Dynamique entrepreneuriale à Dangbo au Béninpar Jacques GBEGNIHO Université d'Abomey Calavi - Master II Professionnel, formation pour Adultes/Andragogie 2017 |
CHAPITRE 2 : PROBLEMATISATION DE LA RECHERCHE2.1. Revue de littératureDans le cadre de ce travail, nous nous sommes intéressés à des travaux existant pour mieux cerner les contours de notre sujet de recherche.Le résumé de quelques travaux se retrouve dans cette partie du travail. Lors de l'analyse de l'importance de l'entreprenariat, le Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement CNUCED,(2003)8(*) estime que : « le développement du secteur privé et de l'entreprenariat est un élément essentiel de la réalisation de l'un des objectifs du millénaire pour le développement : la réduction de la pauvreté »....Dans beaucoup de pays en développement, comme le Bénin, le développement du secteur privé est un moteur puissant de la croissance économique et de la création des richesses.Quant à ses travaux sur l'esprit d'entreprise et les exigences sociales et se penchant sur l'entreprenariat dans la ville de Butembo, Kiyani Paluku(2004)9(*), est arrivé à conclure que la population de Butembo a un esprit d'entreprise. L'auteur a souligné que les entrepreneurs de Butembo, à partir de leurs initiatives créent des richesses en produisant des biens et des services et redistribuent les revenus en payant les facteurs qu'ils utilisent. Quand une personne veut entreprendre, elle imite les autres au début en menant d'abord les investigations sur les avantages et les difficultés de l'activité choisie. Ainsi, Masika(2006)10(*) s'intéressa aux raisons du choix d'une activité donnée qui relève du rôle social qu'elle peut jouer, et sa capacité de génération de revenus. La dynamique entrepreneuriale, dans les conclusions de Kasereka (2008),11(*)est l'oeuvre de plusieurs acteurs. Les principaux acteurs entrepreneuriaux sont les particuliers, les églises, les Organisations non-Gouvernementales, les associations et syndicats, et parfois les partis politiques. Pour lui, l'Etat en tant qu'entrepreneur n'est pas tellement actif. Il ne s'occupe que des fonctions traditionnelles.On distingue avec lui que les individus de tout genre peuvent entreprendre. Ainsi on remarque les femmes dans le domaine commercial, de survie tandis que les hommes s'activent plus dans le domaine de la croissance. Pour Gartner et al (1992), la culture entrepreneuriale ne peut pas être étudiée sans faire référence à la pédagogie qui permet de la développer. L'enseignement de l'entreprenariat est différent de celui du management du fait qu'il amène à traiter avec « l'équivoqualité » qui est inhérente au démarrage d'une affaire (situations, développement de nouveaux produits, et nouveaux services, de nouveaux marchés et de nouvelles organisations.On peut également citer Saravasthy (2001), qui a introduit les deux concepts de « réalisation de soi « («management style of being) et de « causalité » (la causation). Dans ces conditions, la vision du modèle entrepreneurial de Gibb (1992), est toujours d'actualité et va dans le même sens où la culture entrepreneuriale peut être inculquée à la condition d'utiliser des méthodes pédagogiques particulières comme le Learning by doing. Il s'agit de la mission de l'andragogue pour l'acquisition d'une culture entrepreneuriale. En effet, Cronin (2007)12(*) déclare que la pédagogie par l'action pour enseigner l'entrepreneuriat est la plus appropriée, car elle est en relation avec la nature holistique de la discipline. Enfin, Kirby et al (2006),épousent ce même point de vue en prônant le développement de qualités telles la créativité, la persuasion, la pensée critique, le leadership et la résolution de problèmes pour les plus importants. Pour Giraudeau (2010) la formation à l'entrepreneuriat n'a commencé en France qu'à la fin des années quatre-vingt-dix pour qu'aux côtés d'une problématique économique de promotion et de facilitation de la création d'activité, émerge une problématique éducative, valorisant l'enseignement à tous de l'esprit d'entreprendre.Avant lui Rozier en 2009 a montré l'idée que les pouvoirs publics aient un rôle à jouer dans ce domaine, notamment via la médiation de l'école ; institution socialisatrice par excellence. Mais comment réussir une telle problématique éducative ? Sagodira (2011), dans son étude sur la formation continue à l'entrepreneuriat : par-delà le déterminisme social de l'acte entrepreneurial, il montre qu'enseigner la création d'entreprises relève d'une interaction avec les réalités psychologique, sociale et économique; construire des savoirs en didactique de l'entrepreneuriat et renvoie au métier de l'entrepreneur qui évolue. Ainsi, l'acquisition de connaissance dans le domaine n'est pas figée. Et si l'on veut enseigner la création d'entreprises on devra inclure des disciplines diverses telles que la psychologie, sociologie et l'économie. Say (1803, Livre I, p. 66),distingue différents types d'activités sociales : celles créatrices de richesse économique et qui relèvent de l'entrepreneur d'industrie; celles créatrices de richesse sociale, lesquelles sont prises en charge par des organisateurs de l'entraide ou de la culture par l'entremise des organisations de développement social ou culturel; enfin, celles qui produisent de la richesse politique, donc des actions mises en oeuvre par des acteurs de la sphère politique publique ou par des promoteurs d'actions collectives (mouvements sociaux). Selon Gasse (2003), certains antécédents et certaines caractéristiques apparaissent d'abord mieux préparer l'individu à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale, ensuite, l'environnement extérieur doit réunir les facteurs susceptibles de créer un climat favorable à l'entrepreneuriat. Enfin, rappelle l'auteur, le passage à l'acte d'entreprendre ne s'effectue que si l'individu peut disposer des moyens et des ressources nécessaires au moment et à l'endroit opportuns.Sur l'initiative de Gasse en 2008, des experts venus des quatre coins du monde se sont regroupéspour débattre sur le thème de l'entrepreneuriat africain et proposer quelques actions de promotion d'une véritable culture entrepreneuriale enracinée dans le continent. A ceci s'ajoute les initiatives prises dans certains pays de comprendre le phénomène entrepreneurial dans sa globalité. On citera plus particulièrement l'étude récente diligenté par le gouvernement sénégalais sur la connaissance du monde des petites et moyennes entreprises 13(*)(enquête de 2013). Pour Oumou et Pauligard (2014), les besoins d`améliorer leur existence, de lutter contre la pauvreté grandissante, de subvenir aux charges familiales constituent les principales raisons de création d`entreprise chez beaucoup de jeunes. Ainsi le phénomène de l`événement entrepreneurial ne peut s`improviser et dépend largement du contexte dans lequel opèrent les jeunes entrepreneurs. Autrement dit, la création d`entreprise est à la fois une expression de l`histoire personnelle du créateur, de ses aptitudes et de ses variables socioculturelles (Codjo, 2012). Pour ces auteurs, grâce àl'entrepreneuriatles jeunes acquièrent en général de l'expertise dans des domaines qui sont absents de l'enseignement traditionnel; et construisent des carrières toutes particulières dont l'écho dépasse le modèle économique typique en recourant aux talents de leurs homologues et en favorisant le développement de leur communauté.Ainsi chaque pays met en place des dispositifs pour amener les jeunes à entreprendre. La lutte contre le chômage des jeunes est une préoccupation centrale de l'Etat qui a mis en place plusieurs dispositifs d'aide à l'insertion tels que l'ANPE, le FNPEEJ, le FNM, etc. Autant pour l'Etat que pour ces différentes institutions d'aide à l'insertion, l'entrepreneuriat représente une stratégie importante pour la création des emplois.Mais une étude menée par l'UNESCO (2009), montre que malgré tous les efforts entrepris dans le secteur de l'emploi des jeunes, le Bénin enregistre encore de nombreuses difficultés liées à l'entreprenariat. Le financement est une méthode nécessaire à toute acquisition d'actifs. Selon, l'encyclopédie de la gestion et du Management (1999), le financement assure la satisfaction des besoins financiers d'une entreprise, tout à la fois nés de l'investissement matériel ou immatériel et du besoin engendré par le cycle de production. Un problème sérieux souvent rencontré par les créateurs d'entreprises en général au Bénin ou à Dangbo en particulier c'est le financement.Selon la Banque Mondiale (2005). « Au Bénin, seulement 20% de la population ont accès aux services financiers et parmi ces 15% à 20% sont pris en compte par les IMF » Parmi les personnes n'ayant pas accès au crédit, se trouve la jeunesse au chômage qui n'a pas de garantie pour se faire financer. Camilleri, (2007)14(*)souligne le fait que des personnes d'un certain niveau de revenu donné rencontrent des difficultés surtout financières malgré leur motivation, leur courage, leur créativité et l'optimisme. C'est ce que confirme Bruyat cité par Fayolle (2005)en affirmant que la création d'une entreprise, sa survie et sa réussite dépendent de la possibilité de réunir les ressources nécessaires et de développer des avantages concurrentiels. Casso (1982) de même queOmou et Pauligard (2014) soutiennent cela en montrant que le capital pose toujours problème. Les contraintes financières constituent ainsi un frein à l'entreprenariat. La facilité d'accès au crédit autorise le financement des activités. Ainsi, on découvrira plus tard que des jeunes quoiqu'ils aient le financement ne les utilisent pas à bon escient, ce qui pose toujours le problème de culture entrepreneuriale.Le Rwandais Aloys Mahwa, à son tour argumente les difficultés de conditionnalités des banques et l'environnement macro qui répugnent les gens à investir massivement. Il soulève le paradoxe de taux d'épargne relativement élevé face à un secteur privé en besoin de financement. De tout ce qui précède il est opportun de se questionner sur l'état de l'entrepreneuriat dans la commune de Dangbo, et étudier la trajectoire d'emplois de ses jeunes. * 8 CNUCED (2003) « Importance de l'entrepreneuriat » (http : (www. Unctad. Org) * 9KIYANI PALUKU S.(2004), Esprit d'entreprise et exigences économiques et sociales cas de la l'entreprenariat en ville de Butembo, mémoire inédit, faculté des Sciences Economiques, * 10MASIKA² (2006)l'Esprit d'entreprenariat féminin en ville de Butembo cas des tricoteuses, TFC inédit, faculté des Sciences Economiques et Gestion UCG-BUTEMBO. * 11KASEREKA (2008), Dynamique entrepreneuriale en territoire Lubero, p.5 * 12 Cronin (2007) https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2008-5-page-161.htm * 13Les Déterminants de l'Entrepreneuriat des Jeunes en Afrique de l'Ouest : Le Cas de la Mauritanie et du Sénégal, P,17 * 14Camilleri.J-L, (2007), La micro entreprise rurale en Afrique : de la survie à la croissance de cas Rwandais, l'Harmattan, Paris, p 139 |
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