Gestion des déchets au regard de la législation haà¯tienne: enjeux et perspectives (cas d'étude pratique de la ville de Hinche)par Jean Junior Duverny Université d'État d'Haïti - Licence Sciences Juridiques 2021 |
CHAPITRE ICADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL Ce chapitre est consacré au cadre théorique et conceptuel. Le renforcement de l'usage concurrentiel des déchets nous amène à étudier les processus d'approvisionnement des filières de valorisation et d'élimination sous l'angle de la circulation des flux de déchets au sein d'un système de gestion des déchets. L'objectif du présent chapitre de recherche est de concevoir un cadre théorique autour du concept de mécanisme de répartition des déchets qui désigne le processus de distribution des flux de déchets entre les filières d'élimination et de valorisation des déchets qui sont situées à l'intérieur ou l'extérieur d'un système de gestion des déchets. Ce cadre théorique s'articule autour de la conception d'un cadre conceptuel de description du mécanisme de répartition des déchets dans lequel s'insère un modèle théorique d'explication et de prédiction. Tous deux reposent sur le concept multidisciplinaire de « black box ». La définition un cadre théorique mènera, ensuite, à la conception d'un cadre d'analyse dédié à l'étude empirique du mécanisme de répartition des déchets offrant une nouvelle perspective de recherche pour l'analyse des systèmes de gestion des déchets.de l'étude. Il s'agit de présenter dans un premier temps, les différentes théories liées à la gestion des déchets, et le second est consacré au cadre conceptuel. 17 SECTION ILE CADRE CONCEPTUEL Tout chercheur doit élucider les concepts clés et même connexes faisant objet de son étude. C'est pour cette raison que nous dégageons la définition des quelques concepts ayant trait à notre sujet de recherche, pour permettre à nos lecteurs de bien saisir la terminologie de notre travail. La définition des concepts est une construction abstraite qui vise à rendre compte du réel. A cet effet, elle ne retient pas tous les aspects ou la réalité concernée, mais singulièrement ce qui exprime l'ensemble l'essentiel du point de vue du chercheur14. 1.1-La production des déchets La production des déchets représentait un outil pour les historiens et les anthropologues plutôt qu'une nuisance au temps de la préhistoire (passé, alimentation, faune, social, artistiques). Avec le développement de la population et l'urbanisation, les déchets deviennent une nuisance puis une source de pollution. Avec le temps et les civilisations, les pays développés passent du lancer individuel des déchets dans les rues jusqu'au tri collectif des matières recyclables, tandis que dans les pays d'économie en émergence, on est encore au stade de l'insouciance collective. La tendance actuelle de la gestion des ordures repose sur la question de ressources. La nature elle-même participe au recyclage des éléments15. 14 Selon M. Grawitz un concept peut être attendu comme une représentation mentale et abstraite qu'on se fait d'une réalité 15 Ibid 18 1.2- Réduction à la source La réduction des matières est une diminution de la quantité de matières ou d'énergie ou de résidus générés lors de la fabrication, de la distribution et de l'utilisation d'un produit. Il serait utopique de croire que l'on peut intégralement se passer des produits qui sont appelés à devenir des déchets. La réduction à la source apparaît alors comme une nécessaire combinaison de diverses actions à différents niveaux. Ces actions intègrent notamment : le développement de l'éco-conception qui doit être pratiquée par les industriels producteurs ; la modification des actes d'achat qui concerne chaque citoyen consommateur mais aussi la distribution et les grands donneurs d'ordres (collectivités, administrations, ...) par la préférence accordée, aux produits respectueux de l'environnement (écoproduits) ; aux biens durables et réparables et aux produits d'occasion ; à la location plutôt qu'à l'achat pour les équipements à faible taux d'utilisation ; aux produits contenant moins de substances toxiques (piles par exemple). La montée en puissance de la réduction des déchets repose fondamentalement sur la prise de conscience par chacun de la nécessité de modifier ses actes d'achat et de consommation. Les résultats seront globalement proportionnels au niveau de remise en cause de nos modes de vie sachant qu'aujourd'hui l'évolution de ces modes se traduit par une augmentation régulière des déchets16. 1.3-Récupération Activité de collecte, de transport ou de traitement de matières résiduelles aux fins de leur recyclage ou de leur valorisation. 16 Joneson Lacour (2016). Politique nationale des déchets solides en Haïti, bibliothèque nationale; page 121. 19 1.4-Réemploi / Réutilisation Le réemploi (nouveau utilisateur d'une matière résiduelle d'une autre personne) consiste en la réutilisation d'un objet sans qu'on ne modifie ni sa forme, ni sa fonction. Ces objets réutilisés sont d'une part détournés des lieux d'élimination et d'autre part, leur réutilisation permet de réduire la consommation de ressources et d'énergie associée à la fabrication d'objets similaires à partir de matières premières17. Le réemploi favorise la réduction des quantités de résidus éliminés et n'engendre pas ou peu de coûts de traitement ou de transformation tandis que la réutilisation introduit une matière résiduelle dans un autre cycle de production que celui dont elle est issue. 1.5- Recyclage Le recyclage d'un objet consiste à le soumettre à des procédés de traitement et de transformation visant à réintroduire cette matière dans un circuit de fabrication. Ce qui permet en conséquence de réduire le taux d'usage de matières premières et de ressources énergétiques, tout en réduisant aussi la quantité de rejets et d'émissions polluantes ainsi que celle des résidus à gérer18. 1.6- Valorisation La valorisation est la transformation chimique des matières résiduelles. Elle concerne les déchets organiques (pour les déchets ménagers, il s'agit des déchets de cuisine, déchets verts). Son objectif est de produire un amendement organique utile pour entretenir la qualité des sols et lutter 17 Joneson Lacour (2016). Politique nationale des déchets solides en Haïti, bibliothèque nationale; page 122. 18 Didier HOUNNOUGBO (2015). Gestion des déchets solides ménagers, kpomassè, Université d'Abomey Calavi , page 23. 20 contre l'appauvrissement de certains sols fortement dégradés. A l'issue de la collecte sélective, la valorisation organique se réalise par compostage ou méthanisation19. La méthanisation, basée sur la fermentation des déchets en digesteur et en absence d'oxygène (milieu anaérobie), est un procédé émergent qui nécessite un gisement minimum et une bonne maîtrise technique. Le biogaz, produit de la méthanisation, doit être valorisé énergétiquement. Les produits sortant du digesteur, les digestes, subissent ensuite un compostage. La valorisation énergétique traditionnelle est la transformation par pyrolyse ou par gazéification qui produit des gaz combustibles, des huiles pyrolytiques et des charbons. Ils sont faisables lorsque la vapeur énergétique des résidus est élevée. En dernier lieu, il y a la récupération de l'énergie pour fournir un travail par combustion complète. 1.7-Le compostage Le compostage est un processus biologique qui permet, en présence d'oxygène, de décomposer la matière organique par l'action de micro-organismes. Le produit résultant est le compost : une substance qui sert d'apport nutritif aux plantes20. 1.8- Elimination De façon ultime, seuls les résidus pour lesquels il n'existe aucune avenue possible de mis en valeur (réduction à la source, récupération, recyclage ou valorisation) devraient être éliminés. Les pratiques usuelles de gestion par élimination restent les LES (lieux d'enfouissement sanitaire) et l'incinération tout en assurant la sécurité des activités d'élimination, pour les personnes comme pour l'environnement21. 19 Joneson Lacour (2016). Politique nationale des déchets solides en Haïti, bibliothèque nationale; page 125 20 Samantha Brangeon (2015). La gestion des déchets des acteurs de l'aide, Etude de cas : Haïti; 123 pages. 21 Beaud (1985).La gestion des déchets, France, édit la découverte, pages 43. 21 |
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