé et à la performance. La partie supérieure de la température critique est le point où les effets du stress de chaleur commencent à toucher l'animal. Il y a un certain nombre de facteurs environnementaux qui contribuent au stress dû à la chaleur. Il s'agit notamment de haute la température, l'humidité et de l'énergie rayonnante (lumière du soleil). La chaleur peut être définie simplement comme le point où la vache ne peut pas dissiper une quantité suffisante de la chaleur du corps pour maintenir l'équilibre thermique. Les conditions environnementales qui provoquent un stress thermique peuvent être calculées en utilisant l'indice de température - humidité (ITH). L'équation suivante est utilisée pour calculer l'ITH. ITH = Index de Température - Humidité Le stress dû à la chaleur commence à se produire chez les vaches laitières quand on est au dessus de 72 ITH. Le tableau 33 présente quelques-uns des signes que manifestent les vaches lorsque l'ITH augmente. Notons que ces légers changements varient le métabolisme et la production de lait de vaches avec de potentiels cas de décès (Kembe, 1995). Tableau 33: Effet de la chaleur sur les vaches laitières
Source : Service vétérinaire de Koumra, 2002. L'influence de la chaleur sur la productivité laitière a été démontrée dans différentes localités de la région. Nous remarquons que la productivité laitière baisse si l'IHT augmente. Le maintien des besoins énergétiques pourrait augmenter de 20-30 % chez les animaux sous stress thermique. Cela diminue l'apport d'énergie disponible pour les fonctions productives telles que la production de lait. Le flux sanguin vers la peau va augmenter pour tenter de dissiper la chaleur. Dans le même temps, le flux sanguin vers le coeur de l'organisme diminue. La production du lait est normalement en diminution pour les vaches sous le stress thermique. Cette diminution peut être soit transitoire ou à plus long terme en fonction de la durée et la sévérité de la contrainte thermique. Ces diminutions de la production de lait peuvent varier de 10 à plus de 25 %, Lallau, (2008a), Si le stress thermique réduit la production de lait en début de lactation des vaches, la production laitière potentielle pour l'allaitement sera diminuée. Les vaches laitières en fin de lactation peuvent récupérer lentement des effets du stress thermique. Il est aussi signalé que le stress dû à la chaleur diminue les performances de reproduction chez la vache laitière. Il y a un certain nombre de modifications dans les performances de reproduction qui ont été rapportées. Les effets sur la reproduction peuvent être prolongés. Ceux-ci comprennent: · durée et intensité de la période de l'oestrus diminuent, · diminution de la fécondité ; · diminution de la croissance, taille et développement des follicules ovariens ; · augmentation des risques de mortalité embryonnaire précoce ; · diminution de la croissance du foetus et de la taille du poumon. 4.10. Impact de la variabilité climatique sur la production porcine Malgré l'amélioration des caractéristiques des bâtiments d'élevage (isolation, ventilation) par la population pour lutter contre les effets de la variabilité climatique, l'augmentation de la température ambiante au cours de certaines périodes de l'année entraîne une perte économique importante pour l'éleveur. Dans un travail de modélisation, Suchel (1987) estimait cette perte à environ 200 millions de francs CFA par an pour la filière porcine. Lorsque la contrainte climatique est forte, l'optimisation des performances des porcs nécessite d'adopter des régimes alimentaires particuliers (aliments concentrés en énergie ou à faible extra-chaleur. 4.10.1. Effets de la chaleur sur les performances des porcs La truie est particulièrement sensible à l'augmentation brusque de la température ambiante à la mise-bas. Les résultats des enquêtes menées au service d'élevage de Koumra rapportent une mortalité des truies cinq à six fois plus importante dès lors que la température de la maternité dépasse 39°C au moment de la mise bas. La truie en lactation est particulièrement sensible aux températures ambiantes élevées, ce qui est dû à un niveau d'ingestion élevé pour satisfaire les besoins nutritionnels associés à sa production laitière. La même enquête montre d'une part que, quand la température est supérieure à 28°C, la truie a la seule option de réduire sa consommation d'aliments pour maintenir son homéothermie. La réduction de la consommation due à la chaleur accentue le déficit nutritionnel de la truie. D'autre part, quand elle est inferieure à 28°C, la mobilisation des réserves corporelles permet de maintenir la croissance des porcelets et la production de lait en compensant la réduction de la consommation. Au-dessus de 28°C, la mobilisation des réserves n'est plus suffisante pour compenser la baisse de l'appétit et la production laitière et la vitesse de croissance des porcelets diminuent. En plus de son effet sur la consommation alimentaire, la température ambiante a également un effet direct sur le métabolisme de la glande mammaire via une redistribution du flux sanguin vers la peau au détriment de la mamelle, Baraud et al (2003). 4.10. 2. Effets de la chaleur sur la truie en gestation L'exposition à la chaleur a peu de conséquence sur leur métabolisme du fait du faible niveau d'alimentation des truies en gestation. Elle a en revanche des effets marqués sur la fonction de reproduction. D'importantes variations saisonnières des performances de reproduction (intervalle sevrage-oestrus, taux de conception, mortalité embryonnaire) sont rapportées par les éleveurs. Ces problèmes peuvent avoir plusieurs origines. L'allongement de l'intervalle entre le sevrage et l'oestrus dépend principalement de l'amplitude de la mobilisation des réserves et donc de l'adéquation entre le niveau d'ingestion et les besoins nutritionnels pour la production laitière. Sur ce point, les truies primipares semblent beaucoup plus sensibles que les truies multipares. La réduction de la fécondité et l'augmentation de la mortalité embryonnaire en été semblent être la conséquence directe d'une forte température dans le mois suivant la saillie, mais également des effets du climat sur les performances du verrat, Demangeot, (2005). 4.10.3. Effets de la chaleur sur les verrats Des travaux menés par Dhonneur (2005) montrent que les performances de reproduction des verrats varient en fonction de la saison. Mais, comme pour la truie gestante, l'effet d'une température élevée sur le métabolisme du verrat est sans doute faible compte tenu de sa température critique inférieure (environ 25°C), en relation avec son niveau alimentaire proche de celui de l'entretien. La température aurait un effet direct sur la spermatogenèse via une modification de la synthèse de testostérone. Cette altération de la spermatogenèse entraîne une diminution de la mobilité et une augmentation des anomalies morphologiques des spermatozoïdes. Le volume d'éjaculat ne semble pas affecter les verrats. 4.11. Impact de la variabilité climatique sur la production avicole Comme tous les homéothermes, les oiseaux ont besoin pour vivre, de maintenir leur température interne constante. Cette dernière évolue en fonction de la température ambiante vécue par l'animal de sorte que des températures élevées de 35-40 °C se traduisent presque irrémédiablement par une hyperthermie souvent mortelle. Pour que la température corporelle des volailles soit maintenue constante, la chaleur qu'elles produisent par les activités physiques et des réactions biochimiques dans l'organisme, doit être éliminée. Classiquement, cette perte de chaleur totale est divisée en deux parties : d'une part la chaleur sensible représentée par 70 % des calories évacuées et d'autre part la chaleur latente de 30 % dite liée qui est éliminée par la respiration. Par exemple, les températures ambiantes optimales pour la phase d'incubation des poulets locaux se situent entre 25 et 30 °C. Une augmentation de la température ambiante de 35 à 40 °C peut réduire la vitesse de croissance de 20 à 25 % et un « coup de chaleur » brutal à plus de 43 °C peut tuer près de la moitié des poulets en moins de 3 heures, Suchel, (1987). Avec l'augmentation de la température ambiante, les volailles réduisent leur thermogenèse et augmente leur thermolyse. Les réactions spécifiques des oiseaux intéressent les rythmes cardiaque et respiratoire, ainsi que l'activité physique. 4.11.1. Augmentation de la fréquence cardiaque À partir d'une température ambiante de 37°C, la volaille diminue sa production de chaleur, en réduisant la consommation alimentaire et en limitant ses déplacements. Mais dès qu'on est au dessus de 38°C de température ambiante, il y a élévation de la température corporelle de 41,5° à 42,5°C, ce qui entraîne à la fois une augmentation du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire qui se stabilisent respectivement à 350 cycles et 50 inspirations par minute. L'augmentation de la fréquence cardiaque s'accompagne de la dilatation des vaisseaux sanguins périphériques avec augmentation de la circulation sanguine au niveau de la crête, des barbillons, de la trachée et surtout de la peau dont le flux sanguin est multiplié par 7. Les organes internes ne sont pas irrigués, or ce sont eux qui transforment l'aliment pour la satisfaction des besoins de production. Il y a donc une réduction de l'absorption intestinale d'où la baisse de la digestibilité alimentaire, (Saley, 2002). Mais entre temps, cette vasodilatation permet d'accroître la perte de chaleur par la peau et l'accroissement de la consommation de l'eau d'où le gonflement de la crête et des barbillons. Ce réflexe physiologique améliore les déperditions de chaleur au niveau de ces organes. 4.11.2. Augmentation du rythme respiratoire À partir de la température ambiante 39°C avec une hygrométrie élevée, la température corporelle atteint 44°C. L'augmentation du rythme cardiaque ne suffit plus à baisser la fièvre vécue par le poulet. Un autre phénomène est l'augmentation de la fréquence respiratoire qui atteint 140 à 170 inspirations par minute voire 300 inspirations par minute quand la température dépasse plus 42°C, (PNUD, 2008). L'animal maintient le bec ouvert, on dit qu'il halète : c'est l'hyperventilation pulmonaire ou halètement encore appelé effet Panting. Cela conduit à la modification de l'équilibre acido-basique sanguin et une alcalose dite respiratoire, (Vissin, 2001), avec des pertes urinaires de bicarbonate de calcium. En phase finale, la température interne du poulet atteint 46-47°C, son rythme cardiaque passe de 500 à 600 cycles par minute et la fréquence respiratoire atteint sa limite à 200 inspirations par minute. L'animal meurt alors d'hyperthermie, alcalose respiratoire, arrêt cardiaque ou par arrêt respiratoire. 4.11.3. Activités physiques des volailles et effets de la chaleur Parallèlement à l'hyperventilation (évaporation pulmonaire), les oiseaux en hyperthermie maintiennent les ailes écartées et les plumes ébouriffées pour dissiper un maximum de calories. Leurs déplacements sont limités au strict minimum. Ils recherchent seulement les endroits ventilés et « ombragés ». Si la température ambiante ne baisse pas, il arrive la phase de coma au cours de laquelle les animaux cessent toute activité. Ils « plantent » leur bec dans la litière et restent en prostration thermique. 4.11.4. Conséquences de la chaleur sur les performances zootechniques des volailles Chez les poulets de chair, la chaleur excessive surtout pendant la période de finition des poulets, se traduit souvent un désastre économique car elle entraîne des mortalités importantes. Durant la croissance et l'engraissement, la réduction de la consommation alimentaire engendrée par l'excès de chaleur entraîne une baisse des performances de croissance avec toutefois des variations liées aux souches. 4.12. Impact de la variabilité climatique sur les productions halieutiques La pêche dans le fleuve Bahr Sara ainsi que dans les petits cours d'eau permanents et intermittents procure une part importante des protéines consommées dans la région. Mais, peu de recherches ont été menées sur les impacts de la variabilité climatique sur la pêche qui, est menacée par la surexploitation. Les variabilités climatiques des cinq dernières décennies constituent un stress supplémentaire à cette surexploitation des poissons. Les variables les plus impliquées sont les changements de la température des eaux, les vents, l'acidification de l'eau, les changements des précipitations mais aussi la pollution des eaux et autres. La pêche est de moins en moins productive depuis plus de deux décennies dans les points d'eau des sites d'étude. Les ressources halieutiques occupent une place importante dans le régime alimentaire des communautés locales de la région. Aux dires des populations, les cours d'eaux de la région ne sont plus poissonneux comme par le passé. Les jeunes n'organisent plus de compétitions de natation et de courses de pirogues dans le fleuve, les marigots et les mares. L'eau de lagune est utilisée par les femmes pour laver les ustensiles qu'elles utilisent pour le repas. Il ressort aussi des entretiens que les jeunes des différents sites se disent prêts à quitter ces espaces pour de nouveaux sites de recasement si cela leur était proposé. Certains pêcheurs se plaignent de plus en plus de démangeaisons du corps et lient ce fait à la qualité décroissante de l'eau dans laquelle ils pêchent. Quant aux adolescents, ils continuent à s'y baigner. Tableau 34: Différents systèmes de production des bovins
Source : Direction des ressources animales, 2008 D'après le tableau 34, l'élevage extensif beaucoup pratiqué dans la région serait mieux adapté aux variabilités climatiques même si son impact sur l'environnement est non négligeable. Le système semi intensif offre une marge économique considérable de par sa grande productivité en lait et en viande. Il offre aussi une source de revenus pour les ménages avec une productivité moyenne. Tableau 35: Cas des productions porcine et avicole
Source : Direction des ressources animales, 2008. Dans la région du Mandoul, il serait mieux de pratiquer le système semi-intensif, car il offre plusieurs avantages notamment en matière de l'amélioration de la race et une bonne alimentation par la complémentation en aliments concentrés. La productivité est aussi élevée par rapport à l'élevage extensif où les animaux sont usés par les parcours longs durant la transhumance pour la recherche des points d'eau et des pâturages. Les impacts liés aux insuffisances pluviométriques sont réels sur la production animale. L'impact sur les ressources naturelles complique la tâche aux éleveurs de la région. D'une manière générale, nous dirons qu'en nous basant sur la variabilité climatique qui explique la variation de la production pastorale, nous avons eu à dégager les faits suivants : il y a eu plus d'années déficitaires que d'années excédentaires au cours de ces cinquante dernières années (cf chapitre 2); le nombre de mois procurant des conditions hydriques seuils au développement des plantes a varié de 3 à 5 de 1985 à 2008 et les conditions hydriques optimales pendant deux mois. L'histoire ne se répète pas, et le retour même prolongé de conditions climatiques satisfaisantes ne suffira pas à régler les problèmes de cette région. Tout au plus les masquera-t-il à nouveau quelque temps. Les capacités d'accueil et de production du milieu se sont considérablement réduites. Les pratiques pastorales elles-mêmes se sont détériorées, les systèmes d'exploitation du milieu ont perdu de leur efficacité. Le champ du possible s'est contracté pour tous les habitants, pour toutes les unités de production. Les réponses qui seront apportées à la crise relèvent dans une large mesure de tactiques très conjoncturelles et de comportements d'adaptation et non de fuite. Restaurer une certaine aptitude à faire face à l'aléa climatique suppose, dans l'état actuel des choses, que l'on relève également les niveaux de production pour les rendre plus en accord avec ceux des besoins exprimés. Tempérer les effets des variations interannuelles du climat et assurer la viabilité dans l'avenir des systèmes d'exploitation exige par ailleurs de restaurer puis de stabiliser certaines conditions du milieu. Il s'agit donc à la fois de faire évoluer les techniques de production pastorale, notamment dans un sens d'une économie et d'une meilleure valorisation des ressources rares (l'eau et fourrage en particulier), et en outre d'agir sur le milieu pour enrayer des processus de dégradation et accroître des capacités productives. La vie dans ce cadre fragile au climat capricieux exige la mise sur pied des techniques d'adaptation aux insuffisances pluviométriques. Les éleveurs doivent relever ce défi pour leur survie et celle de leur activité. C'est donc ce défi d'adaptation auxquels les populations locales de la région de Mandoul font face que nous verrons dans les prochains chapitres. ADAPTATION DES ACTIVITES AGROPASTORALES FACE A LA VARIABILITE CLIMATIQUE Cette troisième partie met en exergue l'adaptation des populations locales comme une résilience ou une réponse à la variabilité climatique. Elle est constituée de deux chapitres qui présentent les résultats à travers les différentes stratégies d'adaptation mises en place par les populations. Ainsi, globalement, les populations de la région du Mandoul ont une bonne perception de l'évolution climatique de leur milieu. Leurs constats sont unanimes concernant les décennies passées. Les pluies étaient abondantes et régulières avec une bonne répartition spatiale et temporelle. Aujourd'hui, on observe une très forte variabilité des événements pluvieux caractérisés par le raccourcissement de la saison pluvieuse, la baisse progressive des quantités d'eau enregistrées, les poches de sécheresse et la mauvaise répartition des pluies. Ce qui nécessite des mesures d'adaptation qui se développent à mesure que les populations comprennent mieux l'urgence d'affronter les impacts actuels et potentiels à la variabilité climatique. CHAPITRE V: ADAPTATION DES SYSTEMES AGRICOLES A LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS LA REGION DU MANDOUL Introduction : Ce chapitre a pour objectif d'analyser les perceptions paysannes de la variabilité climatique au regard des résultats d'analyses climatologiques. A cet effet, elle a disposé des données climatiques et des perceptions paysannes de la variabilité climatique recueillies auprès de plusieurs chefs d'exploitation agricoles et des stations. Les perceptions paysannes font état de la diminution et de l'irrégularité des pluies, d'un dérèglement des saisons des pluies et des changements des températures et des vitesses des vents. Des divergences existent entre les perceptions et les observations climatiques, notamment en ce qui concerne la hausse des températures et la baisse des vitesses de vents pendant la saison des pluies et la hausse du cumul pluviométrique à partir des années 1990. L'adoption des mesures d'adaptation aux aléas climatiques étant en partie fonction de la perception de la variabilité climatique, il importe de comprendre la cause de cette divergence de perception pour renforcer les capacités d'adaptation des paysans face aux aléas climatiques. L'étude nous permettra de comprendre comment les activités humaines s'adaptent à la variabilité climatique ou encore, comment les populations ainsi que les institutions vivent et réagissent face à des événements exceptionnels. Dans cette région fortement agricole, les saisons de pluies sur lesquelles se fondent les agriculteurs deviennent de moins en moins imprévisibles. Il y existe une plus grande variation des précipitations, qui sont très fortes au début et à la fin de la saison pluvieuse. A cela s'ajoute une augmentation significative des températures de surface aussi bien pendant la saison sèche que pendant la saison des pluies. On note également des pluies très agressives de courte durée, une érosion accentuée sur les pentes et des sols dénudés par vitesse d'écoulement plus rapide des eaux de surface, une sécheresse accentuée, une faible disponibilité de l'eau dans le sol, de la perte de semailles, etc. La zone est particulièrement vulnérable à la variabilité climatique en raison notamment de son agriculture pluviale. Pour l'année 2008, des études indiquent que 587 hectares de cultures ont été inondés, dont 384 ha irrécupérables, Lienou et al. (2005). Ces bouleversements provoquent une grande désorganisation des agriculteurs, qui dénoncent la perte de leurs anciens repères saisonniers, l'accroissement des pertes de récoltes et les menaces d'insécurité alimentaire. La réduction et l'inégalité des pluies, la baisse des rendements agricoles, la hausse des prix des denrées, l'accroissement de la population, le manque d'eau aux cultures en fin de cycle, la destruction des récoltes et le déplacement des périodes de semis sont, entre autres, les difficultés auxquelles font face les producteurs. Face aux multiples constats que font les producteurs sur la variabilité climatique dans la région du Mandoul, plusieurs stratégies (traditionnelles, modernes, etc.) se sont développées pour une meilleure adaptation. Cependant, il existe un certain nombre des contraintes qui freinent le bon développement de ces stratégies. Nous avons au cours de nos travaux parcouru la zone d'étude. Ce parcours nous a permis d'observer et de photographier certaines pratiques. Les différents résultats de nos travaux seront présentés et suivis d'une discussion. Ceci ouvrira la porte à la vérification des hypothèses. 5.1.1. Résultat des répondants Cet item comprend trois éléments : le sexe, l'âge, la répartition géographique des répondants et la situation professionnelle. Figure 37: Répartition des répondants selon le sexe. La figure 36 nous a permis de comprendre l'importance accordée aux deux sexes et l'orientation adoptée pour aborder ce thème. Sur 120 femmes sollicitées pour l'enquête, 98 ont répondu tandis que sur 200 hommes, 152 ont répondu soit un total de 250 répondants. Figure 37: Répartition géographique des répondants La figure 37 nous présente la répartition géographique des répondants au cours de notre enquête dans la région du Mandoul. Ainsi, par rapport à la disponibilité de répondre aux différentes questions posées, nous avons enregistré dans le département du Mandoul-Ouest 80 personnes dont 50 hommes et 30 femmes. Dans le département du Mandoul-Est, 80 hommes et 33 femmes ont été interrogés soit un total de 113 personnes. Enfin dans le département de Bahr Sara, 87 personnes ont répondu à nos questions dont 52 hommes et 35 femmes. Il faut remarquer que le faible taux des répondants féminins est lié à l'attitude méfiante et soumise des femmes de la région. Dans le tableau 36 suivant, nous verrons la répartition de nos répondants. Tableau 36 : Répartition des répondants selon les tranches d'âge et le sexe.
Figure 38 : Répartition des répondants par tranche d'âge et sexe Sur la figure 38, nous constatons que l'âge minimum de nos répondants est de 15 ans et le maximum va de la tranche d'âge de 55 ans et au delà. L'espérance de vie est de 45 ans depuis le recensement général des populations et de l'habitat fait par l'Inseed en 2009. Les personnes qui ont le plus répondu à nos questions et qui semblent être conscients des problèmes évoqués se trouvent dans les tranches d'âge de 35 à 44 et de 45 à 55 ans, soit respectivement 26 % et 32 % du total des répondants. Figure 39: Situation professionnelle des répondants. La figure 39 présente l'importance des répondants à nos différentes questions. Les agriculteurs et les éleveurs sont les plus nombreux à répondre avec respectivement 20,8 % et 17,6 %. Ce sont les plus concernés par les mesures d'adaptation agropastorales pour répondre à la variabilité climatique. Ils sont suivis par les commerçants (17,2 %) et les chefs traditionnels (12 %) avant que n'arrivent les autres. 5.1.2. Les perceptions des répondants sur la variabilité climatique Il s'agit des perceptions des répondants sur certains événements récents ou lointains qui les ont marqués et dont la cause est attribuée aux longs changements des températures ou des précipitations moyennes ou même de certaines variations climatiques telles que le retard de l'installation de la saison des pluies ou une fin précoce de celle-ci et des dégâts causés par les inondations. Ces perceptions, résumées ci-dessous concernent leurs champs sur lesquels ils ont travaillé des années durant. Il s'agit de : Ø la pourriture des grains semés ; Ø la multiplication des ennemis des cultures tels que le Striga, les insectes ; Ø la fin précoce des précipitations qui entraîne la production des épis mal développés ; Ø des inondations qui envahissent les bas- fonds ; Ø la disparition des certaines espèces végétales ; Ø la lenteur de croissance des cultures ; Ø les brûlures, les jaunissements et le nanisme sur les cultures ; Ø la réduction du nombre de tallage et la production des épis stériles ; Ø le fanage des feuilles du niébé à la ramification et de la fonte des ses fleurs ; Ø la germination et la pourriture des grains des épis en fin de campagne. Figure 40: Perception de la variabilité climatique par les populations de la région Cette perception de nos répondants apparait clairement car il y a prise de conscience auprès de 97,6 %, soit 244 personnes sur 250 répondants. Cela dénote de la perception du phénomène depuis déjà des années. Globalement, l'ensemble de la population estime que, ces dernières décennies, tous les phénomènes énumérés ci-haut entravent la bonne pratique de l'agriculture. La perception unanime de la population peut s'expliquer aussi par le fait que les ressources naturelles se raréfient. Les récoltes et les pâturages se dessèchent, les mares tarissent. De plus en plus, les sols perdent leur couvert végétal. Certaines espèces herbacées disparaissent progressivement tandis que d'autres moins appétées colonisent le milieu. 5.1.3. La variabilité du climat observée depuis des décennies en agriculture Globalement, les populations ont une bonne perception de l'évolution climatique de leur milieu. Leurs constats sont unanimes concernant les décennies passées. Les pluies étaient abondantes et régulières avec une bonne répartition spatiale et temporelle. Aujourd'hui, on observe une très forte variabilité des événements pluvieux caractérisés par le raccourcissement de la saison hivernale, la baisse progressive des quantités d'eau enregistrées, les poches de sécheresse et la mauvaise répartition des pluies. Vers le sud de Dembo à la frontière Centrafricaine, les paysans attestent qu'il y a deux à trois décennies, la saison pluvieuse durait 7 mois (avril à octobre), alors qu'aujourd'hui elle ne dure plus que 4 à 5 mois (de juin à septembre-octobre). Selon les populations locales, d'autres risques non moins importants ont été identifiés : ce sont les arrêts précoces des pluies, les débuts précoces ou tardifs des saisons pluvieuses, les pluies intenses, les pluies tardives, les vents forts et les fortes températures. La figure 41 permet de voir la répartition des impacts de la variabilité climatique tels que perçus par les populations. Figure 41 : Répartition spatiale des impacts de la variabilité climatique Cette figure 41 nous permet de comprendre l'impact de la variabilité climatique sur la région. A l'ouest de la ville de Koumra, Bedjondo et Goundi, où l'on constate la disparition de la savane arborée, l'impact reste très fort par rapport au sud de la région où il est modéré avec une dégradation avancée des sols et de la végétation entre Magoumbou et Moissala. Dans cette même localité où on ressent un impact fort de la variabilité climatique, la production agricole est marquée par une évolution en dents de scie pour toutes les spéculations. L'inconstance des superficies emblavées et la baisse de la pluviométrie entre 1996 et 1998 sont entre autres à l'origine de cette situation qui se traduit par des rendements très fluctuants. Les populations locales tiennent à l'amélioration des variétés culturales, à l'exploitation des milieux favorables et à la restauration des biotopes fragilisés. La formation et la mise à niveau des producteurs, l'adoption d'un système de production approprié (variétés peu exigeantes en eau et à cycle court), le développement des champs semenciers et la protection des sols permet aux producteurs de réaliser une agriculture productive. Il apparait aussi à l'analyse de ces facteurs que la densité du couvert herbacé, les rythmes pluviométriques et les densités humaines se combinent pour rendre compte de la variabilité climatique dans les localités. C'est ainsi que le sud de la région du Mandoul, soumis à des précipitations abondantes est relativement à l'abri des aléas climatiques. On observe néanmoins une extension de la savane arbustive à l'ouverture de laquelle la mauvaise pratique agricole joue un rôle important. Dans ces localités, l'influence des densités humaines sur la formation végétale est aussi sujette à controverse. Car elles contribuent à la dégradation massive de la végétation et du sol. Toutefois, le degré de conscience élevé des populations à la variabilité climatique fait que des mesures d'adaptation commencent par atténuer certaines difficultés dans la production. C'est ce qui se remarque à travers le tableau 37 où toutes les localités sont représentées.Tableau 37 : Manifestation des aléas et prise de conscience des populations
Selon le Chef de village de Maïnané, Ngueïtan Paul, il se dit être conscient de ce changement observé à travers la pluviométrie « Depuis 1970, nous avons constaté qu'il y a des perturbations importantes dans le calendrier agricole de notre zone de production. Les pluies commencent en mars/avril et prennent fin à la mi-octobre. Aujourd'hui les paysans de mon village ne peuvent plus rien prévoir en matière de pluviométrie. Parfois les pluies sont totalement absentes, parfois trop abondantes. Au cours de la campagne agricole 1984 par exemple, la saison pluvieuse a été très désastreuse, avec une longue période de sécheresse. La recherche agricole tchadienne est également déboussolée et ne sait plus quels conseils donner aux producteurs. De plus, les pluies sont devenues très localisées : lors d'une même campagne agricole, sur une même région comme celle du Mandoul, certains producteurs peuvent souffrir de périodes de sécheresse à l'ouest alors que ceux de l'Est sont bien arrosés. In fine, le producteur est hésitant face à l'incertitude des pluies et les récoltes sont imprévisibles ». La majorité des producteurs questionnés au cours de nos sorties de terrain affirment, qu'au cours de ces dix dernières années (1999-2009), on assiste quand même à une amélioration du point de vue conditions climatiques, contrairement aux années précédentes où ils ont connu des répétitions de poches de sécheresse, soit en début, au milieu ou en fin de campagne. En ce qui concerne la variabilité climatique, les habitants de cette zone affirment que dans le passé, "après une pluie, persiste un froid excessif ", mais que de nos jours, "après une pluie, il est même possible de dormir dehors à la belle étoile". Ce constat exprime une certaine augmentation des températures moyennes durant les trois dernières décennies. Et cette augmentation est d'autant plus importante que même après la pluie, les températures ne descendent pas à de très faibles valeurs. Les mêmes producteurs disaient, qu'ils se rappellent encore quand ils étaient jeunes, dans les années 70, deux à trois grains suffisent pour semer un poquet, mais que aujourd'hui, "il faut plus de sept grains pour semer un poquet". Ils expliquent que la moitié de grains semés pourrit à cause de la chaleur. A propos des ennemis des cultures, ils disent que dans le passé, "ils n'avaient pas besoin de pesticides pour garantir une bonne production" mais qu'aujourd'hui "sans pesticide, ils ne peuvent pas produire du niébé". Et ils attribuent la multiplication des ennemis des cultures (Striga et insectes) en partie à l'augmentation de la chaleur donc des températures. Figure 42 : Causes liées à la variabilité climatique L'enquête révèle sur la figure 42 que la plupart des personnes interrogées ont pris conscience de la variabilité climatique et en attribuent les causes: à l'abattage des arbres (la déforestation) pour 34,4 %, à la variabilité naturelle pour 11,6 %, aux incendies de forêts pour 6 %, aux activités agropastorales à 45,6 % et 2,4 % aux autres facteurs. Figure 43 : Conséquences de la variabilité climatique sur l'agriculture Sur la figure 43, on constate que parmi les bouleversements observés dans le secteur agricole et considérés comme conséquences directes de la variabilité climatique, l'étude cite: la baisse du rendement des cultures à 30,8 %, la prolifération des ravageurs à 14 %, la perte totale des récoltes à 25,6 %, la multiplication des maladies affectant les cultures à 27,5 % et 2 % sont réservés aux autres facteurs. Les personnes interrogées estiment également que les paysans sont les plus vulnérables à la variabilité climatique. Selon elles, le meilleur moyen de s'adapter à cette variabilité climatique consiste soit à pratiquer la diversification des cultures, la rotation des cultures ou le paillage (mulch), soit à opter pour des variétés de cultures à cycle court. 5.1.4. Les contraintes à l'adoption des stratégies nécessaires à la variabilité climatique Si les aléas et les insuffisances pluviométriques font peser des risques évidents aux activités agricoles, les pratiques mises en oeuvre témoignent de la perception de ces conditions de milieu et tentent, par diverses voies, d'atténuer l'impact défavorable des perturbations de la variabilité climatique. Bien qu'exclusivement manuelles, les techniques culturales apparaissent adaptées à la mise en valeur agricole de grands espaces dans un contexte d'aléas climatiques élevés. La culture du mil (Pennisetum typhoïdes) occupe préférentiellement les sols sableux profonds. Dans ces sols très filtrants à faible capacité de rétention, le temps disponible pour le semis après une pluie d'une vingtaine de millimètres est réduit, d'autant qu'en tout début d'hivernage le pouvoir évaporant de l'air reste intense. L'agriculteur ne dispose généralement que de un ou deux jours pour réaliser cette opération. Or, assurer une implantation précoce de la culture constitue le plus souvent dans la région une condition impérative d'obtention d'un niveau de rendement appréciable. Il importe donc de tirer au mieux parti des premières pluies utiles, par ailleurs fréquemment fragmentées dans le temps et inégalement distribuées dans l'espace. Autrement dit, un semis précoce se trouve a priori affecté d'une espérance de rendement élevé, mais en contrepartie d'une forte incertitude quant à la réussite d'implantation du peuplement végétal. La technique de semis doit donc être d'exécution rapide et de coût limité, de manière à minimiser les conséquences d'un échec d'autant plus probable que le semis est plus précoce. Conditions parfaitement remplies puisque cette opération, réalisée sans travail du sol préalable, ne requiert qu'une très faible quantité de semences (3 à 4 kg/ha) et de travail (8 à 9 heures/ha). La technique se déroule en deux temps : le creusement des trous de semis à l'aide d'une houe-pioche, légèrement abaissée tous les deux pas au rythme de la marche (soit 5 à 6 000 poquets par ha), puis le semis proprement dit consistant, en position debout, à laisser tomber une pincée de grains dans chaque trou, comblé et tassé ensuite rapidement à l'aide du pied. Tout le potentiel de main d'oeuvre familiale, jeunes enfants compris, est mis à contribution si nécessaire à cet effet, pendant un bref laps de temps. Quatre personnes travaillant ensemble peuvent ainsi, après une pluie, semer une parcelle de 2,5 ha (taille moyenne d'une parcelle de mil) dans la journée. On comprend que l'agriculteur, dans ces conditions, se hasarde à semer dans des situations très incertaines et marginales. C'est ainsi que l'on a pu assister, en 1978, au semis généralisé du mil à l'occasion d'une première pluie exceptionnellement précoce, le 26 avril (12 à 35 mm suivant les sites). Pari perdu, puisqu'il a fallu attendre le 6 juin, soit 41 jours, pour enregistrer une seconde pluie supérieure à 5 mm, et que toutes les plantules avaient dépéri entre temps. D'une manière générale, des semis et resemis successifs sont effectués en début de saison à l'occasion des différents épisodes pluvieux, et ceci jusqu'à des dates parfois très avancées, avec alors l'espoir que le mil parviendra à maturité grâce à une fin tardive de la saison des pluies. Le grand nombre de grains semés par poquet (70 en moyenne), leur étagement dans les dix premiers centimètres du sol, contribuent en outre à accroître les chances de levée puis de survie de quelques plantules au moins dans des conditions non prévisibles d'évolution ultérieure de l'état hydrique des horizons superficiels. L'agriculteur module enfin sa technique en fonction des caractères du milieu, préférant par exemple attendre l'installation régulière des pluies pour semer les plages de sol battu, les parcelles en position ruisselante, ainsi que les zones de concentration de la fumure animale. Au total, on voit, des itinéraires techniques extrêmement simples, ne faisant pas appel aux intrants, peu exigeants en travail, et artificialisant très peu le milieu, permettant la mise en culture de surfaces étendues : 2 ha environ par actif, 0,73 ha par habitant. Malgré une bonne perception des impacts liés à la variabilité climatique et les stratégies d'adaptation mises en place, les agriculteurs se trouvent confrontés à des contraintes de mise en oeuvre liées à plusieurs facteurs. Il s'agit de : - la mauvaise qualité des terres due à leur exploitation ininterrompue depuis plusieurs décennies et aux mauvaises pratiques, agricoles. La grande majorité des terres est d'une très grande pauvreté en attestent ces témoignages : « Il y a quelques années, on n'avait pas besoin d'engrais pour faire de bonnes productions mais aujourd'hui, il est impossible de produire sans l'utilisation d'engrais » : - la faible production de fumure organique et de la cherté de l'engrais chimique ; - sous-équipement des paysans en matériels agricoles et de production de fumure et l'absence d'infrastructures hydrauliques villageoises (puits, micro barrages) ; - mauvaise pratique culturale basée sur l'agriculture itinérante. Les paysans de l'ensemble de la zone ont souligné que la pauvreté de personnes est également une contrainte importante à l'adoption des stratégies nécessaires. Celle-ci est imputable aux faibles revenus des exploitations qui ne permettent pas de faire des ajustements nécessaires. Il y a également l'exploitation non contrôlée des régénérations d'espèces végétales surtout par les femmes, l'insuffisance d'encadrement et l'arrêt des travaux initiés par les projets puisque les comités de gestion n'arrivent toujours pas à être à la hauteur de cette tâche. Enfin, il faut noter la dégradation des terres agricoles et l'insuffisance des variétés précoces. 5.1.5. Les stratégies d'adaptation à la variabilité climatique Face aux impacts des différents risques climatiques, les populations ont développé plusieurs stratégies d'adaptation. Les stratégies d'adaptation ne concernent non seulement les actions menées pour faire face aux effets de temps en termes de fluctuations de température, de précipitations et de vent, mais également aux différents ajustements que font les agriculteurs sur leurs champs pour palier à ces variations. C'est ce qui s'explique à travers cette figure 44, où chaque localité adopte une stratégie qui se diffère d'une autre localité. Figure 44 : Stratégies d'adaptation Dans la région du Mandoul, les populations adoptent des stratégies d'adaptation à la variabilité climatique selon les terroirs. Ainsi, Au nord et à l'Est de la région, les populations sont très conscientes des risques climatiques. Sous l'appui des ONG, elles s'organisent en association villageoise ou en groupement pour sensibiliser les populations à adopter des nouvelles techniques culturales. Ces techniques consistent à introduire la matière organique dans la fertilisation des sols et à pratiquer le reboisement. Cette localité de forte densité humaine est la plus affectée par la variabilité climatique, ce qui pousse la jeunesse à quitter chaque année massivement la localité à cause de la rareté des terres fertiles. Au sud de la région, dans les localités de Moissala et de Koyo, il y a une faible perception des risques de la variabilité climatique, car les populations s'adonnent beaucoup aux activités de la pêche. Entre Magoubou et Moissala, la mauvaise pratique culturale basée sur l'utilisation abusive des engrais chimiques a fini par créer une poche de désert qui a fortement dégradé le couvert végétal. D'une manière générale, on constate aussi une disparité entre les terroirs et les différentes techniques d'adaptation adoptées. A Bedaya, les champs non labourés bénéficient d'un buttage attelé. Les lits des semis sont parallèles aux lits de la vallée. A Bekourou, le labour, le buttage et le rapprochement des sarclages sont les seules stratégies d'augmentation de la capacité des sols à retenir l'eau. L'enchaînement sarclage-buttage à extrémités des creux fermés n'est effectué que par peu de personnes. A Ngoumou dans le département du Bahr Sara, le labour et le buttage attelé ne sont pas très répandus. La division des parcelles en casiers reste la technique la plus appliquée. La population est restée très favorable, car cette technique à permis d'augmenter le rendement à l'hectare. Figure 45 : Quelques stratégies mises en place Ainsi, la figure 45 illustre l'enquête auprès des agriculteurs de la région. Les données permettant de réaliser la figure sont intégrées dans les différents commentaires suivants. 5.1.6. Développement des cultures en terrasses Sur 82 agriculteurs interrogés, 06 personnes soit 07,31 % pratiquent les cultures en terrasse. Cette pratique consiste à tracer de billons herbeux en courbes de niveau sur des pentes plus ou moins fortes afin de retenir la couche arable qui pourrait être emportée par l'érosion hydrique. Elle est pratiquée surtout dans les Savanes de Péni et Goundi ainsi qu'à la bordure des vallées du Mandoul. 5.1.7.. Utilisation de variétés précoces A cause de l'interruption précoce des pluies, les variétés précoces sont utilisées par bon nombre d'agriculteurs de la région. Ainsi, 16 répondants soit 19,51 % des enquêtés utilisent les variétés précoces. Certaines espèces tardives de céréales ont été délaissées au profit d'espèces hâtives pour mieux faire face au raccourcissement de la saison pluvieuse. Il y a aussi le remplacement des variétés traditionnellement à cycle long cultivées par des variétés à cycle court. Dans le département du Bahr-Sara, excepté le mil précoce "Godje", les paysans s'intéressent très peu aux variétés précoces. Tandis dans les régions du Mandoul-est et Ouest, on note une plus grande importance accordée aux variétés précoces. 5.1.8. Utilisation du fumier et d'ordures ménagères pour le compostage Cette pratique est courante dans les localités de Bedjiondo et Goundi où les bouses de vaches, les fientes de volailles et les ordures ménagères sont collectées et empilées dans des fosses (compostières) où la décomposition se passe rapidement. Au bout de quelque temps, le matériau décomposé est utilisé comme source de matière organique pour la fertilisation des sols. Cette technique est pratiquée par 10,9 % des populations. Elle consiste en un apport de fumier et/ou de compost. Certains paysans parquent les animaux dans leurs champs pour profiter des déjections. Les taux d'adoption de la fumure organique varient inversement avec le gradient des précipitations. Le faible usage de la fumure s'explique par la richesse relative des sols dans certaines localités et l'utilisation des engrais minéraux en culture cotonnière. L'arrière-effet de la fertilisation minérale du coton pour d'autres cultures diminue le recours à la fumure organique dans les sols céréaliers. Les sécheresses et la baisse des pluies ont engendré une perte du couvert végétal, entraînant une baisse de la fertilité des sols. La dégradation des sols est plus ressentie par les paysans dans un contexte de crise climatique. C'est pourquoi la fumure organique qui est utilisée en réponse à la baisse de la fertilité est considérée par certains paysans comme une stratégie d'adaptation à la variabilité pluviométrique. 5.1.9. Billonnage ouvert et/ou cloisonné et le buttage Le billonnage est une technique pratiquée sur les sols peu profonds afin d'augmenter le volume de terres exploitables par les racines des cultures et de maîtriser partiellement l'eau. Cette technique utilisée par 12,1 % des cultivateurs permet également de freiner l'érosion hydrique. Dans les zones inondables des villages Narmbanga et Mayo, le billonnage et le buttage font éviter l'asphyxie des cultures. Cette pratique est appliquée par la plupart des agriculteurs de la région. 5.1.10. Colonisation des bas fonds Jadis réservé aux femmes et aux enfants, le maraîchage de contre saison est devenu une source de revenu importante pour beaucoup de ménages aussi bien dans les zones périurbaines que rurales. Actuellement, les hommes prennent une part active à cette activité qui se mène dans les bas-fonds et sur les terres alluviales. Les principales cultures pratiquées sont les tomates, le piment, l'oignon, le gombo, la laitue, les pastèques etc. Les paysans utilisent de plus en plus les bas-fonds. Cela s'observe même dans les zones où ils n'étaient pas utilisés. La culture de sorgho se développe dans des bas-fonds traditionnellement rizicoles, car les inondations se font rares. On assiste à l'aménagement communautaire de bas-fonds pour la riziculture en saison pluvieuse et le maraîchage en saison sèche. 5.1.11. Changements d'habitudes alimentaires A cause des effets néfastes liés à la variabilité climatique et à la dégradation des terres, certaines cultures qui jadis entraient dans les habitudes alimentaires des populations ne peuvent plus se pratiquer. C'est ainsi qu'elles sont contraintes à changer leurs habitudes alimentaires. 2,4 % des cultivateurs relatent qu'ils ne se nourrissent pas bien depuis 20 ans à cause des rendements faibles de leurs champs. Ils sont obligés de se tourner vers la consommation des racines et des feuilles en période de soudure. 5.1.12. Envahissement des aires protégées et participation à la journée de l'arbre à partir de chaque 1er septembre Les terres cultivées s'appauvrissant, les populations riveraines se ruent sur les aires protégées supposées plus riches en éléments nutritifs pour les cultures. C'est ainsi qu'une partie de la forêt classée de Djoli-Kera dans le département du Mandoul-Est, est occupée par les populations riveraines. Pour lutter contre la dégradation de l'environnement, le Gouvernement tchadien a institué la journée de l'arbre dans la troisième décade de chaque mois d'août. La population mandoulaise a pleinement adhéré à cette initiative qui entre dans le cadre des stratégies d'adaptation. Ainsi, à l'approche de la période, toute la population est mobilisée pour les activités de reboisement et d'entretien des arbres. L'entretien des arbres et le reboisement par des espèces comme Acacia senegal, Prosopis, Andropogon gayanus Hyphaene thebaïka, Acacia albida, Parkia byglobosa, Borassis aethiopum, Adansonia digitata dans les champs afin de protéger les cultures contre les effets de vent (soulèvement de sable, forte vitesse du vent...). 5.1.13. Pratique de l'agroforesterie Elle consiste à planter les cultures dans les rangées d'arbres contribuant ainsi à protéger les sols contre l'érosion et à maintenir leur fertilité grâce à la matière organique produite par les arbres. Cette pratique intervient dans cinq grands domaines : la gestion des ressources naturelles, l'amélioration des espèces animales et végétales, la transformation des produits agricoles, l'organisation des entreprises, des filières et des marchés agroalimentaires et, enfin, la consommation alimentaire. Au-delà de la recherche fondamentale, l'ITRAD, qui dispose des unités expérimentales, est pour elle un pôle d'innovation essentiel. Il a ainsi mis au point des techniques nouvelles de gestion des ressources où les variétés améliorées et les lignées végétales élaborées sont valorisées. 5.1.14. Déplacement involontaire des populations à la recherche des pâturages Comme solution à la dégradation des terres, les populations sont souvent obligées de quitter involontairement leur patrimoine pour s'installer ailleurs où les terres sont supposées plus fertiles. Ce phénomène concerne beaucoup plus les groupes ethniques « Gor et Pen » du département de Mandoul-ouest. C'est ainsi qu'on retrouve dans certaines localités du Barh-Sara des nouveaux villages constitués uniquement de ces groupes ethniques. Ces différents groupes se sont adaptés au milieu d'accueil malgré quelques conflits qu'ils rencontrent avec les autochtones. 5.1.15. Renforcement des activités génératrices de revenus Des activités de diversification liées au maraîchage, au petit élevage, à la transformation et à la vente de beurre de karité, à l'arboriculture ont été également mises en place par les populations pour réduire leur exposition face aux variabilités climatiques. En dehors de leurs activités traditionnelles (activités agricoles), le recours à d'autres activités telles que la transformation et la commercialisation des produits agricoles est un atout dans les milieux ruraux. 5.1.16. Abandon de certaines cultures plus exigeantes L'abandon d'un certain nombre des cultures plus exigeantes en eau comme le maïs dans le département du Mandoul-ouest constituent une des stratégies de base pour les populations locales. Il faut remarquer que dans ces localités, la culture du coton pratiquée depuis plus de trois décennies a complètement appauvri les sols. Les populations se voient obligées d'abandonner la culture du maïs et du coton au profit du sorgho à cycle court. Cet abandon des cultures exigeantes en eau est pratiqué par 17 % des cultivateurs. Le cotonnier par exemple, exige un sol riche, humide, absorbant mais assez souple pour permettre un drainage rapide des eaux excédentaires. Son sol idéal est composé de terreau de feuilles et de matières organiques. La température optimale pour sa croissance est comprise entre 22 et 30 °C. Les graines sont plantées en pleine terre mais pas dans des pépinières. Les engrais, utilisés de façon extensive, permettent la croissance de certains arbres robustes, assurant de bons rendements. Le fruit, comme l'arbre, est sujet aux attaques des insectes et aux maladies microbiennes, qu'il est possible de contrôler par des traitements et des méthodes agricoles appropriées (voir lutte contre les parasites). 5.1.17. Les semis hâtifs, les types d'association et les défrichements D'après les résultats de nos enquêtes, 13,4 % des cultivateurs sèment dès la première pluie dans le souci de profiter au mieux des pluies utiles. Les divers types d'association culturale ainsi que l'entretien des champs avec des pratiques comme le paillage, le fumier, le mulching, le compost. Les défrichements améliorés comme technique de régénération naturelle initiée par les ONG exerçant dans la région. A travers cette méthode, on observe un net décalage entre la date de maturation des organes mâles et femelles qui permet au mil de recevoir son propre pollen ou du pollen étranger. Dans leur milieu d'origine, les mils cultivés ont évolué en présence de variétés sauvages, ce qui a permis un flux de gènes constant entre les variétés sauvages et cultivées. Cette diversité génétique garantit un minimum de récolte, quelles que soient les circonstances puisqu'il y a toujours, dans la population hétérogène mise en culture, des individus qui résistent à une maladie ou à un accident climatique donné. Il existe des variétés hâtives, produisant des grains soixante jours après le semis et des variétés tardives ne produisant des grains que trois mois après le semis. Les travaux d'amélioration visent au raccourcissement de la paille, à la réduction de la durée du cycle végétatif à soixante jours et à l'obtention d'une meilleure résistance aux maladies, notamment à Sclerospora graminicola. 5.1.18. Les manifestations spirituelles Les manifestations rituelles se pratiquent en cas de sécheresses en vue de faire tomber la pluie ou en cas d'inondation pour faire partir l'eau. La prière et le sacrifice font parmi des stratégies d'adaptations mentionnées et sont pratiquées par 3,6 % des populations. Ces actions sont de nature behavioriste et bien loin de la pensée scientifique, mais elles sont néanmoins des moyens dont s'est dotée la population pour réagir aux aléas climatiques. Lorsque la pluie manque et que la température s'élève, les personnes pratiquent la prière et font des sacrifices afin d'améliorer les conditions climatiques. C'est une action spirituelle en réponse à des changements environnementaux. Les tradithérapeutes sont des personnes qui guérissent ou prétendent guérir par de supposés pouvoirs mystérieux et des procédés empiriques. Ils fondent leurs méthodes de guérison sur l'hypothèse selon laquelle la plupart des maladies, sinon toutes, ont des causes surnaturelles et qu'il est donc nécessaire de faire appel à des puissances surnaturelles pour les combattre. Une personne peut ainsi être malade parce qu'elle a offensé un dieu, qu'elle est sous l'emprise d'une sorcellerie ou d'un esprit démoniaque. Le tradithérapeute doit diagnostiquer la maladie, généralement par divination, et appliquer le remède spirituel, tel que déterminer et retirer un objet qui a entraîné la maladie ou exorciser un mauvais esprit. Parallèlement, les tradithérapeutes associent souvent à ces pratiques des remèdes physiques comme des applications d'herbes ou des massages. Comme dans toute situation de changement, l'être humain s'adapte à sa nouvelle situation. Les tradithérapeutes n'en sont pas en restent à travers leur association. Ils s'adaptent non seulement à la variabilité du climat comme tel, mais également à tout ce qu'ils entraînent comme conséquences socio-économiques. Les adaptations se font chez eux, à la fois de manière individuelle et collective. A un niveau plus «pratique», les tradithérapeutes améliorent leurs techniques champêtres. 2,4 % de ceux-ci affirment qu'ils confectionnent des demi-lunes, des gabions ainsi que des cordons herbeux. Ces techniques ont pour but d'améliorer la rétention de l'eau ou d'infiltration des sols et permettent donc de garder le sol plus humide sur de plus longues périodes. Ayant pour même objectif la rétention d'eau dans les champs, les tradithérapeutes pratiquent l'agroforesterie en plantant des arbres médicinaux ou encore en laissant pousser les repousses volontaires dans leurs champs. Cette pratique permet, en outre, de promouvoir de l'ombre et donc de contribuer à diminuer la chaleur extrême qui règne souvent dans les terres dénudées de végétation. Une autre adaptation de type individuel est la création et le maintien de jardins botaniques personnels. Les tradithérapeutes plantent et cultivent de nombreuses espèces dont certaines ne se retrouvent plus à l'état naturel dans leurs milieux. Par contre, le nombre d'individus pouvant se permettre ce genre de solution est minime, considérant le coût, l'espace et les installations ainsi que les connaissances horticoles nécessaires à cette activité. Les tradithérapeutes nous ont également dit avoir laissé tomber certaines pratiques, recettes ou traitements au regard des difficultés qu'ils rencontrent pour se procurer des espèces de plantes médicinales rares. Dans une autre ligne d'action, les tradithérapeutes font occasionnellement de petits commerces des produits traditionnels qui leur permettent de s'adapter et de survivre à la situation quelques fois difficile tout en pratiquant leur métier. 5.2. Les adaptations du type collectif Les adaptations de type collectif incluent une foule d'acteurs différents. On retrouve des citoyens, des ONG, des organisations internationales et des branches du gouvernement. Parmi les actions locales, on retrouve des associations qui se forment dans les quartiers et dans les villages et qui cotisent des montants d'argent à chaque mois pour subvenir de façon communautaire aux besoins alimentaires. En étant regroupés, les chances de pouvoir manger de façon plus adéquate et régulière sont plus grandes et le déficit alimentaire moins lourd à porter. D'autres groupes travaillant en ville se cotisent pour apporter de l'argent et de la nourriture dans leur village natal. - la vente de bois de chauffe pour parer à la baisse des productions devient très prisée par les populations. Cette pratique, même si elle permet aux producteurs d'avoir des ressources, elle concoure malheureusement à la dégradation du couvert végétal et n'est pas une activité d'adaptation durable. Les femmes jouent un rôle important dans le cadre des activités agricoles en dehors des activités ménagères qui leurs sont spécifiques. En plus de leurs exploitations personnelles où elles cultivent diverses variétés (arachide, niébé, riz, coton...), les femmes participent aux travaux des champs familiaux depuis le défrichage jusqu'au transport des productions. Une partie de leur production est commercialisée et l'autre complète la ration alimentaire de la famille. Elles interviennent également dans diverses autres activités comme le maraîchage, la transformation et la commercialisation du beurre de karité. Malgré cette forte implication, les femmes et les vieux sont les moins favorisés en termes d'accès à la terre productive, aux intrants et aux équipements agricoles. Dans le terroir de la vallée, les paysans se focalisent beaucoup plus sur les cultures de décrue puisque les conditions du milieu les permettent. Dans ce terroir, malgré l'intervention des projets de développement (World-Vision, PROADEL), il est facile de constater que les paysannes ne développent pas suffisamment des stratégies spécifiques pour l'adaptation aux aléas climatiques. 5.4. Modification de la date de semis La date d'installation des pluies et la durée de la saison pluvieuse sont deux paramètres essentiels pour l'agriculture pluviale, car ils déterminent, d'une part, la date de semis et donc la position des cycles culturaux, et, d'autre part, la durée de la période pendant laquelle les cultures peuvent bénéficier des précipitations. Suite au dérèglement de la saison des pluies, les paysans modifient les dates de semis afin de réaliser le cycle des cultures pendant une période favorable. Cette stratégie d'esquive permet aux cultures de réduire ou d'annuler les effets du stress hydrique. Les semis précoces permettent d'éviter les effets des arrêts précoces des pluies. Environ 20,7 % des exploitants enquêtés utilisent cette stratégie. La modification de la date de semis varie inversement avec le gradient pluviométrique. Elle est beaucoup pratiquée au nord-est, à cause de la flexibilité de la saison des pluies. 5.5. Les techniques culturales d'adaptation mises en place par les ONG Dans le cadre de leur activité de terrain, certaines ONG (World vision, PROADEL, RAPS, etc.) de la place accompagnent les agriculteurs pour une meilleure adaptation. Les différentes techniques culturales mises en oeuvre dans le cadre d'adaptation des populations locales aux variations climatiques permettent de lutter contre « le mauvais départ », de limiter les dégâts causés par les courtes saisons et les ilots de sécheresse sur les cultures et de bien retenir l'eau pour une bonne gestion. 5.6. Lutte contre les « faux départs » Pour créer les conditions favorables à la levée des jeunes pousses, les paysans de la région avec l'appui des ONG préparent le sol avant les semis. Tableau 38: Technique de lutte contre les «faux départ »
Source: World vision de Koumra, 2009. Dans les villages environnants des sous-préfectures de Moïssala, Bedaya, Goundi, Bediondo et Bekamba, le semis se fait généralement après le labour, dans les creux de buttage de l'année précédente ou dans les trous. La plupart des personnes contactées affirment avoir semé après le labour attelé. Dans le canton Peni par exemple, les paysans sèment sur des parcelles labourées, le reste dans les trous creusés à l'aide des plantoirs et dans les creux de buttages. En dehors du maïs où le nombre de graines par poquet varie entre deux et quatre, on verse jusqu'à dix graines de sorgho dans un trou pour ne laisser que deux après démariage dans les deux semaines qui suivent la germination. 5.7. Techniques de rétention de l'eau Les techniques de rétention de l'eau sont nombreuses et varient selon les villages. Tous les cultivateurs interrogés adoptent au moins une des techniques de rétention de l'eau. Le nombre des répondants correspond ici à l'ensemble des agriculteurs organisés en association et les non associés.
Figure 46 : Pratique des différentes techniques de rétention de l'eau Selon la figure 46., sur les 82 cultivateurs interrogés, 24 soit (29,26%) pratiquent le buttage attelé aux extrémités fermées, 15 paysans (18,29%) ouvrent des rigoles aux termitières et aux fourmilières, 12 personnes (14,63%) construisent des carreaux, 11 personnes soit 13,41 % pratiquent le labour perpendiculairement à la pente, 9 cultivateurs (10,97 %) rapprochent les sarclages, 7 personnes (08,53 %) répandent de la fumure organique et 4 autres (04,87 %) associent les cultures. Ils sont utilisés dans le cadre de la lutte contre l'érosion éolienne. En période d'harmattan et en saison sèche, ils protègent les cultures et les habitations contre les vents de mousson. Ils contribuent à l'amélioration de la production agricole et apporte des productions forestières complémentaires. La réalisation et la protection des brise-vents sont très onéreuses et les populations n'y adhèrent pas spontanément car ne se sentant pas propriétaires des plantations réalisées. 5.9. La technique des épis de berge Elle consiste à ancrer dans la berge, des digues en pierres et en gabions qui s'avancent dans le lit. Le dimensionnement de l'ouvrage est fonction de la hauteur de la berge, de la largeur du lit et de la force du courant. Les avantages de la technique des épis sont multiples, l'onde de crue est freinée le long de la berge, de la largeur du lit et de la force du courant. Les avantages de la technique des épis sont multiples : l'onde de crue est freinée le long de la berge qui est protégée de l'érosion ; à l'amont et à l'aval de l'épi, il y a une augmentation de l'infiltration et de la sédimentation. Pour plus d'efficacité, les ouvrages sont renforcés par des micros barrages en prévision des fortes pluies hivernales. C'est une technique très efficace et peu coûteuse. Cette technique est plus appliquée à Bedaya et Doro. 5.10. La stabilisation de Koris par des seuils en gabions Le seuil en gabion est ancré latéralement dans les berges et est généralement suivi d'un bassin d'amortissement et de dissipation. En aval, les berges sont protégées par des ailes latérales en pierres d'une longueur égale à la largeur de la plaine inondable. Traiter un Kori par des barrages-seuils en gabions permet à la fois de stopper l'érosion remontant de son lit, de provoquer sa sédimentation, d'améliorer l'infiltration des eaux d'écoulement, mais aussi de pouvoir étendre les surfaces cultivées. Ce traitement nécessite une adhésion massive des populations.
5.11.. Les diguettes et les cordons pierreux Utilisées dans la lutte contre l'érosion hydrique, les diguettes en terre ou en pierre (cordon pierreux) sont disposées selon les courbes de niveau avec des ailes et des déversoirs pour laisser passer les trop-pleins d'eau. L'intervalle entre les diguettes est fonction de la pente, leur longueur est fonction de la largeur de la superficie à réhabiliter. L'aménagement des plaines avec cette technique a pour but de freiner l'eau de ruissellement pour l'obliger à s'infiltrer et à alimenter à nouveau la nappe d'eau exploitée par les puits, retenir la terre et permettre la régénération des herbes, buissons et arbustes. Les ouvrages antiérosifs ne sont efficaces qu'à conditions que les techniques et les coûts de réalisation des ouvrages soient accessibles aux populations. C'est un demi-cercle creusé perpendiculairement à la pente et entouré d'une levée de terre (dite « lunette ») également en demi- cercle et prolongé par des ailes : le demi-cercle est cultivé et produit grâce aux eaux de ruissellement collectées et arrêtées par la « lunette». Ces demi-lunes sont généralement installées sur des sols argileux autrefois cultivées ou en herbe mais devenus impropres à la culture. Par cette technique, on peut récupérer de nouvelles terres cultivables. Cette méthode se révèle peu coûteuse et facilement assimilable par les populations. Elle est bénéfique pour l'agriculture. Le zaï est un trou de 10 à 20 cm de diamètre sur 5 à 15 cm de profondeur ; les trous sont distants de 0,5 à 1 m. Les trous creusés en saison sèche, reçoivent du fumier puis sont recouverts d'une mince couche de terre en attendant la pluie. Dès que les zaïs ont reçu assez d'eau, ils sont ensemencés en mil ou en sorgho. La technique du zaï permet de mettre en culture des terres de glacis plus ou moins indurés en surface mais à sol limoneux ou sablo- limoneux. Grâce à cette technique, l'eau s'infiltre, le sol est humide et la plante lève vite, s'enracine bien et a un avantage initial sur les mauvaises herbes. C'est une technique très populaire qui nécessite peu d'investissement. 5.14. La pratique de l'agrobiologie pour une adaptation et la nutrition des plantes Pour s'adapter aux aléas climatiques, l'ONG dénommée Réseau d'Appui aux Producteurs (RAP) forme les associations paysannes dans la pratique de l'agrobiologie. Elle intervient plus précisément dans la nutrition des plantes, avec pour but l'amélioration de la biologie des sols et dans la lutte antiparasitaire. Les agriculteurs de la région admettent que les graminées cultivées en association avec les légumineuses sont capables d'absorber des acides aminés excrétés par les racines des légumineuses. De nombreuses autres substances organiques peuvent être ainsi absorbées par les racines des plantes. Ces faits montrent l'intérêt qu'ont les agriculteurs de baser la fertilisation sur les apports organiques qui contiennent tous les oligo-éléments présents dans la matière vivante et qui nourrissent les micro-organismes capables de synthétiser les molécules organiques absorbés par la plante. La nutrition des plantes est basée sur les engrais organiques qui livrent au sol des substances qui aident les plantes à pousser ou à résister aux maladies. Sur un sol riche en matière organique, les plantes résistent mieux aux maladies, aux attaques d'insectes et à la sécheresse. Les engrais organiques utilisés sont pour la plupart, le fumier (mélange de crottes d'animaux et de paille), le compost (mélange des déchets végétaux pourris en tas), les engrais verts (plantes semées et ensuite enfouies dans le sol pour y pourrir), le purin (excréments liquides du bétail)... 5.15. Lutte contre les parasites Pour lutter contre les parasites, la plupart des cultivateurs emploie des moyens peu ou pas nuisible pour l'environnement. Ils utilisent des préparations à base des plantes : décoction, poudrage des minéraux broyés, insecticides végétaux (graines de neem, feuilles des papayers, gousses d'ail, les petits piments...). Les cendres sont utilisées comme désinfectants ou insectifuges. L'efficacité du cendrage dépend beaucoup plus de sa qualité. C'est pourquoi, ils le font sécher et piler avant de les épandre. Les cendres sont utilisées aussi en poudrage sur les feuilles ou à même le sol. On veille à ce que le poudrage soit correctement réalisé. Les cendres réparties en quantité démesurée sur le feuillage occasionnent les brûlures des feuilles ou des bourgeons. Les agriculteurs de Maïnané utilisent les poudres de Kaolins et celles de la latérite pour protéger les semences. Voici quelques poudres et décoctions des espèces utilisées comme insecticide ou insectifuge. Tableau 39: Quelques plantes insecticides ou insectifuges
Source : Enquête de terrain, novembre 2010. La pratique de ces différentes techniques biologiques concoure à réduire les risques encourus au cours d'une campagne et même à améliorer le rendement. Ce qui explique en partie le rendement moyen de mil à l'hectare obtenu ces dernières années. 5.16. Stratégies développées par l'Etat A côté de l'apport technique des ONG aux populations dans le cadre de l'adaptation à la variabilité climatique, le gouvernement tchadien a défini plusieurs stratégies et a pris également certaines dispositions d'ordre général telles que : - La promotion de mesures législatives, réglementaires et institutionnelles ; - La mise en place d'équipement pour les observations climatiques ; - La mise en place des systèmes d'alerte précoce et de prévention des catastrophes ; - La création des banques céréalières ; - La protection des berges et réhabilitation des mares ensablées ; - La production et la diffusion des informations agro-météorologiques ; - La prévention des risques et des catastrophes liées aux inondations ; - La création des magasins de produits agricoles ; - La promotion du maraîchage et de l'élevage périurbains ; - La réhabilitation et gestion rationnelles des couloirs de passage ; - La politique de suivi de la faune et de son habitat ; - Le reboisement villageois. Partout dans la région du Mandoul, les semis sont effectués dans de petites cannelures tracées à l'aide de charrues attelées dans les creux de buttage et dans les poquets. Généralement, les paysans sèment en deux phases et les champs sont divisés en des parcelles semées à des dates différentes. L'une est semée à la fin de la campagne agricole en cas de grandes pluies. Les graines sont mises sous terre dans les creux de buttage de la saison précédente. L'autre est semée dès les premières pluies, après les labours. Il faut remarquer que malgré la sensibilisation faite par les ONG de la place, le labour par les boeufs d'attelage au début des saisons de pluies est moins répandu, du fait qu'il faut attendre une grande pluie pour mener l'opération et une autre pour niveler le sol avant le semis. Or, le contexte climatique actuel ne le permet pas. Seulement, très peu d'agriculteurs possèdent les animaux d'attraction et finissent d'abord leurs propres travaux champêtres avant de s'occuper de ceux des autres. D'autres paysans voient cela comme une opération supplémentaire d'où une dépense supplémentaire. Les semis dans les trous sans labour sont plus pratiqués, car on peut les faire dès qu'une grande pluie s'abat sur la localité au début du mois de mai. Ces trous conservent l'humidité au point où une semaine sans pluie n'hypothèque pas la germination. Le séjour des grains dans l'eau (2 jours) avant les semis augmente les chances de germination de la plante. Ces techniques de rétention de l'eau ne se limitent pas sur la période de mise en place des plants. Elles sont aussi nécessaires pour renforcer la capacité des plants à résister aux « ilots de sécheresses ». Pour renforcer la capacité de rétention de l'eau, les cultivateurs exécutent des labours perpendiculaires à la pente et alignent des tas de terres enherbées dans la même direction. A Ndila dans le canton Beboro, les extrémités des lignes de creux de buttage de 20 à 25 cm sont fermées. Ceci permet de retenir l'eau dans les creux. Dans la localité de Bedaya, les lignes de buttages et de labour sont parallèles à la pente de la vallée. Ainsi, lors des débordements de la vallée, les creux de buttage et de labours sont remplis par des limons, fertilisant davantage les sols et limitant l'érosion liée aux ruissellements. Dans certaines localités, en plus des techniques précitées, les écoulements des ravins sont détournés pour inonder les fourmilières et les termitières. Cette opération épargne un rayon d'environ 10 m de stress hydrique. La verdure qui se développe à ces endroits en saison sèche illustre bien son importance. A ces techniques s'ajoute la culture des variétés à cycle court comme le sorgho S35, le maïs Mex17E et TZBP moins exigeants en eau et ayant un cycle d'à peine trois mois. Au départ, des parcelles d'expérimentation ont été cultivées entre 1987 et 2000 à Bekamba, Montian et Monkara, mais cette pratique n'a pas été facile à adoptée par les cultivateurs. D'abord, si le sorgho S35 est semé en mai, il arrive à maturité (90 jours après) quand la moisson n'est pas possible d'une part à cause des pluies abondantes du mois de août, et d'autre part, les paysans sont occupés par d'autres activités champêtres. Ensuite, si les semis sont retardés, les grosses pluies de fin juin ne permettent pas une meilleure germination, car les graines pourrissent. La date arrêtée entre le 15 mai et 25 juin de l'année semble idéal. La perpendicularité des lignes disposées en pente permet de réduire le drainage des parcelles emblavées. La bande enherbée au bord des parcelles emblavées permet de limiter l'écoulement latéral des eaux. Les creux d'environ 30 cm aux extrémités fermées retiennent l'eau tout en épargnant les plants des risques de stress hydriques. Cette butte aux pieds des plants les préserve de l'inondation temporelle. Après avoir cultivé les céréales et le riz pendant la saison pluvieuse, la culture maraîchère vient redonner la verdure aux champs placés aux abords des mares, marigots et puits. Partout dans la région où la nappe phréatique est moins profonde les plantes minimisent les pertes d'eau à cause de l'humidité du sol. La gestion de l'eau est liée ici au choix du terrain. En effet, à chaque période de culture correspond le type de sol : - les cultures sous-pluies exigent un sol limono-sableux. Car la faible capacité de rétention de ce sol facilite le drainage et évite la stagnation de l'eau des pluies dans les parcelles emblavées. - les cultures de contre-saisons exigent quant à elles des sols argileux. Le recours à ces sols s'explique par le fait que ceux-ci disposent d'une forte capacité de rétention et de conservation de l'eau. La matière organique est plus sollicitée que les intrants chimiques de synthèse, car selon les agriculteurs rencontrés au cours de nos enquêtes de terrain, l'engrais chimique favorise la prolifération des mauvaises herbes et la décomposition des bulbes deux mois seulement après les récoltes. Les casiers destinés pour le maraîchage sont remplis d'eau lors de l'irrigation et permettent au sol de conserver l'humidité durant deux à trois jours de journées ensoleillées. Le maraîchage d'une manière générale, améliore le revenu des agriculteurs en saison sèche. Mais les difficultés liées à cette activité résident dans le coût d'investissement et les risques. En effet, l'inondation temporelle des jeunes pépinières, la décomposition des bulbes avant la récolte et la fluctuation des prix sur le marché rendent moins compétitifs les agriculteurs. Les vergers, quant à eux, se sont développés progressivement dans les lits d'inondation de Bengoro, Doro et Narmbanga. Ainsi, à Doro, Bedaya, Koko, Begara, Matkaga, les champs d'arbres fruitiers (manguiers, citronniers, goyaviers, etc.) constituent les principaux espaces occupés par une végétation arborée. Les agriculteurs moins nantis se limitent sur quelques pieds d'arbres fruitiers qu'ils plantent dans leurs champs ou dans leurs concessions. Les produits récoltés sont vendus dans les marchés hebdomadaires de ces localités. En remontant sur les résultats traités à travers les différents items, les entretiens menés et la documentation consultée, nous pouvons affirmer que les hypothèses émises au départ dans l'introduction sont confirmées. (i)- Les années et décennies les plus récentes sont plus déficitaires au plan de la pluviométrie ; (ii)- Les paramètres clés d'évolution du climat peuvent être corrélés avec production agricole ; (iii)- Face à la variabilité climatique, les agriculteurs adaptent des semences et diversifient les champs. A la lumière de ce qui précède, on peut confirmer que la variabilité climatique a détérioré et perturbé les écosystèmes ainsi que les activités agricoles. En réponse à cette situation, la nécessité d'adaptation s'impose et les populations de la région du Mandoul développent des stratégies d'adaptation. Celles-ci manifestent une volonté réelle de changer le comportement, notamment en intensifiant les activités de conservation des sols, de l'eau et de reboisement. Il se dégage ainsi clairement que la population prise en échantillon pour notre enquête perçoit le danger lié aux variabilités climatiques, mais aussi elle réagit et s'adapte. L'enquête révèle aussi que des personnes interrogées ont pris conscience des problèmes climatiques et en attribuent les causes: à l'abattage des arbres (la déforestation), à la variabilité naturelle, aux incendies de forêts et à d'autres facteurs. Parmi les bouleversements observés dans le secteur agricole et considérés comme une conséquence directe de ces variabilités climatiques, l'étude précise la baisse du rendement des cultures, la prolifération des ravageurs, la perte totale des récoltes et la multiplication des maladies affectant les cultures. Les hypothèses testées confirment aussi que les populations ont une bonne compréhension des changements intervenus, ce qui se traduit au niveau pratique par la mise en place d'initiatives permettant de faire plus ou moins face aux différentes perturbations climatiques notées et à venir. Les faibles capacités d'adaptation des agriculteurs constituent un facteur de vulnérabilité d'où le besoin en renforcement des capacités se fait sentir. Pour les agriculteurs rencontrés, leurs besoins les plus se résument à la formation dans les différentes techniques de production adaptées et à la livraison par groupement social d'un attelage complet (2 boeufs de labour, une charrue, un semoir, du matériel pour la mise en place de fosses de compostage, une charrette pour le transport de la fumure). Il serait ambitieux pour nous de pouvoir déterminer tous les impacts de la variabilité climatique sur l'agriculture. Mais l'étude nous a permis de mettre en évidence un certain nombre de caractéristiques liées aux systèmes productifs agricoles dont les différences concernent presque tous les facteurs du milieu. Selon un paysan rencontré sur le terrain dans la vallée à Ndila, celui-ci nous a livré ses impressions suivantes : « une partie de mon exploitation est située en zone hydro-morphe qui bénéficie d'une retenue naturelle d'eau. Inspiré par les riziculteurs de bas-fonds de la zone, j'ai réalisé des infrastructures hydro agricoles aménagées sur ma parcelle. Cela a consisté en un drain de 1 mètre de profondeur sur 40 cm de largeur contournant le champ, et un canal central pour gérer l'apport d'eau dans la parcelle en fonction des aléas pluviométriques. J'ai réalisé cet aménagement en 2008-2009, il m'a coûté en tout 875 000 FCFA que j'ai pu mobiliser grâce à des ressources propres. Cela m'a permis de réduire les conséquences des aléas pluviométriques et aujourd'hui, les résultats sont très satisfaisants : mes rendements en maïs sont passés de 1 à 1,5 tonnes/ha (t/ha). Quant au riz, je continue à obtenir 1,5 t/ha quand la moyenne nationale est à 1,2t/ha. Par contre, certains voisins ont vu leurs rendements diminuer de moitié au cours de la même période ». Cette affirmation confirme la thèse de Sultan (2003) selon laquelle l'application à la sensibilité des rendements agricoles en Afrique de l'ouest a été relevée grâce aux aménagements hydro-agricoles du type traditionnels. A Narmbanga dans le département du Mandoul-Est, les paysans ont adopté différentes techniques de maintien de la fertilité des sols : c'est une révolution silencieuse de plus en plus présente. Selon le responsable du groupement Djiranibe de Moïssala, ils ont développé une palette de techniques d'adaptation. Ces techniques engendrent des augmentations de rendements non négligeables. Les organisations paysannes se sont très tôt senties concernées par la question de la sauvegarde du patrimoine génétique, notamment au regard des risques de l'impact climatique et de tentatives d'introduction de la culture des OGM dans leurs systèmes de production. Elles tentent de prévenir ces risques via des banques de semences appelées « cases de la biodiversité ». La question de la capacité d'adaptation et de la résilience face aux crises climatiques se pose donc avec acuité pour ce secteur. Il faut adapter les systèmes de culture aux conditions climatiques modifiées, tant grâce au recours à du matériel génétique approprié (nouvelles variétés végétales ou nouvelles races animales plus adaptées aux conditions climatiques de demain) que par la mise au point d'itinéraires techniques révisés, tout en prenant en compte les risques sanitaires futurs. Il faut adapter les systèmes de production, en réduisant leur vulnérabilité aux aléas climatiques, et proposer des technologies de production plus performantes et respectueuses de l'environnement. Ces actions doivent être entreprises rapidement, compte tenu des longs délais nécessaires pour que les efforts d'atténuation aient une incidence. Mais ces considérations militent aussi pour une concertation intersectorielle sur les relations entre variabilité climatique et sécurité alimentaire, qui ne se limitent pas à la seule question de la production agricole. Dans cette perspective, des efforts doivent être consentis pour soutenir les productions céréalières afin de réduire le déficit vivrier actuel. Comme stratégie, on peut noter : - la mise au point des variétés de semences adaptées à la durée de plus en plus courte de l'hivernage : - pour le mil et le maïs, des variétés à cycle court (60 à 70jours), à épi plus long, plus granuleux avec au moins de feuille et une meilleure qualité de farine doivent être mises au point (IBV 8004, IBV 8402, ISMI 9101 ou 9102 pour le mil et pour le maïs JDB, BDS, CP75 et Synthétic C); - pour le riz des variétés plus rustiques et présentant des niveaux de rendement assez élevés (DJ 11- 509 et TOS 728 - 1), à cycle très court adaptées aux conditions de submersion faible (ITA 212, TOS 103) et celles ayant une bonne tolérance à la salinité et à l'acidité (War 1, War 77 et War 8) doivent être mises au point pour permettre de cultiver les rizières frappées par la salinisation et l'ensablement, Wackerman (2004). - des solutions techniques telles que: dotations des populations d'un matériel génétique performant et d'un équipement agricole de base (charrue par exemple), fumure, lutte anti- érosive, économie de l'eau, pratiques agro-forestières, éprouvées expérimentalement et déjà divulguées ne sont pas révélées à la hauteur des résultats escomptés. En effet, elles ne sont pas suffisamment intégrées dans les préoccupations paysannes ni adaptées à leurs moyens. Une convergence entre ces solutions techniques et les pratiques paysannes devrait permettre d'améliorer la situation actuelle caractérisée par un déficit vivrier ou tant au moins limiter les effets de la contrainte écologique. Ces actions contribueraient au relèvement du niveau technique des producteurs qui est encore très bas. Par ailleurs, il faut noter que la participation effective des populations devra être requise puisque l'essentiel des actions énoncées plus haut se situent dans la perspective d'une nécessaire adaptation des systèmes de production traditionnels à un contexte nouveau. Les relations significatives entre les fluctuations pluviométriques et les productions agricoles ne doivent pas occulter les liens entre ces situations de crise agricole et le système économique international. Dans le domaine des cultures maraichères, malgré les différentes difficultés liées au climat que rencontrent les producteurs, il faut signaler que des stratégies d'adaptation sont également développées en vue de faire face à la faible disponibilité de l'eau. On peut citer, à titre d'exemple, la technique d'irrigation par rigole qui a fait ses preuves dans la localité de Ndila et Narmbanga. Les petits paysans de ces villages pratiquent la culture commerciale de légumes qui représenterait une source de revenus très importante pour ces derniers. A cause des précipitations faibles et irrégulières dans la région, il est difficile d'avoir suffisamment d'eau pour irriguer. La culture de légumes est donc problématique, particulièrement durant les mois secs de la saison sèche, alors que c'est à cette époque précisément que la demande en légumes frais est importante et que leur vente pourrait générer d'importants bénéfices. Dans cette région vallonnée, avec des petites terrasses et une mosaïque de parcelles cultivables, l'irrigation à grande échelle serait coûteuse et peu adaptée. Mais, depuis quelques années, les systèmes d'irrigation aux rigoles offrent une alternative non conventionnelle, simple et avantageuse. Les ONGs de la région telles que World vision, INADES et bien d'autres assurent depuis quelques années la promotion de méthodes d'irrigation dans la région. Ainsi, les petits paysans peuvent cultiver des légumes tout au long de l'année, ce qui leur assure un revenu sur les marchés locaux. La technique d'irrigation est adaptée aux besoins des paysans et de l'environnement: des rigoles amènent l'eau directement à la racine de la plante afin de réduire au maximum le gaspillage. La méthode est économe en eau et en temps, de sorte que les paysans peuvent se consacrer à d'autres occupations. Il faut signaler également que dans le domaine génétique, les chercheurs mettent de plus en plus l'accent sur des plantes résistantes au stress hydrique. Pour mieux appréhender l'incidence de la variabilité climatique sur la disponibilité de l'eau, il faudra aller au-delà des modèles généraux de la circulation des eaux et développer plus des modèles spécifiques de bassins fluviaux et de fermes, démontrant ainsi la façon dont les problèmes climatiques affecteront les disponibilités en eaux fluviales et le niveau des eaux des vallées. Par ailleurs, davantage de données sur les eaux souterraines et les aquifères sont nécessaires au niveau des pays en développement et plus particulièrement de l'Afrique afin de mieux analyser l'incidence de la variabilité climatique sur la disponibilité de l'eau pour la pratique de cultures maraîchères. Ces différentes observations sont également importantes pour une région qui globalement va connaître un stress hydrique beaucoup plus élevé et permanent à l'horizon 2030-2100. A ce niveau, il serait plus intéressant d'avoir des simulations au niveau régional pour appréhender l'évolution du niveau de la nappe phréatique, l'évolution des précipitations en vue de se faire une meilleure idée sur l'incidence de la variabilité climatique sur la disponibilité de l'eau pour la pratique maraîchère. Eu égard à la prédiction climatique à l'horizon 2030-2100, aucune baisse de rendement n'est prévue pour les céréales dans la zone d'étude. Et pourtant, outre la problématique de pauvreté de sols et de dégradation de conditions climatiques qui sont des réalités comme l'ont révélé nos enquêtes, on sait aujourd'hui que le déplacement des isohyètes, de plus en plus, vers le sud est aussi une réalité pour la région (Demangeot, 2005). La corrélation établie entre la pluviométrie et les rendements montre que les variabilités climatiques à travers les précipitations ne sont pas les seuls facteurs qui influencent la production agricole. Toute bonne campagne agricole est la résultante d'une bonne répartition pluviométrique et de l'apport quantitatif en eau. Comme le constate Sultan et al. (2005), le total annuel des précipitations a un impact sur les rendements agricoles, mais à partir d'un seuil élevé, il y a asphyxie des plantes et le rendement n'évolue plus avec les précipitations. La croissance des plantes ne dépend pas seulement de l'eau, mais aussi des éléments nutritifs de la terre. C'est ce qui fait dire aussi Bouyer et al. (2006) que toute variation de la production n'est pas imputable aux seules conditions pluviométriques. Quand bien même la saison est excédentaire, les « faux départs », les ilots de sécheresses intra saisonnières en période de remplissage des gousses ainsi que les inondations affectent le rendement. Pour le sorgho et autres céréales, en plus des conditions hydriques et édaphiques, les oiseaux granivores et les acridiens constituent les facteurs défavorables. Toutefois, les systèmes de production dans nos conditions dépendent des conditions météorologiques et climatiques. Malgré certains travaux qui ont été faits sur ces questions, il y a une incertitude considérable à propos de l'impact potentiel de la variabilité climatique sur les modes d'exploitation agricole. En plus, que la variabilité climatique ait lieu ou pas, améliorer la faculté de reprise de la production alimentaire et minimiser les risques contre la variabilité sont essentiels s'il faut que l'agriculture relève les défis d'assurer la sécurité alimentaire, de promouvoir l'emploi rural dans notre région et de protéger les ressources naturelles et l'environnement. La diversification de la production agricole ne sera possible que dans certaines localités traversées par le fleuve et les vallées, où s'étendent d'importantes superficies de terrains limoneux, sableux et des marécages. C'est surtout le département du Bahr Sara qui rassemble tous les atouts. Malgré ces avantages naturels dont il dispose, ses sols présentent des signes de dégradation. On peut expliquer cela par leur exploitation non contrôlée : succession des mêmes cultures, utilisation des intrants chimiques, etc. La culture maraîchère n'est pratiquée que par des cultivateurs qui possèdent des moyens matériels et financiers (motopompe, capital, terrain, etc.). Ceux qui en sont dépourvus travaillent comme des ouvriers dans les champs des autres. Tout comme les grandes plantations appartiennent aux paysans bien-nantis, des retraités et les élites de la région. Les autres agriculteurs moins-nantis se contentent de planter quelques pieds dans les champs ou dans les concessions. Eviter les faux-départ nécessite une succession de semis et de resemis jusqu'à ce que la levée soit satisfaisante, dans les parcelles labourées ou dans les trous creusés à cet effet. Cette pratique est semblable à celle constatée par Ousseini (2002) au nord du Burkina-Faso où les paysans gèrent rationnellement la faible humidité qui marque le début de la saison pluvieuse en semant à plusieurs reprises. Présentes à toutes les étapes de la culture, les techniques agricoles d'adaptation aux variabilités climatiques dans la région du Mandoul, visent à mieux réagir aux aléas climatiques. Couplées à la culture des variétés à cycle court, ces techniques font partie de ce que Jouve (1984) a appelé technique d'arido-culture : le développement de la culture des variétés à cycle court et l'exploitation rationnelle de la pluie. Les opérations de buttage et de labour attelé ainsi que l'enfouissement des herbes dans le sol restent les principaux moyens de rétention de l'eau pour épargner les végétaux du stress hydrique, en conservant l'humidité. Ces résultats ont été obtenus par Zakaria et al. (1997) sur les cordons pierreux et les bandes enherbées et aussi par Saley (2002) sur les diguettes des pierres et les zaï au Burkina Faso. Cela a permis la limitation des ruissellements, l'augmentation de la capacité des sols à retenir de l'eau, l'augmentation des rendements et la récupération des sols dégradés par les cultivateurs. Dans le cadre de notre étude, l'opération d'irrigation ne concerne que le maraîchage et le verger jugés rentables par les agriculteurs mais Bokonon (1997) montre qu'elle vient atténuer la sévérité du déficit hydrique pour toutes les cultures. Au cours de l'un de nos voyages dans la zone d'étude, nous avons rencontré un cultivateur de maïs qui surveille sa récolte. Les tiges de ces plants sont brunes et chétives. Pour lui, le rendement sera d'une tonne ou moins à hectare, soit seulement une fraction d'une bonne récolte annuelle. Ce cultivateur sait par expérience qu'il est confronté à quelque chose de plus gros et de bien pire qu'une simple sécheresse. Dans son dialecte làa, il s'agit du climat qui est à l'origine de ce rendement et de telles scènes sont fréquentes dans la région. L'adaptation agricole doit se traduire par une mesure aussi simple qu'un changement de pratique de travail du sol pour préserver l'eau et la terre, ou par l'utilisation de technologies de pointe consistant à planter de nouvelles variétés de graines résistantes à la chaleur adaptées aux prévisions locales de hausses de températures. Il est aussi difficile de prédire à quel point les agriculteurs seront capables de s'adapter étant donné l'imprévisibilité des variabilités du climat à venir. Certains experts de la communauté internationale de développement pensent qu'examiner le passé permet d'avoir une bonne idée de la manière dont les agriculteurs de la région du Mandoul pourraient réagir dans le futur. Selon Ardoin (2005), « l'agriculture africaine résiste très bien à la variabilité climatique et les agriculteurs seront capables de s'adapter aux futures mutations». Cette étude comportait des données sur le climat, l'eau et le sol ainsi que sur l'économie de 16 zones agro écologiques de l'Afrique subsaharienne auxquelles quatre scénarios de la variabilité ont été appliqués. L'étude conclut qu'« à moins que la variabilité climatique soit très marquée, les revenus des agriculteurs ne devraient pas diminuer davantage ». Cependant, pour éviter de manière progressive les pires conséquences que pourraient avoir la plupart des scénarios, l'adaptation devrait être faite de manière coordonnée et à grande échelle, de manière à inclure tant les petits agriculteurs que les décideurs politiques des ministères de l'Agriculture, des Finances et des Affaires sociales, et avec le concours d'organisations de développement comme la Banque mondiale qui offrent leur financement et leur expertise. Dans la plupart des cas, si l'adaptation est réalisée dans des zones agro écologiques qui ne longent pas les frontières d'un pays, l'introduction de bon nombre de pratiques alternatives peut produire des rendements « suffisamment intéressants pour en justifier les coûts ». Les scénarios mis au point par les auteurs de cette étude ont démontré que les revenus nets par ferme pouvaient augmenter même dans des cas où des systèmes d'irrigation coûteux étaient installés lorsque l'eau y est disponible. L'adaptation de l'agriculture de manière coordonnée et à grande échelle impliquant à la fois une aide publique et privée en est encore à un stade embryonnaire. Cependant, des premières analyses et des projets financés par la Banque mondiale récemment mis en oeuvre sur le terrain dans l'Etat d'Andhra Prades en Inde ont produit des résultats encourageants dans cette région rurale et pauvre touchée par la sécheresse. Abandonner de façon permanente la culture du riz au profit de cultures moins exigeantes en eau, comme celle du millet ou des arachides, est un exemple d'adaptation qui a permis de restaurer une certaine stabilité économique dans la région d'Andhra Prades en Inde (Gonne, 2006). Aussi, les limitations dans les techniques de modélisations spécialement à l'échelle locale viennent aggraver cette incertitude puisque les données de sortie pour notre région fournies par le modèle Magic/Schengen sont issues des simulations à l'échelle régionale. Or si on tient compte de la très grande variabilité spatiale et temporelle d'un paramètre climatique comme la pluviométrie dans notre région, cette résolution risquerait d'être assez grossière. En tout état de cause, la précision des résultats dépendra du degré de confiance des prédictions du climat local, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne tiendra pas compte des informations à l'échelle régionale et même globale, ne serait ce que pour la viabilité et le succès économique de l'agriculture chez soi. En ce qui concerne les mesures d'adaptations, beaucoup des stratégies soulignées seraient bénéfiques quelle que soit la variabilité climatique. Les objectifs de ces stratégies varient considérablement entre les localités et parmi les producteurs. Les conditions climatiques actuelles et les climats probables futurs varient aussi. C'est pourquoi l'incertitude scientifique qui entoure la question de la variabilité climatique ne sera pas levée de si tôt. Les agriculteurs du monde entier ont fait preuve d'une grande capacité à répondre aux variations et aux perturbations climatiques en ayant recours à un vaste éventail de stratégies. Cependant, les agriculteurs pauvres qui vivent exclusivement de l'agriculture et qui occupent en règle générale des terres marginales et peu productives disposent de très peu de solutions alternatives pour faire face aux perturbations supplémentaires engendrées par la variabilité climatique. « Il est impossible d'être très optimiste quant à la capacité institutionnelle et financière des gouvernements des pays les plus pauvres à orienter l'adaptation et à mettre en place les bonnes mesures incitatives », affirme Maxime (2005) qui a réalisé une étude sur les nouveaux aspects économiques de l'adaptation. De plus, comme bon nombre des conséquences de la variabilité climatique sont incertaines ou inconnues, il est impossible de se fier entièrement aux expériences antérieures en matière d'adaptation. Car les risques que courent les agriculteurs les plus vulnérables sont importants. Une augmentation de la productivité agricole s'est avérée être un défi quasi insurmontable dans la région du Mandoul et les perturbations supplémentaires engendrées par la variabilité climatique ne feront qu'aggraver les choses (Ngana and al, 2009). Aider les agriculteurs à se relocaliser dans des zones agricoles plus productives ou à se trouver de nouveaux emplois est également une tâche peu aisée, et les coûts sociaux de telles mesures seraient sans aucun doute très élevés. D'une manière générale, nous dirons que les problèmes liés à la variabilité climatique auxquels sont confrontés les agriculteurs de la région du Mandoul sont évidents, et cela nécessite des bonnes stratégies d'adaptation. Car la variabilité climatique peut compromettre gravement les disponibilités d'eau, réduire la productivité agricole, propager des maladies transmises par des vecteurs et provoquer des inondations dues à la hausse du niveau de la mer et même à des précipitations plus importantes. Elle est déjà considérée dans nos analyses comme la principale cause des fluctuations d'une année sur l'autre de la production agricole, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. La réduction projetée de la production céréalière de la région d'ici à 2030 suffirait à mettre en danger la vie des milliers de personnes. Ces conséquences exigeraient des efforts d'adaptation dont des populations ayant à peine accès aux ressources ou aux économies nécessaires ne seront probablement pas capables. Les relations entre le climat et l'agriculture sont une évidence. Au regard des perturbations climatiques dont fait montre la zone d'étude, nous avons senti la pertinence d'une meilleure gestion saisonnière en tenant compte de l'environnement climatique. D'où la nécessité d'une évaluation des périodes culturales pouvant permettre aux cultivateurs de profiter au maximum des pluies. L'approche utilisée dans cette étude a permis de mettre en évidence les liens entre la dynamique du climat et les perceptions paysannes. A ce titre, il existe quelques écarts entre l'évolution climatique observée et les perceptions paysannes. Ceci peut influer sur l'adoption de mesures d'adaptation adéquates face aux aléas climatiques. Il apparaît que les enjeux fonciers ne sont pas du reste avec l'accroissement démographique. La maîtrise du foncier reste un des gages de succès et une condition indispensable à la résilience (Gonne, 2006; Ngana et al., 2009). Dans ce contexte, il importe de poursuivre ce type d'étude pour mieux comprendre la perception négative des tendances climatiques par les paysans en dépit du retour de conditions plus humides. CHAPITRE VI : ADAPTATION DES ACTIVITES PASTORALES A LA VARIABILITE CLIMATIQUE Introduction : Dans la région du Mandoul, l'élevage occupe une place importante dans l'économie et les activités socioculturelles des populations. Il participe ainsi à la fertilisation des sols et constitue une source de génération des revenus surtout dans les campagnes où il peut être assimilé à de véritables « billets de banque sur pieds » (Bertrand, 2002). Ce secteur traverse depuis quelques décennies une crise dont la principale cause réside dans la dégradation de l'environnement liée à la variabilité climatique et à l'augmentation des densités humaines. En effet, la variabilité climatique constitue une des menaces les plus graves qui pèsent sur l'élevage. Les manifestations les plus visibles se rapportent à la sécheresse qui, combinée à l'accroissement démographique, accélère le déboisement, comme par exemple lors des épisodes de sécheresses des années 1970-1990. Ces bouleversements ont des impacts négatifs sur les ressources naturelles et l'ensemble des secteurs de la vie. Face à ces évolutions, les populations adaptent des pratiques de production pour assurer leur alimentation à partir des produits animaux. Les stratégies d'adaptation des systèmes d'élevage mises en oeuvre à cet effet peuvent varier en fonction des groupes d'éleveurs. 6.1. Comment les éleveurs tentent-ils de s'adapter à la variabilité climatique? Les chocs et les stress climatiques ne sont pas nouveaux dans ces contextes, et les systèmes pastoraux partagent des caractéristiques importantes qui les rendent adaptés à l'incertitude et la variabilité climatique, notamment grâce à leur adaptabilité et leur flexibilité. Dans ce système, le bétail est un bien clé qui revêt une importance culturelle et économique. Il restera central à toute stratégie de réponse à la variabilité climatique. La possession de bétail garantit aux individus de la nourriture et des revenus, et fait office de tampon contre les chocs. Mais à cause des restrictions croissantes sur la mobilité du bétail, il est de plus en plus difficile de maintenir les systèmes pastoraux traditionnels. Dans le cas de la région du Mandoul, les conflits croissants liés au vol de bétail et concernant les pâturages et l'accès à l'eau pour le bétail ont également réduit les possibilités qu'ont les ménages pour gérer la variabilité climatique. Les familles sans bétail sont plus fortement affectées par la variabilité climatique. Cela conduit à des prises de décision de plus en plus compliquées, car les populations sont vulnérables à la variabilité climatique et à d'autres facteurs du pastoralisme. Ainsi, même si la variabilité climatique n'était pas en train de se produire ou si elle venait à améliorer les conditions pour l'élevage de bétail, de nombreuses personnes considéreraient de plus en plus difficile de faire face aux chocs et stress climatiques « normaux ». 6.1.1. La capacité à endurer les multiples chocs Les ménages pastoraux ont l'habitude de gérer les chocs et les stress, qu'ils soient environnementaux, socio-économiques ou climatiques. Faire face à un choc unique est gérable pour la plupart des familles : les plus pauvres bénéficient du support de la communauté, tandis que les groupes aux revenus moyens sont capables d'utiliser diverses stratégies pour survivre. Cependant, lorsqu'un choc est combiné à un autre de façon répétée et plusieurs années de suite, la capacité des ménages à rebondir s'en trouve compromise et la résilience de ces ménages diminue. Ce qui exacerbe cette situation davantage est que le type et la gravité des chocs changent et que de nouveaux risques et vulnérabilités émergent. Non seulement les populations sont affectées par les chocs climatiques, mais il y a aussi d'autres facteurs sociaux, économiques et environnementaux, tels que les prix volatiles de la nourriture, certaines institutions et politiques qui affectent les moyens de subsistance. En saison des pluies, les bovins sont abreuvés dans les nappes d'eau et les rivières. En saison sèche, quand les mares s'assèchent, les puits restent les seuls moyens d'abreuvage. On dénombre 15 points d'eau, 14 mares et deux sources non pérennes. Près de chaque puits est construit un abreuvoir, une sorte de réservoir en béton ou en argile selon les moyens et d'une capacité de 4 à 6 m3. Le tableau 43 illustre les différents points d'abreuvage de la région. Tableau 40: Différents points d'abreuvage en 2008
C'est ainsi que les éleveurs des cantons Doro, Matkaga, Narmbanga, Goundi, etc. développent des stratégies particulières pour abreuver les bêtes en saison sèche et trouvent des solutions alternatives au pâturage durant la période de soudure. 6.1.3. Solutions au manque de pâturage Dans la région du Mandoul, les éleveurs ont commencé par mettre en place des techniques et des stratégies d'adaptation pour palier au manque de pâturage lié aux variabilités climatiques. Tableau 41 : Techniques utilisées
Partout dans la région, les fourrages de millet, les feuilles de haricots et d'arachides sont entassées dans les enclos immédiatement après les récoltes. A Bengoro, Dembo, Matkaga, Bekamba et aussi dans bien d'autres localités, les éleveurs coupent et font sécher d'importantes quantités d'herbes qu'ils ajoutent aux résidus agricoles. En plus de ces fourrages conservés par tous les éleveurs, les tourteaux et les grains de coton sont achetés après la vente de coton dans le but de compléter la nourriture des animaux en cas de manque. Il est à noter que 19 sur 24 éleveurs interrogés s'intéressent à cette pratique. Les modalités des transhumances traditionnelles pratiquées par ces éleveurs répondent à des impératifs majeurs et indissociables: la recherche du pâturage, de l'eau et la proximité des grands centres pour l'écoulement des sous-produits. Avant de décrire les formes de mobilité, il est important de présenter les différents cycles d'une année pastorale telle que vécue par les éleveurs. Il est aussi à remarquer que les réalisations en terme d'adaptations demeurent faibles : dispositifs antiérosifs, reboisement, contrôle des ligneux, mise en défens de pâturages, délimitation d'espaces pastoraux ou aménagements de points d'eau ne sont pratiquement pas cités par les éleveurs au cours de nos voyages de terrain. Par contre, en ce qui concerne les adaptations propres aux exploitations, les réponses sont souvent contradictoires. A titre d'exemple, certains éleveurs estiment « qu'avant », les jeunes enfants pouvaient suivre les animaux en brousse, alors que maintenant, les distances ayant augmenté et les risques étant plus importants, donc, le suivi des animaux est confié aux adultes. Pour d'autres, c'est maintenant que les petits s'occupent des animaux car les adultes sont obligés de faire d'autres activités pour compléter les revenus de la famille. Des réponses différentes qui montrent les différents types d'exploitations. Une certitude, la vie des éleveurs de cette région a connu des changements importants, liés à la variabilité climatique depuis ces 50 dernières années. 6.2. Comprendre le risque sanitaire pour mieux lutter contre les maladies animales Selon un groupe d'éleveurs membre de l'association des producteurs de Ndila, les changements climatiques ont un effet direct sur l'habitat et les mouvements des hommes, des animaux domestiques ou sauvages, des agents pathogènes et de leurs vecteurs éventuels (insectes, acariens). Le climat influe sur les paramètres de transmission ou de dynamique des maladies: on a constaté un inéluctable accroissement des maladies, mais plus vraisemblablement des décalages des aires de répartition, avec une augmentation du risque à certains endroits et une diminution à d'autres. Toujours selon eux, beaucoup reste à faire pour mieux comprendre et prédire les conséquences de la variabilité climatique sur les maladies des animaux, y compris les zoonoses (maladies transmissibles entre l'homme et l'animal). Comprendre, modéliser et cartographier le risque sanitaire futur permet de mieux lutter contre les maladies animales et les ravageurs des cultures, contribuant ainsi à augmenter la production, à renforcer la sécurité alimentaire et à préserver la santé publique. Tout cela pourra nous aider à mieux nous adapter 6.3. Description de l'année pastorale Pour comprendre la vie d'adaptation de l'élevage dans le milieu pastoral de la région, il faut embrasser d'abord avec un grand regard d'ensemble le cycle des saisons. Les éleveurs distinguent dans l'année quatre saisons qui forment l'année pastorale et chaque saison a ses propres caractéristiques auxquelles se rapportent, une manière de vivre, un rythme, des problèmes, des stratégies, des techniques, des travaux etc. L'année pastorale commence toujours en début de saison des pluies. Elle se déroule avec quelques variantes compte tenu de certains facteurs (le calendrier agricole et les variabilités climatiques) qu'ils ne maîtrisent pas toujours. 6.3.1. Première saison : début mai au mi juillet Elle correspond aux premières pluies, très localisées dans le temps et dans l'espace. Elle est marquée par une grande mobilité. Les éleveurs quittent les zones où il y a manque d'eau pour rejoindre les localités où ils peuvent offrir de l'eau au bétail. On observe souvent ces déplacements au cours des périodes des courtes sécheresses. Cela entraîne l'amaigrissement considérable du bétail. A la fin du mois de juillet, les animaux commencent à se porter mieux (les veaux et les moutons). Du point de vue des connaissances empiriques, les éleveurs prennent précaution à la position de la constellation, ce qui permet de prévoir l'année pastorale. Cette saison est caractérisée aussi par le prix élevé des céréales, car les vaches donnent peu de lait. Les prix des animaux baissent sur les marchés. C'est une véritable période de soudure pour les pasteurs. Mais aussi une saison pleine d'espoir avec l'arrivée des pluies. 6.3.2. Deuxième saison : de fin juillet à mi septembre C'est pour les éleveurs la période du bonheur après la longue période de la saison sèche. Cette saison se caractérise par un apaisement pour pâturer tranquillement, la production laitière augmente, les besoins en sels minéraux des animaux se font sentir. L'idéal pour les éleveurs serait de donner toujours au bétail de l'herbe fine, sans noeuds et tendre. C'est cette recherche de qualité qui explique les longs déplacements au coeur de la saison humide. Des accidents peuvent survenir durant cette période par la consommation de certaines espèces (toxicité) au cours des déplacements. Durant cette période, l'alimentation familiale des éleveurs est à base uniquement du lait et toute la production est autoconsommée; en principe, il n y a pas de trocs avec les sédentaires. 6.3.3. Troisième saison : Fin septembre à fin novembre La troisième saison est caractérisée par des longs et importants déplacements, nocturnes et diurnes. La brousse est verte et, de loin, les bergers savent évaluer l'intensité et la signification de la couleur des arbres et des plaines. L'éclaireur du groupe doit avoir au cours de cette saison un rôle important à jouer. Il fait des tournées régulières qui peuvent parfois lui prendre plusieurs jours. A son retour, tout le monde se réunit autour de lui. Et c'est à partir de ses renseignements, qu'on décide les déplacements en fonction de la qualité des pâturages, de l'abondance de l'eau et de la présence des autres groupes dans la localité. 6.3.4. Quatrième saison : décembre à avril La quatrième saison se caractérise par l'assèchement de l'herbe, même si certaines mares sont pleines. C'est le moment pour les éleveurs de faire le bilan de toute la saison humide qui vient de s'écouler à partir de trois principaux critères : l'embonpoint des bêtes, l'importance de la production laitière et le nombre élevé des femelles entrées en chaleur. Les grosses concentrations des campements commencent à se séparer pour revenir lentement et individuellement vers les sites de la saison sèche. Les fractions se divisent en petites unités pour qu'il ait moins de charge sur les unités écologiques. La production laitière diminue par le changement de temps. C'est aussi une saison des grandes peines, de travaux durs, d'abreuvement de fois aux puits profonds et de soins aux animaux fatigués. Les éleveurs s'installent autour d'un secteur (puits cimentés profonds, puisards, forages) en fonction de trois critères : - l'habitude et la connaissance qu'ils ont d'une localité donnée et qu'ils considèrent comme leur propre localité ; - l'abondance et la qualité du fourrage ; - l'abondance et la qualité de l'eau. Durant cette période les ménages sont confrontés à une faible production laitière, l'alimentation est à base des céréales achetées aux marchés hebdomadaires. C'est aussi une période de chaleur et de soif, tous les membres de la famille passent la journée au point d'eau. La conduite des animaux s'effectue pendant la nuit par des jeunes bergers appelés Badjoss ou bouviers. Quand le vent du sud, la mousson, commence à souffler, c'est le signe que les pluies sont proches. Et avec les premières pluies, c'est le début d'une nouvelle année et le cycle des saisons recommence chez les éleveurs. Ainsi, les différentes formes de mobilité suivent les rythmes de l'année pastorale pour une meilleure adaptation aux variabilités climatiques. L'élevage dans la région demeure en effet totalement tributaire de la localisation des pâturages et de celle des points d'eau qui en conditionne l'accès, d'où il faut des extrêmes mobilités. Or les ressources fourragères, quantitativement et qualitativement, sont extrêmement dispersées dans l'espace et fluctuantes dans le temps. La recherche conjointe du fourrage et de l'eau met en oeuvre des pratiques pastorales diversifiées, fondées sur une mobilité de plus ou moins grande amplitude et sur une adaptation des rythmes quotidiens et saisonniers à la distribution des disponibilités alimentaires. La strate herbacée, qui représente l'essentiel des ressources fourragères du cheptel bovin, est constituée presque exclusivement d'espèces annuelles à cycle court. Dès le mois de septembre, le stock fourrager de saison sèche est en place et décroît ensuite progressivement, de manière centrifuge à partir des points d'eau disponible, et d'autant plus rapidement que la charge en bétail est élevée. Au fur et à mesure de l'avancée de la saison sèche, les troupeaux bovins doivent ainsi s'éloigner de plus en plus des points d'eau pour accéder au pâturage encore disponible. Après un début de saison sèche où le pâturage existe à proximité immédiate des points d'eau et est accessible grâce à des déplacements quotidiens limités, se succèdent des rythmes fondés sur un allongement progressif de l'intervalle de temps séparant deux abreuvements consécutifs : un, deux, voire trois jours lors de fins de saison sèche particulièrement critiques comme en 1980. Ces rythmes de plus en plus contraignants pour le bétail sont adoptés d'autant plus tôt que le stock fourrager initial est réduit, c'est à dire que les conditions pluviométriques de l'hivernage précédent étaient défavorables. Les années de sécheresse très sévères verront quant à elles se déclencher plus ou moins tôt des mouvements de fuite exceptionnels de grande amplitude vers des zones moins défavorisées, ou se généraliser la vente des animaux les plus affaiblis. Si l'incidence des conditions climatiques est stricte, l'état et la répartition spatiale des ressources fourragères de saison sèche peuvent être appréciés dès avant l'arrêt des pluies, et les éleveurs ont donc la faculté d'envisager précocement les mesures à prendre pour limiter les risques d'éventuelle pénurie. Les premières pluies, généralement très sporadiques, surviennent à une période où les disponibilités fourragères sont au plus bas. Une réponse immédiate à ces nouvelles conditions de milieu s'impose, et des mouvements de transhumance permettent alors de gagner des pâturages éloignés que l'absence de points d'eau rendait jusque là inaccessibles. Grâce à ces mouvements, par nature très conjoncturels et opportunistes, souvent de courte durée, et qui précèdent les transhumances d'hivernage proprement dites, les troupeaux retrouvent en extrême fin de saison sèche, c'est-à-dire à l'époque la plus critique de l'année, des conditions d'alimentation favorables et rompent avec les rythmes quotidiens épuisants qui leur étaient jusqu'alors imposées. Les moyens mis en oeuvre pour limiter l'effet, direct ou indirect, des aléas et des insuffisances de la pluviosité, ne relèvent pas que des caractéristiques et du fonctionnement des systèmes de culture et d'élevage, ni du seul domaine technique. En particulier, la coexistence de différentes activités au sein des systèmes de production joue un rôle de régulation essentiel. La plupart des unités de production combinent, à des degrés divers, l'agriculture et l'élevage, qui concourent à la satisfaction des besoins alimentaires et monétaires. Une mauvaise campagne céréalière ne correspond pas forcément à une mauvaise année fourragère, et la complémentarité entre ces deux activités de production contribue à atténuer les risques de pénurie: consommation préférentielle de produits lactés durant l'hivernage et le début de saison sèche, commercialisation du bétail pour permettre l'achat de mil et d'autres biens de consommation, ou inversement vente d'éventuels surplus céréaliers pour rééquilibrer la structure ou accroître la taille des troupeaux (bovins et petits ruminants). La fonction d'épargne, de capital sur pied, qu'assument ceux-ci s'avère en effet décisive et recherchée par tous à des fins sécuritaires, même si le cheptel contrôlé par les différents groupes sociaux varie de fait dans des proportions très larges, rendant cette fonction plus ou moins bien assurée. La coexistence, au sein des unités familiales, de plusieurs activités de production, représente à l'évidence un facteur d'autonomie et de régulation de systèmes de production inscrits dans un environnement instable et soumis à des fluctuations climatiques fortes et imprévisibles. 6.4.1. Formes d'itinéraires de mobilité dans les années 1960 à 1970 Une première partie de cette période correspond aux années de sécheresses (1963 et 1964). La seconde partie est caractérisée par une pluviométrie satisfaisante, une faible démographie et une abondance des ressources surtout en pâturages. Ces différents facteurs donnent une stabilité relative du système pastoral où il se dégage deux pôles au cours des déplacements, un pôle de saison sèche représenté par les sites autour des mares dans la vallée du Mandoul, un autre pôle, représenté par les sites d'installation de saison des pluies dans les plaines exondées comme celles des villages de Moro, Narmbanga, Warray dans le Mandoul-Est. Notons que, pendant la saison des pluies, les groupes observent deux mouvements nettement opposés. Un premier mouvement qui se dirige vers le nord dans la zone pastorale et un second vers l'est en direction de Bessada et Djoli encore ouvert. Remarquons que les sites d'installation des éleveurs en saison sèche sont importants en nombre que ceux de la saison des pluies, ce qui dénote une abondance des ressources et une certaine stabilité du système. Les éleveurs ont développé ainsi, au cours de leur déplacement, diverses stratégies afin de résister aux conditions difficiles de leur milieu et de faire face au risque de perte de leur bétail. La figure 47 nous permet de comprendre l'installation d'un site. Figure 47 : Schéma de l'organisation d'un ferrick non loin du village Laboute au Mandoul-Est Source : ITRAD. 6.4.2. Forme de mobilité en année normale dans les années 1980 à 1990 La forme de mobilité des éleveurs dans les années 1980 est caractérisée d'abord par la grande sécheresse de 1985, ensuite, par la paupérisation des éleveurs reconvertis en agropasteurs avec une augmentation significative des surfaces cultivées au détriment des espaces à usage pastoral, et enfin, par une politique de l'Etat en faveur des cultures des contre saison dans les zones de haute productivité (réserves stratégiques de fourrages). La conséquence est marquée par une désorganisation du système pastoral. 6.4.3. Forme d'itinéraire actuelle La forme actuelle de la mobilité dans la zone est caractérisée par les points suivants: - la libération tardive des champs par les agriculteurs, ce qui retarde la mobilité des éleveurs qui vont du Mandoul-Est vers le Bahr Sara ; - le tarissement des mares ; - la demande accrue en points d'eau traditionnels comme site d'attache ; - la découverte des zones de replis en dehors des grands centres. Cette forme de mobilité est mise en oeuvre par la fraction de Peuls installés à Ngomana non loin de Koumra, dans un site d'attache des éleveurs en année de déficit de fourrage. Les différentes mobilités des éleveurs se font selon les périodes de l'année et selon les directions. Avec les premières pluies, les éleveurs déplacent le bétail du sud au nord de la région, aux alentours de la forêt classée de Djoli-Kera, jusqu'en fin de la saison des pluies. A la fin de la saison pluvieuse, ils redescendent vers le sud en empruntant les axes de transhumance: Goundi-Bessada-Ndila-Begoro-Dembo. Les zones situées plus au sud libèrent très tôt les champs. La stratégie de ce groupe est de se faufiler entre les espaces interstitiels des cultures et atteindre au bon moment ces lieux sans être devancé par d'autres transhumants. Du sud au nord, la libération des champs étant plus tardive dans la partie nord de la région à cause des cultures de sorgho, de niébé et des concombres, ils remontent lentement jusqu'au dernier champ libéré. C'est le retour au site d'attache habituel (puits traditionnel, mare, puits, etc.). 6.5.1. Les stratégies ex-ante : mobilité et dispersion des animaux Face au caractère erratique de la disponibilité des ressources fourragères et hydriques, la mobilité quotidienne et annuelle du troupeau est un gage de survie. Les pasteurs déplacent leurs troupeaux dans les grandes plaines, juste après les saisons des pluies pour profiter des ressources herbeuses nouvellement constituées. Puis au fur et à mesure de l'avancée de la saison sèche, ils se déplacent en direction de l'Ouest et des reliefs, dans des zones de pâturages de saison sèche. Ils pratiquent donc un système de transhumance entre pâturages de saison humide et de saison sèche. Certaines zones de pâtures sont réservées pour les temps les plus critiques, en période de sécheresse, et sont encadrées et contrôlées par des institutions traditionnelles, permettant ainsi d'assurer la survie d'une partie du cheptel. A l'échelle d'une famille nucléaire, le cheptel est souvent dispersé géographiquement afin de diminuer les risques de perte de l'ensemble en cas de maladie. Cette dispersion s'effectue au travers du fractionnement du cheptel si la famille est suffisamment nombreuse, ou de prêts d'animaux intégrés aux troupeaux des autres membres de la famille. La nature même des troupeaux permet de faire face à la variabilité du milieu et des types de ressources fourragères disponibles : les éleveurs mélangent les espèces, ce qui rend complémentaires les besoins alimentaires et les capacités de résistance inhérentes et d'adaptation à chaque animal. 6.5.2. Etude de cas d'un circuit d'adaptation à la transhumance actuelle Le système arabe repose essentiellement sur l'élevage bovin et se caractérise par la valorisation des mares, des puits villageois ou pastoraux ainsi que des résidus des récoltes. Selon le président de l'association de ces éleveurs que nous avons rencontré à Koumra, dans leur itinéraire de mobilité, les éleveurs gravitent autour des villes en décrivant des cercles concentriques de taille variable en fonction des saisons. En saison normale, ils ne sortent pas loin des grands centres. En année difficile, ils remontent au nord jusqu'à la Tandjilé et, au Sud, jusqu'au département du Bahr Sara à la recherche des meilleures conditions de vie du bétail. 6.5.3. Droits pastoraux, modes de vie et adaptation à la variabilité climatique Il existe cinq questions controversées auxquelles il convient de répondre dans le contexte de la variabilité climatique. 1. L'adaptation à ce phénomène est au coeur du concept de moyens d'existence durables. Dans un contexte où les ressources vont devenir de plus en plus variables sans que cela débouche nécessairement sur la ruine des pâturages, l'élevage mobile est le meilleur moyen de minimiser le risque. Pourtant, le pastoralisme doit encore être reconnu par les décideurs comme un système viable qui a le potentiel de soutenir les moyens d'existence et de contribuer à l'économie de la région à partir d'environnements qui seraient autrement inadaptés à d'autres systèmes d'utilisation des sols. 2. Les pasteurs, qui ont été accusés pendant des décennies d'être à l'origine de la dégradation de l'environnement, sont désormais reconnus comme de bons gardiens des environnements variables et les externalités environnementales positives qu'offrent des pâturages bien gérés sont désormais communément. 3. Beaucoup de régions habitées et exploitées par des pasteurs sont riches en ressources souterraines. L'expérience passée montre que les pasteurs ne tirent généralement pas parti de la richesse économique générée par l'exploitation de ce type de ressources ; en revanche, ils en assument le prix en termes de conflits et d'insécurité associés, comme en témoignent divers exemples en Afrique (par exemple, la guerre qui embrase le sud-Soudan). 4. Malgré les recherches qui démontrent la logique et l'efficacité du pastoralisme en termes de gestion des ressources dans les milieux hostiles et incertains, on n'est pas encore parvenu à provoquer les changements appropriés dans l'opinion des pouvoirs publics et les directives politiques. Pourtant le pastoralisme a beaucoup à offrir dans les débats actuels sur la meilleure façon de s'adapter au climat. 5. Dernière considération : on s'aperçoit que les droits des pasteurs et les capacités qu'ils ont d'offrir de précieux services de manière durable à partir de milieux incertains sont davantage reconnus alors même que les investissements publics dans les zones pastorales ne cessent de diminuer. La faible densité démographique, l'éloignement et la marginalité politique font des zones pastorales les premières cibles d'un désengagement de l'État aux termes des Programmes d'ajustement structurel et des coupes sombres des budgets publics. Les impacts des processus de décentralisation et de dévolution n'ont pas encore été propices aux communautés pastorales et le sentiment de désillusion et de ressentiment à l'encontre de l'État et des institutions régionales de ces communautés est un élément important qu'il ne faudrait pas sous-estimer et qui pourrait expliquer dans une certaine mesure la tendance à la radicalisation politique que l'on observe dans de nombreuses régions pastorales. 6.6. Adaptations ou contraintes Les contraintes de divers ordres (aléas climatiques, institutionnels, environnement local...) ont amené les éleveurs de la zone d'étude à modifier leur technique de production. Tout en maintenant un système d'organisation flexible, les éleveurs arabes Missériés dans leur mobilité visent différents types buts. Dans l'ensemble des villages ayant fait l'objet de l'étude, 10,71% ont signalé la présence permanente de ferrick dans le terroir à une distance variant entre 3 et 7 km. Dans 89,29 % des villages, c'est le phénomène de la transhumance de faible amplitude qui a été mentionné est illustratif par la figure 48. Figure 48 : Position des ferrick par rapport aux villages Dans ces situations, la plupart des éleveurs campent le long des cours d'eau en saison sèche (période de décrue) et dans les forêts et jachère de longue durée en saison des pluies avec la mise en place des cultures. Certains de ces éleveurs remontent vers le Salamat où le Chari-Baguirmi en empruntant l'espace au Nord du Mandoul ou en longeant le parc de Manda. La situation la plus fréquemment évoquée est le retour très prématuré de troupeaux d'élevage transhumants entraînant la destruction des récoltes. En absence de statistiques récentes concernant l'évolution du nombre de tête de bovins dans la région, nous utilisons les données contenues dans le rapport annuel de la Direction Nationale de l'Elevage (2004) pour donner une idée quantitative de ce que pourrait être ce phénomène. D'après ce rapport, le nombre de têtes de bovins est passé de 118 000 en 1990 à 498 022 en 2003, faisant de cette zone l'un des principaux pôles de développement de l'élevage bovin en zone soudanienne. Au plan des règles d'accès aux ressources naturelles de base, la situation est différente selon qu'il s'agisse d'un autochtone ou d'un allochtone. Pour les autochtones, la terre se transmet de père à fils en vertu du droit reconnu à la communauté sur cette terre. La règle en vigueur est donc l'héritage. Néanmoins, compte tenu du fait que la communauté ne reconnaît la propriété de tierce personne sur la terre que lorsque celle-ci l'a marqué d'impact, certaines familles n'ayant pas, par le passé, la capacité de défricher et mettre en culture des surfaces plus importantes sont aujourd'hui réduites à gérer et transmettre de petites surfaces à cause de la situation de saturation que connaissent certains villages actuellement. Dans ces conditions et contrairement aux pratiques d'usage dans cette région, certains autochtones commencent à louer les terres, surtout dans les zones rizicoles et les jachères de longue durée et cette stratégies est basées sur plusieurs buts. Pour les éleveurs, le bétail est de plus en plus sélectionné sur des critères de résistance et de forte productivité en milieu difficile. Face aux aléas climatiques, ils s'adaptent rationnellement au milieu par une extrême mobilité. Ainsi, ils peuvent aussi profiter au maximum de toutes les ressources sur un secteur très vaste en eau, pâturages, etc. La division du troupeau est une stratégie de défense qui consiste à séparer le troupeau en deux. Une première partie des bêtes formée des laitières et des petits ruminants vont avec le gros de la famille dans les régions agricoles pour profiter des marchés. Par contre, la seconde partie du troupeau reste dans les localités plus éloignées, mais aussi plus riches en pâturage. Les éleveurs pratiquent l'agropastoralisme d'opportunité ou ils investissent en ville dans l'immobilier et le transport. Ils boycottent parfois les marchés hebdomadaires, car ils se rendent compte que l'économie des villes de la région repose sur l'élevage. Par ces biais l'administration se voit obligée de négocier avec leurs interlocuteurs. Certains éleveurs se convertissent dans diverses activités génératrices de revenus (petite embauche pour les femmes et la profession d'intermédiaire de vente des animaux pour les jeunes garçons). 6.6.3. Renforcement de l'ancrage socio-foncier Bien que les éleveurs se trouvent dans une situation foncière précaire par rapport aux sédentaires (Feizoure, 1994), ils ont su garder leurs empreintes sur quelques sites à l'intérieur de la région. Ce sont en effet leurs sites d'attache qui leur permettent la mobilité en saison sèche. C'est pourquoi, pour la plupart de ces pasteurs, ils préfèrent la réhabilitation de leurs propres puits traditionnels que le forage des nouveaux puits cimentés à usage public car, l'entretien de la réciprocité à travers des alliances entre communautés demeure un problème conflictuel pour garantir la mobilité. Et les puits publics cimentés avec leur mode de gestion ne permettent pas la réciprocité, compte tenu de leur appropriation par les sédentaires : - le processus de sédentarisation est observé chez certains groupes autour des sites de Campement, de Bengoro, Bedaya, Bangoul et Nodjimala où une partie de la famille reste durant l'année alors que les jeunes continuent à faire la transhumance. - la plupart des éleveurs pratiquent aussi le développement des petites infrastructures, (cases en paillotes) base de résidence plus ou moins permanente observée à Ndila, à deux kilomètres au sud de Doro qui permettent des actions d'intérêts collectifs (banque céréalière, case de santé, bureau de vote...). C'est un processus de « villagisation ». 6.6.4. Alliances avec les autres communautés L'existence d'un réseau social étendu est, pour une famille, un filet de sécurité important face aux crises. En cas de perte de tout ou d'une partie du troupeau, ce sont les liens tissés avec l'ensemble de la communauté qui permettent sa rapide reconstitution. La famille peut ainsi solliciter, au sein de son réseau de relations, des prêts voire des dons d'animaux. Les échanges jouent également un rôle dans la reconstruction du troupeau lorsque ceux-ci concernent des animaux aux périodes de gestation élevée et prolificité faible comme les bovins, contre des animaux à la vitesse de reproduction plus élevée, comme les caprins et les ovins. Ainsi, développer son réseau social durant une période de prospérité en multipliant les dons et les prêts diminue à court terme le troupeau, mais constitue aussi une stratégie de prévention du risque de perdre ce même troupeau. En cas de crise affectant son troupeau, une famille mobilisera ce réseau social pour emprunter et échanger des animaux, afin d'augmenter la vitesse de reconstitution de ce capital. Le capital physique que constitue le troupeau et le capital social sont donc, au moins partiellement et dans le cas de chocs non généralisés, substituables. Chez les éleveurs en général et chez les éleveurs Bororo en particulier, le bétail circule énormément d'un troupeau à un autre à travers des systèmes complexes de prêts temporaires, de donation et de gardiennage. En faisant circuler son bétail, l'éleveur permet de tisser de nombreuses relations. C'est le cas de la figure 46 qui en démontre dans les localités de Koumra et ses environnants (Ngabolo, Kemkian, Kemkada, Kotkouli, etc.). Les associations, les ONG et la société civile, prennent en main les questions de développement en jouant un rôle d'intégration des nomades dans les prises de décisions locales. Dans ce sens, certains leaders des éleveurs participent fortement à l'organisation des Assemblées Générales et des Congrès pour exposer en public leurs problèmes. Figure 49 : Réseau social établi entre les éleveurs Cette analyse rapide de quelques tactiques pastorales montre une remarquable diversité de stratégies d'adaptations en réponse aux rigueurs et aux aléas climatiques ainsi qu'à l'accès aux ressources fourragères. On peut se demander si ces évolutions des pratiques ne conduisent pas à la «déspécialisation» de l'élevage pastoral et agro-pastoral. Cette tendance a pour avantage d'élargir la gamme des recours possibles en cas de crise, mais elle induit également une disparition partielle des complémentarités historiques existant entre les populations des zones pastorale et agricole. On peut vraisemblablement parler de déstructuration des liens communautaires. Dans la localité de Péni, les cultures fourragères et les terres nues ou dégradées s'alternent à perte de vue. De tous côtés, l'on ne voit que des troupeaux : chèvres, moutons, et vaches. Sous les rayons ardents du soleil, en cette fin de saison sèche, Ahmadou Moussa, la cinquantaine bien sonnée, coiffé du chapeau traditionnel, rouge, surveille ses chèvres. Non loin de là, ses deux frères, Alio et Sanda, dans un interminable va-et-vient, tirent l'eau du puits et la versent dans un récipient en fer enfoncé dans le sol. "C'est là que nos animaux viennent maintenant s'abreuver, lance Alio, âgé de 38 ans. Par le passé, cette zone regorgeait de points d'eau. Aujourd'hui, il en reste peu et ils s'assèchent vite." Son frère Sanda, la quarantaine, s'inquiète, lui, de la rareté du fourrage. "Il faut parcourir des kilomètres avec le troupeau. Ce n'est pas du tout facile à cause du nombre élevé de bêtes." Leur aîné évoque avec nostalgie un passé pas si éloigné, il y a une trentaine d'années, quand l'élevage se portait bien dans cette localité. "Aujourd'hui, dit-il, le temps a changé. Il n'y a plus d'herbe comme avant et moins de pluies. Ce qui fait que nous descendons dans les champs de culture juste après les récoltes." Ces déplacements créent parfois des heurts entre éleveurs et agriculteurs. "Avant, je ne croyais pas à ces histoires". Ignorant tout des mécanismes de variabilité climatique, ces pauvres éleveurs observent, impuissants, les transformations de leurs aires de pâturage. Ils disent toutefois en entendre de plus en plus parler lors de séances de sensibilisation, à la radio, et au cours des rencontres organisées par des ONG qui interviennent dans le secteur depuis 2001. "Au début, je ne croyais pas à ces histoires de climat. Mais il y a deux ans, je me suis rendu compte que de nouvelles maladies animales apparaissaient et que nos bétails mettaient bas prématurément", témoigne Abba Koura, 55 ans, éleveur dans la zone de Koldaga. Malgré leurs difficultés, tous s'accrochent à leurs troupeaux, leur seule richesse héritée de leurs grands-parents. Conduire les animaux au pâturage rythme le quotidien des communautés peulh et Missériés qui vivent dans cette partie de la région. Deux fois par jour, le matin et le soir, les pasteurs se retrouvent au bord des puits pour abreuver leurs animaux. L'élevage est pour eux une source de revenus et un mode de vie. "Depuis deux décennies; nous avons constaté que le cycle de sécheresse qui est de 10 ans au Tchad a connu une certaine évolution. Sur huit ans, désormais, il peut y avoir une à deux sécheresses", confirme Mahamadou Abbadi, de l'Association pour la redynamisation de l'élevage au Mandoul, qui s'est lancée dans l'encadrement des éleveurs sur la variabilité climatique. Il organise ainsi des formations sur la récolte et la conservation des foins, la préservation des espèces végétales et de l'environnement par la plantation d'arbres ou la construction de cordons herbeux. Dans la région du Mandoul, si les pratiques habituelles des pasteurs ne ménagent guère l'environnement à long terme, la politique de l'Etat dans le secteur de l'élevage n'a fait qu'exacerber leurs effets. Une fois que la protection sanitaire contre les grandes épizooties est assurée, l'administration s'est lancée dans le développement de l'élevage, à partir des années soixante dix. Il s'agissait d'un développement numérique plus que qualitatif, pour ravitailler des villes en essor rapide Cette pratique a reçu un bon accueil de la part des éleveurs, car elle correspondait à leur stratégie habituelle d'accumulation de bétail. La politique vétérinaire instaurée a fait augmenter de façon considérable l'effectif du bétail dans les années 1960-1970. Après les sécheresses des années 70, l'Etat et les éleveurs de la région se sont lancés dans une reconstitution des cheptels. C'est seulement dans les années 1980, qu'ils ont adopté une autre politique, du moins officiellement, d'ajustement des effectifs aux pâturages. Cette politique n'est pas dénuée de nationalisme, la sédentarisation revient toujours comme une constante dans les politiques élaborées à l'égard des pasteurs. La plupart des sédentarisations contraintes et dirigées ont échoué, après un délai plus ou moins long. Entre-temps, les pâturages de l'aire de sédentarisation sont fréquemment dévastés. Cette politique est conçue et imposée sans mesure d'accompagnement relative aux pâturages ou au bétail. Or, pour les éleveurs mobiles, le passage à une sédentarisation de longue durée n'est pas neutre. Il implique la modification d'au moins un paramètre de leur système d'élevage. Si la race bovine ancienne est maintenue, il convient de réduire les effectifs de cheptel. C'est le cas de figure souvent préconisé par les experts. Mais, pour les éleveurs, il équivaut à un appauvrissement pastoral, perspective très difficile à faire accepter. Si l'intégralité des effectifs est respectée, il faut changer la race bovine. Car l'adoption d'animaux moins exigeants en fourrages permet de réduire l'espace nécessaire à chaque troupeau et de garantir les revenus des éleveurs. Cette solution, rarement envisagée par les autorités, est pourtant celle qui convient le mieux aux éleveurs, après une phase initiale de réticence ... 6.7. L'échec des stratégies traditionnelles Tout au long de cette transformation, l'élevage a perdu de son importance, fragilisé par les différents chocs (sécheresses, vols, maladies, etc.). La sédentarisation et la concurrence d'accès aux ressources pastorales accentuent encore ce phénomène. La vulnérabilité des familles augmente donc aussi du fait des stratégies d'adaptation mises en oeuvre, car d'une part l'ensemble du cheptel, plus regroupé, est touché en cas d'aléas, et d'autre part la possibilité de déplacer le troupeau en cas de contexte climatique défavorable est réduite du fait de la sédentarisation de la famille. Les pertes sont alors plus lourdes en cas de crise, et une dynamique de cercle vicieux se met en place, articulant la faible résilience et les stratégies adoptées par les familles. Par exemple, lors des enquêtes il est rapporté que les cas de vols de bétails confiés à des membres de sa propre famille ou de son clan sont aujourd'hui plus nombreux qu'auparavant. Ce constat qui constitue un frein à ces pratiques est relaté ici par un ancien éleveur de la tribu Dakara. Selon lui, « Avant, pour les mariages, les gens donnaient plus d'animaux. Il était fréquent de donner cent chèvres et vingt vaches, mais aujourd'hui, même pour un bon mariage, vingt chèvres et cinq vaches, c'est le maximum. » Pour Mahamat Djâbir, ancien éleveur et cultivateur à Mainané dans le canton Ngalo, « en ce temps-là, il y avait beaucoup moins de vols car les gens avaient beaucoup d'animaux, ils n'avaient pas besoin de voler. [...] En ce temps-là, les gens avaient confiance entre eux. [...] Même pour ceux qui avaient perdu tous leurs animaux, ils pouvaient demander des animaux pour reconstruire leur troupeau, comme un crédit, et rembourser plus tard, aujourd'hui ça meurt... Aujourd'hui, tu ne peux pas avoir de crédit, même si ton père meurt, tu n'as pas d'assistance du tout, c'est toi et tes propres problèmes. [...] L'aide n'existe plus entre familles ». Les difficultés dans lesquelles se trouve l'ensemble de la population, de même que les stratégies mises en oeuvre provoquent donc le délitement du système social et d'entraide. L'élevage ne remplit plus son rôle de filet de sécurité pour les familles. La reconstitution des effectifs animaux après ces chocs climatiques par les stratégies traditionnelles s'est donc considérablement ralentie, et l'activité d'élevage ne permet plus de subvenir aux besoins de base de la famille. Avec l'accentuation de la fréquence des atteintes sur les troupeaux et l'incapacité à les reconstituer après les chocs, la perte du troupeau est ainsi souvent devenue irréversible. La diversification des activités, qui autrefois était une stratégie parmi d'autres pour reconstituer le cheptel, devient permanente et de nouvelles exploitations apparaissent, où l'élevage est quasiment absent, y compris pour son rôle d'épargne et de moyen de faire face aux aléas, (Lallau, 2007). 6.8. Analyse des échecs des stratégies mises en oeuvre Pourquoi tous les programmes et toutes les approches en matière se sont-ils avérés vains ? C'est une question à laquelle il faut répondre pour identifier les vraies causes de ces échecs et asseoir une politique d'adaptation basée sur une stratégie globale. Dans un premier temps, tous les efforts consentis dans cet espace ont été trop polarisés sur le pastoralisme, l'élevage du bétail en général subit les effets de la sécheresse dévastatrice et rend toute production aléatoire. Dans un deuxième temps, le secteur agro-pastoral allait être considéré comme un vecteur de développement devant servir de support économique à la vie des populations locales. Or les terres agricoles dans cet espace n'étaient pas excédentaires et pourtant de nouveaux agriculteurs attirés par la disponibilité des ressources en eau se sont installés. Les réserves en eau souterraines sont estimées à plus de 60 milliards de m3 et leur taux d'exploitation n'est que de 20. L'activité agricole s'est développée sans relation avec l'activité pastorale, et aucun investissement garantissant un développement durable n'a été réalisé. Pour les zootechniciens, l'avenir était à l'introduction de races ovines ou caprines prolifiques ou ayant des aptitudes particulières pour la production de viande, de lait, de laine. C'est ainsi qu'il y eut l'idée de l'introduction à la mode des chèvres Merinos...et pour les partisans des races locales, les avis étaient partagés sur les valeurs. C'est pourquoi « Il est normal que des hommes ayant une formation de base et de spécialités différentes expriment des points de vue différents concernant un problème donné mais un consensus technique et socio-économique doit être trouvé pour préserver et développer durablement cet espace stratégique » notait Benabdeli (1992). 6.8.1. Le changement brutal de système et de mode d'exploitation En l'espace de moins d'un demi siècle les modes d'exploitation de la végétation ont été totalement bouleversés tant par les décisions politiques que les approches techniques. Dans ce volet on distingue le système traditionnel et le système semi adapté, chacun avec ses avantages et ses inconvénients, et leur impact sur le couvert végétal. 6.8.2. Le système traditionnel et le maintien de l'équilibre entre parcours et cheptel Le système traditionnel d'élevage et de gestion des parcours, qui garantissait un équilibre biologique avec une surveillance de l'effectif du cheptel excluait tout surpâturage. Les facteurs environnementaux locaux (manque d'eau, distance à parcourir, absence de soins vétérinaires, manque de moyens de transport) participaient à réguler la taille des troupeaux selon les potentialités des espaces. La reproduction du cheptel restait traditionnelle et naturelle et demandait quelques années, laissant le temps aux parcours de se régénérer à la faveur de périodes humides, l'équilibre biologique était alors progressivement rétabli. L'élevage ovin était l'activité économique la mieux adaptée aux conditions biophysiques du milieu, et le cheptel ovin représentait seulement 20 % du cheptel national. Actuellement ce taux avoisine les 40 % et pèse de tout son poids sur cet espace. Une autre activité pratiquée par les éleveurs en adéquation avec les potentialités naturelles est l'agriculture. Elle était surtout pratiquée de façon localisée et périodique dans des phases de dépression. Il existait donc des conditions complémentaires entre les habitudes, les activités et le mode d'exploitation agropastorale et les éléments naturels du milieu, qui permettaient de préserver les écosystèmes locaux. La transhumance était une pratique courante basée sur le déplacement des troupeaux vers d'autres régions, selon les saisons, à la recherche de zones où l'herbe est présente. Cette pratique permettait à la végétation herbacée de se régénérer. 6.8.3. Le système semi adapté et la rupture de l'équilibre parcours/cheptel : Les possibilités offertes par les éléments économiques de la région allaient concourir à changer fondamentalement les données du problème pastoral et bouleverser l'équilibre précaire de la région. Plusieurs éléments nouveaux et complémentaires sont intervenus et ont provoqué la rupture de cet équilibre. Les principales causes sont : · L'adaptation des systèmes d'élevage ovin : le productivisme allait faire évoluer rapidement les méthodes et les équipements concernant les principaux facteurs de production que sont l'alimentation, l'habitat, l'abreuvement, les transports, les soins vétérinaires. L'apport d'alimentation, facteur d'amélioration déterminant, a été à l'origine de l'engraissement « in situ » se traduisant par la rupture de l'équilibre cheptel/pâturage à cause de la forte charge pastorale. Les aliments étaient acquis directement auprès des opérateurs publics car subventionnés. Il s'agit des céréales, son, fourrage sec, paille et des aliments composés complémentaires des fourrages secs. L'abreuvement du cheptel, qui était un autre facteur limitant le développement des troupeaux, accentué par le contexte climatique des parcours du bétail, a connu une issue positive par le forage de puits totalement équipés pour les villages nouvellement installés dans les koros. · Les activités de transport : les moyens de transport de l'eau furent renforcés par l'acquisition de moyens pour le transport du cheptel et des aliments. Remorques, camions, bétaillères facilitaient l'approvisionnement et permettaient des déplacements rapides du cheptel vers chaque zone de pacage repérée, et cela, pour les zones menacées de surpâturage, correspondait à une augmentation de la capacité de nuisance du cheptel. · Les progrès des soins vétérinaires : en matière de vêlage, ceux-ci ont eu comme impact direct un accroissement rapide des troupeaux. Tous les actes étaient supportés par l'Etat, comme les vaccinations réalisées dans le cadre de campagnes organisées pour l'application de programmes prophylactiques, qui assuraient une bonne maîtrise épidémiologique. Les produits vétérinaires étaient disponibles et cédés à des prix abordables. · La sédentarisation de plus en plus importante, découlant de l'implantation de villages et de zones de vie, dont la conséquence est une perturbation des coutumes des habitants de l'espace vulnérable. Les systèmes d'élevage ne sont plus fondés sur la mobilité saisonnière et spatiale : si auparavant l'animal allait vers l'aliment, aujourd'hui c'est l'aliment qui va vers l'animal. C'est une des principales causes de la sédentarisation avec toutes ses conséquences négatives sur les écosystèmes, comme le défrichement pour la culture de céréales, le surpâturage imposé par l'augmentation des effectifs, les incendies pour la régénération des jeunes pousses d'herbe, l'éradication des espèces ligneuses pour le chauffage et la cuisine. Les répercussions de cette constante augmentation du cheptel sont catastrophiques dans un premier temps sur la pérennité des parcours et dans un second temps sur l'équilibre de toute la région déjà menacée par le phénomène de la variabilité climatique. Il s'agit d'une réelle crise du pastoralisme, puisque pendant des siècles, les sociétés agro-pastorales étaient un exemple reconnu d'équilibre entre l'homme et le milieu naturel. Le principe de base de l'équilibre agro-pastoral est la mobilité. Les sociétés pastorales étaient nomades ou semi-nomades, pratiquant la transhumance. La règle était de ne jamais rester trop longtemps au même endroit. La pression sur le milieu était donc répartie dans le temps et dans l'espace, au rythme des saisons selon des règles précises et adoptées par tous les éleveurs. Ce système fonctionnait avec une organisation et de institutions tribales et un droit coutumier reconnu et respecté de tous. Malheureusement ces systèmes agro-pastoraux connaissent, depuis quelques décennies, des mutations profondes en raison d'une désorganisation de la société pastorale avec des erreurs de politique économique. Pour ce qui est du foncier, à l'origine, la terre appartenait à des collectivités qui vivaient en communautés et les exploitaient collégialement. De nos jours, les terres sont statutairement restées collectives, ou sont devenues propriété de l'Etat avec un droit de jouissance aux pasteurs. Or, la notion de communauté s'est considérablement amenuisée. Les liens tribaux et familiaux ne sont pas les mêmes. Le mode d'exploitation de la terre obéit à des règles de rentabilité, de spéculation, pour atteindre des objectifs individuels. Comme la terre appartient à tout le monde, elle est exploitée anarchiquement et il n'y a plus de lien entre l'exploitant et la terre. Finalement, personne ne veut investir dans la préservation de l'écosystème ni même accepter d'imposer la discipline qui exige une gestion rationnelle (Bedrani, 1995). La question foncière reste très complexe et ne peut trouver sa solution que dans une analyse politique, sociale et économique globale. Beaucoup de questions se posent comme : · Que faire des ayant droits qui n'ont pas de troupeaux ? · Ne risque-t-on pas de morceler à outrance les parcours et de rendre la transhumance impossible ? · Que faire du droit coutumier qui reconnaît plus ou moins le droit de propriété à celui qui exploite sans interruption une parcelle ? · Que faire des éleveurs urbains et périurbains actuels ? Les enjeux sont importants et des conflits déjà chroniques existent, l'ensemble des problèmes évoqués concourent ainsi à exercer de fortes pressions sur des milieux déjà fragiles. De l'analyse qui précède, il ressort que c'est l'élevage qui constitue l'élément déterminant dans l'économie et la dégradation de la région. Pour concilier la préservation des potentialités écologiques de la région et son exploitation par les pasteurs, le recours au développement durable peut être axé dans un premier temps sur l'introduction d'une espèce végétale, Ailanthus glandulosa. Cette espèce a un impact certain sur le processus de dégradation observé dont le facteur principal est le parcours, elle permet avec son action écologique d'améliorer la productivité au niveau de la strate herbacée et agit positivement sur la préservation de la végétation et du milieu en général. Actuellement, avec les possibilités rapides de déplacement des troupeaux par camions, tout l'espace est concerné par une surexploitation. Le cheptel surtout ovin a augmenté en l'espace de 10 ans de plus de deux cent mille et atteint actuellement un million, accentuant la pression sur cet espace déjà fragilisé (Boucheta, 2002). 6.9. Les limites de la résilience Il faut alors s'interroger sur la contribution de ces différentes stratégies à la résilience des éleveurs. Cette contribution s'avère en premier lieu très variable d'un ménage à l'autre, et l'on observe une grande diversité de trajectoires. En deuxième lieu, ces stratégies peuvent être analysées comme non durables sur le plan environnemental, causant d'importantes dégradations des ressources naturelles accessibles. Elles conduisent en dernier lieu, sur un plan plus conceptuel, à interroger le lien entre résilience individuelle et résilience collective. 6.10. Les limites environnementales des stratégies d'adaptation Les stratégies d'adaptation adoptées par les ménages induisent une modification du rapport au milieu naturel, liée au passage d'une vie nomade à une vie sédentaire, et donc de nouvelles contraintes dans la gestion intra-annuelle de l'espace. Ainsi, du fait de la sédentarité du troupeau et de sa concentration dans un espace plus réduit, la pression de pâturage augmente, ce qui, dans ces écosystèmes très fragiles, limite la régénération du couvert végétal et amplifie la tendance à la désertification. Cette tendance est évoquée dans de nombreux entretiens, en particulier avec les personnes assez âgées. De la même façon, le développement d'activités de diversification accroît la pression sur des ressources naturelles déjà rares et dégradées. On l'a vu pour le maraîchage qui induit une ponction importante sur la ressource en eau. 6.11. Stratégies d'adaptation dans la conduite des volailles Dans la région du Mandoul, les populations locales mènent des actions efficaces pour limiter les effets négatifs des excès de chaleur sur les volailles. Ces actions sont orientées principalement dans quatre directions : la conception et la réalisation des bâtiments d'élevage dans les fermes, le choix judicieux des souches à produire, l'adaptation de l'alimentation aux conditions des zones chaudes et les techniques d'élevage. - Depuis quelques décennies les bâtiments d'élevage sont bien conçus et réalisés pour aider à atténuer les conséquences de la chaleur sur les volailles. Les bâtiments largement ouverts facilitent la circulation de l'air en période de grande chaleur. - Le choix des souches est une bonne mesure, car les poulets à croissance lente supportent mieux la chaleur que les poulets à croissance rapide. C'est ainsi que la plupart des populations locales ont souhaité de choisir les volailles au cou-nu qui sont particulièrement résistants à la chaleur. - Concernant l'alimentation, il est bon de rappeler que l'ingestion, la digestion et l'utilisation métaboliques des aliments ont un effet thermogénique. Il a été démontré que l'un des moyens pour atténuer l'effet néfaste des températures élevées est l'alimentation calcique séparée (Moron, 1994). L'alimentation calcique séparée consiste à offrir à la poule un régime appauvri en calcium en plus d'une source de calcium sous forme de particules reconnaissables telles que des coquilles d'huîtres pilées ou des granulées, permettant ainsi à la poule d'ajuster elle-même sa consommation calcique en fonction de ses besoins. Les autres perspectives d'améliorations sont nombreuses et variées, nous pouvons citer l'alimentation libre choix avec une alimentation dite « séparée » qui consiste à recourir à des céréales qui sont servies aux volailles tôt les matins. Ces techniques d'élevage permettent de prévenir des mortalités par hyperthermie. En effet, une adaptation précoce des volailles à la chaleur les aide à mieux supporter la température ambiante. 6.12. Stratégies d'adaptation dans la conduite des porcs En effet, on peut envisager de concentrer l'aliment et/ou de réduire son extra-chaleur. Il a été testé chez le porc en croissance élevé au chaud : l'indice de consommation est amélioré, mais les effets sur la consommation d'énergie et la vitesse de croissance sont négligeables. Des techniques permettant de rafraîchir les animaux ou l'ambiance des bâtiments d'élevage utilisées par les éleveurs des localités de Bebopen et Bekamba ont permis d'atténuer les effets de la température. A Moïssala dans le département du Bahr Sara, certains éleveur nous confient qu'ils utilisent l'eau goutte à goutte sur la tête ou les épaules des animaux pour leur permettre de résister à la chaleur par la voie latente. 6.13. Sélection d'animaux adaptés au climat Selon les éleveurs de Koumra que nous avons rencontrés, cette approche consiste à produire des animaux dont les performances ne sont pas ou sont peu réduites par une température élevée. Il s'agit donc de modifier le seuil de sensibilité à la chaleur. Deux grands types d'adaptation peuvent être considérés à cet effet : l'adaptation non génétique ou acclimatation, et l'adaptation génétique. L'acclimatation représente la capacité de l'animal à ajuster son métabolisme ou son comportement au cours du temps pour mieux tolérer une température élevée. Ces ajustements font appel à des réponses coordonnées à différents niveaux d'organisation (structurale, organique, cellulaire et moléculaire) et provoquent des modifications de l'expression de certains gènes, d'activités enzymatiques, de taille d'organe, de dépôt de tissus ou de consommation d'énergie ; L'adaptation à la chaleur est un processus de type bi-phasique. Dans un premier temps, l'adaptation se caractérise par une stimulation rapide par le système nerveux autonome des effecteurs permettant d'augmenter la dissipation de la chaleur (glandes sudoripares, vaisseaux sous-cutanés...). Dans un second temps, la production de chaleur est réduite en augmentant l'efficacité du fonctionnement des organes et/ou en diminuant la prise alimentaire. La chaleur est l'un des principaux facteurs environnementaux affectant les performances de croissance et de reproduction du porc. Ses effets dépendent du stade physiologique de l'animal, de l'hygrométrie ambiante et, plus généralement, de la conduite d'élevage. En réponse à un stress thermique de longue durée, les porcs réagissent en diminuant ou déviant leur métabolisme énergétique et en augmentant les échanges de chaleur avec leur environnement. Pour atténuer les effets de la chaleur sur les performances des porcs, la solution la plus simple et la plus rapide qui a été adopté par les éleveurs est de modifier l'environnement thermique autour des animaux par la construction de leur habitat sous les grands arbres. D'autres solutions basées sur l'utilisation d'aliments à faible extra-chaleur peuvent également être appliquées. Cependant ces méthodes sont coûteuses et souvent mal adaptées aux conditions d'élevage de notre région d'étude, surtout lorsque l'on cherche à valoriser des matières premières locales, riches en fibres. Une alternative serait de pouvoir disposer d'animaux thermo-tolérants. Cette approche nécessite au préalable de comprendre les mécanismes physiologiques impliqués dans l'adaptation à la chaleur et la nature des antagonismes entre les caractères d'adaptation et de production. Cette première étape doit contribuer au choix des objectifs et des critères de sélection. Bien que peu de résultats soient disponibles concernant le porc, des indicateurs de la sensibilité à la chaleur, de la thermogenèse ou de la thermolyse pourraient être de bons critères à sélectionner pour l'obtention d'une lignée adaptée à la chaleur (Samba, 1991). Au niveau zootechnique, l'adoption de la stabulation (permanente ou saisonnière) pour les animaux de trait constitue le moteur de l'intensification. Elle va de pair avec : - l'intensification des systèmes fourragers : affouragement à l'auge, constitution de stocks de report à base de foin ou d'ensilage et introduction des cultures fourragères ; - l'amélioration du poids et de la qualité des carcasses des animaux, débouchant en fin de carrière sur une valorisation bouchère suffisante pour assurer la reproduction du système achat et remplacement. En dépit d'efforts importants, le modèle d'intégration d'une sole fourragère aux systèmes de culture en place n'a pratiquement été adopté nulle part par les paysans. Les raisons en sont multiples, et elles varient selon les situations considérées. Dans de nombreux cas, la maîtrise technique de la culture n'est pas suffisamment assurée. Les légumineuses, ainsi, posent des problèmes de tous ordres : pathologie, ravageurs, mais également récolte (perte des folioles) et labours. Retourner un Stylosanthes, par exemple, demande une force de traction qui dépasse fréquemment celle que peut fournir une paire de boeufs. Le matériel végétal disponible répond encore mal au cahier des charges. Les référentiels concernant l'amélioration de la fertilité des sols dans des successions incluant des plantes fourragères restent par ailleurs très partiels, et ne suffisent pas à valider le modèle proposé au niveau agronomique, surtout dans les conditions réelles de la pratique paysanne. Un certain nombre de soles fourragères ont aujourd'hui été testées en milieu paysan avec des résultats intéressants (Demangeot, 2005). Cependant, leur vulgarisation reste entravée par leur coût, car aux frais d'installation de la culture s'ajoutent ceux de la clôture, qui s'avère souvent indispensable. Au demeurant, l'insertion de soles fourragères introduit des bouleversements importants dans le fonctionnement des systèmes de culture et d'élevage, et soulève de difficiles problèmes. Dans toute la région du Mandoul, aucune mare artificielle n'est creusée ou aménagée pour l'alimentation du bétail. Les mares situées autour de la ville de Koumra sont les anciennes carrières de latérite utilisées dans les travaux de construction de la route Sarh-Moundou. Ces mares constituent aujourd'hui une source de ravitaillement du bétail en eau entre les mois de novembre à février. Les eaux des vallées du Mandoul ainsi que les marigots permettent l'abreuvage des bovins jusqu'à leur tarissement en mars ou avril. Elles sont remplacées par des puits creusés sur place. Partout dans la région, l'exhaure est manuelle et abreuver un troupeau de vingt boeufs nécessiterait un travail d'au moins deux heures de temps. Les eaux du Mandoul à la hauteur de Bedaya, constituent un autre réservoir. Elles sont profondes et pérennes, mais les troupeaux cessent de la fréquenter quand la qualité de l'eau se dégrade. Mais suite à l'élévation du niveau de la nappe consécutive aux saisons excédentaires, la qualité reste bonne jusqu'à la prochaine saison pluvieuse. Les éleveurs de Doro ayant la possibilité d'abreuver le bétail sous les deux ponts de Ndila renouvellent leurs puisards dans la vallée quand les pêcheurs commencent à y entrer avec leur filet. A Narmbanga et Bengoro, les puits sont creusés dans les lits des marigots, car sur les rives la nappe est profonde. A Mayo dans le canton Ngalo où la nappe superficielle est moins importante, deux puits sont creusés pour abreuver le bétail en saison sèche. Malgré de multiples points d'eaux, le problème de l'eau est loin d'être résolu. En cas de prolongement de la saison sèche au-delà du mois de mai, les puits n'arrivent pas à fournir une alimentation parfaite en eau. Ce qui oblige les éleveurs à se diriger plus au sud pour abreuver le bétail dans le fleuve Bahr Sara. Quant aux mares, elles n'ont reçu aucune opération d'entretien et les sédiments déposées dans leurs fonds par les eaux de ruissellement et l'érosion éolienne diminuent leur profondeur et entrainant ainsi leur assèchement précoce. Dans la plupart des localités de la région, la couverture herbacée s'assèche après sa maturité dès la fin de la saison pluvieuse. Cette couverture herbacée n'est pas à l'abri des termites et des feux de brousse, et parfois, elle est même emportée par le vent. Il se pose donc un grand problème de déficits fourragers. Pour surmonter cette situation les éleveurs utilisent leurs réserves et la mobilité pour s'y adapter. A cet effet, la période dite de soudure est traversée par l'alimentation du bétail à l'aide des résidus agricoles. Tout d'abord, ce sont les bêtes affaiblies, les veaux et les vaches qui allaitent qui commencent à bénéficier de cette réserve à partir du mois de janvier. Pour l'ensemble du troupeau, il faut attendre le mois de mars. Ce mode d'alimentation demande d'importantes quantités de fourrages. Pour ce faire, les agropasteurs disposant de vastes champs de millet, les mettent à la disposition de certains paysans en échange de fourrages. Mais les bergers propriétaires d'un grand nombre de bovins ne pouvant pas les nourrir sur étable, se mettent en transhumance dès que les pâturages locaux cessent de satisfaire les besoins en foins du bétail. Dans la région en général, la mise en réserve des foins était d'abord une affaire d'élevage des chevaux et des ovins-caprins. Mais depuis une dizaine d'années, les éleveurs des bovins ayant été encadrés par les ONG de la place conservent les foins au même titre que les résidus agricoles. A Bekamba dans la sous préfecture de Dembo, les résidus agricoles sont accumulés dans les champs et sont utilisés pour compléter le déficit dès que la qualité et la quantité de pâturage se dégradent à partir de janvier. L'épuisement total des réserves fourragères consécutif au prolongement de la saison sèche amène les éleveurs à migrer au cours duquel certains éleveurs préfèrent les feuilles d'arbre pour alimenter leur bétail. Ainsi, des branches d'arbres sont abattues tous les jours pour permettre aux animaux de traverser la période de soudure. Ce mode d'alimentation du bétail constitue un obstacle à l'environnement. Malgré les multiples tactiques adoptées par les éleveurs dans le cadre de leur adaptation aux variabilités climatiques, les retards prolongés des pluies se soldent toujours par la perte du bétail. Quelques éleveurs qui optent pour cette technique cultivent eux-mêmes le coton et convertissent leur bénéfice en aliment pour le bétail. Les différentes stratégies développées dans la région par les éleveurs se montrent efficace. Certains éleveurs optent aussi pour la réduction de la taille de leurs troupeaux pour mieux faire bénéficier les animaux restant de la réserve fourragère en cas d'une saison sèche prolongée. Le pastoralisme transhumant peut être défini comme une activité économique, liée entièrement à l'exploitation d'un troupeau, par l'utilisation extensive des ressources naturelles. Il s'agit d'un système de production dans lequel des hommes et des animaux vivent dans une relation « symbiotique », dans une exploitation libre de l'environnement (Tsayem, 2002). La stabilité du système repose sur le genre d'équilibre que les trois composantes arrivent à avoir: le groupe humain, le bétail, la qualité et l'accessibilité aux ressources naturelles. L'itinéraire d'un groupe d'éleveurs en transhumance, comme celui du lignage des Bororos de la région, montre clairement que cet équilibre n'est possible que sur une base temporaire et non permanente. Les différentes fuites vers la RCA et le Cameroun des éleveurs durant des périodes critiques de sécheresses, qui attestent des ruptures du système en témoignent. Nous pensons que le seul moyen de le rechercher ou le garder est celui d'un ajustement constant, presque d'une manipulation des différents éléments en vue d'un rapport optimal comme le préconise d'autres modèles sur le pastoralisme. Tout cela équivaut à dire qu'il n'existe pas de forme pure ou « absolue » de pastoralisme voué à une meilleure adaptation aux variabilités climatiques. L'adaptation qu'elle soit écologique, physique, économique, sociale ou politique est une nécessité inhérente à toute forme pastorale. De plus, l'analyse des ces résultats, nous donne une image d'une société essentiellement « imparfaite, instable », c'est-à-dire une société continuellement entrain, de se construire, de s'ajuster, de se donner une certaine représentation d'elle-même. Elle est toujours prête finalement à se remettre en question. Nous retiendrons que la vie de ces éleveurs est moins faite d'harmonie et d'équilibre que d'adaptations et des mutations. Une des premières adaptations aux changements pratiquées par les éleveurs est le mouvement ou la mobilité. La valeur du mouvement en tant que facteur écologique, c'est-à-dire comme adaptation à l'environnement et à la nature (aux ressources extrêmement éparpillée dans l'espace et dans le temps), facteur social (en tant que moyen privilégié pour la solution des conflits internes du groupe et des situations de tensions), le facteur politique (comme moyen choisi pour fuir devant les pressions administratives de toutes sortes) et économique (comme moyen pour profiter). Certains auteurs affirment que la mobilité place les éleveurs dans une situation de phénomène non unitaire, d'où aucune théorisation du phénomène pastoral nomade ne leur semble alors possible (Demangeot, 2005). L'analyse de ces résultats nous montre aussi la non existence d'une forme pastorale unique, caractéristique d'une meilleure adaptation, mais l'existence de plusieurs formes successives, sans qu'il y ait toujours un lien logique vers une évolution normale dans le passage d'une forme à l'autre. Le cas des éleveurs Missériés montre bien comment les cycles de transhumance sont devenus plus dépendants des cycles agricoles et des aléas climatiques, car dans la zone d'étude, une année sur trois est considérée comme normale. C'est le cas de l'occupation quasi systématique de leur premier site d'attache, le site de Laboute situé à 15 Km au nord-est de Koumra. Ce site, du fait des pratiques extensives des cultures hivernales, n'a subi aucun aménagement tenant compte de l'accès pour l'abreuvement des animaux pourtant prévu par les textes en vigueur (décret sur le régime de l'eau). Ainsi, aux déplacements réguliers et maîtrisés, se sont substitués les déplacements à risques. Pour se mouvoir, ils utilisent en permanence des stratégies d'évitement des conflits avec les autres acteurs. Ils disent autrefois (avant les années 1980), le campement restait tranquille au même endroit, il se déplaçait sur des courtes distances et puis campait à nouveau. « Aujourd'hui nous ne pouvons plus pratiquer la séparation des troupeaux, nous avons arrêté cela depuis la sécheresse de 1985 » s'exclamait le vieux Garba Assaladine. Pour sauver le bétail, l'éleveur est obligé d'être plus mobile surtout en saison des pluies pour profiter le premier des pousses d'herbes. La brousse est finie, c'est-à-dire l'endroit qui n'a jamais connu la hache ou la hilaire. Cette recherche effrénée du pâturage nous fatigue et fatigue les animaux, nos enfants et nos femmes. On ne peut pas recevoir les avantages publics (école, santé, vote, stock d'aliments...). En comparant les différents itinéraires de mobilité, on se rend compte qu'au cours de la période coloniale, il existait une certaine stabilité du système, avec des sites diversifiés de saisons sèche qu'on ne retrouve pas de nos jours à cause de la variabilité climatique et aux bouleversements sociaux. Le bouleversement du système commença dans les années 1980, suite à la grande sécheresse, à la pression démographique et aux variabilités climatiques aidant. Depuis cette époque ces éleveurs sont obligés de faire des grands mouvements pour valoriser les ressources de plus en plus rares et dispersées. Les différents mouvements les amènent jusqu'aux confins de la zone pastorale, aujourd'hui inaccessibles à cause des revendications des éleveurs arabes Dagras. Ces derniers pratiquent un système moins mobile. Ce qui les confine aujourd'hui dans un espace réduit à la limite nord et Est de la région. Profitant des quelques mares qui existent encore pour célébrer les fêtes périodiques, symbole de leur identité. Sitôt les mares taries, ils exploitent les interstices en zone agricole, jusqu'au premier champ libérés au Sud. A la fin de la pâture se prennent les décisions pour passer la dure et longue saison sèche. Ces décisions sont prises en fonction des capacités d'accueil des sites d'attaches à l'intérieur de la région ou dans les zones de replis situées au sud et à l'ouest de la région. Cela suppose une expérience en termes de ratio entre la charge animale et les ressources disponibles. Ces sites d'attaches et zones de replis sont des endroits qui reçoivent des quantités de pluie plus que la normale (cuvettes, zones d'épandage d'eau). Par conséquent leurs productivités sont élevées. Mais la principale contrainte de ces localités pour les éleveurs depuis la sécheresse de 1985, est la mise en culture en permanence (culture hivernale et pratique de contre saison), ce qui limite de facto leur accès. Les éleveurs arabes dagras accusent surtout les agriculteurs Sara et agro pasteurs peuls des défrichements des zones à haute productivité, mais aussi des vallées situées au delà de la limite nord des cultures. Ces accusations semblent fondées, car les peuls ne pratiquent pas l'agriculture comme principale activité. Les conflits avec les agriculteurs surviennent surtout au cours de la traversée des zones sud ou en début de la saison, période dite de soudure, en voulant quitter les zones de replis de fois par manque d'aménagements pastoraux (couloirs, gîtes d'étapes). L'enquête nous a aussi montré que les pressions de tout genre auxquelles ce groupe est confronté sont les conflits liés aux dégâts champêtres et les modes de règlements de ces derniers. Pendant leur mouvement au sud pour la vaine pâture, les rixes sont inévitables avec les paysans. Une analyse socio-anthropologique ne permet évidemment pas de prédire le futur, mais simplement de dégager un certains nombre d'éléments auxquels ce groupe réel doit dans le cours terme pour trouver une solution et pour maintenir son système de production. Ainsi, on est frappé selon les témoignages reçus par la progressive dissociation qui s'est opérée entre l'élevage et l'agriculture dans la zone par suite des effets de la variabilité climatique. Cette dissociation ne se situe pas seulement au niveau de la compétition dans l'accès ou dans l'utilisation de la terre, à cause de l'extension des terres agricoles sur les espaces pastoraux. D'une manière générale, elle concerne la véritable séparation entre les deux modes de production pour une adaptation aux variabilités climatiques. Ainsi, la libération tardive des champs trouve sa justification par le refus d'accueillir éleveurs dans les champs libérés pour la vaine pâture. Les zones de hautes productivités de fourrages (abords des mares et zones de puisards sont occupées en permanence par les cultures (hivernales et contre saison). Les investigations sur le terrain montrent que les relations entre les agriculteurs et les éleveurs, autrefois unis par un lien « symbolique » de complémentarité, ne se rencontrent plus que sur les marchés et leurs transactions autrefois pratiquées par la base de l'échange des produits respectifs, ne se font que par l'intermédiaire des commerçants professionnel et l'argent. La tendance actuelle de l'évolution de ces systèmes de production corrobore ce fait et c'est ce qui confirme les différentes hypothèses émises en introduction. L'évolution du climat des trois dernières décennies a placé l'élevage dans un état de très grande vulnérabilité, vis-à-vis des variabilités climatiques (baisse progressive de la nappe phréatique, tarissement des mares et disparition des espèces à haute valeur fourragère). Les crises écologiques jouent un rôle très important, mais en fait elles ont surtout le rôle de catalyseur, ne faisant qu'accélérer et précipiter un certain nombre de processus déjà mis en oeuvre d'une manière plus ou moins lente (Thiébaud, 1999). L'histoire montre aussi l'extrême fragilité de toute taxonomie rigide qui s'appuierait sur des catégories statiques et figées avec des modèles résidentiels et des concepts économiques de subsistance seulement. Ce groupe d'éleveurs disent se sentir menacer dans leur identité, celle des pasteurs. Il faut noter que les Missériés sont extrêmement mobiles pour la survie de leur bétail dans la nature, mais pourtant, ils ne le sont pas au sein de la société de manière globale. Ils veulent toujours rester eux même dans leur identité. Ce qui semble comme un pari difficile dans ce monde globalisant au risque de rester toujours marginaliser? Dans le contexte de la décentralisation, le Tchad est en train de clarifier sa législation foncière et celle des droits d'accès aux ressources. En 1993, il y a eu adoption du code rural qui traite de façon explicite de l'attribution des terres dans le cadre de la notion de « terroir d'attache » ainsi que l'identification et la délimitation des pistes et axes de transhumance. Ces textes apportent aussi une plus grande reconnaissance des institutions foncières coutumières et des pratiques locales d'utilisation des terres, ainsi que la contribution importante du secteur de l'élevage aux économies nationales et locales. Comme le foncier agricole repose sur le fond (la parcelle), le foncier pastoral repose sur les règles d'accès (Le Roy, 1996). La mobilité est clairement reconnue. La prise de décisions pour les mouvements saisonniers se fait de façon concertée; Est aussi comprise la nécessité pour les éleveurs de jouir d'une sécurité foncière au niveau de leurs sites d'attache, il y a par ailleurs, une reconnaissance partielle des principes d'accès de tierces parties. Néanmoins, le degré avec lequel les pasteurs et les agro-pasteurs sont informés des opportunités et des risques qu'offrent ces processus, est moins évident (Chidanne, 2012). Dans la région du Mandoul en général, les éleveurs ont une connaissance partielle des textes existants qui régissent le foncier. Le défi auquel font face actuellement les groupes pastoraux et agro-pastoraux, est de dialoguer avec l'Etat pour faire en sorte que les lois existantes ou proposées soient adaptées, transcrites en langue nationale et de s'assurer qu'ils jouent un rôle central dans ce processus. Pour ce faire, on n'insistera jamais assez sur la nécessité de disposer d'une société civile pastorale et agro-pastorale, solide, active et représentative. Il est essentiel que les pasteurs eux-mêmes aient le pouvoir légal de jouer un rôle déterminant dans l'identification et la mise en oeuvre des politiques. Cette reconnaissance faite par le monde pastoral permet en effet de légitimer les lois et de les rendre applicables. La question de savoir qui devrait se charger de la gestion des parcours pastoraux pour une meilleure adaptation a été la préoccupation des politiques d'aménagement. De tels travaux mettent en évidence que le foncier pastoral concerne un espace particulier qui peut être défini comme une « étendue socialisée » ou encore comme un espace fluide, « la fluidité définit la modalité des espaces à faible charge humaine : mouvants, instables, sans points fixes durablement ancrés dans la matière des lieux. Cela rend particulièrement difficile la saisie du « foncier ». Ces espaces fluides n'excluent cependant pas une cohérence des pratiques foncières ; au contraire, elles en résultent, ainsi qu'en témoigne l'analyse des relations que les hommes établissent avec l'étendue qui les environne et dont l'appropriation à la fois matérielle et mentale lui confère le statut d'espace » (Le Borgne, 1990). L'accès au pâturage libre en saison des pluies est conditionné par la disponibilité des mares temporaires et la quiétude dans la partie nord. La seconde consiste à reconnaître que c'est l'opportunité qui conduit l'activité pastorale, donc que toutes les solutions doivent s'inscrire dans un système ouvert, fluide et dynamique. Malgré les aléas climatiques observés au cours de dernières décennies, hormis les épisodes des années très critiques (Sécheresses et autres calamités naturelles), les Dagras n'ont jamais abandonné, ni leur identité pastorale, ni leur stratégie d'adaptation à travers la mobilité. La compréhension de la mobilité actuelle marque un espace saisonnier mouvant et variable suivant les alliances et la disponibilité des ressources dans les sites d'attache ou les zones de replis. Ce cycle de l'année pastorale tel que connu auparavant n'est plus respecté. Pour survivre les éleveurs sont obligés de se conformer au calendrier agricole. L'année pastorale s'accompagne d'échanges économiques, du renforcement des liens sociaux et d'échange d'information. L'information se révèle une base indispensable au maintien de leurs activités. Les stratégies caractéristiques sont une façon d'adaptation à un environnement en perpétuel changement. C'est aussi une prise de conscience de difficultés grandissantes, exacerbées par une absence de base géographiques clairement définie, qui affectent dans son ensemble leur système de vie et de production. Cependant, il faut que ces nomades transhumants cernent les bonnes stratégies de survies comme leviers de pérennité de leur système de production. Leur stratégie de ruse et de fuite au cours de l'histoire pour échapper à une catastrophe, ont empêché ceux-ci de s'intégrer dans le monde dit moderne. Cette stratégie a accentué leur marginalisation surtout dans un contexte de décentralisation pour pouvoir bénéficier des services publics. L'avenir de leur mobilité est lié au système de production et à leur mode de vie dans un contexte de démographie croissante et de rareté des ressources. Les principaux bas-fonds qu'ils considèrent comme leurs sites d'attache sont aujourd'hui occupés par des villages et les cultures en saison des pluies. Ainsi, on assiste lentement à un risque de confinement dans des terres marginales. A la lumière de ce qui précède, nous dirons que les systèmes pastoraux de la région du Mandoul connaissent de profondes transformations liées à la variabilité climatique, qui portent à la fois sur l'organisation sociale, sur l'économie et sur les pratiques. Ce qui se traduit par la confirmation des hypothèses émises plus haut dans l'introduction telles que : (i) Les années et décennies les plus récentes sont plus déficitaires au plan de la pluviométrie ; (ii) Les paramètres clés d'évolution du climat peuvent être corrélés avec production pastorale; (iii) Face à la variabilité climatique, les éleveurs renforcent les itinérances et adoptent des réponses plus individuelles que collectives. Comparé au reste des régions du pays, le pastoralisme de la région est marqué par la mobilité des troupeaux, des hommes et par la persistance de vastes territoires à usage collectif menacés par la variabilité climatique. A cet effet, ce phénomène poserait de sérieux problèmes à la région du Mandoul, qui dépend énormément de l'élevage de bovins si rien n'est fait dans ce sens. Car d'ores et déjà, les pasteurs de cette zone connaissent des restrictions dans leur mobilité et leurs choix par rapport à leurs moyens d'existence paraissent limités. Si des meilleures conditions d'adaptation ne sont pas adoptées, les éleveurs courent ainsi le risque de perdre la viabilité de leurs systèmes pastoraux.
Au terme de cette étude qui a pour thème vulnérabilité et adaptation des activités agropastorales à la variabilité climatique dans la région du Mandoul au Tchad, nous avons mis en évidence d'importantes fluctuations pluviométriques qui ont marquées toute la région de notre étude de la période allant de 1960 à 2009 et des techniques d'adaptation développées par les éleveurs et les agriculteurs. Toutes les stations étudiées et comparées ont connu un bilan déficitaire durant les décennies 1970 et 1980. Ces déficits ont été accompagnés par une diminution des jours de pluies. Les variations bioclimatiques déjà observées à l'échelle de la région (ou celles attendues en fonction des simulations numériques) ont des impacts écologiques complexes (particulièrement phénologiques), donc des conséquences agronomiques à plus ou moins court terme sur les activités agricoles, pastorales. Cette situation confirme la première hypothèse qui explique la fragilité intrinsèque de la région du Mandoul où l'ensemble de la zone ouest et Est sont entamés fortement par la variabilité climatique. Les changements de calendriers agricoles et d'itinéraires techniques ont aussi des retombées immédiates sur les rendements et les coûts du travail, qui peuvent impliquer des baisses de productivité. Les changements d'amplitudes thermiques diurnes conjugués aux tendances pluviothermiques interannuelles transforment la saisonnalité et la qualité des espaces herbacés, avec une durée potentielle d'occupation des zones plus longues par les systèmes d'élevage. Durant les vingt années avant la période de notre étude et les dix années après 1960, le bilan a été globalement excédentaire. Toutefois, à la fin de la décennie 1970 et au début de la décennie 1980, plus précisément entre 1977 et 1982, les totaux annuels des précipitations ont été excédentaires, mais compensés par les déficits qui ont marqué celle-ci. C'est ce qui confirme la deuxième hypothèse émise au départ. De ces cinquante années étalées sur notre étude, on note plus d'une dizaine d'années sèches qui ont joué sur le rendement agropastoral. Ceci tend à la confirmation des hypothèses trois et quatre selon lesquelles, les paramètres clés d'évolution du climat peuvent être corrélés avec la production agricole et pastorale. Le démarrage tardif des pluies pose aux éleveurs des problèmes d'eau et de pâturage. Le déclenchement de la saison des pluies par les pluies sporadiques cause les faux départs et les « mauvaises herbes » colonisent les champs durant cette phase, rendant difficiles les opérations champêtres. Pour surmonter les difficultés rencontrées en saison sèche, les éleveurs conservent les résidus agricoles et les foins pour palier au manque de pâturage et creusent des puits pour abreuver le bétail. Ils sont aussi en perpétuels déplacement. Les agriculteurs quant à eux construisent les diguettes et adoptent les labours et buttages attelés pour améliorer la capacité d'infiltration et de rétention de l'eau des sols. L'étude de vulnérabilité du Secteur de l'Agriculture et de l'élevage a révélé que ces secteurs sont sévèrement affectés par les incidences de variabilités climatiques. Les principales causes de cette affectation sont dues à l'action humaine, au niveau élevé de pauvreté des populations, au niveau de modernisation très faible de l'Agriculture et de l'élevage ainsi qu'à sa dépendance excessive de l'eau de pluie liée à la variabilité. Au travers de cet exercice, il est bien établi que les populations les plus vulnérables sont les pauvres et vivent pour la plupart en milieu rural. Ces populations survivent par l'utilisation des ressources naturelles. Ils sont pour la plupart, agriculteurs, pêcheurs et éleveurs. Toutes modifications du milieu du fait de la variabilité climatique et des événements climatiques extrêmes affectent leurs modes de subsistance et accentuent leur vulnérabilité.
Une des premières formes d'adaptation face à leur milieu, est l'exode notamment au niveau de la capitale où le problème de chômage se pose avec de plus en plus d'acuité. D'où il faut accroître leurs capacités d'adaptations par le renforcement des capacités, par la génération de revenus additionnels, l'amélioration de leur connaissance sur les ressources, l'aspect besoin d'information et de sensibilisation sur les variabilités climatiques se pose également. Les projections indiquent que la production du maïs, base de l'alimentation des populations de la région, connaîtra une baisse par rapport aux besoins de la population, à partir de 2030 jusqu'à 2100. La solution à ces problèmes de vulnérabilité des secteurs agricole et pastoral consisterait en partie à adopter des mesures d'adaptation dont le recours à des techniques d'irrigation et à des méthodes qui économisent l'eau. Dans la zone d'étude, les communautés rurales ont développé des capacités adaptatives dans divers domaines Les sécheresses, notamment celles des années 1968-1973 et 1984-1985 au Sahel ont obligé les populations de la région à améliorer leurs outils de gestion communautaire et à développer de nouvelles stratégies d'utilisation des ressources naturelles. Le pastoralisme et la mobilité ont constitué pendant des années une réaction stratégique des populations sahéliennes à la variabilité pluviométrique et à la rareté des pâturages. Ils ont permis une meilleure mise en valeur des parcours, des zones sans eau, facilitant l'ensemencement des zones pastorales sur des rayons très. Les nomades et transhumants ont, par cette mobilité, adapté leur production aux situations éco-climatiques difficiles et développé tout un système de gestion des ressources naturelles fondé sur le consensus et la solidarité pastorale. De même, la sédentarisation est la stratégie ultime adoptée par les pasteurs-transhumants pour faire face aux stresses climatiques, dont la sécheresse. Aussi, les pratiques telles que le développement des variétés plus tolérantes à la sécheresse, le raccourcissement du cycle végétatif, l'emploi des variétés précoces et le recours à la culture de décrue des bassins versants, le développement de l'agriculture irriguée par maîtrise de l'eau, le maraîchage, la culture sous serre, l'intensification agricole, constituent des stratégies d'adaptation du secteur agricole suite notamment au raccourcissement de la saison pluvieuse. Actuellement, les pratiques de gestion des systèmes agro-sylvo-pastoraux sont modifiés en fonction des réalités climatiques : l'association entre l'agriculture et l'élevage accroît la capacité de résilience des populations dans un contexte climatique défavorable, le bétail est choisi pour ses capacités de résistance, par exemple les chèvres sont préférées en raison de leur besoin plus réduit en alimentation. Les nouvelles politiques nationales de promotion des foyers améliorés et des énergies renouvelables, la butanisation et la gestion participative des ressources naturelles, sont également des formes d'adaptation qui se sont parallèlement développées aux pratiques traditionnelles de prélèvement de bois énergie, principale source d'énergie dans la région. De même, du fait de la diminution de la pluviométrie, de la modification des régimes des eaux de surface et de la baisse du niveau des nappes phréatiques, se sont développées, ces dernières années, de nouvelles pratiques locales de maîtrise et de stockage des eaux pluviales (grands canaris domestiques, bassins de stockage, digues de retenue, seuils de ralentissement des eaux de ruissellement de surface, puits traditionnels, forages, etc.). La diversification des secteurs économiques autres que la production agricole pour faire face à l'imprévisibilité des récoltes, est aussi une stratégie courante pour pallier les aléas climatiques : gestion du bétail, commerce, pêche, et migration temporaire sont légion. D'une manière générale, nous dirons que les différentes hypothèses qui ont été émises au départ sont vérifiées ainsi que l'hypothèse principale. Cependant, les pistes d'adaptation sont actuellement nombreuses, mal connues et encore peu prévisibles, alors qu'elles peuvent sûrement permettre de rendre moins vulnérable des espaces sensibles comme la région du Mandoul. Pour cela, une question plus large revient peut-être à mieux déterminer le rôle crucial que peut jouer chaque acteur entre les mauvaises pratiques agropastorales et la gestion rationnelle des ressources naturelles. Eu égard de tout ce qui précède, nous suggérons ce qui suit pour l'adaptation du système agropastoral à la variabilité climatique. Dans le domaine agricole : - des nouvelles pratiques agricoles et la réforme des calendriers agricoles traditionnels en tenant compte du régime des pluies et du dérèglement des saisons dus à la variabilité climatique ; - un choix de variétés cultivées (céréales et légumineuses) à cycle court et adaptées au sol et au climat par utilisation des semences sélectionnées ; - une optimisation de la relation sol-végétation-climat en développant des recherches multidisciplinaires et une meilleure connaissance de la relation entre le bilan hydrique du sol et l'évolution climatique ; - une amélioration du matériel génétique permettant d'atténuer l'impact des changements climatiques sur la production céréalière et mise au point des nouvelles espèces ; - des systèmes d'information complets permettant aux producteurs de connaître à l'avance les conditions climatiques afin de pouvoir réduire les risques liés à la variabilité climatique; - des systèmes de surveillance et d'alerte rapide; améliorer et développer l'enseignement et la formation et favoriser la prise de conscience au niveau du public ; - un renforcement des activités de préservation, notamment par les systèmes de banques de gènes in situ, afin d'éviter la perte imminente d'une part importante de l'ensemble des ressources génétiques ; - un recensement de la diversité génétique, au moins au niveau des espèces et si cela est possible, au niveau des gènes, en tenant compte des caractéristiques phénotypiques et génotypiques ; - la mise au point des nouvelles approches pour la conservation des écosystèmes, en tenant compte des nouvelles tendances en matière de gestion des écosystèmes, notamment l'intégration de la conservation et du développement rural ; - "l'intensification durable" c'est à dire utiliser des techniques respectueuses de l'environnement pour intensifier la production agricole à travers des crédits. Les mesures d'adaptation déjà pratiquées par les communautés paraissent toutefois très limitées pour une adaptation à moyen et long terme. Pour compléter ces pratiques les mesures d'adaptations complémentaires suivantes sont proposées : Ø Sensibilisation des décideurs et des bailleurs de fonds locaux ; Ø Education, formation et sensibilisation de masse en matière de la variabilité climatique; Ø Promotion du reboisement et aménagement des formations naturelles végétales ; Ø Maîtrise de l'eau et amélioration des techniques d'irrigation ; Ø Création des activités génératrices de revenus (surtout dans le domaine de transformation et commercialisation des produits) ; Ø Création ou sélection de variétés à cycle court et résistantes à la sécheresse ; Ø Restauration et conservation des sols (promotion de l'enfouissement de la biomasse sèche) ; Ø Pratique d'une agriculture durable et respectueuse de l'environnement, telle que l'Agroforesterie et Agriculture biologique ; Ø Lutte contre les feux de brousse ; Ø Renforcement des capacités des institutions productrices des données de base dans le domaine de la lutte contre la variabilité climatique; Ø Amélioration de l'alimentation animale et du système de gestion du fumier ; Ø Vulgarisation des espèces animales et végétales les mieux adaptées aux conditions climatiques ; Ø Collecte et extension de vitro-plants de fourrage local, non disponible commercialement en tant que source de matériel de plantation pour les périodes d'après sécheresse ; Ø Promotion de mesures législatives, réglementaires et institutionnelles ; Ø Mise en place d'équipement pour les observations climatiques ; Ø Mise en place des systèmes d'alerte précoce et de prévention des catastrophes ; Ø Création des banques céréalières ; Ø Renforcement de la protection des berges et la réhabilitation des mares ensablées ; Ø Renforcement de la production et diffusion des informations agro-météorologiques ; Ø Renforcement de la prévention des risques et des catastrophes liées aux inondations ; Ø Renforcement de la promotion des banques d'aliments pour bétail ; Ø Renforcement des boutiques de produits vétérinaires ; Ø Renforcement de la promotion du maraîchage et de l'élevage périurbains ; Ø Réhabilitation et la gestion rationnelles des couloirs de passage ; Ø Renforcement de la politique de suivi de la faune et de son habitat ; Ø Valorisation des ressources fauniques au profit des populations locales ; Ø Développement de la conservation in situ de la faune ; Ø Aménagement des pêcheries en incluant l'augmentation des niches écologiques ; Ø Lutte contre la pollution des eaux ; Ø Développement de la pisciculture. Dans le domaine de l'élevage, les données collectées sur les conflits opposant agriculteurs-éleveurs d'une part, et éleveurs-éleveurs d'autre part, dénotent bien une certaine recrudescence ces dernières années. Il est clair que la mise en place d'un cadre physique balisé contribuera à cette tranquillité dans la zone. Dans cette optique, nous pensons utile d'émettre aussi les suggestions suivantes pour une meilleure adaptation : - Améliorer les conditions d'utilisation des ressources en eau et des pâturages, tout en encourageant la restauration des terres dégradées et la régénération de pâturages ; - Développer des modes d'alimentation et des pratiques d'élevage adaptées aux conditions de production locales ; - Informer les éleveurs et mettre en place des dispositifs afin de prévenir le surpâturage et le déboisement (forêts ou aires protégées...) ; - Reconnaître et renforcer le rôle de l'élevage dans l'adaptation des populations à la variabilité climatique ; - Renforcer le pouvoir économique et politique des femmes (souvent marginalisées) en accompagnant notamment leur implication accrue dans les filières animales, tant au niveau de la production que de la commercialisation ; - Développer des systèmes de gouvernance multi-acteurs s'appuyant sur les collectivités locales et permettant de répartir la pression de pâturage, de faciliter l'accès à l'eau, de maîtriser le foncier pastoral, d'améliorer les infrastructures et de prévenir les conflits ; - Améliorer la production et la gestion des fumiers dans les exploitations en renforçant la complémentarité agriculture-élevage et la production de biogaz dans des bassins d'élevage ; - Développer des services de santé animale de proximité qui permettront aux éleveurs de faire face aux maladies émergentes, liées notamment à la redistribution géographique des insectes vecteurs (modification des biotopes), aux mouvements accrus de populations et de bétail et à la vulnérabilité plus forte du bétail (conflits sur l'accès aux ressources) ; - Associer plus étroitement les éleveurs et leurs organisations aux espaces de concertation nationaux afin de : reconnaître le pastoralisme, sécuriser la législation foncière et réguler les phénomènes d'accaparement du foncier ; - Protéger les ressources zoo-génétiques locales pour conserver une capacité génétique d'adaptation aux futurs évènements climatiques extrêmes ; - Recenser les savoirs et pratiques des éleveurs en matière d'adaptation à la variabilité climatique ; - Développer des systèmes d'alerte précoce capables de faire remonter les épisodes de crise alimentaire ou sanitaire en provenance des zones enclavées (en particulier pour l'élevage pastoral) ; - Appuyer en particulier les organisations d'éleveurs et les vétérinaires (publics et privés) dans la mise en place de services de proximité permettant d'améliorer l'état de santé des animaux tout en améliorant les capacités collectives de surveillance, de prévention et de lutte contre les maladies animales ; - Développer des partenariats entre les organisations d'éleveurs, les ONG de développement et la recherche afin de tester et diffuser des solutions techniques adaptées aux conditions paysannes dans une logique d'atténuation et d'adaptation ; - Concevoir et mettre en oeuvre des programmes de sensibilisation des éleveurs portant sur les interactions entre élevage et la variabilité climatique; - Délimiter des couloirs de passage et les aires de pâturage et ce afin de renforcer le maillage déjà existant, ceci dans le but de donner des possibilités multiples de déplacement des troupeaux tout en évitant les conflits ; - Poursuivre les campagnes de sensibilisations de la population par rapport à la bonne cohabitation agriculteurs - éleveurs gage d'un développement rural durable ; - Entamer l'aménagement de certaines aires en vue d'augmenter leur capacité fourragère. La population locale pourrait bien être impliquée dans ces opérations. D'autres activités comme le repeuplement d'espèces sylvicoles à revenu économique qui n'imposeront pas de limitation aux éleveurs pourront être envisagées. Si les mesures mises en place pour prévenir et atténuer l'antagonisme agriculteurs éleveur semblent plus ou moins avoir porté ses fruits, on peut aussi se demander si cette rivalité entre les différents groupes sociaux n'est pas en train de se déplacer. En effet, on constate que dans ces espaces pastoraux clairement délimités, certains chefs traditionnels utilisent les débats existant autour de l'héritage ancestral pour tenter d'expulser des groupes d'éleveurs résidants dans ces aires. Aussi, à moyen et long terme, les autorités devront contribuer aux débats sur la question de la gestion pastorale pour pérenniser les structures comme les comités de surveillance des couloirs et obtenir un service spécialisé qui pourra essentiellement gérer la cause agropastorale. Par ailleurs, un cadre législatif réglementant la gestion des ressources agropastorale et des conflits y afférent sera nécessaire. Car, Autant la prévention et la gestion des conflits sont complexes et difficiles, sans recettes, autant elles sont indispensables pour une gestion apaisée, et durable des ressources naturelles. En dépit de la coexistence des droits fonciers coutumier et positif et de la primauté du second sur le premier, on doit nécessairement valoriser les pratiques locales respectueuses des normes de valeurs sociales pour une adhésion effective des populations aux stratégies, c'est la condition essentielle pour une durabilité des actions de lutte contre la variabilité climatique. Cependant il y a lieu de le faire avec discernement et d'équité dans les pratiques coutumières. 1- Adamou M., 2007. Dynamique des limites entre les espaces agricoles et Agriculture-Elevage au Sine-Saloum (Sénégal) Maisons-Alfort, IEMVT, Études et Alfort, IEMVT-CIRAD. 2- AFSSA, 2005. 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Profession___________________________________________________
Age_________________________________________________________ Date ________________________________________________________ 1 : Quelles perceptions avez-vous sur la variabilité climatique?___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 2 : Comment se manifeste-t-elle et que faites-vous pour y faire face ? _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 3 : Quelle évolution du climat observe-t-on ces dernières décennies dans la région du Mandoul à travers la température et les précipitations?_______________________________ _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 4 : Comment explique t-on la variabilité spatiale et temporelle qui s'est manifestée plus ou moins fortement depuis quelques décennies? _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
5 : Que peut-on, prédire pour l'avenir et selon vous, quelles sont les mesures déjà prises pour éviter le pire dans la région du Mandoul en général ou dans votre localité en particulier ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 6: Quelles pratiques et stratégies d'adaptation adoptées vous face aux aléas climatiques ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 7: Les activités agropastorales sont souvent pointées du doigt comme étant responsables en grande partie de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et donc du réchauffement climatique. Si la contribution de l'agriculture et de l'élevage à ce phénomène demeure faible, comment leur potentiel d'atténuation peut-il être valorisé ? _____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 8 : Quelles sont vos observations quant à la variabilité du climat depuis vos débuts en agriculture ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
9 : Comment faites-vous pour pallier ces problèmes de variabilité climatique et quels sont les risques que vous identifiez dans la localité ? _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 10 : Quels impacts observez-vous sur les
activités
agropastorales ?____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 11 : Comment les éleveurs de la région du
Mandoul perçoivent-ils les variabilités
climatiques ?________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 12 : Comment les éleveurs tentent-ils de s'adapter à ces variabilités ? _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 13 : Les températures moyennes annuelles sont-elles aussi disponibles ? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 14 : Quels types de vents enregistrez-vous ici dans votre région ?_______________________________________________________________________ - Leur fréquence ?_______________________________________________________ - Leur vitesse ?_________________________________________________________ 15 : quels types d'extrêmes climatiques observés-vous dans la localités ?__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ______________________________________________________________________________ - Leur fréquence___________________________________________________________ 16- Quels sont les facteurs de dégradation des sols qui sévissent dans la zone ? - Erosions éoliennes ___________________________________________________ - Erosions hydriques __________________________________________________ - Surpâturage ________________________________________________________ - Feux de brousse _____________________________________________________ - Surexploitation_____________________________________________________ - Manque d'apport de MO ______________________________________________ - Manque d'apport d'engrais minéraux ____________________________________ - Déboisement _______________________________________________________ - Non suivi des itinéraires techniques______________________________________ - Autres à préciser ____________________________________________________ 17-Citez-nous, parmi ces facteurs, de dégradation des sols ; les plus importants ?________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 18- Face à ces facteurs de dégradation, constatez-vous une mutation au niveau du climat ? Oui ?_____________Non ?_______________________________________________________ -Si oui, lequel ?______________________________________________________________ 19- Citez quelques mesures d'adaptation en agriculture et en élevage : Agriculture_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________Elevage___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 20- Pourquoi adoptez-vous la mobilité comme stratégie d'adaptation____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 21- Comment faites-vous pour combler le déficit fourragère ?________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 22- Existe-t-il des points, plans ou sources d'eau dans votre localité? Oui ? Non ? Si oui, lesquels ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 23- Ces points, plans ou sources appartiennent-ils à la communauté ? Oui ? Non ? Si non, à qui appartiennent-ils? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 24- Comment se fait la gestion de ces points, plans ou sources ? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 25- Pensez-vous que la gestion qui est faite de la ressource est bonne ? Oui ? Non ?_________________________________________________________________ 26- Existe-t-il des structures qui vous aident dans la gestion ? Oui ? Non ? 27- Si oui, lesquelles ? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 28- Quels autres acteurs interviennent dans la gestion de la ressource dans votre localité ? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 29- Y-a-t il des problèmes de gestion entre les différentes composantes de la communauté en ce qui concerne la gestion de la ressource ? Oui ? Non ? 30- Si oui, lesquels ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix-Travail-Patrie ******** REPUBLIC OF CAMEROON Peace-Work- Fatherland ********* UNIVERSITE DE YAOUNDE I THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I ********** ********** FACULTE DES ARTS, LETTRES FACULTY OF ARTS, LETTERS ET SCIENCES HUMAINES AND SOCIAL SCIENCES *********** ********* DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE DEPARTMENT OF GEOGRAPHY ANNEXE II : Fiche d'enquête n° (Cadres de l'Etat, ONG, société civile) Région ______________________________________________________ Département _________________________________________________ Sous-préfecture _______________________________________________ Canton ______________________________________________________ Village ______________________________________________________ Nom de l'enquêté ______________________________________________
Profession___________________________________________________
Age_________________________________________________________ Date ________________________________________________________ 1- Comment les agriculteurs évaluent-ils localement les variabilités climatiques ? _______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 2- Sur quoi fondent-ils leur évaluation des variabilités climatiques? ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 3- Font-ils référence à des évolutions du climat continues ou un aléa climatique important et fréquent ?___________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 4- Parmi les changements de pratiques mises en oeuvre par les agriculteurs, quels sont ceux qui sont liés aux variabilités climatiques? ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 5- Quel est le poids de ces mutations liées au climat par rapport aux changements motivés par d'autres facteurs (économique, organisation du travail, etc.) ? ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 6-Comment les identifier et en effectuer un suivi?_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 7- Quels futurs changements de pratiques sont envisageables et envisagés par les agriculteurs et les éleveurs de votre localité ? ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 8- Comment les modéliser spatialement et avec quel degré de vraisemblance ? ______________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 9- Quels sont les événements identifiés à l'échelle annuelle sur les tendances observées ?______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 10- Quels impacts peuvent avoir les mutations du climat sur la dynamique écologique ?_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ANNEXE III : Données thermiques de la station de Koumra de 1960 à 2009
Source : DREM (*** Données non-disponibles) ANNEXE IV : Evolution des productions agricoles de la région du Mandoul de 1960 à 2009
Source : Direction de l'ONDR, 2010 Légende : *** : Données manquantes ; Sup : Superficie ; Prod : Production ; t : tonne ; ha : hectare. ANNEXE V : Données pluviométriques de la station de Sarh
Source : DREM ANNEXE VI : Données pluviométriques de Doba de 1960 à 2009
Source : DREM (*** Données non-disponibles) ANNEXE VII : Données thermiques de 1960 à 2009 de la station de Doba
Source : DREM (*** Données non-disponibles) ANNEXE VIII : Données pluviométriques de la station de N'Djamena de 1960 à 2009
Source : DREM (*** Données non-disponibles) ANNEXE IX : Données thermiques de 1960 à 2009 de la station de N'Djamena
Source : DREM (*** Données non-disponibles) ANNEXE X : Données pluviométriques de la station de Moundou de 1960 à 2009
Source : DREM (*** Données non-disponibles) ANNEXE: XI : Précipitations moyennes mensuelles et interannuelles de la station de Koumra de 1960 à 2009
ANNEXE XII : Indicateurs de recherche pour la collecte des données Enjeux locaux liés aux changements climatiques Les principales : conflits, recherche de pâturage, circuit de la mobilité (le pourquoi du choix), le parcours, organisation, calendrier, réseaux socio-économiques, contraintes écologiques. Les différentes fractions mobiles. Relations statutaires, hiérarchiques, clientèle, attache, préséance Organisation de la transhumance Revendications territoriales, terroirs d'attache d'origine. Relations avec les chefferies sédentaires, Stratégies (par rapport aux risques ; par rapports aux espèces animales et leur adaptation ; pertes) Circuits de mobilité Géo référencement des sites stratégiques de parcours des éleveurs : - Accès aux services publics (santé animale et humaine, école, justice, intrants zoo vétérinaires, etc.). Les changements récents, transformations adaptations, sédentarisation, confinement du groupe. - L'organisation et la coordination des pasteurs, reproduction du système, dynamique actuelle à observer. - Relations sociales et création des alliances inter et intragroupes. La régulation des conflits Conflits, instances et modes de régulation (agriculteurs/éleveurs, éleveurs/éleveurs, boycott, éleveurs/Etat, éleveurs/associations). - Vols de bétails - processus code rural, communalisation... Groupes stratégiques - Eleveurs transhumants (Dagras, Bororo, Missériés, peuls, ...) - Services techniques - Agriculteurs - Autorités administratives, coutumières, communales, et religieuses - Agro pasteurs, agro éleveurs, agriculteurs - Projets, ONG et associations - Personnes ressources (les anciens pour mémoire collective) ANNEXE XIII : Liste des personnes enquêtées - Préfet de Mandoul-Est - Préfet de Mandoul-oust - Préfet de Bahr Sara - Maire de la commune de Moïssala - Maire de la commune de Koumra - Maire de la commune de Bediondo - Chef de service élevage de Koumra - Chef de service élevage de Moïssala - Chef de service élevage Bekamba - Chef de service développement rural de Koumra - Chef de service hydraulique - Cinq membres du groupement des femmes de Bouna - Trois membres du groupement des femmes de Maïnané - Quatre membres du groupement des jardiniers de Koko - Cinq membres de l'Association « Les Courageux » de Narmbanga - 25 Chefs de villages - Le Groupe des jeunes de Bessada - Responsables des ONG (BAOBA, World Vision, Care-Tchad, Africare, RESAP, RAPS) - Les éleveurs - Les agriculteurs - Vingt deux commerçants - Cadres de l'Etat du : Ministère de l'Environnement et de l'Eau ; Ministère des ressources halieutiques ; Ministères des mines et énergie ; - Les pécheurs ANNEXE XIV : Lexique des mots en mbaye (une langue locale du sud du Tchad) Mosso: Petit commerçants revendeurs Baar: Saison pluvieuse Baal: Saison sèche Naa: Mois ou lunes Néel Bo: Tempête Ndi Baal: Pluies de la fin de la saison des pluies Ndi-dubyan: Pluies du début de la saison des pluies Ngor-ko: Jeunes plantes Naa-kidja-kho: Période des récoltes Ndi-gnoum : Fines pluies Blo Koss Mang : Cannelures des labours Khon bat : Cycler précoces Go ngal : Long cycle Mbawiya Arachide précoces Godji Sorgho rouge INDEX DES TERMES TECHNIQUES ET SCIENTIFIQUES (Les chiffres renvoient aux pages où les termes sont employés) A Adaptation : 2, 3, 6, 9, 10, 14, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 32, 36, 37, 38, 130, 131, 134, 149, 158, 170, 172, 174, 175, 179, 189, 197, 207, 216, 218, 219, 220, 221, 225, 229, 235, 236, 238, 240, 242, 243, 244, 245, 246, 250, 251, 255, 256, 258, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 268, 269, 272, 277, 278, 279, 285, 287, 288, 290, 293, 294, 295, 296, .299, 300, 302, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314. Elevage : 2, 8, 9, 25, 37, 38, 40, 42, 43, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88,128, 129, 131, 136, 147, 159, 175, 176, 179, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 192, 198, 200, 211, 216, 217, 230, 242, 252, 265, 266, 269, 272, 273, 277, 278, 280, 281, 285, 286, 287, 288, 289, 290, 291, 292, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 302, 303, 306, 307, 308, 312, 313, 314. Ferallitiques : 58 Aframomun melegueta : 61, 62. Aframomun : 191 Agricoles : 6, 7, 8, 9, 25, 37, 42, 62 66, 67, 69, 72, 85, 86, 128, 132, 133, 138, 139, 140, 141, 147, 148, 151, 153, 155, 160, 170, 173, 174, 175, 177, 184, 196, 201, 203, 205, 208, 220, 221, 234, 235, 236, 242, 245, 252, 255, 256, 258, 259, 260, 264, 268, 281, 289, 298, 300, 302, 307, 308, 310, 316, 317, 327, 349, 368. Aidia genipiflora : Aléas : 6, 7, 8, 18, 19, 21, 33, 37, 134, 135, 137, 154, 175, 229, 230, 234, 243, 245, 250, 256, 261, 273, 279, 281, 285, 287, 288, 300, 304, 338 Andropogon : 60, 61, 62, 63, 191, 242 Annona senegalensis : 62 Antiaris toxicaria : 64 B Berlinia grandiflora : 60, 61, 62, 63 Brakoss : 71 C Changement : 74, 79, 80, 81, 86, 90, 94, 95, 125, 126, 127, 128, 129, 131, 133, 134, 135, 136, 138, 140, 142, 143, 149, 150, 154, 158, 168, 169, 170, 171, 172, 174, 175, 176, 179, 183, 184, 186, 189, 191, 196, 200, 201, 206, 208, 209, 211, 213, 215, 216, 220, 225, 230, 231, 232, 233, 236, 240, 241, 242, 243, 246, 251, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 268, 269, 271, 272, 278, 285, 286, 289, 300, 302, 303, 305, 307, 308, 310, 311, 313, 314 Cissus producta : 63, 64 Climatique : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 33, 34, 36, 37, 40, 41, 42, 45, 46, 66, 67, 74, 81, 82, 89, 90, 92, 94, 95, 107, 111, 112, 115, 117, 120, 121, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129 ,130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 140, 141, 142, 143, 144, 145, 146, 147, 148, 151, 152, 153, 154, 158, 159, 161, 167, 168, 169, 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 179, 180, 183, 184, 185, 189, 191, 195, 196, 197, 199, 200, 201, 206, 208, 209, 211, 213, 215, 216, 218, 219, 220, 221, 225, 226, 227, 228, 229, 231, 245, 246, 250, 251, 252, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 268, 269, 270, 272, 273, 274, 278, 279, 281, 285, 286, 287, 288, 290, 291, 299, 300, 301, 302, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 310, 311, 312, 313, 314, 315 D Désertification : 3, 6, 21, 28, 43, 66, 136, 184, 201, 202, 206, 230, 293 Diagnostic : 14, 26, 27, 134, 135, 176, 191 Dialium guineense : 65 Dichapetalum heudelotii : 65 E Elaeis guineensis : 64 Eragrostis : 191 G Gardenia erubescens : 62 Gley: 50, 59 H Hibiscus esculentus : 71 Hibiscus sabdarifa : 71 Hydromorphes : 50, 54, 59 Hymenocardia acida: 62, 63 I Impacts: 2, 8, 11, 20, 21, 23, 24, 26, 27, 29, 37, 128, 130, 131, 133, 134, 136, 138, 139, 140, 146, 147, 153, 154, 160, 168, 169, 170, 171, 172, 173, 176, 183, 187, 188, 209, 215, 217, 227, 228, 235, 236, 242, 256, 265, 279, 307 Imperata cylindrica: 62, 63 M Mallotus oppositifolius: 65 Manihot ulilissima: 71 Maytenus senegalensis: 61 Mesures : 4, 6, 7, 15, 20, 21, 22, 37, 38, 42, 150, 174, 219, 225, 229, 251, 263, 264, 273, 309, 311, 312, 315 Migration : 2, 8, 10, 45, 69, 107, 139, 140, 195, 199, 216 Millettia zechiana: 64, 65 Mitracarpus scaber : 62 Morsitans submorsitans : 197 N Neuropeltis acuminata : 64, 65 O Oligocène-Miocène : 54 Olyra latifolia: 65 P Parinari curatellifolia : 62, 63 Pâturage : 2, 37, 66, 67, 74, 77, 85, 87, 88, 89, 143, 176, 177, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 190, 191, 192, 193, 194, 197, 198, 199, 200, 201, 205, 206, 216, 217, 226, 242, 266, 267, 268, 271, 272, 273, 274, 277, 278, 281, 285, 286, 287, 289, 290, 291, 293, 298, 301, 304, 308, 313, 314 Paullinia pinnata : 64, 65 Pennicetum thypoidum: 71 Piliostigma thonningii: 61, 62 Pleiocarpa mutica: 61, 65 Poaceae : 61, 62, 63, 65 Populations : 1, 2, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 43, 66, 67, 69, 85, 88, 89, 92, 94, 134, 136, 137, 139, 140, 148, 149, 154, 158, 160, 161, 164, 170, 179, 180, 200, 202, 203, 204, 205, 206, 207, 208, 215, 218, 219, 220, 224, 226, 227, 229, 230, 236, 238, 240, 241, 242, 243, 245, 246, 248, 249, 251, 255, 257, 258, 264, 265, 266, 285, 288, 293, 294, 307, 308, 312, 313, 315 R Rendements: 8, 38, 91, 128, 132, 134, 138, 140, 152, 153, 157, 158, 170, 171, 221, 229, 241, 256, 259, 261, 262, 307 S Saba senegalensis: 63, 64, 65 Scleria boivinii: 65 Secamone afzelii: 65 Sécheresse: 7, 8, 11, 17, 21, 22, 42, 43, 74, 87, 92, 95, 123, 130, 133, 134, 136, 138, 139, 140, 142, 143, 145, 146, 147, 148, 159, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 158, 159, 169, 170, 176, 178, 180, 183, 184, 188, 189, 191,194, 195, 196, 201, 202, 206, 208, 219, 220, 227, 230, 231, 240, 243, 246, 250, 252, 259, 261, 262, 265, 270, 273, 274, 275, 277, 286, 287, 288, 299, 301, 304, 311, 311 Sorghum caudatum: 71 Sorghum elegans: 71 Sorghum guineense: 71 Sorghum membranaceum: 71 Striga hermonica : 75 T Températures: 3, 5, 7, 8, 12, 15, 17, 73, 90, 91, 92, 93, 99, 100, 115, 117, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 131, 136, 139, 140, 142, 143, 154, 168, 170, 209, 211, 213, 220, 225, 227, 231, 232, 261, 294 Troupeaux: 82, 84, 85, 87, 88, 136, 177, 181, 183, 188, 195, 197, 200, 201, 268, 272, 273, 274, 277, 280, 285, 286, 288, 289, 290, 291, 292, 293, 297, 299, 300, 306, 314 V Vitex micrantha: 65 Vittelaria paradoxa : 61,62 Voandzeia subterranea: 71 Voandzou: 56 Vulnérabilité : 1, 2, 3, 6, 8, 9, 10, 14, 18, 19, 20, 21, 23, 25, 26, 29, 33, 34, 36, 37, 129, 130, 132, 134, 135, 137, 141, 142, 143, 144, 145, 193, 195, 200, 255, 257, 266, 287, 303, 307, 308, 313 W Welwitschii: 64 Whitfieldia colorata: 65 Z Zea mays: 71 INDEX DES AUTEURS ET DES NOMS GEOGRAPHIQUES (Les chiffres renvoient aux pages où les noms sont employés et à celles où les auteurs sont cités) A Andigué: 188 Andjikob: 50, Ardoin: 11, 261 B Bahoutou; 11 Bakam: 10, 157 Baoba: 29, 366 Batha: 68, 82 Bedaya: 29, 50, 53, 70, 71, 137, 138, 206, 238, 246, 248, 253, 254, 267, 282, 297 Bedjondo; 2, 201, 206, 229, 240 Begara: 27, 254, 267 Beina: 186 Bekamba: 10, 27, 29, 48, 70, 90, 121, 137, 153, 155, 201, 206, 246, 253, 267, 268, 295, 298, 366 Bekayo: 10 Bengaly: 54, 192 Bengoro: 50, 254, 267, 268, 282, 297 Bessada: 29, 155, 267, 274, 276, 366 Bessara: 60, 267 Bigot: 10, 128, 135, 169, 181 Boko: 10, 82, 189 Bokonon: 74, 261 Bouroche : 35 Bouyer : 54, 192, 259 Bricquet : 49 Brou : 10 C Cabot : 73, Cancun : 5, 6 Colin de Verdière : 107 D Dagras : 301, 302, 304 Day : 64, 75, 88, 128 Delclaux : 70 Dembo : 27, 60, 70, 137, 195, 227, 267, 268, 276, 298 Dhonneur : 125, 212 Dilngala : 29, 206 Diouf : 13 Doro: 29, 53, 86, 155, 248, 254, 267, 282, 297 Doukpolo : 93 Durban : 5, 6 F Figueres : 6 Fontaine : 10, 130, 170, 199 G Gauthier : 32 Gor: 67, 242 Goulayes: 67 Goundi: 27, 69, 155, 173, 196, 199, 206, 229, 239, 240, 246, 267, 276 H Houndénou; 10, 35, 90 J Janicot: 10, 68, 130, 209 Jansson: 14 Jouve: 95, 261 K Kaba: 29 Kanem: 42, 82 Kaninga: 72 Kembe: 185, 208, 209 Khou: 50, 60 Koko: 29, 71, 190, 254, 366 Kotkouli: 29, 283 Koumra: 1, 7, 10, 12, 13, 27, 34, 45, 48, 49, 54, 90, 91, 93, 99, 100, 110, 121, 122, 123, 125, 138, 156, 157, 196, 210, 211, 229, 246, 276, 277, 283, 295, 297, 300 Koutou: 60 L Laborde : 34, 35 Lallau : 210, 288 Lazarev : 7, 41, 179 Le Roy : 54, 303 Lienou : 11, 220 Lubès : 95 M Mahé : 1, 11, 12, 196 Maïnané : 52, 231, 251 Mandoul: 1, 2, 3, 6, 7, 9, 10, 11, 13, 14, 25, 36, 40, 41, 42, 44, 45, 47, 49, 50, 51, 53, 54, 59, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 76, 82, 84, 86, 88, 89, 90, 94, 95, 98, 99, 100, 107, 110, 120, 126, 127, 130, 132, 133, 134, 136, 137, 138, 143, 148, 151, 153, 159, 160, 163, 165, 168, 169, 170, 171, 172, 173, 176, 177, 180, 183, 185, 186, 188, 189, 193, 194, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 204, 205, 209, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 229, 230, 231, 238, 239, 240, 240, 241, 242, 243, 252, 255, 260, 261, 264, 265, 266, 268, 274, 275, 276, 280, 286, 293, 297, 304, 305, 306, 307, 309 Masson: 125 Mayo-kebbi: 81 Mayombe: 10 Mitchell: 19 Moissala: 229, 238 Motha: 10 Moutedje: 44 N Nadji: 11 Narmbanga: 50, 53, 71, 240, 254, 256, 258, 267, 274, 297 Nderguigui: 72, 206 Ndjendolé : 10 Ngamine: 73 O Ogouwale: 189 Ouaddaï : 68, 82 Oueddo : 10 Ousseini : 2, 260 P Pastorale : 6, 7, 25, 26, 87, 89, 128, 132, 176, 177, 179, 180, 181, 184, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 195, 199, 200, 205, 216, 218, 265, 268, 269, 270, 272, 274, 279, 285, 287, 289, 290, 291, 299, 300, 301, 304, 305, 307, 308, 315 Peni : 29, 247 Philippon : 10 Proadel : 29, 245, 246 R Resco: 123, 176 Rio de Janeiro: 3, 16, Rognon: 7, 199 S Samba-Kimbata: 10 Sangha Mbaéré : 10 Saporta : 35 Sara madjingaye : 67, 148 Sighomnous : 10 Siadmadji : 43 Soumarés : 13 Sow : 184, 197 T Takawa : 50 Tsalefac : 8, 10, 11 TABLE DES MATIERES LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES XII 4. CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL 12 4.1. VARIABILITE CLIMATIQUE 13 6. HYPOTHÈSES DE RECHERCHES 22 7.2 CHOIX DES MÉTHODES ET DES TESTS STATISTIQUES 25 7.3 METHODE D' ETUDE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE 26 7.4 UNE DEMARCHE IMRAD COMBINEE AVEC LE MODELE PRESSION-ETAT-IMPACT-REPONSE (PEIR)............................................................................27 7.5 DEFINITION DE L'AIRE DE L'ETUDE........................................................28 7.6 REFERENCES THEORIQUES...................................................................28 7.6.1 COLLECTE DES DONNEES DE TERRAIN................................................30 7.6.2 DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE TERRAIN.................................... 30 7.7 COLLECTE DES DONNEES QUANTITATIVES.......................................... .33 7.8. ECHANTILLONNAGE...........................................................................34 7.9. TRAITEMENT DES DONNEES.................................................................35 7.11. ORGANISATION DE LA RÉDACTION 36 7.12. DOMAINES D'APPLICATION POTENTIELS DES RÉSULTATS DE LA THÈSE 37 7.13. LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES 38 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET ANALYSE DES VARIABILITES CLIMATIQUES DE LA REGION DU MANDOUL 41 CHAPITRE I : CONTEXTE GEOGRAPHIQUE DE LA REGION DU MANDOUL 42 INTRODUCTION..................................................................... .................42 1.1. BREF APERÇU SUR LE TCHAD 42 1.2. ETUDE DIAGNOSTIQUE DE LA RÉGION DU MANDOUL 45 1.2.1. Un climat soudanien contrasté 46 1.2.2. Un gradient morpho-topographique presque homogène 50 1.2.3.. Un réseau hydrographique dense 51 1.2.4. Le cours d'eau Mandoul 54 1.2.5. Un contexte géologique constitué principalement des roches cristallophylliennes 55 1.2.6. Caractérisation floristique et faunique de la région 60 1.2.7. Facteurs de dégradation du couvert végétal 66 1.2.7.1. Les feux de brousse 66 1.2.7.2. La pression sur les ressources végétales, faunistiques et édaphiques 68 1.2.7.3. Un cadre humain fortement marqué par le poids de l'histoire 68 1.2.7.4. Les mauvaises pratiques agro-pastorales 71 1.2.8. Contexte d'une agriculture itinérante 71 1.2.10.. Maraîchage et arboriculture fruitière 72 1.3.. Les contraintes naturelles de productions. 75 1.3.1.. Contraintes de l'agriculture liées aux changements climatiques. 75 1.3.2..SYNTHÈSE DES UNITÉS D'OCCUPATION DES SOLS 77 1.3.3. Changements intervenus au sein de la savane arborée entre 1960 et 2009. 80 1.3.4. Changements intervenus au sein de la savane arbustive 80 1.3.5. Changements intervenus au sein de la savane herbeuse entre 1960 et 2009 81 1.3.6. Changements intervenus au sein des cordons ripicoles entre 1960 et 2009 81 1.3.7. Changements intervenus au sein des zones de cultures entre 1960 et 2009 81 1.3.8. Changements intervenus au sein des surfaces dénudées entre 1960 et 2009 82 1..4. CONTRAINTES DE L'ÉLEVAGE LIÉES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES 82 1.4.1. L'élevage chez les sédentaires 83 1.4.2. Elevage et culture attelée chez les agropasteurs 84 1. 4.3. Elevage chez les transhumants et nomades 86 1. 4.4. Un couloir de transhumance et une zone d'élevage par excellence 87 1. 4.5. La grande transhumance 88 1 4.6. La transhumance moyenne 88 CHAPITRE II : VARIABILITE CLIMATIQUE DE LA REGION DU MANDOUL ENTRE JANVIER 1960 ET DECEMBRE 2009 90 2.1. UNE CRISE CLIMATIQUE AUX CONSÉQUENCES MULTIFORMES 90 2.1.1. VARIATION MENSUELLE DES VALEURS THERMIQUES 90 2.1.4. VARIATION MENSUELLE DES VALEURS PLUVIOMÉTRIQUES 95 2.2.. Démarrage de la saison des pluies 96 2.2.1. Démarrage de la saison des pluies et mise en place de la mousson 97 2.2.2.. Le mode récurrent de variabilité 98 2.2.3. Modélisation de la pluviométrie 98 2.2.5.. VARIATION PLUVIOMÉTRIQUE INTERANNUELLE 101 2.2.6. VALEURS PLUVIOMÉTRIQUES MOYENNES ANNUELLES ENTRE 1960 ET 2009 REPARTIE EN DÉCENNIE. 101 2.2.7. LES ANNÉES EXCÉDENTAIRES OU HUMIDES 113 2.2.8. LES ANNÉES SÈCHES OU DÉFICITAIRES 115 2.3.. LES PÉRIODES CLIMATIQUES 119 2.4. LES CHRONIQUES CLIMATIQUES ÉTUDIÉES SUR LA PÉRIODE 1960-2009 121 2.5. ANNÉES EXTRÊMES EN FONCTION DES PRÉCIPITATIONS ET TEMPÉRATURES MOYENNES 123 2.6. UNE ÉVOLUTION PLUVIOTHERMIQUE SIGNIFICATIVE APRÈS 1988 123 2.7. VARIATIONS CLIMATIQUES INTERANNUELLES DES ÉCARTS À LA MOYENNE (1960-2009) 124 2.9. LES CONSÉQUENCES POSSIBLES SUR LES PRINCIPALES ACTIVITÉS SOCIO-ÉCONOMIQUES 126 2.10. AGROSYSTÈME ET PRATIQUES AGRICOLES 127 CONCLUSION....................................................................................... 129 VULNERABILITE DE LA PRODUCTION AGROPASTORALE 132 CHAPITRE III : VULNERABILITE ET IMPACTS DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE SUR LE SYSTÈME AGRICOLE 133 3.1 CONTRAINTE DE LA VARIABILITE CLIMATIQUE....................................133 3.2. IDENTIFICATION DES RISQUES CLIMATIQUES 136 3.2.3. LES TEMPÉRATURES EXTRÊMES 139 3.2.4. LE DÉCALAGE DES SAISONS 139 3.2.5. LA MAUVAISE RÉPARTITION DES PLUIES 139 3.3. VULNÉRABILITÉ DE L'AGRICULTURE À LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE 141 3.3.1. LES RESSOURCES LIÉES AUX ÉCOSYSTÈMES 141 3.2.2. LES RESSOURCES ET ÉCOSYSTÈMES VULNÉRABLES 141 3.4. LES GROUPES VULNÉRABLES ET LES CAUSES DE LEUR VULNÉRABILITÉ 142 3.4.1. ESTIMATION DE LA VULNÉRABILITÉ 143 3.4.2 Mode de calcul des indicateurs d'exposition 144 3.4.3. Mode de calcul de l'indicateur d'impact 145 3.5. MÉTHODES TRADITIONNELLES D'ÉLABORATION DU CALENDRIER AGRICOLE 148 3.5.2. LA SAISON AGRICOLE BAAR 149 3.6. SÉCHERESSES AGRICOLES 150 3.6.1. CINQ JOURS SANS PLUIES À PARTIR DE JUIN : CAS DE KOUMRA 2001-2004 152 3.6.2. IMPACT DE LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE SUR LA PRODUCTION AGRICOLE 153 3.6.3. Tendances observées des principaux paramètres climatiques 153 3.6.4. IMPACT DE LA VARIABILITÉ DES PRÉCIPITATIONS SAISONNIÈRES SUR LES CULTURES 154 3.6.5. Effets des sécheresses intra saisonnières 155 3.6.6. Colonisation des champs par les mauvaises herbes 156 3.6.7. Variabilité des précipitations et rendement des cultures 157 3.7. LES RISQUES CLIMATIQUES OBSERVÉS PAR LES POPULATIONS LOCALES 158 3.7.1. IMPACTS SUR LA PRODUCTION AGRICOLE 159 3.7.2. Impacts des fluctuations pluviométriques sur la production céréalière 159 3.7.3. Evolution de la production des cultures 160 3.7. Impact sur la production de l'arachide 160 3.7.1. Impacts de la variabilité climatique sur les cultures maraîchères 160 3.7.2. Impacts de la variabilité climatique sur la disponibilité de l'eau en culture maraichère 160 3.7.3. Impacts de l'accroissement des températures sur les cultures maraîchères 161 3.8. Impacts de la variabilité climatique sur la production de l'arachide 166 3.8.1 Impact de la variabilité climatique sur le cycle maraîcher.............................. 168 3.8.2 Impact de la variabilité climatique sur la culture maraîchère..............................169 3.8.3 Impact de la température sur la culture maraîchère....................................... 170 3.9 Phénomène de précipitations.....................................................................170 3.10. Projection de l'augmentation de la température et des précipitations 172 3.11. L'évolution de la variabilité climatique et ses conséquences 172 3.12. Evaluation des impacts de changements climatiques sur l'Agriculture 171 INTRODUCTION.....................................................................................176 4.1. DÉFICITS PLUVIOMÉTRIQUES ET ACTIVITÉS PASTORALES 176 4.1.2. LES RESSOURCES FRAGMENTAIRES 180 4.1.3. LES MOYENS D'EXISTENCE MOBILE 180 4.1.4. LES DROITS NÉGOCIÉS 181 4.2. LES DIFFÉRENTS TYPES D'ÉLEVAGE 182 4.2.1. IMPACTS DES VARIABILITÉS CLIMATIQUES SUR L'ÉLEVAGE DES BOVINS 183 4.2.3. L'élevage sédentaire 184 4.2.5. Modification de l'environnement par le parcours du bétail 186 4.2.6. Rôle et objectifs du pastoralisme 187 4.3. Influence du climat sur la dynamique des aires pastorales. 188 4.3.1. Influence des activités anthropiques sur la dynamique des aires pastorales 190 4.3.2. Les réactions végétales à la pâture 190 4.3.3. Les changements climatiques et la capacité de charge 191 4.3.4. Des races bovines plus ou moins dégradantes 192 4.3.5.. Effets bénéfiques du bétail sur les pâturages 193 4.4. Crise et vulnérabilité 193 4.5.1. RECHERCHE DE PÂTURE ET RISQUE GLOSSINAIRES 197 4.5.2.. L'ATTACHEMENT À LA RACE BOVINE 198 4.6. AUGMENTATION DE LA MORTALITÉ DES ANIMAUX 199 4.7. CONCURRENCE ENTRE LES ÉLEVEURS 199 4.7.1.. CONFLITS ENTRE ÉLEVEURS ET AGRICULTEURS 200 4.7.2. LA MANIFESTATION DES CONFLITS 200 4.7.3.. CAUSES DES CONFLITS ENTRE AGRICULTEURS ET ÉLEVEURS 201 4.7.4. La multiplicité des droits sur les ressources naturelles 202 4.7.5. La crise de confiance entre les acteurs 202 4.7.6.. La valeur de plus en plus croissante des ressources naturelles 202 4.7.7. TYPOLOGIE DES CONFLITS 203 4.7.8. LES MODES DE RÈGLEMENT DES CONFLITS 205 4.7.9. Modes de gestion traditionnelle des conflits 207 4.7.10. L'État et la gestion des conflits 208 4.8. REDISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MALADIES TRANSMISES PAR LES VECTEURS 208 4.9. LES IMPACTS DE LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE SUR LA PRODUCTION LAITIÈRE 209 4.10. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA PRODUCTION PORCINE 211 4.10.1. EFFETS DE LA CHALEUR SUR LES PERFORMANCES DES PORCS 211 4.10.2. Effets de la chaleur sur la truie en lactation 212 4.10.3. Effets de la chaleur sur la truie en gestation 212 4.11. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LA PRODUCTION AVICOLE 213 4.11.1. AUGMENTATION DE LA FRÉQUENCE CARDIAQUE 213 4.11.2. AUGMENTATION DU RYTHME RESPIRATOIRE 214 4.11.3. ACTIVITÉS PHYSIQUES DES VOLAILLES ET EFFETS DE LA CHALEUR 214 4.11.4. CONSÉQUENCES DE LA CHALEUR SUR LES PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES DES VOLAILLES 215 4.12. IMPACT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES PRODUCTIONS HALIEUTIQUES 215 ADAPTATION DES POPULATIONS DU MANDOUL A LA VARIABILITE CLIMATIQUE 219 5.1.1. RÉSULTAT DES RÉPONDANTS 221 5.1.2. LES PERCEPTIONS SUR LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE 225 5.1.3. LA VARIABILITÉ DU CLIMAT OBSERVÉE DEPUIS DES DÉCENNIES EN AGRICULTURE 226 5.1.4. LES CONTRAINTES À L'ADOPTION DES STRATÉGIES NÉCESSAIRES 232 5.1.5. LES STRATÉGIES D'ADAPTATION 234 5.1.6. Développement des cultures en terrasses 236 5.1.7. Utilisation de variétés précoces 236 5.1.8. Utilisation du fumier et d'ordures ménagères pour le compostage 237 5.1.9. Billonnage ouvert et/ou cloisonné et le buttage 238 5.1.10. Colonisation des bas fonds 239 5.1.11. Utilisation de paquets technologiques de jachères vertes 239 5.1.12. Changements d'habitudes alimentaires 239 5.1.13. Envahissement des aires protégées 240 5.1.14. Pratique de l'agroforesterie 240 5.1.15. Déplacement involontaire des populations pour la recherche des terres et des pâturages 241 5.1.16. Renforcement des activités génératrices de revenus 241 5.1.17. Abandon de certaines cultures plus exigeantes 241 5.1.18. Les semis hâtifs, les types d'association et les défrichements 242 5.1.19. Les manifestations spirituelles 242 5.1.20. Les tradithérapeutes 242 5.2. Les adaptations du type collectif 244 5.4. Modification de la date de semis 245 5.5. LES TECHNIQUES CULTURALES D'ADAPTATION MISES EN PLACE PAR LES ONG 245 5.6. Lutte contre les « faux départs » 2 45 5.7. Techniques de rétention de l'eau 246 5.9. La technique des épis de berge 248 5.10. La stabilisation de Koris par des seuils en gabions 248 5.11. Les diguettes et les cordons pierreux 2 48 5.14. LA PRATIQUE DE L'AGROBIOLOGIE POUR UNE ADAPTATION 249 5.15. La nutrition des plantes 250 5.16. Lutte contre les parasites 251 5.17. STRATÉGIES DÉVELOPPÉES PAR L'ETAT 251 5.18. ANALYSE DES RÉSULTATS 252 6.1. COMMENT LES ÉLEVEURS TENTENT-ILS DE S'ADAPTER À CES CHANGEMENTS ? 266 6.1.1. LA CAPACITÉ À ENDURER LES MULTIPLES CHOCS 266 6.1.2. SYSTÈMES D'ABREUVAGE 266 6.1.3. SOLUTIONS AU MANQUE DE PÂTURAGE 268 6.2. COMPRENDRE LE RISQUE SANITAIRE POUR MIEUX LUTTER CONTRE LES MALADIES ANIMALES 269 6.3. DESCRIPTION DE L'ANNÉE PASTORALE 269 6.3.1. PREMIÈRE SAISON : DÉBUT MAI AU MI JUILLET 270 6.3.2. DEUXIÈME SAISON : DE FIN JUILLET À MI SEPTEMBRE 270 6.3.3. TROISIÈME SAISON : FIN SEPTEMBRE À FIN NOVEMBRE 271 6.3.4. QUATRIÈME SAISON : DÉCEMBRE À AVRIL 271 6.4.1. FORMES D'ITINÉRAIRES DE MOBILITÉ DANS LES ANNÉES 1960 À 1970 274 6.4.2. FORME DE MOBILITÉ EN ANNÉE NORMALE DANS LES ANNÉES 1980 À 1990 275 6.4.3. FORME D'ITINÉRAIRE ACTUELLE 276 6.5. LE CIRCUIT DE MOBILITÉ 276 6.5.1. LES STRATÉGIES EX-ANTE : MOBILITÉ ET DISPERSION DES ANIMAUX 276 6.5.2. ETUDE DE CAS D'UN CIRCUIT D'ADAPTATION À LA TRANSHUMANCE ACTUELLE 277 6.5.3. DROITS PASTORAUX, MODES DE VIE ET ADAPTATION À LA VARIABILITÉ CLIMATIQUE 278 6.6. ADAPTATIONS OU CONTRAINTES 279 6.6.3. RENFORCEMENT DE L'ANCRAGE SOCIO-FONCIER 281 6.6.4. ALLIANCES AVEC LES AUTRES COMMUNAUTÉS 282 6.6.5. POLITIQUE DE L'ETAT 284 6.7. L'ÉCHEC DES STRATÉGIES TRADITIONNELLES 286 6.8. ANALYSE DES ÉCHECS DES STRATÉGIES MISES EN oeUVRE 287 6.8.1. LE CHANGEMENT BRUTAL DE SYSTÈME ET DE MODE D'EXPLOITATION 288 6.8.2. LE SYSTÈME TRADITIONNEL ET LE MAINTIEN DE L'ÉQUILIBRE ENTRE PARCOURS ET CHEPTEL 288 6.8.3. LE SYSTÈME SEMI ADAPTÉ ET LA RUPTURE DE L'ÉQUILIBRE PARCOURS/CHEPTEL : 289 6.9. LES LIMITES DE LA RÉSILIENCE 292 6.10. LES LIMITES ENVIRONNEMENTALES DES STRATÉGIES D'ADAPTATION 292 6.11. STRATÉGIES D'ADAPTATION DANS LA CONDUITE DES VOLAILLES 292 6.12. STRATÉGIES D'ADAPTATION DANS LA CONDUITE DES PORCS 293 6.13. SÉLECTION D'ANIMAUX ADAPTÉS AU CLIMAT 294 6.15. ANALYSE DES RÉSULTATS 296
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