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Le régime juridique de la double nationalité en droit burundais


par Jean-Baptiste BARUMBANZE
Université du Lac Tanganyika - Licence 2011
  

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CONCLUSION GENERALE

L'on ne comprend la notion de double nationalité que si l'on essaie de comprendre celle de « simple » nationalité. Cette dernière se conçoit comme étant un lien juridico-politique entre l'individu et l'Etat.

La notion de nationalité nous fournit, en outre, une différence entre la nationalité sociologique et la nationalité juridique, la coïncidence entre les deux, même si elle n'est pas toujours possible, est plus que souhaitable.

De surcroît, l'attribution de la nationalité est dominée par certains principes de droit international.

Ainsi, la nationalité se veut nécessaire pour les individus. Elle est attribuée par un Etat souverain qui exerce son pouvoir discrétionnairement.

De là apparaissent deux éléments de la nationalité auxquels vient s'adjoindre le troisième, celui du lien entre l'individu et l'Etat qui évoque les critères dont s'inspire chaque Etat dans l'attribution de sa nationalité. Ces critères veulent que, dans son rôle de donneur de nationalité, l'Etat tienne compte de ses besoins, des aspirations des individus demandeurs de nationalité, dans la mesure où les intérêts de ces derniers s'avèrent compatibles avec les siens, sans oublier bien sûr que les nécessités internationales doivent également entrer en ligne de compte.

En outre, la triple nature juridique de la nationalité nous révèle que le lien de nationalité est un lien légal, en dépit de l'opinion contraire tendant à lui conférer le caractère contractuel. Il est aussi un lien de droit public en ce que seul l'Etat peut accorder la nationalité à l'intéressé, quand bien même une partie de la doctrine soutient l'idée que la nationalité constitue une législation autonome produisant des effets de droit privé et des effets de droit public. De même, la nationalité est un lien de droit interne entraînant des effets internationaux.

La nationalité peut être, soit d'origine si elle est attribuée selon les modes prévus, c'est-à-dire le lien de filiation et le lien avec le territoire, soit acquise si elle est conférée par naturalisation, par déclaration, par option et par recouvrement.

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deviendrait apatride. Il s'agit d'une présomption qui a été prévue par la loi dans le but de réduire autant que possible les situations d'absence de nationalité.

La nationalité est un critère de rattachement dans tous les cas où l'on a besoin de déterminer la loi applicable dans l'hypothèse de conflit de lois, elle assure la plénitude de la personnalité juridique tandis que son acquisition permet d'éviter l'apatridie.

La plupart des modes d'attribution ou d'acquisition de la nationalité sont celles-là même qui se trouvent être les facteurs juridiques de la double nationalité. A l'égard de cette dernière, les Etats adoptent des attitudes différentes, mais il faut mentionner que le Burundi adopte une attitude de reconnaissance pure et simple de la binationalité.

Ainsi donc, comme facteurs juridiques de la double nationalité, outre l'application simultanée du jus soli et du jus sanguinis, cette situation peut résulter du recouvrement de la nationalité, de la naturalisation, de la transmission de la nationalité aussi bien par le père que par la mère, de la transmission de la double nationalité par le père ou par la mère, etc.

A ce niveau, il convient de souligner que le droit burundais consacre une inégalité entre l'homme et la femme car, d'un côté, la loi prévoit la possibilité pour une femme étrangère d'acquérir la nationalité de son mari burundais alors que le contraire n'est pas possible, d'un autre côté, seul l'homme confère, en principe, sa nationalité aux enfants, la femme ne pouvant la leur conférer qu'à titre subsidiaire, lorsque la filiation paternelle n'est pas établie.

En plus, en droit burundais, au contraire de l'adoption simple, seule l'adoption plénière confère la nationalité et, partant, la double nationalité à l'adopté.

La double nationalité crée des conflits, soit positifs, soit négatifs.

Ainsi, sans ignorer qu'elle procure des avantages à l'intéressé notamment en augmentant les chances de la protection diplomatique, en accroissant la liberté d'aller et de venir et les droits du double national, la double nationalité plonge l'intéressé dans une situation embarrassante, en matière d'obligations militaires, elle crée le problème d'exercice de la protection diplomatique et ce problème s'accentue lorsque la prétendue victime a également la nationalité de l'Etat défendeur.

Des problèmes naissent aussi en matière d'état et de capacité des personnes.

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La doctrine propose des solutions dont la plupart résultent des conventions internationales, notamment la prise en considération de la nationalité unique de l'intéressé, de la solution qui tient compte du but à atteindre, la prise en compte de la nationalité la plus effective et celle de la nationalité du for. C'est cette dernière qui est préconisée par le droit burundais même si elle n'est pas satisfaisante. Ce dernier prévoit également une solution en matière d'obligations militaires qui n'est qu'un expédient car elle laisse subsister les obligations civiques à charge d'un double national sans prévoir une solution au cas où ce dernier se verrait appelé sous les drapeaux par un autre Etat dont il a aussi la nationalité et cela, au même moment.

En cas de conflit de deux nationalités étrangères, le droit burundais ne prévoit aucune solution.

Les conflits négatifs, quant à eux, sont le résultat de l'apatridie. L'apatride connaît ainsi des problèmes de rattachement, en matière de statut personnel, des problèmes de protection diplomatique tandis qu'il a toujours la crainte de se voir expulsé, etc.

Des conventions internationales ont été conclues en vue d'assurer la protection de l'apatride et de déterminer le critère de son rattachement en matière de statut personnel. Là aussi, les solutions ne sont pas satisfaisantes car les exigences nationales en matière démographique passent avant les intérêts des apatrides.

Sur le terrain de la pratique, notre constat est que les cas de jurisprudence sont limités. Nous ne prétendons pas avoir épuisé l'étude de tous les contours de la question. Le sujet mérite d'être approfondi et nous espérons que d'autres chercheurs voudront bien nous compléter.

Nous déplorons en outre que certaines des voies que nous avions voulues emprunter dans le but d'améliorer notre travail ne nous aient pas été accessibles.

Cependant, par de-là toutes les difficultés rencontrées, les efforts fournis nous ont permis de détecter quelques lacunes dans l'arsenal juridique burundais, ce qui nous amène à émettre les recommandations suivantes :

Le législateur burundais devrait permettre à la femme de conférer sa nationalité à ses enfants sans aucune autre considération ; permettre à un mari étranger d'acquérir la nationalité burundaise de son épouse ; compléter l'article 28 du code burundais de la nationalité, en indiquant au juge la solution à adopter en cas de conflit de deux nationalités étrangères ; en matière de protection

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diplomatique, clarifier la situation de la victime, lorsque celle-ci a également la nationalité de l'Etat défendeur ;

L'Etat du Burundi devrait inventorier les Etats dont les nationaux ont également la nationalité et conclure avec eux des conventions tendant à résoudre tous les conflits positifs de nationalité, plus particulièrement en matière d'obligations militaires.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams