III-2-Caractéristiques de la conservation sur
terre
La conservation du poisson sur terre se fait par le biais de
l'emploi de plusieurs méthodes à savoir: le fumage et l'usage des
chambres froides.
III-2-1-Chambre froide
Dans le village Londji I, les pêcheurs
bénéficient de quatre chambres froides, qui leur servent de lieux
de conservation dès leur retour de la mer. Grâce à leur
émergence, l'adoption des modes de pêche long séjour va
sans cesse croissante. Ce sont ces mêmes points qui les ravitaillent en
glace avant leur départ à la pêche. Ces unités sont
opérationnelles 24h /24 et
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favorisent une bonne conservation du poisson provenant des
pirogues qui ont accosté la nuit. Il en est de même des poissons
commandés dont les pirogues ont accosté avant l'arrivée
des clients préférentiels. Ce sont des points communément
partagés par l'ensemble des pêcheurs de la localité. Le
facteur commun ici étant l'échange des services et des
devises.
III-2-2-Fumage du poisson
Le fumage est avant tout un processus, dans lequel l'air
servant à déshydrater le poisson est préchauffé
à l'aide d'un feu de bois. La fumée, qui modifie
considérablement le goût du poisson, joue également un
rôle d'«agent de conservation» (BABA, M., 1985:79). Il est une
formule bon marché, consomme peu d'énergie, nécessite un
combustible, exige peu d'équipement, favorise la conservation d'une
qualité et d'une valeur nutritive raisonnables. Au sein des
communautés de pêcheurs de Nziou et de Londji I, plusieurs outils
et techniques de fumage ont progressivement intégré les
stratégies traditionnelles de conservation du poisson par le fumage.
Parmi ces techniques introduites, nous avons noté le fumage sur les
«banda» et le fumage amélioré.
III-2-2-1-Le fumage sur les «banda» ou fumoirs
à larges dimensions
Les fumoirs «banda» ou fumoirs en piquet de grande
taille, ont des dimensions comprises entre 5 et 15 m. Ils permettent aux
ressortissantes nigérianes (majoritairement) de fumer le `'mbounga»
(Ethmalosa fimbriata) en grande quantité. Ces dernières
sont d'ailleurs les grossistes et les Camerounaises les détaillantes. Le
`'mbounga» (Ethmalosa fimbriata) est un poisson dont la capture
est souvent massive et de ce fait, les fumoirs à larges dimensions ont
semblé nécessaires pour relever le défit. Ce fumoir a
comme avantage, le fait qu'il soit confectionné uniquement à base
des matériaux locaux, ce qui donne la possibilité à chaque
personne de se l'offrir en toute période de l'année. Cet outil a
une très grande capacité étant donné qu'il peut
contenir beaucoup de poissons. Pour illustrer cet atout, suivons ce
témoignage de cette informatrice du village Londji I: «Mon
fumoir est large et long, lorsqu'il y a du poisson, je peux fumer même le
poisson de 300000 là dessus» (MOUODOUKOUE ADENY, Fumeuse,
Nigériane, Londji I, le 10/01/2011). C'est ce fumoir qui a
permis en partie aux ressortissantes nigérianes implantées dans
les diverses pêcheries de Londji I, de jouer un rôle central dans
le circuit de commercialisation du poisson fumé avec comme point de
repère, leur main mise sur l'espèce mbounga (Ethmalosa
fimbriata) dont tous les résidents de la zone reconnaissent leur
hégémonie.
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Photo 25: Fumoir en piquet de grandes
dimensions. Source: Mvetumbo (Londji I, 2011).
Comme contraintes, nos informateurs révèlent
que les fumoirs «banda» consomment assez de bois et prolongent la
durée de fumage à cause de ses nombreuses ouvertures. Le fumage
du `'mbounga» (Ethmalosa fimbriata) à titre d'exemple
s'étend sur trois jours et nécessite une surveillance permanente.
Les utilisatrices ont à cet effet mentionné à plusieurs
reprises les cas d'incendie qu'il est susceptible de provoquer. En effet, au
cours du fumage, la chaleur que provoquent les flammes peut aisément
entrer en contact avec la graisse rejetée par le poisson. Ce fumoir
occupe de grands espaces dans les ménages et dégage assez de
fumée et de chaleur.
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