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Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

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par Camille Lepoutre
Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017
  

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Conclusion du titre troisième

Malgré ses implications diverses en faveur de la cause des femmes, l'action de John Stuart Mill pour le suffrage féminin fût, à l'évidence, la plus retentissante. En tant qu'auteur reconnu, il bénéficiait d'ores et déjà d'un certain crédit. Son entrée dans la sphère politique lui a permis d'atteindre un nombre de personnes encore plus important. Cet engagement est finalement en accord avec la doctrine utilitariste à laquelle il adhère et qui vise à s'appliquer à tous les domaines de la vie en société : politique, économique, juridique, moral, et cætera.

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

L'activisme de John Stuart Mill peut être considéré comme une conséquence de son éducation utilitariste. Toutefois, nous avons pu démontrer précédemment que sa vie personnelle a également eu un impact considérable sur son engagement féministe. Il semble que Mill ait toujours été favorable à l'égalité entre les hommes et les femmes. Cependant, rien ne nous permet d'acquérir la certitude que son action féministe aurait pris une telle importance sans l'influence notamment de sa femme et plus tard de sa belle-fille. Ainsi, nous pouvons affirmer que son féminisme n'est pas une curiosité au sein de son parcours intellectuel et philosophique sans toutefois diminuer l'influence qu'ont pu avoir les circonstances de la vie sur ses idées.

273 John Stuart Mill à Charles Dilke, 28 mai 1870 in « L'affranchissement des femmes » p.202

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Son engagement demeure, à cette époque, relativement exceptionnel. Les opinions féministes qu'il défend commencent, certes, à se diffuser dans les milieux aisés et éduqués ; mais la grande majorité de l'opinion publique y reste hostile. En tant qu'auteur reconnu de sexe masculin, il a sans aucun doute contribué de façon significative, par son oeuvre et son activisme, à l'émancipation des femmes et à la diffusion du mouvement pour l'égalité des sexes.

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CONCLUSION DU MEMOIRE

Nous ne reviendrons pas, ici, sur les éléments qui composaient notre sujet et ont fait l'objet des précédents développements. Nous nous emploierons plutôt à mettre en exergue certaines limites auxquelles les thèses milliennes peuvent se heurter. Pour ce faire, nous nous rapporterons à la préface de De la liberté rédigée par Pierre Bouretz274. En effet, bien qu'il ne s'agisse pas de l'oeuvre principale de cette étude, les thèses qui y sont développées peuvent être appliquées à la question particulière

L'un des objectifs avoués de cet essai est de « trouver le juste milieu entre indépendance individuelle et contrôle social »275 et ainsi régler « les rapports de la société et de l'individu »276. Autrement dit, il s'agit de trouver un équilibre entre liberté et diversité individuelles et jugement moral de l'opinion ou (si l'on s'intéresse à la doctrine utilitariste de Mill) morale unique tournée vers le bien public. Or, bien que John Stuart Mill semble convaincu de la possibilité de cette conciliation, il est possible d'en douter.

En effet, à première vue, la doctrine utilitariste fait primer l'intérêt général, le bonheur du tout qui va à l'encontre de « l'universalité de l'amour de soi, de l'égoïsme individuel »277. La morale utilitariste a pour ambition d'amener les individus à faire du bonheur général une priorité. Cela semble en contradiction avec l'idée que défend Mill de la diversité humaine et de l'intérêt de la considérer et de la respecter. L'auteur défend certes la liberté comme condition du bonheur mais semble surtout lui accorder de la valeur en tant qu'instrument mis au service de la morale utilitariste. Pour Mill, cette conciliation est rendue possible car les individus sont mis « sur la voie du progrès grâce à la conviction ou la persuasion »278. Cela nous renvoie notamment aux développements du philosophe sur l'art de l'éducation mis au service d'un but ou encore sur la thèse de l'association des idées appliquée aux bonheurs individuel et général.

Une autre limite éventuelle aux thèses de l'auteur est constituée par la tension entre les idéaux d'égalité et de liberté. Cette tension est décrite par Pierre Bouretz à propos des principes propres à la démocratie représentative. Mais il les expose également comme les axiomes de la

274 Préface de « De la liberté, op.cit. Pierre Bouretz est un spécialiste de la philosophie et directeur d'études à l'EHESS

275 Stuart Mill (J.), « De la liberté », op.cit. p.67

276 Stuart Mill (J.), op.cit. p.74

277 Stuart Mill (J.), op.cit. p.32, Préface.

278 Stuart Mill (J.), op.cit. p.76

société moderne. Or, l'on peut facilement se représenter comment ces deux idéaux peuvent entrer en conflit si l'un devient dominant par rapport à l'autre. La société démocratique moderne serait ainsi « une société où le goût pour l'égalité finit par éteindre celui de la liberté »279.

Cette tension peut tout aussi bien s'appliquer à la question de l'égalité hommes-femmes. Dans son essai, De l'assujettissement, John Stuart Mill défend à la fois l'égalité naturelle des deux sexes, l'égalité juridique qui selon lui devrait être consacrée. Mais il plaide également pour l'émancipation, l'affranchissement des femmes et la reconnaissance de leur liberté, élément nécessaire à leur bonheur. S'agissant de l'égalité juridique, celle-ci ne peut véritablement entrer en conflit avec le principe de liberté. Toutefois, nous pouvons assister, aujourd'hui, à l'apparition de cette opposition entre deux principes autrefois associés. L'égalité juridique n'est, à notre époque, plus remise en cause. Il s'agit désormais de savoir si le souhait d'obtenir l'égalité de fait peut, ou non, justifier de prendre des mesures parfois contraires à l'idéal de liberté tel que l'envisageait John Stuart Mill notamment.

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279 Stuart Mill (J.), op.cit. p.58, Préface.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld