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Geostrategie energetique en Afrique de l'ouest ( cas de la Chine et le golfe de Guinée)

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par DEMBA BA
ENSIATE  - Ingénieur éco-énergétique 2017
  

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Paragraphe 2 : L'occident et la tropicalisation de la démocratie en Afrique

Il est peut être contradictoire de parler d'occident et de la tropicalisation de la démocratie. Car, la seule évocation de l'occident nous fait penser à priori à la diffusion de l'idéologie libérale. Seulement, dans leurs relations avec l'Afrique, les démocraties occidentales, considérées à tort ou à raison comme les défenseurs de la démocratie, ont très souvent fait passer leurs intérêts stratégiques avant la promotion des valeurs démocratiques. En effet, selon Fogue Tedom (2008 : 139) :

" Le débat autour de l'intérêt et de la nécessité de démocratiser le continent africain a souffert des enjeux géostratégiques des principales puissances occidentales engagées en Afrique. Dans ce débat, la résistance française ou encore le revirement américain lors de la tournée africaine de BILL CLINTON à Entebbe en Ouganda en mars 1998 ne peuvent se comprendre qu'à l'aune de ces enjeux. La démocratisation de l'Afrique implique une émancipation politique des africains et le développement de leur esprit de discernement. Dès lors, elle peut apparaitre dangereuse pour la réalisation de certains des objectifs géostratégiques de ces puissances ".

C'est donc dire que c'est dans le souci de défendre ou de promouvoir leurs intérêts stratégiques en Afrique que les démocraties occidentales (France et Etats-Unis en l'occurrence) ont soutenu l'idée d'une indigénisation de la démocratie en Afrique. Aussi, verrons-nous que le discours progressiste du président français François MITTERAND en 1990 à la Baule en France n'était en rien un coup fatal porté à l'autoritarisme en Afrique comme ont bien voulu nous le faire croire certains (A). Davantage, au regard de l'attitude américaine visant elle aussi à faire passer avant toute chose la défense de ses intérêts, les espoirs de l'opinion publique africaine vis-à-vis de l'offensive américainene risquent-ils pas d'être bafoués (B) ?

A. La Baule : une démocratisation en trompe oeil

Convaincue que la démocratisation, synonyme de prise de conscience de l'opinion africaine constitue une menace pour ses intérêts en Afrique, sous la pression des populations africaines et de l'ensemble de la communauté internationale, la France feint lors de la conférence de la Baule de juin 1990 d'opter pour la démocratisation du continent. En effet, la Baule est un soutien en trompe oeil à la lutte pour la démocratie que les populations africaines semblent déterminées à mener. Prisonnière des considérations géostratégiques, la France ne veut pas prendre le risque de soutenir la démocratisation du continent, démocratisation susceptible de remettre en cause ses intérêts sur le continent. Mais pour contenter l'opinion africaine, elle adopte une posture progressiste. Pour Fogue Tedom (2008 : 109) :

" Le discours de la Baule, abusivement et surtout idéologiquement considéré comme " le détonateur du processus de démocratisation en Afrique " (Michel ROUSSIN, Afrique majeure, paris, Ed. France-Empire, 1997, pp 14-15), n'est rien d'autre qu'un exercice géostratégique de transformation des contestations politiques africaines du début des années 1990 au mieux des intérêts de la France. En effet, redoutant les conséquences de la montée incontrôlée de ces contestations pour les pouvoirs qui lui garantissent un " patronage exclusif " dans ses anciennes colonies et donc pour elle-même, la France était stratégiquement dans l'obligation de donner l'impression à la rue africaine qu'elle était à ses côtés. Dans le même temps pour

des raisons géostratégiques, elle ne pouvait courir le risque de voir les populations africaines devenir maitresse de leur destin politique et par conséquent, les Etats de son pré-carré s'émanciper de sa tutelle politique, stratégique et économique au moment même où, après avoir déclaré le nouvel ordre mondial, les Etats-Unis venaient de proclamer la libre concurrence politique et économique entre les anciens de la guerre froide ".

Lors de cette même conférence, le président MITTERAND appelle à l'indigénisation ou à la tropicalisation de la démocratie en affirmant, " Si la démocratie est un principe universel, il ne faut pas oublier les différences de structures, de civilisations, de traditions, de moeurs. Impossible de présenter un système tout fait...La France n'a pas à décider je ne sais quelle loi constitutionnelle qui s'imposerait de facto à l'ensemble des peuples qui ont leur propre conscience et leur propre histoire ".

Soulignant cette duplicité française, Jean Pierre COT, ancien ministre français de la coopération affirmait : "c'est très caractéristique de la politique française (en Afrique) - et notamment celle de François MITTERAND - que de tenir, d'un côté, un discours généreux, d'entretenir des espoirs, et d'autre part, de pérenniser une pratique qui vise exactement le contraire ". En clair, malgré ses prises de position en faveur de la démocratisation du continent, la France devait garantir la survie de ses " amis fidèles ", même au prix du maintien des Etats africains dans l'immobilisme et l'archaïsme politique. De la survie politique des régimes africains dépendait la survie des intérêts français en Afrique.

C'est ce que confirme d'ailleurs l'étude des relations qu'elle entretien avec ses partenaires africains depuis la décennie 1990. En effet, l'analyse des relations franco-africaine depuis cette période laisse paraitre un soutien multiforme et quasi permanent de la France aux régimes africains. Cela se vérifie par exemple à travers l'élection présidentielle de 1992 au Cameroun. A l'issue de cette première élection présidentielle pluraliste, qui mettait aux prises Paul BIYA soutenu par la France et John FRU NDI soutenu par la diplomatie américaine, élection favorable au candidat Paul Biya. Le Floch Prigent, président d'ELF de l'époque fait des déclarations selon lesquelles c'est avec l'appui de sa compagnie que le président BIYA a pu s'imposer (Le Floch Prigent, l'express du 12/12/1996, p.66).

Pareillement, au Congo, après la décision du nouveau président élu, Pascal LISSOUBA, de vendre la part de l'Etat congolais dans l'exploitation du principal gisement du pays à la compagnie américaine OXY, Jusqu'à lors tenue à l'écart de l'exploitation congolaise par l'ancien pouvoir au profit exclusif de la compagnie française ELF, la France réussit après de nombreuses tractations diplomatiques et économiques à obtenir le rachat de la dette d'OXY. Mais, désormais, il est clair que le nouveau président représente une menace pour la sauvegarde des intérêts français au Congo. De ce fait, la France s'arrangera à le faire partir. C'est ainsi qu'après une première guerre civile en 1992, une seconde en 1998 aboutira au renversement de LISSOUBA. Le rôle actif de la France dans ce renversement semble se confirmer par les déclarations de Le Floch Prigent, lorsqu'il affirmait que parmi ses missions diplomatiques en Afrique figurait le "maintien du Congo dans ses liens avec la France (...) " (Cf. l'express 12/12/1996, pp 68-69).

Au regard de cette politique de deux poids deux mesures menée par la France en Afrique, qui consistait à soutenir d'une part, l'idée de la nécessité de la démocratisation du continent, mais continuant paradoxalement à soutenir les régimes africains d'autre part, on comprend très vite que Paris est inscrit dans la dialectique des intelligences. En effet, la France n'est pas prête à sacrifier ses intérêts stratégiques en Afrique sur l'autel de la Démocratie. D'ailleurs,

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sa maturité stratégique ne lui interdit-elle pas de faire passer la promotion des valeurs démocratiques avant la recherche et la sauvegarde de ses intérêts ? Qu'en est-il de l'offensive américaine aux allures progressistes ?

B. Les Etats-Unis et l'indigénisatiïn de la démïcratie en Afrique

Au-delà des apparences, et contrairement aux espoirs que l'opinion publique africaine lui voue, l'offensive américaine sur le continent est réfléchie et s'inscrit en droite ligne dans la dialectique des intelligences, visant le renversement du " patronage exclusif " des anciennes puissances coloniales et l'ouverture du marché africain aux investisseurs américains. En effet, les Etats-Unis n'entendent pas continuer à assister impassibles au partage du " gâteau africain " par les différentes chancelleries européennes. Pour s'attirer un certain capital de sympathie au sein de la population africaine, la diplomatie américaine dans son ensemble feint d'adhérer à l'idée de la nécessité de démocratiser le continent. Seulement, les prises de position de l'ancien président américain Bill CLINTON en faveur de la tropicalisation de la démocratie, à ENTEBBE en OUGANDA en 1998, apparait comme un coup fatal au processus démocratique laborieusement engagé sur le continent.

C'est en effet pendant son voyage en Ouganda que Bill CLINTON à l'occasion avait réuni autour de lui plusieurs chefs d'Etat africains : l'ougandais Yoweri MUSEVENI, le congolais Laurent Désiré KABILA, le Rwandais Pasteur BIZIMUNGU, le Kényan Arap MOI et le Tanzanien Benjamin MKAPA déclarait qu' " il n'ya pas de modèle établi pour les institutions ou la transformation démocratique " (Fogue Tedom ; 2008 : 60). Le président américain venait d'annoncer aux progressistes africains que son pays ne pouvait sacrifier ses intérêts économiques sur l'autel de la défense des libertés politiques en Afrique. En effet, " en soutenant qu'il n'ya pas de model de démocratie, dans un réalisme qui ne peut que renforcer la lecture essentiellement géostratégique de l'action de tous les partenaires étatiques étrangers de l'Afrique, Bill CLINTON, après les puissances européennes responsables du " pouvoir de la minorité " que la nouvelle politique africaine des Etats-Unis entendait combattre, venait de souscrire lui aussi à une indigénisation de la démocratie en

Afrique " (Fogue Tedom ; 2008 : 60).

C'est par exemple le cas au Cameroun où, après la longue période de défiance qui a précédé l'élection présidentielle de 1992, afin de mieux servir leurs intérêts dans le pays, les Etats-Unis décident de changer d'attitude et de cohabiter harmonieusement avec le pouvoir de Yaoundé. Le soutien américain au régime du président Paul BIYA s'illustre à la veille de l'élection présidentielle de 1997. Redoutant les trucages électoraux, l'opposition refuse de se présenter devant les électeurs, tant que les garanties de transparence ne seront pas données par le pouvoir. Dans l'espoir que les Etats-Unis fassent pression sur le président BIYA pour garantir la transparence du scrutin, un des leaders de l'opposition, Samuel EBOA rencontre le successeur de Frances COOK (ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun) qui lui répond que, " c'est la stabilité politique du Cameroun qui intéresse les Etats-Unis et non le soutien à tel ou tel candidat ou formation politique " (Ela Pierre ; 2002 : 100). Selon Fogue Tedom (2008 : 84) :

" La réponse du diplomate américain, en fait un revirement au regard de 1992, (...) et annonçait par le fait même le renoncement de son pays par rapport à sa volonté initiale et officielle de ramener aux africains en même temps que le libéralisme économique, la démocratie. Elle dévoilait la réconciliation intervenue entre le gouvernement camerounais et les intérêts américains. C'est donc sans surprise qu'après la création en 1999 de la

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multinationale américaine EXXONMOBIL, fruit de la fusion d'ESSO et de MOBIL, jusqu'ici limité en Afrique Noire dans le raffinage et la distribution, on apprendra qu'elle a obtenu des autorités camerounaises le permis de prospecter du pétrole sur deux gisements off-shore : Ebodjé et Ebomé Marine ".

Au regard de ce qui précède, il ressort que malgré leur contribution à la promotion voire à l'enracinement d'un embryon de démocratie en Afrique, le principal souci de la France était de sauvegarder ses intérêts, tandis que pour les Etats-Unis, il était avant tout question de remettre en cause la main mise européenne sur l'exploitation des richesses africaines. La France et les Etats-Unis s'intéressent aux richesses africaines, à la seule différence que la France veut garder la main mise sur leur exploitation, alors que les Etats-Unis veulent avoir droit au chapitre. Aussi les Etats-Unis cristallisent-ils leur critique autour de la politique africaine de la France. Fondent leur offensive sur un discours sur la démocratie, les droits de l'Homme et la bonne gouvernance. Se sentant menacée par cette offensive américaine, la France feint elle aussi de s'inscrire dans cette logique progressiste. En effet, le contexte de démocratisation dans lequel intervient la mise en oeuvre de leur nouvelle politique africaine les oblige à s'inscrire dans la dialectique des intelligences. Feignant d'opter pour l'idée de la nécessité de la démocratisation du continent, ils continuent en fonction des circonstances et surtout chaque fois que leurs intérêts l'exigent à soutenir les régimes africains même autoritaires. Les donneurs de leçons se révèlent être les meilleurs amis des régimes dictatoriaux. Leurs différentes prises de position en faveur de la démocratie ne constituent en réalité qu'une manière subtile d'accroître leur capital de sympathie auprès des populations africaines.

De ce fait, au vue de la percée chinoise sur le continent, un conflit entre intérêts occidentaux et chinois sur le continent est à prévoir. En effet, Il est évident que les puissances occidentales qui profitaient du " consensus de Berlin ", et qui s'appropriaient les richesses du continent africain ne la voient pas d'un bon oeil, et ils ont dressé un certain nombre d'obstacles devant la Chine pour l'empêcher de menacer leur position monopolistique. Obstacles consistant pour l'essentiel à obscurcir au maximum l'offensive chinoise en Afrique. En réalité, la pénétration chinoise en Afrique dérange au plus haut point.

Au-delà de leur différence de posture vis-à-vis de la démocratie en Afrique-contrairement aux démocraties occidentales qui par un ensemble de conditionnalités imposées aux pays africains prétendent soutenir l'idée de la démocratisation de l'Afrique, la Chine, outre la non reconnaissance de Taiwan, ne pose pas de conditions politiques à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains- la Chine, tout comme les puissances occidentales visent avant tout la défense de leurs intérêts. En effet, selon Fogue Tedom(2008 : 158) : " A ce sujet, il faut souligner que si les démocraties occidentales affirment soutenir sans réserve l'opinion africaine qui aspire à la liberté, exige les réformes démocratiques effectives et soulève la question de la légitimité politique des gouvernants, dans les faits, tétanisés par leurs intérêts géostratégiques elles constituent au contraire un obstacle à l'émancipation politique des africains (voir l'attitude de la France dans la gestion de la succession du président togolais en 2005 ou encore la complaisance des Etats-Unis face aux dérives autoritaires du président MUSEVENI en OUGANDA). A partir de cette lecture, si le soutien politique des autorités chinoises aux régimes africains réfractaires aux réformes démocratiques est tout à fait logique au regard de la nature autoritaire du gouvernement de pékin, il est nécessaire de souligner que ce positionnement chinois n'est différent qu'en apparence de celui de ses rivaux que sont les démocraties occidentales ". C'est dire que même

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quand les valeurs sont présentées comme les motivations dans la politique internationale, il faut être prudent, ne pas prendre pour explication ce qui mérite explication.

Dans leur quête effrénée de matières premières, ces puissances ont transformé l'Afrique en un simple champ de manoeuvre où se déploient au quotidien leurs conflits d'intérêts autour de la quête et du contrôle des matières premières stratégiques (pétrole en l'occurrence). Seulement, leurs luttes de positionnement n'est pas sans effets sur la démocratie et la paix en Afrique.

CÏNCLUSIÏN GENERALE

Parvenus au terme de ce mémoire portant sur les : " enjeux et jeux pétroliers chinois en Afrique : étude de l'offensive chinoise dans le Golfe de Guinée ", il convient de dresser un bilan et de fixer quelques perspectives.

La problématique de ce travail, faut-il le rappeler, relevait de la place du Golfe de Guinée dans le redéploiement de la nouvelle puissance chinoise en Afrique. En fait, il s'est agi, grâce aux instruments des méthodes géopolitique et stratégique, d'étudier outre les motivations profondes de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée, le déploiement stratégique de la Chine autour du pétrole. Il s'est agi également de mesurer l'impact politique de cette offensive sur l'avenir de la démocratie et de la paix en Afrique.

La question centrale du sujet fut donc la suivante : En quoi est-ce que le Golfe de Guinée constitue à la fois un enjeu et un terrain du jeu pétrolier chinois en Afrique ? Autrement dit, quelles sont les raisons de l'offensive pétrolière chinoise et les stratégies mises en oeuvre par pékin pour accéder aux ressources africaines en général et au pétrole du golfe de Guinée en particulier? Davantage, hormis la non reconnaissance de Taiwan, Pékin ne s'encombrant pas de conditions politiques à l'établissement des relations diplomatiques avec ses partenaires africains, quel peut être l'impact d'une telle attitude sur l'évolution de la démocratie et de la paix en Afrique ? Au total, doit-on se réjouir ou redouter la dynamique chinoise autour du pétrole africain ?

A cette question centrale, nous avons émis une hypothèse principale qui postulait que, du fait de la place qu'elle occupe désormais dans l'économie mondiale, la Chine nourrit des ambitions de grande puissance. Sa dépendance énergétique l'amène à reconsidérer sa politique vis-à-vis de l'Afrique. Le Golfe de Guinée, espace qui jouit d'un potentiel

énergétique important et d'une position géostratégique indéniable, ne pouvait que susciter ses appétits. Par une offensive politique, économique, diplomatique et militaire, pékin entend investir le Golfe de Guinée afin de s'assurer entre autre, le contrôle et l'exploitation des matières premières en présence, le pétrole en l'occurrence. Seulement, engagé dans cette entreprise stratégique, pékin se soucie peu du respect des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme. Pékin n'a en effet pas la réputation d'être un grand défenseur de la démocratie et des droits de l'Homme. Le soutien politique qu'il apporte aux régimes africains peut s'avérer être une sorte de caution à leur gestion, les conforter dans leur immobilisme politique, constituant ainsi une menace pour la démocratie et la paix.

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Au terme d'un tel processus, après enquête et analyse visant à vérifier notre hypothèse initiale, les informations collectées, traitées et organisées dans ce mémoire nous conduisent aux conclusions suivantes, dont le caractère partiel et précaire est évidemment de mise.

1) La Chine, manufacture du monde, dont la consommation de pétrole, de gaz naturel et de charbon est bien supérieure à la production de ses combustibles, se heurte à un déficit énergétique croissant. Pour faire face à sa dépendance croissante vis-à-vis du pétrole, pékin relance, depuis les années 2000, sa longue marche commerciale et stratégique pour diversifier ses sources d'approvisionnement à travers le monde. Quasiment absente de l'Afrique, il ya à peine 25 ans, la Chine est aujourd'hui le troisième partenaire commercial de l'Afrique et un acteur important sur le continent dans le domaine énergétique. Comme le souligne Valérie Niquet, directrice du centre Asie de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), la Chine dont la croissance demeure particulièrement gourmande en énergie et en matières premières trouve en l'Afrique un nouveau grenier où s'approvisionner en pétrole. La présence chinoise actuelle en Afrique est une affaire d'intérêts. En effet, "la quête de ses intérêts l'oblige à passer par l'Afrique". Plus de 30 % des importations chinoises de pétrole proviennent actuellement de l'Afrique, dont la majorité du Golfe de Guinée. C'est donc cette boulimie énergétique de la Chine qui l'a conduit à lancer cette offensive pétrolière en Afrique en général et dans le Golfe de Guinée en particulier.

2) Dans la nouvelle ceinture pétro stratégique qu'est le Golfe de Guinée, les atouts du pétrole et de la région, couplés au déficit d'autonomie politique et stratégique dont souffrent les Etats de la sous région constituent à l'analyse le modus vivendi de cette offensive chinoise. En effet, le Golfe de Guinée semble désormais être, du fait de la place qu'il occupe dans la géopolitique pétrolière mondiale, notamment dans la politique de diversification des sources d'approvisionnement énergétique des grandes puissances industrielles un point névralgique de la scène pétrolière internationale. Aussi, la Chine, puissance émergente, boulimique en matières premières espère-t-elle y satisfaire ses importants besoins énergétiques, surtout quand on sait qu'en raison de leur extraversion étatique, la plupart des dirigeants des pays de la sous région sont prompt à servir les intérêts étrangers une fois qu'ils obtiennent en retour de leurs partenaires extérieures la garantie d'une " assurance vie politique ".

3) Pour s'octroyer le pétrole du Golfe de Guinée, pékin fait preuve d'un réalisme et d'un pragmatisme à nul autre pareil, use des moyens aussi bien politique et économique, que diplomatique et militaire.

Au niveau politique, l'Empire du milieu use d'une neutralité bienveillante et met en avant l'un des principes sacrés de la coexistence pacifique, celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats avec lesquels elle coopère (Chomtang Fonkou ; 2007 : 123).

Au niveau économique, la Chine la Chine fait preuve d'une habileté déconcertante, en faisant reposer son offensive pétrolière sur une politique de dotation infrastructurelle. En échange des importations de pétrole, la Chine, offre à ses partenaires africains des infrastructures, si importantes pour leur développement (routes, voies ferrées, hôpitaux, écoles,...). Même si la qualité de ces infrastructures est très souvent remise en question, cette politique clientélaire a permis à la Chine de remettre en cause le leadership des puissances occidentales sur le contrôle et l'exploitation des matières premières stratégiques et de se hisser parmi les principaux pays importateurs du pétrole africain.

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Sur le plan diplomatique, la Chine a su faire preuve d'une subtile diplomatie adaptée aux circonstances. En effet, en fonction des besoins conjoncturels des pays concernés, Pékin a subtilement mis en oeuvre une réponse diplomatique adéquate. Ce qui au finish lui a permis de resserrer les liens avec ces pays et à accéder aux ressources naturelles (le pétrole en l'occurrence), dont son industrie est si demandeuse.

Sur le plan militaire enfin, l'offensive chinoise a reposer sur une politique consistant à la fois à tronquer du matériel militaire contre des importations de pétrole, et à la formation du personnel militaire africain.

4) L'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée, eu égard au soutien accordé par Pékin aux régimes africains en indélicatesse avec la communauté internationale pour des raisons de non respect des droits de l'Homme, ne sera pas sans effets sur l'avenir de la démocratie et de la paix. En effet, dans un contexte où les régimes africains sont au quotidien fustigés par l'ensemble de la communauté internationale pour leur gestion rudimentaire du pouvoir, le soutien de la Chine semble constituer pour ces derniers une sorte de " bouée de sauvetage ". Confortant ainsi ces dirigeants dans leur logique de pouvoir perpétuel. Par ce comportement, la Chine est restée fidèle à une logique qui lui est propre, son idéologie et le réalisme dans les relations internationales. En s'inscrivant dans cette logique, la Chine n'innovait aucunement, les puissances occidentales avant elle, avaient et continuent d'ailleurs à faire passer avant toute chose la promotion de leurs intérêts. En effet, nul besoin de se le cacher, sur la scène internationale, la promotion des intérêts surpasse celle des valeurs.

En somme, l'examen de l'offensive pétrolière chinoise dans le Golfe de Guinée soulève quelques inquiétudes. En effet, dans sa détermination à accéder par tous les moyens au pétrole de la sous région, la Chine risque de se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et annihiler les efforts de démocratisation laborieusement entamés sur le continent depuis les années 1990. Par ailleurs, la vente incontrôlée d'armes à des régimes africains décriés risque de raviver plusieurs foyers de tension et plonger à nouveau le continent dans une instabilité endémique. Au demeurant, la Chine semble avoir la même carte de l'Afrique que les puissances Européenne et américaine : celle du pétrole et des mines. Leur déploiement dans le Golfe de Guinée à l'aube du 21e siècle n'a donc rien d'anodin, et l'on craint à la longue une nouvelle forme de pillage des ressources du continent par le géant asiatique (Chomtang Fonkou ; 2007 : 124), ceci avec la complicité bienveillante des autorités politiques locales. Face à cette offensive chinoise aux allures "messianiques", les africains devraient restés très lucides, éviter de se laisser une fois de plus embobiner. Eviter que leurs partenaires extérieurs en général ne transforment le continent en simple réservoir de matières premières et en déversoir de produits manufacturés. Le modèle chinois et ses effets présents et potentiels en Afrique noire peuvent être comparés à une symphonie politique et économique déjà jouée par les anciennes puissances occidentales.

Avec l'arrivée ou l'entrée en scène du géant asiatique, nous assistons à une intensification du pillage des ressources pétrolières africaines. Les questions que nous devons dès lors nous poser sont les suivantes :

- comment préserver l'Afrique de ce pillage ?

- comment tirer profit au maximum de la manne pétrolière ?

- comment rendre ce partenariat avec la Chine véritablement gagnant-gagnant ?

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille