UNIVERSITE DE BOURGOGNE
******
Master 2 en Sciences de l'Éducation
Mention :Pilotage et Évaluation dans les
Systèmes Éducatifs (PESE)
*****
Mémoire professionnel(UE 16MSE506)
2019-2020
Thème : Implication de la
communauté des parents d'élèves dans la gestion des
écoles : lien avec les résultats des apprentissages des
élèves dans trois pays d'Afrique subsaharienne francophone
(Burkina, Bénin et Sénégal).
Présenté par Ndiaga Mahip
DIOP
(N° étudiant : 17015420)
Sous la direction deMme Magali DANNER, Maître de
conférences
Table des matières
Dédicace
3
Remerciements
5
Liste des sigles et abréviations
6
Liste des tableaux
7
Liste des captures STATA
8
Résumé
9
Introduction
10
Chapitre I : Cadre théorique
13
I.1. Définition et enjeux de la
qualité de l'Éducation
13
I.1.1. Définition de la qualité de
l'Éducation
13
I.1.2. Enjeux de la qualité de
l'Éducation
15
I.2. Objectif de l'étude
18
I.3. Revue de la littérature
19
I.4. Problématique et hypothèses
24
Chapitre II. Cadre méthodologique
26
II.1. Présentation des données
26
II.2. Justification de l'utilisation des
données du PASEC
27
II.3. Architecture globale et composition des bases
de données PASE014
27
II.3.1. Architecture globale de la base de
données PASE014
27
II.3.2. Composition des bases de données
PASE014
28
II.4. Choix des pays et des variables
29
II.4.1. Choix des pays
29
II.4.2. Choix des variables
30
II.5. Méthodologie de l'étude
32
II.5.1. Schéma d'analyse de l'acquisition des
connaissances
32
II.5.2. Concernant l'analyse descriptive et
bivariée des données
33
II.5.3. Concernant l'analyse multivariée des
données
34
II.5.4. Indicateurs et outils d'analyse pour
discuter nos hypothèses
35
Chapitre III : Analyse exploratoire des
données et interprétation des résultats
37
III.1. Analyse descriptive et bivariée des
données
37
III.2. Modélisation
économétrique
44
III.3. Interprétations des
résultats
45
III.3.1. Interprétation des modèles de
régression en 2e année
45
III.3.2. Interprétation des modèles de
régression en 6e année
49
III.4. Préconisations
54
Conclusion
56
Bibliographie
58
Annexes
64
Annexe 1 : Modèle de régression
linéaire prenant en compte les 3 pays en 2e année
64
Annexe 2 : Modèle de régression
linéaire prenant en compte les 3 pays en 6e année
65
Annexe 3 : Liste des variables 6e
année
66
Annexe 4 : Extrait de quelques pages du
questionnaire directeur (Sénégal) de l'évaluation
PASE014
67
Dédicace
Je dédie ce travail à :
Mon défunt père et à ma très
chère mère
Remerciements
Je tiens à remercier :
MmeMagali DANNER, qui a accepté de diriger ce
mémoire, pour ses conseils, sa rigueur scientifique et sa
disponibilité.
M. Hilaire HOUNKPODOTE qui a bien voulu encadrer mon stage au
sein du PASEC, pour ses orientations, sa grande disponibilité, sa
rigueur ainsi que son amour pour le travail bien fait.
Je voudrais aussi remercier mes épouses et mes enfants
pour leur compréhension et leur encouragement pendant cesannées
d'études.
Mes frères et soeurs pour leur encouragement.
M. KI Boureima Jacques, ancien Secrétaire
général de la CONFEMEN (2010-2018), pour la confiance qu'il a
toujours porté à mon endroit et sesconseils.
Pr. Abdel Rahamane BABA-MOUSSA, Secrétaire
général de la CONFEMEN pour ses encouragements.
Mes collègues de la CONFEMEN en particulier ceux du
PASEC et de l'OQE pour qui le lien entre l'implication de la communauté
des parents dans la gestion des écoles et les performances scolaires des
élèves n'est plus un secret.
Je remercie également tous les enseignants du Master 2
PESE de l'Université de Bourgogne pour avoir grandement contribué
à notre formation et surtout pour leur grande disponibilité.
Mon ami Dr. Oswald KOUSSIHOUEDE pour ses conseils et
encouragements.
Je n'oublierai pas tous les amis de la promotion du Master 2
PESE pour l'esprit de fraternité, la disponibilité dans le
partage et les échanges mutuels qui ont prévalu pendant la
formation. Je fais une mention spéciale à Olivier TORRE avec qui
j'ai échangé sur tous les modules.
Je voudrais enfin remercier tous ceux qui de près ou de
loin m'ont appuyé et soutenu durant ces années d'étude.
« En général, la meilleure
éducation est celle ou l'enfant, plus éloigné de ses
parents, mêle le moins d'idées incohérentes à celles
qui doivent l'occuper dans le cours de ses études »
Claude Adrien Helvétius
Liste des sigles et
abréviations
APE : Association des Parents d'Élèves
CONFEMEN : Conférence des ministres de l'Éducation
des États et gouvernements de la Francophonie
CGE : Comités de Gestion des écoles
DRO : Document de réflexion et d'orientation
EPT : Éducation pour tous
PASEC : Programme d'Analyse des Systèmes Éducatifs
de la CONFEMEN
PESE : Pilotage et Évaluation dans les Systèmes
Éducatifs
PISA : Programme International pour le Suivi des Acquis des
élèves
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
OCDE : Organisation de coopération et de
développement économique
ODD : Objectifs de Développement Durable
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OQÉ : Observatoire de la Qualité de
l'Éducation
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance
Liste des tableaux
Tableau 1 : Architecture des bases de données
de l'évaluation PASE014
3
Tableau 2 : Répartition des observations de
la base PASE014 en 2e et 6e année dans les 3
pays
29
Tableau 3 : Répartition des
élèves de 2e et 6e années par pays,
selon le sexe
37
Tableau 4 : Répartition des écoles
selon la zone géographique : urbain ou rural (qd24)
38
Tableau 5 : Statut des écoles (public versus
privé) : répartition par pays
39
Tableau 6 : Tableau croisé de l'état
des CGE par le pays
39
Tableau 7 : Tableau croisé de l'état
des APE par pays
40
Tableau 8 : Situation des réunions de parents
d'élèves organisées dans l'année scolaire à
l'initiative des directeurs d'école (qd38a)
40
Tableau 9 : Situation des réunions de parents
d'élèves organisées à l'initiative de l'association
des parents d'élèves (qd38b) par pays
41
Tableau 10 : Tableau croisé de la situation
des AME par pays
41
Tableau 11 : Contribution des APE dans l'achat
d'équipements pédagogiques par pays
42
Tableau 12 : Tableau croisé entre les
variables PAYS et QD43J
42
Tableau 13 : Score moyen des élèves en
début et fin de scolarité selon le pays
43
Liste des captures STATA
Capture 1 : Modèle de régression
linéaire en 2e année, au Bénin
3
Capture 2 : Modèle de régression
linéaire en 2e année, au Burkina
47
Capture 3 : Modèle de régression
linéaire en 2e année, au Sénégal
48
Capture 4 : Modèle de régression
linéaire en 6e année, au Bénin
50
Capture 5 : Modèle de régression
linéaire en 6e année, au Burkina
51
Capture 6 : Modèle de régression
linéaire en 6e année, au Sénégal
53
Résumé
Avec les énormes progrès notés en
matière d'accès, l'un des plus grands défis pour la
communauté internationale et les Etats, notamment ceux en
développement,reste désormais d'assurer uneéducation de
qualité à tous les apprenants. Notre travail s'inscrit dans cette
perspective etcherche à étudier le lien entre l'implication des
parents et les résultats des apprentissages des élèves.
Notre analyse, spécifiquement quantitative, s'est basée sur les
données de l'évaluation internationale PASE014. Ce travail qui
s'inscrit sur une approche comparative, offre un aperçu de l'implication
de la communauté de parents d'élèves dans la gestion des
écoles sur les performances scolaires des élèves au
Bénin, au Burkina et au Sénégal.Nos résultats
montrent que le poids de l'implication de la communauté de parents dans
la gestion de l'école est assez faible dans la détermination de
la performance scolaire des élèves, aussi bien en début de
scolarité (2e année du primaire) qu'en fin de
scolarité (6e année).En effet, en 2e
année, seulement 16.60% des fluctuations des scores des
élèves sont expliquées par les variables liées
à l'implication de la communauté de parents
d'élèves. En 6e année, ce pouvoir explicatif
est de 19.75%.
Mots clés : Relation
famille-école, communauté de parents d'élèves,
implication parentale, qualité de l'éducation, APE, AME, CGE,
PASEC.
Abstract
With the enormous progress noted in terms of access, one of
the biggest challenges for the international community and States, especially
those in development, remains to ensure quality education for all
learners. Our work is part of this perspective and seeks to study the link
between parental involvement and student learning outcomes. Our analysis,
specifically quantitative, was based on data from the international assessment
PASE014. This work, which is based on a comparative approach, offers an
overview of the involvement of the community of students' parents in the
management of schools on the performances of students in Benin, Burkina and
Senegal. Our results show that the weight of the involvement of the parent
community in school management is quite small in determining the school
performance of students, both at the beginning of school (2nd grade) and at the
end of school (6th grade). Indeed, in Grade 2, only 16.60% of student
score fluctuations are explained by variables related to the involvement of the
community of students' parents. In the 6th year, this explanatory power is
19.75%.
Keywords:Family-school relationship,
parents' community, parental involvement, quality of education, APE, AME, CGE,
PASEC.
Introduction
La conférence mondiale sur l'éducation, tenue
à Jomtienen 1990,constitue un tournant décisif dans la
stratégie mondiale en matière d'Education. Elle a permis
d'élargir deux notions essentielles : la notion d'éducation pour
tous et celle de la fourniture de services adaptés aux besoins
fondamentaux.Ainsi, à l'issue de cetterencontre, la communauté
internationale et particulièrement les principaux promoteurs de
l'initiative en faveur de l'Education pour tous (PNUD, UNESCO, UNICEF, Banque
mondiale) déclarent s'engager à apporter leur concours dans les
domaines d'action internationale prioritaires1(*) et à prendre des dispositions
appropriées pour répondre aux objectifs de l'éducation
pour tous.Les nombreux efforts consentis (gratuité de l'enseignement de
base, réorganisation des systèmes éducatifs,adoption de la
scolarisation obligatoire chez les moins de 16 ans dans les pays
endéveloppement, etc.)ont permis d'améliorer
considérablement l'accès à l'éducation même
s'ils n'ont pas pour autant permis d'atteindre les objectifs visés comme
en témoigne les proposde KoïchiroMatsuura, Directeur
général del'UNESCO, lors du Forum mondial de Dakar, en 2000 :
« Le message du Forum mondial sur l'éducation n'est pas
un message de satisfaction. Aucontraire, c'est un appel au réveil et une
invitation à agir de manière urgente et
efficace »(Jean-JacquesPaul, 16MSE505, partie 1, p.2).Toutefois,
il convient de noter que toutes les mesuressusmentionnées n'ont pas
été vaines. En effet, depuis la fin des années 1990, la
plupart des paysetnotamment ceuxà faibles revenus2(*)ont augmenté sensiblement
la scolarisation dansl'enseignement primaire.Cependant, si la question de
l'accès a connu de grands progrès entre les rencontres de Jomtien
et Dakar, celle relative à la qualité de l'éducation reste
encore une grande préoccupation pour la communauté
internationale.
En outre,le Forum mondial sur l'Éducation, tenu
à Dakar en 2000, a reconnu que de grandes avancées ont
été réalisées même si elles restent encore
insuffisantes au regard des objectifs visés. C'est d'ailleurs, pourquoi
la communauté internationale s'est, à nouveau, fixée 6
grands objectifs dont l'un est « d'améliorer sous tous ses
aspects la qualité de l'éducation de façon à
obtenir pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et
quantifiables - notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture et
le calcul et les compétences indispensables dans la vie
courante ».
Cette préoccupation sur la qualité de
l'Education reste encore d'actualité et constitue aujourd'hui, l'un des
plus grands défis mondiaux en matière d'éducation, surtout
dans les pays à faibles revenusdont ceux membres de la CONFEMEN,
concernés par ce présent mémoire.En effet, la
qualité de l'éducation été inscrite dans les
objectifs du millénaire pour le développement (OMD), avec comme
ambition, l'atteinte de l'éducation pour tous en 2015. Mais, le rapport
final du Forum mondial sur l'Éducation (2015) souligne
qu'« un tiers seulement des pays ont réalisé la
totalité des objectifs mesurables del'EPT » et qu'il faut
plus de qualité, de rigueur et d'adéquation desévaluations
des apprentissages des élèves pour améliorer le niveau
d'atteinte des objectifs.Le rapport de l'Observatoire de la Qualité de
l'Éducation(OQE) reprend et insiste sur la nécessite de mettre en
place un suivi et un examen basés sur des politiques, systèmes et
outils bienconçus de suivi, de communication de l'information et
d'évaluation pour la réalisationde l'ODD 4 telle que
recommandée en mai 2015dans la Déclaration d'Incheon3(*), à travers laquelle la
communauté internationale a réaffirmé son engagement pour
une éducation inclusive et de qualité pour tous à travers
le Cadre d'action pour l'Éducation 2030.
Le constat effectué lors de toutes ces rencontres
internationales montre qu'il faut encore des efforts pour réussir la
qualité de l'éducation, notamment dans les pays de l'Afrique
Subsaharienne.
C'est dans cette perspective que s'inscrit ce présent
mémoire qui a pour principal objectif de chercher à analyser
l'implication de la communauté des parents d'élèves
(associations de parents d'élèves (APE), associations des
mères éducatives (AME),Comités de Gestion des
écoles (CGE), etc.) dans les performances globales des
élèves en vue de proposer des pistes de réflexion pouvant
améliorer la qualité dans les systèmes éducatifs
des pays d'Afrique Subsaharienne.
De nombreux travaux, mais moyennement en Afrique
Subsaharienne(C. Delorme, 2002) montrent que le point commun de la plupart des
pays est l'engagement des parents pour la réussite scolaire de leurs
enfants malgré les fortes disparités, en défaveur des
enfants issus de milieux défavorisés (Gabel, M., Jésu, F.
et Manciaux, M., 2000).
Par ailleurs, les engagements pris par la communauté
internationale pour garantir d'une part, un accès équitable
à une offre éducative de qualité (conditions
d'apprentissage) et d'autre part, un minimum de connaissances de base à
la fin du premier cycle scolaire (primaire) afin de permettre à tous les
enfants de continuer l'éducation de manière durable et de
s'intégrer efficacement dans la vie sociale et professionnelle, exigent
une maitrise des déterminants de la qualité de
l'éducation.
En effet, si les résultats actuels en termes
d'accès, de rétention, d'achèvement, de résultat et
deperformance sont relativement bien décrits, la recherche d'explication
devra elle aussiêtre davantage au centre des préoccupations. Les
enquêtes internationales sur les acquis des élèves
ontmontré, pour leur part, des performances scolaires insuffisantes
(PASEC, 2014 ; UNESCO, 2007 ; 2015).Selon le rapport PASE014, la grande
majorité des élèves évalués (environ 40 000
dans plus de 1 800 écoles) ne disposent pas des compétences
attendues dans le cycle primaire. En effet, en début de
scolarité, environ 70 % des élèves n'ont pas atteint le
seuil « suffisant » de compétences en langue et plus de 50 %
en mathématiques ; en fin de cycle, près de 60 % sont en
deçà du niveau attendu dans les deux disciplines.
En outre, à l'heure où la communauté
éducative internationale (Incheon4(*), Forum mondial sur l'éducation 2015) fait face
au grand défi de la qualité, de
« l'élargissement de l'éducation de la petite enfance
et de l'enseignement secondaire obligatoire »5(*),d'ici aux
échéances 20306(*) et 2063 pourl'union africaine, nous voudrions
contribuer à l'identification de ces déterminants de la
qualité sous l'angle de l'implication de la communauté des
parentsdans la gestion de l'école.
Dans le cadre de ce mémoire, nous allons analyserle
niveau primaire des systèmes éducatifs des pays
étudiés, notamment la 2e et la 6e
année qui ont concerné l'enquête PASE014.
Chapitre I : Cadre
théorique
Ce premier chapitre est principalement structuré en
quatreparties. Dans la première partie, il sera question de
définir la qualité de l'Education et de présenter ses
enjeux. La deuxième partie, quant à elle, sera consacrée
à laprésentation de l'objectif de l'étude. La
troisième partie portera sur la revue de la littérature sur le
sujet traité et enfin la quatrième partie sera
réservée à la problématique et aux
hypothèses.
I.1. Définition et enjeux
de la qualité de l'Éducation
I.1.1. Définition de la
qualité de l'Éducation
Les recherches sur la qualité de l'éducation ont
pris un tournant décisif avec le rapport Coleman (1966)7(*)aux Etats-Unis. En effet, notion
théorique assez vaste et complexe (Chatel, 2006)pour être
appréhendée sous un seul angle,la qualité de
l'éducation a fait l'objet d'une multitude de recherches. Le sens
donné à la qualité de l'éducation par la
communauté internationale n'a cessé d'évoluer avec le
temps. À Jomtien8(*)
(1990),l'accent était mis sur la pertinence de l'offre éducative
et la réussite de l'apprentissage, soit sur une éducation qui
répond aux besoins des apprenants, tandis que lors du Forum de
Dakar9(*)en 2000, une
définition plus large de la qualité était proposée.
Cette dernièreenglobe, quant à elle, les caractéristiques
souhaitables des apprenants, les processus, les équipements, les
matériels d'apprentissage, les contenus, la gouvernance et la gestion,
et les résultats de l'apprentissage. Plus récemment en 2015, la
déclaration d'Incheon considère qu' « une
éducation de qualité favorise la créativité et les
connaissances et garantit l'acquisition des compétences fondamentales en
lecture, en écriture et en calcul ainsi que les compétences en
matière d'analyse et de résolution de problème, et
d'autres aptitudes cognitives, interpersonnelles et sociales de haut
niveau » (Déclaration d'Incheon et Cadre d'Action ODD 4 -
Éducation 2030, p.8).
Toutefois, en se basant sur une approche plus
opérationnelle, on pourrait définir la qualité de
l'éducation comme un concept multidimensionnel qui fait
référence à l'ensemble des facteursqui contribuent
à l'amélioration des apprentissages des élèves. Ce
concept de qualité de l'éducation couvre des aspects
interdépendants et notamment liés :
- àl'efficacité interne des systèmes
éducatifs (les résultats des apprentissages, les parcours
scolaires, les résultats des examens scolaires) ;
- àl'environnement scolaire (l'état de
l'école, l'hygiène, la santé /nutrition, la taille de la
classe, les groupes pédagogiques, l'eau, l'électricité,
les installations sportives, l'engagement de la communauté) ;
- auxintrants (manuels scolaires, matériel didactique,
guides pédagogiques,l'équipement sportif, l'effectivité du
volume horaire) ;
- au personnel enseignant (le recrutement, la formation et la
qualification desenseignants, le ratio élèves /maître, le
taux et la périodicité ou le rythme d'encadrement des
enseignants, l'assiduité des enseignants dans les classes) ;
- àl'équité (la prise en compte des
apprenants à besoins spécifiques (handicapés, personnes
vulnérables, groupes marginalisés), la parité filles -
garçons, les disparités zones urbaines et zones
rurales) ;
- au financement de l'éducation (part du budget
allouée à l'éducation de base élargie, surtout la
tranche concernée par l'obligation scolaire et la gratuité de
l'éducation, le budget de l'éducation en pourcentage du
PIB) ;
- àla gouvernance des systèmes éducatifs
(la décentralisation et la déconcentration des services de
l'éducation : les pouvoirs délégués, les
compétences et les ressources transférées, le suivi et le
contrôle du transfert des compétences, la satisfaction des
enseignants et des autres usagers de l'administration scolaire au niveau
central et au niveau déconcentré, la qualité du
partenariat et du dialogue social et/ou politique entre les différents
acteurs) ;
- àl'efficacité externe (le nombre de nouveaux
employés sortis des systèmes éducatifs, l'acquisition et
l'utilisation des compétences acquises à l'école dans la
vie pratique (citoyenneté, hygiène, santé, paix,
participation active à la vie de sa communauté, participation aux
débats politiques...).
Or, dans la plupart des éléments
susmentionnés, on se rend compte que la communauté y intervient
et y joue un rôle non négligeable. Par exemple, dans l'ensemble
des trois pays de notre étude, la communauté des parents
d'élèves contribue, au recrutement du personnel enseignant (la
plupart des enseignants communautaires) et au développement de
l'environnement scolaire à travers, notamment leur apport pour
participer, ne serait-ce qu'à l'apaisement du climat scolaire, en
période de tension (grève par exemple), par le biais des
organisations de parents d'élèves (APE, AME, CGE, etc.).
Quant à la littérature, ellerévèle
que la plupart des tentatives de définition d'une éducation de
qualité sont caractérisées par deux principes: le premier
identifie le « développement cognitif desapprenants comme
l'objectif explicite majeur de tous les systèmes éducatifs. En
conséquence, leur réussite à cet égard est un
indicateur de leur qualité » (Briguette, 2012,
p.167) alors que le second « met l'accent sur le rôle de
l'éducation dans la promotion des valeurs et des attitudes liées
à une citoyenneté responsable et dans la mise en place de
conditions propices au développement créatif et
affectif » (Ibid.).
Par ailleurs et dans son Document de réflexion et
d'orientation (DRO) intitulé « La qualité de
l'éducation, un enjeu pour tous : constats et perspectives »,
la CONFEMEN donne, en ces termes, une définition élargie de la
qualité de l'éducation allant au-delà des résultats
scolaires et des taux d'achèvement, en ces termes :« Outre les
aspects relatifs aux savoirs, pour la CONFEMEN, une école dite de
qualité devrait tenir compte, dans les orientations et les curriculums,
du développement de savoir-être et de savoir-faire permanents,
dont les compétences citoyennes, l'autonomisation de l'individu ainsi
que l'apprentissage tout au long de la vie. Dans ces conditions,
l'éducation devrait être en mesure de doter chaque individu de
compétences lui permettant de participer activement au
développement de sa société, et ce, de façon
durable » (CONFEMEN, 2010, p.21).Or, pour réussir cette
qualité de l'Education exige la mobilisation de l'ensemble des acteurs
de l'Education, y compris les parents qui constituent les « premiers
éducateurs ».
Ainsi, toutes ces différentes dimensions de la
définition de la qualité de l'Éducationqui mettent
distinctement l'accent sur la pertinence de l'offre éducative, la
réussite scolaire, le développement cognitif de l'enfant,
l'acquisition de compétences fondamentales, l'efficacité interne
et externe du système, interpellent sur les enjeux de la qualité
de l'Éducation, et donc sur l'importance de s'intéresser à
la qualité de l'Éducation qui ne fait pas l'objet d'une approche
unifiée (F. Niang, 2014). Mais quels sont alors les enjeux
d'uneÉducation de qualité ? Pourquoi est-il important de
s'intéresser à la qualité de l'Éducation ? Et
surtout, sur quels leviers faut-il appuyer pour réussir une
Éducation de qualité ?
I.1.2. Enjeux de la
qualité de l'Éducation
L'éducation, notamment celle de qualité
constitueun atout majeur pour unenation et est unfondement importantpour
dessociétés fortes etpacifiques (UNESCO-UIS, 2018). Toutefois, au
vudes résultats alarmants10(*) révélés par les enquêtes
internationales sur les acquis des élèves (PASEC, 2014 ; UNESCO,
2007 ; 2015) auxquels s'ajoutentle fort taux d'analphabétisme et les
plus de 617 millions de jeunes dans le monde qui ne savent ni lire une phrase
simple encore moins effectuer les calculs mathématiques de base
(UNESCO-UIS, 2018), il devient urgent pour de nombreux pays, plus
particulièrement pour ceux en développement d'adopter des
politiques éducatives plus efficaces (CONFEMEN, 2007) pour atteindre les
objectifs mondiaux d'éducation fixés par la communauté
internationale en 2015 avec l'ODD 4 qui exige une éducation de
qualité, de l'enseignement préscolaire au deuxième cycle
de l'enseignement secondaire, pour chaque enfant, d'ici 2030. Cet engagement
international,constitue désormais un enjeu mondial et vise à
apporter une solution à la crise à laquelle sont
confrontésles systèmes éducatifs des pays.
Pour l'atteinte des objectifs de l'ODD4, avec
l'intégration des compétencesnécessaires pour faire face
aux besoins sociétaux tels que la promotion du « vivre
ensemble », la lutte contre le terrorisme et l'extrême
violence, il devient urgent voire impératif pour, notamment les pays en
développement, de s'intéresser aux éléments qui
déterminent la qualité de l'Éducation, et cela d'autant
plus du fait de la rareté des ressources et des nombreux autres
défis auxquels ces pays sont confrontéspour assurer les
conditions propices à un développement du capital humain.
Or, pour bon nombre de pays en développement, il semble
que l'école ait tourné le dos à l'économie. Au
Sénégal par exemple, la publication 2016 de l'Agence Nationale
des Statistiques et de la Démographie (ANSD) sur la situation
économique et sociale, montre qu'en moyenne 64,1% des personnes
occupées n'ont pas fréquenté l'école et 32,9% ont,
au plus, le niveau secondaire. Les personnes occupées ayant un niveau
d'enseignement supérieur ne représentent que 3%. Au Bénin,
l'Enquête modulaire intégrée sur les conditions de vie des
ménages (EMICOV) 2015 publiée par l'Institut national de la
statistique et de l'analyse économique, révèle que plus le
niveau de diplôme est élevé, plus le taux de chômage
est important. En effet, le taux de chômage est de 9,0% chez les
diplômés du supérieur, 4,9% chez les diplômés
du secondaire et 1,9% chez les béninois n'ayant qu'achevé le
niveau primaire. Au Burkina, le rapport d'identification et d'analyse des
freins à l'opérationnalisation des réformes de la
politique de formation professionnelle publié par l'Unesco - Pôle
de Dakar, montre que pour la période 2010-2014, 68% des sortants du
système éducatif sont en emploi, 13% au chômage et 19%
inactifs11(*).
Ces statistiques interpellent sur la qualité des
profils sortis des systèmes éducatifs qui ne semblent pas
répondre aux attentes en termes de connaissances et de
compétences attendues.
Or, pour ces trois pays, l'éducation constitue le
premier poste budgétaire dans les politiques publiques. En effet, au
Burkina, au Bénin et au Sénégal, c'est respectivement
4.17%, 4.36% et 4.46% du PIB qui ont été alloués au
secteur de l'éducation en 2015, soit un peu plus que la norme de 4 %
proposée dans le Cadre d'action Éducation 2030. Mais,
malgré les efforts consentis par ces pays, nous assistons de plus en
plus, d'une part à une baisse des niveaux des apprenants et d'autre part
à un échec massif des élèves, avec un taux de
redoublement de 6,32%12(*)
au Burkina, 11.5%13(*) au
Bénin et 3.6%14(*)
au Sénégal. Ce constat est partagé par le PASEC qui
souligne dans son rapport 2014 que « malgré les
progrès réalisés et les engagements par les Etats, la
qualité de l'éducation reste un immense défi pour la
plupart des pays francophones du Sud ». En effet, selon ce
rapport, en début de cycle, plus de 70% des élèves n'ont
pas atteint le niveau « suffisant » en langue, et plus de 50% en
mathématiques. En fin de cycle, près de 60 % des
élèves sont en deçà de ce niveau dans les deux
disciplines. Au Bénin, c'est plus de 80 % des élèves qui
n'atteignent pas le seuil « suffisant » en langue et 60 à 70%
ont des difficultés en mathématiques. Au Burkina Faso, bien
qu'environ deux tiers des élèves n'atteignent pas le seuil en
langue, près de 60% des élèves disposent de
compétences suffisantes en mathématiques. Au
Sénégal, 70 à 80% des élèves n'atteignent
pas le seuil « suffisant » de compétences en langue, avec
toutefois la moitié des élèves qui atteint ce seuil en
mathématiques (Rapport PASE014).
Ces statistiques inquiétantes interpellent avec
acuité sur la question de la qualité des apprentissages dans les
écoles. Cette problématique n'épargne pas, dans une
moindre mesure, certains pays développés. En effet, selon un
rapport de 2010 de l'Inspection générale de l'Éducation
nationale (IGEN), le système scolaire français produit 50%
à 60% d'élèves dont les résultats sont
satisfaisants ou très bons, 20% à 30% dont les résultats
sont insuffisants et 15% à 20% en grande difficulté scolaire.
Or, réussir une éducationde qualité ne
saurait être le seul apanage des enseignants ou des pouvoirs publics
centraux et/ou locaux, en charge du secteur de l'éducation. En effet,
une éducation de qualité nécessite, au moins, un espace de
collaboration au sein de l'école (Leclerc et Labelle, 2013) et dans
lequel siègentles différents acteurs de l'école
(administration scolaire, organisationsdes parents d'élèves,
autorités locales, etc.) pour partager leurs réflexions et
résoudre les problèmes.
C'est donc dans cecontexte que se situel'importance de la
communauté des parents dans la gestion de l'école, et s'inscrit
cette présente étude qui entend contribuer à identifier
les déterminants de la qualité de l'Éducation sous l'angle
de l'implication de cettecommunauté dans la gestion des écoles.
Il sera question d'étudier si l'implication de la communauté des
parents dans la gestion de l'école contribue à améliorer
les résultats des apprentissages des élèves et, du
même coup, si ce déterminant pèse sur la qualité de
l'Éducation. Ce questionnement entre dans plusieurs axes de la
qualité de l'éducation, notamment : l'efficacité
interne des systèmes éducatifs, l'environnement scolaire et le
financement de l'éducation, tel qu'indiqué au point I.1.1 du
présent document.
Par ailleurs, le choix de souscrire notre appréciation
de la qualité de l'éducation à la seule dimension
« performances des élèves », se justifie
entre autres raisons par la complexité de la question de la
qualité et le défaut de temps pour investir la question, qui
pourra être difficilement cernée dans son entièreté
dans le cadre d'un mémoire. Aussi, prendre toute la mesure de la
qualité de l'éducation nécessite surtout de disposer de
données, qui souvent proviennent de sources différentes, mais
peut également nécessiter de mener parfois des enquêtes
spécifiques.
I.2. Objectifde
l'étude
Dans le cadre de ce mémoire, afin d'éviter de
laisser un flou conceptuel ainsi que des interprétations et attentes
multiples, nous entendons par « communauté des
parents » toutes les entités, hors administratives regroupant
des parents d'élèves et qui interviennent dans la gestion de
l'école et qui, d'une façon ou d'une autre, apportent un appui
pour accompagner l'organisation des apprentissages scolaires. Dans notre
contexte, cette communauté est constituée des parents
d'élèves, généralement organisées autour des
APE, des CGE et des AME.
Ainsi, l'objectif principal que nous visonsà travers
cette étude est de rechercher l'existence d'un lien entre l'implication
de la communautédes parents dans la gestion des écoles et les
résultats des apprentissages des élèves.Autrement dit, il
s'agira d'examiner si la présence de parents d'élèves
réunis en collectif pour prendre part à la gestion de
l'école contribue à améliorer les apprentissages des
apprenants.
Cet objectif général peut se décliner en
objectifs spécifiques suivants :
- identifier s'il y'a des résultats d'apprentissages
des élèves de 2e et 6e années qui
sontliés à l'implicationde la communauté des parents dans
la gestion del'école, indépendamment des
caractéristiques socio-personnelles de l'élève ;
- répertorier le type ou la forme d'implication de la
communauté des parents qui peut avoir un lien avec les résultats
des apprentissages des élèves.
I.3. Revue de la
littérature
La littérature empirique sur les déterminants
des performances scolaires a permis de les classer en quatre catégories
(Bijou Mohammed, 2017) : 1) les déterminants liés à
l'environnement et au milieu familial de l'élève, 2) les
déterminants liés aux caractéristiques individuelles de
l'élève, 3) les déterminants en lien avec les
caractéristiques des établissements scolaires et enfin 4) les
déterminants apparentés aux caractéristiques du
système éducatif dans sa globalité.
Dans le cadre de cette revue de littérature, nous
mettrons l'accent davantage sur les déterminants liés
l'environnement et au milieu scolaire qui intègrent la
communauté.
Au cours de ces dernières décennies, de
nombreuses recherches se sont intéressées sur la relation
communauté-école. Certaines d'entre elles ont insisté sur
l'importance de la qualité de cette relation (R. Deslandes, 2010) sur
les apprentissages des élèves et plus globalement sur le
développement de l'enfant. Cette relation école-communauté
a fait l'objet de plusieurs études (Bempechat, 1992 ; Dauber &
Epstein, 1993 ; Reynolds, 1992 ; Epstein, 1991) dont les résultats
concluent que la réussite scolaire des enfants ne peut être
entièrement imputée aux seules aptitudes cognitives de
l'élève mais dépendrait également d'autres
variables comme les stratégies éducatives (C. Montandon, 1996)
mises en place.
Il s'agit par exemple de l'investissement des parents dans la
scolarité de leur enfant pour lutter contre l'échec scolaire (op.
cit) et de l'engagement ou le désengagement des parents (P. Davis-Kean,
2005), c'est-à-dire leur implication ou non dans la scolarisation de
leurs enfants. Pour ces auteurs, au-delà du fait qu'il contribue
à la réussite scolaire des enfants, l'engagement des parents
contribue également à la socialisation de ces derniers (Deslandes
et Jacques, 2004 ; Henderson et Mapp, 2002 ; Epstein, 2001). Les travaux de
Fehrman, Keith et Reimers (1987) s'inscrivent dans la même logique. En
effet, ces auteurs démontrent que la réussite de beaucoup
d'enfants est liée à l'investissement de leurs parents dans leur
scolarité. Selon eux, ceci est d'autant plus vrai que les enfants des
parents qui s'investissent moins dans leurs parcours scolaires peinent à
aboutir à des résultats positifs. Par ailleurs, il faut toutefois
signaler que l'implication des parents ne doit pas se limiter simplement au
suivi de l'enfant à domicile mais, elle doit se poursuivre
jusqu'à l'école. En effet, en confiant leurs enfants à
l'école, les parents doivent contribuer à la gestion de cette
institution en intégrant les structures habilitées. Au
Sénégal par exemple, dans chaque école
élémentaire15(*), il est mis en place un CGE élu par une
assemblée générale convoquée par le chef
d'établissement, conformément à l'arrêté
ministériel n° 1383 du 30 janvier 2015 portant application du
décret n° 2014-904 du 23 juillet 2014, relatif à la
création, à l'organisation et au fonctionnement des CGE et des
Unions de Comités de Gestion d'Ecole (UCGE).
En outre, une étude longitudinale menée en 2017
par les Professeurs Kristel Tardif-Grenier et Isabelle Archambault et portant
sur un échantillon de 296 élèves répartis dans cinq
écoles situées dans une zone défavorisée de
Montréal a permis à ces auteurs d'établir une relation
entre l'implication parentale dans le suivi scolaire et le rendement ainsi que
l'engagement scolaire d'élèves du primaire issus de
l'immigration.
Sous un autre registre, d'autres recherches, notamment celles
de Stevenson et Baker (1987) ou Bempechat (1992) citées par Deslandes
(2001), montrent des convergences de vue quant à l'importance de
l'engagement des parents dans la scolarisation des enfants, non sans mettre en
avant l'impact du statut socioéconomique des parents sur le cursus
scolaire des enfants. Pour Deslandes et Bertrand (2004), l'implication
parentale est influencée par quelques caractéristiques
inhérentes à la famille, telles que le capital culturel, le
niveau d'instruction ainsi que le statut social des parents. Ainsi, selon
Bourdieu et Passeron (1970), les familles plus défavorisées tant
sur le plan culturel que sur le plan socioéconomique, participent moins
dans la scolarité de leurs enfants car elles ne sont pas suffisamment
dotées d'aptitudes et de compétences nécessaires pour
contribuer activement à la réussite scolaire des enfants.
Qui plus est, dans son mémoire de DEA, Abdramane Cherif
Haidara (2018) évoque l'engagement des parents dans le suivi de la
scolarité de leurs enfants comme « tributaire de certains
facteurs internes aux familles ». Pour Abdramane,
« le facteur relatif au facteur socioéconomique est le
plus important ». Il signale en outre
qu' « il y a une interaction entre le statut
socioéconomique en considérant le lieu de résidence, le
niveau d'instruction ainsi que l'engagement des parents dans le suivi scolaire
des enfants » (Haidara, 2018). En effet, dans cette étude
qualitative menée sur des parents d'élèves du Lycée
Ibrahima Ly de Banankabougou au Mali, l'auteur révèle que les
familles les plus engagées dans le suivi scolaire des enfants sont
celles qui sont plus aisées sur le plan socio-économique.
Cependant, ces facteurs socioéconomiques ne seraient pas l'indicateur le
plus important de l'implication des parents dans la gestion de l'école
(Clark, 1983 ; Glasman, 1992). Pour Franze et al. (2005), ceserait
plutôt l'environnement positif à la maison qui a un effet
considérable sur les apprentissages, et cela indépendamment du
milieu socioéconomique.
En outre, il convient de préciser que l'appartenance
ethnique, raciale et culturelle des familles ne semble pas être
déterminante par rapport à leur rôle dans la
scolarité de leurs enfants et leur engagement pour l'école
Boethel (2003). En effet, selon Boethel, au même titre que les autres
familles, celles appartenant à des minorités raciales, ethniques
et culturelles sont également très impliquées dans la
scolarisation de leurs enfants. En revanche, il soutient que les facteurs
socioéconomiques influencent les types de participation chez les
familles à faible revenu.
Par ailleurs, d'autres recherches ont mis en lien
l'implication de la famille dans l'école avec le rapport entre les
interactions au sein des familles. En Suisse par exemple, il a
été observé que plus les familles ont un fonctionnement de
type « associatif », c'est-à-dire qu'elles
favorisent les relations de chaque membre avec le monde extérieur, plus
elles mettent l'accent sur la coordination avec l'école. En revanche,
plus les familles ont un fonctionnement « fusionnel »,
c'est-à-dire qu'elles accordent une importance à la
cohésion du « groupe famille » et limitent leurs
relations avec le monde extérieur, plus elles manifestent une distance
vis-à-vis de l'école (Kellerhals et Montandon, 1991).
Selon la littérature les formes d'implication des
parents (Champagne et Marçal, 2011 ; C. Delorme, 2002) dans
l'école ainsi que le rôle et la place de ces derniers varient
généralement selon le contexte géographique. A titre
d'exemple, au Mali c'est à travers les associations de parents
d'élèves (APE) que les parents sont associés. Ces derniers
peuvent ainsi contribuer aux repérages des nouveaux besoins
éducatifs et scolaires et sont également consultés dans la
redéfinition des programmes. Tandis que dans d'autres États, les
parents sont sollicités dans la gouvernance et la gestion des
écoles (A. Coly, 2014). En effet, souvent en tant que membres des
conseils de gestion des établissements, les parents de ces pays
participent à l'évaluation des réformes et plus
spécifiquement à l'évaluation des apprentissages de leurs
enfants. Ainsi, leur implication contribue à la fois à la prise
en compte des inégalités d'accès et à une gestion
transparente des écoles. Ceci est le cas en Guinée
« où les parents évaluent les
réinvestissements des apprentissages de leurs enfants dans la vie
active » (C. Delorme, 2002).
En outre, la littérature révèle
également qu'il existe une variété de types d'implication
des parents avec différents impacts sur l'élève
(Larivée, 2012). Ces types varient généralement selon
l'âge et le cycle scolaire de l'élève (préscolaire,
primaire, moyen ou secondaire). En effet, l'implication des parents est moins
accentuée au fur et à mesure que l'enfant avance dans son cursus
scolaire (Deslandes et Bertrand, 2004) et se présente sous
différentes typologies16(*) en fonction de la perspective dans laquelle
l'implication est abordée (Larivée, 2012). Ces typologies sont
fonction, entre autres, des objectifs visés par les parents, des lieux
et des formes d'implication parentale, du degré de relation entre les
parents et l'école. Dans cette optique, Epstein (2001) dégage une
typologie fondée sur six situations d'implication (rôles et
compétences parentales, communication entre l'école et la
famille, bénévolat, apprentissages à la maison,
participation à la prise de décision et collaborationavec la
communauté) en fonction des situations (maison, école, ou
communauté). Cette typologie d'Epstein se distingue des autres, non
seulement, par le fait qu'elle repose sur plusieurs types d'implication
parentale mais intègre également différents lieux
d'implication parentale (maison, école, etc.). En ce sens, cette
typologie prend en compte notre champ d'étude, c'est-à-dire
l'implication des parents dans l'école, à travers les
organisations de parents d'élèves.
Au demeurant, il importe de souligner le caractère
multiforme de l'implication parentale désignée à travers
différentes expressions : engagement des parents, Delorme (2002) ;
relation famille-école, Deslandes & Jacques (2004) ;
participation des parents, Comhaire&Mrsic-Garac (2007). Ces appellations
désignent tantôt la même chose mais peuvent parfois avoir
des nuances.
Des recherches se sont également
intéressées à la coéducation, c'est-à-dire
à la collaboration étroite et à la responsabilité
partagée entre la famille (premiers éducateurs) et l'école
(éducateurs professionnels) dans l'éducation des enfants. Ainsi,
selon Coly (2014), l'intérêt de la coéducation
réside dans le fait que les parents puissent, sur la base de leur
expérience et leur intuition, aider les enseignants dans
l'apprentissage, par le biais des APE.
Ainsi, avec le développement de l'approche
communautaire en Afrique et en particulier au Sénégal, la
participation de la communauté dans la gestion de l'école
favorise la proximité avec l'école et l'intérêt pour
ce qui s'y déroule (C. Delorme, 2002). Elle facilite également
l'intégration scolaire (Lambert, 1998) qui est un processus et une
démarche au service de la participation effective et de l'inclusion
sociale des élèves surtout ceux en difficultés (J.
Larivée, S., Kalubi, J. & Terrisse, B., 2006). Cette participation
est d'autant plus souhaitée chez les familles des élèves
en difficultés (Boutin, 2007) puisque sans leur implication, les
résultats de l'intégration peuvent être insignifiants.
C'est pourquoi, par exemple, dans la province de Québec, les
législateurs ont prioritairementinscritles pratiques de collaboration,
de coopération, voire de partenariat entre les professionnels et les
familles pour l'intervention en contexte d'intégration scolaire et
d'inclusion (MEQ, 1997, 1999a). Ce rapprochement entre les familles et
l'école entraine un progrès dans les résultats scolaires
des enfants (Jean-Michel Devaux, Michèle Hamel, Bernard Vrignon, 1989).
Etant toutefois précisé ici que les résultats des
recherches sont parfois mitigés quant à ce qui concerne les
méthodes de soutien familial (Chatelanat, MartiniWillemin et Beckman,
2006) dans la réussite scolaire des élèves.
En outre, le rôle des parents dans l'éducation
est plus ressenti chez les filles. En effet, à travers
différentes études menées par l'Unicef, il ressort que les
parents auraient un rôle déterminant pour favoriser la
réussite scolaire de leurs filles, que ce soit au niveau de
l'accès à l'école (problème de
l'éloignement) que dans la régularité dans les
études.
Toutefois, il convient de signaler à ce stade qu'il
n'existe pas de consensus quant à l'existence d'une « relation
de cause à effet » entre l'implication de la communauté
et les résultats des élèves. La littérature
révèle que l'implication de la communauté dans la
scolarité des élèves n'est pas forcément synonyme
de réussite scolaire de ces derniers. En effet, bien que bon nombre
d'études (Deslandes, 2010 ; Coly, 2014) montrent des effets
bénéfiques de l'implication de la communauté des parents
dans la gestion de l'école, force est de noter que la plupart de ces
études évoquent généralement des constats de
corrélation et non une relation causale (Montandon, 1996) entre
l'implication des parents dans les apprentissages de leurs enfants et les
résultats de ces derniers.
Par ailleurs, d'autres recherches évoquent
la nécessité d'un dialogue entre la communauté des
parents et l'école pour relever les défis de la
réussite scolaire (Kanouté, André, Charrette, Lafortune,
Lavoie et Gosselin-Gagné, 2011) ainsi que pour résoudre les
difficultés que leur relation peut comporter sur le plan local. La
collaboration école-communauté fait souvent
référence aux liens entre les écoles et la
communauté au sens large, c'est-à-dire intégrant les
institutions, les organismes, les associations, etc. - qui soutiennent et
favorisent de façon directe ou indirecte le développement social,
émotionnel, physique et intellectuel des jeunes(Deslandes, 2010). Cette
collaboration entre la communauté et l'école est souvent
favorisée par l'attitude des enseignants vis-à-vis des parents.
Pour Hoover-Dempsey, Bassler et Brissie (1987), l'ouverture des enseignants aux
parents semble être liée à la perception que les
enseignants se font de leurs propres compétences. Ainsi, les contacts
entre enseignants et parents sont moins fréquents lorsque les
enseignants ont une image négative de leur travail. Par contre, de
façon générale, les enseignants qui intègrent mieux
les parents dans l'école sont le plus souvent ceux qui ont un sentiment
positif vis-à-vis de leur travail (Epstein, 1990).
Ainsi, au vu de ce qui précède, nous pouvons
relever ici, que même si globalement la littérature parcourue
révèle des effets bénéfiques de l'implication de la
communauté dans l'école, il convient de préciser que ces
effets reposent généralement sur des constats de
corrélation (Montandon, 1996).
I.4. Problématique
ethypothèses
Dans le domaine de l'Éducation, ce dernier quart de
siècle a été fortement marqué par l'EPT avec les
énormes progrès notés en matière d'accès.
Selon le rapport 2015 de l'EPT intitulé « Éducation
pour tous 2000-2015 : progrès et enjeux », les taux nets
ajustés de scolarisation dans le primaire ont progressé d'au
moins 20 points de pourcentage entre 1999 et 2012 dans 17 pays, dont 11 en
Afrique subsaharienne. Toutefois, malgré
lesgrandes améliorations enregistrées en
matièred'accès, il reste encore de gros efforts à fournir
pour améliorer la qualité de l'Educationafin de produire les
ressources humaines indispensables pour porter le développement. En
effet, dans la plupart des typologies de sous-développement, figure le
niveau de l'éducation.C'est pourquoi les nouveaux agendas mondial (2030)
et africain (2063) invitent à donner une nouvelle orientation
au secteur de l'éducation pour assurer un nouveau contrat social et
positionner l'éducation comme condition essentielle pour
préparer le jeune à une
« vie responsable », à la
citoyenneté mondiale, au vivre ensemble, à la
tolérance, au respect mutuel et à la productivité
économique.
Or, les recherches scientifiques révèlent que
les résultats scolaires des élèves sont le fruit d'un
ensemble de facteurs intra et extra scolaires (Larré et Plassard, 2013).
Ces derniers contribuent aux échecs ou favorisent les rendements
scolaires.
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous
intéressons aux éléments pouvant contribuer à
l'amélioration des résultats scolaires des élèves,
vus sous l'angle de l'implication de la communautédes parents
d'élèves, hors entités administratives.C'est en ce sens
que nous nous proposons de réfléchir sur la question principale
suivante : « Dans quelle mesure, l'implication de la
communauté de parents d'élèves dans la gestion de
l'école peut contribuer à améliorer la performance
scolaire des élèves » ?
Toutefois, pour mieux cerner cette problématique, il
nous semble nécessaire de répondre à deux grandes
questions spécifiques :
Q1 : les performances scolaires des
élèves17(*)
varient-elles avec le degré18(*) d'implication de la communauté des parents
dans la gestion de l'école ?
Q2 : les performances scolaires des
élèves varient-elles en fonction du type ou de la forme19(*) d'implication de la
communauté des parentsdans la gestion de l'école ?
À ces questions spécifiques correspondent les
deux hypothèses suivantes :
H1 : Les performances scolaires des
élèves en français et en mathématiques20(*) varient selon le degré
d'implication de la communauté des parents dans la gestion de
l'école et indépendamment des caractéristiques
personnelles des élèves.
H2 :Les performances scolaires des
élèves en français et en mathématiques varient en
fonction du type ou de la forme d'implication de la communautédes
parents dans la gestion de l'écoleet indépendamment des
caractéristiques personnelles des élèves.
Ainsi, des deux hypothèses spécifiques, il
ressort l'équation suivante :
Performances scolaires des élèves = f
(niveau-ou-degré_implication, type-ou-forme_implication)
Par conséquent, l'équation définitive
à tester a pour objectif de vérifier l'hypothèse
principale selon laquelle une implication de la communautédes parents
dans la gestion de l'école contribue à l'explication des
performances des élèves sachant que les processus d'apprentissage
n'impliquent pas seulement des mécanismes cognitifs.
Chapitre II. Cadre
méthodologique
Ce chapitre est structuré en cinq parties. Dans la
première partie, nous allons présenter les données que
nous avons utilisées pour mener notre étude. La deuxième
partie tentera de justifier l'utilisation de ces données. La
troisième partie, quant à elle, sera consacrée à la
présentation de l'architecture globale et à la composition des
bases de données. La quatrième partie portera sur le choix des
pays21(*) et des
variables. Enfin, la cinquième et dernière partie sera
réservée à la méthodologie adoptée dans
cette étude.
II.1. Présentation des
données
Dans le cadre de notre étude, les données
utilisées sont issues de l'évaluation PASE014 du
Programme d'Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN
(PASEC)22(*). Ce
programmea pour mission de fournir aux décideurs des informations
fiables permettant d'orienter leurs choix en matière de politiques
éducatives par la production de données et d'analyses sur les
performances des systèmes éducatifs et les facteurs qui
concourent à la qualité de l'éducation, par
l'intermédiaire d'enquêtes à grande échelle sur les
acquis des élèves au primaire, particulièrement ceuxen
début (2e année) et en fin de scolarité
(6e année)dans les disciplines fondamentales que sont :
la Lecture et les Mathématiques.L'évaluation PASE014 a
concerné 10 pays d'Afrique subsaharienne francophone (Bénin,
Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Niger,
Sénégal, Tchad et Togo).
Pour mesurer les acquisitions scolaires, des tests cognitifs
(lecture et mathématiques) sont administrés à des
échantillons représentatifs d'élèves (40 000
élèves répartis dans plus de 1 800 écoles, soit en
moyenne dans 180 écoles par pays)des deux niveaux d'études du
cycle primaire (2e et 6e années) dans les pays
participant à l'évaluation. Cependant, pour répondre
à des besoins d'analyses spécifiques ou compte tenu de la
structure de leur système éducatif, certains pays comme le
Burkina Faso ont sur-échantillonné certaines strates de leur
population afin de procéder à des analyses d'intérêt
de politiques éducatives.
Les données de l'évaluation PASE014 ont
été collectées à la fin de l'année scolaire
2013-201423(*).Des
données contextuelles sont également collectées via des
questionnaires élèves, enseignants/classes et
directeurs/écoles afin demettre à jour les déterminants
des apprentissages des élèves. Elles seront exploitées
pour analyser le lien entre l'implication de la communautédes parents
dans la gestion de l'école et les résultats des apprentissages
des élèves.
II.2. Justification de
l'utilisation des données du PASEC
Tenant compte de la revue de littérature, nous avons
constaté que les éléments qui concourent à
l'engagement de la communauté des parents dans la vie des structures
éducatives sont, entre autres, liés aux enseignants et à
la gestion administrative incarnée par le directeur. De même, le
facteur élève favorise aussil'implication des parents dans la
gestion de l'école, surtout au niveau du cycle primaire.
L'utilisation des données de l'évaluation
PASE014 provenant des questionnaires (directeurs, maîtres,
élèves) se justifie par le fait que le « questionnaire
directeur » (
Cf. annexe 4)collectedes informations assez
importantes sur l'implication de la collectivité locale (APE, conseil
d'école, CGE ou autre association locale de la société
civile) dans la gestion des établissements scolaires.Quant aux
questionnaires « maitre » et
« élève », ilscollectent également des
données utiles pour apporter des informations aussi bien sur
l'implication de la communauté des parents que sur lesrésultats
des apprentissages des élèves.
Nous choisirons donc dans la base des données
disponibles,lesvariables qui sont en rapport direct avec le « niveau
élève », le « niveau famille » et
« l'institutionscolaire ».
II.3. Architecture globale et
composition des bases de données PASE014
II.3.1. Architecture globale de
la base de données PASE014
L'enquête PASE014 a, en réalité, produit
deux bases de données. Chacune d'elles correspondant à un des
deux niveaux enquêtés (2e année et 6e
année).Ces deux bases ont la même structure. Elles sont
constituées de données hiérarchisées sur deux
niveaux24(*) de tirage
:
- le premier concerne les données au niveau «
élèves » (réponses aux tests de langue et
demathématiques, réponses aux questionnaires contextuels) ;
- le deuxième niveau porte sur les données de
l'école et de la classe enquêtée (réponses des
directeurs et des enseignants aux questionnaires contextuels qui leur sont
adressés).
Les données sont donc structurées selon trois
niveaux, à savoir : (i) le pays ; (ii) l'école et la classe
;(iii) l'élève. Deux identifiants, placés en début
de base de données, permettent de reconnaître le pays,
àsavoir le code du pays (ID_PAYS) et son nom (PAYS).
Le tableau ci-dessous schématise la
hiérarchisation desdonnées.
Identifiant pays
|
Données sur les enseignants/classes et sur les
directeurs/écoles
|
Données sur les élèves
|
PAYS 1
|
ÉCOLE 1
|
Élève 1
|
Élève 2
|
...
|
Élève n
|
ÉCOLE 2
|
Élève 1
|
Élève 2
|
...
|
Élève n
|
...
|
...
|
ÉCOLE N
|
Élève 1
|
Élève 2
|
...
|
Élève n
|
...
|
...
|
...
|
PAYS 10
|
ÉCOLE 1
|
Élève 1
|
Élève 2
|
...
|
Élève n
|
ÉCOLE 2
|
Élève 1
|
Élève 2
|
...
|
Élève n
|
...
|
...
|
ÉCOLE N
|
Élève 1
|
Élève 2
|
...
|
Élève n
|
Tableau 1 : Architecture des
bases de données de l'évaluation PASE014
II.3.2. Composition des bases de
données PASE014
La base de données PASE01425(*) contient 8682 observations
(8682 élèves) et 716 variables en 2e année et
31213 observations (31213 élèves) et 903 variables en
6e année.Cette base de données contient une batterie
d'informations sur les écoles primaires, notamment sur la qualité
des acquisitions scolaires. En effet, en plus de mesurer les niveaux
d'acquisition des élèves et les performances moyennes des
écoles, la base collecte également des données sur
l'environnement scolaire.
Ainsi :
· au niveau classe, des informations sont
collectées sur les caractéristiques de l'enseignant (genre,
diplômes et formations, statut professionnel, expériences,
etc.) et celles des classes (taille des classes, matériel
pédagogique,etc.) ;
· au niveau de l'école, des informations sont
collectées sur les caractéristiques du
directeur (genre, diplômes et formations, statut professionnel,
expériences, etc.), les caractéristiques des écoles (type
d'école, localisation urbaine ou rurale, disponibilités des
ressources humaines, matérielles et financières, etc.) et la
gouvernance des écoles (encadrement pédagogique et administratif
des enseignants, implication de la communauté des parents
d'élèves, etc.).
Notre étude étant centrée principalement
sur 3 pays (Bénin, Burkina, Sénégal), nous avons
procédé à un nettoyage des bases de données pour ne
prendre en compte que les observations concernant ces pays. Ainsi, nous nous
retrouvons avec une base de données de 2508 observations en
2e année et 9354 observations en 6e
année. Ces observations sont ainsi réparties :
· en 2e année : 732 observations
pour le Bénin, 969 pour le Burkina et 807 pour le
Sénégal ;
· en 6e année : 3033 observations
pour le Bénin, 3416 pour le Burkina et 2905 pour le
Sénégal.
Le tableau ci-dessous présente la répartition
des observations par pays et par année d'étude (2e et
6e années)
|
2eannée
|
6eannée
|
BENIN
|
732
|
3033
|
BURKINA FASO
|
969
|
3416
|
SENEGAL
|
807
|
2905
|
TOTAL
|
2508
|
9354
|
Tableau 2 :
Répartition des observations de la base PASE014 en 2eet
6eannée dans les 3 pays
II.4. Choix des pays et des
variables
II.4.1. Choix des pays
Pour mieux appréhender l'effet de l'implication de la
communauté sur les résultats des apprentissages des
élèves, nous nous proposons de mener notre étude sur un
échantillon de trois pays (Bénin, Burkina et
Sénégal). Ces pays ont la particularité d'être dans
la même zone géographique (Afrique de l'Ouest).Ce choix permet
aussid'avoir dans cet échantillon, des pays performants
(Sénégal et Burkina Faso) et un pays moyennement performant
(Bénin) selon les résultats publiés par le PASEC (PASEC,
2015). Il permettra également de voir si l'implication de la
communauté des parents dans la gestion des écoles ainsi que la
forme qu'elle peut prendre, ont le même impact sur les résultats
des élèves indépendamment du pays. En d'autres termes, le
choix des trois pays se justifie par un besoin de comparaison afin de pouvoir
« révéler les caractéristiques
singulières » (Seigeot, 16MSE564, partie 1, p.2) de chacun des
3 systèmes éducatifs étudiés, d'une part, mais
aussi de s'inscrire dans la dynamique suivie par le PASEC dans le cadre de
l'enquête internationale PASE014, d'autre part.
II.4.2. Choix des variables
Comme il est précisé dans la 3e
partie du chapitre 2, la base de données PASE014 que nous utilisons
comporte 716 variables en 2e année et 903 variables en
6e année.
Toutefois, nous avons procédé à un choix
des variables explicatives qui serviront à étayer nos analyses,
notamment au moment de la construction du modèlemultivarié. Nous
présentons ci-dessous quelques-unes de ces variables qui pourraient
possiblement avoir un effet sur les résultats des apprentissages des
élèves.
Le genre de l'élève :
fille, garçon (qe22 en 2e année et qe62 en
6e année)
En choisissant cette variable, nous faisons l'hypothèse
qu'il existe des différences d'attitude selonle genre face aux
apprentissages(Warrick et Naglieri, 1993 ; Marie Duru Bellat, 1994). En
effet, pour Marie Duru Bellat (1994), il existe des attitudes
spécifiques vis-à-vis dudéveloppement cognitif et des
apprentissages scolaires en fonction du sexe de l'élève. Le genre
de l'élève pourrait également favoriser l'implication de
ses parents dans la gestion de l'école.
Le niveau socioéconomique de la famille de
l'élève
Cette variable du questionnaire élève recueille
des informations sur la situation socio-économique de la famille de
l'élève. Elle est constituée sur la base des
données déclaratives des élèves.Son choix se
justifie par le fait que nous faisons l'hypothèse que le
niveausocioéconomique de la famille a un impact indéniablesur les
acquis scolaires des élèves(Dolata, 2008) comme c'est le cas dans
les pays industrialisés (PISA, 2010).
Statut de l'école : public
ou privé
La littérature révèle que le statut de
l'école contribue à la détermination des résultats
des élèves. En effet, au Sénégal les
performances des écoles privées dépassent
généralement celles du secteur public (PASEC, 2007 ; Niang,
2014).
Nombre de réunions de parents
d'élèves organisées au cours d'une année
scolaire
Cette variable permet de mesurer le
« degré » d'implication des parents dans la gestion
et le fonctionnement de l'école. Ici, nous posons l'hypothèse que
plus les parents d'élèves se réunissent avec
l'administration scolaireau sein de l'école pour discuter de la gestion
de cette dernière, plus cela impacterait les résultats des
apprentissages des élèves.
Nombre de réunions de parents
d'élèves organisées au cours d'une année scolaire
à l'initiative de l'APE
Cette variable, à l'instar de la
précédente est supposée mesurer l'implication de l'APE
dans la gestion de l'école. Cette implication des personnes ressources
incarnées par l'APE, si besoin en est de le rappeler, contribue à
l'émulation scolaire des enfants.Si pour la précédente
variable les réunions sont organisées par l'école,
celle-ci est à l'initiative de l'APE. Nous supposons également
que ces réunions pourraient avoir un impact sur les résultats
scolaires des élèves.
Existence d'une association de parents
d'élèves et d'enseignants (APEE)
Cette variable binaire « qd40a »
vérifie l'existence ou non d'une APEE dans l'école. Nous
supposons que l'existence d'une APEE constitue un indicateur de l'implication
des parents dans la gestion de l'école.
Existence d'une association des mères
éducatives (AME)
Cette variable « qd40b », comme celle qui
la précède, vérifie l'existence d'une association de
mères éducatives dont « le but de renforcer le
rôle des parents dans le processus éducatif » (A.
Coly, 2014, p.121). L'AME est « un cadre qui favorise le
lien constant entre l'école et les mères
d'élèves » (op. cit).
Achat d'équipements pédagogiques au
cours de l'année scolaire en partenariat avec l'association des parents
d'élèves (qd41d)
Même si le rapport
« Connaissances et compétences : des atouts pour
la vie» (PISA, 2001) indique que l'infrastructure physique des
établissements scolaires ainsi que certaines catégories de
ressources pédagogiques(bibliothèques, outils didactiques,
équipements multimédias)nesont pas gage d'une performance
élevée des résultats des élèves, cette
variable binaire (1 pour oui et 2 pour non) est utilisée ici pour
mesurer l'implication financière des APE dans le fonctionnement des
écoles.
Situation géographique de
l'école : urbain ou rural (variable qd24)
Les recherches scientifiques ont montré que
généralement les écoles urbaines sont
privilégiées par rapport aux écoles rurales qui
connaissent parfois des retards dans le démarrage des cours et
fonctionnent souvent moins que les écoles urbaines (Niang, 2014).
À cela, s'ajoute le fait qu'en zone rurale, ce sont
généralement les nouveaux enseignants peu
expérimentés qui y sont affectés. Cette situation favorise
le fort taux d'abandon des élèves scolarisés en milieu
rural et les moins bons résultats de ces derniers, comparés aux
élèves des milieux urbains (PASEC, 2014).
Etant rappelé ici que ces quelques variables ont
été sélectionnées du tableau qui présente la
liste complète des variables (
Cf. annexe 3) que nous avons retenues dans le
cadre de ce mémoire. Ces variables ont été extraites des
trois (3) questionnaires (Elève, Maître et Directeur) que le PASEC
a utilisés dans le cadre de l'enquête internationale
PASEC2014.
II.5. Méthodologie
de l'étude
Dans le cadre de ce mémoire, deux types d'analyses
seront utilisés au regard des hypothèses formulées et du
schéma d'analyse de l'acquisition des connaissances des
élèves (Graphique 1). Dans un premier temps nous ferons l'analyse
descriptive et bivariée, qui sera essentiellement d'ordre
quantitatif,pour pouvoir analyser la variétéde certains
profilsainsi que les relations entre les variables que nous étudions.
Nous procéderons ensuite à la modélisation
économétrique à l'aide demodèle de
régression linéaire multivarié.
II.5.1. Schéma d'analyse de l'acquisition des
connaissances
L'analyse des performancesscolaires se fera
simultanément sur les résultats desenfants et sur un certain
nombre de données individuelles, familiales et contextuelles(d'ordre
institutionnel, scolaire, social, économique et culturel). Ces
donnéessupplémentaires vont permettre de séparer les
effets dus à la situation pédagogique à ceuxliés
aux facteurs extrascolaires. La mise en relation de toutes ces influences est
matérialisée dans le schéma causal présenté
à la page suivante. Dans chacune des entités de ce tableau, les
éléments mis gras seront pris en compte dans ce
mémoire.
Score de l'élève
Performances de l'élève
Formes d'organisation des parents dans
l'école
Communauté parents
Caractéristiques de l'enseignant
Contexteintrascolaire professionnelle
Caractéristiques de
l'élève
Caractéristiques de la classe
Caractéristiques de l'école
Environnement familial
Activitésextrascolaires
Environnement géographique (urbain -
rural)
Contexte extrascolaire
Graphique 1 : Schéma d'analyse de l'acquisition des
connaissances des élèves
Dans ce schéma, les éléments contenus
dans les blocs contexte intra-scolaire et extrascolaire représentent les
variablesexplicatives ou variables exogènes. En revanche, le score (bloc
du milieu) qui permet de déterminer la performance de
l'élève représente la variable à expliquer ou
variable endogène ou encore dépendante (Cf. module 16MSE501 -
Méthodologie de l'analyse de données et statistiques
fondamentales, cours 1).
II.5.2.Concernant l'analyse
descriptive et bivariée26(*)des données
La phase descriptive constitue une étape importante de
l'analysedes données. Elle permet de mieux comprendre les
caractéristiques des populations étudiées. Dans le cadre
de ce travail, l'analyse descriptive sera utilisée pour apprécier
certaines caractéristiques, notamment celles liées àla
situation des organisations communautaires au sein des écoles (APE, AME,
CGE, etc.) dans les différents payset répondre à des
questions ponctuelles telles que :comment se présentent ces
organisations ? Sont-elles globalement actives ou inactives ?
Contribuent-elles sur le plan pédagogique àla gestion des
écoles où elles existent ? Apportent-elles une contribution
financière pour appuyer le fonctionnement des écoles ? etc.).
La phase d'analyse descriptive et bivariée sera suivie
et renforcée par une analyse multivariée, c'est-à-dire
celle qui porte simultanément sur plusieurs variables.
II.5.3. Concernant l'analyse multivariée des
données
Rappelons ici que l'analyse bivariée ou la
corrélation entre deux variablespeut toujours être due à
une autre variable cachée. Ce qui signifie que l'analyse bivariée
ne permet pas de distinguer l'existence d'une relation de causalité
entre deux variables.Par contre, l'analyse multivariée effectuée
par le biais de la modélisation économétrique, permet de
dépasser ces limites. En effet, elle permet de tirer parti de la
variété des situations observées dans des données
pour identifier les liens de causalité entre les différentes
variables.
Dans le cadre de notre étude, nous utiliserons la
fonction classique de production de l'éducation pour essayer d'expliquer
les acquisitionsdes élèves. Il s'agira alors d'analyser les
différents facteurs (scolaires comme extrascolaires) qui permettent de
déterminer les scores ou résultats des élèves.
Cette fonction de production est généralement estimée
à l'aide des modèles de régression linéaire.
Une spécification de la régression des scores (Y) des
élèves sur les facteurs (X) pourrait s'écrire sous la
forme ci-après :
Yij = á0 +
á1xij +
á2xij +
á3xij + ... +
ákxij+ Uij
Cette fonction permet de représenter la performance de
l'élève i scolarisé dans l'école j et d'expliquer
cette performance à travers les caractéristiques personnelles de
l'élève ainsi que celles liéesà l'organisation des
parents d'élèves au sein de l'école.
Dans cette fonction, Yij est la variable
à expliquer ou dépendante ou encore endogène et les
Xij sont les variables explicatives ou exogènes. Les
áksontdes paramètres à estimer. En effet, leur
significativité statistique permettra d'apprécier l'existence de
relation et de mesurer l'importance de l'impact des différents facteurs
sur les performances des élèves. Un contrôle de la
multi-colinéarité entre les variables explicatives sera
effectué afin de s'assurer des effets nets des variables.
Rapportée à notre étude, nous utiliserons
cette fonction pour chercher à analyser le lien entre l'implication de
la communauté des parents d'élèves et les résultats
des apprentissages des élèves. La fonction de régression y
afférente peut alors s'écrire sous la forme :
Score = (á1 * Ageélève) +
(á2 * statutécole) + (á3 *
NombreréunionsAPE) + (á4 *
Fréquenceréunions avec la collectivité locale) +
(á5 * achat d'équipements pédagogiques en
partenariat avec l'APE) + (á6 *
zonegéographiqueécole) + (á7 * existe
d'une association d'APE) + (á8 * existence d'une AME) +
Uij
Signalons que l'usage de cette méthode d'analyse se
justifie également comme une réappropriation du contenu des
modules « 16MSE501 - Méthodologie de l'analyse de
données et statistiques fondamentales » et
« 16MSE502- Statistiques décisionnelles »suivis dans
le cadre de ce master.
II.5.4. Indicateurs et outils
d'analyse pour discuter nos hypothèses
II.5.4.1. Indicateurs
Comme indiqué plus haut, une approche quantitative sera
adoptée dans le cadre de ce mémoire. Ainsi, les indicateurs
ci-dessous seront renseignés et utilisés pour discuter nos
hypothèses. Ces indicateurs sont entre autres :
- la proportion d'écoles
disposant d'un CGE ;
- la proportion de CGE fonctionnels et non
fonctionnels ;
- le pourcentage d'écoles dont il existe une
APE ;
- le pourcentage d'écoles dans lesquelles les APE sont
actives et celles dans lesquelles elles sont inactives ;
- la proportion d'écoles où les APE contribuent
au plan pédagogique ;
- la proportion d'écoles disposant d'une AME ;
- la proportion d'écoles dans lesquelles les AME sont
actives et celles dans lesquelles elles sont inactives ;
- la proportion d'écoles bénéficiant d'un
appui financier de la communauté des parents (associations villageoises,
APE, CGE, etc.) pour la prise en charge du salaire des enseignants ;
- le nombre de réunions de parents
d'élèves organisées au cours de l'année scolaire
à l'initiative du directeur ;
- le nombre de réunions de parents
d'élèves organisées au cours d'une année scolaire
à l'initiative de l'APE ;
- la fréquence des réunions avec la
collectivité locale.
Dans la modélisation économétrique, nous
nous intéresserons à analyser :
- les scores des élèves en lien avec
l'implication de la communauté (existence d'APE et/ou d'AME,
fréquence des réunions avec la collectivité locale,
proportion d'écoles disposant d'un CGE, etc.) dans les apprentissages
des élèves ;
- le pouvoir explicatif (R2) de l'implication de la
communauté des parents dans la détermination des résultats
des élèves ;
- l'impact marginal de chaque forme ou type d'implication sur
l'explication de la performance des élèves.
II.5.4.2. Outils
Il est à préciser ici que dans ce
mémoire, même s'il est question d'utiliser une approche
quantitative de traitement de données, aucun outil de collecte n'a
été conçu. En effet, il s'agit d'une analyse secondaire
qui va se baser sur les données issues de l'enquête PASE014. Les
données secondaires, notamment celles issues des enquêtes de
grande envergure offrent d'énormes avantages en termes de
possibilités de comparaisons internationales et d'analyse de tendance
(Dale, 1993) même si, par ailleurs, elles peuvent être
également sujettes à de nombreux écueils, notamment
lorsque les dispositions d'appropriation nécessaires, y relatives, ne
sont pascorrectement prises.
Pour une réappropriation des données de cette
enquête, les outils ci-dessous ont principalement été
exploités :
- les différents questionnaires d'enquête
(directeurs, élèves et maitres) utilisés par le
PASEC ;
- le manuel d'exploitation des données de
l'évaluation internationale PASE014.
Par ailleurs, le traitement statistique des données de
notre base se fera à l'aide du logiciel statistique STATA. En effet,
avec l'usage des macros et l'importance des données manquantes dans la
base de données que le PASEC a mis à notre disposition,
l'exploitation des données à l'aide du logiciel libre TANAGRA,
utilisé dans le cours de modélisation (16MSE501) du Master 2 PESE
est quasi impossible.
Chapitre III :
Analyseexploratoire des données et interprétation des
résultats
Danscettepartie, il est question d'analyser les données
issues de l'évaluation PASE014 pour nos trois pays cibles (Bénin,
Burkina et Sénégal) pour répondre aux différentes
hypothèses posées dans la 1ère partie du
chapitre 1. Dans un premier, nous procéderons à une analyse
descriptive afin de mieux appréhender les caractéristiques des
populations étudiées. Cette première analyse sera ensuite
renforcée par une modélisation économétrique pour
identifier les liens de causalité entre les différentes
variables.
III.1. Analyse descriptive et
bivariée des données
Cette partie est exclusivement réservée à
l'analyse descriptiveet bivariée des variables de notre base de
données.Principalement, 37variables ont été retenues (Cf.
Tableau 4). Elle s'intéressera notamment :
- au facteur genre à travers la répartition des
élèves de 2e et 6e années selon le
sexe ;
- à la situation géographique de la position des
élèves enquêtés (urbain versus rural) ;
- au statut de l'école (privé versus
public) ;
- au score des élèves selon le pays ;
- aux différentes formes d'organisations communautaires
impliquées dans la gestion de l'école ;
- au niveau ou au degré d'implication de ces
organisations à travers notamment les relations de travail qu'elles
entretiennent avec l'école (réunions de travail, participations
pédagogiques, implication dans la gestion physique et matérielle,
participation dans l'acquisition d'équipements pédagogiques,
etc.).
Dans le tableau 3, nous présentons une
répartition des élèves de la 2e année et
ceux de la 6e année, selon le sexe.Les 4669 garçons et
6193 filles représentent les élèves (2e et
6e année) de notre échantillon réduit aux 3
pays étudiés.
|
2e année
|
6e année
|
Garçon
|
%
|
Fille
|
%
|
Total
|
Garçon
|
%
|
Fille
|
%
|
Total
|
BENIN
|
351
|
48%
|
381
|
52%
|
732
|
1400
|
46%
|
1633
|
54%
|
3033
|
BURKINA
|
500
|
52%
|
469
|
48%
|
969
|
1683
|
49%
|
1733
|
51%
|
3416
|
SENEGAL
|
396
|
49%
|
411
|
51%
|
807
|
1339
|
46%
|
1566
|
54%
|
2905
|
Total
|
1247
|
49.7%
|
1261
|
50.3%
|
2508
|
4422
|
47%
|
4932
|
53%
|
9354
|
Tableau 3 :
Répartition des élèves de 2e et 6e
années par pays, selon le sexe
Le tableau3 présente la répartition des
élèves, par pays, selon le genre. Les 1247 garçons et 1261
filles représentent les élèves de la 2e
année de notre échantillon réduit aux 3 pays
étudiés. On note qu'en 2e année, il y'a plus de
filles que de garçons au Bénin et au Sénégal, avec
respectivement 52% et 51%. Au Burkina par contre, les garçons sont plus
représentés dans l'échantillon. Ils sont500 contre 469
filles, soitenviron 52%.En outre, en 6e année, les filles
sont plus représentées dans l'ensemble des 3 pays avec
près de 53%, en moyenne. Elles sont davantage plus
représentées au Bénin et au Sénégal, avec un
pourcentage de 54% dans chacun des deux pays. Au Burkina Faso, elles sont
en moyenne 51%.
En outre, on remarque que dans l'ensemble des 3 pays, les
écoles de notre échantillonsont généralement
situées en zone rurale : 61% au Bénin, 54% au Burkina et 72%
au Sénégal (Cf. Tableau 4).Cette situation est beaucoup plus
visible au Sénégal où seulement 28% desécoles
échantillonnées sont en zone urbaine. Dans l'ensemble des 3 pays,
seul le Burkina semble disposer du meilleur équilibre
géographique en termes de répartitiondes écoles selon
la zone géographique: 46% en milieu urbain contre 54% en milieu
rural.
Par ailleurs, les résultats du test X2 de
Karl Pearson27(*), avec
notamment la faible valeur du p-valeur,autorisent à rejeter
l'hypothèse d'indépendance entre la zone géographique des
écoleset le pays.
|
2e et 6e années
fusionnées
|
|
1. Urbain
|
%
|
2. Rural
|
%
|
Total
|
Bénin
|
1448
|
39%
|
2307
|
61%
|
3755
|
Burkina
|
1991
|
46%
|
2312
|
54%
|
4303
|
Sénégal
|
1013
|
28%
|
2669
|
72%
|
3682
|
Total %
|
38%
|
62%
|
|
Pearson's Chi-squared test
|
X-squared = 883.8
|
df = 2
|
p-value < 2.2e-16
|
Tableau 4 :
Répartition des écoles selon la zone géographique: urbain
ou rural (qd2428(*))
Par ailleurs, on note que globalement, les écoles
publiques ont été plus représentées dans l'ensemble
des 3 pays, avec au moins 85%, comme c'est le cas au Burkina. Faso. Au
Sénégal les écoles publiques représentent 91% de
notre échantillon. En outre, les résultats du test
Khi2 de Pearson révèlent qu'au seuil á = 0,001,
l'hypothèse d'indépendance, entre le statut de l'école et
le pays, est rejetée.
|
Variable qd20b par pays
|
Total
|
|
Public
|
%
|
Privé
|
%
|
Bénin
|
3110
|
86%
|
511
|
14%
|
3621
|
Burkina
|
3663
|
85%
|
640
|
15%
|
4303
|
Sénégal
|
3213
|
91%
|
331
|
9%
|
3544
|
Total %
|
87%
|
13%
|
|
Pearson's Chi-squared test
|
X-squared = 59.533
|
df = 2
|
p-value = 1.182e-13
|
Tableau 5 : Statut des
écoles (public versus privé) : répartition par
pays
Relativement à l'organisation de la gestion de ces
écoles, on constate que dans l'ensemble des trois pays, sauf au Burkina
Faso, on enregistre un nombre d'écoles assez important ne disposant pas
de comités de gestion. En effet, sur les 3396 écoles de notre
échantillon d'écoles ayant répondu à cette question
au Burkina, 2106 ne disposent pas de CGE, soit environ 62%. De plus, sur un
total de 1290 écoles ayant un CGE dans notre échantillon pour ce
pays, 595 sont inactifs, soit 46%. Le total des CGE fonctionnels (actifs) au
Burkina par rapport à l'ensemble de l'échantillon est
relativement faible. Il n'excède pas 20%.
En revanche, au Bénin et au Sénégal, il
est noté un fort taux « d'existence » de CGE dans
les écoles de notre échantillon. En effet, au Bénin, sur
les 2983 écoles répertoriées, 2752 disposent d'un CGE,
soit environ 92%. Au Sénégal, sur 2820 écoles
échantillonnées, 2704 disposent d'un CGE, soit un taux d'un peu
plus de 95%. Par ailleurs ce fort taux d'existence de CGE dans les
écoles sénégalaises cache mal un assez important nombre de
CGE inactifs. En effet, sur les 2704 CGE enregistrés, 480 sont inactifs,
c'est-à-dire dans une situation de léthargie.
En outre, dans l'ensemble des 3 pays, il est noté une
proportion assez importante d'écoles ne disposant pas de CGE (27%)
même si, individuellement pris, ce taux varie considérablement en
fonction du pays. En effet, si pour le Burkina, près de 62% des
écoles de l'échantillon ne disposent pas de CGE, au
Sénégal seuls 4% des écoles n'en disposent pas.
|
Situation des CGE par pays
|
Total
|
|
Inexistant
|
Inactif
|
Actif
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Nombre
|
%
|
Bénin
|
231
|
8%
|
62
|
2%
|
2690
|
90%
|
2983
|
Burkina
|
2106
|
62%
|
595
|
18%
|
695
|
20%
|
3396
|
Sénégal
|
116
|
4%
|
480
|
17%
|
2224
|
79%
|
2820
|
%
|
27%
|
12%
|
61%
|
|
Tableau 6 : Tableau
croisé de l'état des CGE par le pays
Le tableau 7 montre que contrairement aux CGE (Cf. tableau 6),
il existe une APE dans la grande majorité des écoles (95%) de
notre échantillon. Seulement 5% des écoles n'en disposent pas. Il
convient toutefois de noter que bon nombre de ces APE sont inactives (17%).
Cependant, ces résultats globaux laissent apparaitre
des différences entre pays. En effet, si dans l'ensemble des 3 pays le
pourcentage d'écoles ne disposant pas d'APE reste le même (5%),
force est de constater des différences dans la
« fonctionnalité » desdites APE. Même si, dans
tous les 3 pays plus de 70% des APE sont actives, il est à signaler que
c'est au Bénin qu'on note le plus important pourcentage d'APE
« actif », à hauteur de 89%.
Toutefois, c'est au Sénégal qu'on observe le
plus fort taux d'APE « inactif » avec environ 24%, suivi du
Burkina avec 22%. Au Bénin, seulement 6% des APE sont
considérées comme inactives.
|
Situation des APE par pays
|
Total
|
|
Inexistant
|
%
|
Inactif
|
%
|
Actif
|
%
|
Bénin
|
160
|
5%
|
186
|
6%
|
2667
|
89%
|
3013
|
Burkina
|
160
|
5%
|
749
|
22%
|
2507
|
73%
|
3416
|
Sénégal
|
143
|
5%
|
670
|
24%
|
1997
|
71%
|
2810
|
% moyen
|
5%
|
17%
|
78%
|
|
Tableau 7 : Tableau
croisé de l'état des APE par pays
Par ailleurs, dans l'ensemble des 3 pays, on observe
qu'à l'initiative des directeurs, les APE se sont réunies, en
moyenne, au moins 2 fois (Cf. Tableau 8) dans l'année avec environ un
écart-type de 1qui indique que 68% des APE ont organisé des
réunions dont le nombre varie de (2réunions - 1réunion)
à (2réunions+1réunion). Ce qui signifie quela
majorité des APE se sont réunies entre 1 et 3 fois dans
l'annéeà l'initiative des directeurs.
|
Situation des réunions de parents
d'élèveparpays
|
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Total
|
NA
|
Bénin
|
2.72
|
1.01
|
2900
|
133
|
Burkina
|
2.57
|
1.30
|
3397
|
19
|
Sénégal
|
2.74
|
1.02
|
2852
|
53
|
Tableau 8 : Situation des
réunions de parents d'élèves organisées dans
l'année scolaire à l'initiative des directeurs d'école
(qd38a)
En revanche, si l'on s'intéresse aux rencontres
organisées, entre l'administration scolaireet les parents
d'élèves, à l'initiative de ces derniers, on constate
qu'en moyenne, le nombre de réunions tenues devient moins important,
sauf au Burkina où l'écart-type de 2.98 (Cf. Tableau 9) montre
une assez importante disparité dans le nombre de réunions
organisées. Ceci peut laisser penser que le nombre de réunions
organisées à l'initiative des parents d'élèves
(niveau d'implication) peut être fonction du type et du dynamisme des
organisations de parents d'élèves (AME, APE, etc.). Ceci est
d'autant plus vrai au Burkina où l'on remarque que les AME restent l'une
des organisations de parents d'élèves les plus
développées.
En outre, les AME, contrairement aux APE, ne sont pas
très développées au Bénin et au
Sénégal. En effet, environ 72% et 60% des écoles n'en
disposent pas respectivement au Bénin et au Sénégal. Au
bénin, plus de la moitié des 28% des AME existantes sont
inactives. Comparée au Bénin, la proportion d'AME actives au
Sénégal est un peu plus importante. En effet, la proportion d'AME
déclarées actives au Sénégal est de 24% contre
seulement 11% au Bénin.
|
Situation des réunions de parents
d'élèves organisées à l'initiative des
APE
|
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Total
|
NA
|
Bénin
|
1.59
|
1.21
|
2453
|
580
|
Burkina
|
2.65
|
2.98
|
3359
|
57
|
Sénégal
|
1.73
|
1.83
|
2539
|
366
|
Tableau 9 : Situation des
réunions de parents d'élèves organisées à
l'initiative de l'association des parents d'élèves (qd38b) par
pays
Au Burkina, où les AME sont plus
développées, on constate qu'environ 93% des écoles en
disposent, même si beaucoup d'entre elles sont inactives (37%). Cette
forte présence des AME au Burkina peut s'expliquer par le fait que ces
dernièresreprésentent un maillon très important de la
chaîne du partenariat autour de l'école comme l'indique le
rapport intitulé « Lutter contre les déperditions
scolaires : Malette pédagogique sur le thème de la
scolarisation des filles » du Programme de développement des
réseaux pour l'éducation en Afrique de l'Ouest (PRODERE AO).
Par ailleurs, sur l'ensemble des 3 pays, près de la
moitié (46%) des écoles ne disposent pas d'une AME. Sur les 54%
d'écoles qui en disposent, on remarque que 23% de ces AME sont
inactives. Ces résultats peuvent s'expliquer par le fait qu'au
Sénégal et au Bénin, cette forme d'organisation
communautaire est faiblement développée comparativement au
Burkina où elle se présente comme la première forme
d'organisation communautaire, partenaire de l'école.
|
Situation des AME (variable qd40b) par pays
|
Total
|
|
Inexistant
|
%
|
Inactif
|
%
|
Actif
|
%
|
Bénin
|
2079
|
72%
|
476
|
17%
|
327
|
11%
|
2882
|
Burkina
|
242
|
7%
|
1256
|
37%
|
1918
|
56%
|
3416
|
Sénégal
|
1649
|
60%
|
447
|
16%
|
641
|
24%
|
2737
|
% moyen
|
46%
|
23%
|
31%
|
|
Tableau 10 : Tableau
croisé de la situation des AME par pays
Cependant, cette forte présence d'organisations
communautairesne semble pas correspondre à une forte implication de ces
dernièresdans la gestion des écoles.
En effet, même sidans l'ensemble des trois pays on note
une forte existence d'APE (95%, Cf. Tableau 7), force est de constater la
faible implication de ces dernières dans l'achat d'équipements
pédagogiques, à l'exception du Burkina. Au Bénin et au
Sénégal, moins de la moitié des APE s'impliquent dans
l'achat des équipements pédagogiques des écoles. En effet,
seuls 32% et 35% des APE ont contribué dans les achats
d'équipements pédagogiques, respectivement au Bénin et au
Sénégal. Au Burkina par contre, environ 66% des APE ont
contribué à cette activité.
Globalement considérées, on remarque que la
majeure partie des APE (56%) n'ont pas contribué à l'achat
d'équipements pédagogiques, ce qui peut augurer d'un degré
d'implication pédagogique assez faible.
|
Achat d'équipement pédagogique en
partenariat avec l'APE
|
Total
|
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Bénin
|
893
|
32%
|
1937
|
68%
|
2830
|
Burkina
|
2223
|
66%
|
1146
|
34%
|
3369
|
Sénégal
|
941
|
35%
|
1744
|
65%
|
2685
|
%
|
44%
|
56%
|
|
Tableau 11 : Contribution
des APE dans l'achat d'équipements pédagogiques par
pays
Cette faible implication de la communauté des parents est
aussi constatée dans leur appui pour la prise en charge des salaires des
enseignants (Cf. Tableau 12).
En effet, sur l'ensemble des 3 pays, seuls 5% des
organisations communautairesdes parents ont contribué à la prise
en charge du paiement des salaires des enseignants. Cette faible participation
de la communauté des parents dans ce domaine se présente
diversement, selon le pays. En effet, cette faible implication est davantage
plus ressentie au Sénégal où seulement 1% des
organisations de la communauté des parents s'implique dans la prise en
charge des salaires des enseignants.
En revanche, au Bénin, un peu plus de 10% des
associations communautaires des parents d'élèvesont
apporté un appui pour la prise en charge du paiement des salaires des
enseignants. Ce taux est de 4% au Burkina.
|
Participation de la communauté locale dans la
prise en charge des salaires des enseignants parpays
|
Total
|
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Bénin
|
296
|
10%
|
2638
|
90%
|
2934
|
Burkina
|
141
|
4%
|
3236
|
96%
|
3377
|
Sénégal
|
40
|
1%
|
2769
|
99%
|
2809
|
Total %
|
5%
|
95%
|
|
Pearson's Chi-squared test
|
X-squared = 766.53
|
df = 6
|
p-value < 2.2e-16
|
Tableau 12 : Tableau
croisé entre les variables PAYS et QD43J
Enoutre, les résultats dutest duChi-deux
(X2) appliqué sur ces deux variables nous permettent de
rejeterl'hypothèse d'indépendance. Autrement dit, l'appui de la
communautédes parentsdans la prise en charge du salaire des enseignants
varie bien en fonction du pays.
Par ailleurs, relativement aux scores moyens, les performances
des élèves par pays varient selon que l'on soit en début
ou en fin de scolarité et ceci, quelle que soit la discipline
considérée (lecture ou mathématiques). En 2e
année, par exemple, les scores en lecture sont plus importants que ceux
en mathématiques, sauf au Sénégal. En effet, pour ce pays,
on note une différence d'un peu près de 20 points entre les
scores en lecture et en mathématiques.
Cependant, en 6e année, même si les
scores se sont encore renforcés, comparativement en 2e
année (toutes disciplines confondues), on observe un renversement de
situation, c'est-à-dire des scores en mathématiques plus
importants que ceux en lecture, sauf au Bénin oùla tendance reste
la même entre les scores en mathématiques ceux en lecture, aussi
bien en début qu'en fin de scolarité. Toutefois, en 6e
année, l'écart entre les scores en mathématiques et ceux
en lecture devient plus consistant et dépasse la barre des 25 points.
Le Burkina présente cependantune situation
opposée à celle du Sénégal. En effet, au
Burkina les scores en lecture sont plus importants en 2e
année mais moins importants en 6e année.
En outre, dans l'ensemble des 3 pays, on note une certaine
amélioration des scores moyens en lecture et en mathématiques,
entre le début et la fin de scolarité, au profit de cette
dernière.
|
Scores moyens des élèves en lecture et en
mathématiques
|
Début de scolarité (2e
année)
|
Fin de scolarité (6e
année)
|
Lecture
|
Mathématiques
|
Lecture
|
Mathématiques
|
Bénin
|
458,3
|
454,7
|
523,4
|
496,9
|
Burkina
|
513,8
|
505,8
|
531,6
|
539,5
|
Sénégal
|
501,9
|
521,4
|
548,4
|
546,6
|
Tableau 13 : Score moyen des
élèves en début et fin de scolarité selon le
pays
Toutefois, malgré l'importance de ces résultats,
il nous est difficile à l'état de notre analyse de voir l'impact
réel de l'implication de la communauté sur les performances
scolaires des élèves. Cette information ne pourra être
connue qu'avec des analyses plus approfondies à travers notamment la
modélisation économétrique qui sera l'objet du prochain
point.
III.2. Modélisation
économétrique
À travers la modélisation, nous cherchons
à construire un modèle prédictif. Ici, la question pour
nous est d'arriver à analyser le lien entre l'implication de la
communautédes parentsetla performance des élèves dans le
système éducatif des pays tels que le Bénin, le
Sénégal et la Burkina Faso sur la base des données de
l'enquête internationale « PASE014 ». À cet
effet, une étude empirique a été réalisée
notamment à travers un modèle de régression
linéaire multivarié avec la méthode des moindres
carrés ordinaires.
Ci-dessous, nous présentons une spécification du
modèle :
est la variable endogène ou variable à expliquer et
représente la performance de l'élève i choisi dans
l'école j.
Les représentent les variables exogènes ou explicatives
permettant d'expliquer le modèle.
représente le terme d'erreur du modèle.
1,...,n désigne le nombre de variables.
Ce modèle nous permettra d'effectuer une étude
empirique qui va nous aider à voirsil'implication de la
communautédes parentsdans la gestion de l'école a un effet sur la
performance des élèves dans ces pays.
La performance des élèves dans la base a
été obtenue en faisant dans un premier temps la moyenne des
scores obtenus par ces derniers en lecture puis celle obtenue en
mathématiques (scores initialement dans la base). Dans un second temps
une moyenne a été faite entre les scores moyens en lecture puis
en mathématiques obtenus précédemment. Une
sélection de variables liées notamment à l'implication de
la communauté a été faite (voir tableau4).Enfin, une
régression linéaire a donc été appliquée sur
ces variables sélectionnées.
Par ailleurs, le même procédé est
utilisé pour déterminer les performances des élèves
par pays. Ceci permet de mieux apprécier si les variables se comportent
de la même façon ou différemment selon le pays.
Les modèles obtenus, en prenant en compte l'ensemble
des 3 pays, sont annexés au présent document (voir annexes
1 et
2). Par ailleurs, pour chacun des 3 pays, il
a été effectué unerégression à part afin de
pouvoir comparer les pouvoirs explicatifs des R2 par pays mais aussi
pour déterminer l'impact marginal de chaque variable dans les
modèles.
III.3. Interprétations
des résultats
Dans cette section, il est abordé l'analyse des
résultats issus de notre modélisation. Nos modèles
cherchent à identifier le poids des variables liées à
l'implication de la communauté (parents, APE, etc.) dans les
résultats des apprentissages des élèves. Ainsi, dans un
premier temps, nous allons analyser les modèles par année
d'étude (2e ou 6e année) et par pays. Puis,
il sera effectué une interprétation globale des modèles
prenant en compte les trois pays.
III.3.1. Interprétation
des modèles de régression en 2e année
III.3.1.1. Au Bénin
Au Bénin, en 2e année, notre
modèle de régression linéaire, appliqué sur nos
variables explicatives (Cf. Graphique 2) montre que certaines variables
liées à l'implication de la communauté des parents ont une
influence significative sur la performance des élèves.
Il s'agitdesvariablesqd40a (existence d'une
APE dans l'école), qd29(fréquence des
réunions entre l'école et la collectivité locale),
qd24 (Situation géographique de l'école : urbain
ou rural)et qd40b (existence d'une association des
mères éducatrices).
Capture 1 : Modèle de régression
linéaire en 2e année, au Bénin
Au regard du modèle de régression
linéaire du Bénin, en 2e année (Cf. capture 1),
on remarque que l'existence d'une APE dans l'école (variable qd40a) a un
impact positif sur les scores des élèves.
En revanche, le modèle révèle que ce
n'est pas le nombre de réunions de parents d'élèves
organisées au cours d'une année scolaire, à l'initiative
du directeur (variable qd38a) qui impacte les résultats des
élèves, mais c'est l'implication de ces dernières dans les
activités scolaires. Cette implication est indirectement mesurée
ici, à travers la fréquence des réunions organisées
entre l'école et la collectivité locale (variable
qd29).
En outre, le R2 du modèle (19.3%), tout
comme son R2 ajusté de 17.4%, sont relativement faiblesbien
que certains coefficients estimés soient significatifs à 95%. Ce
résultat du R2ajusté signifie que l'implication de la
communauté parents d'élèves, malgré ses influences
positives sur les performances scolaires de l'enfant (Fan et Chen, 2001),
contribue faiblement à expliquer les résultats des apprentissages
des élèves en début de cycle du primaire au
Bénin.
III.3.1.2. Au Burkina
Comme pour le Béninen 2e année, au
Burkina,notre modèle de régression
linéairerévèle que certaines variables explicatives
liées à l'implication de la communauté des parents ont une
influence significative, au seuil de 10%, sur la performance des
élèves. Il s'agit de lavariable
qd29(fréquence des réunions entre l'école
et la collectivité locale), qd40a (existence d'une APE
dans l'école)et qd40b (existence d'une association des
mères éducatrices).
Au vu du modèle de régression linéaire,il
apparait que contrairement au bénin, au Burkina, c'est plutôt
l'existence d'une AME, que celle d'une APE,qui contribue positivement dans
l'explication des performances des élèves en 2e
année du primaire (Cf. capture 2).Cette situation pourrait s'expliquer
par le fait qu'au Burkina, comme nous l'évoquions dans la partie analyse
descriptive des données, les AME représentent un maillon
très important de la chaîne du partenariat autour de
l'école comme l'indique le rapport intitulé
« Lutter contre les déperditions scolaires : Malette
pédagogique sur le thème de la scolarisation des
filles » du Programme de développement des réseaux pour
l'éducation en Afrique de l'Ouest (PRODERE AO). D'ailleurs, au Burkina,
le fait pour une école de disposer d'une AME contribue à
augmenter la performance d'un élève de 14.39 points de plus en
moyenne, toutes choses étant égales par ailleurs. En revanche,
l'existence d'un APE a un impact négatif. En effet, l'existence d'une
APE influence négativement les scores des élèves en les
diminuant de 12.88 points en moyenne, toutes choses étant égales
par ailleurs.
En outre, le modèle révèle que ce n'est
pas le nombre de réunions de parents d'élèves
organisées au cours d'une année scolaire, à l'initiative
du directeur (variable qd38a) qui impacte les résultats des
élèves, mais c'est plutôt la fréquence des
réunions organisées entre l'école et la
collectivité locale (variable qd29) qui influence les scores d'un
élève en les augmentant de 3.93 points, en moyenne. Cette
fréquence des réunions périodiques témoigne d'une
bonne implication des organisations de parents d'élèves dans le
suivi de la gestion de l'école.
Par ailleurs, le R2 du modèle (17.83%), tout
comme son R2 ajusté de 16.66%, sont relativement faibles. Ce
résultat du R2 ajusté indique que l'implication de la
communauté de parents d'élèvescontribue faiblement
à expliquer les résultats des apprentissages des
élèves du Burkina, inscrits en 2e année du
primaire.
Capture 2 : Modèle de
régression linéaire en 2e année, au
Burkina
III.3.1.3. Au Sénégal
Au Sénégal, à l'instar du Bénin et
du Burkina, le modèle de régression
linéairerévèle que certaines variables explicatives
liées à l'implication de la communauté des parents ont une
influence significativesur la performance scolaire des élèves.
Parmi ces variables qui ont un impact positif sur les scores des apprenants au
Sénégal, on peut noter :variableqd41d(achat
d'équipements pédagogiques en partenariat avec l'APE)
etqd40b (existence d'une association des mères
éducatrices).
Au regard du modèle de régression
linéaire du Sénégal en 2e année (Cf.
capture 3), il est noté, comme pour le Burkina quec'est l'existence
d'une AME qui contribue à impacter positivement les scores des
élèves en 2e année du primaire. En effet, le
modèle révèle que si l'existence d'une AMEcontribue
à augmenter la performance d'un élève de 3.62 pointsen
moyenne, celle d'une APE, en revanche, diminue de 22.20 points en moyennele
score de l'élève, toutes choses étant égales par
ailleurs.
En outre, contrairement au Bénin et au Burkina, au
Sénégal, la fréquence des réunions entre
l'école et la collectivité locale (variable qd29) n'a pas une
influence positive sur la performance des élèves. En effet, le
modèle montre qu'au Sénégal, fréquence des
réunions entre l'école et la collectivité locale influence
négativement le score des élèves en les diminuant de 14.02
points en moyenne, toutes choses étant égales par ailleurs.
En revanche, même si le pouvoir explicatif reste encore
assez faible, le R2 (29.90%) ainsi que le R² ajusté du
modèle de régression (28.31%), sont plus importants au
Sénégal que dans les deux autres pays. Cependant, comme pour le
Burkina et le Bénin, le résultat du R2 ajusté
indique que l'implication de la communauté de parents
d'élèves contribue faiblement à expliquer les
résultats des apprentissages des élèves du
Sénégal, inscrits en 2e année du primaire.
Capture 3 : Modèle de
régression linéaire en 2e année, au
Sénégal
III.3.1.4. Conclusion partielle
L'analyse globale de la situation des trois pays montre qu'en
2e année, l'implication de la communauté de parents
dans la gestion de l'école a des effets positifs sur la performance
scolaire des élèves. Il faut néanmoins préciser que
son impact dans la détermination les scores des élèves,
reste assez faible, dans tous les trois pays.
En outre, il ressort des trois modèles que les
variables explicatives liées à l'implication de la
communauté de parents dans la gestion de l'école ont des
comportements qui différent généralement selon le pays.
Mais, quel que soit le pays, onremarque que l'existence d'une communauté
de parents contribue à l'explication des performances scolaires des
élèves.
Le modèle de régression linéaire prenant
en compte l'ensemble des trois pays (Cf.
Annexe 1) indique qu'en 2e
année du primaire :
- le niveau d'implication de la communauté de parents
dans la gestion de l'école (mesuré à travers notamment le
nombre de réunions organisées entre l'école et la
communauté de parents ainsi que la fréquence de ces rencontres)
n'a pas en réalité une influence positive29(*) sur les performances scolaires
des élèves ;
- mais, c'est plutôtl'implication des parents par le
biais de l'AME qui influe le mieux sur les scores des élèves, en
les augmentant de 12,98 points en moyenne, toutes choses étant
égales par ailleurs. De plus, chaque achat supplémentaire
d'équipements pédagogiques au cours de l'année, en
partenariat avec cette frange de lacommunauté de parents augmente le
score de l'élève de 5.77 points en moyenne.Sur la base de ce
résultat, on peut considérer que l'implication de la
communauté des parents dans la gestion de l'école, à
travers l'AME, constitue la meilleure forme d'implication pour contribuer dans
l'amélioration de la performance des élèves inscrits en
2e année du primaire.
III.3.2. Interprétation
des modèles de régression en 6e année
III.3.2.1. Au Bénin
En 6e année, le modèle de
régression linéaire appliquée sur les données du
Bénin (Cf. Graphique 5) montre que les variables liées à
l'implication de la communauté des parentset qui ont une influence
significative sur la performance des élèves sont : les
variables qd40a (existence d'une APE dans l'école) et
qd41d(achat d'équipements pédagogiques en
partenariat avec l'APE).
En effet, ce modèle de régression
révèle que l'existence d'une APE dans l'école a un impact
positif sur les scores des élèves, en les augmentant de 12,15
points en moyenne, toutes choses étant égales par ailleurs.
En revanche, au regard du modèle, le degré
d'implication de la communauté de parents, estimé à
travers le nombre de réunions organisées entre les organisations
de parents et l'école ainsi que la fréquence de ces
réunions,n'influence pas la performance des élèves.
Cependant, contrairement en 2e année, on
constate qu'au Bénin, en 6e année, le R2 du
modèle (26,8%) et le R2 ajusté de 26,4%, sont plus
importants. Ce résultat du R2indique qu'au Bénin, en
fin de cycle du primaire, 26,37% des fluctuations des scores des
élèves sont expliquées par ces variables.
Capture 4 : Modèle de
régression linéaire en 6e année, au
Bénin
III.3.2.2. Au Burkina
Au Burkina, le modèle de
régressionlinéaire appliqué sur les données de la
6e annéerévèle que certaines variables
explicatives liées à l'implication de la communauté des
parents ont une influence significative, au seuil de 5%, sur la performance des
élèves. Il s'agit, entre autres, de la variable
qd40b (existence d'une association des mères
éducatrices)et de la variableqd41d (achat
d'équipements pédagogiques en partenariat avec l'APE).
Au vu du modèle de régression
linéaire,comme en 2e année, c'est plus l'existence
d'une AME que d'une APE, qui influence positivement les performances des
élèves en fin de cycle du primaire(Cf. capture 5). En effet, en
6e année au Burkina, si l'existence d'une AME influence
positivement les scores des élèves en les augmentant de 23.84
points, celle d'une APE, en revanche, influence négativement les scores
des élèves en les diminuant de 10.24 points en moyenne, toutes
choses étant égales par ailleurs.
En outre, au regard du modèle, comme au Bénin,
le degré d'implication de la communauté de parents n'influence
pas la performance des élèves, en 6e année.
Capture 5 : Modèle de
régression linéaire en 6e année, au
Burkina
En revanche, l'implication de la communauté de parents
sur le plan pédagogique à travers, notamment la participation
à l'achat d'équipements pédagogiques (variable qd41d) a un
impact positif sur les scores des élèves. En effet, chaque achat
supplémentaire d'équipements pédagogiques au cours de
l'année scolaire en partenariat avec la communauté de parents
d'élèves augmente le score de l'élève de 31.31
points en moyenne, toutes choses étant par ailleurségales.
Par ailleurs, le R2ajusté du modèle
(18.5%) reste relativement faible. Ce qui pourrait signifier, que malgré
les effets positifs de l'implication de la communauté de parents dans la
gestion de l'école, force est de constater que sa contribution reste
faible dans l'explication de la performance des élèves en fin de
cycle du primaire au Burkina.
Il faut toutefois préciser que le pouvoir explicatif du
modèle en 6e année est plus important que celui en
2e année au Burkina (18.50% contre 16.66%).
III.3.2.3. Au Sénégal
A l'instar des deux autres pays et comme en 2e
année, au Sénégal, le modèle de régression
linéairerévèle que certaines variables explicatives
liées à l'implication de la communauté des parents ont une
influence significativesur la performance scolaire des élèves. Il
s'agit principalement des variables qd29(fréquence des
réunions entre l'école et la collectivité locale),
qd38a (nombre de réunions de
parentsd'élèves organisées au cours d'uneannée
scolaire à l'initiative dudirecteur),qd41d(achat
d'équipements pédagogiques en partenariat avec l'APE)
etqd40b (existence d'une association des mères
éducatrices).
Au regard du modèle de régression
linéaire du Sénégal en 6e année (Cf.
capture 6), on observe comme en 2e année que c'est
l'existence d'une AME qui contribue à impacter positivement les scores
des élèves. En effet, les résultats du modèle
révèlent que si l'existence d'une AMEcontribue à augmenter
la performance de l'élève de 1.18 points en moyenne, celle d'une
APE diminue, en revanche, le score de l'élèvede 29.13 points en
moyenne, toutes choses étant égales par ailleurs.
En outre, contrairement en début de cycle, on constate
au Sénégal, que la fréquence des réunions entre
l'école et la collectivité locale (variable qd29) a une influence
positive sur la performance des élèves, en fin de cycle
(6e année). Le modèle révèle que
l'existence d'une APE (variable qd38a) influence positivement la performance
des élèves en les augmentant de 2.02 points en moyenne, toutes
choses étant égales par ailleurs. Il montre également que
la fréquence des réunions entre l'école et la
collectivité locale (variable qd29) augmente le score d'un
élève de 5.70 points en moyenne.
En revanche, on remarque qu'au Sénégal,
contrairement au Bénin et au Burkina, le pouvoir explicatif du
modèle est plus faible en 6e année qu'en 2e
année. Ce pouvoir explicatif donné par le R² est de 25.97%
en fin de cycle contre 28.31% en début de cycle.
Ce faible résultat du R2 ajusté
indique que l'implication de la communauté de parents
d'élèves, nonobstant ses effets positifs, contribue faiblement
à expliquer les résultats des apprentissages des
élèves du Sénégal, en 6e année du
primaire. En effet, en 6e année,seulement 25,97% des
fluctuations des scores des élèves sont expliquées par ces
variables.
Capture 6 : Modèle de
régression linéaire en 6e année, au
Sénégal
III.3.2.4. Conclusion partielle
Comme en 2e année, l'analyse globale de la
situation des trois pays révèledes effets positifs de
l'implication de la communauté de parents dans la gestion de
l'école sur la performance scolaire des élèves inscrits en
6e année du primaire. Cependant, il faut préciser que
l'impact de cette implication dans la détermination les scores des
élèves reste assez faible dans tous les trois pays et n'explique
que seulement 25.97% des fluctuations des scores des élèves (Cf.
Annexe 2).
En outre, comme en début de cycle, il ressort des
modèles de régression que les variables explicatives liées
à l'implication de la communauté de parents dans la gestion de
l'école ont des comportements qui varient selon le pays. Cependant, quel
que soit le pays, on constate que l'existence d'une communauté de
parents, tout comme l'implication de cette communauté sur le plan
pédagogique à travers notamment la contribution dans l'achat
d'équipement pédagogique, contribuent à expliquer les
performances scolaires des élèves en 6e année
du primaire.
Par ailleurs, le modèle de régression
linéaire prenant en compte l'ensemble des trois pays (Cf.
Annexe 2) indique qu'en 6e
année du primaire, l'analyse du niveau ou degré d'implication de
la communauté de parents sur les performances scolaires des
élèves, reste mitigée. En effet, si le nombre de
réunions de parentsd'élèves organisées au cours
d'uneannée scolaire à l'initiative dudirecteur a une influence
négative sur les scores, il n'en demeure pas moins que la
fréquence de ces rencontresinfluence positivement les scores des
élèves. Autrement dit, c'est plus le respect de la
fréquence des réunions qui a un effet positif sur les scores des
élèves. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'à chacune
des réunions périodiques, une évaluation de la
précédente réunion est effectuée et que de nouveaux
objectifs soient fixés pour la prochaine réunion. En effet,
lafréquence des réunions entre l'école et la
collectivité locale (variable qd29) augmente le score d'un
élève de 1.47 points en moyenne, toutes choses étant par
ailleurs égales.
Relativement à la forme d'organisation de
communauté de parents, il ressort qu'au Burkina et au
Sénégal, c'est l'existence des AME qui a une influence positive
sur les performances des élèves. En effet, en fin de cycle du
primaire, les AME contribuent à augmenter les scores des
élèves de 9.89 points en moyenne. En revanche, pour le même
niveau au Bénin, c'est l'existence d'une APE qui a un impact positif sur
les scores des élèves, en les augmentant de 12,15 points en
moyenne.
Au total, en 6e année, le degré
d'implication de la communauté de parents, a un effet positif sur la
performance scolaire des élèves. Cependant, cette performance
varie en fonction du pays et de la forme ou du type d'implication de la
communauté de parents.
Cette variabilité du degré et de la forme
d'implication de la communauté de parents, en fonction des pays, ne
permet pas à ce stade de définir un modèle d'implication
de communauté de parents qui serait transposable d'un pays à un
autre. Ceci nous amène à devoir formuler un certain nombre de
préconisations que nous présenterons dans le point qui suit.
III.4. Préconisations
Des analyses issues de nos modèles de
régression, il apparait que l'implication de la communauté de
parents dans la gestion de l'école, malgré son faible pouvoir
explicatif sur les scores des élèves, a des effets positifs sur
la performance scolaire de ces derniers. Toutefois, que ce soit en
2e ou 6e année, on constate que les
éléments qui déterminent le degré d'implication
varient, selon que l'on soit au Bénin, au Burkina ou au
Sénégal. Cette variabilité est également
remarquée en ce qui concerne la forme ou le type d'implication de la
communauté de parents.
Cette situation nous amène à formuler les
recommandations ci-dessous :
- d'organiserun partage d'expérience entre les
différents pays. Cet exercice permettrait à chaque pays
d'apprendre surtout des réussites des autres pays et de voir si ces
dernières sont transposables à son contexte et de définir
le cas échéant un plan d'action qui sied pour sa mise en
oeuvre ;
- de redynamiser, dans le court terme, la forme d'implication
de la communauté de parents qui contribue le plus à
améliorer la performance des élèves dans les écoles
où celle-ci n'existe pas ou ne serait pas assez active ;
- de repenser, dansle moyen-long terme, la mise en oeuvre de
ou des formes d'implication de communauté qui n'ont pas d'effet positif
sur la performance scolaire des élèves, en fonction des
leçons apprises du partage d'expérience avec les autres pays.
En outre, l'une des limites de ce travail est relative aux
données dont nous avions à notre disposition. En effet, les
questionnaires PASEC, notamment le « questionnaire
directeur »30(*)
ne prennent en compte que partiellement les éléments liés
à la communauté et insistent sur certains items plus que
d'autres. Sinon, comment comprendre, par exemple, que pour les APE le
questionnaire s'intéresse jusqu'au nombre de réunions qu'ils ont
tenues sur initiative de plusieurs acteurs alors que pour les AME il ne s'est
focalisé que sur leur existence et leur état (actif/inactif). Sur
la base de ce constat, nous recommandons au PASEC de réviser et
d'améliorer ce questionnairepour prendre en compte l'implication de la
communauté des parents dans toutes ses dimensions.
Par ailleurs, ce travail ne prend en compte que partiellement
l'implication de la communauté. En effet, seules deux des six31(*)situationsd'implication
définies par Epstein (2001) sont prises en compte. Il s'agit de la
communication entre l'école et la famille et de la collaborationentre
l'école et la communauté. Les autres dimensions ne sont pas
prises en compte dans ce mémoire.
Conclusion
La réussite scolaire des élèves
s'explique par divers facteurs relatifsà l'élève
lui-même, à sa famille, mais également à son
l'environnement scolaire.Par exemple, la disponibilité de
ressources pédagogiques dans les classes, le sexe de l'enseignant
(homme ou femme) ainsi que le statut de l'école (public ou privé)
et la localisation géographique (zone urbaine ou rurale) sont autant de
facteurs qui influencent les résultats des apprentissages des
élèves (PASEC, 2015).
La recherche montre également que l'engagement des
parents c'est-à-dire leur implication dans les apprentissages de leurs
enfants est le résultat d'unensemble de facteurs liés entre
autres à leur situation géographique (rural - urbain) et à
leur situation socio-professionnelle. En outre, la littérature
révèle que l'ouverture de l'école par rapport à une
implication des parents estliée par l'appréciation que les
enseignants se font de leurs propres compétences(Hoover-Dempsey, Bassler
et Brissie, 1987). En effet, les enseignants qui se sentent bien dans leur
travail sont plus favorables à une implication de la communauté
de parents que ceux se sentent mal en point dans l'exercice de leur
métier.
En outre, les enfants dont les parents sont plus
impliqués (c'est-à-dire les parents ayant une situation
socio-économique plus ou moins stable et habitant souvent en zone
urbaine) réussissent mieux dans leurs études et obtiennent de
bonnes performances scolaires.
Toutefois, il convient de préciser que l'implication
des parents dans les apprentissages de leurs enfants ne peut être le seul
fruit de facteurs socio-économiques. En effet, d'autres facteurs,
notamment d'ordre familial (C. Montandon, 1996) doivent être
explorés. Il s'agit par exemple de facteurs liés
à :
- la vie privée ou personnelle des parents comme la
drogue (Maccoby et Martin en 1983) ;
- la situation familiale des parents (situation monoparentale,
biparentale, famille reconstituée, etc.) qui peut être source de
problèmes émotionnels chez les parents et réduisant ainsi
l'attention de ces derniers par rapport à leur engagement dans les
apprentissages de leurs enfants (Rousseaux et Leblanc, 1992 ; K. Diallo,
2001).
Notre recherche a tenté d'identifier la part de
contribution de l'implication de la communauté de parents dans les
résultats des apprentissages des élèves.Elle montre, en
effet, que le poids de l'implication de la communauté de parents dans la
gestion de l'école est assez faible dans la détermination de la
performance scolaire des élèves, aussi bien en début de
scolarité qu'en fin de cycle du primaire.La valeur assez faible des
R2 ajustés (début et fin de cycle), n'autorise pas
d'affirmer qu'une implication des parents dans la gestion de l'école
conduit inéluctablement à desrésultats positifs des
élèves. En effet, en 2e année, seulement 16.60%
des fluctuations des scores des élèves sont expliquées par
les variables liées à l'implication de la communauté de
parents (
Cf. annexe 1). Ce pouvoir explicatif est un
peu plus élevé en 6e année, avec 19.75% mais
reste toujours faible (
Cf. annexe 2).Autrement dit, à
l'étape de notre analyse nous ne saurions conclure de l'existence d'une
relation de cause à effet entre l'implication de la communauté de
parents d'élèves et la performance scolaire des
élèves.Ce qui corrobore avec les travauxd'autres chercheurs comme
Montandon (1996, p.66) pour qui, « les effets de programmes
d'éducation compensatoire préconisant l'implication des parents
dans la scolarité de leur enfant n'aboutissent pastous à une
évaluation positive ».
Ce travail constitue ainsi un maillon dans la chaine des
relations « famille-école » dans les pays d'Afrique
Subsaharienne notamment pour le Bénin, le Burkina et le
Sénégal.
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www.confemen.org
OQÉ :
www.oqe.confemen.org
PASEC :
www.pasec.confemen.org
Union africaine :
https://au.int
Annexes
Annexe 1 : Modèle de
régression linéaire prenant en compte les 3 pays en 2e
année
Cette régression concerne l'ensemble des 3 payset a
utilisé toutes des variables de notre base constituée.
Sous STATA, la spécification du modèle de
régression linéaire pour estimer les poids des variables sur
leurs performances scolaires est la suivante :
Annexe 2 :Modèle de régression
linéaire prenant en compte les 3 pays en 6e année
Cette régression concerne également les 3 pays
et porteprincipalement sur la 6e année.
Sous STATA, la spécification du modèle de
régression linéaire pour estimer les poids des variables sur
leurs performances scolaires est la suivante :
Annexe 3 : Liste des variables 6e année
Variables
|
Libellésdes questions
|
qe62
|
Genre de l'élève : 1 pour les garçons
et 2 pour les filles.
|
SES
|
Indice du niveau socioéconomique de la famille de
l'élève
|
urbain
|
Votre école est située dans... ? 1= Urbain;
2=Rural
|
qd20b
|
Le statut de l'école : 1 = Ecole publique et 2 =
privée
|
qd20f
|
L'école est privée laïque : 1 = oui et 2 =
non
|
qd27
|
A quelle fréquence avez-vous des réunions avec les
enseignants sur des questions éducatives * 1= 2 à 4
réunions par mois ; 2= moins de 2 réunions par mois
|
qd29
|
A quelle fréquence avez-vous des réunions avec la
collectivité locale (APE...) au cours d'une année scolaire ? 1=au
moins une fois par trimestre ; 2=une fois par an
|
qd38a
|
Nombre de réunions de parents d'élèves
organisées au cours de l'année scolaireà l'initiative
du directeur. Variable de type numérique dont l'intervalle des
valeurs prises en compte est [0, 18]
|
qd38b
|
Nombre de réunions de parents d'élèves
organisées au cours d'une année scolaire à l'initiative de
l'association des parents d'élèves
|
qd39
|
Dans ces réunions, la majorité des parents sont
présents : 1= Oui ; 2=Non
|
qd40a
|
Dans l'école, il existe une association de parents
d'élèves et d'enseignants (APEE) : 1= Oui ; 2=Non
|
qd40b
|
Dans l'école, il existe une associationdes mères
éducatrices (AME) : 1= Oui ; 2=Non
|
qd40e
|
Dans l'école, il existe un comité de gestion :
1= Oui ; 2=Non
|
qd41a
|
Aucun projet n'a été réalisé au cours
de l'année scolaire en partenariat avecl'association des parents
d'élèves : 1 = au moins 1 projet réalisé; 2 = Aucun
projet réalisé
|
qd41b
|
Les activités extrascolaires et les sorties ont
été réalisées au cours del'année scolaire en
partenariat avecl'association des parents d'élèves : 1 = au
moins 1 activité extrascolaire a été
réalisée ; 2 = Aucune activité n'a été
réalisée
|
qd41c
|
Les constructions et réhabilitations ontété
réalisées au cours de l'annéescolaire en partenariat
avecl'association des parents d'élèves: 1= Oui ; 2=Non
|
qd41d
|
L'achat d'équipements pédagogiques
aété réalisé au cours de l'année scolaireen
partenariat avec l'association desparents d'élèves: 1= Oui ;
2=Non
|
qd41e
|
La prise en charge des enseignants aété
réalisée au cours de l'annéescolaire en partenariat
avecl'association des parents d'élèves : 1= Oui ; 2=Non
|
qd43a
|
Le directeur reçoit de la communautélocale une aide
financière : 1= Oui ; 2=Non
|
qd43c
|
Le directeur reçoit de la communauté locale un
appui pour l'aménagement,l'entretien, la réparation des
équipements et du mobilier : 1= Oui ; 2=Non
|
qd43d
|
Le directeur reçoit de la communautélocale un appui
pour la dotation des manuels scolaires : 1= Oui ; 2=Non
|
qd43e
|
Le directeur reçoit un appui de la communauté
locale (village, comité de gestion...) pour la dotation de fournitures
scolaires :1= Oui ; 2=Non
|
qd43f
|
Le directeur reçoit un appui de la communauté
locale (village, comité de gestion...) pour la prise en charge de la
cantine / l'approvisionnement des repas : 1= Oui ; 2=Non
|
qd43g
|
Le directeur reçoit un appui de lacommunauté locale
(village, comité de gestion...) pour la formationpédagogique des
enseignants : 1= Au moins une fois dans l'année ; 2= Aucun
appui de la communauté locale dans l'année pour la formation des
enseignants
|
qd43h
|
Le directeur reçoit un appui de la communauté
locale (village, comité degestion...) pour l'organisation
d'activités extrascolaires (sorties scolaires) : 1= Oui ;
2=Non
|
qd43j
|
Le directeur reçoit un appui de la communauté
locale (village, comité de gestion...) pour la prise en charge du
salaire des enseignants : 1= Oui ; 2=Non
|
qd43k
|
Le directeur reçoit un appui de la communauté
locale pour la prise en charge du personnel enseignant
bénévole : 1= Oui ; 2=Non
|
Annexe 4 : Extrait de quelques pages du questionnaire
directeur (Sénégal) de l'évaluation PASE014
* 1 Il s'agit principalement
de i) renforcer la coopération dans le contexte international, ii)
renforcer les capacités nationales, iii) apporter un appui soutenu
à long terme aux actions nationales et régionales, et iv)
procéder à des consultations de politique
générale.
* 2Le classement des pays
selon la banque mondiale est accessible sur ce lien :
https://blogs.worldbank.org/fr/opendata/nouvelle-classification-des-pays-en-fonction-de-leur-revenu-actualisation-2018-2019
* 3Adoptée lors du
Forum mondial sur l'éducation 2015 en République de Corée
et intitulée : «Éducation 2030 : Vers une
éducation inclusive et équitable de qualité et un
apprentissage tout au long de la vie pour tous».
* 4 Incheon, en
République de Corée, a abrité du 19 au 22 mai 2015, le
forum mondial sur l'Education dont le principal objectif était d'obtenir
l'accord de la communauté internationale de l'éducation au sujet
d'une feuille de route mondiale pour l'éducation pour les 15 prochaines
années, c'est-à-dire, jusqu'en 2030. Ce forum a abouti à
l'adoption de la Déclaration dite d'Incheon et au cadre d'action pour la
mise en oeuvre de l'ODD 4 : « assurer à tous une
éducation équitable, inclusive et de qualité et des
possibilités d'apprentissage tout au long de la vie ».
* 5Union africaine. Note
d'information n°1, Agenda 2030 - l'Afrique que nous voulons [en ligne].
Disponible sur : [consulté le 6 mai 2019]
* 6 L'agenda 2030 est
adopté le 25 septembre 2015 par les chefs d'Etats et de gouvernements
réunis lors du Sommet spécial sur le développement
durable. Il fixe 17 objectifs de développement durable
déclinés en 169 cibles. Le 4eODD, relatif à
l'éducation vise à « assurer l'accès de tous
à une éducation de qualité, sur un pied
d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage
tout au long de la vie ».
* 7« Sept
questionnaires, administrés au cours des mois de septembre et octobre
1965, ont été utilisés pour collecter des données
relatives aux caractéristiques des écoles, du corps professoral
et des élèves. Pour évaluer la réussite scolaire de
près de 645.000 élèves fréquentant plus de 4.000
écoles, une batterie de cinq groupes de tests a été
utilisée : les tests de performance verbale et non verbale, de
compréhension à la lecture, de mathématique, enfin
d'information générale sur les arts, les sciences de la nature,
les sciences de l'homme et sur les humanités ».
(Cherkaoui, 1978, p.239)
* 8Du 5 au 9 mars 1990, s'est
tenue la conférence de Jomtien en Thaïlande. L'article II de
l'engagement pris par les participants venus de plus de 150 pays, stipule
qu'« il faut universaliser l'accès et promouvoir
l'équité à travers le développement des services
éducatifs de qualité, l'assurance de l'accès des femmes et
des filles à l'éducation ; la prise en compte des pauvres, des
enfants des rues, des enfants qui travaillent, des populations de zones rurales
reculées, et de handicapés » (Unesco, 1990).
* 9Lors du Forum mondiale sur
l'Education, organisé du 26 au 28 avril 2000 à Dakar, les
gouvernements ont émis un plaidoyer en faveur de l'EPT et
identifié six principaux objectifs à atteindre pour 201. La
qualité de l'éducation constituait un de ces objectifs mondiaux,
à côté de la protectionet l'éducation de la petite
enfance, l'enseignement primaire obligatoire, la pertinence des programmes,
l'alphabétisationdes adultes et les disparités d'éducation
entre sexes(Cf. module 16MSE505 - Planification de
l'Education, cours 1).
* 10Selon le rapport PASE014, par exemple, la grande
majorité des élèves évalués (environ 40 000
dans plus de 1 800 écoles) ne disposent pas des compétences
attendues dans le cycle primaire. En effet, en début de scolarité
(2e année du primaire), 70% des élèves n'ont
pas atteint le seuil « suffisant » de compétences en langue et
plus de 50% en mathématiques ; en fin de cycle (6e
année du primaire), près de 60% sont en deçà du
niveau attendu dans les deux disciplines.
* 11 Les inactifs sont
considérés comme les personnes ayant une qualification, n'ayant
pas un emploi et qui n'en cherchent pas également (Cf. Cours J. F. Giret
- Module 16MSE 565 : Marché du Travail-Emploi-Qualifications)
* 12 Source : Annuaire
statistique, DGESS/MENA, 2011-2015
* 13 Selon les
données des annuaires statistiques de 2006 à 2015 du
Ministère des Enseignements Maternel et Primaire.
* 14 Source : Rapport
national sur la situation de l'éducation, MEN/DPRE, 2015.
* 15 L'école
élémentaire renvoie ici au cycle primaire.
* 16 Pour Larivée
(2012), l'implication peut être abordée en fonction de la
« décision des parents de s'impliquer, des types et des lieux
de l'implication parentale, du degré de relation avec les partenaires,
des objectifs visés par les parents, etc. »
* 17 Ici, nous
considérons tous les élèves ; aussi bien ceux dont
les parents ont intégré les organisations de parents
d'élèves que ceux pour lesquels les parents n'ont pas
adhéré pas à ces organisations.
* 18 Ici, degré
renvoie au niveau d'implication de la communauté de parents
d'élèves. Ce niveau est mesuré, entre autres, par le
nombre de réunions que celle-ci entretienne avec l'école.
* 19 Pour type ou forme,
nous comprenons la forme d'organisation des parents d'élèves.
S'agit-il d'une APE, d'un CGE, d'une AME ou de quelle qu'autre forme
d'organisation que ce soit.
* 20 Il convient de
préciser que l'enquête PASE014 a mesuré les
compétences des élèves de 2e et 6e
année en mathématique et en lecture.
* 21 Choix des pays parce que
cette étude s'inscrit dans une démarche d'éducation
comparée.
* 22Le PASEC est le
programme d'analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN. Il a
été créé en 1991. Depuis 2014, le programme s'est
lancé dans des évaluations internationales permettant la
comparabilité de systèmes éducatifs des pays.
* 23PASEC (2017). Manuel
d'exploitation des données : Évaluation internationale PASE014.
PASEC,CONFEMEN, Dakar
* 24En
réalité, le tirage se fait sur trois niveaux (écoles,
classes, élèves). Cependant, puisqu'une seule classe
estéchantillonnée par niveau enquêté, cela rend
impossible la distinction entre les niveaux « écoles » et
« classes » dans les données.
* 25 Ici, nous avons
considéré les données de l'ensemble des 10 pays ayant
participé à l'évaluation PASE014.
* 26 L'analyse
bivariée permettra d'étudier la relation entre deux variables
pour voir si elles sont liées, si les valeurs de l'une influencent les
valeurs de l'autre ou si les variables sont indépendantes.
* 27 Ce lien fournit des
informations sur l'inventeur du test Khi2 :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Pearson
* 28 Ici, la variable qd24 a
été recodée : 1 pour urbain et 2 pour rural.
* 29 Le modèle de
régression linéaire montre que chaque réunion
supplémentaire des parents d'élèves réduit le score
de l'élève en moyenne de 4.19 points. De même, la
fréquence des réunions entre l'école et la
collectivité locale diminue de 2.69 points en moyenne, le score de
l'élève, toutes choses étant égales par
ailleurs.
* 30 L'essentiel des items
liés à la communauté de parents sont collectés
à travers le « questionnaire directeur ».
* 31 Selon Epstein (2001),
les six situations d'implication sont : rôles et compétences
parentales, communication entre l'école et la famille,
bénévolat, apprentissages à la maison, participation
à la prise de décision et collaboration avec la
communauté.
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