La palangre est communément désignée
sous les noms de «Sambi» et «teli» en
langue Mabi. Les deux dénominations prises par cette technique de
pêche correspondent aux diverses formes possibles sous lesquelles peut se
présenter l'instrument employé dans la capture. Pour ce qui est
du «teli», notons qu'il est constitué d'une corde
dont un hameçon est fixé sur l'une de ses
extrémités et offre la possibilité de capturer un seul
poisson au cours d'une opération. Ainsi, pour multiplier les
opportunités de capture, ces derniers tendent fréquemment une
multitude de pièges le long du cours d'eau où se déroule
l'opération. La durée de chaque séance est variable en
fonction de la disponibilité du pêcheur et de l'expérience
qu'il peut avoir sur les potentielles zones propices en ressources
halieutiques.
Le «Sambi» pour sa part est fait d'une
série de hameçons alignés sur une longue corde (ou fil),
la longueur pouvant aller à plus de 1000 m. Entre la longue corde
maillon essentiel du circuit, se succèdent les petits fils de 30
à 50 cm dont l'une des extrémités porte le hameçon.
La fixation des hameçons suit deux modalités essentielles. Dans
un premier cas de figure, les hameçons peuvent être placés
à 1,5 m l'un de l'autre et d'un bout de corde à l'autre. Dans une
seconde perspective, le pêcheur peut aussi dans un souci de
multiplication des possibilités d'attraction, choisir l'option d'aligner
une série d'hameçons aux mêmes endroits tout en gardant les
écarts similaires.
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![](Peche-et-conservation-du-poisson-par-les-populations-de-Nziou-et-de-Londji-I-dans-la-region-du-sud-C14.png)
Photo11: Présentation d'une palangre en
refection. Source: Mvetumbo(Nziou, 2010).
Cette seconde option a cet avantage que lorsque le poisson en
mouvement frôle un hameçon, il lui est difficile de
s'échapper car, la pression des vagues au côté de la
multiplicité des pièges dont rencontre le poisson, facilite sa
capture. Pour ce qui du choix du type des cordes, il convient de
reconnaître qu'il est fonction du lieu où sera pratiquée la
pêche ainsi que de la taille probable des ressources recherchées
comme en témoignent les propos de cet informateur:
«Pour pêcher dans les cours d'eaux, nous
utilisons le palan monté avec le petit fil du fait que, nous capturons
d'habitude des petits machoirons entre 5 et 10 kg maximum. Mais s'il faut
pêcher en mer, nous utilisons la grosse corde numéro 4 ce qui peut
supporter le poids des gros machoirons de mer» (NZIEH PASCAL,
Pêcheur, Mabi, Nziou, le 22/12/2010).
Les appâts que portent les hameçons sont
composés des crevettes, du savon (macabo), des crabes, des avaries de
poissons dont le `'bilolo» (Sardinella maderensis)... Ils sont
retenus par les pêcheurs à cause de leur modalité
d'acquisition relativement facile et leur capacité d'attraction sur les
poissons vivants.
Avec la palangre, la mise en oeuvre d'une opération de
pêche s'opère de la manière suivante: le pêcheur
à l'aide de sa pirogue se déplace en mer avec son instrument de
capture constituée d'une suite de hameçons plombés des
appâts rigoureusement sélectionnés. Après avoir
parcouru une distance estimée entre 500m et 1 km, ce dernier
étale la corde à l' horizontale (par rapport aux mouvements des
vagues) dans l'eau avec toute la délicatesse possible; après
quoi, il peut retourner chez lui le temps pour le piège tendu de passer
à l'acte. Ce matériel une foi introduite dans l'eau n'est
reconnaissable par le propriétaire qu'à partir de la couleur et
de la grosseur des flotteurs qu'il a bien voulu utiliser comme identificateur.
Ces instruments sont dans la majorité des cas, fixés sur les
extrémités de la corde servant de support aux pièges. Pour
les pêcheurs, cette technique leur donne l'opportunité de vaquer
à d'autres occupations ou de
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planifier d'autres opérations de pêche. Cette
méthode est très sélective du fait que le
`'Sambi» est un instrument dont le champ d'action se trouve en
profondeur.
Dans ce contexte, les espèces de surfaces à
l'instar du poisson `'mbounga» (Ethmalosa fimbriata), du
`'bilolo» (Sardinella maderensis) sont d'office exclues, et
seules sont visées les espèces sous marines à l'instar du
bar, de la carpe, de la raie, des machoirons etc... Cette méthode peut
être mise en oeuvre par un ou plusieurs pêcheurs, le plus important
étant la maîtrise des différentes étapes. La
durée d'une opération de pêche à la palangre est
fonction du planning de chaque pêcheur. Certains le placent en
soirée pour le visiter le lendemain matin tandis que d'autres optent
pour des expéditions de courtes durées. Si non, d'une
manière générale le pêcheur peut procéder au
retrait après quatre heures de temps au minimum. En tout état de
cause, le succès d'une opération de pêche à la
palangre, est comme toutes les méthodes de capture fonction de la
capacité de l'acteur principal qu'est le pêcheur, à bien
circonscrire les zones propices en ressources halieutiques, mais du bon
état de son matériel employé.
Par contre, les contraintes les plus visibles et les plus
redoutées de cette technique de capture, restent les blessures qu'elle
peut engendrer lors de son introduction dans l'eau ainsi que du retrait du
poisson capturé. Mais également, le pêcheur court surtout
le risque de se faire entraîner dans l'eau. Pour limiter les
dégâts, il est recommandé dans nos pêcheries
d'étude à toute personne devant effectuer une aventure de
pêche en mer, d'éviter de porter des vêtements à
bouton et/ou à fermeture de peur de se noyer. Selon les explications,
sous le coup de violents vents au large, les mailles des filets ou les
hameçons peuvent aisément s'accrocher sur les boutons ainsi que
la fermeture des habits et dans cette situation, le pêcheur au lieu de
pêcher le poisson se fera pêcher par son instrument de pêche.
Pour ces derniers, cette situation constitue au côté du manque
d'expérience l'une des causes majeures de mortalité chez les
débutants dans l'activité de pêche.