2. Qu'appelle-t-on nouvelles technologies ? Qu'est-ce
que
l'intelligence artificielle ?
L'encyclopédie Larousse définit les nouvelles
technologies comme les « moyens matériels et organisations
structurelles qui mettent en oeuvre les découvertes et les applications
scientifiques les plus récentes » et l'intelligence artificielle
comme « l'ensemble des théories et des techniques mises en oeuvre
en vue de réaliser des machines capables de simuler l'intelligence
». Afin de bien comprendre les enjeux qui se cache derrière ces
termes, rappelons quelques points historiques :
? Dans les années 50, Alan Turing évoque le
concept de la machine apprenante et consciente, capable de penser.
? En mai 1997, la machine Deep Blue créée par
IBM battait pour la première fois Gary Kasparov aux échecs. Cette
nouvelle eut un retentissement mondial. Cet événement
était un jalon symbolique de l'avancées des nouvelles
technologies.
Il faut dissocier les domaines que l'on associe
généralement à l'IA : la robotique, le machine learning,
la collecte et l'analyse de données et l'intelligence artificielle
elle-même.5
? La robotique fait partie de notre quotidien
depuis bien longtemps déjà, chez nous, en voiture, dans les
usines, dans l`agriculture, au travail.
? Le machine learning, ou apprentissage
profond, correspond à une méthode d'apprentissage par la machine
elle-même, sans apport théoriques préalable et uniquement
basé sur une analyse des données qu'on lui transmet.
? La collecte et l'analyse de données
sont le terreau et les graines de l'intelligence artificielle. Il ne
peut y avoir d'analyse ni de résultat sans données. Il est
à préciser, même si cela parait évident, que les
données doivent être exploitables, c'est-à-dire qu'elles
doivent être correctes et lisibles ou dans un langage entendu, clair et
sans équivoque (données ordonnées).
5 Daniela Rus, AI, a vector for positive change in
medicine, « Santé et intelligence artificielle », sous la
direction de Bernard Nordlinger et Cédric Villani, CNRS Editions,
2018
8
? Enfin, concernant l'intelligence artificielle
stricto sensu (à noter que le terme est décrié
par de nombreux spécialistes), il s'agit principalement de mimer la
logique humaine.
3. Quelles nouvelles technologies pour l'hôpital/la
santé ?
A la base de toute technologie d'analyse et de recherche se
trouvent les données ou data. La création de bases de
données au contenu le plus riche en nombre et le plus varié
possible est le fondement de la possibilité d'utiliser l'Intelligence
Artificielle. Aucune analyse profonde n'est possible sans données. La
donnée est la matière première de l'intelligence
artificielle. C'est d'elle que naitra la valeur de l'analyse. Numériser
l'ensemble des données de santé existante est l'une des
principales étapes, qu'il s'agisse des données des hôpitaux
publics, privés, des libéraux médecins, infirmiers,
kinésithérapeutes, des centres d'imagerie, des laboratoires de
biologie, des pharmacies, de la collecte des données
générées par les dispositifs implantés dans
l'organisme tels que les pacemakers ou encore les publications de recherches,
médicales et scientifiques.
Le Health Data Hub reprend les données du
Système National des Données de Santé (SNDS) qui collecte
et regroupe aujourd'hui les bases de données, entre autres, du
Système national d'information inter-régimes de l'Assurance
maladie (SNIIRAM), du Programme de médicalisation des systèmes
d'information (PMSI), des données statistiques relatives aux causes de
décès (BCMD) et l'Entrepôt de Données de
Santé de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (EDS) mais
également d'autres données à l'échelon central
(Direction Générales de l'offre de soin, Haute Autorité de
Santé, Fédérations, ...) ainsi qu'à
l'échelon local (hôpitaux, professionnels de santé,
patients). La mise en commun des données est laborieuse. Ce travail est
important et long.6 Se pose la question de la hiérarchisation
de ces données. Par exemple, le fait qu'une donnée provienne
d'une publication dans une revue à fort impact doit-t-elle donner plus
de valeur à la donnée ? Une étude réalisée
dont le résultat ne donne que peu d'information n'est-elle pas aussi
importante qu'une étude positive en termes de résultats
escomptés (ceci est valable pour tout type d'enquête et notamment
dans le domaine des ressources humaines) ? L'absence de résultats
n'est-elle pas elle-même une information en soi ?
6 Santé et intelligence artificielle, sous la
direction de Bernard Nordlinger et Cédric Villani, CNRS Editions,
2018
9
De très nombreux dispositifs médicaux (plus
communément retrouvés sous l'anglicisme healthcare devices) sont
aujourd'hui implantés dans les établissements de sanitaires et
médico-sociaux. On entend par dispositif médical « tout
instrument, appareil, équipement, matière, produit, à
l'exception des produits d'origine humaine, ou autre article utilisé
seul ou en association, y compris les accessoires et logiciels
nécessaires au bon fonctionnement de celui-ci, destiné par le
fabricant à être utilisé chez l'homme à des fins
médicales et dont l'action principale voulue n'est pas obtenue par des
moyens pharmacologiques ou immunologiques ni par métabolisme, mais dont
la fonction peut être assistée par de tels moyens. Constitue
également un dispositif médical le logiciel destiné par le
fabricant à être utilisé spécifiquement à des
fins diagnostiques ou thérapeutiques.7 Cela va des
béquilles aux implants en passant par les lentilles et prothèses.
Aujourd'hui des industriels tels que Gerflor, proposent des « sols
intelligents » et qui peuvent devenir apprenant, c'est-à-dire
indiquer où et comment la personne tombe et ainsi proposer des solutions
de préventions. Des capteurs connectés permettent d'enregistrer
les comportements liés au sommeil, à l'alimentation, aux
déplacements dans le lieu d'habitation et dans la salle de bain afin
d'identifier les changements dans les habitudes qui pourraient
nécessiter une intervention.
Dans un autre domaine, le département CSAIL (Computer
Science and Artificiel Intelligence Laboratory) du MIT (Massachusetts Institute
of Technology), l'un des centre de recherche et université les plus
prestigieux au monde, travaille actuellement sur des capsules de glace à
ingérer renfermant un nanobot capable, contrôlé par un
chirurgien, de prélever des échantillons de tissu, d'extraire un
objet, de soigner une blessure interne, d'administrer un soin spécifique
à un endroit précis sans inciser et en provoquant le moins de
douleur et de soins post-opératoires.8
La télémédecine est également un
élément majeur des nouvelles technologies dans le secteur de la
santé. On a notamment pu le constater avec la crise sanitaire qui aura
permis le développement et l'acceptation de ces pratiques. Le
décret du 19 octobre 2010 les identifie ainsi :
- La téléconsultation (consultation à
distance par un professionnel médical)
- La téléexpertise (consultation à
distance de professionnel médical à professionnel médical
pour avis consultatif sur le dossier médical d'un patient
- La télésurveillance médicale (suivi
médical à distance par des objets connectés)
7 Code de la santé publique (article L.5211-1)
8 Daniela Rus, AI, a vector for positive change in
medicine, « Santé et intelligence artificielle », sous la
direction de Bernard Nordlinger et Cédric Villani, CNRS Editions,
2018
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- La téléassistance médicale (assistance
à distance d'un professionnel de santé par un professionnel
médical pour la réalisation d'un acte)9
Le dossier médical partagé, dont on parle
beaucoup actuellement, notamment concernant la sécurisation de ses
données selon le RGPD (Règlement Général sur la
Protection des données), est un carnet de santé numérique
accessible par les professionnels dans le cadre de consultations. Il conserve
l'ensemble des données de santé de chacun telles que les
consultations, les résultats d'analyses, les prescriptions, allergies,
etc. Une application est téléchargeable par et pour
tous.10
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