b. L'image négative des festivals électro
perçue par les festivaliers
Quand l'on demande aux festivaliers s'ils ont l'impression
d'être impacté ou de subir cette image négative, les
résultats sont cohérant avec ceux obtenus
précédemment. Parmi les 64,3% soit la
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les 35,7% ne ressentant pas d'image négative en
festivals électro auraient potentiellement pu fausser les questions
suivantes qui reposent sur la présence de cette image
négative.
A la question de savoir sur quoi est basée cette image
négative selon les festivaliers, ici même si toutes les
propositions ont plus été approuvées que
réfutées, certaines l'ont été bien plus que
d'autres. Toujours en accords avec la partie théorique, quatre
critères sortent du lot. Le plus important, qui s'approche d'ailleurs
énormément d'une unanimité, est l'usage de
stupéfiants avec 96,4% de l'échantillon (ce critère est
par ailleurs le seul à ne compter aucun membre de l'échantillon
n'étant pas du tout d'accord), suivi de près par les
médias non spécialisés dans la musique ainsi que par
l'affiliation aux rave/free parties illégales avec respectivement 86,6%
et 86,4% (il parait tout de même intéressant de noter que
malgré une quasi égalité, contrairement à
l'affiliation aux free parties les médias non spécialisés
compte une part plus importante de l'échantillon étant tout
à fait d'accord que plutôt d'accord). Enfin, le public de ces
festivals semble également avoir une part de responsabilité dans
cette image, comme semble le penser 66,5% de notre échantillon (bien que
dans cette part, seulement 9,8% soient tout à fait d'accord). Certains
critères, bien qu'étant quand même jugés comme
causes de cette image négative, se retrouvent avec une opposition plus
présente. Nous constatons que 32,5% de l'échantillon ne pense pas
que le fait que la musique électro ne soit pas considérée
par certains comme de la vraie musique joue un rôle si important dans
cette image négative. Il en va de même pour l'aspect trop bruyant
de ces évènements et de la musique qui y est diffusée avec
45,9%. Enfin, l'esprit contestataire de ces festivals aurait presque pu
être le seul critère à avoir une majorité pensant
qu'elle ne joue pas un rôle dans cette image négative,
malheureusement seulement 49,3% de l'échantillon étaient de cet
avis.
A la question de savoir si les festivaliers trouvent que les
médias non spécialisés dans la musique sont
majoritairement à l'origine de cette image négative, et bien
qu'étant évoquée dans la partie théorique, la part
de responsabilité de ces médias semble plus importante que
prévue. En effet, 87,1% de l'échantillon jugent ces médias
responsables, dont 37,3% sont totalement d'accord avec cette idée. Ces
pourcentages élevés semblent avoir encore plus de poids en
considérant que cette question demandait si l'échantillon jugeait
les médias comme principalement à l'origine de cette
image. De plus, parmi les 12,9% ne partageant pas cet avis, seulement 0,8% ne
sont pas du tout d'accord avec cette idée.
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majorité de notre échantillon de départ
qui ressentent que les festivals électro subissent une image
négative, cette fois c'est avec 55,5% que la majorité de
l'échantillon se sent impactée par cette image négative
lorsqu'ils sont en festival. Il convient tout de même de noter que
malgré le fait qu'ils reconnaissent la présence de cette image
négative, 45,5% de notre échantillon ne semble cependant pas la
subir, avec notamment plus de personne étant en total désaccord
qu'étant en total accord (14,1% contre 11,4%).
A la question de savoir comment les membres de notre
échantillon se défendent lorsqu'ils sont confrontés
à cette image négative, ce qui est sûr c'est qu'une
confrontation entre un « converti » et cette image négative
donne quasiment toujours lieu à des débats, puisque seulement
2,1% de l'échantillon préfèrent simplement l'ignorer et ne
pas débattre. Cela montre bien la volonté de cette
communauté à vouloir partager ses ressenties et ses
expériences plutôt qu'à renier ceux qui les rejettent comme
les clichés le font croire. Nous constatons que trois défenses
sortent du lot, la première étant la description subjective de
pourquoi l'on aime ces festivals avec 80,4% de l'échantillon, suivi de
près par l'incitation à l'ouverture d'esprit avec 77,9%, et sur
la dernière marche du podium la dissociation en drogue et musique avec
66,7%. La troisième place de ce critère peut paraitre
étonnante étant donné les 96,4% de l'échantillon
jugeant que la consommation de stupéfiants est à l'origine de
cette image négative. Cela dénote encore plus avec les
critères utilisés comme arguments vus précédemment,
montrant que même si l'avis extérieur aura tendance à
pointer du doigt ces substances, l'avis intérieur montre que cet aspect
est relativement intégré chez les festivaliers. Consommation de
stupéfiants n'est pas synonyme d'excès ou de débauche, et
joue probablement un rôle dans les raisons qui font que les festivaliers
aiment ces évènements et qui poussent à l'ouverture
d'esprit. Ensuite arrivent d'autres arguments, comme par exemple la mise en
avant de la diversité sociale présente en festival (56,7%),
malheureusement probablement utiliser pour contrer le cliché classique
des « punk à chiens » et autres marginaux. Certains incitent
également à la participation à au moins un de ces
évènements (51,1%), car beaucoup de personnes ne jugent
malheureusement qu'avec les on-dit qui atteignent leurs oreilles ou bien avec
ce qu'en disent les médias. Enfin, certains tentent un réel
travail d'abnégation en tentant de faire découvrir des musiques
(49,8%), tout amateur de musique électronique sachant qu'il est
impossible de n'aimer aucun son de ce genre musical tant il est divers et
varié. Il est important de spécifier que beaucoup de membre de
cet échantillon affirment respecter les goûts et les opinions de
chacun, ils ne cherchent donc aucunement dans ces débats à
convertir leurs interlocuteurs aux musiques électroniques, mais ils
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les incitent plutôt à considérer cette
musique et cette culture pour que, même si au final ils
n'apprécient pas cette musique, ils n'aient au moins plus d'idées
reçues à son sujet.
Quand l'on demande aux festivaliers si selon eux cette image
est exclusive aux festivals de musiques électroniques, on observe que la
majorité de l'échantillon réfute cette idée
à 58,5%, avec ici encore une part plus élevée de sujets en
total désaccords qu'en total accords (11,6% contre 4,2%). Bien qu'on ne
soit pas à l'abri d'une majorité obtenue suite à une
volonté de l'échantillon de se dédouaner, les causes les
plus probables à cette part majoritaire serait que les autres festivals
ou évènements avec des genres musicaux différents n'ont
pas/plus d'image négative ou qu'ils la dissimulent efficacement, ou bien
alors cette image pourrait résulter d'une obstination contre cette
culture de la part de ses oppresseurs.
A la question de savoir si les festivaliers trouvent que cette
image renforce leurs liens avec les autres festivaliers en donnant l'impression
de faire partie d'une communauté, il apparait nécessaire de
préciser une observation portée lors d'une question
précédente. On constate que 72,5% de l'échantillon ont
effectivement l'impression que cette image renforce leurs liens (avec 17,3%
étant en total accord avec cette idée), alors que nous avions vu
que 55,5% de cet échantillon se sentaient impactée par cette
image. Cela signifie que parmi ceux qui ne se sentent pas impactés par
cette image, 17% en profitent quand même pour solidifier leurs liens.
Cela peut faire sens avec la partie théorique où il avait
été fait mention de cet attrait pour cette culture, qui ne serait
pas devenue ce qu'elle est sans cette part de marginalité que l'on peut
ici imaginer responsable de cette impression de communauté.
Cependant, parmi ces 72,5% ayant l'impression que cette image
renforce leurs liens, on constate que 79,3% choisiraient quand même de
changer cette image s'ils en avaient la possibilité. Cela montre deux
choses : cette communauté pourrait continuer à prospérer
même sans être poussée à la marginalité (bien
qu'il apparaisse peu probable qu'elle choisisse de rentrer dans les rangs pour
autant) mais aussi que même parmi ceux trouvant leur compte dans cette
mise à l'écart due à cette image négative ils
préfèreraient que cette culture soit estimée à sa
juste valeur par le plus de monde, comme elle peut l'être dans les pays
voisins.
Quand l'on demande à notre échantillon s'il
existe selon eux des moyens autre que le temps pour faire disparaitre cette
image négative, 59% de l'échantillon ont répondu oui,
signifiant que 41% d'entre eux ont malheureusement en quelque sorte «
acceptés » cette image. Parmi les moyens proposés par la
part de l'échantillon pour qui des solutions existent, se sont
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souvent les mêmes idées qui reviennent. Beaucoup
s'accordent pour dire qu'il faudrait augmenter la sécurité et les
fouilles pour éviter une trop grande présence de
stupéfiants ou bien des risques de débordements/bagarres. La
prévention a également beaucoup été citée,
avec une petite dissociation en public « expérimenté »
et « inexpérimenté ». En effet, beaucoup d'adeptes des
évènements électroniques en général (qu'il
s'agisse de festival ou de free party) déplorent les agissements des
nouveaux venus, souvent jeunes (voir même mineurs dans les milieux
où cela est autorisé ou où il n'y a pas de
législation), qui viennent uniquement pour le contexte festif sans tenir
compte des autres et qui ne se gèrent pas, nourrissant donc les
clichés et donc cette image néfaste. Ces moyens sont pourtant en
constante amélioration de la part des festivals qui y allouent parfois
un budget colossal, mais qui malheureusement n'a que peu de répercussion
sur cette image. On constate qu'une idée revient bien plus que les
autres : la communication. Il est autant question d'une communication encore
plus poussée de la part des festivals que ce soit au niveau de la
distinction avec les free parties, des valeurs défendues ou encore d'une
organisation irréprochable. Cependant ici aussi les festivals s'adaptent
constamment et redoublent d'inventivité, seulement il apparait que ce
n'est pas forcément le contenu de leur communication qui n'est pas
adapté, mais plutôt les canaux où elle est diffusée.
En effet, les communications des festivals touchant principalement un public
déjà adepte, c'est à un public « ignorant »
qu'ils devraient s'adresser. Vient alors l'idée d'une meilleure
communication médiatique, là aussi énormément
abordée par les membres de notre échantillon. Cependant, comme ce
ne sont malheureusement pas les festivals eux-mêmes qui peuvent faire un
reportage et ensuite le diffuser massivement sur des chaines à fortes
auditions, ce moyen parait quelque peu compliqué.
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