Les projets connexes aux gares du Grand Paris Express sous maà®trise d'ouvrage de la Société du Grand Paris: Opportunités de valorisation foncière ou projets de valorisation urbaine ?( Télécharger le fichier original )par Pauline CHEMLA Université Paris-Sorbonne - Master 2 mention Géographie, aménagement, environnement et logistique des échanges (GAELE) 2018 |
3. Méthodologie adoptéePour infirmer ou confirmer ces hypothèses et ainsi tenter de répondre à la problématique émise, il a fallu choisir un terrain d'étude, support de l'expérimentation. Le terrain d'étude choisi est en réalité double : à la fois géographique par l'étude des gares du Grand Paris Express, et plus précisément celles de la ligne 15 Sud, et à la fois conceptuel par l'étude des intentions de la SGP. Le choix d'un terrain d'étude physique s'est naturellement porté vers celui de la ligne 15 Sud du réseau du Grand Paris Express, reliant Pont de Sèvres à Noisy-Champs. Ce choix repose 11 principalement sur le fait que ce tronçon du réseau est à l'heure actuelle le plus abouti, avec une mise en service prévue à l'horizon 2024-2025, et que les données et informations qui lui sont relatives sont le plus facilement exploitables, puisqu'existantes, contrairement à la majeure partie du reste du réseau. 1 Ligne 15 Sud du GPE - Crédit : www.entreprendre-souterain.com La ligne 15 Sud représente 33km de métro automatique, reliant ainsi le sud du territoire métropolitain d'Est en Ouest et à toute la métropole, avec la création de 16 gares, d'Ouest en Est : Pont de Sèvres, Issy RER, Fort d'Issy-Vanves-Clamart, Châtillon-Montrouge, Bagneux, Arcueil-Cachan, Villejuif Institut Gustave-Roussy, Villejuif Louis-Aragon, Vitry Centre, Les Ardoines (à Vitry-sur-Seine), Le Vert de Maison (à cheval sur les communes de Maisons-Alfort et Alfortville, Champigny Centre, Bry-Villiers-Champigny et Noisy Champs. La ligne comportera également deux centres d'exploitation : un à Vitry entre les gares de Vitry Centre et des Ardoines, l'autre à Champigny entre les gares de Bry - Villiers - Champigny et Noisy-Champs. Avec 22 communes traversées la SGP estime que la ligne 15 Sud concernera plus d'un million d'habitants et représentera 300 000 voyages par jour, permettant de réduire considérablement les temps de transports de périphérie à périphérie. Toutes les gares de la ligne seront en correspondance avec les lignes de RER, métro, tramway et/ou transports en commun en site propre. A l'horizon 2030 la ligne 15 Sud se verra connectée aux lignes 15 Est et Ouest, formant ainsi une rocade de 75km autour de la capitale. En ce qui concerne le calendrier, la ligne 15 Sud a fait l'objet d'une Déclaration d'Utilité Publique (DUP) dès décembre 2014, le lancement des travaux préparatoires a eu lieu en mars 2015 et le début des travaux de génies civil en juin 2016. Beaucoup de documents diffusés par la SGP elle-même et relayés par d'autres médias indiquent que les gares seront livrées en 2022. Pour autant des informations plus récentes sur le site de la SGP indique que la mise en service de la ligne 15 Sud est prévue pour 2024, alors même que Thierry Dallard, président de la SGP, a annoncé récemment une livraison en juin 2025. Par ailleurs fin 2017, six projets connexes 12 étaient déjà attribués sur la ligne : Créteil l'Échat, Issy RER, Bagneux M4, Bry-Villiers-Champigny, les Ardoines et Châtillon-Montrouge. Si nous nous référons au planning prévisionnel de la ligne 15 Sud, aujourd'hui en 2018, nous nous trouvons dans une phase transitoire entre le début des travaux de génie civil il y a deux ans et la livraison de la ligne dans environ quatre ans. De par cette situation d'avancement la ligne 15 Sud représente un terrain d'étude optimal par rapport à l'ensemble du futur réseau du Grand Paris Express : le tracé de la ligne est arrêté, ainsi que le positionnement des gares dont la maîtrise d'oeuvre est attribuée, et, les projets connexes sont ou sont en train d'être attribués. Afin de constituer une base de travail à ce mémoire, compréhensible et le plus à jour possible, nous nous sommes proposés de réaliser une analyse comparée5 de ces 16 gares, basée sur une collecte d'informations à partir de différentes sources (SGP, presse, données personnelles) ainsi que sur l'établissement de différents points de comparaison. Afin que cette analyse soit la plus pertinente possible pour répondre à la question posée et donc étudier les relations gare/projet connexe et GPE/projets urbains, nous avons ciblé les critères d'analyse suivants : architecte(s) de la gare, présence du projet connexe ou non, programmation du projet connexe si connue, équipe lauréate du projet connexe, projet(s) urbain(s) initiés à proximité et/ou en lien avec la future gare, aménageur local en action et présence ou non d'un projet Inventons la Métropole du Grand Paris (IMGP) sur le territoire en question. Cette analyse a permis de répertorier les dynamiques urbaines de chacune des 16 gares quand les données étaient connues, et donc d'avoir un échantillon de ce que ces dynamiques pourront représenter sur l'ensemble du réseau du Grand Paris Express à l'avenir. Pour répondre à la problématique proposée, un autre terrain d'étude est apparu évident : celui de la SGP elle-même. Sonder les intentions et analyser les actions de la SGP devait se faire de l'intérieur et de l'extérieur, pour obtenir des points de vue différents et donc une vision la plus juste et la plus nuancée possible de la situation. La récolte d'informations « internes » à la SGP s'est fait par le biais du site internet de la SGP6 et par la réalisation d'entretiens avec des membres en son sein. Une collecte d'informations externes est venue compléter cette première recherche, avec l'étude de publications diverses concernant l'action de la SGP et le GPE ainsi qu'avec l'étude des différents textes de loi ayant permis leur mise en oeuvre ; et enfin par un entretien avec l'ancien directeur de l'EPARMARNE, pour 5 Cette analyse est disponible en intégralité en annexe 1. 13 compléter cette étude externe par le point de vue d'un aménageur présent sur notre terrain d'étude. La phase de récolte de données internes s'est donc traduit pas la conduite d'entretiens auprès de différents membres de l'EPA : dans un premier temps Ioannis Valougeorgis, directeur délégué à l'aménagement, puis Christian Garcia, directeur des relations territoriales et enfin, Benoit Labat, directeur de la Valorisation et du Patrimoine (DVP). Aucune méthode particulière n'a été établie pour mener les entretiens, il a plutôt fallu adopter des approches adaptées à chacune des personnes rencontrées, dans la mesure où toutes n'avaient pas la même manière d'appréhender le dialogue. Habituées des médias et des intérêts des différents acteur de l'aménagement de la métropole, les différentes personnes rencontrées ont également pu présenter une certaine forme de retenue dans leur propos pour ne pas révéler des informations pouvant porter atteinte à l'image de la SGP et à la bonne mise en oeuvre du GPE. Par ailleurs les entretiens n'ont pas été réalisés dans un ordre préétabli, mais suivant les opportunités qui se sont présentées, cela explique notamment que les questions posées ont pu différer au cours des entretiens (avancée du travail, brèches de questionnement etc.). Ces entretiens au sein de la SGP sujet d'étude, se sont révélés nécessaires afin d'obtenir des informations relatives au GPE les plus actualisées et les plus poussées, parmi le flot d'informations communiquées par les médias. Ils ont également permis de faire ressortir différents points de vue « de l'intérieur » quant à la mission de la SGP et de les mettre en comparaison. Tous les éléments soulevés lors de ces entretiens ont notamment été un apport majeur de réponse quant aux questionnements soulevés par la problématique, et ont permis d'écarter certaines hypothèses et d'en renforcer d'autres. Si les entretiens avec des membres de la SGP ont été très utiles pour comprendre les problématiques liées aux projets connexes et au GPE en général, il faut réaliser que bien que pluriels, ils ne représentent que le point de vue d'un seul acteur finalement, qui est la SGP. Aussi, il nous fallait pour répondre le plus justement possible aux deux hypothèses émises, élargir nos points de vue par un travail de recherche en parallèle permettant de percevoir la SGP « ressentie » par les autres parties prenantes du débat : élus, médias, architectes, urbanistes, Etat, aménageurs, usagers etc. Une grande partie de la conduite de ce mémoire s'est donc fondée sur une méthode classique de recherche, par la constitution et la lecture d'un corpus de documents de nature différentes. La documentation étudiée comprend essentiellement des articles de presse papiers ou électroniques, des ouvrages ou numéros exceptionnels de journaux traitant du GPE tels que le Business Opportunities 2017-2018. Ces données ont été complétées par l'analyse de discours provenant de diverses personnalités politiques et élus, de rapports 14 érigés par la Cour des Comptes ou par l'Observatoire Régional du Foncier en IDF, de dossiers de presse etc. Le relevé et l'analyse de toutes ces données ont permis de venir étayer et compléter ce que la SGP explique _ par le biais de ses collaborateurs ou de son site internet _ en apportant des points de vue critiques et variés sur son historique, ses objectifs, l'image qu'elle renvoie mais encore de manière plus contestataire, sa santé financière, son montage juridique, son phasage et les nuisances qu'elle implique. Un autre support majeur de cette étude réside dans la loi elle-même, celle du 3 juin 2010 qui institue la SGP, et ses revirements puisqu'elle comporte à ce jour trois versions. L'étude des articles de cette loi ainsi que des débats parlementaires qui l'ont précédée ont été très importants pour retracer l'histoire de la naissance de la SGP et du GPE, comprendre quels ont été les acteurs qui ont contribué à sa création et donc, parvenir à avoir une vision claire des intérêts qu'elle a été destinée à porter. Enfin, pour compléter ce corpus d'informations recueillies sur la SGP « ressentie », un autre entretien a pu être mené avec Nicolas Ferrand, préfigurateur de l'établissement public Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO), dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques, et ex directeur général des EPA (Etablissement Public d'Aménagement) de Marne la Vallée. Cette intervention s'est révélée très pertinente notamment pour apporter un point de vue d'aménageur au sujet des relations territoriales de la SGP, et donc pour pouvoir nuancer les relations SGP/aménageurs locaux qui semblent être un élément crucial de la bonne réalisation des projets connexes. 15 SOMMAIRE |
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