III-5-1-Mabi
L'eau fait partie intégrante de la vie des
populations. C'est pourquoi, d'aucuns n'hésitent pas à la
désigner de «second monde» des populations
côtières. Tel est le point de vue de ce pêcheur et
personnalité bien introduite dans la culture locale:«Nous
vivons de la mer. Nous ne sommes rien sans la mer. C'est là que se
retrouve notre vie». (MESSI JULES, Mabi, Nziou, le 17 /01
/2011). Elle signifie pour les populations locales le second refuge, le lieu
où réside leur dieu, qui est au service de toute la
communauté. Ces populations en période de carence de poisson ont
eu par le passé à offrir des dons au dieu afin de solliciter ses
grâces. Cette initiative aboutit lorsque le rite est bien
exécuté au retour du poisson (l'abondance du poisson dans les
eaux). Ils accordent la sécurité à travers la
stabilisation de la mer manifestée par la faiblesse des vagues, signes
annonciateurs de la disponibilité des ressources.
III-5-2-Béninois
La situation n'est pas très différente dans
l'imaginaire des ressortissants des autres
communautés de pêcheurs implantés dans la
localité. Pour les Béninois en effet, la mer parait dans la
localité de Kribi moins mouvementée par rapport à leur
pays d'origine. Cependant, ils estiment et sont convaincus que cet espace est
un monde habité et géré par les dieux, qui le
contrôlent, assurent la sécurité et le bien être des
personnes qui s'y rendent. A cet effet, les riverains qui sont des locataires
bénéficiant de leurs privilèges, doivent en permanence
offrir des sacrifices en guise d'hommage. A ce sujet, suivons le
témoignage de ce pêcheur Popo du Bénin:
L'eau que tu vois et qui donne du poisson est
habitée par des gens. Les gens qui contrôlent l'eau. Ce sont eux
qui donnent du poisson quand ils sont fiers. Quand ils ne sont pas fiers, il
n'y a pas de poisson. Chez nous au Bénin, nous offrons chaque
année à manger aux gens qui habitent là-bas. Nous pouvons
le faire, une ou deux fois par an. Nous donnons à ces gens beaucoup de
choses. Nous pouvons par exemple leur donner du riz, du savon, des boeufs, de
la chèvre [...] tout ce que nous mangeons, nous leur donnons aussi car
ils sont des hommes comme nous et mangent aussi ce que nous mangeons. Nous le
faisons à tout moment, chaque' année et c'est pourquoi il y a
toujours du poisson dans notre mer. Mais ici, les gens ne font pas comme
ça. Maintenant, il n'y a plus de poisson dans l'eau comme avant quand
j'arrivais ici. Mais ils ne comprennent pas qu'il faut donner à manger
à ces gens là, à tout moment, les gens qui habitent dans
l'eau (HUBERT, Pêcheur, Béninois, Nziou, Le 15-01-2011).
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Pourtant une régularité et le sérieux
dans l'exécution de tels rites constitueraient une voie salutaire face
au problème de carence de poisson ainsi que de certaines situations
d'insécurité des pêcheurs.
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