4-La pollution
Les pratiques quotidiennes des populations qui habitent les
rives de la lagune Ebrié constituent une menace grave au maintien de la
bonne qualité environnementale. La pression humaine renforcée sur
ces berges est en effet accompagnée d'une dégradation du milieu
et
d'une souillure qui en dit long sur l'abandon des valeurs de la
propreté dans les grandes villes comme Abidjan et sur la dérive
des comportements individuels dans le domaine (Photo 25).

69
Photo 24 : Décharge d'ordures sur la berge Ouest de Photo
25 : Déchets flottant dans la baie du
la baie du Banco avant sa délocalisation Banco et l'acadja
en arrière-plan
(cliché : N'Doman 2010) (cliché : N'Doman
2010)
Cette décharge et les ordures flottantes sur le plan
d'eau constituent des sources de pollution
La déviance est également collective car le
développement spontané des berges de lagune s'est fait sans
régulation à l'image de la ville d'Abidjan. Cette question de
l'absence d'une gestion de l'urbanisme est ici plus préoccupante que
dans bien d'autres secteurs de la ville d'Abidjan, car le contact d'un milieu
aussi fragile et remarquable que celui de la lagune Ebrié demande encore
plus attention (Photo 24 et 25). Il faut constater qu'à l'échelle
de l'agglomération, la politique des aménageurs au moment du
premier boom immobilier de 1970 d'Abidjan a été de
considérer comme un avantage du site. C'est-à-dire un espace
périphérique et un milieu mécaniquement susceptible qui
peuvent résoudre les problèmes d'évacuations des eaux
usées (Dembélé et Botty, 2001). Les méthodes n'ont
peu évoluées, si on se réfère ensuite au choix qui
a été fait ensuite d'orienter les rejets vers la mer,
considéré après la lagune comme le nouvel absorbeur des
effluents dont on ne sait quoi faire. Le récent épisode du Probo
koala navire Russe battant pavillon panaméen a en effet
été à l'origine d'une grave pollution chimique à
Abidjan. En 2006, 400 tonnes de déchets toxiques contenant
70
un mélange de pétrole, de sulfure
d'oxygène, phénols, soude caustique et acide ont
été nuitamment et en toute quiétude
déversées dans seize sites d'Abidjan notamment (la
décharge d'Akouédo, la station de dépotage d'eaux
usées du Plateau Dokoui, le village de Djibi, les canalisations de la
zone du canal de Vridi...). Il s'en est suivi une grave intoxication ou par
contact direct de plus de 9 5000 victimes officiellement reconnus et la mort de
12 personnes. La lagune Ebrié a été touchée par
cette catastrophe environnementale. La cellule opérationnelle de
coordination du plan national de lutte contre les déchets toxiques mises
en place par le Premier ministre en septembre 2006 reconnaissant que «
dès les premiers jours du déversement des déchets
toxiques, une mortalité exceptionnelle des poissons a été
constatée sur le plan d'eau lagunaire » (Primature 2006). Des
inquiétudes ont également porté sur les
conséquences des pollutions des sédiments et des nappes
phréatiques, sans que des analyses puissent toutefois les
confirmées.
Des raisons hydrodynamiques liées à la faiblesse
du courant dans les zones confinées et assez peu profondes, notamment au
contact des berges, et plus généralement, à la faiblesse
des échanges entre les baies et le chenal principal permettent
d'expliquer cette dégradation.
|