II.3. L'intérêt de la formation professionnelle
initiale
La formation initiale des enseignants a toujours fait l'objet
de réflexion des chercheurs, des pédagogues, des didacticiens,
des encadreurs pédagogiques, et de tous ceux qui s'intéressent
à la question de l'éducation et de l'enseignement-apprentissage.
Ainsi, les notions d'acquisition du savoir, de construction du savoir, de
réinvestissement des connaissances ont été au centre des
préoccupations liées aux enseignements-apprentissages. Les
nombreux défis auxquels fait face le système éducatif
burkinabé commandent un égard particulier sur la formation de
ceux-là qui ont la charge d'assurer la bonne éducation des
élèves. Selon Compaoré (2011, p.80), « la
formation initiale des enseignants est devenue une exigence qui participe
à la professionnalisation du métier d'enseignant ». En
effet, toute professionnalisation, toute formation continue reposent sur un
substrat qu'on ne saurait occulter d'où la nécessité de la
formation initiale qui, selon Fonkani (2007, p.72), « doit être
le soubassement sur lequel s'édifient les apports de la formation
continue et de l'expérience ».
La formation initiale des enseignants est un gage de
réussite des élèves. En effet, les savoirs
académiques que le professeur a acquis durant son cursus universitaire
ne sont pas tous profitables à l'élève. Comment distiller
ses savoirs savants de sorte à les rendre bénéfiques pour
un apprenant selon son niveau et selon sa classe ? IL s'agit selon Meirieu
(1999, p.85) «d'interroger résolument les savoirs
sous l'angle de leur constitution et non de leur restitution, de
s'intéresser tout autant à la manière dont ils sont acquis
qu'au contrôle de cette acquisition ». Il est donc clair, qu'un
enseignant doit se préoccuper plus de l'apprentissage que de
l'enseignement. Il doit apprendre à ses élèves à
apprendre plutôt qu'à réciter. Ce savoir-faire de
l'enseignant ne s'acquiert que par une formation initiale. Malgré les
connaissances académiques d'un enseignant, s'il n'est au
préalable formé à la transmission du savoir, les
élèves n'apprendront pas. En effet, comme l'a si bien dit
Ouédraogo (2009, p.59), « Si un enseignant doit bien
maîtriser les savoirs et savoir-faire correspondants à la ou aux
discipline(s) qu'il sera amené à enseigner, si en outre, il a
besoin de se familiariser avec la façon dont ces connaissances peuvent
être transmises aux apprenants, alors une formation disciplinaire et
scientifique de qualité devrait lui être donnée, dans le
meilleur des cas, avant qu'il n'aille dans une classe ».
Perrenoud (1994, p.12), décrit le métier
d'enseignant comme étant un métier difficile et complexe,
d'où la nécessité de former ceux qui doivent l'exercer.
Pour lui, « Il est évident qu'une pratique professionnelle
complexe exige des compétences et que la formation a pour principale
vocation d'en permettre le développement». Ainsi,
l'enseignant qui bénéficie d'une formation initiale sera plus
aguerri à faire face aux problèmes qui surviendraient et auxquels
il pourrait être confronté dans l'exercice de son métier.
Perrenoud pense effectivement que « la formation initiale, loin
d'être une simple réponse aux besoins de qualification, peut
être un levier de changement, une stratégie d'innovation
». En effet, vu l'évolution de nos sociétés et
des savoirs, l'enseignant doit être au diapason de cette évolution
s'il veut que son action soit en phase avec les transformations du moment.
D'ailleurs, comme l'a signifié Kaboré-Ouédraogo (2003,
p.41), « La tendance actuelle est à la conception d'un
enseignant professionnel qui maitrise un corps de savoirs formels, mais qui
soit capable de l'interpréter et de l'adapter à des cas
particuliers par ses capacités de réflexion et
d'analyse.».
II.3.1. La formation initiale et l'éthique
professionnelle
De nos jours, les questions d'éthique sont au centre
des réflexions surtout dans le domaine de l'éducation où
des phénomènes sociaux nouveaux sont apparus aussi au sein des
établissements. En effet, les établissements scolaires de
façon générale sont devenus des lieux de
crises, de violences de tout genre, de délinquance, d'incivisme et de
perversité. Cette situation est malheureusement perceptible aussi bien
chez certains enseignants que chez les élèves.
L'éradication de ce phénomène passe aussi par une
formation initiale des enseignants à l'éthique professionnelle et
à la déontologie. Ces règles de conduite peuvent servir
aux enseignants à désamorcer ou à résoudre des
crises. Un enseignant irréprochable au point de vue éthique est
un bon modèle et un bel exemple auquel les élèves peuvent
s'identifier. L'éthique professionnelle enseignante intègre des
valeurs et des normes définissant des obligations concrètes. Ce
code et ces règles de conduite appelés déontologie sont
très importantes et même nécessaires dans tout
métier. C'est une sorte d'engagement moral pris par chacun au sein de la
profession pour encadrer les comportements, la conduite dans l'exercice du
métier. La déontologie, comme l'a signifié Ricoeur (1990,
p.201) pose en effet un certain nombre de « règles et de
devoirs qui régissent une profession et défend un certain mode
d'exercice en vue du respect d'une éthique ».
L'éthique professionnelle qui est prise en compte dans
la formation initiale des futurs professeurs, est un gage de réussite
dans l'exercice du métier et partant de l'optimisation des
apprentissages, car les élèves apprennent et se comportent aussi
par l'exemple. Lorsqu'un enseignant est juste, équitable et respectueux
vis-à-vis de ses collègues et de ses élèves, en
somme, ami de la vertu, il affermit du même coup son autorité et
son influence sur la bonne marche de l'établissement.
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