Chapitre II : Reconnaissances géologiques et
géotechniques
affleurements rocheux, les talus rocheux en déblais de
routes et de chemins d'accès, les espaces érodés, les
surfaces des sillons, etc.
Une description générale des principales
caractéristiques de chacune de ces unités lithologiques est
présentée ci-après.
Unité lithologique UL1 : Flysch
Deux principaux types de flysch sont distingués en
surface du site. Les flyschs massyliens (figure 3.8) représentés
par des quartzites et des pélites grises, décomprimées,
d'âge crétacé (Néocomien), surmonté par une
mince couverture limono-sableuse d'âge quaternaire. Les flyschs
maurétaniens correspondent à une alternance de bancs de
grès d'épaisseur décimétrique et d'argile
très friable.
Unité lithologique UL2 : Schiste très
fracturé
Cette unité correspond aux matériaux de schistes
satinés très altérés de couleur
brun-grisâtre, avec des fractures obliques à sub-verticales
remplies de quartzite et montrant des traces d'oxydation. Elle présente
une faible consistance. Selon les forages exécutés, cette
formation peut s'étendre jusqu'à une profondeur de 35 m.
Unités lithologiques UL3 et UL4 :
Argilite
Ces unités correspondent aux matériaux qui
constituent le substratum du tunnel. Il s'agit d'une argilite
altérée, friable, dégradable et très
fracturée dans sa partie supérieure jusqu'a 50 m de profondeur
environ (RQD < 20%), et devient, par la suite, moyennement fracturée
(RQD moyen : 60 %), saine et de consistance rocheuse.
Pour essayer de structurer ce savoir et de fournir des outils
d'aide à la conception, certains auteurs ont très tôt
proposé des synthèses sous forme de classifications. Ces
méthodes, rapides d'emploi et donc économiques, reposent sur
différents paramètres morphologiques et géotechniques.
C'est donc le choix de ces paramètres et la façon de les
utiliser pour le dimensionnement de l'ouvrage qui va faire la différence
d'une méthode à l'autre. Nous exposons uniquement les
méthodes empiriques les plus utilisées actuellement.
Synthèse des paramètres
géotechniques
Au stade des études préliminaires, les ouvrages
souterrains sont fréquemment dimensionnés à partir de
classifications des massifs rocheux. En effet, l'art de construction
des tunnels est demeuré jusqu'à ces soixante dernières
années une science essentiellement
46
Chapitre II : Reconnaissances géologiques et
géotechniques
empirique dont les spécialistes se constituaient un
savoir-faire au travers des expériences passées.
Classification des massifs rocheux du tunnel
étudié
Quatre principales méthodes furent utilisées
pour la classification géomécanique des unités
lithologiques UL-1 à UL-4 définies précédemment. Il
s'agit de celles basées sur les indices RQD, RMR, Q et GSI. Les
détails et les résultats obtenus sont présentés,
pour chaque méthode, dans les sections ci-après.
Classification selon l'indice R.Q.D
Le RQD (Rock Quality Designation) a été
développé par Deere et autres (1967 [11], 1988
[12] et 1989 [13) dans le but de donner une
estimation quantitative de la fracturation du massif rocheux, à partir
de carottes obtenues par des forages. Le RQD est défini comme
étant le pourcentage des morceaux intacts de longueurs
supérieures à 10 cm par rapport à la longueur totale de la
carotte.
Les valeurs RQD estimées à partir des carottes
récupérées dans les sondages FT-1 à FT-6 sont
reportées dans les rapports de forages correspondants joints à
l'annexe B.
La qualité de la roche en fonction du RQD moyen
estimé pour les unités lithologiques UL1 à UL4 est
résumée dans le tableau ci-dessous.
Tableau II-8 : Valeur RQD des unités
lithologiques UL1 à UL4.
Unités lithologiques
|
RQD
(%)
|
Classe (1)
|
Qualité de la roche
|
fracturation Densité de
|
UL1
|
0
|
RQD 5
|
Très mauvaise
|
Très forte
|
UL2
|
0
|
RQD 5
|
Très mauvaise
|
Très forte
|
UL3
|
20
|
RQD 4
|
Très mauvaise
|
Très forte
|
UL4
|
65
|
RQD 3
|
Moyenne
|
Moyenne
|
Classification selon l'indice Q de BARTON
Sur la base des données issues d'un grand nombre de cas
d'excavations souterraines, Barton et al (1974) [7] du NGI
(Norvegian Geotechnical Institute) ont proposé un paramètre
intitulé Tunneling Quality Index (Q). Ce paramètre est
identifié indice Q.
L'application de cette méthode au contexte des
unités lithologiques UL1 à UL4 a conduit aux valeurs moyennes de
l'indice Q regroupées dans le tableau qui suit. [8]
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Chapitre II : Reconnaissances géologiques et
géotechniques
Tableau II-9 : Valeurs Q des unités
lithologiques UL1 à UL4.
Unités lithologiques
|
Q
|
Qualité de la masse rocheuse
|
UL1
|
0,08
|
Extrêmement mauvaise
|
UL2
|
0,4
|
Très mauvaise
|
UL3
|
0,6
|
Très mauvaise
|
UL4
|
1,8
|
Mauvaise
|
L'indice Q permet également l'estimation quantitative
des soutènements nécessaires à la stabilité des
excavations souterraines à partir de la géométrie de
l'excavation et d'un paramètre intitulé ESR (Excavation
Support Ratio), lequel est fonction de l'utilisation projetée du
tunnel et du degré de sécurité désiré.
[8]
Classification selon l'indice RMR
Bieniawski a publié en 1976 [9] les
détails d'une classification des massifs rocheux intitulée Roch
Mass Rating (RMR76). Depuis la version originale, certaines modifications y ont
été apportées. La version la plus utilisée
actuellement est celle de Bieniawski de 1989 [10]. Elle est
identifiée RMR89.
L'indice RMR89 est la somme de cinq (5) notes (A1 à A5)
représentant la quantification de cinq (5) paramètres
caractérisant le massif rocheux et d'une (1) note d'ajustement (B)
prenant en considération l'orientation des discontinuités.
Le RMR a été établi pour varier dans la
gamme 0 à 100. Les cinq (5) paramètres caractérisant le
massif rocheux sont : la résistance à la compression de la roche,
l'indice RQD, l'espacement des discontinuités, l'état des
discontinuités et les conditions hydrogéologiques.
Les notations correspondantes à chacun des six (6)
paramètres de la classification RMR89 sont fournies à l'annexe E.
La notation totale obtenue aboutit à cinq (5) classes de massif rocheux
en fonction de sa qualité. À chaque classe de massif rocheux
correspond un certain temps de tenue sans soutènement, ainsi qu'une
plage de variation de ses propriétés mécaniques
(cohésion et angle de frottement).
Ces données sont fournies à l'annexe E.
L'application de cette méthode au contexte des unités
lithologiques UL1 à UL4 a donné les résultats
récapitulés dans le tableau ci-dessous.
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Chapitre II : Reconnaissances géologiques et
géotechniques
Tableau II-10 : Valeurs RMR89 des unités
lithologiques UL1 à UL5. [9] [10]
Unités lithologiques
|
RMR 89
|
Classe
|
Qualité de la masse rocheuse
|
UL1
|
15
|
V
|
Très mauvaise
|
UL2
|
19
|
V
|
Très mauvaise
|
UL3
|
25
|
IV
|
Mauvaise
|
UL4
|
38
|
IV
|
Mauvaise
|
Classification selon l'indice GSI
L'indice GSI varie entre 5 et 85. Les valeurs de GSI proches
de 5 correspondent à des masses rocheuses de très mauvaise
qualité, tandis que celles proches de 85 décrivent des masses
rocheuses d'excellente qualité. Pour ce dernier cas, la
résistance de la masse rocheuse est sensiblement similaire à
celle de la matrice rocheuse.
Cependant, en raison du manque de paramètres mesurables
plus représentatifs et de la largeur des intervalles permettant de
décrire les conditions de surface des discontinuités, seules des
gammes de valeur peuvent être estimées à partir de la
classification GSI. L'application de cette méthode de classification au
contexte des unités lithologiques UL1 à UL4 a conduit aux valeurs
moyennes de l'indice GSI données dans le tableau qui suit. [2]
[3] [4] [5]
Tableau II-11 : Valeurs GSI caractérisant
les unités lithologiques UL1 à UL4. [2] [3] [4]
[5]
Unités lithologiques
|
GSI
|
Qualité de la masse rocheuse
|
UL1
|
11
|
Très mauvaise
|
UL2
|
15
|
Très mauvaise
|
UL3
|
22
|
Mauvaise
|
UL4
|
35
|
Mauvaise
|
Ces valeurs de GSI ont été incorporées dans
le logiciel RocLab1.0 [10] pour l'estimation
des caractéristiques mécaniques des unités lithologiques
UL1 à UL4
Paramètres géotechniques des unités
lithologiques Paramètres géotechniques selon l'indice
RMR
Les paramètres de résistance (cohésion et
angle de frottement) représentant les unités lithologiques UL1
à UL4 obtenus selon l'indice RMR sont récapitulés dans le
tableau suivant. [6] [7]
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