4-PROBLEMATIQUE
Dans l'exploitation des pêcheries de Nziou et de Londji
I, plusieurs communautés de pêcheurs sont recensées. Dans
le premier village, les Mabi et bien d'autres ethnies camerounaises partagent
avec les ressortissants béninois(Popo) les mêmes ressources,
tandis qu'au niveau du village Londji I, les populations locales
majoritairement Batanga cohabitent avec les pêcheurs nigérians
(Calabar et Ibo). Au-delà des dynamiques inhérentes à
chaque groupe de pêcheurs, l'on note une intégration tous azimuts
des mêmes techniques de capture et de conservation des produits de
pêche, bien qu'avec cependant une tendance remarquable vers une adoption
massive des techniques exogènes. Au niveau de la pêche, l'on peut
mentionner l'intensification de la pratique des opérations de
pêche de longue durée, l'emploi de la technique de sondage,
d'encerclement, l'utilisation des pirogues à moteur, l'emploi des
mêmes types de filets etc. Pour ce qui est de la conservation des
ressources halieutiques, la congélation en mer et sur terre, l'emploi
des mêmes sources d'énergie et de substitution, une adoption des
modes similaires de fumage du poisson entre autres.
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Après des échanges avec les différents
acteurs de pêche de ces deux villages, il ressort que les mutations des
techniques ont engendré des fortunes diverses chez les pêcheurs
locaux. Ainsi, selon les résultats préliminaires d'une
enquête socio-économique réalisée en 2011 par
l'Organisation non gouvernementale OPED sur les revenus
générés par le fumage du poisson dans les pêcheries
le long des côtes de Kribi, 80% environ de poissons destinés au
fumage sont fournis aux fumeuses du village Nziou par les pêcheurs
béninois, tandis que près 65% environ au niveau de Londji I sont
assurés par les pêcheurs nigérians. S'il y a
décalage entre les changements et l'engagement
déséquilibré des acteurs dans l'activité de
pêche, le contexte socio-économique, les contraintes
écologiques, l'organisation de l'activité et
l'appréhension de la spécificité des savoirs
employés dans la pêche peuvent nous offrir des données
denses à cet effet. Pour y parvenir, nous avons abordé le
problème sous un angle socioculturel et à cet effet, nous avons
fait appel aux approches suivantes:
4 L'accomplissement méthodique nous a permis
d'expliciter la logique et la spécificité des techniques
employées dans l'entretien du matériel de pêche, la
capture, la conservation et la transformation des produits halieutiques au sein
des divers groupes de pêcheurs. Mais aussi, nous avons
procédé à une identification des procédures de
transmission de ces connaissances entre les générations.
4 En faisant appel à la dynamique adaptative, nous
avons exploré les stratégies d'adaptation des populations de
pêcheurs aux contraintes écologiques et sociales de leur
activité telles que vécues par les différents acteurs
impliqués. Nous pensons de ce fait à la situation de carence du
poisson, de la concurrence entre les acteurs et à l'environnement
économique de plus en plus compétitif.
4 A travers la monétarisation de l'activité de
pêche, nous avons eu l'opportunité de cerner l'impact de la
modification du pouvoir de négociation des acteurs sur le degré
de participation des groupes de pêcheurs dans l'exploitation des
ressources halieutiques. A ce sujet, en même temps qu'elle peut
constituer une source de découragement pour les acteurs de pêche
aux revenus limités, les investissements consentis par les autres
artisans, les placent dans une situation d'obligation des résultats.
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