INTRODUCTION
Les milieux lagunaires représentent 13 % de l'ensemble
des côtes du globe et se répartissent autour des différents
continents Tastet et al. (1994) citant (LANKFORD, 1977 ; NICHOELS
SALLEN, 1981 ; BIDET et al. 1982). En Côte d'Ivoire, ces milieux
s'étendent de la frontière ghanéenne à Fresco. Les
milieux naturels associés à cet ensemble lagunaire sont
aujourd'hui fortement dégradés à cause de la pression
humaine qui s'exerce sur ces milieux depuis des décennies. Bien que les
différents transferts successifs du développement urbain,
économique, politique, portuaire et industriel dominant de Grand-Bassam
à Bingerville ont participé à la
détérioration de cet écosystème. Les
premières atteintes physiques sur ces milieux ont été
perceptibles à partir des années 1970 P.Pottier et al
(2008). Le développement de l'agglomération d'Abidjan due
à l'ouverture du canal de Vridi en 1951 a provoqué une pression
humaine autour des baies, a eu une influence considérable sur l'espace
et crée des problèmes environnementaux qui sont encore
d'actualité. Ainsi notre thème intitulé : ETUDE
DES MILIEUX LAGUNAIRES ET PERI LAGUNAIRES : CAS DES BAIES DU BANCO ET DE COCODY
DE 1955-2010 montre que les autorités prêtent une
attention particulière à l'environnement et au cadre de vie des
populations. Cette présente étude va donc s'intéresser au
degré de comblement des baies, à sa situation environnementale et
aux différents problèmes qui minent ces milieux.
Cependant plusieurs spécialistes des questions
environnementales dont Anoh Paul (2001), Affian K. (2003), relayés par
la presse nationale, et des sites internet ont attiré l'attention des
autorités. Cet épineux problème qui défigure la
perle des lagunes sans qu'aucune mesure concrète ne soit entreprise pour
remédier à ce problème.
Ces différentes études nous ont permis de
prendre connaissance des différents problèmes qui minent ces
milieux et nous ont orientés sur la démarche à suivre.
Après la synthèse des ouvrages bibliographiques
relatifs à ce phénomène, nous allons localiser nos
différents sites d'étude dans le paysage abidjanais.
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I- REVUE DE LITTERATURE
1 - La définition des milieux
l Les milieux lagunaires
Bertrand MILLET (1985) dit que les milieux lagunaires dans
leur immense diversité, ne font l'objet que de définitions
très générales, fondées sur quelques aspects
morphologiques communs et la permanence de certaines conditions dynamiques sur
tous les continents.
Les deux définitions suivantes apparaissent bien
représentatives de toutes les réflexions d'un grand nombre
d'auteurs :
"Une lagune : une dépression côtière
située au-dessous du niveau moyen des océans, ayant une
communication permanente ou temporaire avec la mer, mais isolée de
celle-ci par un cordon ou tout autre type de barrière littorale"
(D'après LANKFORD R.R., 1976).
"Un milieu lagunaire : un environnement dynamique particulier,
où différentes énergies interfèrent pour apporter
et répartir des sédiments terrigènes et marins. Le lieu
d'interférence de ces énergies avec le sédiment intervient
dans une tranche d'eau peu profonde qui se trouve partiellement fermée
par un cordon littoral, et ayant une communication
éphémère ou restreinte avec la mer à travers une
passe"(D'après PHLEGER F.B., 1960).
Si la "barrière littorale" est constituée d'une
bande de sédiments communiquant régulièrement avec la mer
au niveau de quelques "passes" (appelées aussi "graus" - "exutoires" ou
"émissaires") dont l'existence est conditionnée par le transit
sédimentaire le long du littoral. On parlera de "bassins lagunaires"
proprement dits, ou bien "d'étangs littoraux" (LEVY A.,1971) dans le cas
où les communications avec la mer sont plus épisodiques et
liées aux actions conjuguées des vents et des marées, ou
marées-tempêtes.
Cependant, la notion de "lagune" stricto sensu est donc
toujours associée à un type de relation avec la mer (lagunes
paraliques), par l'intermédiaire d'une "barrière" littorale
(appelée également "seuil" - "flèchet' - "cordon" - ou
"lido") dont la morphologie, déterminant le régime hydrologique
de ces milieux, est un des facteurs les plus importants qui conditionnent la
nomenclature lagunaire (SEYLER P, 1980).
Selon Jean-Pierre TASTET et al. (1994) la lagune
Ebrié n'échappe ni à ces définitions, ni à
ces origines :
- elle occupe un ensemble de dépressions d'origine
fluviale, dont le tracé est parfois guidé par la structure
tectonique du substrat continental ;
- elle est séparée du golfe de Guinée
par une barrière sédimentaire constituée de cordons
sableux parallèles d'âge holocène ;
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- elle est en relation permanente avec l'océan depuis
1950 par le canal artificiel de Vridi et en relation
éphémère par la passe de Grand-Bassam, ré-ouverte
en 1987 alors qu'elle était fermée depuis 1972. Auparavant, cette
embouchure naturelle était en général ouverte chaque
année en période de crue et se refermait plus ou moins
régulièrement en étiage ;
- elle reçoit du continent trois fleuves (la
Comoé, la Mé et Agnéby), de petites rivières
côtières et des précipitations des bas plateaux.
l Les milieux de sédimentation
J.HERVIEW (1968), affirme qu'outre l'origine des
matériaux et l'agent de transport, il est nécessaire de prendre
en considération le «paysage », ce qu'à
l'échelle géologique on appelle parfois les milieux
générateurs. Ainsi à un milieu donné, doit
correspondre un ou plusieurs types de sédiments.
Bertrand MILLET (1985) dit que l'évolution
morphologique actuelle de ces milieux lagunaires semble plutôt être
conditionnée par un équilibre entre les deux dynamiques
principales qui s'y affrontent. A savoir : les processus de
sédimentation et les processus d'érosion, soit marins, soit
continentaux ; selon les régimes d'écoulement des eaux
continentales et des marées, ainsi que les influences des vagues et
courants littoraux.
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