II-LES CONSEQUENCES DE LA DEGRADATION DES BAIES DE COCODY
ET
DU BANCO
1-Les conséquences sur l'environnement
Ces eaux sont de plus en plus polluées par les
déchets solides et liquides qui y sont déversés
quotidiennement par les industries et les ménages sans traitement
préalable. Le niveau de pollution ne fait que s'accentuer face à
la croissance urbaine et à la non maitrise de la gestion de
l'environnement à Abidjan, d'où de graves menaces est sur la
qualité des eaux indéniable.
Ainsi, l'écoulement constant des déchets solides
et liquides vers les baies provoquent des odeurs nauséabondes et
occasionnent la prolifération des moustiques et des mouches. A ces
nuisances, s'ajoutent la prolifération des végétaux
aquatiques envahissants qui depuis le milieu des années 1980 recouvrent
le plan d'eau de façon saisonnière. Ces végétaux
empêchent la pêche et transport lagunaire.
Pour finir, les surfaces gagnées par le sable sur l'eau
constituent aujourd'hui de véritables constructions humaines. En plus,
la population environnante remblaie les berges à l'aide de pierres et de
sables. Ces espaces qui étaient autrefois impropres à
l'implantation d'habitations sont depuis les années 1970
colonisés par la population qui utilisent la lagune comme un
dépotoir.
2-Les conséquences sur la santé des
populations
Depuis de nombreuses années, l'état sanitaire de
l'agglomération d'Abidjan dans son ensemble et de celui de la lagune
Ebrié en particulier continue de se dégrader lentement. Les
conséquences sur la santé humaines, des niveaux de pollution
exceptionnellement élevées, dans certains secteurs de la lagune
Ebrié ne sont plus à démontrer : infections respiratoires
aigües (Koné et al. 2006), fièvre typhoïde
(Kouma et al.1979), transmission de salmonelloses (Iwuji, 1976),
choléra. Les diarrhées cholériques et infections
cholériformes (Dosso et al, 1984) ; qui viennent s'ajouter
à la prolifération des mouches et des moustiques vecteurs de
paludisme ; de diarrhée et de démangeaisons du corps (Koné
et al, op.cit), ou encore aux odeurs nauséabondes et
pestilentielles des eaux lagunaires.
Les eaux eutrophisées et dégradées se
sont appauvries, les populations benthiques étant en certains endroits
limitées aux oligochaètes pacdimélania anrita et
tympanotonus fasciatus,
deux espèces dont la présence est
considérée symptomatique d'un état de pollution (Zabi,
1982). D'un point de vue global, la ressource halieutique s'est en grande
partie tarie, la pêche devenant ainsi moins productive et s'accompagnant
de l'appauvrissement financier et alimentaire des populations riveraines de la
lagune. La pollution excessive a amené les autorités ivoiriennes
à interdire la pêche dans certaines zones du plan d'eau afin de
préserver la santé des populations riveraines. Les baies sont les
zones les plus visées par cette mesure. On continue cependant à
rencontrer fréquemment des pêcheurs clandestins (photo 30) qui
ignorent sans doute les dangers qu'ils font courir à la population en
lui proposant des produits extrait de ces espaces. Des aménagements de
pêches (acadja) sont quelquefois implantés non loin des berges qui
constituent les secteurs les plus riches des plans d'eau. Les baies servent de
nourriceries à un nombre important de poissons et de crustacés.
Dans le cas des baies lagunaires Ebrié, ces zones représentent
également le débouché du réseau de collecte des
eaux usées ; ce qui rend dangereux la consommation de tout être
aquatique qui y vit.
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Les produits issus de ces pêches sont dangereux
pour la population
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Photo 30 : Des pêcheurs sur la baie du Banco
(cliché : N'Doman V.2010)
Enfin, la lagune a perdu son image symbolique et son
rôle social. Considéré comme le lieu de résidence
des génies protecteurs, ces eaux ont perdu leurs pouvoirs de
guérison. Les pratiques de loisirs, compétition de nations et de
pirogues qui s'y exerçaient, ont disparu ce qui a fait dire en 2007 au
Ministre de l'environnement que « Abidjan autrefois perles des lagunes,
fait aujourd'hui honte à regarder » (Ahizi 2007) et au
Président Laurent GBAGBO de regretter que « la lagune où il
se baignait il y a 45 ans est devenue impropre » (AFP, novembre 2007,
propos recueillis lors de la quinzaine nationale de l'environnement). Les
berges sont devenues
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impraticables, jonchés d'ordures parmi lesquelles on
peut trouver des seringues et autres déchets biomédicaux.
Face à la dégradation du plan d'eau lagunaire,
l'Etat a pris certaines mesures pour venir à bout de ce
phénomène.
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