E.3.b.2.1 Sur le tri/sélection/rangement
- Supprimer/trier prend plus de temps (humain) que tout garder
mais économise de l'espace - Dans les algorithmes de gestion
mémoire (GC : garbage collector) de langages comme
LISP ou Java, toute donnée non
référencée par un processus en cours (ou par une autre
donnée elle-même référencée par un processus,
par transitivité) est supprimée. LISP utilise
un mécanisme de nettoyage/sauvegarde de sa
mémoire appelé « garbage collector
générationnel » car il stratifie les données en
fonction de la date de leur dernière
utilisation, illustrant ainsi le lien et mémoire et
temporalité.
- Ne plus trier (le fameux fatras dénoncé par
Huxley c'est aussi potentiellement tout perdre, dès qu'il n'existe pas
de solution de recherche efficace... Sauf que celles-ci sont de plus en
plus efficaces)
- Cas cité par Emmanuel Hoog 42 : 100 000 heures
numérisées pour une heure réellement utilisée (voir
thème 2 : économie de la sauvegarde).
Lien entre « jeter » et oubli :
« Voilà, je le répète, le
rôle de la faculté active d'oubli, une sorte de gardienne, de
surveillante chargée de maintenir l'ordre psychique, la
tranquillité, l'étiquette. On en conclura immédiatement
que nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance,
nulle fierté, nulle jouissance de l'instant présent ne pourrait
exister sans faculté d'oubli« (Nietzsche43)
« Le désir de garder est aussi
inséparable du désir de détruire. C'est que garder, c'est
perdre. Si pour garder la trace de ce qui se passe maintenant, je prends une
note pour ne pas l'oublier, je l'inscris sur du papier, et je la mets dans ma
poche. Si ça s'arrête là ça veut dire que je perds,
que j'expose le papier à sa perte. Pour garder, il faut que j'expose
à la perte. Cette exposition à la perte, c'est un geste double
dont la dualité est irréductible. Vouloir garder en
mémoire, c'est exposer à l'oubli. C'est ce que j'appelle "le mal
d'archive". Il y a la souffrance liée à l'archive et le
désir d'archive. C'est le désir d'archive qui traverse cette
expérience de la destructibilité radicale de l'archive.
Si on était sûr que la destructibilité
de l'archive était accidentelle, et que dans certains cas, il peut y
avoir un accident mais que tout peut être gardé en principe, il
n'y aurait ni besoin d'archive, ni souci d'archive. S'il y a un souci et une
souffrance de l'archive, c'est parce qu'on sait que tout peut être
détruit sans restes. Non seulement sans trace de ce qui a
été, mais sans mémoire de la trace, sans le nom de la
trace. Et c'est
42 (Richeux, 2015)
43 (Nietzsche, 1887)
A-79
ce qui est à la fois la menace de l'archive et la
chance de l'archive. L'archive doit être dehors, exposé au dehors.
»
Jacques Derrida."Archive et brouillon" in Pourquoi la
critique génétique? 1998
Episode familial vécu par l'auteur de ce mémoire
: un membre de ma famille, passionné de culture et en particulier de
littérature, mais atteint d'une TTG proche du syndrome de
Diogène, avait accumulé vieux journaux, souvenirs personnels et
livres dans un grenier de très grande surface, à un point tel
qu'il ne pouvait plus y accéder et encore moins en classer les objets.
Au moment de son déménagement, il a dû céder
l'intégralité de son contenu à Emmaüs. 10 ans
après, il regrette encore certains livres rares qu'il sait avoir ainsi
perdus.
Deux paranoïas opposées : tout perdre (gardeurs),
trop laisser (jeteurs) E.3.b.2.2 L'art du rangement
Dans le domaine des objets physiques :
- Etablir un inventaire (« idéalement »
complété par des factures d'achats). Double intérêt
d'un tel inventaire : d'abord vis-à-vis des assurances. Et si les objets
ne peuvent être dupliqués, l'inventaire peut l'être et donc
être placé dans un lieu sûr, rendant possible une
reconstitution au moins partielle des collections affectées par un
sinistre.
- Chercher des méthodologies type de rangement (guides
pratiques ?) (Hors Perec ???? ) Un rangement est toujours un compromis entre
:
- Temps passé à ranger et à
réinsérer de nouveaux objets - Espace occupé,
esthétique du rangement
- Faciliter à retrouver les objets
Certains mécanismes de rangement utilisent un « sas
» intermédiaire :
- La mémoire humaine, qui dissocie mémoire de
travail (court terme) et stockage long terme
- Les ordinateurs reproduisent le même schéma,
sur 3 niveaux (bus processeur, RAM, disque)
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