Partie 2 : métiers concernés et
accompagnement
En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les médecins sont-ils / seront-ils
accompagnés ?
Ils peuvent être accompagnés par le fait
d'être impliqués le plus en amont possible notamment sur la
compréhension de leurs besoins. C'est important.
Concrètement il faut : qu'ils identifient eux-mêmes le souhait que
les technologies les épaulent,
les impliquer dans la conception et l'identification de besoin
en intelligence artificielle,
les accompagner dans la formation à la
connaissance de ces sujets-là, aussi bien sur les aspects
techniques, éthiques, juridiques et tout l'impact que cela aura pour
eux,
leur expliquer dans quel écosystème cela
s'imbrique, quelle plus-value il y a pour leur métier et pour le patient
dans leur quotidien. Ces intelligences artificielles sont des outils. Elles ne
seront que des outils qui doivent s'inscrire dans quelque chose de plus large
pour que le sens qu'elles auront pour eux soit intégré.
En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les professions paramédicales, infirmiers plus
spécifiquement sont-ils / seront-ils accompagnés ?
Pour les professions paramédicales, on risque d'avoir
des glissements de tâches qui auparavant étaient faites par les
médecins et qui vont devoir être de plus en plus
déportés vers les professions paramédicales et en
l'occurrence les infirmières. Pour être très concret, si on
développe la télémédecine couplée avec de
l'intelligence artificielle à une analyse de diagnostic par rapport aux
images qui vont être prises par la télémédecine, le
médecin, après contrôle du diagnostic qui est tiré,
pourra le valider ou l'invalider à distance. Il faudra bien que
quelqu'un, dans une bonne partie des cas, accompagne le patient, lui explique
qu'il doit s'allonger, qu'il doit bien regarder dans tel endroit, que l'examen
qu'il va subir va consister à faire telle et telle chose, que le
médecin ne sera pas là physiquement mais qu'il entendra. Il y a
un accompagnement nécessaire et toutes les tâches qui peuvent se
faire au contact du patient seront déportées sur les
professionnels paramédicaux pour permettre au médecin d'utiliser
la téléconsultation et les outils d'aide au diagnostic.
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156
En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment le personnel administratif, dont les secrétaires
médicales/agents d'accueil, sont-ils / seront-ils accompagnés
?
Prenons le cas de figure de la solution qu'on (Jouve)
développe : c'est une solution informatique qui permet de
dématérialiser l'admission administrative d'un patient. Cela lui
permet de faire les démarches administratives, de déposer ses
pièces administratives et de remplir un formulaire avec un certain
nombre de données le concernant à distance depuis chez lui via un
ordinateur ou depuis son mobile. Ces données vont être mises
à la connaissance des gestionnaires qui sont chargés d'accueillir
les patients en temps normal de manière physique pour recueillir ces
informations et les saisir dans leur logiciel établissement. Auparavant
100% des patients étaient invités à passer à ce
bureau d'entrée et à rencontrer physiquement le gestionnaire pour
réaliser ces opérations et demain, ce qu'on propose, c'est qu'une
partie de ce flux patients puisse le faire à distance.
Cela nécessite, à partir de ce moment-là,
que des gestionnaires soient détachés dans leur métier
actuel au contact du patient pour tous ceux qui ne l'utiliseront pas et, a
contrario, pour les patients utilisant cette solution d'admission à
distance, il faudra qu'il y ait des gestionnaires qui soient dans des missions
de back office, dans un bureau, qui reçoivent ces informations et qui
les traitent sans contact physique ni échange avec le patient si ce
n'est des messages mails. Ça change la position et le quotidien d'un
gestionnaire. S'il fait le métier derrière le guichet avec des
patients toute la journée, il a un contact relationnel très fort
et ça ne sera plus du tout le cas quand il fera la même chose
à distance. Cela se rapprochera beaucoup plus d'un métier
administratif de gestionnaire pur. On voit très bien qu'il y a des
compétences du métier qui vont évoluer.
Si je suis gestionnaire et que j'ai fait ce
métier-là, c'est soit :
· 1 : que je trouve un intérêt dans le
contact au patient, que ce que j'aime bien c'est aider le patient, le rassurer,
l'orienter dans l'établissement et finalement la saisie de
données administratives n'est qu'un prétexte pour être au
contact du patient. Demain ce profil-là aura du mal à y trouver
son compte si on le met dans un bureau et qu'on lui demande de ne se concentrer
plus que sur l'activité de saisie et de contrôle des
pièces.
· 2 : que j'ai plutôt envie de faire un travail
administratif et de pouvoir lisser ma charge de travail sur la journée,
ne pas être stressé par des pics de travail en telle et telle
heure et que je dois faire face au patient, que je reste aimable parce que je
suis la porte d'entrée de l'établissement et que cela m'impose un
stress fort ben là je vais être
157
content de faire ce travail-là, d'être
protégé au back office et pouvoir m'organiser comme je veux sur
la journée du moment que je réalise les tâches que j'ai
à faire.
On voit bien que la manière d'exercer le métier
dans le premier ou dans le deuxième cas on ne parle plus du même
métier, plus du même quotidien. Ça peut susciter de
l'engouement si je me retrouve plutôt dans le cas de figure 2 et à
contrario si j'ai un profil où je prenais plaisir à être
face au patient et que je nourrissais plutôt l'intérêt de
mon métier dans le relationnel, là je vais avoir une
résistance au changement sur le fait que l'adoption de cette solution va
changer mon métier.
On s'est rendu compte, en discutant avec eux, que les
motivations des professionnels qui sont à ce poste-là sont
différentes. Parfois ce sont des postes sur lesquels la personne a
été reclassée compte tenu de restriction médicales
alors qu'elle était soignante auparavant. La motivation d'une personne
avec ce profil ne sera plus forcément d'être au contact du
patient. Elle a connu ce que c'était et aujourd'hui ce n'est plus ce
qu'elle recherche. On retrouve différents profils de par la
carrière que ces personnes ont eue et de par les affinités
qu'elles ont. Il y a vraiment deux profils de motivation dans ce même
poste. Soit c'est un lien d'accompagnement au patient, soit c'est plutôt
la volonté de faire un travail plus administratif et plus
éloigné du patient. Pour certains la solution est une
réponse et pour les autres un obstacle. C'est intéressant de
faire de l'accompagnement du changement parce qu'en fonction des profils
d'utilisateur on va avoir deux types de réaction.
A ce stade, pour être très transparent, dans la
mesure où on est concepteur d'une solution et que notre métier
c'est d'abord de mettre en place cette solution, qu'elle réponde aux
besoins de l'établissement d'un point de vue technique et que
derrière ce soit déployé, testé,
paramétré comme il faut. Ça c'est notre métier
premier. Ensuite on se rend compte qu'en fonction des l'établissement,
la possibilité de créer et d'animer une équipe projet pour
donner vie à cette solution dans le réel du professionnel n'est
pas la même. Dans ces cas-là il y a un besoin d'accompagnement des
professionnels qu'on pourrait pousser un peu plus moyennant que cela soit
convenu avec l'établissement. C'est plutôt un enjeu
identifié dont on a bien conscience mais dont l'établissement
doit également prendre conscience pour qu'on puisse les aider et faire
une prestation sur ce sujet. C'est très dépendant du manager du
bureau des entrées dans notre cas et de la manière dont il va
traiter le sujet. Soit il en a conscience et c'est lui qui va le faire
directement auprès de ses équipes, soit il en a moins conscience
ou n'a pas le temps de le faire et dans ce cas-là on se retrouve avec un
besoin là-dessus qui n'est pas couvert ou pas suffisamment.
158
Quel(s) accompagnement(s) spécifique(s) pourrait
être mis en oeuvre dans les établissements sanitaires sur le long
terme dans le cadre des changements à venir liés à
l'implantation croissante d'outils technologiques, notamment ceux dotés
d'intelligence artificielle ?
Clairement il y a des prestations d'accompagnement au
changement à concevoir autour des outils qui doivent être faites
très amont. A partir du moment où la direction d'un
établissement identifie qu'elle veut, en l'occurrence, pour parler de
notre métier, redéfinir son parcours administratif et
l'expérience du patient à ce niveau, il faut bâtir un
projet dédié à cela avec des personnes qui soient
détachées et impliquées dès le départ pour
penser à la cible, c'est-à-dire penser à ce qu'on voudrait
mettre en place demain dans l'établissement et après se poser la
question de l'usage des outils, qui peuvent avoir de l'intelligence
artificielle ou bien définir le besoin que l'on a pour trouver les bons
outils par rapport à ce qu'on veut mettre en place en termes
d'organisation et pas acheter une solution et après se poser la question
d'adapter l'organisation et les métiers à la solution. Il serait
plus vertueux de faire l'inverse. Avec la réalité du quotidien et
la pression opérationnelle qu'on a tous les jours, ce n'est pas
évident de toujours pouvoir faire les choses dans le bon sens.
Le secteur de la santé va être culturellement
à cheval sur certaines valeurs, et heureusement. La valeur de l'humain y
est très forte. L'aspect technologique n'est pas toujours vu d'un
très bon oeil spontanément. On oppose tout de suite la
technologie aux humains en général. C'est un biais cognitif qu'on
peut avoir et qui est, à mon avis, amplifié dans le secteur de la
santé.
Qui sont les demandeurs de ce type de solution
?
En général ce sont le directeur financier et le
directeur des systèmes d'information d'un établissement.
Aujourd'hui c'est à l'échelle d'un établissement, pas d'un
GHT.
Avez-vous des éléments à ajouter
?
L'idée fondamentale c'est de faire attention de ne pas
se poser la question de l'organisation et de l'évolution des
métiers a posteriori de l'achat d'une solution. Il faudrait vraiment
inverser les raisonnements et d'abord se poser la question de ce qu'on veut
faire et dans un établissement de santé il n'y a qu'une seule
chose qui compte et qui est fédératrice c'est le
159
patient. Il faut partir du patient et se demander se qu'on
veut mettre en place pour améliorer l'expérience du patient au
niveau administratif. De là, on se pose la question de l'organisation et
des outils qui en découlent. Ça permet une chose fondamentale :
c'est de donner de la cohérence et du sens au projet. C'est la
première pierre à l'édifice dans l'accompagnement au
changement. Porter des programmes d'accompagnement au changement sur des
projets qui n'ont pas de sens, c'est compliqué et ce n'est
agréable pour personne. Je défends une vision de l'accompagnement
du changement qui n'est surtout pas de faire passer la pilule. Ça ce
n'est pas de l'accompagnement au changement. L'accompagnement au changement
c'est comprendre d'où on part, savoir où on veut aller et
accompagner les professionnels à sauter d'une étape à
l'autre du mieux possible. Ce n'est pas non plus sans douleur mais c'est clair,
cela a du sens, c'est transparent pour tout le monde. C'est un accompagnement
collectif. Un accompagnement individuel est possible mais c'est autre chose.
Dans le cadre d'un accompagnement collectif, accompagner le changement, c'est
le faire à l'échelle du groupe. Tous ne se retrouvent pas dans un
changement collectif, c'est toute l'ambivalence et les incohérences
auxquelles on est confronté dans un accompagnement du changement. Il
faut structurer les choses du mieux possible en amont pour garder le cap du
projet collectif et pas traiter les cas individuellement.
Annexe 17 : Processus de recommandations
Légende :
Étapes du projet
Actions/ Projets d'équipe RH à mener en
parallèle
Accompagnement de la direction
Formations agilité et conduite du changement Formations
agilité et coopérations Formations évolutions du
métier
Recherche des
prestataires et choix d'une solution durant les
premières
itérations
Ajouter le contact fournisseur de la solution dans les
itérations du projet
Création copil projet
A
Exemple : projet d'acquisition
d'une solution d'automatisation d'admission des patients
Copil composé du cadre chef des entrées, de
2 assistantes utilisatrices de la solution, d'un membre de
l'équipe RH, du DSI, de l'architecte big data
Formation du comité de pilotage
à l'agilité et au
co- développement professionnel
Comment avancer dans le projet et travailler
ensemble en intelligence collective
Créer un copil de projet de transformation
numérique
exemple : projet d'acquisition d'un outil d'aide à
la décision en chirurgie cardiaque
Copil composé du chef de service de chirurgie
cardiaque, , d'une infirmière cadre, d'une infirmière
IBODE, d'un membre de l'équipe RH, du DSI, de l'architecte
Big data
Création copil projet
B
Investissement dans un SIRH modernisé
Veille permanente sur les
risques psycho-sociaux
Projet interne au service des
Ressources Humaines d'adaptation du dispositif de
Gestion Prévisionnelle des Emplois et
des Compétences
Former la direction à l'agilité
Créer une acculturation et un changement
Consultation et implication des partenaires
sociaux
Sensibilisation de l'ensemble de l'équipe RH au
processus
en cours
Création d'une banque de formations en ligne en
format court sur des sujets divers et variés permettant
la montée en compétence de tous les
collaborateurs. Parmi ces formations, une sensibilisation
à l'intelligence artificielle en santé devra être
mise en avant
Créer un copil annexe ou identique ou avec des
membre
en commun de formations à mettre en place dans le cadre
de
la transformation numérique
Formation des cadres à la conduite
du changement dans le cadre de la transformation numérique
avec, au coeur de l'action de formation, la transmission
des éléments clefs des projets en cours pour
transmission
Formations
communication et psychologie pour le personnel médical et
paramédical en commençant par
ceux dont les
spécialisations ont déjà
évolué ou sont amenées à évoluer rapidement
suivant les projets retenus
(services de
radiologie et de
chirurgie cardiaque
par exemple
Formations au co-développement professionel pour
le personnel médical et paramédical
Apprendre à
travailler
ensemble et avec
de nouveaux
métiers
émergents
Année N
Année N+1
161
Annexe 18 : Les typologies de formations
MOOC
MOOC signifie « Massive Open Online Courses ». En
français, cela veut dire que ces cours proposés par des
écoles et des universités, voir des entreprises, sont accessibles
à tous gratuitement sur Internet. Les MOOC sont ouverts et rassemblent
plusieurs milliers de personnes. Mieux que le e-learning et les simples
tutoriels, les MOOC ont l'avantage de créer une forte
interactivité entre apprenants, mais aussi avec les intervenants. Les
MOOC, après évaluation pédagogiques, sont certifiants.
|
COOC
Le COOC (Corporate Online Open Course) est un cours en ligne
dispensée par une entreprise auprès de ses clients, de ses
salariés ou de ses fournisseurs/prestataires. Cette méthode
permet aux apprenants de bénéficier de toutes les
modalités pédagogiques : travail collaboratif, travail
distanciel, gamification, etc. Un outil puissant pour accompagner la
transformation digitale au sein d'une organisation et pour développer
les compétences de chaque collaborateur.
|
MICRO-LEARNING
Ce sont des modules de formation très courts qui
peuvent être suivis à tout moment de la journée. Les
modules les plus courts ont une durée comprise entre 20 et 30 secondes,
les plus longs durent en principe 5 minutes. Cette modalité
pédagogique permet d'être «consommée» à
tout moment de la journée (entre deux rendez-vous, lors d'une pause,
dans les transports en commun...).
Ces modules de fast-learning répondent à
l'acronyme anglais ATAWADAC : AT pour anytime (n'importe quand), AW pour
anywhere (n'importe où), AD pour any device (sur n'importe quel support)
et AC pour any content (tout type de contenus). Cette universalité
s'inscrit parfaitement dans une démarche dite « BYOD » (Bring
Your Own device) qu'adoptent de nombreuses entreprises ce qui signifie que
l'apprenant peut apprendre en utilisant ses propres outils.
|
WEB SERIE PEDAGOGIQUE
La websérie (ou web-série) peut être
définie comme un produit audiovisuel de fiction composé de
vidéos diffusées principalement sur Internet. Ce mode de
diffusion pousse les créateurs du genre à l'originalité
pour se faire remarquer parmi la masse de vidéos disponibles. Le fait
d'être sur le web permet aussi une grande liberté de ton et une
audace que l'on ne peut pas envisager de la même manière sur un
média plus formaté. L'intérêt étant de
raconter des histoires différentes et de profiter de
l'interactivité que permet Internet. La durée d'un épisode
de websérie est généralement de quelques minutes,
même si certains peuvent être plus longs.
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LA SIMULATION
La formation par la simulation consiste à simuler un
cas réel de situation rencontrées dans le domaine professionnel.
Elle connait un engouement sociétal public depuis que se sont
développés des domaines aussi différents que le jeu
vidéo, le pilotage virtuel de véhicules ou la vulgarisation
scientifique basée sur le numérique.
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SERIOUS GAME
Un jeu sérieux (de l'anglais serious game : serious,
« sérieux » et game, « jeu ») est une
activité qui combine une intention « sérieuse » -- de
type pédagogique, informative, communicationnelle, marketing,
idéologique ou d'entraînement -- avec des ressorts ludiques. De
manière synthétique, un jeu sérieux englobe tous les jeux
de société, jeux de rôle et jeux vidéo qui
s'écartent du seul divertissement.
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