Conclusion
Tout au long de ce mémoire, nous avions pour principal
objectif d'analyser le fondement des relations entre la grande puissance des
États-Unis et l'île de Cuba à travers la période que
l'on nomme l'embargo. Cette notion a dû être définie, puis
associée à cette partie de l'histoire comme un tournant dans la
position de Cuba face aux États-Unis, mais également face au
monde entier.
Depuis 1962 l'île vit sous les restrictions de son
voisin nord-américain et n'a jamais réellement eu
l'opportunité de renverser la tendance. Attirés par l'avantage
économique et géostratégique que représentait Cuba,
les États-Unis ont procédé à de nombreux moyens
pour s'accaparer toute l'île, notamment par le biais de lois, amendements
ou doctrines. L'Amendement Platt de 1901 fait partie des premiers écrits
ayant fait du tort à Cuba.
Les États-Unis ont dû faire face à
plusieurs obstacles qui les freinent dans leur quête d'apprivoisement de
l'île. L'alliance de Cuba avec l'URSS, ennemi numéro 1 des
États-Unis, en est l'une d'entre elles. Mais malgré les
différentes oppositions, les États-Unis ont su montrer leur
puissance en profitant des avantages qu'offrait l'île durant une longue
période. Entre sanctions économiques terribles et une isolation
totale du reste du monde, Cuba s'est retrouvée à plusieurs
reprises très affaiblie par l'impérialisme Américain.
Mais cela semblait s'améliorer avec l'arrivée au
pouvoir d'une personnalité représentant la diversité du
pays, le président Barack Obama. Tout au long de ses mandats, il a bien
fait savoir que la normalisation des relations avec Cuba était
primordiale pour le bon fonctionnement de chacun des États respectifs.
Lors de son discours du 17 décembre 2014, il déclarait : «
Nous ne pouvons pas, et ne devons pas, ignorer les différences
très réelles que nous avons - sur la façon dont nous
organisons nos gouvernements, nos économies et nos
sociétés. Cuba a un système de parti unique ; les
États-Unis sont une démocratie avec plusieurs partis. Cuba a un
modèle économique socialiste ; les États-Unis ont un
marché ouvert. Cuba a mis l'accent sur le rôle et les droits de
l'État ; les États-Unis sont fondés sur les droits de
l'individu ». Lorsque l'on perçoit ces différences entre les
deux États, on se doute que le changement ne se fera pas rapidement.
Cependant, cet élan diplomatique avec l'île ne
fut pas vain. On peut même considérer les démarches
étatsuniennes comme une réussite. Les avancées historiques
entreprises par les deux dirigeants ne sont pas sans conséquences et ont
permis bien plus d'opportunités que durant les cinquante années
de tension.
À l'arrivée du président Donald Trump en
janvier 2017, la tendance revient à changer. Le chef d'État
américain remet en vigueur toutes les restrictions levées par le
président Obama, et va jusqu'à en rajouter d'autres à
l'aide de lois et d'amendements (entière application de la loi
Helms-Burton). Ces mesures reviennent même à introduire les pays
qui au départ ne se sentaient pas impliqués par l'embargo. En
effet, à l'international, de plus en plus d'États viennent se
positionner en faveur de la levée de l'embargo car désormais
celui-ci affecte également les dimensions économiques et
idéologiques de ces derniers. L'Assemblée Générale
va jusqu'à accuser les États-Unis de crime contre
l'humanité et réprime toutes les
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dispositions mises en place contre l'île. Les pays
d'Europe y sont très investis et l'URSS veut également
empêcher son principal rival qui est le gouvernement américain de
s'emparer du potentiel que représente Cuba.
Nous pourrions nous demander à quel point les relations
entre les deux pays pourraient-elles être « normalisées»
à l'avenir et si réellement ces relations pourront être
normalisées un jour. Aujourd'hui, alors que le monde traverse une crise
sanitaire importante, on ne se concentre plus autant sur l'embargo comme
auparavant car les États sont focalisés sur leur propre survie
économique et pendant ce temps laissent aux États-Unis une
réelle marge d'avance sur la situation.
Un assouplissement des politiques migratoires pourrait
effectivement permettre à ces deux États de consolider leur
relation pour de potentielles alliances économiques et politiques
notamment en supprimant toutes les restrictions qui sont liées aux
transferts démographiques et financiers entre l'île et
l'État de Floride, l'État le plus convoité par les cubains
depuis l'exode de la grande bourgeoisie cubaine de 1959 à 1962. Dans ce
cas là, on peut affirmer que les relations entre les deux États
pourraient être amenées à s'apaiser à l'issue de
prises de décisions sur le plan politique. Reste à savoir si dans
cette optique, alors qu'historiquement plusieurs fenêtres
d'opportunité ont eu l'occasion de s'ouvrir avec Cuba, le prochain
président des États-Unis d'Amérique, Joe Biden va-t-il
poursuivre la stratégie d'isolement remise en place par l'administration
de Donald Trump ou va t'il continuer ce que la présidence Obama a
entamé ?
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Glossaire
Accords Castro-Mikoyan: En 1962, après
la crise des missiles, un accord a été conclu entre Fidel Castro
et Anastas Mikoyan (un homme d'État soviétique). Les accords
conclus concernaient les relations entre Cuba et les États-Unis et
stipulaient que Cuba devait s'abstenir de négocier avec les
États-Unis au sujet de la crise des missiles.
Amendement Platt: Ce document juridique
datant de 1901, indique les modalités de retrait des États-Unis
de Cuba en échange de sept conditions de la part des États-Unis.
Ces conditions tournent principalement autour de la position diplomatique, de
l'appropriation de certaines terres de l'île, de la présence
militaire...
Article 53, Constitution Cubaine: Cet article
de la constitution cubaine de 1976 stipule que : "Les citoyens ont la
liberté d'expression et de la presse, conformément aux objectifs
de la société socialiste. Les conditions matérielles de
l'exercice de ce droit sont assurées par le fait que la presse, la
radio, la télévision, le cinéma et les autres organes de
communication sont propriété de l'État ou de la
société et ne peuvent jamais être propriété
privée. Cela assure leur utilisation au service exclusif des
travailleurs et dans l'intérêt de la
société."
Accord de location entre Cuba et les EU:
Signé en 1903 entre Cuba et les États-Unis, cet accord
stipule la location de terres sur le territoire Cubain aux États-Unis.
Ces terres étaient louées aux États-Unis afin qu'ils
puissent construire des bases militaires et navales sur l'île.
Loi sur les investissements étrangers. No. 118:
Cette législation concerne les opérations
d'investissement ainsi que la diversification et l'expansion des marchés
d'exportation. Elle s'articule autour de 11 secteurs clés : agriculture
et sylviculture, industrie alimentaire, énergie et mines, industrie
sucrière, industries légères, chimiques et
électriques, industrie pharmaceutique, commerce de gros, soins de
santé, construction, tourisme et transport.
Loi sur les crédits de sécurité
mutuelle (1951): De 1951 à 1961, cette loi a conduit à
la création de programmes américains d'aide à
l'étranger qui ont bénéficié à de multiples
pays. Elle a été signée par Harry S. Truman et constituait
une sorte de "plan Marshall" renouvelé. Cette loi avait pour but de
contenir le communisme en aidant financièrement d'autres pays dans le
besoin afin de garder une influence sur eux.
Loi d'Ajustement Cubaine (Cuban Adjustment Act)
: datant de 1966, cette loi permettait aux Cubains et à leur
famille (femmes et enfants) de devenir de véritables résidents
permanents, par le biais d'un ajustement de leur statut fait grâce
à une demande de visa.
Loi Helms-Burton: Bill Clinton a signé
cette loi en 1996. Son but est d'interdire l'internationalisation des
entreprises cubaines et de décourager les investissements en provenance
de pays étrangers. Clinton voulait par ces moyens forcer Cuba à
devenir une démocratie et à élire un nouveau
président en accord avec les valeurs américaines.
Loi sur le commerce humanitaire cubain: Cette
loi modifie la loi sur l'aide étrangère de
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1961. Cette modification vise à permettre l'exemption
de l'embargo sur l'importation de certaines catégories de marchandises
à Cuba, telles que la nourriture, les équipements médicaux
et les médicaments.
Loi sur le commerce humanitaire cubain: Cette
loi modifie la loi sur l'aide étrangère de 1961. Cette
modification vise à permettre l'exemption de l'embargo sur l'importation
de certaines catégories de marchandises à Cuba, telles que la
nourriture, les équipements médicaux et les
médicaments.
Loi sur les crédits de sécurité
mutuelle: Cette loi a été promulguée en 1951 par
le 82ème Congrès des États-Unis. Elle était
axée sur le maintien de la sécurité, la promotion du
bien-être et la création de politiques étrangères.
Elle visait les pays jugés "amis" par les États-Unis et
constituait un moyen pour eux de promouvoir la paix et la
sécurité internationales.
Loterie des cartes vertes: La loterie
créée par les États-Unis en 1990 permet aux participants
de recevoir une carte de résident permanent
PSYOP: Une opération psychologique
(PSYOP), c'est lorsqu'un partie cherche à diffuser des informations
partielles à un autre groupe afin d'influencer leurs opinions,
émotions et raisonnement objectif.
Politique de pieds secs, pieds mouillés (Wet
foot/dry foot policy) : loi sur la migration permettant la migration
légale des Cubains aux États-Unis sous certaines conditions (les
personnes ne pouvaient rester aux États-Unis que si elles avaient
réussi à se trouver sur le sol américain, et si ces
personnes étaient ramassées en mer, elles étaient
expulsées vers Cuba)
Sommet des Amériques: Il s'agit d'un
événement au cours duquel les dirigeants et les chefs
d'État américains se réunissent pour discuter publiquement
de questions relatives à l'élaboration des politiques, aux
accords et à l'engagement sur des valeurs communes afin de maintenir des
relations multilatérales stables.
Traité sur les relations
cubano-américaines: Ce traité a été
signé en 1934 par les États-Unis et Cuba. Ce traité a
remplacé le traité cubano-américain de 1903. Il
répète les 7 mêmes conditions que les États-Unis
avaient précédemment imposées à Cuba. Ces
obligations concernaient l'impossibilité pour les pays étrangers
d'avoir une base navale à Cuba et que les actions militaires cubaines
doivent être approuvées par les États-Unis entre autres.
Règlement sur le contrôle des avoirs
cubains: Cette réglementation a été mise en place
par le département du Trésor américain en 1917. Son but
est de réguler les relations entre les États-Unis et Cuba. C'est
aussi un moyen de permettre aux États-Unis de renforcer l'embargo
imposé à Cuba.
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