Chapitre I : Etude bibliographique
I.
11
Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons, dans un premier
temps, l'état de l'art des polymères semiconducteurs organiques
en détaillant l'origine du caractère semi-conducteur et la notion
de bande d'énergie dans ces matériaux et en décrivant leur
structure, leurs mécanismes de conduction. Les approches
générales permettant la compréhension des
mécanismes fondamentaux qui régissent le transport de charges
dans les matériaux organiques seront rappelées. Ensuite, nous
nous focalisons sur les semi-conducteurs : le poly(3-hexylthiophène)
(P3HT) et l'oxyde de zinc (ZnO), nous détaillerons leurs
propriétés optoélectroniques. Afin d'étudier les
propriétés électriques de ces matériaux, la
troisième partie est dédiée à une étude
générale sur les transistors organiques à effet de
champ.
II. Généralités sur les
semi-conducteurs organiques
Un semi-conducteur organique est un composé organique
essentiellement constitué d'atomes de carbone, d'hydrogène,
d'oxygène, d'azote et de souffre, sous la forme d'un cristal ou d'un
polymère, montrant des propriétés identiques aux
semi-conducteurs inorganiques. Ces propriétés sont la conduction
par les électrons et les trous, mais aussi la présence d'une
bande interdite. On peut classer les semi-conducteurs organiques, selon leur
structure conjuguée, en différentes familles : les
systèmes polyéniques, les systèmes aromatiques, les
systèmes hétérocycliques aromatiques, les systèmes
mixtes. La figure I.1 présente la structure chimique de
différentes familles.
Figure I.1 : Principales familles
de polymères conjugués.
Habituellement, on distingue deux formes ou catégories
de matériaux organiques, selon la valeur de leur masse
moléculaire : les polymères et les petites molécules
(oligomères) semi-conducteurs,
12
qui ont en commun une chaîne carbonée
conjuguée. La différence entre ces deux se situe essentiellement
au niveau de la taille de leurs molécules. Un polymère est une
macromolécule dont la structure se répète
régulièrement le long de la chaîne par enchainement de
plusieurs unités conjuguées répétitives
appelées monomères reliés entre eux par des liaisons
covalentes.
II.1. Caractère semi-conducteur et structure
électronique des polymères organiques
Les semi-conducteurs organiques trouvent leur caractère
semi-conducteur par la présence d'un système it conjugué,
présentant une alternance des liaisons carbonées simples
(liaison) ó et doubles (liaison it) qui assurent des fonctions
différentes. Pour mieux comprendre l'origine de cette alternance, il est
donc nécessaire d'étudier le principal constituant des
matériaux organiques : l'atome de carbone. La configuration
électronique à l'état fondamental est (1s)2
(2s)2 (2p)2, il possède donc 4 électrons de
valence. Lors de la création de liaisons covalentes entre deux atomes
voisins, les orbitales atomiques (OA) de leur couche externe s et p vont se
mélanger pour former de nouvelles orbitales hybrides : sp,
sp2 et sp3 [1]. Chacune des orbitales
sp2 forme, par un recouvrement, une liaison covalente ó
stabilisant la molécule. Lorsque deux orbitales atomiques s'associent,
elles donnent naissance à une orbitale moléculaire (OM) pouvant
avoir deux niveaux d'énergie distincts. Les orbitales atomiques
2pz de deux atomes voisins se recouvrent latéralement donnant
lieu à une orbitale moléculaire liante it, de plus basse
énergie et une orbitale moléculaire anti-liante it*, de plus
haute énergie, créant ainsi une liaison ??
(figure I.2).
13
Figure I.2 : (a) Diagramme
énergétique de la liaison carbone-carbone pour une hybridation
sp2, (b) Représentation de la
molécule d'éthylène H4 comprenant 5 liaisons
ó : 4 liaisons C-H
et une liaison C-C résultant du recouvrement des
orbitales hybrides sp2 de chaque carbone. (c) La
liaison ð de la molécule d'éthylène formée par
le recouvrement latéral des orbitales non-hybridées 2pz des deux
atomes de carbone.
On associe aux orbitales moléculaires liantes, la bande
HOMO (Highest Occupied Molecular Orbital), l'orbitale
moléculaire occupée la plus haute en énergie, et aux
orbitales moléculaires anti-liantes, la bande LUMO
(Lowest Unoccupied Molecular Orbital), l'orbitale moléculaire
inoccupée la plus basse en énergie. Ces bandes correspondent
respectivement, comme leurs homologues inorganiques, aux bandes de valence et
de conduction. L'écart d'énergie entre les bandes HOMO et LUMO
correspond à la largeur de la bande interdite (Eg), qui
dépend, entre autres, de la délocalisation des électrons
le long de la molécule par conséquent du degré de
conjugaison et de polymérisation.
Par analogie aux semi-conducteurs inorganiques, les
semi-conducteurs organiques comptent eux aussi des matériaux à
caractère donneur et d'autres à caractère accepteur
d'électrons. Le caractère donneur ou accepteur est défini
en comparant les positions relatives des niveaux HOMO et LUMO de chaque
matériau. Le matériau donneur d'électrons est celui qui a
le potentiel d'ionisation (différence entre le niveau HOMO et le niveau
du vide, noté IP) le plus faible alors que le
matériau accepteur est celui ayant la plus grande affinité
électronique (différence entre le niveau LUMO et le niveau du
vide, notée ????). Les niveaux énergétiques dans les
polymères semi-conducteurs (non-dopés) se présentent sous
forme d'une structure en bandes. Cette structure en bandes se ressemble
à celle des semi-conducteurs inorganiques intrinsèques
présentant une bande de valence remplie et une bande de conduction vide
séparées par une bande interdite. La figure I.3
illustre la structure de bande d'une molécule organique et le
diagramme énergétique d'un matériau semi-conducteur
donneur ou accepteur d'électrons.
14
(a) (b)
Figure I.3 : (a) Structure de
bandes d'une molécule organique. (b)
Diagramme énergétique d'un matériau semi-conducteur
donneur ou accepteur d'électrons.
La nature des états impliqués dans le transport
dépend essentiellement de la position du niveau de Fermi qui est
typiquement situé à mi-chemin entre le dernier état
occupé et le premier niveau vide. D'une façon
générale, dans une molécule organique la conduction du
courant électrique est possible lorsque deux orbitales atomiques se
regroupent pour former une orbitale moléculaire. La longueur du
système conjugué influent sur les propriétés
électroniques de la molécule ; ainsi plus la chaîne est
longue plus il y a des états d'énergie et plus les niveaux
liant/anti-liant sont proches et donc la bande interdite diminue
[2].
II.2 Phénomènes de transport dans les
semi-conducteurs organiques
Le recouvrement des orbitales it permet le déplacement
des électrons du niveau HOMO vers une place vacante du niveau LUMO dans
la molécule (conduction intramoléculaire). Il existe plusieurs
modèles de transport de charges. Dans cette partie, nous allons
étudier ces phénomènes de transport de charge.
II.2.1 Les porteurs de charges
La conduction et le transport des charges dans les
semi-conducteurs organiques, d'une façon générale,
nécessitent au préalable la création de porteurs de
charges libres au niveau moléculaire. Le nombre de porteurs de charge
varie en fonction de la technique de dopage utilisée :
-Dopage chimique : il consiste à doper
le semi-conducteur en augmentant la densité de porteurs de charge en son
sein. Il s'agit d'un phénomène de transfert de charges entre le
dopant et les chaînes
15
du polymère conjugué. Ce processus de
création de charge dans la structure des SCO se produit par une
réaction d'oxydation (dopage de type p) ou par une réduction
(dopage de type n) de la chaine principale du matériau organique.
Pratiquement, le taux de dopage exprimé par le nombre
d'élément dopant par unité de répétition du
polymère varie entre 10 et 30 %, c'est-à-dire jusqu'à un
dopant pour 3 monomères.
-Photo-génération :
l'absorption d'un photon, de longueur d'onde équivalente à celle
du gap, par un polymère, permet le passage d'un électron du
niveau HOMO au niveau LUMO, laissant derrière lui un trou dans l'HOMO,
en créant ainsi une paire électron-trou appelée : exciton.
Sous l'action d'un champ électrique, le trou et l'électron sont
séparés, générant ainsi une charge positive et une
charge négative dans le polymère semi-conducteur. Ce principe est
très utilisé dans le cas des cellules solaires
photovoltaïques organiques.
-Injection de charges via un champ électrique
: c'est une technique très utilisée pour un contact
électrode-polymère semi-conducteur. Les porteurs de charge sont
injectés depuis l'électrode au polymère en appliquant une
tension électrique. Il est nécessaire de choisir un métal
avec un travail de sortie adéquat selon le type de porteurs que l'on
veut injecter et le contact le moins résistif possible avec le
semi-conducteur organique. Ainsi, le niveau de Fermi du métal doit
être proche de l'HOMO pour l'injection de trous ou proche de la LUMO pour
celle d'électrons.
Ce principe est utilisé pour des applications comme les
transistors organiques à effet de champ OFETs (Organic Field Effect
Transistors) et les OLED (Organics Light Emitting Diode).
II.2.2 Modèles de transport de charges
Le transport de charges dans les matériaux organiques
est un phénomène très complexe. Leur comportement peut
être influencé par plusieurs paramètres physiques (tels que
: la température, la densité de porteurs, l'intensité du
champ électrique, la distribution en énergie des porteurs...) et
quelques facteurs expérimentaux à savoir la présence de
sites de pièges pour les porteurs, inhomogénéité
des matériaux, viennent compliquer la conduction.
Dans le cas des métaux et des semi-conducteurs
inorganiques, où les atomes sont solidement liés par des liaisons
fortes de type covalentes, le transport de charges se fait dans les bandes
d'états délocalisés bien distinctes et
séparés par une bande interdite. Alors que le transport de
charges dans les matériaux semi-conducteurs organiques se fait
essentiellement selon un mécanisme par sauts successifs ou hopping entre
états localisés (inter ou intramoléculaires). Ces
états localisés
16
sont les conséquences directes du désordre
(homogène ou hétérogène) régnant dans ce
type de matériau. Dans les matériaux SCO, le transport par saut
ou hopping constitue aujourd'hui l'hypothèse qui illustre le mieux le
mouvement des porteurs de charges. Cependant, ce type de transport est
caractérisé par une faible mobilité par rapport à
celle des semi-conducteurs classiques. A l'heure actuelle, plusieurs
modèles co-existent pour décrire les propriétés de
transport des charges dans les semiconducteurs organiques : le transport de
charges par bande et le transport de charges par saut (hopping).
II.2.2.1 Transport par bande
Ce modèle de transport décrit le comportement de
certains matériaux organiques ayant une morphologie cristalline
(où règne un ordre à grande distance). Il a d'abord
été utilisé pour décrire le transport des charges
dans les semi-conducteurs inorganiques. Dans ce modèle de transport, les
interactions moléculaires forment des bandes d'énergie pour les
électrons et les trous (HOMO et LUMO) à partir
d'états délocalisés dans lesquels ces porteurs se
déplacent librement. Les propriétés électriques des
semi-conducteurs organiques dépendent essentiellement de la
mobilité ì des porteurs de charges définie par le rapport
entre la vitesse moyenne de charges et le champ
??
électrique appliqué : ?? =
(Eq.I.1) ??
où v est la vitesse moyenne de porteurs de charges sous
un champ électrique E appliqué. La relation liant la
mobilité à la conductivité est donnée par :
O = L???? (Eq.I.2)
où n est la densité de porteurs de charges
et e est la charge des porteurs
La mobilité des porteurs de charges varie en fonction
de la température selon la relation suivante : ?? oc
T-L, avec ??
caractéristique du matériau. Cette relation
prévoit une augmentation de la mobilité lorsque la
température diminue, car à hautes températures, la
vibration du réseau devient intense et entraine par la suite le
phénomène de diffusion.
II.2.2.2 Transport par saut (Hopping)
Généralement, dans les polymères
semi-conducteurs, le phénomène de transport s'effectue par sauts
d'un état à un autre (inter ou intramoléculaire). Comme
ces états n'ont pas forcément la
17
même énergie, de fait du désordre, la
charge doit absorber ou émettre un phonon pour compenser la
différence d'énergie. Le mouvement de la charge située
dans un état localisé est activé thermiquement. En effet,
lorsque le matériau vibre par agitation thermique, une
déformation du réseau apparaît, localisée autour de
la charge, appelée aussi phonon. Ce dernier est doté d'une
énergie propre, et permet le déplacement de la charge entre les
états localisés. Dans ce modèle, la
mobilité augmente avec la température et suit la
dépendance en exp (-????
??????) ; avec Ea
est l'énergie
d'activation, kB la constante de Boltzmann et T
la température en Kelvin.
Les polymères conjugués sont
caractérisés principalement par le désordre, il est alors
impossible d'utiliser le modèle de transport par bande. En effet, le
modèle de transport par saut a donc été mis en place pour
décrire le transport de charges dans ce type de matériau. Conwell
et Mott [3] sont les premiers à avoir proposé ce
modèle de transport (Modèle de saut à distance variable
« Variable Range Hopping (VRH) »). Miller
et Abrahams [4] ont proposé un autre modèle
basé sur un processus de saut par échange d'un seul phonon. Dans
ce dernier, la DOS (Density Of States) est assimilée à une
gaussienne. Pour que le transport par saut ait lieu, il faut que les fonctions
d'ondes d'un état initial et final localisé se recouvrent et un
minimum d'énergie est nécessaire pour les transitions d'un niveau
d'énergie à un autre plus énergétique (intervention
des phonons).
II.2.2.3 Transport limité par
piégeage-dépiégeage multiple « Multiple Trapping and
Release (MTR) »
Ce modèle est généralement utilisé
dans le cas des semi-conducteurs polycristallins. Initialement conçu
pour décrire le mouvement des électrons dans les transistors
à base de silicium amorphe, puis repris par Horowitz et al.
[5] pour expliquer la dépendance de la mobilité
avec la température et la tension de grille, dans le cadre de
transistors à base de sexithiophène. Son principe est basé
sur le transport qui s'effectue dans des états délocalisés
étendus et les états localisés constituent les
pièges aux alentours de la bande de conduction. Ce processus s'effectue
en deux étapes :
-Les porteurs de charges qui se déplacent au niveau de
la bande délocalisée sont instantanément
piégées par les états localisés (pièges)
;
-La deuxième phase qui constitue la libération
des porteurs par un processus thermiquement activé au bout d'un certain
temps. Ce modèle illustré par sur la figure I.4
est décrit donc par une succession de piégeages
(phénomène rapide) et de dépiégeages qui
nécessitent une activation thermique.
18
Figure I.4 : Illustration du
processus de piégeage et de libération multiples.
III. Quelques propriétés
optoélectroniques du P3HT et du ZnO III.1.
Généralités sur le P3HT
Le poly(3-hexylthiophène) (P3HT) est l'un des
polymères les plus étudiés dans le domaine de
l'électronique organique, il a fait, tout récemment, l'objet de
plusieurs études tant expérimentales que théoriques. Le
P3HT est un polymère semi-conducteur de type p structurellement
apparenté aux polythiophènes (PT) et il est constitué de
cycles aromatiques thiophène portant un groupement hexyle. Grâce
à ses chaînes latérales, il se dissout facilement dans les
solvants organiques. Sous forme de film mince, les chaînes de
polymère tendent à s'organiser entre elles. Il constitue le
matériau possédant les meilleures propriétés de
solubilité, de mobilité des charges et d'auto-organisation des
chaînes moléculaires. Toutefois, son gap énergétique
de 1,9 eV ne lui permet d'absorber que des longueurs d'ondes comprises entre
350 et 650 nm. Il est semi-cristallin lorsqu'il est
régio-régulier (c'est-à-dire que les cycles
thiophènes sont reliés de telle sorte que les chaînes
hexyle sont en position tête-bêche tout le long de la chaîne)
et lorsqu'il n'est pas régio-régulier (régio-random), il
est amorphe et présente des caractéristiques, notamment
spectroscopiques, très différentes. La
régio-régularité au sein du P3HT ne permet pas uniquement
d'augmenter l'ordre au sein de la couche, mais aussi d'améliorer les
propriétés de transport. La figure I.5
représente le schéma structurel du polythiophène
(PT) et P3HT.
19
Figure I.5 : Schéma
structurel du PT (gauche) et du P3HT (droite).
III.1.1 La synthèse du P3HT
Avec un intérêt grandissant qu'il porte dans le
domaine de l'électronique organique, plusieurs méthodes ont
été développées pour synthétiser le P3HT,
à savoir :
-La polymérisation électrochimique
qui consiste à appliquer un potentiel entre deux
électrodes plongées dans une solution de monomère
thiophène [7]. Toutefois, cette voie de synthèse
ne permet pas de produire des matériaux en grande quantité.
-La polymérisation par voie chimique
oxydante : consiste à polymériser du
3-alkylthiophène par oxydation grâce à différents
oxydes métalliques (FeCl3, MoCl5 ou RuCl3). Cependant, les
mécanismes sont assez controversés et le contrôle de la
régiorégularité reste très limité (environ
90%).
-La polymérisation par couplage chimique
: est la voie qui présente les meilleurs résultats
en termes de contrôle de régiorégularité. Cette
dernière a été développée à partir de
la fin des années 1990, par deux équipes en parallèle,
McCullough [8] et Yokozawa [9]. Ils ont
réussi à synthétiser des P3HTs fortement
régioréguliers (supérieur à 95%) et de masses
molaires contrôlées en ayant recourt à une méthode
appelée métathèse de Grignard (ou méthode GRIM).
Les deux facteurs structuraux essentiels pour la mise en oeuvre et la
morphologie des couches minces du polymère sont la
régiorégularité (RR) (%) et la masse moléculaire
(Mw) (en g/mol).
III.1.2 La
régiorégularité
Trois types de couplages différents peuvent être
obtenus lorsque deux monomères (3-hexylthiophène) sont
reliés entre les positions 2 et 5. Il s'agit des enchaînements
tête-à-queue (TQ, ou HT : Head-to-tail en anglais),
tête-à-tête (TT, ou HH) ainsi que queue-à-queue (QQ
ou TT), on aboutit donc à quatre triades régio-isomères
distinctes sur la chaîne du polymère : HT-HT, HT-HH, TT-HT et
TT-HH comme le montre la figure I.6 ci-dessous.
20
Figure I.6 : Les trois diades et
les quatre triades issues du couplage des thiophènes substitués
en positions 3.
La régiorégularité peut alors être
définie comme étant le pourcentage d'enchaînement
tête-à-queue (HT) des unités 3-hexylthiophènes entre
elles sur la plus grande longueur de chaîne et le plus fréquemment
possible. En effet, les P3HTs ayant peu d'enchaînement HT sont
qualifiés de faible régioréguliers et présentent de
fortes distorsions des noyaux aromatiques entre eux ce qui entraine alors une
diminution de la longueur de conjugaison. Par contre, les P3HTs fortement
régioréguliers (HT>95%) adoptent une conformation planaire ce
qui non seulement augmente leur longueur de conjugaison, mais permet aussi la
formation de structures cristallines hautement ordonnées. Ce
paramètre de régiorégularité joue donc un
rôle crucial sur les propriétés optoélectroniques
des P3HTs. Plus le taux régiorégularité est
élevé plus le recouvrement ð-ð* est important et donc le
transport est favorisé, comme il a été
démontré par les travaux de Sirringhauss [12]
où la mobilité en saturation des transistors était
proportionnelle au taux de régiorégularité de la couche de
P3HT. En effet, le P3HT régiorégulier est l'un des premiers
polymères à forte mobilité autour de 0,1
cm2/Vs. La régiorégularité du polymère
est très importante pour obtenir de bonne performance et il a
été montré que la mobilité du matériau
pouvait augmenter d'un facteur 1000 lorsque le taux de
régiorégularité passe de 70 à plus de 98 %
[13]. La figure I.7 montre
l'amélioration du la mobilité en fonction du taux de
régiorégularité.
21
Figure I.7 : Mobilités du
P3HT en transistor en fonction de sa
régiorégularité.
III.1.3 Effet du solvant sur la structure et la
cristallinité du P3HT
Les solvants jouent un rôle crucial sur la
cristallinité du P3HT ainsi que sur la mobilité des porteurs de
charge dans les transistors à effet de champ à base de
polymères. Sirringhaus et ses collègues [14] ont
découvert que la cristallinité des couches P3HT dépend du
solvant utilisé. Particulièrement, le P3HT se dissous dans des
solvants à haut point d'ébullition comme le
1,2,4-trichlorobenzène. Il apparaît que sa structure est d'autant
plus importante que le point d'ébullition du solvant est
élevé. Ici, le paramètre décisif est le point
d'ébullition du solvant. En effet plus le point d'ébullition du
solvant est élevé, plus l'évaporation du solvant est lente
et plus le polymère a la possibilité de s'arranger. Une gamme de
solvants avec des points d'ébullition plus élevés a
été étudiée, on a constaté que le
1,2,4-trichlorobenzène avec une bonne solubilité et un point
d'ébullition élevé améliore considérablement
la mobilité à effet de champ jusqu'à 0,12 cm 2 / Vs avec
des rapports On/Off de l'ordre 10 6. Cela peut être
expliqué par le ralentissement d'évaporation du solvant à
point d'ébullition élevé, laissant le temps les
chaînes polymères interagir plus fortement entre elles,
résultant en des structures plus cristallines.
III.1.4 Propriétés optiques
On caractérise le polymère P3HT par son spectre
d'absorption à l'aide du principe d'absorbance donné par la
relation de Beer-Lambert : A = log ????? ? , avec Io
l'intensité du rayon incident et I
l'intensité résultante après avoir
traversé le polymère. Des mesures optiques ont été
effectuées sur les couches de P3HT déposées sur des
substrats de verre. Le spectre représenté sur la figure
I.8
22
montre trois pics situés à 524, 557 et 604 nm
attribués tous à la transition ð-ð*. Le maximum
d'absorption est situé au niveau du deuxième pic. Cette structure
est attribuée à l'absorption intermoléculaire
[15].
Figure I.8 : Spectre d'absorption
du P3HT.
III.2. Généralité sur le
ZnO
L'oxyde de zinc (ZnO) est un semi-conducteur binaire de type
(II-VI) non toxique avec une large bande interdite (3,3 eV), à gap
direct ayant une grande énergie de liaison d'exciton (60 meV) à
une température ambiante et une conductivité naturelle de type n.
Il est transparent dans le visible et dans le proche infrarouge et
présente un ensemble de propriétés qui lui
confèrent un potentiel d'exploitation dans de nombreux domaines
d'applications comme optoélectronique, cathodoluminescence,
photoluminescence, électroluminescence, capteurs de gaz, les diodes
électroluminescentes (DEL), dispositifs laser, comme contacts
électriques transparents pour les applications en photovoltaïque,
détecteur de pression, ou dans des dispositifs électroniques tels
que redresseur, les filtres et dans la fabrication des varistances.
III.2.1 Propriétés structurales
Du point de vue cristallographique, le ZnO peut exister selon
les conditions d'élaboration, sous trois types de structures
différentes : la structure B4 (Wurtzite), la structure B3 (Blende) et
la
23
structure B1 (Rocksalt). La structure hexagonale (Wurtzite)
est la structure thermodynamiquement stable à la température
ambiante, la structure blende (cubique) est observée lorsque ZnO est
déposé sur certains substrats de symétrie cubiques, et la
troisième structure est obtenue lorsqu'une pression hydrostatique (10-15
GPa) est appliquée sur la structure Wurtzite. Dans le cadre de cette
étude, nous nous intéresserons au ZnO de structure Wurtzite.
Une étude bibliographique sur la structure des couches
minces de ZnO préparées par voie sol-gel a montré qu'elles
cristallisent dans le système hexagonal (wurtzite),
représenté sur la figure I.9, avec une
orientation préférentielle suivant l'axe c et les
paramètres de maille suivants [16] :
a = b = 3,252 Å,
c = 5, 219 Å.
La structure Wurtzite contient quatre atomes par maille dont les
positions sont :
O2 : (0 ; 0 ; 0) ; (2/3 ; 1/3 ; 1/2) ;
Zn2+ : (0 ; 0 ; 3/8) ; (2/3 ; 1/3 ; 7/8)
Dans lequel les ions d'oxygènes O-2 sont
disposés suivant un réseau de type hexagonal compact, et ou les
ions de zinc Zn+2 occupent la moitié des positions
interstitielles tétraédriques ayant le même arrangement que
les ions d'oxygène.
Figure I.9 : La structure
cristallographique du ZnO (wurtzite).
III.2.2. Propriétés électriques des
couches minces de ZnO
D'une manière générale, le ZnO non
dopé est considéré comme un semi-conducteur de type n.
Il est possible de modifier sa résistivité
électrique par dopage, soit en introduisant des atomes de zinc en
excès en position interstitielle, ou en créant des lacunes
d'oxygène. La résistivité électrique
24
de l'oxyde de zinc en couche mince se situent dans une gamme
de 10-4-1012 Ù cm. Elle dépend du nombre
des porteurs libres et de leur mobilité. Une conductivité
élevée (> 5.103
Ù-1.cm-1) est possible dans ZnO de type n en
raison des défauts intrinsèques, des dopants (Al, In, Ga, B, F,
autres) [17]. La conductivité des couches d'oxydes purs
est due à la forte concentration en porteurs (électrons) ce qui
est attribuée aux défauts dans la structure. Selon le mode de
préparation et les paramètres technologiques, en particulier les
traitements thermiques, on peut obtenir des mobilités différentes
[18].
III.2.3. Propriétés électroniques
des bandes
Les structures électroniques des bandes de
l'oxygène et du zinc sont : O: 1s2
2s2 2p4
Zn: 1s2
2s22p63s2
3p63d104s2
Les états 2p de l'oxygène forment la bande de
valence et les états 4s du zinc constituent la zone de conduction du
semi-conducteur du ZnO. La figure I.10 montre la structure de
bande du ZnO non dopé. Il existe en réalité six bandes I'
résultantes des états 2p de l'oxygène, et les plus bas des
bandes de conduction ont une forte contribution des états 4s du zinc. La
structure électronique de bandes montre que le ZnO est un
semi-conducteur à gap direct, le minimum de la bande de conduction et le
maximum de la bande de valence sont situés au point I'. La largeur de la
bande interdite du ZnO à température ambiante est de l'ordre de
3,3 eV [19].
Figure I.10 : Structure de bande
du ZnO.
25
III.2.4 Propriétés optiques des couches
minces
Les propriétés optiques des couches minces de
ZnO dépendent des conditions de préparations et de de la
méthode d'élaboration, la qualité des couches minces, le
traitement thermique appliqué, le type et la concentration du dopant. Le
ZnO est un semi-conducteur à gap direct considéré comme
étant un matériau conducteur transparent dont l'indice de
réfraction, sous la forme massive, est égal à 2. Sous
forme de couche mince, son indice de réfraction et son coefficient
d'absorption varient en fonction des conditions d'élaboration. Son
indice de réfraction a une valeur qui varie entre 1.70 et 2.20
d'après la littérature [20]. La figure
I.11 représente le spectre d'absorbance du ZnO, on constate
qu'il absorbe la lumière UV dans la gamme de longueurs d'onde de 300-400
nm (dans le visible et proche infrarouge) due à la large bande
interdite. Le seuil d'absorption de ZnO se situe dans le proche-ultraviolet
(380 nm) [21].
Figure I.11 : Spectre
d'absorption UV-Visible des nanoparticules de ZnO.
IV. Généralités sur les
transistors organiques à effet de champ
Les transistors organiques à effet de champ (OFET pour
"Organic Field Effect Transistor", ou OTFT pour "Organic Thin Film Transistor
Organic", ou transistors organiques en couches minces) sont
particulièrement intéressants car leurs procédés de
fabrication sont beaucoup moins complexes et moins couteux que leurs
équivalents à base des matériaux inorganiques. Dans cette
partie, nous décrivons le principe de fonctionnement, les
différentes configurations et les régimes de fonctionnement ainsi
que les principales grandeurs caractéristiques de ces transistors.
IV.1.
26
Définition
Un transistor est un composant électronique essentiel,
utilisé dans des appareils électroniques, comme amplificateur ou
modulateur de signal et stabilisateur de tension. Il fonctionne aussi bien en
basse qu'à haute tension. D'une façon générale, un
transistor est un dispositif semi-conducteur à trois électrodes,
qui contrôle un courant ou une tension sur l'électrode de sortie
(le collecteur pour le transistor bipolaire et le drain pour un transistor
à effet de champ) grâce à une électrode
d'entrée (la base pour le transistor bipolaire et la grille pour le
transistor à effet de champ).
IV.2. Les transistors à effet de
champ
Le transistor à effet de champ possède trois
bornes de connexion : la source, la grille et le drain. Le courant qui circule
entre le drain et la source, traverse le canal qui peut être
constitué soit d'un semi-conducteur de type N (FET à
canal N), soit d'un semi-conducteur de type P (FET à canal P).
Ce courant est commandé par la tension appliquée sur
l'électrode de grille. Le transistor à effet de champ est dit
unipolaire car il dépend seulement de la conduction d'un seul type de
porteurs : électrons dans le cas FET à canal N et trous dans le
cas de FET canal P ; par contre le transistor bipolaire utilise
simultanément la conduction par deux types de porteurs de charges : des
électrons et des trous. Cette dépendance se base sur l'effet de
champ électrique généré par l'électrode de
base (d'où le nom de transistor à effet de champ). C'est
essentiellement l'effet du champ qui le diffère du transistor bipolaire.
On distingue plusieurs types de transistors à effet de champ : le JFET
(ou le FET à Jonction), le MOSFET : (Métal Oxyde
Semi-conductor Field Effect Transistor), le OFET (Organic Field Effect
Transistor), etc.
IV.3. Les transistors à effet de champ organiques
en couches minces
L'étude des transistors organiques à effet de
champ (Organics Field Effect transistors «OFET«) est devenue, en ce
moment, une alternative à celle de transistors à base de silicium
amorphe (a-Si : H) pour des dispositifs en électronique. Ces dispositifs
présentent quelques avantages majeurs : comme la production en masse, la
flexibilité, la réduction du coût de fabrication, la
maitrise de la couche de SCO. Ils sont de plus en plus utilisés dans la
conception des capteurs [22, 23], du domaine
médical et de peau artificiel «E-skin« [24,
25], les étiquettes RFID [26,
27], les écrans flexibles [28], etc.
Le principe de fonctionnement d'un OFET est identique à celui d'un
MOSFET (Metal Oxide Semi-Conductor Field Effect Transistor) classique. Mais de
point de vue régime de
fonctionnement le transistor à effet de champ organique
différent de son équivalent MOSFET inorganique. En effet un
transistor organique fonctionne en régime d'accumulation de porteurs
majoritaires par contre un MOSFET inorganique fonctionne en régime
d'inversion de porteurs minoritaires. Toutefois, pour qu'il puisse concurrencer
ce dernier, il faut améliorer la mobilité des charges.
IV.3.1 Structure des transistors organiques à
effet de champ
Un OFET est une capacitance constituée de trois
contacts métalliques entre lesquelles on injecte des porteurs de
charges. Les deux plaques métalliques appelés source (S) et drain
(D) ont respectivement pour rôle d'injecter et de collecter des charges
comme l'indique la figure I.12. La source est
séparée du drain par le semi-conducteur organique (couche active)
déposé sur une autre couche de matériau
diélectrique. Ceci permet la création d'un canal de conduction
entre S et D, défini par sa longueur L (distance entre S et D) et sa
largeur W. La troisième plaque appelée grille (G) est
isolée du matériau semi-conducteur par une couche
diélectrique et permet de contrôler le courant circulant dans le
canal du transistor en fonction du potentiel qui lui est appliqué.
27
Figure I.12 : (a) Structure d'un
transistor organique ; (b) Vue de dessus du canal de longueur L
et largeur W [29].
IV.3.2 Différentes configurations des
OFETs
On distingue quatre différentes architectures pour les
transistors organiques selon le choix de l'empilement des couches et de la
position des trois électrodes durant le processus de fabrication.
28
Pour chacune des configurations de la grille «
Bottom Gate BG » et « Top Gate
TG », on peut retrouver la géométrie «
Bottom Contact BC » ou « Top
Contact TC ». Ces différentes structures
décrivent dans chacune des configurations l'empilement des
différentes couches de matériaux constituant le transistor. La
figure I.13 illustre les différentes configurations.
Figure I.13 : Les
différentes architectures des transistors organiques : (a) Bottom
Gate-Top Contact (BG/TC), (b) Bottom Gate-Bottom Contact (BG/BC) ; (c) Top
Gate-Top Contact (TG/TC) ; (d) Top Gate-Bottom Contact (TG/BC).
Parmi les configurations des électrodes, le «
Top Contact » est le plus utilisé car il
permet d'obtenir un courant de drain plus élevé. En effet cette
configuration permet d'obtenir une grande surface de contact des
électrodes avec des lignes de champ définissant le canal de
conduction. En revanche, les process utilisés pour le dépôt
de l'électrode sont susceptibles de détériorer le
matériau actif en créant des défauts au niveau la
structure. Tandis que la configuration « Bottom Contact
» serait privilégiée si le semi-conducteur est
sensible à l'air et/ou à l'humidité. Comme le
diélectrique est déposé après le SCO, il jouera
donc un rôle de protection et d'encapsulation [30]. Les
OFETs sont des périphériques d'interface, fonctionnant
généralement en mode d'accumulation. Par conséquent,
l'interface semiconducteur organique/isolant où le transport de charge a
lieu est essentielle pour les applications réelles des OFETs
[31]. Le tableau I.1 récapitule les
avantages et les inconvénients de chaque configuration.
29
Tableau I.1 : Tableau
récapitulatif des avantages et des inconvénients de chaque
configuration.
Les transistors étudiés durant ce projet ont une
structure Bottom Gate/Bottom contact (BG/BC). Cette configuration
permettra entre autres de limiter la dégradation du semi-conducteur
très sensible à l'environnement.
IV.3.3 Principe de fonctionnement des OFETs
Le principe de base d'un OFET est de moduler le courant entre
les deux électrodes source (S) et drain (D) en fonction de la tension
appliquée à une troisième électrode appelée
grille (G). Lorsqu'aucune tension n'est appliquée à la grille G
(????S = 0), le courant entre la source et le drain est très
faible. On parle alors de position OFF. Le courant
correspondant est appelé IOFF. C'est le courant de
fuite. Il s'agit du courant résiduel circulant dans le semi-conducteur
entre drain et source et qui n'est jamais nul. Il révèle en effet
une conduction parasite permanente entre le drain et la source sur laquelle la
grille n'a aucun effet. Il est un indicateur de la pureté des
matériaux et de la qualité des interfaces. Lorsqu'une tension VG
est appliquée sur la grille (VGS ? 0), le transistor se trouve alors en
position On. Le courant mesuré entre les
électrodes S et D est appelé ION. C'est le
30
courant de saturation à une tension VG
donnée. Il dépend de la mobilité des charges et de la
capacité à accumuler un grand nombre de porteurs dans le canal.
En effet l'application d'une tension à la grille induit un champ
électrique à travers le diélectrique. Et à cause de
la présence de ce champ électrique, des charges peuvent
s'accumuler de manière homogène à l'interface
diélectrique/SCO par effet de polarisation du diélectrique.
-Une tension négative (VGS <
0) appliquée à la grille entraine une accumulation des
trous à l'interface diélectrique/SCO. On parle de canal de
conduction de type P.
-Lorsqu'on applique une tension positive (VGS
> 0), une accumulation d'électrons se formera dans le
canal de conduction. On parle alors de canal de conduction de type
N.
IV.3.3.1 Les différents régimes de
fonctionnement de l'OFET
Les transistors organiques à effet de champ
fonctionnent en régime d'accumulation contrairement aux transistors
inorganiques (MOSFET) qui fonctionnent en régime d'inversion. En effet,
pour les transistors organiques, on définit le canal par la
présence et l'accumulation de porteurs majoritaires alors que dans le
cas des transistors inorganiques, le canal est formé par les porteurs
minoritaires. On considère le cas d'un transistor organique à
effet de champ où le semi-conducteur organique est de type P :
-Variation de la tension de grille VGS avec VDS < 0 :
lorsqu'on applique une tension positive à la grille (VGS > 0V), la
barrière de potentiel entre le métal et la LUMO du semiconducteur
empêche l'injection d'électrons, il se crée alors une zone
de déplétion dans le canal. Le transistor sera en
régime de déplétion et aucun
courant ne circule quel que soit la tension appliquée sur le drain. Le
transistor est donc dans l'état bloqué (figure I.14
a). Lorsque VGS < 0 et |VON| < |VGS| < |VTh| avec VON et
VTh les tensions respectives de démarrage et de seuil, une
zone d'accumulation de trous commence à se former à l'interface
SCO/diélectrique (figure I.14 b), même
si la concentration de charges reste faible, on observe une forte augmentation
de courant ID pour une faible variation de VGS. Il s'agit de la zone sous le
seuil de la courbe ID=f(VGS). Lorsqu'on applique une tension négative
à la grille supérieure à la tension de seuil
(|VGS|>VTh), la concentration en trous devient suffisamment importante pour
former un canal de conduction (figure I.14 c).
31
Figure I.14 :
Représentation des régimes d'un OFET de type p et de la courbe ID
= f (VGS) associée en échelle logarithmique et pour
VDS<0.
-Variation de la tension de drain avec VGS < 0 : pour des
tensions de grille et de drain négatives telles que |VDS| < |VGS -
VTh|, le transistor est passant : |ID| > 0A. Il s'agit du
régime linéaire. En effet, pour les
faibles tensions de drain, le courant de drain ID croît
linéairement avec VDS (figure I.15 a). Les
trous sont uniformément répartis dans le canal.
W VD
I D,lin = L I LCi (V G - V th - 2)VD
(Eq.I.3)
avec, L et W respectivement la longueur et la largeur du canal
conducteur, Ci la capacité de l'isolant par unité de surface
(Ci=å0åi/e), u la mobilité des
porteurs de charge et VG, VD et Vth la tension de grille, de drain et de seuil
du transistor.
32
Pour une tension de drain telle que |VD|=|VG - VTh|, un pincement
du canal de conduction est observé côté drain
(figure I.15 b), il s'agit du début du
régime saturé. En effet, le courant de drain n'augmente
plus linéairement mais atteint un maximum correspondant au courant de
saturation et
W
suit l'équation suivante : ID,sat = 21, u~Ci (V G - V
th)2 (Eq.I.4)
Lorsque |VDS| >> |VGS - VTh|, le point de pincement du
canal se déplace vers la source et le courant de drain reste constant,
égal au courant de saturation (figure I.15
c).
Figure I.15 : Représentation
des régimes d'un OFET de type p et de la courbe ID = f (VDS)
associée et pour VGS<0.
IV.3.4 Caractéristiques électriques des
OFETs IV.3.4.1 Courbes caractéristiques
Un transistor est caractérisé
généralement par deux types de courbes caractéristiques :
les courbes de sortie, pour lesquelles le courant de
drain ID est représenté en fonction de la
tension de drain
33
VD pour différentes valeurs de la
tension de grille VGS et les courbes de transfert
qui traduisent l'évolution du courant de drain ID
en fonction de la tension appliquée sur la grille VGS
pour une polarisation de drain VDS donnée. La
figure I.16 représente les courbes de sortie et de
transfert d'un transistor de type P.
Figure I.16 : Courbes
caractéristiques d'un OTFT de type p. (a) Courbes de transfert ID=f(VGS)
à VD fixe. (b) Courbes de sortie ID=f(VDS) à différentes
valeurs de VGS.
- Courbes de transfert (a) : Les
caractéristiques de transfert présentent
généralement une courbe mesurée en régime
linéaire (à VGS faible) et en régime de saturation
(à VGS fort). Ces courbes permettent l'extraction de paramètres
clés des transistors tels que la tension de seuil VTh, la
pente sous le seuil SS, le rapport ION/IOFF, la mobilité des porteurs,
etc. La figure I.16 (a) montre les trois zones de
fonctionnement des transistors :
Etat bloqué (1) : Cette zone correspond
à des valeurs VGS fortement positives dans le cas d'un OFET
de type p (ou fortement négatives pour un OFET de type n).
Zone sous le seuil (2) : Cette partie de la courbe
sert à extraire la pente sous le seuil qui renseigne sur la
capacité du transistor à passer d'un état bloqué
à un état passant.
Etat passant (3) : Le canal de conduction est
complètement formé.
- Courbes de sortie (b) : c'est une
caractérisation classique d'un OFET. Pour chaque tension de grille
appliquée (où VG est négative : c'est l'état
passant du transistor), on distingue deux régimes
(régime linéaire et régime
saturé). Les caractéristiques de sortie permettent de
déterminer les résistances de contact entre les électrodes
S/D et le semi-conducteur et donc de quantifier les problèmes
d'injection de charges qui peuvent en découler.
IV.3.4.2 Paramètres
caractéristiques
Les paramètres qui vont être présentés
sont extraits des courbes caractéristiques de transfert et de sortie.
Ils permettent de déterminer les performances des transistors
organiques.
- La mobilité à effet de champ des porteurs
de charges (ì)
Par définition, la mobilité désigne la
facilité avec laquelle les porteurs de charges (trous ou
électrons) peuvent se déplacer dans un SCO sous l'effet d'un
champ électrique. Cette grandeur s'exprime en cm2/Vs. Dans le
modèle de Drude, la mobilité permet de relier la vitesse des
charges
??? au champ électrique appliqué ???
|
par la relation : ???
|
?
= ????
|
(Eq.I.5)
|
34
Pour les OFETs, la mobilité est un paramètre
essentiel dans la caractérisation. En effet, elle dépend de
nombreux paramètres extrinsèques. Parmi ces derniers, les plus
influents sont la qualité de l'interface SCO/isolant (qui pourrait
constituer une source de défauts et de pièges), la
résistance de contact (affectant la nature de l'injection des charges).
Elle peut être extraite en deux régimes de fonctionnement :
En régime linéaire, il suffit de tracer
la courbe de transfert, puis de calculer la transconductance
gm, définie telle que : ???? =
(Eq.I.6)
???? ??
=
??
??????
???????? = (Eq.I.7)
??????????
?????? ????????????
En régime saturation, la mobilité
???????? est calculée à partir de la pente de la courbe : v???? =
??(????) On peut déduire de l'expression la mobilité
????????à partir de l'équation (Eq.I.4) :
???????? = (??v????,??????
?????? )?? × ????
?????? (Eq.I.8)
- La tension de seuil Vth
La tension de seuil Vth est définie comme
étant la tension de grille pour laquelle la conductivité du
canal (aux faibles tensions de drain) est égale
à celle de la totalité de la couche semi-conductrice
[32]. En pratique, la tension de seuil est extrapolée
de la courbe de transfert en régime de saturation.
35
En effet l'intersection de la droite passant par la partie
linéaire et l'axe représentant la tension de grille indique la
valeur de la tension de seuil.
- Le rapport ION/IOFF
Le rapport ION/IOFF correspond au rapport des
courants de drain dans l'état passant ION et dans l'état
bloqué IOFF du transistor. ION désigne le courant de drain dans
le régime de saturation à une tension VG donnée et il est
directement relié à la mobilité. Il est donc un
paramètre essentiel pour les performances d'un transistor. Le but est de
le maximiser en ayant un IOFF le plus faible possible, et un ION
élevé. En pratique, ces courants sont extraits en traçant
la courbe de transfert avec l'axe des ordonnées (correspondant au
courant de drain) en échelle logarithmique, et, pour une tension de
drain VD fixée.
- La pente sous le seuil SS
La pente sous le seuil (S) renseigne sur la rapidité
avec laquelle le transistor va passer de l'état ON à
l'état OFF, indiquant ainsi sa vitesse de commutation. Elle
représente la variation du potentiel nécessaire de grille
à appliquer pour augmenter le courant de drain d'une décade. En
pratique, ce paramètre est extrait de la courbe de transfert en
échelle logarithmique, en calculant la pente maximum dans la partie
linéaire de la courbe. Elle est donnée par l'expression suivante
et exprimée
O G
en Volts/décade : ?? = (Eq.I.9)
O(log 1D)
Ce paramètre est fortement relié aux
défauts présents dans le semiconducteur et à l'interface
avec l'isolant, indiquant la vitesse de remplissage de ces derniers
[33, 34]. Plus le nombre de pièges
sera important, plus la pente sous le seuil sera faible. Ainsi, une pente
faible permet d'avoir une vitesse de commutation élevée et donc
un meilleur dispositif.
V. Conclusion
Ce chapitre décrit, dans la première partie, les
notions fondamentales nécessaires pour la compréhension des
phénomènes qui interviennent dans les semi-conducteurs organiques
et les modèles de transport établis pour les semi-conducteurs
organiques. En seconde partie, les propriétés
optoélectroniques du P3HT et du ZnO ont été
rappelées. La troisième est consacrée à une revue
générale sur les transistors à effet de champ organiques.
Après avoir expliqué le principe de fonctionnement d'un
transistor, nous avons détaillé les aspects structurales et
électriques des transistors organiques à effet de champ
(OFETs).
36
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