En fonction des impacts (positifs/négatifs)
des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les médecins sont-ils / seront-ils
accompagnés ? Comment souhaiteraient-ils être accompagnés ?
Quel accompagnement spécifique, s'il y en a un, les institutions et les
directions d'établissement souhaitent-elles mettre en place
?
Je ne suis pas sûre aujourd'hui qu'il y ait des modules
spécifiques aux outils dotés d'intelligence artificielle dans la
formation initiale des médecins. Il y a des diplômes
universitaires qui commence à se développer et certains
médecins demandent à être
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accompagné pour effectuer ce type de formation. Le plan
de formation médicale peut nous aider à les accompagner dans
cette voie mais il faudrait davantage les inciter. Aujourd'hui ce sont souvent
les éditeurs et les fournisseurs qui accompagnent. Quand on fait le
choix d'acheter un équipement il y a toujours une partie
paramétrage et formation des utilisateurs qui est comprise. Certains
sont très bons là-dedans et les formations sont de
qualité. Je pense notamment aux robots chirurgicaux : la formation,
d'après ce que j'en sais, est vraiment robuste pour former les
utilisateurs.
En fonction des impacts (positifs/négatifs)
des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les professions paramédicales, infirmiers plus
spécifiquement sont-ils / seront-ils accompagnés ? Comment
souhaiteraient-ils être accompagnés ? Quel accompagnement
spécifique, s'il y en a un, les institutions et les directions
d'établissement souhaitent-elles mettre en place ?
C'est très difficile de généraliser mais
majoritairement ils n'envisagent pas l'évolution de leur métier.
Chaque année il y a un entretien professionnel qui est effectué
avec tous les agents paramédicaux qui porte sur l'année qui vient
de s'écouler, les faits marquants, la manière de servir, les
objectifs atteints/non atteint et ceux à atteindre pour l'année
à venir. C'est suivi par un entretien de formation où justement
on va faire le point avec la personne sur ses besoins de formation : soit pour
acquérir des compétences qui lui manquent par rapport à sa
fonction, soit pour développer elle-même certaines
appétences ou pour accompagner un projet professionnel. Force est de
constater que le personnel en général est assez peu acteur de son
parcours de formation. On demande aux personnes de venir avec un projet, avec
une proposition et ils ne le font que rarement. Pour ceux qui le font, je vois
très peu de demandes liées aux nouvelles technologies ou à
l'intelligence artificielle. Je pense que ce n'est pas quelque chose qui
intéresse pour le moment ou qui puisse être perçu comme
pouvant être aidant pour l'exercice de sa profession, pour le
développement de sa compétence et pour l'avenir.
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En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment le personnel administratif, dont les secrétaires
médicales/agents d'accueil, sont-ils / seront-ils accompagnés
?
C'est la même chose pour ces fonctions-là. Les
demandes qu'on a sont des souhaits de formations classiques : les bases des
outils bureautiques, se former sur des logiciels métier existants mais
assez peu d'autres demandes de formation. Côté cadres, que ce soit
les cadres de santé ou les cadres administratifs, c'est
différent. J'ai en tête un exemple qui m'a interpellé et
que justement j'ai trouvé très intéressant : c'est une
personne qui est formatrice à l'institut de formation des
aides-soignants, qui a un projet pour évoluer et passer sur une fonction
cadre. Au-delà de développer ses capacités et ses
compétences en pédagogie et en encadrement, elle s'est
tournée vers une formation qui intégrait aussi des nouvelles
technologies. J'ai trouvé ça très intéressant parce
que justement dans la formation, il faut aller chercher du côté
des nouvelles technologies. Son choix de formation est quelque part lié
à la crise sanitaire : les instituts de formation ont dû mettre en
place dans l'urgence des formations à distance. Elle avait
l'appétence pour et elle a vu qu'elle allait de plus en plus pouvoir le
mobiliser dans ses fonctions. Son cheminement est vraiment
intéressant.
Je ne vois pas aujourd'hui de démarche
générale et d'effet d'entraînement. Chaque formation est
« outil dépendant ». S'il y a un outil qui est mis en place
dans un groupement hospitalier de territoire, il va y avoir des formations
mises en place autour de cet outil. On part de besoins très
spécifiques ou d'une stratégie sur un domaine en particulier mais
il n'y a pas cette dynamique qui consisterait à dire : « le
groupement hospitalier de territoire ou l'établissement met l'accent sur
les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle aujourd'hui
».
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Annexe 8 : Interview David Gruson
ENTREVUE DAVID GRUSON, Directeur Programme Santé Jouve /
Fondateur d'Ethik-IA