La
réglementation prudentielle poussent les banques à rechercher la
conformité aux respects des normes ; et ce, au détriment de
leur objectif de participer au financement de l'économie. Ceci se
traduit alors par un rationnement de crédit malgré une situation
de surliquidité bancaire.
II.2.1.La notion de surliquidité bancaire
La littérature économique distingue deux
définitions de la liquidité : une définition
étroite appelée « liquidité de financement » et
une définition plus large qui renvoie beaucoup plus à la «
liquidité des marchés ».
Au sens étroit, la notion de liquidité recouvre
les espèces ou les actifs susceptibles d'être convertis rapidement
en espèces et détenus à cet effet pour satisfaire les
demandes de retraits de fonds à court terme émanant des
contreparties, ou pour couvrir leurs opérations. Dans cette approche, la
liquidité est principalement liée à l'activité de
transformation traditionnellement pratiquée par les banques.
Au sens large, la liquidité correspond à la
capacité des banques à liquiderun actif non monétaire, par
exemple un titre d'investissement acquis à l'origine pour être
détenu jusqu'à l'échéance, dans le cadre d'une
opération de refinancement en monnaie banque centrale. La
liquidité des marchés est au coeur des préoccupations de
stabilité financière des banques centrales. L'absence de
liquidité des marchés peut non seulement engendrer une
inefficience des marchés, mais sa disparition soudaine sur un
marché peut aussi dégénérer en crise
systémique (FoudaOwoundi, 2005).
La surliquidité bancaire est commune à plusieurs
pays à travers le monde. Elle survient lorsque la somme du compte
courant et des réserves libres des institutions de crédit
auprès de la banque centrale excède de manière persistante
le niveau des réserves obligatoires. Plusieurs arguments ont
été avancés pour expliquer l'excédent de
liquidité dans la zone CEMAC en générale. Nous notons le
recyclage des excédents des ressources pétrolières ; la réglementation bancaire en
réponse à l'incertitude de la sous-région ayant
accentué le comportement de précaution des banques, le risque
élevé que représentent les prêts pour les banques,
les politiques de libéralisation financière mises en oeuvre par
les pays d'Afrique subsaharienne qui ont limité les interventions des
gouvernements ainsi qu'un meilleur accès au crédit
extérieur après la dévaluation de 1994.
-Le comportement de précaution du système
bancaire : En effet, les mesures mises en place par les autorités
réglementaires contre le risque de liquidité pour éviter
la crise précédente, ont entrainé une aisance de
trésorerie ayant galvanisé les déposants. On assiste
dès lors, à la place d'une ruée bancaire, à une
affluence pour le dépôt de la liquidité ; et
étant donné le caractère volatil de ces
dépôts, les banques ont tendance à les conserver sous forme
de réserves liquides afin de respecter les normes prudentielles.
La surliquidité serait alors une réponse
planifiée des banques commerciales pour faire face à un risque
potentiel. Pour gérer ce type de risque et prendre une décision
concernant la quantité d'actifs liquides qu'elles doivent
détenir, les banques internalisent le fait peuvent emprunter des fonds
sur le marché interbancaire ou à la Banque Centrale en cas
d'éventualités non anticipées (Agénor, Aizenman et
Hoffmaister, 2004).
-La dévaluation, en entrainant un accroissement des
recettes d'exportations et donc des devises et le rapatriement des capitaux
contribue à la surliquidité structurelle du système
bancaire (FMI, 2006).
-L'envolée du cours du pétrole est aussi retenue
comme facteur prépondérant dans l'explication de la
surliquidité de la sous-région. Aussi bien la baisse du cours des
matières premières a engendré une crise dans le
système bancaire dans les années 80, autant son envolée
serait à l'origine de cette trésorerie de masse qui
inquiète toujours les autorités monétaires. En effet, les
excédents de ressources notamment des Etats pétroliers et gaziers
ainsi que la progression de la bancarisation n'ont fait qu'accroître les
avoirs des banques et donc renforcer leurs ratios de liquidité (FIFAS,
2013).
-D'autres explications plus anecdotiques ont été
proposées : la prédominance de la monnaie fiduciaire,
l'inadaptation de l'environnement juridique, l'importance du secteur
informel... Même si ces faisceaux d'explications semblent fondés
en ce qui concerne les banques commerciales, il convient de constater qu'ils
n'abordent pas la cause profonde du paradoxe de surliquidité dans la
zone CEMAC. En effet, la surliquidité touche non seulement les banques
commerciales de la zone CEMAC, mais aussi la BEAC. Par conséquent, une
analyse de ce paradoxe qui ne prend pas en compte la situation de
surliquidité de la BEAC demeure partielle.
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