3-La Pollution
P. DUFFOUR et al (1994) affirment que la lagune Ebrié
est essentiellement touchée par trois types de pollutions. Ce sont : la
pollution chimique, la pollution organique et la pollution microbienne. Ceux-ci
ont cité Broche et Peshet (1983) qui ont constaté que le
développement des cultures agro-industrielles dans le bassin versant de
la lagune Ebrié avait un impact sur la qualité de ses eaux. Et
que les industries situées dans la zone d'Abidjan rejettent en lagune
plusieurs substances toxiques.
Aussi selon NEDECO (1981), cité par Dufour et al.
(op.cit), les rejets organiques de la population d'Abidjan aboutissent en
lagune par le réseau d'égouts, par les ruissellements, ou par
vidange de fosses septiques et latrines, entrainaient quant à eux une
charge quotidienne de 32 tonnes de demande biologique en oxygène.
Les travaux menés très tôt par Pages
(1975), ont souligné les niveaux inquiétants de la contamination
bactérienne des eaux lagunaires d'Abidjan. Ces premières
observations ont ensuite été confirmées par Lanusse
(1987), puis par Kouassi et al.(1990). Il ressort de ces analyses que,
les eaux de lagune Ebrié du secteur de la capitale économique
ivoirienne sont 500 fois plus chargées en E. coli et 70 fois plus
entérocoques que celles d'une zone estuarienne de
référence.
17
Par ailleurs, Affian (2003), souligne que la forte variation
des paramètres physico-chimiques au passage de l'étiage à
l'état de la crue et vice versa, constituait une condition propice
à la précipitation des métaux tels que le cuivre, le zinc,
qui peuvent s'incorporer plus tard aux sédiments pour en accroitre leur
niveau de pollution.
Plus récemment, Yao K. et al (2008) affirme
que les teneurs en plomb, cuivre et zinc de la fraction fine de sédiment
(< 63ìm) de la partie estuarienne de la lagune Ebrié ont
augmenté d'un facteur de 1,12, 1,44 et 1,92 respectivement, au cours de
ces deux dernières décennies. Cette croissance de la
contamination métallique est due à l'intensification des
activités urbaines, industrielles et agricoles.
II-PROBLEMATIQUE
L'agglomération d'Abidjan a connu une croissance
spectaculaire après le percement du canal de Vridi. En 1950, la
population abidjanaise était évaluée à 65000
habitants et repartie sur les communes du Plateau, de Treichville et
d'Adjamé. Son développement accéléré et
l'importance relative de sa croissance ont cumulé en 1973, 39% de la
population de la Côte d'Ivoire soit 790 000 habitants (Antoine et
al. 1987). En 2010, la population abidjanaise est
évaluée à plus de 5,6 millions d'habitants
accompagnée d'une croissance de l'espace urbain estimée à
3000 ha de surface (P. Pottier et al 2008). Les grands travaux
d'aménagement urbain entrepris dans les années 1970 ont
décimé la forêt dont les derniers témoins de son
existence sont les forêts du Banco et d'Adiopodoumé. A cela
s'ajoute l'impact des différentes opérations immobilières
entreprises un peu partout dans la ville. Les lotissements sauvages,
l'accroissement des activités qu'elles soient industrielles ou
ménagères.
Aussi, l'importance grandissante de la capitale
économique n'est pas sans conséquences sur l'environnement
aquatique. En effet, l'espace lagunaire et la circulation des eaux sont
modifiés par les grands travaux urbains. La qualité des eaux est
directement concernée par les rejets industriels et les apports d'eaux
usées. Ces travaux publics ont entraîné la modification des
rives, via la construction des voies de circulation, d'ouvrages
d'assainissement, de bâtiments et de logements.
En plus, les rives des baies urbaines sont de plus en plus
bétonnées. La transformation des berges a des
répercussions sur l'écosystème avec des modifications
locales de l'hydrodynamique et de la capacité biotique (Durand et al
1994).
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Par ailleurs, la croissance de la population a
occasionné l'intensification des activités. Ces activités
ont provoqué l'augmentation de la quantité des déchets
rejetés dans la lagune. En effet, les études menées par le
CIAPOL en 1980 montrent que les rejets d'effluents organiques sont de l'ordre
de 30 g par jour (Dembélé O. 2001). La teneur de la charge
polluante mesurée dans les baies est fonction des types
d'activités qui ont lieu dans le pourtour des baies (Yao K. et al
2008).
Enfin, les études menées (ANOH Paul, 2001 ;
Patrick POTTIER et al ; 2008) montrent que les baies de la lagune
Ebrié ont perdu une partie de leurs surfaces si bien qu'elles
présentent de nouveaux visages (tableau 1).
Tableau 1-Evolution de la superficie en hectare du plan d'eau
des baies de Cocody et Banco entre 1955-2004
Années
|
1955
|
1970
|
1988
|
1998
|
2004
|
Banco
|
424.4
|
348.1
|
335.7
|
332.8
|
330.7
|
Cocody
|
195.5
|
161.1
|
152.1
|
146.5
|
139.4
|
|
Source : Anoh P. 2001, A. Kangah 2008, d'après
photo-interprétation
De tout ce qui précède, il s'agit pour nous
d'apprécier leur état actuel. En effet, le plan d'eau des baies
de Cocody et du Banco se colmate et une végétation s'est
développée sur les surfaces perdues. Autrement dit, la question
se pose de savoir si les baies de Cocody et du Banco ont connu une
évolution après les études menées par Anoh.
Quelle est la dynamique des baies de Cocody et du Banco ?
Comment s'organise l'occupation du sol dans le pourtour
lagunaire ?
Afin de répondre aux questions, nous nous sommes
fixés les objectifs suivants :
l Objectif général
L'objectif de cette étude est de contribuer à
la connaissance des problèmes auxquels sont confrontées les baies
urbaines pour une amélioration de l'environnement humain et naturel. En
effet, la croissance démographique et des activités
socio-économiques ont eu un impact sur le milieu naturel. Ainsi, notre
cadre de vie est affecté par des odeurs nauséabondes et par des
maladies parasitaires.
19
Pour mieux appréhender cette étude, nous nous
sommes assignés deux objectifs spécifiques.
l Objectifs spécifiques
Deux objectifs spécifiques sont affectés à
cette étude :
- Cartographier et mesurer la dynamique du plan d'eau des baies ;
-Identifier et décrire les milieux spécifiques aux baies.
? Hypothèses
De ces deux objectifs découlent les hypothèses
suivantes :
-Le plan d'eau des baies du Banco et Cocody sont en phase de
colmatage continu ; -Les unités végétales
spécifiques se développent sur les parties colmatées.
Dans le but d'atteindre nos objectifs et de vérifier nos
hypothèses de recherche, nous avons utilisé sur une
méthodologie que nous allons expliquer et présenter nos zones
d'études.
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