1.2. « Le juif ennemi de la pratique physique
»
Face à la présence des juifs dans le sport, des
discours naissent sur l'incapacité de celui-ci à pratiquer le
sport. L'épuration du sport, trouve donc un écho favorable dans
tous les milieux sportifs, ainsi qu'en témoigne, la lettre d'un jeune
professeur, et directeur d'un club de boxe et de culture physique,
exposée dans Au pilori, le 18 octobre 1940, dans un article exposant les
réactions des sportifs français face au péril juif,
17 Emile Dortignac, Le sport doit être
raciste, Au pilori, n°014, 1940, p3
18 Adolft Hitler, Mein Kampf
(retravaillée)
19 Le PARTI FRANÇAIS, Pour un racisme de
construction, Au pilori, n°34, 1941
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« Dans l'histoire du sport français, les juifs
ont toujours été des profiteurs, mais jamais des champions...
».20 L'intérêt principal est de
démontrer que les juifs « ont toujours été
inférieures sur le plan sportif » et quoi de plus efficace,
que de présenter l'histoire de chaque sport, pour justifier le fait
qu'il « n'est pas d'exemple de grand champion juif
»21 et ainsi renforcer le projet de la rénovation
sportive. On ne peut que s'émerveiller devant l'acceptation fade de
telles affirmations de l'époque. En réalité, lors des
neuves olympiades organisées entre 1896 et 1932, les concurrents juifs
ont remporté 50 médailles d'or, 37 médailles d'argent et
32 médailles de bronze, cela faisait des juifs le plus
surreprésenté de toutes les ethnies, races ou cultures
définissables22. En outre, le juif est
représentée comme l'ennemi numéro 1 de la pratique
physique, « en sport et principalement en sport de combat, les juifs
n'ont jamais, à quelques rares exceptions près, atteint le rang
de champions. Cela tient à ce qu'ils sont par nature ennemis de l'effort
physique. Le courage n'est pas une vertu de leur race »23,
comme le cite Emile Dortignac dans le numéro 30 de Au Pilori. Cette
illustration de l'infériorité sur le plan sportif des juifs, est
présentée comme le point de départ, d'une vengeance par le
peuple juif sur les races occidentales, orchestrée par la presse
antisémite, comme le démontre ce passage de l'article paru dans
le numéro 30 de Au pilori, « Cette infériorité sur le
plan sportif, le Juif ne l'a jamais digérée ! Par tous les
moyens, il a cherché à corrompre la race ayrienne, à la
diminuer pour avoir des chances de l'atteindre, de la dominer.
»24, le juif est « mercantile, intriguant, rusé
» et ça soit disant inaptitude au sport, la donc amené
à « accaparé l'administration et la direction du sport en
s'introduisant dans les ministères, les fédérations, les
organisations »25. L'épuration du juif de la
sphère sportive, passe donc par sa dévalorisation, « le
corps juif est inapte à la pratique sportive », voici le constat
des antisémites durant la première moitié du 20ème
siècle. Le préjugé consiste à dire que les juifs
sont physiquement dégénérés.
20 Lettre intégrale d'un jeune professeur,
Les sportifs français réagissent contre le péril
juif, Au pilori, n°015, 18 octobre 1940, p3
21Emile Dortignac, Les sportifs français
réagissent contre le péril juif, Au pilori, n°015, 18
octobre 1940, p3
22 Elément de réponse d'une question posé
à Aurore Blaise, documentaliste, au Mémorial de la Shoah,
Dimanche 24 Mars
23 Emile Dortignac, Epurons le sport, le juif
ennemi n°1, Au pilori, n°30, 1941
24 Emile Dortignac, Epurons le sport, le juif ennemi
n°1, Au pilori, n°30, 1941
25 Emile Dortignac, Epurons le sport, le juif ennemi
n°1, Au pilori, n°30, 1941
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Par la fabrication d'une laideur esthétique et d'une
faiblesse physique, le juif a été brossé sous les traits
d'un être hideux, infâme, ignoble. Il a incarné la figure du
détestable et du haïssable. Considéré comme le
contretype même de la nouvelle race d'hommes, il n'a été
pour le régime nazi et pour l'opinion publique, qu'un sous homme. A
partir de là, comment ne pas concéder que « tout affront
physique est un affront à l'honneur »26, et que le
dénigrement de l'apparence est l'arme première que le racisme et
l'antisémitisme ont pointée sur la communauté juive pour
mieux la déshumaniser, l'inférioriser et ainsi l'épurer de
la sphère sportive. Mais ce matraque d'images négatives à
l'extérieur du monde juif trouve une résonnance à
l'intérieur du monde juif27. Présentés comme
ennemis de la pratique physique, la doctrine sioniste part de ce constat de
dégénérescence physique pour réveiller le «
corps juif ». L'éclosion de nombreux champions juifs donnera du
poids à l'action sioniste. Mais la rénovation sportive est un
projet solide et les mentalités ont toutes déjà
été impactées par l'antisémitisme sportif.
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